CORNETTE Joël - Histoire de la Bretagne et des Bretons
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*La première citation commentée est page 587 du tome I « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> », bien que bien sûr que le paysan bas-breton vivait au 19e siècle : « <i>Ce document nous permet de prendre la mesure de l'effet produit (assez éloigné de l'effet attendu par le curé pédagogue) et de la pérennité d'une méthode mise au point dans les années 1610</i> ». | *La première citation commentée est page 587 du tome I « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> », bien que bien sûr que le paysan bas-breton vivait au 19e siècle : « <i>Ce document nous permet de prendre la mesure de l'effet produit (assez éloigné de l'effet attendu par le curé pédagogue) et de la pérennité d'une méthode mise au point dans les années 1610</i> ». | ||
- | *La deuxième citation commentée, pages 229 et 231 du tome II « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> », présente la condition des mendiants au 19e siècle. | + | *La deuxième citation commentée, pages 229 et 231 du tome II « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> », présente la condition des mendiants au 19e siècle : les aumônes les aumônes « <i>avaient toujours un but intéressé et égoïste ; elles n’étaient jamais données au nom de l’humanité, chose inconnue chez les Bretons, mais seulement au nom de Dieu</i> ». |
*La troisième citation commentée, page 249 du tome II, porte sur les progrès dans le monde agricole, et nous présente une personnalité en avance sur son temps : Clément-François Olive, professeur d'agriculture au Likès de Quimper, futur maire de Kerfeunteun où il exploitait une ferme expérimentale. | *La troisième citation commentée, page 249 du tome II, porte sur les progrès dans le monde agricole, et nous présente une personnalité en avance sur son temps : Clément-François Olive, professeur d'agriculture au Likès de Quimper, futur maire de Kerfeunteun où il exploitait une ferme expérimentale. | ||
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- | Page 231, chapitre 50 « <i>Portrait au noir</i> », tome II « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> ». | + | Page 231, chapitre 50 « <i>Portrait au noir</i> », tome II. |
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- | En fait, il convient de bien distinguer les mendiants connus, légitimes en quelque sorte, depuis longtemps intégrés à la communauté — la « misère honnête », comme la définit le préfet du Morbihan en 185528 —, des pauvres et des errants que les malheureuses conjonctures économiques du « sombre XIXe siècle » ont multipliés. Ceux-là, toujours plus nombreux, jugés de plus en plus dangereux, sont le plus souvent violemment rejetés. Jean-Marie Déguignet en fut le témoin dans son enfance à Quimper, dans les années 1830 : | + | En fait, il convient de bien distinguer les mendiants connus, légitimes en quelque sorte, depuis longtemps intégrés à la communauté — la « <i>misère honnête</i> », comme la définit le préfet du Morbihan en 1855 <ref>« <i>Il faut donner, de manière à soulager la misère honnête, sans accorder une prime d’encouragement à la paresse ou à l’inconduite. L’aumône qu’on accorde à des individus inconnus est presque toujours mal placée. Que chacun ne secoure que les pauvres placés autour de lui et résidant dans la même commune, ou du moins dans le même canton</i> ». Cité par Michel Denis et Claude Geslin, La Bretagne des blancs et des bleus, op. cit., p. 34.</ref> —, des pauvres et des errants que les malheureuses conjonctures économiques du « <i>sombre XIXe siècle</i> » ont multipliés. Ceux-là, toujours plus nombreux, jugés de plus en plus dangereux, sont le plus souvent violemment rejetés. Jean-Marie Déguignet en fut le témoin dans son enfance à Quimper, dans les années 1830 : |
- | « <i>Si nos fermiers et propriétaires de l’intérieur étaient si durs et si méchants envers les gueux, c’est qu’ils en étaient alors littéralement inondés, non seulement de mendiants ordinaires, mais de pillards, de voleurs, et de véritables bandits. À chaque instant, ces fermiers perdaient quelque chose : du grain de leurs greniers, des instruments aratoires, du foin et de la paille des meules, des bœufs et des chevaux, des champs ou des écuries, sans jamais pouvoir saisir les voleurs. […] En ce temps là, la mendicité prenait de multiples formes : il y en avait qui parcouraient les campagnes avec des bidets cherchant de la vieille ferraille, d’autres cherchant des chiffons, des pilloyers [chiffonniers], d’autres cherchant des étoupes, d’autres encore voyageant avec des peaux de loups remplies de paille. Ceux-ci ne demandaient pas l’aumône, ils réclamaient une rétribution pour avoir délivré le pays d’un loup, et pour avoir risqué leur vie en le capturant.</i> » | + | « <i>Si nos fermiers et propriétaires de l’intérieur étaient si durs et si méchants envers les gueux, c’est qu’ils en étaient alors littéralement inondés, non seulement de mendiants ordinaires, mais de pillards, de voleurs, et de véritables bandits. À chaque instant, ces fermiers perdaient quelque chose : du grain de leurs greniers, des instruments aratoires, du foin et de la paille des meules, des bœufs et des chevaux, des champs ou des écuries, sans jamais pouvoir saisir les voleurs. […] En ce temps là, la mendicité prenait de multiples formes : il y en avait qui parcouraient les campagnes avec des bidets cherchant de la vieille ferraille, d’autres cherchant des chiffons, des pilloyers [chiffonniers] <ref>Le pillaouer (ou pilloyeur, selon Jean-Marie Déguignet) dans le pays bretonnant et pillotou dans le pays gallo est « une sorte de bohémien modifié », explique Émile Souvestre dans Les Derniers Bretons (1836), un chiffonnier qui parcourt les villages pour recueillir des vieux vêtements usagés qu’il va ensuite vendre aux papeteries : « <i>Là où on l’arrête pour lui vendre quelques guenilles souillées, c’est avec une sorte de mépris soupçonneux. On lui permet rarement d’avancer jusqu’au foyer. La marchandise lui est apportée sur le seuil où l’on traite avec lui</i> » (p. 79).</ref>, d’autres cherchant des étoupes, d’autres encore voyageant avec des peaux de loups remplies de paille. Ceux-ci ne demandaient pas l’aumône, ils réclamaient une rétribution pour avoir délivré le pays d’un loup, et pour avoir risqué leur vie en le capturant.</i> » |
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<big><b>La Révolution agricole</b></big> | <big><b>La Révolution agricole</b></big> | ||
- | Page 249, chapitre 50 « <i>Le salut par l'agriculture</i> », tome II « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> ». | + | Page 249, chapitre 50 « <i>Le salut par l'agriculture</i> », tome II. |
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Version du 13 février ~ c'hwevrer 2015 à 21:53
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Notice bibliographique
Un « un chef-d’œuvre à la fois de science et de style », une lecture passionnante et une sélection de textes et de repères inédits qui illustrent si bien le propos. Et parmi ces archives on y trouve trois longues citations de Jean-Marie Déguignet, avec commentaire et analyse de par un historien reconnu et breton également de surcroit.
Autres lectures : « Défense d'un professeur d'agriculture qui ne parlait pas breton » ¤ « Jean-Marie Déguignet, mendiant, soldat et écrivain (1834-1905) * » ¤ |
Extraits
Les Taolennou Page 587, chapitre 34 « Michel Le Nobletz et Julien Maunoir : les "sorciers de Dieu" »), tome I « Des âges obscurs au règne de Louis XIV ».
Les mendiants Page 229, chapitre 50 « Portrait au noir », tome II « Des âges obscurs au règne de Louis XIV ».
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Page 231, chapitre 50 « Portrait au noir », tome II.
La Révolution agricole Page 249, chapitre 50 « Le salut par l'agriculture », tome II.
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Annotations
- « Il faut donner, de manière à soulager la misère honnête, sans accorder une prime d’encouragement à la paresse ou à l’inconduite. L’aumône qu’on accorde à des individus inconnus est presque toujours mal placée. Que chacun ne secoure que les pauvres placés autour de lui et résidant dans la même commune, ou du moins dans le même canton ». Cité par Michel Denis et Claude Geslin, La Bretagne des blancs et des bleus, op. cit., p. 34. [Ref.↑]
- Le pillaouer (ou pilloyeur, selon Jean-Marie Déguignet) dans le pays bretonnant et pillotou dans le pays gallo est « une sorte de bohémien modifié », explique Émile Souvestre dans Les Derniers Bretons (1836), un chiffonnier qui parcourt les villages pour recueillir des vieux vêtements usagés qu’il va ensuite vendre aux papeteries : « Là où on l’arrête pour lui vendre quelques guenilles souillées, c’est avec une sorte de mépris soupçonneux. On lui permet rarement d’avancer jusqu’au foyer. La marchandise lui est apportée sur le seuil où l’on traite avec lui » (p. 79). [Ref.↑]
- Triptolème : prêtre original de la déesse Déméter, dans la mythologie grecque. Déméter donna à Triptolème une charrue en bois et des grains de blé pour aller enseigner l’agriculture aux mortels. [Ref.↑]
Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Date de création : Février 2008 Dernière modification : 13.02.2015 Avancement : [Fignolé] |