Blog 23.12.2017 - GrandTerrier

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Une affaire maçonnique en 1776

Billet du 23.12.2017 - Une affaire qui fit beaucoup de bruit à l'époque : un franc-maçon accusé d'escroquerie, un évêque de Cornouaille qui dénonce une association tendant « au déisme et au libertinage », deux loges locales qui se battent pour obtenir la protection du Grand Orient.

La collecte des documents des Archives Nationales et de la Bibliothèque Nationales de France est l'occasion de comprendre un peu mieux les rôles respectifs des acteurs francs-maçons impliqués de la famille Bréhier, dont François-Salomon qui fut maire de la commune d'Ergué-Gabéric de 1808 à 1812.

Aux archives départementales d'Ile-et-Vilaine et du Finistère, les compte-rendus du Présidial de Quimper et du Parlement de Bretagne mentionnent bien qu'un frère Bréhier de la loge « L'heureuse maçonne » de Quimper est accusé d'escroquerie liée à son activité de franc-maçon, mais ne précisent ni son prénom, ni son état-civil. Il en est de même pour les documents conservés aux Archives Nationales et au département des Manuscrits à la BnF, mais en y regardant de plus près on croit pouvoir identifier qui a fait quoi.

C'est bien de la loge « L'heureuse maçonne » de Quimper que le scandale a éclaté : « un membre de cette même loge vient d'abuser de la maçonnerie pour faire de fausses lettres de change qu'il tiroit sur le Grand Orient au profit de paysans grossiers et crédules qui lui donnoient une somme modique pour en obtenir une plus considérable dans un tems limité »

Cette affaire n'échappe pas à l'évêque Toussaint Conen de Saint-Luc qui, lors de deux missions ou prédications [3], l'une en langue bretonne, l'autre en française, organisées le 6 juin 1776 dans la cathédrale de Quimper, dénonce les déviances d'une « certaine association qui contre l'intention, sans doute, de ceux qui s'y sont enrôlés, ne tend à rien moins qu'à conduire au déisme et au libertinage ».

Et il précise les agissements d'un « particulier franc maçon qui a effectivement surpris la douce foi des hommes simples en leur faisant payer des sommes considérables pour les aggréger à la franc maçonnerie, quoique nous ne l'ayons désigné en aucune manière, ne le connaissant pas même de nom et quoique le procureur du Roy eut pleine connoissance des manœuvres de ce jeune homme, qu'il eut vu les billets qu'il avoit donné et qu'il eut cherché à le faire évader. »

Il n'y qu'un seul Bréhier identifié à la loge de l'Heureuse Maçonne : en 1774 Jean-Corentin, maitre en chirurgie, apparaît dans les tableaux des membres avec la fonction de « thuileur » [4], et le titre de « souverain prince de rose croix », né à Quimper le 20 juillet 1747. C'est bien un « jeune homme » comme précise l'évêque, à savoir 29 ans à l'époque, qui a utilisé son rang de garant du secret de la loge pour soutirer de l'argent à des tiers crédules.

Le procureur du Roi et le tribunal présidial [2] de Quimper vont demander qu'une procédure criminelle soit ouverte, mais cela sous forme d'un procès à charge contre l'évêque accusé d'avoir profité d'un fait divers pour lancer publiquement une violente opprobre morale contre l'intégralité des francs-maçons de la ville. Il faut dire que « plusieurs (d'entre eux) sont les principaux membres du présidial ».

En fait, depuis 1774 et même avant, Quimper connait une lutte implacable entre deux loges concurrentes : L'Heureuse Maçonne et la Parfaite Union. Avant l'affaire Bréhier, d'autres malversations sont constatées au sein de l'Heureuse Maçonne : « dernièrement un de leurs membres venoit de commettre un vol avec effraction, on instruit actuellement sa procédure en crime, heureusement il a pris la fuite ». Mais l'affaire Bréhier va accélérer les choses, et fin 1776 la loge de L'heureuse maçonne est interdite par les instances du Grand-Orient qui par contre officialisent la constitution de la Parfaite Union.

 

que les Beausoleil et Gobet ont inventorié « au Ry proche Douarnemez ». Dans sa thèse « La monnaie des ducs de Bretagne de l'an mil à 1499 » publiée en 2016 aux Presses Universitaires de Rennes, Yves Coativy préfère l'hypothèse d'une assimilation à la mine d'or du Nivet près de Locronan.

Du fait de l'éloignement respectif de Douarnenez ou Nivet/Locronan par rapport à Quimper, on peut néanmoins se demander s'il n'y a pas eu une autre mine d'or qui soit vraiment « ès parties de Kemper Corentin » et donc un peu plus près des « Belles de Cornouaille »  ?

Et pour ces dernières, ne manquez pas dans le livre sus-mentionné la double page sur Ergué-Gabéric, le panoramique impressionnant de l'éperon de Griffonnez, et d'autres belles photos du cours d'eau où l’œil du photographe a su capturer la luminosité du lieu avec des reflets magiques sur l'eau caressant les rochers.

En savoir plus : « 1776 - Escroquerie du franc-maçon Jean-Corentin Bréhier, une affaire sous Louis XVI »