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Auguste Chuto est de retour

Billet du 20.02.2016 - « Pierrich Chuto redonne une vie aux ruraux dont on parle parfois, mais qui s'expriment rarement. Il nous offre leur façon de penser, plus diversifiée qu'on pourrait le croire », Christian De la Hubaudière.

Il ne s'agit pas de Pierre-"Auguste", le maitre de Guenguat (1er livre publié en 2010), mais de son petit-fils (et aussi grand père de l'auteur), propriétaire-agriculteur à Penhars, ancien séminariste, et "prédicateur" (en langue bretonne) contre les méfaits des bouleversements apportés par la IIIe république.

Le 5 août 1905, il déclamait : « Mes n'euz fors petra a c'hoarvezo, nerz kaloun evit Doue hag ar Vro » : Mais quoi qu'il arrive, force de coeur pour Dieu et le (notre) Pays (breton).

Quant à la couverture du livre, il s'agit d'un magnifique "tableau de mission" de François-Marie Balamant, recteur de Penhars, un de ces « Taolennoù » que les curés et prédicateurs de l'époque utilisaient pour effrayer les populations par les évocations du mal et des péchés capitaux, et accessoirement contre les républicains et les francs-maçons, les inventaires des biens de l'église, les expulsions des sœurs des écoles congréganistes et des jésuites, la loi de séparation des Églises et de l'État ...

Mais ceci dit, ce livre n'est pas la vision exclusive du clan des cléricaux. Le but n'est pas de distribuer les bons et mauvais points, mais de présenter impartialement les conflits qu'on vécu nos aïeux.

Le livre de Pierrick Chuto est une illustration inspirée d'une page d'histoire locale et nationale encore trop méconnue, et très riche d'anecdotes inédites et étonnantes. On trouvera aussi dans l'article bibliographique les références aux passages concernent plus particulièrement notre commune gabéricoise.

Image:Right.gif « CHUTO Pierrick - IIIe République et Taolennoù ».


La publication de ce livre nous amène à présenter les souvenirs d'un contemporain, Jean-Marie Déguignet, de ces Taolennoù qui étaient largement utilisés dans les campagnes bretonnes par les prêtres et prédicateurs pour accompagner leurs sermons chargés d'images effrayantes et d'invocations des "péchés capitaux".

En effet, dans le livre référence de Joël Cornette « Histoire de la Bretagne et des Bretons », c'est le texte de Jean-Marie Déguignet qui est cité in extenso (cf ci-après) pour illustrer le thème des tableaux de mission ou Taolennoù  :

« Dans ses Mémoires, Jean-Marie Déguignet, fils d'un pauvre paysan analphabète de Quimper, se rappelle des trois jours de retraite qui précédèrent sa première communion, au début des années 1840. Ce document nous permet de prendre la mesure de l'effet produit (assez éloigné de l'effet attendu par le curé pédagogue) et de la pérennité d'une méthode mise au point dans les années 1610. »

 

Les outils pédagogiques religieux y sont très bien décrits :

  • « l’on voyait les damnés en enfer enfourchés et embrochés par les diables noirs à cornes de vaches et à longues queues »
  • « d’autres tableaux où ces diables étaient représentés sous forme de cochons, de crapauds, de serpents, et autres animaux tournant autour du cœur d’un individu et cherchant à y pénétrer pour en chasser le bon ange qui s’y trouvait »
  • « un autre où les diables ont enfin envahi ce cœur tandis que le bon ange s’enfuyait en pleurant.
  • « En voyant ce curé nous montrant ces tableaux effroyables des diables et de l’enfer ... »

Et les effets produits sur les jeunes auditeurs ne sont pas anodins :

  • « des tourments éternels pour avoir eu un instant d’orgueil, d’envie ou de luxure »
  • « on entendait alors des pleurs, des cris, des gémissements parmi les pauvres petits auditeurs effrayés

Image:Right.gif « Souvenirs des Taolennoù lors des trois jours de retraite de première communion ».