Blog 19.11.2016 - GrandTerrier

Blog 19.11.2016

Un article de GrandTerrier.

(Différences entre les versions)
Jump to: navigation, search
Version du 18 novembre ~ miz du 2016 à 17:27 (modifier)
GdTerrier (Discuter | contributions)
(New page: {{ #ifeq:{{PAGENAME}}|Blog 19.11.2016|{{TousBlogs}} }} ==Enfin une avenue Guy Autret== Billet du 19.11.2016 - La municipalité gabéricoise a décidé de nommer officiellement le 1er avril...)
← Différence précédente
Version du 18 novembre ~ miz du 2016 à 17:42 (modifier) (undo)
GdTerrier (Discuter | contributions)

Différence suivante →
Ligne 1: Ligne 1:
{{ #ifeq:{{PAGENAME}}|Blog 19.11.2016|{{TousBlogs}} }} {{ #ifeq:{{PAGENAME}}|Blog 19.11.2016|{{TousBlogs}} }}
==Enfin une avenue Guy Autret== ==Enfin une avenue Guy Autret==
-Billet du 19.11.2016 - La municipalité gabéricoise a décidé de nommer officiellement le 1er avril prochain l'une de ses rues en l'honneur de l'un de ses plus illustres habitants, à savoir Guy Autret (1599-1660). D'ici là, chacun peut proposer la rue ou l'avenue, ancienne ou nouvelle, la plus adaptée.+[[Image:goofy-smiley.jpg|40px|right]]Billet du 19.11.2016 - La municipalité gabéricoise a décidé de nommer officiellement le 1er avril 2017 une grande avenue en l'honneur de l'un de ses plus illustres habitants, à savoir Guy Autret (1599-1660). D'ici là, chacun peut proposer la rue, ancienne ou nouvelle, la plus adaptée.
<blockquote style="background: white; border: 1px solid black; padding: 1em; border-style: dashed;text-align:justify; text-justify:auto"> <blockquote style="background: white; border: 1px solid black; padding: 1em; border-style: dashed;text-align:justify; text-justify:auto">
{|width=100% {|width=100%
Ligne 8: Ligne 8:
desc none</imagemap>Pour la circonstance, nous déposons au dossier les 51 lettres écrites entre 1635 et 1659 par le gentilhomme historien gabéricois à ses nombreux correspondants, dont notamment Pierre d'Hozier, juge d'armes et généalogiste d'origine provençale, lesquelles ont été étudiées par le Comte de Rosmorduc et rassemblées dans un ouvrage titré « <i>Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier</i> ». Pour améliorer la lisibilité des lettre par un lecteur d'aujourd'hui, nous avons reproduit le texte de la transcription du comte de Rosmorduc en remplaçant quand nécessaire des lettres u en v, certains i par des j, et en rectifiant la calligraphie de la lettre s. desc none</imagemap>Pour la circonstance, nous déposons au dossier les 51 lettres écrites entre 1635 et 1659 par le gentilhomme historien gabéricois à ses nombreux correspondants, dont notamment Pierre d'Hozier, juge d'armes et généalogiste d'origine provençale, lesquelles ont été étudiées par le Comte de Rosmorduc et rassemblées dans un ouvrage titré « <i>Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier</i> ». Pour améliorer la lisibilité des lettre par un lecteur d'aujourd'hui, nous avons reproduit le texte de la transcription du comte de Rosmorduc en remplaçant quand nécessaire des lettres u en v, certains i par des j, et en rectifiant la calligraphie de la lettre s.
-Et cette semaine, on s'intéressera à cinq de ces lettres, où +Et cette semaine, on s'intéressera à cinq de ces lettres, datées de 1638 à 1643, où il cite son voisin quimpérois Nicolas Caussin, et le recommande chaudement à son correspondant Pierre d'Hozier.
-Ensuite la production des cartes postales Villard a sans doute commencé dans 1880-1890, mais sous la forme de photos contrecollées sur cartons. Ici il s'agit d'une édition imprimée, avec le titre en surimpression « <i>Papeteries de l'Odet - Environs de Quimper</i> » et sur le côté « <i>Collection Villard, Quimper</i> ». Il n'y a pas de numéro comme sur les séries des années 1910 (cf Kerdévot, Lenhesk, Stangala-Meil-Poul). Il nous semble plus probable que la carte a été éditée au plus tôt dans les années 1890-1900.+C'est le 26 décembre 1637 que les lecteurs de la Gazette apprirent que « <i>Le père Caussin a été dispensé de sa Majesté de ne plus la confesser à l’avenir</i> » et qu'il devait s'exiler au fin fonds de la province, c'est-à-dire à Quimper. Même si quelques rumeurs de la discorde entre le confesseur du roi et le ministre de celui-ci, le cardinal Richelieu, couraient déjà dans Paris, cette nouvelle fit scandale.
-Enfin les quelques cartes en circulation sont datées des années 1906 à 1910 avec leurs timbres de couleur orange-rouge à 10 centimes représentant une semeuse. Ce timbre est sorti en 1906, et sur les deux cartes ci-dessous l'année oblitérée à deux chiffres (par ex. 06 pour 1906) est difficilement lisible, hormis le premier 0. +Son exil imposé à Quimper va même donner à Jean de La Fontaine la matière pour sa fable du Chartier embourbé : « <i>C'était à la campagne près d'un certain canton de la basse Bretagne, Appelé Quimper-Corentin. On sait assez que le Destin adresse là les gens quand il veut qu'on enrage : Dieu nous préserve du voyage !</i> ».
-La carte Villard nous permet de repérer un peu plus chaque bâtiment de l'époque, les routes et cours d'eau (dont le ruisseau central Bigoudic), et de comprendre l'orientation nord-est sud-ouest, le long de l'Odet. Au milieu de la photo Villard on distingue nettement le grand bâtiment dénommé par la suite « <i>Keromelette</i> » et qui servait de logement aux cadres, directeurs et personnel. Le manoir et la petite chapelle sont non visibles, car cachés à droite derrière la pente boisée.+À son retour d'exil, Nicolas Caussin décrira son triste sort en des termes peu avenants pour les Quimpérois :
 +<br>[[Image:Square.gif]][[Image:Spacer.jpg]]« <i>J’ai été comme dégradé, livré par mes frères, envoyé dans un exil très rude, parmi des barbares, et aux extrémités de la France [dans] le lieu le plus rude et le plus fâcheux qu’on puisse imaginer</i> »,
 +<br>[[Image:Square.gif]][[Image:Spacer.jpg]]Ainsi relégué « <i>à la dernière maison de la province</i> », il ne voit que « <i>déserts et rochers</i> », et la population « <i>articule on ne sait quels sons barbares plutôt qu'elle ne parle.</i> »
 + 
 +À la lecture des citations ci-dessus, on comprend mieux pourquoi Guy Autret, dans ses lettres au correspondant de la Gazette, présente le séjour du père Caussin comme un fait notable important. Les deux intellectuels ont de plus le même mépris pour le cardinal Richelieu, et Guy Autret pousse présente son alter-ego comme un homme bon: « <i>C'est un bon home & à mon advis selon le cœur de Dieu, qui ayme tous les bons et hait tous les mechantz.</i> » (23 février 1643).
|width=2% valign=top {{jtfy}}|&nbsp; |width=2% valign=top {{jtfy}}|&nbsp;
|width=49% valign=top {{jtfy}}| |width=49% valign=top {{jtfy}}|
Ligne 20: Ligne 24:
default [[Témoignage de Guy Autret sur l'exil du père jésuite Nicolas Caussin à Quimper]] default [[Témoignage de Guy Autret sur l'exil du père jésuite Nicolas Caussin à Quimper]]
desc none</imagemap> desc none</imagemap>
-[[Image:Square.gif]][[Image:Spacer.jpg]]La première carte a circulé entre Quimper et Scaër dans les années 1906-1909, un 28 décembre. Elle est écrite par Léon Bolloré, frère du René Bolloré décédé en 1904 et oncle du nouveau patron René Bolloré, et adressée à Jean-Pierre Rolland, originaire d'Odet et contremaitre de fabrication à l'usine sœur de Cascadec. Le contremaitre a déjà adressé ses vœux, et son patron lui répond dans un style qu'on hésite à qualifier soit de condescendant, soit de familier et chaleureux : « <i>Merci de vos vœux Rolland</i> », « <i>Je vous retourne les miens sincères</i> », « <i>Sentiments fidèles</i> ».+Guy Autret ne manque pas non plus d'ironie lorsqu'il considère l'exil lointain dont fait l'objet le jésuite, assimilant la Bretagne à une contrée peuplée d'Indiens d'Amérique : « <i>Je ne puis nier que nostre langage m'escorge la luete et que dans nos isles il ne se troeuve des demi sauvages, aussi nous a t on envoyé le père Caussin, come si l'on avoit voulu releguer parmi les Hurons ou les Hiroquois</i> » (8 février 1638).
- +
-La relation de Jean-Pierre Rolland avec Léon Bolloré était proche car il a été embauché très jeune par les Bolloré en 1868 (il avait 13 ans), et a il participé avec lui à la mise au point de la fabrication des papiers minces. En 1913, en voyage à Paris et en Allemagne il écrit au nouveau patron René Bolloré, neveu de Léon, qu'il a fait une visite à son oncle : « <i>Nous avons diné hier au soir chez Monsieur Léon. Je suis très content de l'avoir vu. Je l'ai trouvé très bien, un peu maigri mais très bonne mine.</i> » +
- +
-[[Image:Square.gif]][[Image:Spacer.jpg]]La deuxième carte a circulé entre Quimper et Nantes avant les années 1910. Prénommée Mathurine, la lingère employée par les Bolloré explique à son amie d'enfance les conditions de travail et de séjour à Odet, « <i>dans mon trou, ici on a guère de distractions</i> » dit-elle.+
-Elle y indique où est sa chambre de bonne qu'elle marque d'une croix sur la photo, une mansarde dans la grande maison de logements qu'on a appelée par la suite « <i>Keromelette</i> » quand elle servit aussi de cantine : « <i>cette carte qui représente l'usine et notre maison, j'ai fait une croix sur ma fenêtre et un point sur celle de ma lingerie</i> ».+Il s'associe également par solidarité à l'exilé politique : « <i>Je ne puis comprandre coment vous pouvés vous donner paine pour un miserable bas breton relegué à Kempertin, aussi bien que le pere Caussin.</i> » (17 juin 1638).
-Quant aux patrons, elle les décrit comme très compréhensifs : « <i>Monsieur est très gai et me fait toujours rire</i> », « <i>mes patrons sont tout à fait bons pour moi</i> ». Son malheur est la solitude : « <i>je suis un peu seule dans mon petit palais</i> ».+Dans son isolement quimpérois, le père Caussin réclame une plus grande rapidité d'envoi des dépêches du correspondant parisien de Guy Autret : « <i>Le pere Caussin, au quel je faisois hier lire la vostre, me dit que si vous changiés le jour de vos depeches & qu'il vous pleut escrire le Jeudi ou Vendredi, le paquet seroet rendu à Renes au 4e jour ensuivant ... et ainsi vos lestres ne seroint vieilles que de 8 Jours quand elles me seroint rendues, au lieu qu'à presant elles le sont ordinerement de quinse</i> » (25 août 1641).
-En savoir plus : « [[Témoignage de Guy Autret sur l'exil du père jésuite Nicolas Caussin à Quimper]] », « [[1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc]] »+On sait même que le père Caussin ne rentra à Paris qu'entre mars et septembre 1643, soit plus de 5 mois après le décès de Richelieu que Guy Autret surnomme le « <i>deffunt Armand</i> », car en février les deux hommes se voient toujours à Quimper. En septembre Guy Autret se plaint que, dans la capitale, l'exilé n'est plus aussi accueillant : « <i>Si le bon pere Caussin & Mr de St-Germein ne me bannisoint de leur conversation, on me verroet plus souvant chés eux</i> ».
-|}</blockquote>+|}<center>En savoir plus : « [[Témoignage de Guy Autret sur l'exil du père jésuite Nicolas Caussin à Quimper]] », « [[1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc]] »</center></blockquote>
{{ #ifeq:{{PAGENAME}}|Blog 19.11.2016|{{FinBlog}} }} {{ #ifeq:{{PAGENAME}}|Blog 19.11.2016|{{FinBlog}} }}
[[Category:Blog]] [[Category:Blog]]

Version du 18 novembre ~ miz du 2016 à 17:42

Image:Right.gif Les billets récents du Blog de l'actualité du GrandTerrier

Enfin une avenue Guy Autret

Billet du 19.11.2016 - La municipalité gabéricoise a décidé de nommer officiellement le 1er avril 2017 une grande avenue en l'honneur de l'un de ses plus illustres habitants, à savoir Guy Autret (1599-1660). D'ici là, chacun peut proposer la rue, ancienne ou nouvelle, la plus adaptée.
Pour la circonstance, nous déposons au dossier les 51 lettres écrites entre 1635 et 1659 par le gentilhomme historien gabéricois à ses nombreux correspondants, dont notamment Pierre d'Hozier, juge d'armes et généalogiste d'origine provençale, lesquelles ont été étudiées par le Comte de Rosmorduc et rassemblées dans un ouvrage titré « Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier ». Pour améliorer la lisibilité des lettre par un lecteur d'aujourd'hui, nous avons reproduit le texte de la transcription du comte de Rosmorduc en remplaçant quand nécessaire des lettres u en v, certains i par des j, et en rectifiant la calligraphie de la lettre s.

Et cette semaine, on s'intéressera à cinq de ces lettres, datées de 1638 à 1643, où il cite son voisin quimpérois Nicolas Caussin, et le recommande chaudement à son correspondant Pierre d'Hozier.

C'est le 26 décembre 1637 que les lecteurs de la Gazette apprirent que « Le père Caussin a été dispensé de sa Majesté de ne plus la confesser à l’avenir » et qu'il devait s'exiler au fin fonds de la province, c'est-à-dire à Quimper. Même si quelques rumeurs de la discorde entre le confesseur du roi et le ministre de celui-ci, le cardinal Richelieu, couraient déjà dans Paris, cette nouvelle fit scandale.

Son exil imposé à Quimper va même donner à Jean de La Fontaine la matière pour sa fable du Chartier embourbé : « C'était à la campagne près d'un certain canton de la basse Bretagne, Appelé Quimper-Corentin. On sait assez que le Destin adresse là les gens quand il veut qu'on enrage : Dieu nous préserve du voyage ! ».

À son retour d'exil, Nicolas Caussin décrira son triste sort en des termes peu avenants pour les Quimpérois :
Image:Square.gifImage:Spacer.jpg« J’ai été comme dégradé, livré par mes frères, envoyé dans un exil très rude, parmi des barbares, et aux extrémités de la France [dans] le lieu le plus rude et le plus fâcheux qu’on puisse imaginer »,
Image:Square.gifImage:Spacer.jpgAinsi relégué « à la dernière maison de la province », il ne voit que « déserts et rochers », et la population « articule on ne sait quels sons barbares plutôt qu'elle ne parle. »

À la lecture des citations ci-dessus, on comprend mieux pourquoi Guy Autret, dans ses lettres au correspondant de la Gazette, présente le séjour du père Caussin comme un fait notable important. Les deux intellectuels ont de plus le même mépris pour le cardinal Richelieu, et Guy Autret pousse présente son alter-ego comme un homme bon: « C'est un bon home & à mon advis selon le cœur de Dieu, qui ayme tous les bons et hait tous les mechantz. » (23 février 1643).

 

Guy Autret ne manque pas non plus d'ironie lorsqu'il considère l'exil lointain dont fait l'objet le jésuite, assimilant la Bretagne à une contrée peuplée d'Indiens d'Amérique : « Je ne puis nier que nostre langage m'escorge la luete et que dans nos isles il ne se troeuve des demi sauvages, aussi nous a t on envoyé le père Caussin, come si l'on avoit voulu releguer parmi les Hurons ou les Hiroquois » (8 février 1638).

Il s'associe également par solidarité à l'exilé politique : « Je ne puis comprandre coment vous pouvés vous donner paine pour un miserable bas breton relegué à Kempertin, aussi bien que le pere Caussin. » (17 juin 1638).

Dans son isolement quimpérois, le père Caussin réclame une plus grande rapidité d'envoi des dépêches du correspondant parisien de Guy Autret : « Le pere Caussin, au quel je faisois hier lire la vostre, me dit que si vous changiés le jour de vos depeches & qu'il vous pleut escrire le Jeudi ou Vendredi, le paquet seroet rendu à Renes au 4e jour ensuivant ... et ainsi vos lestres ne seroint vieilles que de 8 Jours quand elles me seroint rendues, au lieu qu'à presant elles le sont ordinerement de quinse » (25 août 1641).

On sait même que le père Caussin ne rentra à Paris qu'entre mars et septembre 1643, soit plus de 5 mois après le décès de Richelieu que Guy Autret surnomme le « deffunt Armand », car en février les deux hommes se voient toujours à Quimper. En septembre Guy Autret se plaint que, dans la capitale, l'exilé n'est plus aussi accueillant : « Si le bon pere Caussin & Mr de St-Germein ne me bannisoint de leur conversation, on me verroet plus souvant chés eux ».

En savoir plus : « Témoignage de Guy Autret sur l'exil du père jésuite Nicolas Caussin à Quimper », « 1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc »