Blog 17.04.2021 - GrandTerrier

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Une tragique méprise en 1944

Billet du 17.04.2021 - Il y 3 semaines, nous avions oublié de citer le nom d'Yvon Benoît comme figure gabéricoise ayant son nom de rue à Ergué-Gabéric. Pour réparer cet oubli, voici un billet pour honorer sa mémoire et comprendre les conditions de son décès lors d'un bombardement allié.

Yves Benoît, qu'on appelait Yvon, est né le 20.01.1921 à Landudal. Avant la déclaration de la guerre il est embauché comme commis de ferme par la famille Le Bihan, agriculteurs à Kervoreden en Ergué-Gabéric.
Après les émeutes des 27, 28 et 29 juillet 1830, dites les Trois Glorieuses, la monarchie de Juillet autour de Louis Philippe d'Orléans s'est établie et une Charte constitutionnelle est promulguée le 14 août 1830. Le lendemain le maire d'Ergué-Gabéric, René Laurent, écrit une lettre au préfet du Finistère pour lui dire son dévouement au nouveau roi.

Il lui écrit même qu'il a ordonné un geste symbolique : « J'ai l'honneur de vous annoncer que demain seize du courant le drapeau flottera sur notre église parroissialle ; je fais la demande à cet égard, vous pouvez compter sur notre dévouement. ».

Le 19 septembre, avec ses conseillers municipaux, il prête serment et ils signent tous le registre des délibérations : « Je jure fidélité au roi des français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du Royaume. ». Parmi les conseillers on note l'entrepreneur papetier Nicolas Le Marié, dont le prénom est remplacé par le qualificatif « Monsieur » et qui sera nommé maire pendant l'année 1832. Tous semblent heureux que la République n'ait pas été proclamée.

Cette charte constitutionnelle instaure une royauté représentative et le roi n'est plus le « Roi de France et de Navarre », comme l'étaient encore les rois précédents Louis XVIII et Charles X, mais le « Roi des français », selon la formule déjà imposée à Louis XVI en 1791.

Afin d'obtenir l'adhésion des finistériens, le préfet Auguste Billart fait traduire les 70 articles de cette charte en breton de Cornouaille et du Léon : « Ar chart constitutionel guellêt gant an diou Gampr, ar 7 a vis Eaust 1830, hac acceptet an 9 gant E Vajeste Louis-Philip, Roue ar Francisien, a vezo troet e brezonec Querne ha Leon, hac emprimet e form e blacard e nombr a dri mil gopi, evit bezan distribuet d'an 284 commun eus an departemant, e proportion eus o importanç hac eus o fopulation. » (traduction ci-après). D'ailleurs en 1837 les gabéricois enverront une lettre de secours, rédigée également en langue bretonne, adressée à leur roi pour la restauration de leur clocher victime de la foudre.

Le texte breton de la charte constitutionnelle de 1830, titré « Chart Constitutionel » est formé d'un certain nombre de termes français francisés (Francisien, differanç, ...), avec une orthographe très française (lettres Q et ç, « Eaust » au lieu de « Eost » ...).

 

Mais les placards distribués dans les 284 communes du département ont dû permettre la diffusion des nouvelles règles institutionnelles, sociales et culturelles.

On remarque aussi que la religion catholique cesse d'être qualifiée de « religion de l'État » (terme de l'ancienne charte de 1814), mais religion « professée par la majorité des Français », à savoir en breton « ministret ar religion catholiq, apostoliq ha romen, exercet gant an niver brassa eus ar Francisien ». C'est ce qui permet au maire d'Ergué-Gabéric de faire flotter le drapeau français sur son église paroissiale le 16 août 1830.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1830 - L'adhésion municipale à la charte constitutionnelle de Louis-Philippe »