Blog 15.01.2017 - GrandTerrier

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Kerveil domaine des Sévigné

Billet du 15.01.2017 - « les plus belles dames de la province & particulierement pour madame de Sevigné, aveq les reponces de la mesme dame & plus de 300 vers de sa façon & de son esprit, qui themoignent qu'elle a bon esprit et qu'elle est de tres belle humeur », Guy Autret (1644-45).

On imaginait bien que des terres gabéricoises fussent un temps possédées par la marquise de Sévigné (1626-1696), née Rabutin-Chantal. Mais une confusion entre le manoir de Lanroz en Ergué-Armel et les terres de Penanros en Ergué-Gabéric avait généré une désillusion, car seul le premier avait été acquis par la marquise après le décès de son époux Henri de Sévigné (1623-1651). De plus, pour compliquer un peu les choses, dans un document de 1633 (cote ADF A85) un certain village de Keranmilin est possédé par Charles de Sévigné (1598-1635) qui n'est autre que le futur beau-père de la marquise.

Mais en réalité le document publié in-extenso ci-dessous, daté du 6 août 1683, conservé aux archives nationales et découvert récemment totalement par hasard (cote MC/ET/LI/612), donne le détail des propriétés cornouaillaises, avec en annexe le rentier précis des revenus attendus pour chaque domaine et village concernés. Le « manoir de Kerveil, orthographié « Keranmilin », en Ergué-Gabéric et ses mouvances de Kerjan, Niverrot et Kerveady y sont bien mentionnés comme intégrés au domaine de la marquise, ce au même titre que la seigneurie de Lanros et d'autres terres à Plomelin, Plonéour ... Tous ces biens sont acquises par la veuve Sévigné et ses deux enfants : Françoise épouse Grignan (1646-1705) et Charles (1648-1713).

Nous ne savons pas comment la famille d'Acigné de la Roche-Jagu et de Grand-Bois en Landebaëron est devenue propriétaire des manoirs de Lanros et de Keranmilin/Kerveil. Le domaine de Kerveil était auparavant, aux 15e et 16e siècles, une extension des biens nobles des Tréanna installés à Botbodern en Elliant. Ces derniers ont transmis ces biens à d'autres, peut-être directement à la branche des Grand-Bois qui possédaient déjà d'autres biens gabéricois en 1441.

La configuration du domaine de Kerveil est décrite dans la liasse dite A85 des extraits d'aveux du 16e siècle, avec les quatre ou cinq mouvances de villages payant des rentes et droits de succession au seigneur de Kerveil [1].

Dans cette même liasse A85, on découvre aussi qu'en 1633 le domaine est en possession de Charles de Sévigné, le beau-père de la marquise qui décèdera en 1635 avant le mariage de son fils Henri. Nous ne savons pas quand et comment la propriété est passée ou repassée aux d'Acigné, héritiers de Grand-Bois. Par contre c'est bien en 1683 que Kerveil redevient propriété foncière des Sévigné.

Les terres du domaine et du manoir de Keranmilin/Kerveil sont listées dans le rentier de 1683, à savoir les villages de Kerjan (aujourd'hui Keryann), Niverot, Kervernich (Kervernic) et Kerveady. Les revenus annuels et en part de récoltes sont détaillés. Le manoir de Kerveil générant 30 livres par an représente environ 15% du revenu du château plus important de Lanroz. Le village du Niverrot paie aussi une rente en argent,

 


Les quatre villages doivent annuellement quelques boisseaux « combles » de froment (« scindihl » pour le Niverrot, c'est à dire "barbu") , de seigle et d'avoine, sans oublier un autre impôt proportionnel sur les récoltes (« champart ») et les inévitables corvées. L'ensemble du domaine de Kerveil est déclaré « fief du Roy soubs Quimper » contrairement à Lanroz « fief des regaires » qui est sous l'égide du Seigneur Evêque.

Marie Raputin-Chantal et vraisemblablement son beau-père ne sont jamais venus sur leurs terres cornouaillaises qui n'étaient qu'objets de spéculations financières. Certes ils faisaient des séjours dans leurs autres résidences luxueuses de Bretagne, notamment dans le château des Rochers-Sévigné, mais on peut douter que la précieuse épistolière ait compris le quotidien de ces tenanciers et paysans, à la lecture de l'une de ses lettres : « Vous savez qu'on fait les foins. Savez-vous ce que c'est que faner ? Il faut que je vous l'explique : faner est la plus jolie chose au monde, c'est retourner le foin en batifolant dans une prairie ; dès qu'on en sait tant on sait faner ».

En savoir plus : « 1683 - Vente à la marquise de Sévigné de quelques terres gabéricoises et cornouaillaises », « 1510-1633 - Adveus de Keranmelin extraicts de l'inventaire de Kempercorantin »