Blog 09.02.2019 - GrandTerrier

Blog 09.02.2019

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Une gabéricoise féministe en résistance

Billet du 02.02.2019 - « Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes - Ni l’orgue ni la prière aux agonisants - ... Vous vous étiez servi simplement de vos armes - La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans », Louis Aragon, Strophes pour se souvenir, cérémonie d'inauguration de la rue du Groupe-Manouchian.

René Danion, né en 1932, est un agriculteur, installé à 18 ans à Kerhamus en Ergué-Gabéric après son école d'agriculture au Nivot en 1950, à la suite de ses grands-parents et parents, "faisant du lait" comme eux et livrant directement lui-même ses clients quimpérois.

Il a été interviewé récemment, pour parler des livraisons de lait et de l'entraide pour le fumier (cf transcription et traduction complètes en fin d'article), a été publiée sur le site bcd.bzh/becedia, sur la chaine video « Komzoù brezhoneg » de Lors Jouin qui a pour vocation de recueillir auprès de bretonnants natifs les parlers et les accents qui font la diversité de la langue bretonne.

Faire du lait, et non du beurre, telle était la vocation des trois générations de Danion à Kerhamus. La ferme étant située en bordure ouest de la commune, à proximité de la ville de Quimper, René Danion évoque les livraisons de son lait aux clients de Quimper (pâtissiers, restaurants, épiceries ...), non pas par camion citerne, mais dans des pots en alumimium de 20 à 30 litres qu'il fallait porter : « podoù ugent litrad ... lod a oa pounneroc'h ivez ...bez e oa unan hag a oa tregont litrad e-barzh ».

Il compare la qualité appréciée de son lait, par rapport à celui collecté et vendu par la coopérative : « Ne oa ket "pareil" nann ... n'eo ket memes blaz ken  ». Le mot « blaz » (et non du nez, bien que le terme veut aussi dire odeur !) évoque "son goût qui n'était pas pareil". La raison de la différence était en partie due à la quantité de crème (« an dienn » en breton) conservée dans le lait de Kerhamus.

On notera aussi l'expression bretonne « an hanter keroc'h » qui souvent est dite en français « à moitié plus cher » [2] par les bretonnants, alors qu'en fait il s'agit du double, la moitié étant appliquée en breton au prix total, et non au prix de départ.

 

Lors des livraisons quotidiennes à Quimper, il est aussi question des commandes de légumes (pommes de terre, choux pommés ...), de balles d'avoine qu servaient de matelas aux bébés, de bois de chauffage et de barriques de cidre.

La deuxième partie de l'interview porte sur l'importance autrefois du charroi et épandage du fumier. René Danion a écrit de belles pages sur ce sujet dans le premier chapitre de son livre « L'entraide agricole à Ergué-Gabéric de 1930 à 1960 ».

L'intérêt est ici d'entendre le descriptif de cette activité en langue bretonne : « neuze en em sikouriñ evid ar ...evid charreat teil da gomañs », où « charreat teil » (charroi de fumier) est le transport de tout le fumier des crèche dans les champs, une grosse journée de travail en fin d'année avant que les domestiques s'absentent 10 jours pour négocier leurs gages.

Quatre à cinq personnes par charroi étaient nécessaires. Et parmi eux, celui qui était surnommé « an tenner a-dreñv » (le tireur arrière), chargé avec son croc (« kreier don ») de faire tomber au sol le fumier de la charrette.

En savoir plus : « Rene Danion deus an Erge-Vras, Komzoù brezhoneg gant Lors Jouin », « René Danion, agriculteur-éleveur à Kerhamus »