Blog 06.06.2020 - GrandTerrier

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Du côté de Lestonan en 1680

Billet du 06.06.2020 - Voici comment le village orthographié Lezdonant et trois de ses parcelles nommé Parc Rupin est entré dans le domaine de sa Majesté le Roy, après avoir servi de leu d'implantation des poteaux de justices ou patibulaires de Kerfors et de Lezerrgué.

En cette fin de 17e siècle, la réformation du domaine royal a bouleversé la perception des droits seigneuriaux sur le territoire d'Ergué-Gabéric, notamment du fait que certains nobles comme ceux de Kerfors et de Lezergué se sont vu déboutés des droits de justice et de chefrentes [1] sur certaines mouvances de leur proche-fief.

Les terres et le village de Lestonan qui dépendaient auparavant de Kerfors et de Lézergue font désormais partie des lieux roturiers « réunis au domaine de sa majesté sous sa garde royale ».

Ci-après sont transcrites les déclarations publiées dans le volume du papier terrier conservé aux Archives nationales. Mais comme le premier dénombrement est quasi illisible, nous avons complété par les folios originaux du « Livre de sentences contenant les ordonnances de correction et de réception rendues par les commissaires réformateurs du papier terrier du Domaine de Quimper » (Archives de Nantes, cote B 2050).

Les déclarations et sentences concernent d'une part le village de Lestonan, avec « maisons, four, ayres, pourpris, issues à framboy, issues », et d'autre part trois champs dépendant du dit village, dénommés « Parc Rupin » en breton.

Le lieu-dit Lestonan est orthographié avec plusieurs variantes : Lezdonnant, Lezdonant, Lestonan, Lestonnan, Lestonant. Le toponyme avec un d est une version ancienne déjà repérée au 15e siècle mais qui semble donc toujours en usage, et qui pourrait être dédié à l'origine à saint Don (ou Donan par diminitif). Le village est aussi précisé « huella (haut) regroupant sans doute les fermes de Lestonan « vian » (petit) et « vraz » (grand) en exploitation jusqu'au début du 20e siècle, et pas du tout au centre-Lestonan actuel, pas plus qu'au lieu-dit intermédiaire de Kerhuel (qui fait l'objet d'une sentence séparée d'inclusion dans le domaine royal).

Les détenteurs en titre des biens concernés à Lestonan, village et parcelles, sont essentiellement de la famille Lozeac'h, présents à Lestonan depuis plusieurs générations. Parmi les déclarants de cette famille, il y un prêtre Michel Lozeach, demeurant a priori à Pennamenez, qui est identifié en 1665 comme l'un des vicaires gabéricois du recteur Jean Baudour.

L'objet des déclarations est de noter que les biens relèvent maintenant « prochement, & roturièrement du Roy », prochement car il n'y plus de seigneur intermédiaire, et roturièrement parce que non noble. Plus explicitement, la cheffrente due au seigneur de Kerfors (et à Lezergué jusqu'au début du 17e siècle) est à présent « convertie en rente censive » au roi, avec transferts également des autres autres droits : Chambellenages (droits de vassalité), Lods et ventes (taxes sur ventes à des acquéreurs tiers) et Rachats (droits de succession familiale).

Pour ce qui concerne les parcelles de terres, essentiellement froides [2] et incultes, elles sont au nombre de trois et nommés « Parc Rupin ». Ce nom de micro-toponymie n'est pas un synonyme de richesse, il est décomposable en « Run » (signifiant

  tertre ou sommet) et « Pin » (sapin, pin), ce qui laisse à penser qu'il s'agit d'une hauteur plantée de pins.

Le parcellaire du cadastre de 1834 confirme la localisation en hauteur des terres de « Parc Rupin », sur les parcelles n° 1100, 1102, 1103 et 1104, entre l'ancien village de Lestonan et Kerouzel.

Dans les sentences et déclarations de 1680-82 il est bien rappelé que les Lozeach devait à « la seigneurie de Querfors la somme de trois sol six deniers de cheffrante » pour exploiter le champ Parc-Rupin. Et si l'on remonte aux aveux de 1634 concernant le domaine de Lezergué (qui va devenir la propriété de seigneur de La Marche de Kerfors) on trouve aussi ces « trois parcs nommés Rupin proche de Lestonan ».


Dans ce même document de 1634, il est question des « patibulaires [3] à deux piliers en la montaigne de Lestonnan, de là à penser que ces poteaux de justice où on pendait les mécréants étaient précisément sur les hauteurs de « Parc Rupin ». Nous vous proposons, sur la base de la position précise des dites parcelles, d'organiser sur place cet été une chasse au trésor à la recherche des fameuses fourches patibulaires [3].

En savoir plus : « 1680-1682 - Papier terrier des terres royales roturières de Lestonan »