An dommerien, les chauffeurs, Feiz ha Breiz 1908
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<br><center><i>(Cette histoire a été racontée pour la première fois par le père Le Scao, sous sa forme ébauchée de l'époque)</i></center> | <br><center><i>(Cette histoire a été racontée pour la première fois par le père Le Scao, sous sa forme ébauchée de l'époque)</i></center> | ||
- | C'est l'heure du repas du soir et tous les habitants de la maison sont assis autour de la table : d'un côté on voit le grand père avec ses deux petits enfants, Joseph et Hervé, et de l'autre les domestiques et le chef de famille lisent La Vie de saint Laurent. Hervé a des frémissements tout le temps, et la fillette dit quand la lecture fut achevée : « Pourquoi tant de malheur pour ce saint ? Je ne vois pas pourquoi on l'a fait mourir, car il est vrai qu'il n'était pas un homme mauvais. Ha ma felle d'an dud kris-se e laza, perak beza hen dalc'het da c'houzanv poaniou ker spountuz pendant tant de temps ? Ma vijen bet eno, me am bije tennet var an dud goues-se ha lezet ar zant da reded ». | + | C'est l'heure du repas du soir et tous les habitants de la maison sont assis autour de la table : d'un côté on voit le grand père avec ses deux petits enfants, Joseph et Hervé, et de l'autre les domestiques et le chef de famille lisent La Vie de saint Laurent. Hervé a des frémissements tout le temps, et la fillette dit quand la lecture fut achevée : « Pourquoi tant de malheur pour ce saint ? Je ne vois pas pourquoi on l'a fait mourir, car il est vrai qu'il n'était pas un homme mauvais. Ha ma felle d'an dud kris-se e laza, perak beza hen dalc'het da c'houzanv poaniou ker spountuz pendant tant de temps ? Si j'avais été de cette époque, j'aurais tiré sur ces gens-là et laissé le saint s'en aller ». |
— « Tu sais, mon petit, dit le grand père, autrefois il y a toujours eu beaucoup de gens mauvais, et ces gens-là ont toujours cherché à faire du mal aux gens bien. Il y a maintenant cent ans, pendant la grande révolution, c'était comme du temps de saint Laurent. » | — « Tu sais, mon petit, dit le grand père, autrefois il y a toujours eu beaucoup de gens mauvais, et ces gens-là ont toujours cherché à faire du mal aux gens bien. Il y a maintenant cent ans, pendant la grande révolution, c'était comme du temps de saint Laurent. » | ||
- | —« Grand père, dit Hervé, en eur bokad dezan, raconte nous une histoire trouvée à la révolution. ». | + | —« Grand père, dit Hervé avec un baiser, raconte nous une histoire de la révolution. ». |
- | Le grand père, qui ne pouvait rien refuser à ses petits enfants, commença aussitôt avec son histoire. | + | Le grand père, qui ne pouvait rien refuser à ses petits enfants, commença aussitôt son histoire. |
- | — « Alors, dit-il, selon ce que j'ai entendu de mon père, les prêtres devaient se cacher ici et ailleurs, | + | — « Alors, dit-il, d'après ce que j'ai entendu de mon père, les prêtres devaient se cacher ici et ailleurs, |
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Les Républicains s'attablèrent et se servirent de la viande, du pain blanc et d'une goutte de jaune, ni petra 'ta. Comme François restait impassible, le chef des chauffeurs dit : | Les Républicains s'attablèrent et se servirent de la viande, du pain blanc et d'une goutte de jaune, ni petra 'ta. Comme François restait impassible, le chef des chauffeurs dit : | ||
- | « <i>Ce citoyen</i> ne veut pas avouer où est l'oiseau noir : ne vo ket brao d'ezan choum aze beteg m'or bezo leunet hor c'hof : rag neuze ni a velfe a lemm eo hor c'hlezeier pe tenna a ra hor fuzulhou. — Rag bezit sur, <i>citoyen</i>, ni or bezo ar beleg, pe da benn, da gas ganeomp. Da c'hedal, daoust hag ama n'euz ket sidr ? — kers da gerc'hat, <i>citoyen Jaouen</i>, emezan, en eur drei ouz unan d'euz e e vignouned ». | + | « <i>Ce citoyen</i> ne veut pas avouer où est l'oiseau noir : ne vo ket brao d'ezan choum aze beteg m'or bezo leunet hor c'hof : rag neuze ni a velfe a lemm eo hor c'hlezeier pe tenna a ra hor fuzulhou. — Rag bezit sur, <i>citoyen</i>, ni or bezo ar beleg, pe da benn, da gas ganeomp. Da c'hedal, de quoi il n'y a pas de cidre ici ? — va en chercher, <i>citoyen Jaouen</i>, emezan, en eur drei ouz unan d'euz e e vignouned ». |
- | Ma na fell d'eoc'h nemed sidr, e z'euz moien d'o servicha, dit François. Kerkent an ozac'h a gemeraz eur skudel hag a bedaz ar mevel da ziskouez d'ezan an hent gant ar goulou. Er c'hao e chomchent eun tammig da zavarat, et François dit tout bas au commis : « Je ne connais pas ces deux diables, goest int d'ober ar brasa torfejou. Cependant, écoute bien ceci, il n'y a pas grand chose à faire, restez calme : an distera a rafec'h, evit klask tec'het, a ve avoalc'h evit lakaat diskredi varnoc'h hag oc'h anaout ». | + | Si vous voulez du cidre, il y a moyen de vous servir, dit François. Kerkent an ozac'h a gemeraz eur skudel hag a bedaz ar mevel da ziskouez d'ezan an hent gant ar goulou. Er c'hao e chomchent eun tammig da zavarat, et François dit tout bas au commis : « Je ne connais pas ces deux diables, goest int d'ober ar brasa torfejou. Cependant, écoute bien ceci, il n'y a pas grand chose à faire, restez calme : an distera a rafec'h, evit klask tec'het, a ve avoalc'h evit lakaat diskredi varnoc'h hag oc'h anaout ». |
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- | — « Je ne veux pas, dit le commis, être responsable de votre mort, et je ne les laisserai pas vous tuer. » Paix, dit François, vous êtes izoum ac'hanoc'h dans ce pays. Il n'y a plus du tout de prêtre, ha ma vezoc'h lazet, piou a vadezo ar vugale, a lavaro an ofern ... J'ai cinq enfants en bas âge ; keit ha ma choumo ho mam ganto e c'hellan beza dinec'h, savet mad e vezint : ma c'hoarvez ganti beza lazet ive, Doue a gemero soursi anezo. Rak-se taolit evez, neuz forz petra reio ar <i>loups-là</i>, grik ebed : petra rafec'h eneb pemb : ha dreist oll diouallit d'en em ziskuill ». | + | — « Je ne veux pas, dit le commis, être responsable de votre mort, et je ne les laisserai pas vous tuer ». Paix, dit François, vous êtes izoum ac'hanoc'h dans ce pays. Il n'y a plus du tout de prêtre, ha ma vezoc'h lazet, piou a vadezo ar vugale, a lavaro an ofern ... J'ai cinq enfants en bas âge ; keit ha ma choumo ho mam ganto e c'hellan beza dinec'h, savet mad e vezint : ma c'hoarvez ganti beza lazet ive, Doue a gemero soursi anezo. Rak-se taolit evez, neuz forz petra reio ar <i>loups-là</i>, grik ebed : petra rafec'h eneb pemb : ha dreist oll diouallit d'en em ziskuill ». |
— Une chose cependant qu'il serait bien de faire : je vais dire à Pierre de Ti-Plouz de faire venir les Chouans jusqu'aux Républicains ici. Bet e tleont beza vardro Briec gant Kornouaill » —« Kerzit memez tra ». | — Une chose cependant qu'il serait bien de faire : je vais dire à Pierre de Ti-Plouz de faire venir les Chouans jusqu'aux Républicains ici. Bet e tleont beza vardro Briec gant Kornouaill » —« Kerzit memez tra ». |
Version du 23 octobre ~ here 2012 à 21:32
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Une histoire racontée par Jean-Louis Prigent Autres lectures : « La vision de Déguignet sur les apports et méfaits de la Grande Révolution » ¤ |
1 Présentation
2 Transcription
Pajennad 184 :
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Fin an bajennad 186 :
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3 Traduction française
Page 186 :
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Suite page 186 :
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4 Coupures de presse
Juin 1908 | |||||
5 Annotations
- Jean-Louis Prigent (1878-1962), prêtre du diocèse de Quimper, né à Guissény, ordonné en 1905, professeur à Saint-Yves Quimper ; 1906, hors diocèse ; 1907, vicaire à Briec ; 1926, chapelain de l'école du Sacré-Cœur de Lesneven ; 1933, recteur de Baye ; 1945, recteur de Lamber ; 1952, chapelain à Plouzané ; 1957, maison de Keraudren ; décédé le 9-03-1962. Publications : Miz Mari : eskobti Kemper ha Leon (Brest, Moullerez ru ar C'hastell, 1909). [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2]
- « Feiz ha Breiz » est le premier journal hebdomadaire en langue bretonne, fondé en 1865 par le vicaire général Léopold-René de Léséleuc, sous la mandature de Mgr Sergent, et diffusé jusqu'en 1884, puis de 1899 à 1944, et enfin depuis 1945. De 1865 à 1883 la direction et rédaction furent assurées par Gabriel Morvan, puis par l'abbé Nédélec. En 1911, l'abbé Jean-Marie Perrot, rédacteur pour Feiz ha Breiz depuis 1902 en prend la direction jusqu'à sa mort en 1943. La revue Kroaz Breiz succéda de 1948 à 1950 à la revue Feiz ha Breiz, puis changea de nom pour s’appeler Bleun-Brug (1951-1984) quand elle commença à publier des articles en français. [Ref.↑]
Thème de l'article : Coupures de presse relatant l'histoire et la mémoire d'Ergué-Gabéric Date de création : octobre 2012 Dernière modification : 23.10.2012 Avancement : [Développé] |