J'y bâtirai une maisonnette, seul et à ma façon, les pierres et le bois n'y manquant pas, puis j’établirai un rucher couvert pour y mettre en rangs superposés, une centaine de ruches. Mais je ne commencerai d'abord que par une trentaine, qui me coûteraient environ trois cent francs. Après je verrais. [2] [...]
Mes abeilles me donneraient quatre mois d'occupation, du commencement de juin où l'essaimage commence ordinairement, à la fin septembre où se fait la vente, la fabrication du miel et de la cire. Pendant l'hiver, je pourrais cultiver, chasser et pêcher, et puis j'aurais aussi des ruches à confectionner. Non pas des ruches mobiles comme j'en au vu là-bas à Aix chez notre ami l'apiculteur savant. J'étais certain que ces sortes de ruches ne sont bonnes et utiles que dans les pays privilégiés, où les abeilles trouvent à butiner toute l'année et on peut alors faire de l'apiculture savante et intensive. Mais, ici, où les abeilles ne trouvent le miel qu'au milieu de l'été, en juillet et au commencement d'août, de petites ruches en paille suffisent et sont faciles à confectionner et faciles à manier.
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Je comptais du reste apporter quelques améliorations à ce système, à mesure que l'expérience m'en aurait démontré l'utilité et les avantages.
Tout est perfectible en ce monde, attendu que le créateur n'a rien fait de parfait. Les ruches en paille sont du reste les meilleurs logements pour les abeilles. Ces ruches bien confectionnées les garantissent contre le froid de l'hiver et contre les grandes chaleurs de l'été. Je pourrais bien fabriquer quelques-unes en planches avec vitre derrière, comme j'en ai vues à Aix, mais ce serait comme fantaisie, et afin de pouvoir observer les travaux intérieurs de la colonie qu'il est seulement curieux et étonnant d'observer. [2] [...]
Je sais bien que les paysans, ici, ont presque tous dans leurs fermes quelques ruches d'abeilles. Mais ces abeilles sont pour ainsi dire abandonnées à elles-mêmes, dans de mauvaises ruches, souvent à moitié pourries, écrasées sous des charges de mottes, de pierres, de vieux vases de terre ou de fer, perdues parmi l'herbe et les ronces [1] .
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