Page 13
Elle était née en 1892, à mi-chemin de Quimper et Briec, au bord de la rivière Odet, dans une masure dont les propriétaires, les Bolloré de la papeterie, avaient laissé la jouissance gratuite à ses parents, en contrepartie de menus travaux d'entretien des allées de chasse du domaine, à quelques kilomètres de là.
Page 272
- Alors, comme ça tu es ouvrier à la papeterie d'Odet ?
- Depuis conq ans. J'y suis entré à dix-sept ans. Mon père y travaille aussi, comme mon grand-père avant lui.
- Les Bolloré investissent drôlement, dit René.
- C'est une place sûre, dit Jabel gozh.
- Oh ! pour ça sûr que c'est une place sûre, articula lentement Fanch. On est sûr de ne pas arriver à grand-chose.
Nicole pinça les lèvres.
- Un jour, Ronan passera contremaître.
- Sous-chef ou chef de claque, on n'est jamais qu'un larbin des patrons.
- Ils ne sont pas bien embêtants, dit Ronan, on ne les voit presque jamais.
- Les gars de la papeterie sont bien payés, dit René. Plus qu'un facteur.
- Alors, ça doit être le pactole ! Surtout s'ils sont payés à rien foutre comme les facteurs !
[...]
- La preuve, Ronan joue au foot dans l'équipe des Paotreds d'Ergué-Gabéric.
- Comme gaol, appuyé à son poteau ?
- Comme demi, dit Ronan.
Il commençait à s'énerver.
- Un poste où on court beaucoup, ajouta-t-il.
- Et tu marques des buts ?
- Autant que je peux. D'ailleurs ...
Il regarda sa montre et donna un coup de genou à Nicole.
- ... il faut qu'on y aille. J'ai match cet après-midi.
|