La Dépêche de Brest, 5 novembre 1927
Les écoles du Finistère
M. Bouilloux-Lafont [4] , vice-président de la Chambre, a reçu la lettre suivante de M. Herriot [3] , ministre de l'Instruction publique :
« Paris, le 29 octobre 1927.
Monsieur le député et cher collègue,
Vous avez bien voulu me signaler la situation des écoles du Finistère et rappeler mon attention sur l'intérêt qu'il y aurait à subventionner dans ce département le plus grand nombre possible de projets de constructions scolaires actuellement soumis à mon examen.
J'ai l'honneur de vous faire connaître que la situation du Finistère n'a pas été sans retenir tout particulièrement mon attention. Etant donné le grand nombre de projets inscrits sur la liste de classement du Conseil général, j'avais décidé, dès le début de l'année, de donner satisfaction aux demandes de subventions qui me seraient faites, dans la plus large mesure possible, et aussi rapidement qu'il se pourrait.
Treize dossiers seulement, sur les 106 projets figurant sur cette liste, ont été jusqu'ici en état d'être approuvés au cours du présent exercice. § Onze de ces projets sont déjà subventionnés. Ce sont ceux de ...
Onze de ces projets sont déjà subventionnés. Ce sont ceux de : Scaër, Plovan, Plougoulm, Sibiril, La Feuillée, Locmaria-Berrien, Le Cloitre-Saint-Thégonnec, Ergué-Gabéric, Tréourgat, Ploéven et Plomeur. Les subventions ainso alloués représente une somme globale de 1.072.220 francs, à laquelle somme il faut ajouter une subvention de un million à la ville de Pont-l'Abbé pour la construction d'une école primaire supérieure, soit, au total : 2.072.220 francs.
J'ajoute que j'ai l'intention de subventionner encore deux ou trois autres projets en fin d'année, et, bien entendu, dans la mesure des crédits disponibles - notamment le projet de Beuzec-Conq - que vous m'aviez tout particulière signalé.
Vous pourrez ainsi vous rendre compte, monsieur le député et cher collègue, que, loin d'avoir été défavorisé dans l'allocation des subventions, le département du Finistère aura été particulièrement privilégié et que son contingent aura été très largement évalué sur le crédit de 40.000.000 prévu pour l'ensemble de la France. Il ne serait pas possible de faire plus, sans léser gravement les autres départements.
Veuillez agréer, monsieur le député et cher collègue, l'assurance de ma haute considération.
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Le Cri du Peuple, 12 novembre 1927
Nos Projets Scolaire. À chacun selon ses actes.
La Dépêche du 5 novembre publie une lettre du ministre de l'Instruction publique, dans laquelle il fait connaître à M. Bouilloux-Lafont [4] que 11 projets scolaires ont été approuvés depuis le début de l'année courante - ce que nous savions déjà. De là à conclure que ce résultat est l'oeuvre du député finistérien, il n'y a qu'un pas.
La vérité est toute différente.
§ Depuis 5 ans, 20 projets seulement ont été approuvés ...
Depuis 5 ans, 20 projets seulement ont été approuvés, dont 7 inexécutables, par suite de l'insuffisance des subventions. En 1926, deux seulement recevaient l'approbation ministérielle, ce qui revient à dire qu'en tablant sur une moyenne annuelle de 4, il aurait fallu, à cette allure, 27 années pour solutionner les 106 projets en instance, sans compter d'ailleurs ceux qui, durant cette longue période, n'auraient pas manqué d'être déposés.
Nos conseillers généraux socialistes, émus de cette situations, n'ont pas manqué de le signaler à l'assemblée départementale et de faire des démarches près de l'administration centrale.
Masson, notamment, intervint , à Quimper, lors de la session d'avril dernier, puis à celle de septembre, obtint une enquête sur la situation des écoles publiques, et vit, à diverses reprises, le ministre de l'Instruction publique.
M. Bouilloux-Lafont [4] n'a donc pas à recueillir le mérite d'une action qui n'est pas la sienne. Il s'est simplement contenté d'enfoncer une porte ouverte par l'envoi, après coup, d'une lettre banale.
Le projet de Beuzec-Conq, lui-même, serait encore resté enfoui pendant plusieurs années dans les poussières des cartons verts, si nos amis n'étaient pas intervenus d'une manière générale.
§ Donnons, pour êtres complets, le détail et le montant des projets ...
Donnons, pour êtres complets, le détail et le montant des projets approuvés, avec leur numéro d'ordre de classement :
1. SCAER. - Agrandissement et appropriation des écoles publiques : 630.000 fr.
2. PLOVAN. - Construction d'une école de filles : 145.000 fr.
3. PLOUGOULM. - Construction d'une école de filles : 235.000 fr.
6. SIBIRIL. - Achèvement de l'école de garçons : 98.000 fr.
7. LA FEUILLÉE. - Grosses réparations au groupe scolaire : 58.000 fr.
8. LOC-MARIA-BERRIEN. - Agrandissement de l'école des filles : 60.000 fr.
10. LE CLOITRE-ST-THÉGONNEC. - Construction d'une école de filles : 200.000 fr.
11. ERGUÉ-GABERIC. - Agrandissement du groupe scolaire de Lestonan : 245.000 fr.
15. TRÉOUERGAT. - Construction d'une école mixte : 150.000 fr.
20. PLOMEUR. - Agrandissement de l'école du hameau de la Palue : 190.000 fr.
26. PLOEVEN. - Agrandissement de l'école de garçons : 90.000 fr.
Soit un total de 2.101.000 francs de travaux pour lesquels une subvention globale de 1.072.220 francs est accordée, ce qui correspond à un pourcentage de 50 %.
Ajoutons à cette somme une subvention de 1 million à la ville de Pont-l'Abbé pour la construction d'une école primaire supérieure.
Félicitons nos amis de leur action si féconde en faveur de l'école publique, action qui ne s'arrêtera pas là, et profitera, non seulement aux communes, aux enfants du Peuple, au personnel de l'enseignement, mais aussi aux nombreux travailleurs du bâtiment, employés à la construction de ces nouveaux locaux scolaires.
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Le Cri du Peuple, 8 juin 1929
Comité de Défense Laïque du finistère.
Ergué-Gabéric (hameau de Lestonan). - Un coup de main des cléricaux. - Sous le règne de la IIIe République laïque et sociale, mais, à vrai dire, apostolique et romaine avant tout, les cléricaux semblent être les maîtres. Ils veulent le faire croire à Lestonan, où sévit le multimillionnaire Bolloré, seigneur des Papeteries de l'Odet, et de leurs ouvriers et ouvrières, et, au surplus, clérical de première cuvée.
Grâce aux millions qu'il a tant de mal à gagner, M. Bolloré construit des écoles chrétiennes (ô Christ, voile-toi la face), où on apprendra, aux futurs citoyens, à s'agenouiller devant les grandes puissances spirituelles et capitalistes : l'Eglise et M. Bolloré.
M. Bolloré a, déjà, à peu près, démoli l'école laïque de filles, toujours grâce aussi à la complicité de républicains au faux-nez, il attaque maintenant l'école laïque de garçons. Avec la majorité du Conseil municipal, il a imaginé un tour de passe-passe :
§ L'école de garçons de Lestonan sera transformée en asile pour les vieillards ...
L'école de garçons de Lestonan sera transformée en asile pour les vieillards (comme les bonnes soeurs, M. Bolloré aura ses vieillards, ses pauvres). M. Bolloré construira, à ses frais, une école neuve à plus de 3 km de Lestonan ! Donc, plus d"école laïque de garçons dans l'agglomération ouvrière ; à ce moment, on pourra rafler tous les enfants et les mener à la future école libre.
Voilà le jésuite démasqué, Nos amis du Conseil municipal d'Ergué se sont dressés, au nombre de six. Le Comité de Défense laïque leur adresse ses plus vives félicitations et promet de leur apporter son aide matérielle et morale.
Mais que va faire la Préfecture ? On l'a déjà vu flancher lors des affaires d'Ouessant et de St-Thonan. La Préfecture a déjà enquêté, mais ces messieurs étaient pilotés par un chauffeur de M. Bolloré ! Serait-ce la bonne Union nationale de ceux qui ne veulent pas d'histoires ? Attendons la suite.
Le Comité
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Le Cri du Peuple, 15 juin 1929
Comité de Défense Laïque du finistère
À Lestonan (Ergué-Gabéric). - On se rappelle que le seigneur Bolloré, multi-millionnaire par la grâcde de Dieu et de ses ouvriers, veut débarrasser Lestonan de la « pourriture laïque ».
Nous avons le plaisir de faire savoir, au seigneur Bolloré, à ses amis et ... à d'autres, que le Comité de Défense laïque a pris les dispositions nécessaires. Et que, si on veut faire ce mauvais coup, avec des complicités que nous n'hésiterons pas à dénoncer, on trouvera à qui parler.
L'école laïque de Lestonan restera debout, malgré ses ennemis, malgré les traîtres, malgré les invertébrés qui devraient la défendre.
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