Jean-Marie Deguignet et la justice ...
Voici (ci-dessous) une féroce caricature de la justice de sang que n'aurait pas reniée Jean-Marie Deguignet, le plus célèbre et le plus révolté de nos paysans bas-bretons ! Au fil de ses cahiers, l'auteur s'indigne de l'exorbitant pouvoir détenu par les juges, « tous gens sortis de la jésuiterie » et accessoirement « coquins subalternes » ! Pour l'anarchiste, la guillotine n'est qu'un instrument d'ordre social à disposition des « tyrans, exploiteurs unis avec leurs dieux et leurs lois », pour opprimer les gueux. Mais, rappelle Déguignet, « ils oublient, ces bons croyants, que punir n'est pas rendre justice. Tuer un homme parce qu'il a tué, cela fait deux morts au lieu d'un, mais le dernier ne rendra pas la vie au premier. Cependant en style judiciaire et religieux tout cela s'appelle la justice. Quand le bourreau a coupé la tête d'un criminel, on dit que justice est faite, et, quand un tonsuré quelconque annonce à son fidèle que l'âme d'intel [sic] juif, d'intel athée ou d'intel libre-penseur grille dans les flammes de l'enfer, il dit aussi que cela est de la justice, de la justice divine, immuable celle-là et éternelle comme s'il y avait quelque chose d'éternel en ce monde, sinon la matière ».
(Histoire de ma vie, l'intégrale des mémoires d'un paysan bas-breton et l'Assiette au beurre du 23 novembre 1901)
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