CORNETTE Joël - Histoire de la Bretagne et des Bretons
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*La première citation commentée est page 587 du tome I « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> », bien que bien sûr que le paysan bas-breton vivait au 19e siècle : « <i>Ce document nous permet de prendre la mesure de l'effet produit (assez éloigné de l'effet attendu par le curé pédagogue) et de la pérennité d'une méthode mise au point dans les années 1610</i> ». | *La première citation commentée est page 587 du tome I « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> », bien que bien sûr que le paysan bas-breton vivait au 19e siècle : « <i>Ce document nous permet de prendre la mesure de l'effet produit (assez éloigné de l'effet attendu par le curé pédagogue) et de la pérennité d'une méthode mise au point dans les années 1610</i> ». | ||
- | *La deuxième citation commentée, page 249 du tome II « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> », présente la condition des mendiants au 19e siècle. | + | *La deuxième citation commentée, pages 229 et 231 du tome II « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> », présente la condition des mendiants au 19e siècle. |
*La troisième citation commentée, page 249 du tome II, porte sur les progrès dans le monde agricole, et nous présente une personnalité en avance sur son temps : Clément-François Olive, professeur d'agriculture au Likès de Quimper, futur maire de Kerfeunteun où il exploitait une ferme expérimentale. | *La troisième citation commentée, page 249 du tome II, porte sur les progrès dans le monde agricole, et nous présente une personnalité en avance sur son temps : Clément-François Olive, professeur d'agriculture au Likès de Quimper, futur maire de Kerfeunteun où il exploitait une ferme expérimentale. | ||
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[…] En voyant ce curé nous montrant ces tableaux effroyables des diables et de l’enfer, je me demandais comment des pauvres bougres comme moi, qui n’ont pas demandé la vie et durant laquelle ils ont souffert dix fois plus qu’ils n’en ont joui, peuvent être condamnés à des tourments éternels pour avoir eu un instant d’orgueil, d’envie ou de luxure, chose auxquelles nous sommes forcément soumis par la nature ; je voyais de suite qu’il y avait là trop de contradictions entre ces tourments éternels et un dieu qu’on nous disait bon, excellent, magnanime et tout puissant.</i> » | […] En voyant ce curé nous montrant ces tableaux effroyables des diables et de l’enfer, je me demandais comment des pauvres bougres comme moi, qui n’ont pas demandé la vie et durant laquelle ils ont souffert dix fois plus qu’ils n’en ont joui, peuvent être condamnés à des tourments éternels pour avoir eu un instant d’orgueil, d’envie ou de luxure, chose auxquelles nous sommes forcément soumis par la nature ; je voyais de suite qu’il y avait là trop de contradictions entre ces tourments éternels et un dieu qu’on nous disait bon, excellent, magnanime et tout puissant.</i> » | ||
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+ | <big><b>Les mendiants</b></big> | ||
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+ | Page 229, chapitre 50 « <i>Portrait au noir</i> », tome II « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> ». | ||
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+ | Malgré cette hausse spectaculaire de l’indigence qui marque la première moitié du XIXe siècle, la mendicité n’est pas une nouveauté en Bretagne [...] Au XIXe siècle, cette fonction multiple continue, surtout en Basse-Bretagne : Jean-Marie Déguignet (1834-1905), qui fut lui-même « <i>mendiant professionnel</i> » à l’âge de neuf ans, explique que les aumônes « <i>avaient toujours un but intéressé et égoïste ; elles n’étaient jamais données au nom de l’humanité, chose inconnue chez les Bretons, mais seulement au nom de Dieu. Quand ces femmes me donnaient pour deux liards de farine d’avoine ou de blé noir, l’aumône ordinaire d’alors, c’est qu’elles étaient convaincues de recevoir en retour le centuple comme il est dit dans l’Évangile, car elles savaient qu’une prière, dite par moi, enfant chétif et humble, valait pour elles cent prières radotées machinalement par les vieilles mendiantes.</i> » | ||
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+ | Page 231, chapitre 50 « <i>Portrait au noir</i> », tome II « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> ». | ||
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+ | En fait, il convient de bien distinguer les mendiants connus, légitimes en quelque sorte, depuis longtemps intégrés à la communauté — la « misère honnête », comme la définit le préfet du Morbihan en 185528 —, des pauvres et des errants que les malheureuses conjonctures économiques du « sombre XIXe siècle » ont multipliés. Ceux-là, toujours plus nombreux, jugés de plus en plus dangereux, sont le plus souvent violemment rejetés. Jean-Marie Déguignet en fut le témoin dans son enfance à Quimper, dans les années 1830 : | ||
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+ | « <i>Si nos fermiers et propriétaires de l’intérieur étaient si durs et si méchants envers les gueux, c’est qu’ils en étaient alors littéralement inondés, non seulement de mendiants ordinaires, mais de pillards, de voleurs, et de véritables bandits. À chaque instant, ces fermiers perdaient quelque chose : du grain de leurs greniers, des instruments aratoires, du foin et de la paille des meules, des bœufs et des chevaux, des champs ou des écuries, sans jamais pouvoir saisir les voleurs. […] En ce temps là, la mendicité prenait de multiples formes : il y en avait qui parcouraient les campagnes avec des bidets cherchant de la vieille ferraille, d’autres cherchant des chiffons, des pilloyers [chiffonniers], d’autres cherchant des étoupes, d’autres encore voyageant avec des peaux de loups remplies de paille. Ceux-ci ne demandaient pas l’aumône, ils réclamaient une rétribution pour avoir délivré le pays d’un loup, et pour avoir risqué leur vie en le capturant.</i> » | ||
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<big><b>La Révolution agricole</b></big> | <big><b>La Révolution agricole</b></big> | ||
- | Page 249, chapitre 50 « <i>Le salut par l'agriculture</i> »), tome II « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> ». | + | Page 249, chapitre 50 « <i>Le salut par l'agriculture</i> », tome II « <i>Des âges obscurs au règne de Louis XIV</i> ». |
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Jean-Marie Déguignet a bien expliqué la réaction des agriculteurs bretons, en l’occurrence ceux de la région de Quimper, face à un « professeur d’agriculture ». Clément-François Olive enseignait alors les choses de la terre à l’école confessionnelle du Likès à Quimper. Nous sommes au début des années 1850 et le jeune Jean-Marie, qui a dix-sept ans, va être employé comme vacher dans la ferme modèle du professeur, à Kermahonec : | Jean-Marie Déguignet a bien expliqué la réaction des agriculteurs bretons, en l’occurrence ceux de la région de Quimper, face à un « professeur d’agriculture ». Clément-François Olive enseignait alors les choses de la terre à l’école confessionnelle du Likès à Quimper. Nous sommes au début des années 1850 et le jeune Jean-Marie, qui a dix-sept ans, va être employé comme vacher dans la ferme modèle du professeur, à Kermahonec : | ||
- | « <i>En ce temps-là, il était venu un Monsieur à Kerfeunteun comme professeur d’agriculture pour apprendre aux Bretons l’art de cultiver la terre. Mais les paysans se souciaient peu alors d’apprendre quoi que ce soit en agriculture ni ailleurs. La vieille routine, pas autre chose. Quelques-uns des vieux cultivateurs passaient par la ferme du professeur quelquefois pour regarder les instruments nouveaux, qu’ils n’avaient jamais vus, et regarder les ouvriers travailler. Mais ils s’en allaient en haussant les épaules, et en disant qu’ils auraient à en donner des leçons à ce professeur. Ils voyaient bien qu’il y avait là de belles prairies, bien égouttées et irriguées, des champs de trèfle, de gros choux et des rutabagas, mais tout ça coûtait plus qu’il ne valait, et d’abord les bêtes bretonnes n’avaient pas besoin de ces choses-là pour vivre, pas plus que les hommes n’avaient besoin du pain blanc, de la viande et des légumes, toutes choses alors inconnues dans nos campagnes. Bref, les paysans n’en voulurent pas du tout des enseignements agricoles de ce monsieur. Si c’eût été un paysan encore ! Mais un monsieur à chapeau haut et qui ne savait pas parler breton pouvait-il être cultivateur ? Allons donc ! Les paysans ne pouvaient admettre qu’un monsieur de la ville pût savoir couper la lande, retourner une motte de terre, faucher, moissonner, charger du fumier dans la charrette, râteler les fossés, tracer un sillon avec la charrue en bois à avant-train, modèle Triptolème26, les seules choses nécessaires selon eux pour être bon cultivateur. De la science agricole, ils n’en avaient cure. Ce n’était pas avec des livres qu’on pouvait faire de l’agriculture.</i> » | + | « <i>En ce temps-là, il était venu un Monsieur à Kerfeunteun comme professeur d’agriculture pour apprendre aux Bretons l’art de cultiver la terre. Mais les paysans se souciaient peu alors d’apprendre quoi que ce soit en agriculture ni ailleurs. La vieille routine, pas autre chose. Quelques-uns des vieux cultivateurs passaient par la ferme du professeur quelquefois pour regarder les instruments nouveaux, qu’ils n’avaient jamais vus, et regarder les ouvriers travailler. Mais ils s’en allaient en haussant les épaules, et en disant qu’ils auraient à en donner des leçons à ce professeur. Ils voyaient bien qu’il y avait là de belles prairies, bien égouttées et irriguées, des champs de trèfle, de gros choux et des rutabagas, mais tout ça coûtait plus qu’il ne valait, et d’abord les bêtes bretonnes n’avaient pas besoin de ces choses-là pour vivre, pas plus que les hommes n’avaient besoin du pain blanc, de la viande et des légumes, toutes choses alors inconnues dans nos campagnes. Bref, les paysans n’en voulurent pas du tout des enseignements agricoles de ce monsieur. Si c’eût été un paysan encore ! Mais un monsieur à chapeau haut et qui ne savait pas parler breton pouvait-il être cultivateur ? Allons donc ! Les paysans ne pouvaient admettre qu’un monsieur de la ville pût savoir couper la lande, retourner une motte de terre, faucher, moissonner, charger du fumier dans la charrette, râteler les fossés, tracer un sillon avec la charrue en bois à avant-train, modèle Triptolème <ref>Triptolème : prêtre original de la déesse Déméter, dans la mythologie grecque. Déméter donna à Triptolème une charrue en bois et des grains de blé pour aller enseigner l’agriculture aux mortels.</ref>, les seules choses nécessaires selon eux pour être bon cultivateur. De la science agricole, ils n’en avaient cure. Ce n’était pas avec des livres qu’on pouvait faire de l’agriculture.</i> » |
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Version du 13 février ~ c'hwevrer 2015 à 21:45
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Notice bibliographique
Un « un chef-d’œuvre à la fois de science et de style », une lecture passionnante et une sélection de textes et de repères inédits qui illustrent si bien le propos. Et parmi ces archives on y trouve trois longues citations de Jean-Marie Déguignet, avec commentaire et analyse de par un historien reconnu et breton également de surcroit.
Autres lectures : « Défense d'un professeur d'agriculture qui ne parlait pas breton » ¤ « Jean-Marie Déguignet, mendiant, soldat et écrivain (1834-1905) * » ¤ |
Extraits
Les Taolennou Page 587, chapitre 34 « Michel Le Nobletz et Julien Maunoir : les "sorciers de Dieu" »), tome I « Des âges obscurs au règne de Louis XIV ».
Les mendiants Page 229, chapitre 50 « Portrait au noir », tome II « Des âges obscurs au règne de Louis XIV ».
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Page 231, chapitre 50 « Portrait au noir », tome II « Des âges obscurs au règne de Louis XIV ».
La Révolution agricole Page 249, chapitre 50 « Le salut par l'agriculture », tome II « Des âges obscurs au règne de Louis XIV ».
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Annotations
- Triptolème : prêtre original de la déesse Déméter, dans la mythologie grecque. Déméter donna à Triptolème une charrue en bois et des grains de blé pour aller enseigner l’agriculture aux mortels. [Ref.↑]
Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Date de création : Février 2008 Dernière modification : 13.02.2015 Avancement : [Fignolé] |