Blog 19.09.2015
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Ayant eu ses 90 ans en 2014, Henriette a toujours son oeil vif, sa parole enjouée et son humanité, surtout quand elle se remémore ses aventures de gamine entre l'usine d'Odet, les chemins de Stang-Venn et les deux écoles laïque et confessionnelle de Lestonan. | Ayant eu ses 90 ans en 2014, Henriette a toujours son oeil vif, sa parole enjouée et son humanité, surtout quand elle se remémore ses aventures de gamine entre l'usine d'Odet, les chemins de Stang-Venn et les deux écoles laïque et confessionnelle de Lestonan. | ||
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- | Henriette a vécu une enfance digne d'un scénario de film tourné dans les années 1935-38 : son père sympathisant communiste, ouvrier à l'usine d'Odet, obligé de mettre sa fille à l'école privée que le patron Bolloré a fait construire, des amies à l'école publique dirigée par un couple d'instituteurs communistes, l'envie d'avoir son certificat et de faire partie des « <i>croisées</i> », mais aussi de s'amuser avec ses copines le long des « <i>binojenn</i> ». | + | Henriette Francès, née Briand, a vécu une enfance digne d'un scénario de film tourné dans les années 1935-38 : son père sympathisant communiste, ouvrier à l'usine d'Odet, obligé de mettre sa fille à l'école privée que le patron Bolloré a fait construire, des amies à l'école publique dirigée par un couple d'instituteurs communistes, l'envie d'avoir son certificat et de faire partie des « <i>croisées</i> », mais aussi de s'amuser avec ses copines le long des « <i>vinojenn</i> ». |
- | Les premiers souvenirs sont terribles, celui par exemple de Marjan Riou qui vient frapper à la porte de la classe pour protester un breton parce que sa fille Bernadette n'avait pas le droit de rentrer à la maison avec la fille de la DDAS qu'elle gardait, cette dernière devant par contrat fréquenter l'école publique : « <i>Nous on était toutes complètement "strouillées" de voir et entendre ça</i> ». | + | Les premiers souvenirs sont terribles, celui par exemple de Marjan Riou qui vient frapper à la porte de la classe pour protester en breton parce que sa fille Bernadette n'avait pas le droit de rentrer à la maison avec la fille de la DDAS qu'elle garde, cette dernière devant par contrat fréquenter l'école publique : « <i>Nous on était toutes complètement "strouillées" de voir et entendre ça</i> ». |
- | Ensuite les ouvriers carrément virés parce qu'ils avaient dérogé aux impératifs patronaux : « <i>Quand on a ouvert l'école privée en 1927-28, il y a des gens qui travaillaient à l'usine et qui avaient leurs gosses à l'école publique, mais qui ne voulaient pas les mettre à l'école privée. Le père a été viré de l'usine, je ne sais plus quel poste il avait à l'usine. Il ne voulait pas contrarier ses gosses, et je me rappelle qu'il était sourd-muet, mais je ne me rappelle plus de son nom.</i> » | + | Ensuite les ouvriers carrément virés parce qu'ils avaient dérogé aux impératifs patronaux : « <i>Quand on a ouvert l'école privée en 1927-28, il y a des gens qui travaillaient à l'usine et qui avaient leurs gosses à l'école publique, mais qui ne voulaient pas les mettre à l'école privée. Le père a été viré de l'usine, je ne sais plus quel poste il avait à l'usine. Il ne voulait pas contrarier ses gosses, et je me rappelle qu'il était sourd-muet ...</i> » |
- | Et la toute dernière anecdote se passe du côté de l'école publique : « <i>Madame Laziou nous avait demandé à ceux qu'elle sentait capable s'ils ne voulaient pas jouer une pièce de théâtre ... C'était "Miss Arabella fait ses confitures" ... Moi je jouais la bonne, j'étais habillé à la bretonne, et je devais dire "Eureka !", et à ce moment-là j'ai perdu ma coiffe, tout le monde a ri. Mais j'ai continué à jouer, la coiffe sous le bras</i> ». | + | Et la toute dernière anecdote se passe du côté de l'école publique : « <i>Madame Laziou nous avait demandé à ceux qu'elle sentait capable s'ils ne voulaient pas jouer une pièce de théâtre ... C'était "Miss Arabella fait ses confitures" ... Moi je jouais la bonne, j'étais habillée à la bretonne, et je devais dire "Eureka !", et à ce moment-là j'ai perdu ma coiffe, tout le monde a ri. Mais j'ai continué à jouer, la coiffe sous le bras</i> ». |
Voici donc ses souvenirs racontés d'une traite un après-midi d'août 2015, illustrés de photos de classes, dont l'une où, à côté de ses copines, elle pose fièrement avec son insigne de « <i>croisée</i> » de l'école Sainte-Marie. | Voici donc ses souvenirs racontés d'une traite un après-midi d'août 2015, illustrés de photos de classes, dont l'une où, à côté de ses copines, elle pose fièrement avec son insigne de « <i>croisée</i> » de l'école Sainte-Marie. |
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[modifier] Souvenirs de la guerre des écoles
Ayant eu ses 90 ans en 2014, Henriette a toujours son oeil vif, sa parole enjouée et son humanité, surtout quand elle se remémore ses aventures de gamine entre l'usine d'Odet, les chemins de Stang-Venn et les deux écoles laïque et confessionnelle de Lestonan.
Henriette Francès, née Briand, a vécu une enfance digne d'un scénario de film tourné dans les années 1935-38 : son père sympathisant communiste, ouvrier à l'usine d'Odet, obligé de mettre sa fille à l'école privée que le patron Bolloré a fait construire, des amies à l'école publique dirigée par un couple d'instituteurs communistes, l'envie d'avoir son certificat et de faire partie des « croisées », mais aussi de s'amuser avec ses copines le long des « vinojenn ».
Les premiers souvenirs sont terribles, celui par exemple de Marjan Riou qui vient frapper à la porte de la classe pour protester en breton parce que sa fille Bernadette n'avait pas le droit de rentrer à la maison avec la fille de la DDAS qu'elle garde, cette dernière devant par contrat fréquenter l'école publique : « Nous on était toutes complètement "strouillées" de voir et entendre ça ».
Ensuite les ouvriers carrément virés parce qu'ils avaient dérogé aux impératifs patronaux : « Quand on a ouvert l'école privée en 1927-28, il y a des gens qui travaillaient à l'usine et qui avaient leurs gosses à l'école publique, mais qui ne voulaient pas les mettre à l'école privée. Le père a été viré de l'usine, je ne sais plus quel poste il avait à l'usine. Il ne voulait pas contrarier ses gosses, et je me rappelle qu'il était sourd-muet ... »
Et la toute dernière anecdote se passe du côté de l'école publique : « Madame Laziou nous avait demandé à ceux qu'elle sentait capable s'ils ne voulaient pas jouer une pièce de théâtre ... C'était "Miss Arabella fait ses confitures" ... Moi je jouais la bonne, j'étais habillée à la bretonne, et je devais dire "Eureka !", et à ce moment-là j'ai perdu ma coiffe, tout le monde a ri. Mais j'ai continué à jouer, la coiffe sous le bras ».
Voici donc ses souvenirs racontés d'une traite un après-midi d'août 2015, illustrés de photos de classes, dont l'une où, à côté de ses copines, elle pose fièrement avec son insigne de « croisée » de l'école Sainte-Marie.
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