Le suicide aux charbons ardents de Jean-Marie Déguignet en 1902
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Mais les choses ensuite ne se passent pas exactement comme prévu. Le matin il se réveille très difficilement, constatant que le charbon (qu'il a acheté pour deux sous après avoir vendu quelques vêtements à un chiffonnier) et la chandelle ne se sont pas consumés entièrement. Se considérant comme « <i>à moitié ressuscité</i>, il rallume le tout, se rendort, et est ranimé par le commissaire et les agents de police qui sont rentrés en fracturant la porte de sa chambre. | Mais les choses ensuite ne se passent pas exactement comme prévu. Le matin il se réveille très difficilement, constatant que le charbon (qu'il a acheté pour deux sous après avoir vendu quelques vêtements à un chiffonnier) et la chandelle ne se sont pas consumés entièrement. Se considérant comme « <i>à moitié ressuscité</i>, il rallume le tout, se rendort, et est ranimé par le commissaire et les agents de police qui sont rentrés en fracturant la porte de sa chambre. | ||
- | Les articles de journaux se terminent en concluant par le diagnostic médical communiqué par le médecin hospitalier, à savoir internement médical ... | + | Les articles de journaux explique l'acte du « <i>maheureux / désespéré</i> » par le diagnostic médical communiqué par le médecin hospitalier, à savoir « <i>monomanie de la persécution</i> » et la décision d'un internement d'office. |
- | réponse, lettre au docteur Koffec ... | + | Quelques mois plus tard, depuis son lit d'hôpital, Déguignet s'insurge en adressant une lettre au docteur Koffec : « <i>Vous avez déclaré par voie de journaux que j'étais fou et que je devais être interné. Déclarez maintenant que cela n'est pas vrai que le sieur Déguignet est plus saint d'esprit que de corps ...</i> ». |
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<center><small>(bulle de Chr. Babonneau, BD "Mémoires d'un paysan bas-breton T. 1")</small></center> | <center><small>(bulle de Chr. Babonneau, BD "Mémoires d'un paysan bas-breton T. 1")</small></center> | ||
+ | Il défend même l'idée d'un droit au suicide de fin de vie : « <i>Ce n'est du reste que le christianisme qui a créé ce malentendu en faisant d'un suicide un crime lorsqu'ailleurs on en fait une vertu, en déshonorant la mémoire du mort, quand ailleurs on l'honore.</i> ». | ||
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Version du 19 septembre ~ gwengolo 2020 à 10:12
En avril 1912, la fin brutale de sa location de chambre rue du Pont-Firmin à Quimper lui ayant été signifié par son propriétaire, Déguignet essaie de mettre fin à ses jours, il explique les circonstances dans ses mémoires et les journaux locaux en parlent.
Extraits du Cahier manuscrit n° 22 de ses Mémoires et coupures des journaux « Le Finistère » Autres lectures : « DÉGUIGNET Jean-Marie - Mémoires d'un Paysan Bas-Bretone » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ « BABONNEAU Christophe et BETBEDER Stéphane - Mémoires d'un paysan bas-breton Tome 1 » ¤ « Les 24 cahiers manuscrits de la seconde série des mémoires de Jean-Marie Déguignet » ¤ |
1 Présentation
Dans les journaux locaux on lit cet entrefilet : « M. le commissaire de police trouvait jeudi matin dans son courrier une lettre d'un sieur Jean-Marie Déguignet, ex-débitant, domicilié au n° 17 de la rue du Pont-Firmin l'informant de sa détermination d'en finir avec la vie. » et s'en suit la description de la découverte d'un corps inanimé et asphyxié près d'un « réchaud rempli de charbons ardents » et dans une chambre calfeutrée a priori volontairement. Dans la relation précise des faits dans ses cahiers manuscrits, le suicidaire confirme l'existence et le contenu de la lettre écrite la veille : « Demain je vous prie de vouloir bien faire enlever mon cadavre. Vous trouverez chez moi des livres, des manuscrits et de nombreuses lettres, vous en ferez ce que vous voudrez. Je vous demande pardon des embarras que je vais vous causer, adieu Déguignet ! ... Et il décrit ensuite sa détermination : « Après avoir tout disposé pour le départ, j'allais encore très gaiement boire quelques verres avec les amis. J'attendis vers minuit avant d'allumer mon charbon, puis je me couchais philosophiquement la tête près du fourneau. ». Sa décision est motivée par les persécutions subies depuis de nombreux années et la goutte qui fait déborder le vase : « je viens de recevoir de mon propriétaire l'ordre de quitter mon trou dans lequel je vis depuis douze ans, sous prétexte que les voisins se sont plaints des poux lesquels, parait-il, vont de mon trou dans leur chambre ». Mais les choses ensuite ne se passent pas exactement comme prévu. Le matin il se réveille très difficilement, constatant que le charbon (qu'il a acheté pour deux sous après avoir vendu quelques vêtements à un chiffonnier) et la chandelle ne se sont pas consumés entièrement. Se considérant comme « à moitié ressuscité, il rallume le tout, se rendort, et est ranimé par le commissaire et les agents de police qui sont rentrés en fracturant la porte de sa chambre. Les articles de journaux explique l'acte du « maheureux / désespéré » par le diagnostic médical communiqué par le médecin hospitalier, à savoir « monomanie de la persécution » et la décision d'un internement d'office. Quelques mois plus tard, depuis son lit d'hôpital, Déguignet s'insurge en adressant une lettre au docteur Koffec : « Vous avez déclaré par voie de journaux que j'étais fou et que je devais être interné. Déclarez maintenant que cela n'est pas vrai que le sieur Déguignet est plus saint d'esprit que de corps ... ». |
Il défend même l'idée d'un droit au suicide de fin de vie : « Ce n'est du reste que le christianisme qui a créé ce malentendu en faisant d'un suicide un crime lorsqu'ailleurs on en fait une vertu, en déshonorant la mémoire du mort, quand ailleurs on l'honore. ». |
2 Transcriptions
Article du Finistère du 12 avril 1902
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Pages 35-41 du cahier n° 22 des mémoires Déguignet
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3 Documents
Coupures de presse et cahier 22 des mémoires de JMD | |||||
4 Annotations
- Le Finistère : journal politique républicain fondé en 1872 par Louis Hémon, bi-hebdomadaire, puis hebdomadaire avec quelques articles en breton. Louis Hémon est un homme politique français né le 21 février 1844 à Quimper (Finistère) et décédé le 4 mars 1914 à Paris. Fils d'un professeur du collège de Quimper, il devient avocat et se lance dans la politique. Battu aux élections de 1871, il est élu député républicain du Finistère, dans l'arrondissement de Quimper, en 1876. Il est constamment réélu, sauf en 1885, où le scrutin de liste lui est fatal, la liste républicaine n'ayant eu aucun élu dans le Finistère. En 1912, il est élu sénateur et meurt en fonctions en 1914. [Ref.↑]
- Le « Courrier du Finistère » est créé en janvier 1880 à Brest par un imprimeur Brestois, Jean-François Halégouët qui était celui de la Société anonyme de « l'Océan » qui éditait à Brest depuis 1848 le journal du même nom, et par Hippolyte Chavanon, rédacteur en chef commun des deux publications. Le but des deux organes est de concourir au rétablissement de la monarchie. Le Courrier du Finistère est, de 1880 à 1944, un journal hebdomadaire d'informations générales de la droite légitimiste alliée à l'Église catholique romaine jusqu'au ralliement de celle-ci à la République. Il est resté ensuite le principal organe de presse catholique du département, en ayant atteint un tirage remarquable de 30 000 exemplaires en 1926. Rédigé principalement en français, il fait une place remarquable à la langue bretonne, qui est, alors, pour certains ruraux, la seule langue lisible, grâce à l'enseignement du catéchisme. Ayant continué de paraître pendant l'Occupation allemande (1940-1944), Le Courrier du Finistère fait l'objet d'une interdiction de parution. Pour lui faire suite, le diocèse de Quimper a suscité la création d'un hebdomadaire au contenu unique, mais sous deux titres, le Courrier du Léon et le Progrès de Cornouaille. [Ref.↑]
Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet Date de création : Mai 2020 Dernière modification : 19.09.2020 Avancement : [Développé] |