Petite Fantaisie sur l'enfer / Ha Doue bardono nanaon / J-M. Deguignet
Un article de GrandTerrier.
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Version du 29 janvier ~ genver 2012 à 22:43
Ce poème « Petite fantaisie sur l'enfer » est inscrit au feuillet 85 et suivants du 17e cahier manuscrit des mémoires de Jean-Marie Déguignet. Il a été publié :
Nous allons en donner trois versions : l'une constitué par le texte initial dans son écriture d'origine et la version française non littérale, la deuxième avec une orthographe rectifiée par Francis Favereau et sa traduction, et enfin la troisième avec une orthographe moderne dite unifiée proposée par Bernez Rouz et Louis Bertholom.
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1 Introduction
L'auteur introduit lui-même son œuvre au f° 85 du cahier n° 17, « Maintenant, je vais terminer ce cahier par une petite fantaisie sur l'enfer ... J'ai écrit le texte en breton, c'est-à-dire dans une vieille langue qui se meut, langue inconnue dans l'univers, excepté dans cette vieille terre armoricaine, où elle est venue on ne sait d'où puisqu'elle ne ressemble à aucune autre langue humaine. Je vais d'abord donner le texte en vers bretons, après je donnerai la traduction en français. Ces vers sont faits sur le modèle de tous les vers qui se font en cette langue pauvre et mourante, ils peuvent être scandés et chantés sur un vieil air d'un cantique, fait aussi sur l'enfer mais d'une autre façon, c'est-à-dire un cantique fabriqué exprès par les tonsurés pour épouvanter les niais et les imbéciles ». |
Cahier n° 18, f° 5 « J'ai déjà imaginé un enfer pour tous ces coquins, fripons, tyrans, charlatans et imposteurs que j'ai décrit en breton dans le précédent cahier, mais je ne savais pas alors où était cet enfer ni où pouvait-on convenablement le placer pour que ces canailles y fussent punies comme elles le méritaient. Aujourd'hui, dans mes voyages incessants à travers les mondes, j'ai vu, ce lieu de supplices vraiment digne de ces coquins, fourbes, fripons, menteurs voleurs, exploiteurs, tyrans et imposteurs. j'en donnerai ici la description quand j'aurai parlé de ces autres mondes dans lesquels les habitants jouissent de toutes les félicités possibles grâce à leur bonne et heureuse constitution physique et morale ». |
2 Versions originelles des cahiers manuscrits
(version bretonne complète) 31 strophes (version française composée non traduite) 65 strophes 1. Diskenit ol d'an ifern canaillez da wuelet
Penos e maint regalet eno ho consortet;
Ar ganaillez penvidik ac ar veleyen gouez,
Laerien an dud malerus, mac'herien an dud kez.1. Les savants ont, dit-on, tous braqué des lunettes
Et sont tous furieux, presque en désespoir.
Ils regardent sans cesse une de nos planètes,
Où, par leurs instruments, ils croient apercevoir2. Car eno ne gomerer nemed ar friponet
Cardenalet, eskibien, rouigen et papet,
Jesuitet et manac'het juget et noterien,
Ar mistri bras didruez ac an ol archerien.2. Les signes manifestes que font ses habitants
A nos savants terriens explorateurs des cieux.
Mais ceux-ci ne sont pas encore assez savants
Pour comprendre ces signes, les pauvres malheureux !
... suite du texte ...
3. Guelet e rafoc'h eno poaniou an ol dud se
Pere e chomo eno pad an etemite
Tourmantet e pep fecon, pep hini neus i boan
Hervez an ol dorfedou, en neus gred ar bed man3. Moi je fais mieux que ça : voulant aussi savoir
Connaître ces signes, je suis allé les voir.
Me moquant de mon corps complètement usé
Qui n'a plus la valeur d'un centime percé.4. Ar c'henta veler eno e creis ar ganaillez
Eo pot Mari-Joachim roue ar rouanez
Hanvet gand ar veleyen Mesi, Christ pe Jésus
Eur juif carguet a grimou, a torfejou mezus4. De ce vieil idiot qui va en imbécile
Se faire prendre partout en bête si docile
Par les voleurs, les fripons, les sots et les fins,
Par les fourbes, canailles et par tous les coquins.5. En i guichen e veler Doue ar bob israel
Tad dezan hanvet ivez ar guir dad eternel.
Ar mab e zo curunet gand eur vouden spern glas
Ac e gorf discro'henet zo stribil eus ar groas5. Mais je le laisse là, planté dans ses misères
Et je vais parcourir, libre, les autres sphères.
Là, je trouve des êtres doux, aimables, bons,
Tous pleins de sentiments, d'amour et de raisons.6. Hens ne ra nemed greal goasoc'h vit eur furi
E yudal var boes i ben : « Lamina sebactani[1]
»
An tad a lavar dezan : « Sar da vec crimenel.
Te teus cant guêch meritet ar poaniou éternel6. Là je passe des heures, des nuits et des jours
À causer, à chanter et à rire toujours
Avec ces bons habitants de Mars, de Vénus
Qui ont toutes les raisons, toutes les vertus.7. Te nout bet met un traitour, eul lach e renegat
Trahiset teus da vro ha da vam ha da dad.
Da vuez neket bed nemet eur vuez fal
Ha da varo zo bed vit ar bed ol fatal.7. Là il n'y a ni dieux, ni prophètes de malheur,
Jésuites fripouilles, ni fourbes imposteurs,
Ni farceurs impudents, ni nationalistes,
Juifs, ou mahométans, ni chrétiens, ni bouddhistes.8. Abaoue naontec cant vloas, me gred e c'houzout mad
Ar bed ol eus da bers zo e tan ac e goad.
An douar e zo tempet gant goad ar gristeignen
Gand goad ar morianet ha hini an dud guen.8. Il n'y a pas non plus ni huissiers, ni notaires,
Juges, ni gendarmes, ni fripons, ni faussaires.
Je n'ai donc rencontré dans ces bonnes planètes
Que de bonnes gens, vertueuses, honnêtes9. E neket echu c'hoas. En douar ac e mour
Enem zraillont ato evidout te traitour.
Guelet e rer aneo en Afrik ac e Chin
E men dare penvare an drail-ze en o fin.9. Vivant tous en frères au milieu des délices,
Ignorant les crimes, les forfaits et les vices,
Et comme ils ignorent, ces bons peuples heureux,
Les jésuites canailles, les prêtres et les dieux10. Ne voa ket a voalc'h c'hoas criminel renegat
Da lakad an Douar ol é tan ac e goad
Red e voa dit invente c'hoas tourmanchou neve
Vit tourmenti an dud pad an eternite.10. Qui font de notre terre la désolation,
La misère, la honte, l'abomination.
C'est grâce à ces êtres, à ces monstres hideux,
Ces prêtres immondes et leurs immondes dieux11. Rac se e teus meritet gand da gurunen spern
Beza at c'henta plantet aman kreis an ifern
Gant da abostelet evel dit canaillez
Car neusont gred morse med pilla et laerez.11. Que tout est malheureux sur cette pauvre terre,
Qu'on n'y voit que douleurs, désespoir et misère,
Rien de semblable dans les autres planètes.
J'ai pu le constater par mes nombreuses enquêtes.12. E kichen a reman e maint tout ar papet
Daou hant e hanter cant ne vang necun ebet
A reman zo azet var cribenou ruyet
An dent betec seiz meutet en o reor entreet12. Dans ces belles planètes, de Saturne à Vénus,
On ne voit que raison, douceur, bonté, vertus,
Amour et justice ; partout égalité,
Gaieté, joie et bonheur dans la fraternité.13. Goude maint a rouichen ac ar manac'het ru
Ar jesuitet ar freret ac ar veleyen du
Ar juget an noterien e tout o c'honsortet
Tout e maint azet eno var cadoriou aouret13. Mais dans mes visites aux filles de Phébus
[2]
Je suis allé parfois jusqu'au point terminus.
Et ce point fut pour moi une bonne fortune.
Car j'ai pu trouver là, dans la grande Neptune14. Tout ar ganaillez se, friponet e lubrik
E zo chaufet eno gand an tan electrik
En dro dezo e zo cant e cant mil Furi
Gant brochou houarn ru evit o zourmanti.14. Ce lieu de supplices promis aux malfaiteurs,
Et que j'avais en vain cherché partout ailleurs.
Cette grosse planète perdue dans les déserts,
Ignorée jusqu'ici de tout notre univers,15. Grial a reont e yudal evel tud arajet
Crencha reont o malos var roue ar juifet.
« Te a zo caus emezint traïtour e criminel
Mar mom ni aman breman kreis ar poaniou cruel15. A été bien choisie pour ce lieu de tourments,
Destinée à châtier les fourbes et forbans.
Cette planète tourne dans l'éternelle nuit
Autour du grand astre mais qui jamais ne luit16. Te e taoue lavaret pan voas er bed guechal
O pilla ac o laerez gand da lapouset fal
Penos ne voa dao laret nemed pater noster
Vit kaouet boued da zibi ha beza guisket kaer16. Sur cet immense monde égaré dans l'espace,
Éternellement couverte de neige et de glace
Est un lieu de supplices d'une horreur profonde
Qu'on ne trouvera pas dans aucun autre monde.17. Lavaret e toa c'hoas te criminel voyou
E voas deud var an douar da oher dizurzou
Da lakad an disurz tre ar vam ac an tad
E da lakad ar bed ol e tan ac e goad17. Notre dame Justice, certainement pour punir
Les traîtres, les lâches ne pouvait mieux choisir.
J'ai vu là, en effet, dans une horreur profonde
Tous les coquins qui ont habité notre monde.18. Gueled e n'eussom c'hoas scrivet en aviel
Penos evit monet dar vuez eternel
E voa dao pen da ben heuillia da lesenou
Ac ober evel dit mervel leun a grimou18. Les riches impudents, les lâches hobereaux,
Les moines jésuites, papes et cardinaux,
Les princes et les rois, grands et petits tyrans,
Les exploiteurs, voleurs, les fourbes et forbans,19. Evel se n'eusom gred tout epad hor bue
Vel ma rees da hunan e bro ar Galile
Feneanti e laerez e trompla an dud paour
Vit laka n'eo da cheta o argant ac o aour19. Les juges, notaires, huissiers et avoués,
Gendarmes, policiers, les lâches galonnés.
Là ils sont tous plongés en ces noirs abîmes,
Dans des tourments cruels qui égalent leurs crimes.20. Evel dit e zom bed ivez thaumaturget
Gred e neusom miraclou surtout gant ar merc'hed
Laked an desunion tre an noac'h ac ar c'hrec
laked an tan partout ac ar goad da redec20. Leurs membres constamment sont gercés et glacés
Par un froid qui est là de mille et dix degrés.
On les entend pousser des hurlements de loups
Et ces cris lugubres des chouettes et hiboux,21. Kignet e discroc'henet neusom an ol dud kez
Tenet gato o madou, o speret o buez.
Vel se n'eusom gonet hervez an aviel
Monet tout d'ar barados, dar repo eternel.21. Se jetant à la face de grossiers anathèmes,
D'immondes injures et d'horribles blasphèmes.
Les coquins s'accusent, comme font les menteurs,
D'être la cause s'ils sont plongés en ces horreurs.22. Trompet om bed ganit criminel esclamus
Setu n'in aman breman kreis ar poaniou eusus
E lec'h mont evit ato dar repos eternel
Ez om koued evit biken en tourmanchou cruel »22. On en voit là surtout quelques grands personnages
Qui sont plus constamment les objets de leurs rages.
En tête de ceux-ci est l'imposteur Jésus
Avec tous les papes confondus et confus.23. Setu aze an dud e zo bars an ifem
Gant a re e zo bed er bed man ho espern
E c'hober secours dezo en o c'hanaillerez
Da drompla e da laerez, da laza an dud kez23. À la vue de ce Juif avec sa triste face,
Tous les damnés hurlent et sortent de la glace.
« Le voici, disent-ils, ce chasseur de démons,
L'enleveur de filles et voleur de cochons,24. Dam en deus lavaret pa voa bed en ifern
Naoue ket gueled eno, plantet en eur bern
Nemed daou pe dri eskob tout eus an itali
Naoue ket guelet mad car tout emaint eni.24. Ce bandit émérite et ce lâche apostat,
Cet imposteur fourbe, ce traître et renégat,
Celui qui se disait être le roi des rois
Et qui [fut] en voleur attaché à la croix.25. Dant a lavar dom c'hoas e naoue gueld eni
Mahomet ar prophet gand i gousin Ali.
Lavaret e ra meumes en devoa gueled Brutus
E judas an abostol et tensorier Jesus25. Ce traître des traîtres, qui nous avait promis
Qu'un jour nous serions tous casés en paradis,
Pourvu que nous fussions comme lui des voleurs,
Des fourbes, des traîtres, fripons et imposteurs.26. An draze neket guir, na Brutus na Judas
Neusont ket meritet mont dan tourmanchou bras
Mes meritet an neusont eur bonheur eternel
Leberet naouen ar bed eus a zaou criminel26. Nous avons fait tout ça, oh ! traître à triste face,
Et sommes bien triturés ici dans la glace.
Dans ce monde perdu au milieu de la nuit
Où jamais un rayon de lumière ne luit,27. Mahomet evel Jesus e zo certenaman
Gant tout an ol friponet e zo bed er bed man
E tout a re zo breman ac a re zeui c'hoas
Neusont o flas eno car an toul a zo bras27. Plongés en des tourments et d'horribles douleurs
Qu'aucun être n'en peut soupçonner les horreurs. »
Jésus, sans s'effrayer des cris de ces coquins,
Leur répond comme il fit jadis aux pharisiens :28. Setu aze canailles. laeren e friponct
Penos goude ar maro e vezoc'h regalet.
Beleyen e jesuitet, tud lubric evel moc'h
Unan eus o consortet en deus lavaret doc'h :28. « Vous vous trompez, racaille et race de vipère,
Ce que je vous promis, quand j'étais sur la terre,
C'était un royaume, royaume merveilleux,
Un royaume caché quelque part dans les cieux.29. « Diskenom, oll christenien en ifern da velet
Doare trist ac esclamus an eneou daonet
Pere zo dre vir doue d'alc'het ebars an tan,
0 veza gret goal zispign eus he c'has er bed man »29. Et je ne vous parlais qu'au nom de mon vieux père
Qui m'avait pour cela envoyé sur la terre.
Mais si vous aviez lu et compris, imbéciles,
Ce qui est bien marqué dans tous mes Évangiles,30. Ya diskenit eno canaillez beleyen.
Choui laeront et friponet gant o servicherien
Da vueld ar c'hriminalet en o funition
Non pas dre justis Doue mes a bers a Reson30. Et si vous aviez lu cette description
De Jean qui fut jadis mon clerc et mon mignon,
Vous verriez que vous êtes dans ce beau paradis,
Dans ce merveilleux monde que je vous ai promis.31. C'houi lavar dom friponet, lubric e ato leun
Penos o c'heus tri Doue mes ne reont nemed eun.
N'int neus ive un Doue laket e tri ferson
Ar Verite, ar Justiç ac o mam a Recson.31. Comme Jean vous l'a dit dans sa description,
Vous ne voyez ici le moindre lumignon,
Mais vous voyez partout cette mer de cristal
Dont il vous a parlé dans son livre finalEt Doue bardono nanaon.
32. Qui finit la série de ses écrits funèbres,
Lesquels brillent surtout au milieu des ténèbres.
Vous ne voyez ici que glaces et cristaux,
Diamants et topazes, porphyres et émaux,33. Perles et hyacinthes, émeraudes, béryls.
De quoi vous plaignez-vous, et que vous manque-t-il ?
Où trouverez-vous donc tant d'objets précieux
Qui ornent vos ombres, éblouissent vos yeux,34. Dans l'univers entier il n'y a rien de pareil.
Ce monde est bien plus blanc, plus beau que le soleil. »
Mais ici les damnés se mirent tous à crier,
À glapir, à beugler, à mugir, à hurler :
... suite du texte ... 35. « Canaille, fripouille, bandit, roi des voyous.
Tu viens ici encore pour te moquer de nous.
Allons ! clouons encore ce coquin sur sa croix
Comme les pharisiens le firent autrefois.
36. Et puis, en sale juif, nous le lapiderons
Avec ces émeraudes et ces cristaux glaçons. »
Alors on entend crier le fils de l'Éternel :
« À moi ! à mon secours, les enfants d'Israël ! »
37. « Debout ! crièrent aussi les chefs des Japhites,
Il faut exterminer tous ces méchants sémites.
C'est eux qui sont la cause, ces maudits criminels
Que nous sommes ici en ces tourments cruels. »
38. Tous se levèrent alors, ces voleurs et forbans,
Secouant les glaçons de leurs membres sanglants,
Pour se précipiter sur les enfants de Sem {{{Ref3}}}
Qui avaient à leur tête le vieux Mathusalem {{{Ref4}}}
39. Ayant pour lieutenants Moïse {{{Ref4}}} et Abraham {{{Ref4}}},
Josué {{{Ref4}}} et Jephté {{{Ref4}}}, David {{{Ref4}}} et Roboam {{{Ref4}}}.
Les enfants de Japhet {{{Ref4}}} avaient un assassin
Pour grand capitaine, le fameux Constantin {{{Ref5}}},
40. Ayant pour lieutenants Borgia {{{Ref6}}}, Machiavel {{{Ref6}}},
Maurice, Martin et Philippe Le Bel {{{Ref6}}},
Ignace de Loyola {{{Ref6}}} et le vieux Dominique {{{Ref6}}}.
Tous les meilleurs sujets du grand camp catholique.
41. Derrière ces grands chefs, pressés par légions
Se voyaient les soldats par milliers et millions.
Tous étaient la, tremblants et hurlants sur les glaces,
Faisant de grands gestes et d'horribles grimaces.
42. Ils tenaient dans leurs mains des gros blocs de cristaux
En forme de haches, de pics et de marteaux.
Tout à coup ils s'élancent dans une horreur immense,
Les uns sur les autres, et la mêlée commence.
43. Cette horrible mêlée est indescriptible
Et vouloir l'écrire serait impossible.
Jamais chez les humains en leur plus grande rage
On ne vit sur la terre un semblable carnage.
44. Je restais interdit regardant ce vieux monde
Qui tourne lourdement dans une nuit profonde,
Entraînant avec lui dans sa course immense
Tant de crimes et d'horreurs sans avoir conscience.
45. Tout à coup il me vint une vilaine idée
De crier « bas les juifs ! » et puis « vive l'armée ! ».
Alors je vis au loin, cachées derrière les rangs,
Des mains levées en l'air avec des doigts sanglants
46. Qui me faisaient signe. J'approchai des signaux.
Oh ! Dieu, qu'est-ce que je vois ? un tas de généraux.
Ils étaient la, figés, empêtrés dans les glaces,
Faisant des gestes fous et d'horribles grimaces.
47. Il y avait parmi eux un petit colonel
Qui avait l'air d'un traître, d'un lâche criminel.
De son long cou, coulaient des flocons de sang noir
Qu'il essayait de trancher avec un rasoir.
48. De ces traîneurs de sabres, j'en connaissais plusieurs
Que je vis en Afrique, en Crimée et ailleurs.
Auprès du colonel était ce grand faussaire
Qui mourut à Quimper des suites de « l'affaire ».
49. Celui-là vint me dire : « puisque vous êtes ici,
Donnez-moi des nouvelles du brave Esterhasy {{{Ref7}}},
Ce brave qui fabriqua avec nous tant de faux
Pour sauver les têtes de plusieurs généraux
50. Et qui, par moi-même, vile âme damnée,
Fut proclamé brave et l'honneur de l'armée. »
« Esterhasy, lui dis-je, est dans la « Hangleterre »
À mendier son pain et crevant de misère.
51. Cet honorable comte, ce brave Esterhasy
Devra bientôt venir vous rejoindre ici,
Dans ce séjour des braves comme vous fûtes tous.
Bande de canailles, de lâches et filous,
52. Vous êtes bien ici, formant l'État-Major.
Vous en avez d'autres qui y viendront encore
De ce corps glorieux, terreur des innocents,
Mais l'honneur des bandits, des fourbes et forbans. »
53. Je voulus encore causer à ces anciens bandits
Mais je fus arrêté par d'effroyables cris,
Et bientôt par des coups de haches, de marteaux,
Qui mirent en pâtée mes braves généraux.
54. C'étaient des bourreaux juifs, encore tous pleins de rage
Qui arrivaient sanglants du grand champ de carnage
Pour achever ici les besognes sanglantes
D'extermination, d'horreurs et d'épouvantes.
55. En effet, regardant tout cet immense champ,
Je n'apercevais plus qu'une bouillie de sang.
Mais ce sang remuait par bonds et soubresauts
Et des cris en sortaient, des pleurs et des sanglots.
56. Car ils n'étaient pas morts ces damnés criminels :
Ils ne peuvent mourir puisqu'ils sont immortels.
Souvent ils sont forcés à ce dernier supplice
Auquel les condamne l'éternelle justice.
57. Voyant ce supplice de ces morts immortels,
J'en eus encore pitié de tous ces criminels
Qui ont bien mérité tous ces cruels tourments
Par des crimes commis envers les innocents.
58. Voilà ce paradis plein de glace, de givre
Si bien décrit par Jean en son dernier livre.
Tout y est conforme à la description
De l'Apocalypse. Oui, Jean avait raison
59. De faire de ce lieu le séjour de l'Agneau,
De son ami Jésus qui fut notre bourreau,
Qui fut, sûr, le plus grand de tous les criminels
Qu'on ait jamais connu au milieu des mortels.
60. C'est là son royaume, ce royaume des cieux
Qu'il promettait d'abord à ses frères hébreux,
Auxquels vinrent plus tard se joindre les païens
Desquels les bons moines en ont fait des chrétiens.
61. Tous sont bien en ce lieu, la vraie Jérusalem,
Les enfants criminels de Japhet {{{Ref4}}} et de Sem {{{Ref4}}}.
Et voilà canailles, ce beau lieu des supplices,
Où tout est préparé pour guérir vos vices
62. Les crimes et forfaits que vous avez commis
Envers nous, malheureux, innocentes brebis.
La nature prodigue et en biens et en maux,
Voulut aussi qu'il y eût des tourments infernaux
63. Pour punir les coquins, les fourbes, les voleurs,
Les riches impudents, canailles exploiteurs,
Les prévaricateurs, les trompeurs des humains,
Les fripons, les lâches et les rois assassins,
64. Les imposteurs, traîtres, les dévots hypocrites,
Les nationalistes avec tous les jésuites.
Ils ont bien mérité tous ces grands criminels
D'être livrés ainsi aux tourments éternels.
65. Autrement la raison, de justice imbue,
Devant tant de crimes resterait confondue.
It e to canaillez, laëront e friponet
Dar poaniouze eterel gant o toue meleguet {{{Ref8}}}.
3 Travaux de Francis Favereau et traduction
(version bretonne partielle) 17 strophes (version française traduite) 17 strophes 1. Disken{n}it ol{l} d'an ifern canaillez da uelet
Penos e maint regalet eno ho consortet ;
Ar ganaillez penvidik ac ar veleyen gouez,
Laerien an dud malerus, mac'herien an dud kez.1. Descendez tous en enfer, canailles, un peu voir
Comment vos complices s'y sont faits bien traiter ;
Les riches canailles et ces sauvages de curés,
Voleurs de malheureux, oppresseurs des gueux.2. Car eno ne gomener nemet ar friponet
Cardenaled, eskibien, rouigen[3]
et [&] papet,
Jesuitet [et > &] ha manac'het jujet et [&] noterien,
Ar mistri bras didruez ac an ol{l} archerien.2. Car on n'y reçoit seulement que les voyous
Cardinaux, évêques, rois et autres papes,
Jésuites et moines, les juges et les notaires,
Proprios sans pitié, toute la maréchaussée.
... suite du texte ...
. . .
. . .
4. Ar c'henta veler eno e creis ar ganaillez
Eo pot Mari, Joachim roue ar nouanez
Hanved gand ar veleyen Mesi, Christ pe Jésus
Eur juif carg[u]et a grimou, a {d}torfejou mezus.4. Le premier que l'on remarque parmi la racaille
C'est le fils à Marie, dit Joachim le roi des rois
Appelé par les curés Messie, Christ ou Jésus
Un juif chargé de crimes et de honteux méfaits.5. En i g[u]ichen e veler Doue ar bob{l} israel
Tad dezan hanvet ivez ar guir dad éternel
Ar mab e zo curunet gand eur vouden spern glas
Ac e gorf discro {c}'henet zo stribil eus ar groas.5. Près de lui on aperçoit le Dieu du peuple d'Israel
Son père également appelé le vrai père éternel
Le fils est couronné d'une touffe d'épines vertes
Et son corps dépiauté pend accroché à la croix.. . .
. . .
8. Abaoue naontec cant vloas, me gred e c'houzout mad
Ar bed ol{l} eus da bers zo e tan ac e goad.
An douar e zo t{r}empet gant goad ar gristeignen
Gand goad ar morianet ha hini an dud guen8. Depuis mil neuf cents ans, je crois, bien le sachant
Que le monde entier de ta faute est à feu et à sang
La terre est détrempée de ce sang des chrétiens
Du sang des nègres comme de la race blanche.9. E [&] neket echu c'hoas. En douar ac e mour
Enem zraillont ato evidout te traitour
Guelet e rer aneo en Afrik ac e Chin
E [&] men dare penvare an draïl-ze en o fin.9. Et ce n'est pas fini. Sur terre comme sur mer
Ils s'eutre-déchirent toujours en ton nom, traître
On les voit bien, en Afrique comme en Chine
Et j'ignore quand cette hécatombe prendra fin.. . .
. . .
12. E kichen a{r} reman e maint tout ar papet
Daou hant e [&] hanter cant ne vang necun ebet
A{r} reman zo azet var cribenou ruyet
An dent betec seiz meutet en o reor entreet12. Près de ces derniers, les voici, tous les papes
Deux cents cinquante, il n'en manque aucun
Ceux-ci sont assis sur des instruments bien rougis
Leurs dents jusqu'à sept pouces entrés dans le cul13. Goude maint a(r} rouichen {{{Ref1}}} ac ar manac'het ru
Ar jesuited ar freret ac ar veleyen du
Ar juget an noterien e [&] tout o c'honsortet
Tout e maint azet eno var cadorinu aouret13. Puis viennent les rois et les moines " rouges "
Les jésuites, les frères et les corbeaux de curés
Les juges, les notaires, et tous leurs acolytes
Tous siègent là, assis sur des chaises dorées.14. Tout ar ganaillez se, friponet e [&] lubrik
A zo chaufet eno gand an tan elektrik
En dro dezo e zo cant e [&] cant mil Furi
Gant brochou houarn ru evit o zounnanti.14. Toute la racaille de ces canailles, vipères lubriques
S'y font chauffer là contre un feu électrique
Autour d'eux ce sont là cent et cent mille Furies
Armées de tiges de fer rouge qui les supplicient.. . .
. . .
18. Guelet e n'eussom {{{Ref3}}} c'hoas scrivet en aviel
Penos evit monet dar vuez eternel
E voa dao pen da ben heuillia da lesen{n}ou
Ac ober evel dit mervel leun a grimou18. Nous avons déjà vu écrit dans l'évangile
Qu'afin d'accéder à la vie éternelle
Il fallait immanquablement suivre tes lois
Et faire comme toi : mourir accablé de crimes.. . .
. . .
20. Evel dit e zom bed ivez thaumaturget
Gred e neusom miraclou surtout gant ar merc'hed
Laked an desunion tre an [n]oac'h ac m' c'hrec {{{Ref3}}}
Laked an tan partout ac ar goad da redec.20. Comme toi nous avons aussi été thaumaturges
Avons fait des miracles surtout sur les femmes
Puis mis la désunion entre le mari et sa femme
Fichu le feu partout et fait couler le sang.21. Kignet [e>] discroc'henet neusom an ol(l} dud kez
Ten{n) et ganto o madou, po speret o buez.
Vel se n'eusom gonet hervez an aviel
Monet tout d'ar barados, d'ar repo eternel.21. Nous avons dépouillé, exploité tous les gueux
Leur arrachant leurs biens et l'esprit et la vie.
Ainsi avons-nous bien gagné selon l'évangile
De jouir d'un repos éternel, tous au paradis.. . .
. . .
24. Dant en deus lavaret pa voa bed en ifern
Naoue ket gueled eno, plantet en eur bern
Nemed daou pe dri eskob tout eus an Itali :
Naoue ket guelet mad car tout emaint eni.24. Dante l'avait bien dit, lorsqu'il fut en enfer,
Qu'on n'y voyait là, croupissant dans un tas,
Que deux ou trois évêques, et tous italiens :
Il n'a pas vu clair, car ils y sont tous bien.. . .
. . .
27. Mahomet evel Jesus e zo certenaman
Gant tout au ol{l) friponet e zo er bed man
[E>] Ha tout ar re zo breman ac a{r} re zeui c'hoas
Neusont o flas eno car an toul(l} a zo bras27. Mahomet comme Jésus y est très certainement
Avec toute la racaille qui vit en ce bas monde
Et tous ceux qui y habitent et qui y habiteront
Ils y auront la place, car le gouffre est béant. . .
. . .
29. "Disken{n}om, oll christenien en ifern da velet
Doare trist ac esclamus an eneou daonet
Pere zo dre vir doue d[']alc'het ebars an tan,
O veza gret goal zispign eus he c'h{r}as er bed man"29. " Descendons tous, chrétiens, un peu voir en enfer
L'état extraordinairement triste de ces âmes damnées
Lesquelles sont par le vrai Dieu immolées par le feu,
Ayant fait mauvais usage de la divine grâce ici-bas. "30. Ya, disken{n}it eno canaillez beleyen,
C'houi laeron[t] e [&] friponet gant o servicherien
Da vueld ar c'hriminalet en o funition
Non pas dre justis Doue mes a bers a(r) Reson30. Oui, descendez-y donc, vous canailles de curés,
Vous, voleurs et voyous et tous vos serviteurs
Allez-y voir les criminels y subir leur punition
Non point par justice divine, mais de par la Raison.31. C'houi lavar dom friponet, lubric e [&] ato leun
Penos o c'heus tri Doue mes ne reont nemed eun.
N'int neus ive un Doue laket e tri ferson
Ar Verite, ar Justiç ac o ma a{r} Reson.
Ha Doue bardono nanaon.31. Vous nous dites, fripons, pervers, toujours pleins
Que vous avez un Dieu de Trinité qui ne fait qu'un
Nous aussi avons un Dieu incarné en trois personnes
La Vérité, la Justice et leur mère Déesse Raison.
Et que Dieu pardonne aux trépassés
4 Edition de Bernez Rouz / Louis Bertholom / Laurent Quevilly
(version bretonne complète) 31 strophes (version française traduite), 31 strophes 1. Diskennit holl d'an ifern, kanailhez, da welet
Penaos emaint regalet eno ho koñsorted ;
Ar ganailhez penvidik hag ar veleien gouez,
Laerien an dud valeürus, madherien an dud kaezh.1. Descendez tous de l'enfer, canailles, pour voir
Comment y sont régalés vos consorts
Les riches canailles et les prêtres sauvages,
Les voleurs des malheureux, les oppresseurs des pauvres2. Kar eno ne gemerer nemet ar friponed,
Kardenaled, eskibien, rouizien ha paped,
Jezuited ha manac'hed, jujed ha noterien
Ar vistri vras didruez hag an holl archerien.2. Car on n'y prend que les fripons
Les cardinaux, les évêques, les rois et les papes
Les jésuites, moines. juges et notaires,
Les grands maîtres impitoyables et tous les gendarmes!
... suite du texte ...
3. Gwelet e rafoc'h eno poanioù an holl dud-se,
Pere a chomo eno 'pad an eternite.
Tourmantet e pep feson, pep hini 'n deus e boan,
Hervez an holl dorfedoù en deus graet er bed-mañ.3. Vous y verrez les peines de tous ces gens
Qui resteront là pour l'éternité
Tourmentés de toutes les manières, chacun a sa peine
Selon les crimes qu'il a faits dans ce monde.4. Ar c'hentañ ' weler eno e-kreiz ar ganailhez,
Eo paotr Mari-Yoakim, roue ar rouanez,
Anvet gant ar veleien, Mesi, Krist pe Jezuz ;
Ur Juif karget a grimoù, a dorfedoù mezhus.4. Le premier que l’on y vuit, au milieu des canailles
C’est le fils de Marie Joachim, le roi des rois
Appelé messie par les prêtres. Christ ou Jésus
Un juif chargé de crimes et de forfaits honteux.5. En e gichen e weler Doue ar bobl Israël
Tad dezhañ, anvet ivez ar gwir dad eternel.
Ar mab a zo kurunet gand ur vodenn spern glas
Hag e gorf diskroc'hennet zo 'stribilh eus ar groaz.5. A ses côtés on voit le dieu du peuple d'Israël
Son pére, appelé aussi le vrai pére éternel.
Le fils est couronné d'épines
Et son corps décharné est accroché à la croix.6. Hennezh ne ra nemet grial gwashoc'h 'vit ur furi
O yudal war-bouez e benn : « Lama sabachtani[1]
»
An tad a lavar dezhañ : « Serr da veg kriminel,
Te 't eus kant gwech meritet ar poanioù etemel.6. Il ne fait que crier, pire qu'une furie
Crier à tue-tête : « Lanma sebachtani[1]
»
Son père lui dit : « Ferme-la criminel »
Tu as cent fois mérité les tourments éternels7. Te n'out bet nemet un treitour, ul lach ha renegat,
Traïset 'teus da vro ha da vamm ha da dad.
Da vuhez n'eo ket bet nemet ur vuhez fall,
Ha da varv zo bet 'vit ar bed holl fatal.7. Tu n'as été qu'un traître, un lâche, un rénégat
Tu as trahi ton pays, ta mère et ton père
Ta vie n'a été qu'une mauvaise vie
Et ta mort a été fatale au monde entier.8. Abaoe naontek kant vloaz, me 'gred, e c'houzout mat
Ar bed holl eus da berzh zo e tan hag e gwad.
An douar a zo trempet gant gwad ar gristenien
Gant gwad ar vorianed ha hini an dud wenn.8. Depuis neuf cents ans, je crois que tu le sais bien
Le monde entier, par ta faute est en feu et en sang,
la terre est trempée du sang des chrétiens
Du sang des maures et des hommes blancs.9. Ha n'eo ket echu c'hoazh, en douar hag er mor,
En em zrailhont atav evidout-te treïtour.
Gwelet a reer anezho en Afrik hag e Chin
Ha m'en dare pevare an drailh-se 'n do fin.9. Et ce n'est pas fini ! Sur terre comme sur mer
Ils se déchirent toujours pour toi, traître,
On les voit en Afrique et en Chine
Et je ne sais quand prendront fin ces déchirements.10. Ne oa ket a-walc'h c'hoazh, kriminel, renegat,
Da lakaat an douar holl e tan hag e gwad
Ret e oa dit invantiñ c'hoazh tourmantoù nevez
'Vat tourmentiñ an dud pad an eternite.10. Il ne te sufit pas, criminel renégat
De mettre la terre entière à feu et à sang
Il te fallait inventer encore de nouveaux tourments
Pour tourmenter les hommes pour l'éternité.11. Rak-se e t eus meritet gant da gurunenn spern
Bezañ ar c'hentañ plantet amañ kreiz an ifern
Gant da abostoled eveldit kanailhez
Kat neusont graet morse 'met pilhañ ha laerezh.11. À cause de ça tu as mérité, avec ta couronne d'épines,
D'être planté là le premier en enfer
Avec tes apôtres canailles comme toi
Car ils n'ont jamais fait que piller et voler.12. E-kichen at re-mañ emaint toud, ar baped,
Daou-c'hant ha hanter-kant, ne vank nikun ebet.
Ar re-man zo azezet war gribennoù rouilhet
An dent betek seizh meuted en o revr antreet.12. À côté de ceux-ci se trouvent tous les papes
Deux cent cinquante, aucun ne manque,
Ils sont assis sur des piques rougies
Les dents leur rentrent dans les fesses jusqu'à six pouces13. Goude emaint ar rouizien hag ar manac'hed ruz
Ar Jezuited, ar frered hag ar veleien du,
Ar jujed, an noterien ha tond o c'honsorted,
Toud emaint aze'et eno war gadorioù aouret.13. Après cela viennent les rois et les moines rouges
Les jésuites, les frères et les prêtres noirs
Les juges, les notaires et tous leurs consorts
Tous sont là assis, sur des chaises dorées14. Toud ar ganailhez-se, friponed ha lubrik
A zo chaofet eno gant an tan elektrik.
En-dro dezho a zo kant ha kant mil furi
Gant brochoù houarn ruz evit o zourmantiñ.14. Toutes ces canailles, fripons lubriques,
Sont brûlés par le feu électrique.
Autour d'eux cent mille furies
Les tourmentent avec leurs piques de fer rouge.15. Krial a reont, o yudal evel tud arajet
Krañchañ reont o mallozh war roue ar Juifed.
« Te a zo kaoz, emezint, treïtour ha kriminel
Mar 'maomp-ni amañ bremañ kreiz ar poanioù kruel.15. lls crient et hurlent comme des enragés
lls crachent malédiction sur le dieu des juifs,
« Tu es la cause, disent-ils, traître criminel,
De notre présence ici dans les peines cruelles.16. Te a t oe lavaret pa oas er bed gwechall
0 pilhañ hag o laerezh gant da lapoused fall,
Penaos ne oa dav lâret nemet Pater Noster
'Vit kaout boued da zibriñ ha bezañ gwisket kaer.16. Tu avais dit autrefois quand tu étais sur la Terre
Pillant et volant avec tes mauvais sujets,
Qu'il suffisait de dire pater noster
Pour avoir à manger et être bien vêtu.17. Lavaret a t oa c'hoazh, te kriminel, voaiou,
E oas deuet war an douar da ober dizurzhoù,
Da lakaat an dizurzh 'tre ar vamm hag an tad,
Ha da lakaat ar bed-holl e tan hag e gwad17. Tu avais dit aussi, voyou criminel
Que tu étais venu sur la Terre pour installer le désordre
Pour mettre la discorde entre la mère et le père
Et pour mettre le monde entier à feu et à sang.18. Gwelet neusomp c'hoazh skrivet en aviel,
Penaos evit monet d'ar vuhez eternel,
E oa dav penn-da-benn heuilhañ da lezennoù
Hag ober eveldit mervel leun a grimoù.18. Nous avons vu aussi écrit dans l'Évangile
Que pour avoir une vie éternelle
Il fallait suivre tes lois à la lettre
Et faire comme toi, mourir plein de crimes,19. Evel-se neusomp graet toud e-pad hor buhez
'Vel ma res da unan e Bro ar Galile,
Feneantiñ ha laerezh, o tromplañ an dud paour
'Vit lakaat anezho da chetañ o argant hag o aour.19. Ainsi avons-nous fait toute notre vie,
Comme tu le disais toi-même en Galilée,
Paraisser, voler et tromper les pauvres gens,
Pour les faire jeter leur argent et leur or.20. Eveldit ez omp bet ivez taomaturjed
Graet neusomp mirakloù, surtoud gant ar merc'hed,
Lakaet an dizunion 'tre an ozhac'h hag ar wreg
Lakaet an tan partoud hag ar gwad da redek.20. Comme toi nous avons été thaumaturges
Nous avons fait des miracles, surtout avec les filles
Nous avons installé la discorde entre les époux
Et mis le feu partout et fait couler le sang.21. Kignet ha diskroc'hennet neusomp an holl dud kaezh,
Tennet ganto o madoù, o spered, o buhez.
'Vel-se neusomp gonezet hervez an aviel
Monet toud d'ar baradoz d'ar repoz eternel.21. Nous avons écorché les pauvres gens,
Volé leurs biens, leur esprit, leur vie,
Ainsi avons-nous mérité, selon l'Evangile,
D'aller au paradis, au repos éternel.22. Trompet omp bet ganit kriminel esklammus
Setu ni amañ bremañ, kreiz ar poanioù euzhus.
E-lec'h mont evit atav d'ar repoz eternel
Ez omp koue'et evit biken en tourmantoù kruel »22. Tu nous as trompés, criminel épouvantable
Nous voici maintenant au milieu de peines horribles
Au lieu d'aller au repos éternel à jamais,
Nous sommes ici pour toujours dans les tourments cruels ».23. Setu aze an dud a zo e-barzh an ifern
Gant ar re a zo bet er bed-mañ o espern
Oc'h ober sikour dezho en o c'hanailherezh
Da dromplañ ha da laerezh, da lazhañ an dud kaezh.23. Voici les gens qui se trouvent en enfer
Avec ceux qui furent de ce monde
Qui les aidaient dans leur canaillerie
A tromper, à voler et tuer les pauvres gens.24. Dam en deus lavaret pa oa bet en ifern
N'en doe ket gwelet eno, plantet en ur bern,
Nemet daou pe dri eskob, toud eus an Itali
N'en doe ket gwelet mat, kar toud emaint enni.24. Dante a dit que quand il était en enfer
ll n'a rencontré, plantés parmi d'autres,
Que deux ou trois évêques, tous d'Italie :
Il n'a pas bien vu, car ils y sont tous.25. Dant a lavar deomp c'hoazh en doe gwelet enni
Mahomet ar profet gant e gousin Ali.
Lavaret a ra memes en devoa gwelet Brutus,
Ha Judaz an abostol ha teñzorier Jezuz.25. Dante nous dit aussi qu'il y vit
Le prophète Mahomet et son cousin Ali.
Il dit aussi avoir vu Brutus
Et Judas l'apôtre et le trésorier de Jésus.26. An dra-se n'eo ket gwir, na Brutus na Judaz
Neusont ket meritet mont d'an tourmantoù bras.
Mes meritet a neusont ur boneur eternel :
Liberet neu'ont ar bed eus a zaou griminel.26. Ceci n'est pas vrai, ni Brurus ni judas
N'ont mérité ces grands tourments
Mais ils ont mérité un bonheur éternel :
Ils ont libéré le monde de deux criminels.27. Mahomet evel Jezuz a zo sertenamant
Gant toud an holl friponed a zo bet er bed-mañ,
Ha toud ar re zo bremañ hag ar re 'zeuy c'hoazh
Neusont o flas eno, kar an toull a zo bras.27. Mahomet, comme Jésus, y est certainement
Avec tous les fripons qui sont dans ce monde.
Ceux de maintenant et ceux qui viendront
Y ont leur place, car le trou est large.28. Setu aze kanailhez, laeron ha friponed
Penaos goude ar marv e vezoc'h regalet.
Beleien ha jezuited, tud lubrik evel 'maoc'h
Unan eus ho koñsorted en deus lavaret deoc'h :28. Voilà canailles, voleurs et fripons
Comment, après la mort, vous serez régalés,
Prêtres et jésuites, gens aussi lubriques que des porcs
Un de vos consorts vous a dit :29. « Diskennomp, holl gristenien, en ifern da welet
Doare trist hag esklammus an eneoù daonet,
Pere zo dre wir Doue, dalc'het e-barzh an tan,
O vezañ graet gwall zispign eus e c'hras cr bed-mañ. »29. « Descendons tous, chrétiens, en enfer, pour voir
La triste et épouvantable situation des âmes damnées
Retenues dans les flammes par la justice de Dieu,
Ayant bien profité de sa grâce dans ce monde. »30. Ya, diskennit eno kanailhez beleien,
C'hwi laeron ha friponed gant o servijourien
Da welet ar griminaled en o funision,
Nonpas dre justis Doue mes a-berzh ar Rezon.30. Oui, descendez-y, canailles, prêtres
Et vous voleurs, fripons, avec vous serviteurs
Pour voir les criminels dans leurs punitions
Non pas par la justice de Dieu mais grâce à la Raison.31. C'hwi 'lavar deomp friponed, lubrik hag atav leun
Penaos hoc'h eus tri Doue mes ne reont nemet un.
Ni 'n eus ivez un Doue lakaet e tri ferson
Ar Verite, ar Justis hag o mamm ar Rezon.
Ha Doue bardono 'n Anaon.31. Vous nous dites, fripons lubriques et toujours pleins,
Que vous avez trois dieux qui ne font qu'un,
Nous aussi nous avons un dieu en trois personnes
La Vérité, la Justice et la Raison.
Et Dieu pardonnera aux trépassés.
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Thème de l'article : Ecrits en breton de Jean-Marie Déguignet Date de création : mai 2009 Dernière modification : 29.01.2012 Avancement : [Développé] |
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