Souvenirs des fermes en activité au Rouillen, par Youenn Quillec - GrandTerrier

Souvenirs des fermes en activité au Rouillen, par Youenn Quillec

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Catégorie : Mémoires 
Site : GrandTerrier

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Interview organisée en 1981 au domicile de Youenn Quiec par Jean Guéguen et Jean Cognard, et publiée in extenso en septembre 1981 dans le bulletin municipal.

Autres lectures : « Souvenirs d'enfance de fin de guerre 1939-45, par Michel Le Goff » ¤ « 1791 - Rattachement à Ergué-Gabéric de Kerampensal, Cleuyou et Kerelan » ¤ « Rouillen, ar Rouilhenn » ¤ « Cap sur l'an 2000 - 2 - Rouillen, OF-LQ 1987 » ¤ « Archives du Cleuyou » ¤ 

[modifier] 1 Né en 1903, interviewé en 1981

Je suis de la classe 23, j'ai 78 ans cette année. Ma commune d'origine c'est Langolen. Je suis parti faire commis chez Nédélec à la ferme de Saint-Joachim. Je suis resté neuf années. Ma femme est de Pallac'h Guen. On s'est mariés en 1936. On est venus s'installer à la ferme de Coutilly, comme locataires de Louis Le Guay du Cleuyou.

J'étais à la guerre quand M. Le Guay m'a écrit que Louis Ascoët, le locataire de Ti-Névez-Cleuyou, ne voulait plus rester. On avait construit cette ferme pour laisser M. Damian acheter les vieux bâtiments de Coutilly pour monter son affaire de camions. En 1947, on est donc venus à Ti-Névez.

Avant la guerre, il n'y avait pas beaucoup de circulation au Rouillen. Sinon on n'aurait pas pu amener les vaches de l'autre côté de la route. Il y avait seulement trois maisons habitées quand on descendait la côte du Rouillen. Et tout autour des champs et des prairies.

Pour aller au château du Cleuyou, on passait par une grande allée avec des arbres de chaque côté. C'est Malléjac de chez Renvoyé maintenant qui les a abattus presque tous. Au bout de l'allée qui débouchait sur la route de Coray en bas du Rouillen, il y avait une grande barrière.

De ce temps-là, la route pour aller au bourg d'Ergué-Gabéric était plus haut en face de chez André (café du Rouillen). On rejoignait la route d'Elliant par la petite garenne. Après qu'on s'est installés à Ti-Névez, on a fait la route d'Elliant plus bas. En arrangeant la terre au bord au bord de la route, j'ai même cassé mon croc.

La route de la gare de Quimper passait par le pont de Coutilly et par le passage à niveau. Dans le temps, c'était là-bas qu'on allait faire ses courses. Cornic avait un commerce, Marcel Cléac'h faisait bistrot. Il y avait aussi Hélaouët, Zita ... La garenne du moulin de Saint-Denis, c'était la route de l'Hippodrome, mais avec le pont on ne pouvait pas passer avec les charrettes.

C'est M. Silguy qui était propriétaire de la ferme de Kérélan du temps où Trolez était locataire. Ensuite Dorval, le marchand de chevaux, l'a achetée. La garenne de Kérélan faisait un plus grand virage que maintenant. Elle passait au milieu de la ferme (à droite quand on descendait) et des bâtiments annexes.

Le travail à la ferme a beaucoup changé. A Ti-Névez on n'a jamais eu de tracteurs. Mais on était beaucoup plus nombreux. On trouvait plein de monde pour faire les foins. Ceux qui travaillaient au Chemins de fer ou à l'usine Lebon (usine à gaz) venaient faire des journées à la campagne.

J'amenais les grains de la ferme à moudre au moulin de Kergonan (Ergué-Armel). Le meunier Jean Gaonac'h avait aussi une petite ferme. On allait jusqu'au passage à niveau et à gauche le long de la rivière du Jet. Le moulin était au bord de la voie ferrée.

A Kergonan, c'était plus près et plus tranquille que Meil Pennarun, et pendant la guerre il fallait y aller en cachette. On n'avait droit qu'à 250 g de pain. Si on était pris à faire du marché noir, la farine était confisquée et on devait payer une amende.

Les Allemands sont venus à la fin de la guerre chercher du foin pour leurs chevaux. Le Rouillen était tout de suite à la sortie de la ville et c'était facile pour eux de venir chercher des provisions. L'herbe n'était même pas coupée. Ils nous ont demandé de la faucher et ils sont venus prendre le foin quelques jours plus tard sans payer. Per Tanguy, le maire de l'époque, m'avait dit de ne pas m'en faire, qu'il allait se débrouiller. Il a réussi à me faire rembourser.

Avant de partir, les Allemands sont devenus mauvais. Etienne Rannou et moi, on était en train de biner les betteraves dans un champ au bord du Jet. Les Allemands en haut sur la route de Rosporden se sont mis à nous tirer dessus. On n'est pas restés longtemps dans le trou.

 

À la Libération, les Allemands avaient laissé un train au passage à niveau du Rouillen. Il y avait de tout dedans, de la farine, du sucre ... Je n'ai rien été prendre. Pourtant j'étais avec ma charrette à la maison. Mais moi je me méfiais.

Le Rouillen en 1948
Le Rouillen en 1948
Tous les champs du Rouillen, à part Kerelan, appartenaient à Louis Le Guay. Il avait son chateau du Cleuyou, quatre fermes : Coutilly, Ti-Névez, Kerpensal, Guilly-Vras (à côté de Garsalec), et même des terres à Ergué-Armel près de Kervillou. Toutes les maisons de l'avenue d'Anne de Bretagne, entre l'école maternelle, le Jet et l'Odet, tout a été construit sur les terres de M. Le Guay.

Presque tous les ans il y avait une kermesse au château du Cleuyou. C'était la paroisse ou la JAC (Jeunesse Agricole Chrétienne) qui organisait. Des gens de partout, de la ville, venaient dans la cour du château et dans la prairie dépenses des sous aux loteries.

M. Le Guay faisait de l'électricité dans un vieux bâtiment de l'autre côté du Jet. Il n'y a plus de toit maintenant. Autrefois c'était un moulin. Pendant la guerre, deux dames, la mère et la fille l'ont habité.

Jean Bacon était locataire à Kerpensal. Dans la garenne de la ferme il y avait une croix près de la maison de Marie Le Bihan. J'ai été l'amener au cimetière du bourg sur une charrette. M. Le Guay a payé le vin quand on est revenus à la maison.

M. Le Guay a été tué un dimanche au mois de mai 1954 [1] quand il revenait de la messe à Sainte-Thérèse. Il a été renversé par une voiture qui faisait demi-tour à la gare de Quimper. La propriété a été partagée entre les sept enfants. Seule Marie Le Guay a gardé sa part au coin des routes de Coray et d'Elliant. Les autres héritiers ont revendu leurs parts. Le château est maintenant à M. Damian.

J'ai vu construire tout le Rouillen. Le Meur, Mével et Darchen ont été les premiers à construire dans le champ d'en haut. Après il y a eu Fléjou. Mercier a acheté le terrain ensuite en 1944-45. Un Coroller a habité là aussi. Il était greffier au tribunal de Quimper. A la campagne il était expert foncier. Quand il y avait un partage il était là. Sa cravate était toujours chiffonnée, mais c'était un bon gars.

Pour les usines c'est Gouiffès qui s'est installé le premier. On dit que pendant la guerre sa maison a coûté un million, et on l'appelait le château des saucisses. M. Ciron est venu ensuite dans la prairie avec sa pisciculture. Après c'est Malléjac qui a acheté le terrain où est l'usine de Renvoyé maintenant.

Autrefois, il y avait plein de monde dans les fermes du Rouillen. Ils sont partis travailler à la gare, chez Gouiffès, chez Lebon. Et on a construit des maisons. A se demander d'où ils sont tous venus. Mais aujourd'hui il n'y a aucune ferme en activité au Rouillen.

Youenn Quillec

[modifier] 2 Espace rural en 1948

[modifier] 3 Urbanisation d'aujourd'hui

Géolocalisation = latitude 47.997647, longitude -4.058418


[modifier] 4 Annotations

  1. En fait Louis Le Guay est décédé le 31.05.1959. [Ref.↑]


Thème de l'article : Mémoires de nos anciens gabéricois.

Date de création : septembre 1981    Dernière modification : 7.06.2014    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]    Source : Bulletin municipal