René Huguen (1920-2017), enfant gabéricois, militant communiste et passeur de mémoires - GrandTerrier

René Huguen (1920-2017), enfant gabéricois, militant communiste et passeur de mémoires

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 +<big>Le lieu-ditCroas Spern, Revue Arkae Keleier n° 19 avril 2012</big>
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 +[[Image:KA019-1.jpg|right|120px]]René Huguen est né à Lestonan en 1920. Instituteur de profession, il fut en outre maire-adjoint à Saint-Brieuc, rédacteur en chef du quotidien national Ouest-Matin (Rennes) et directeur de Cabinet à la mairie du Havre.
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 +Passionné d’histoire, il a notamment fait des recherches sur le travail du secrétaire d’Emile Zola, M. Glay-Bizouin, l’inventeur du timbre-poste. Il s’occupe aussi de la Maison Louis Guillou, à Saint-Brieuc et a notamment organisé l’exposition pour le centenaire de l’écrivain qu’il a personnellement connu.
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 +Portant très loin le regard de ma mémoire, je me retrouve dans les années vingt et je revois ma grand-mère Le Meur, née Cuzon, chargée du grand seau bleu qu’elle vient de remplir à la fontaine de Gwarem goz, là où s’abreuvent les vaches de Quillihuec ; elle s’arrête devant le vieux calvaire de Croas Spern, pose le seau sur la route caillouteuse, essuie de la manche la goutte qui brille en permanence sous son nez et elle se signe en regardant la croix. Ce geste respectueux devenu instinctif, elle l’avait déjà fait à l’aller, sans s’arrêter. Le font ainsi les passants, qu’ils soient seuls ou en groupe. Un convoi funèbre s’avance en direction du bourg ; l’enfant de chœur secoue sa clochette, le cercueil, calé sur un char à bancs.
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 +[[Image:KA019-2.jpg|right|120px]]Le monument fait face au vieux chemin, ancienne voie romaine, encore creusé en contrebas et bordé de châtaigniers séculaires. La croix est dominée par un grand prunier dont la floraison au printemps lui donne un air de fête. Au bout d’un jardinet protégé de la route par une haie d’aubépine, se tient l’antique maison au toit fatigué. Le couple Le Meur habite là, moyennant quelques travaux périodiques demandés par les propriétaires de Saint-Joachim. Ah! comme je me sens bien en ces jeunes années, sur cette terre battue où courent souvent les poules, entre ces meubles rustiques dressés sur des cales inégales ; comme je me sens bien à cette grande table à l’intérieur de laquelle Grand-Mère range pain, farine et beurre ou dans l’âtre, chauffant mes petits pieds au-dessus des cendres chaudes ! Et lorsque Grand-Père rentre de sa dure journée de cantonnier et qu’il applique sa barbe piquante sur mon front en lançant fièrement: « Ar goas !» (jeune homme).
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 +Aujourd’hui me voilà octogénaire; la vieille maison n’est plus depuis longtemps et le calvaire de Croas Spern a perdu sa croix d’origine, tombée et disparue … Sur le socle du monument toujours gravée mais qui s’efface, une date ; on la devine : 1604.
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Catégorie : Biographies
 Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
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§ E.D.F.
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Ce militant né à Lestonan le 1920 a reçu en 2015 la médaille d'honneur de sa ville d'adoption Saint-Brieuc, mais il avait gardé des liens forts avec sa famille gabéricoise.

Extraits de journaux et de revue, et extraits de sa fiche dans le dictionnaire ouvrier et social Maitron.

Autres lectures : « MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social » ¤ 

Présentation

 


Ecrits divers

Article "1936 La magie des congés payés", Le Parisien du 14.07.2012

En 1936, pour une majorité d'ouvriers, c'est la première fois. La première fois qu'ils peuvent s'arrêter de travailler tout en continuant à être payés, le premier départ en vacances. Retour sur un été mythique, inoubliable pour ceux qui l'ont connu.

* * *

Des quais bondés, des trépignements d'enfants, des parents stressés. Difficile, pour la France des juillettistes qui envahissent ces jours-ci les gares, de se représenter la liesse de l'été 1936. Pour la première fois, des centaines de milliers de familles d'ouvriers partent en vacances. « En allant à la plage, j'avais l'impression de respirer un autre air, celui du changement », analyse, avec soixante-seize ans de recul, René Huguen, alors lycéen à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).

Elu le 3 mai, le Front populaire de Léon Blum a signé, un mois plus tard, les accords de Matignon qui instituent deux semaines de congés payés. Une conquête sociale historique obtenue après un mois de grèves et d'occupations, pacifiques, des usines. « C'est l'un des rares moments de notre histoire où le fruit de la lutte s'inscrit immédiatement dans le quotidien des ouvriers qui l'ont menée », analyse Danielle Tartakowsky, professeure d'histoire à l'université Paris-VIII.

En juillet-août, 560000 personnes prennent d'assaut les gares parisiennes grâce au billet à tarif réduit de Léo Lagrange, sous-secrétaire d'Etat aux Sports et à l'Organisation des loisirs. « Les hommes qui descendaient du train portaient un bleu tout neuf acheté pour l'occasion », se souvient avec émotion René Huguen, 92 ans. Cet été là, ce fils de cheminot part en famille chez ses grands-parents, à Ergué-Gabéric (Finistère), où tout le village est employé à l'usine de papier Bolloré. « Pour la première fois, ces ouvriers s'arrêtaient de travailler sans perte de salaire, raconte-t-il. Je revois mon oncle ivre de joie levant le poing en criant : Vive Blum ! » Parmi les images qui restent gravées dans sa mémoire, celle de ces familles assises, parfois inconfortablement, sur le pas de la porte. « Ils ne faisaient rien, ils savouraient simplement le moment, en discutant, décrit René. Les gens se rendaient aussi visite, on mangeait des gâteaux bretons, c'était une fête permanente. »

 

Le lieu-ditCroas Spern, Revue Arkae Keleier n° 19 avril 2012

René Huguen est né à Lestonan en 1920. Instituteur de profession, il fut en outre maire-adjoint à Saint-Brieuc, rédacteur en chef du quotidien national Ouest-Matin (Rennes) et directeur de Cabinet à la mairie du Havre.

Passionné d’histoire, il a notamment fait des recherches sur le travail du secrétaire d’Emile Zola, M. Glay-Bizouin, l’inventeur du timbre-poste. Il s’occupe aussi de la Maison Louis Guillou, à Saint-Brieuc et a notamment organisé l’exposition pour le centenaire de l’écrivain qu’il a personnellement connu.

Portant très loin le regard de ma mémoire, je me retrouve dans les années vingt et je revois ma grand-mère Le Meur, née Cuzon, chargée du grand seau bleu qu’elle vient de remplir à la fontaine de Gwarem goz, là où s’abreuvent les vaches de Quillihuec ; elle s’arrête devant le vieux calvaire de Croas Spern, pose le seau sur la route caillouteuse, essuie de la manche la goutte qui brille en permanence sous son nez et elle se signe en regardant la croix. Ce geste respectueux devenu instinctif, elle l’avait déjà fait à l’aller, sans s’arrêter. Le font ainsi les passants, qu’ils soient seuls ou en groupe. Un convoi funèbre s’avance en direction du bourg ; l’enfant de chœur secoue sa clochette, le cercueil, calé sur un char à bancs.

Le monument fait face au vieux chemin, ancienne voie romaine, encore creusé en contrebas et bordé de châtaigniers séculaires. La croix est dominée par un grand prunier dont la floraison au printemps lui donne un air de fête. Au bout d’un jardinet protégé de la route par une haie d’aubépine, se tient l’antique maison au toit fatigué. Le couple Le Meur habite là, moyennant quelques travaux périodiques demandés par les propriétaires de Saint-Joachim. Ah! comme je me sens bien en ces jeunes années, sur cette terre battue où courent souvent les poules, entre ces meubles rustiques dressés sur des cales inégales ; comme je me sens bien à cette grande table à l’intérieur de laquelle Grand-Mère range pain, farine et beurre ou dans l’âtre, chauffant mes petits pieds au-dessus des cendres chaudes ! Et lorsque Grand-Père rentre de sa dure journée de cantonnier et qu’il applique sa barbe piquante sur mon front en lançant fièrement: « Ar goas !» (jeune homme).

Aujourd’hui me voilà octogénaire; la vieille maison n’est plus depuis longtemps et le calvaire de Croas Spern a perdu sa croix d’origine, tombée et disparue … Sur le socle du monument toujours gravée mais qui s’efface, une date ; on la devine : 1604.


Annotations




    Thème de l'article : Biographie d'une personnalité gabéricoise

    Date de création : octobre 2020    Dernière modification : 16.10.2020    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]