René Huguen (1920-2017), enfant gabéricois, militant communiste et passeur de mémoires - GrandTerrier

René Huguen (1920-2017), enfant gabéricois, militant communiste et passeur de mémoires

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Il quitte Ergué-Gabéric avant ses 10 ans, son père ayant été embauché comme cheminot en région parisienne, puis à Saint-Brieuc. Il n'oublie pas pout autant ses origines et y revient, notamment en 1936 comme il s'explique dans le journal « <i>Le Parisien</i> » le 14.07.2012. Cet été des congés annuels payés décrétés par la loi du 20 juin, il part en famille chez ses grands-parents à Lestonan, où tout le village est employé à l'usine de papier Bolloré. « <i>Pour la première fois, ces ouvriers s'arrêtaient de travailler sans perte de salaire, raconte-t-il. Je revois mon oncle ivre de joie levant le poing en criant : Vive Blum ! </i>» Parmi les images qui restent gravées dans sa mémoire, celle de ces familles assises, parfois inconfortablement, sur le pas de la porte. « <i>Ils ne faisaient rien, ils savouraient simplement le moment, en discutant, décrit René. Les gens se rendaient aussi visite, on mangeait des gâteaux bretons, c'était une fête permanente.</i> » Il quitte Ergué-Gabéric avant ses 10 ans, son père ayant été embauché comme cheminot en région parisienne, puis à Saint-Brieuc. Il n'oublie pas pout autant ses origines et y revient, notamment en 1936 comme il s'explique dans le journal « <i>Le Parisien</i> » le 14.07.2012. Cet été des congés annuels payés décrétés par la loi du 20 juin, il part en famille chez ses grands-parents à Lestonan, où tout le village est employé à l'usine de papier Bolloré. « <i>Pour la première fois, ces ouvriers s'arrêtaient de travailler sans perte de salaire, raconte-t-il. Je revois mon oncle ivre de joie levant le poing en criant : Vive Blum ! </i>» Parmi les images qui restent gravées dans sa mémoire, celle de ces familles assises, parfois inconfortablement, sur le pas de la porte. « <i>Ils ne faisaient rien, ils savouraient simplement le moment, en discutant, décrit René. Les gens se rendaient aussi visite, on mangeait des gâteaux bretons, c'était une fête permanente.</i> »
-Son père Jean-René <ref>Naissance - 09/01/1900 - Ergué-Gabéric (Stang Odet) de HUGUEN Jean René Michel, fils de Jean Louis, Journalier , âgé de 37 ans et de Françoise PHILIPPE, Ménagère , âgée de 37 ans. Témoins : Jean QUELERN 28 ans et Jean LENNON 36 ans, les deux cultivateurs domiciliés en cette commune. Mentions marginales : Mariage avec Marie Jeanne LE MEUR le 19/10/1919 en cette commune. DCD le 15/04/1985 à SAINT BRIEUC (CdN). Notes : Né à 2h du matin. Seul Hervé LE ROUX, maire, signe. Acte : [[:Image:Naissance1900JeanRenéHuguen.jpg]]</ref> est né en 1900 à Stang-Odet, le hameau isolé près de la papeterie d'Odet et d'où était sa grand-mère paternelle Françoise Philippe. Le grand père Jean-Louis (1863-1926) <ref>Décès - 02/04/1926 - Ergué-Gabéric (Lestonan) de HUGUEN Jean Louis. Ouvrier papetier, âgé de 63 ans. Père : Yves Marie, décédé. Mère : Marie Jeanne PENNEC, décédée. Conjoint : Marie Françoise PHILIPPE. Témoins : Simon PENNANGUER 33 ans, ouvrier papetier dom. à E-Gab. signe. Notes : DCD à 3h. Né à Ergué-Armel le 27/03/1863.</ref> est « <i>ouvrier papetier</i> » sur les actes d'état-civil. L'oncle Yves-Marie, <ref>Naissance - 12/10/1903 - Ergué-Gabéric (Squividan) de HUGUEN Yves Marie, fils de Jean Louis, Journalier , âgé de 40 ans et de Françoise PHILIPPE, Ménagère , âgée de 41 ans. Témoins : Jean Marie LOZACH 32 ans et Jean Marie MOCAER 32 ans, les deux journaliers en cette commune. Mentions marginales : Mariage le 06/04/1926 avec Marie Jeanne Marie MOYSAN à ERGUE-GABERIC. DCD le 23/04/1979 à QUIMPER (29). Notes : Né à 3h du matin. Seul Hervé LE ROUX, maire, signe.</ref> <ref>Décès - 29/10/1926 - Ergué-Gabéric (Lestonan) de HUGUEN ?. Père : Yves Marie, Ouvrier papetier. Mère : Marie Jeanne Marie MOYSAN, Ménagère. Témoins : Alain CAUGANT 37 ans, papetier dem. à E-Gab. signe. Notes : Enfant féminin présentement sans vie (10h) accouchée ce jour à 4h. La mère a 20 ans, le père 23.</ref>, décédé en 1979, est également ouvrier papetier, celui que son neveu décrit dans le journal « <i>Le Parisien</i> » comme criant « <i>Vive Blum !</i> ».+Son père Jean-René <ref>Naissance - 09/01/1900 - Ergué-Gabéric (Stang Odet) de HUGUEN Jean René Michel, fils de Jean Louis, Journalier , âgé de 37 ans et de Françoise PHILIPPE, Ménagère , âgée de 37 ans. Témoins : Jean QUELERN 28 ans et Jean LENNON 36 ans, les deux cultivateurs domiciliés en cette commune. Mentions marginales : Mariage avec Marie Jeanne LE MEUR le 19/10/1919 en cette commune. DCD le 15/04/1985 à SAINT BRIEUC (CdN). Notes : Né à 2h du matin. Seul Hervé LE ROUX, maire, signe. Acte : [[:Image:Naissance1900JeanRenéHuguen.jpg]]</ref> est né en 1900 à Stang-Odet, le hameau isolé près de la papeterie d'Odet et d'où était sa grand-mère paternelle Françoise Philippe. Le grand père Jean-Louis (1863-1926) <ref>Décès - 02/04/1926 - Ergué-Gabéric (Lestonan) de HUGUEN Jean Louis. Ouvrier papetier, âgé de 63 ans. Père : Yves Marie, décédé. Mère : Marie Jeanne PENNEC, décédée. Conjoint : Marie Françoise PHILIPPE. Témoins : Simon PENNANGUER 33 ans, ouvrier papetier dom. à E-Gab. signe. Notes : DCD à 3h. Né à Ergué-Armel le 27/03/1863.</ref> est « <i>ouvrier papetier</i> » sur les actes d'état-civil. L'oncle Yves-Marie <ref>Naissance - 12/10/1903 - Ergué-Gabéric (Squividan) de HUGUEN Yves Marie, fils de Jean Louis, Journalier , âgé de 40 ans et de Françoise PHILIPPE, Ménagère , âgée de 41 ans. Témoins : Jean Marie LOZACH 32 ans et Jean Marie MOCAER 32 ans, les deux journaliers en cette commune. Mentions marginales : Mariage le 06/04/1926 avec Marie Jeanne Marie MOYSAN à ERGUE-GABERIC. DCD le 23/04/1979 à QUIMPER (29). Notes : Né à 3h du matin. Seul Hervé LE ROUX, maire, signe.</ref> <ref>Décès - 29/10/1926 - Ergué-Gabéric (Lestonan) de HUGUEN ?. Père : Yves Marie, Ouvrier papetier. Mère : Marie Jeanne Marie MOYSAN, Ménagère. Témoins : Alain CAUGANT 37 ans, papetier dem. à E-Gab. signe. Notes : Enfant féminin présentement sans vie (10h) accouchée ce jour à 4h. La mère a 20 ans, le père 23.</ref>, décédé en 1979, est également ouvrier papetier, celui que son neveu décrit dans le journal « <i>Le Parisien</i> » comme criant « <i>Vive Blum !</i> ».
En 2012, basée sur un article similaire de souvenirs dans « <i>Le Télégramme</i> », l'épreuve du diplôme national du brevet d'histoire-géo inclut deux questions relatives à 1936 : En 2012, basée sur un article similaire de souvenirs dans « <i>Le Télégramme</i> », l'épreuve du diplôme national du brevet d'histoire-géo inclut deux questions relatives à 1936 :

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Catégorie : Biographies
 Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
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§ E.D.F.
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Ce militant communiste né à Lestonan le 23 février 1920 [1] a reçu en 2015 la médaille d'honneur de sa ville d'adoption Saint-Brieuc, mais il avait gardé des liens forts avec sa famille gabéricoise.

Extraits de journaux ou revue, sa fiche dans le dictionnaire ouvrier et social Maitron, ainsi que l'épreuve du diplôme national du brevet d'histoire-géo de 2012 pour la compréhension des évènements de l'année 1936.

Autres lectures : « MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social » ¤ « 1915 - Groupe des ouvriers de la mine d'antimoine de Kerdévot » ¤ « Le calvaire de Kroas-Spern » ¤ « Conversation avec Marjan et Fanch Mao (1982) » ¤ 

Présentation

La biographie de René Huguen a l'honneur de figurer dans le dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, plus communément appelé « Le Maitron » (du nom de son initiateur Jean Maitron). Après avoir été instituteur, son parcours militant est le suivant : secrétaire des Jeunesses communistes des Côtes-du-Nord (Côtes-d’Armor) en 1944 ; adjoint au maire de Saint-Brieuc (1947-1953) ; directeur de cabinet du député-maire communiste René Cance (1956-1959), assistant parlementaire du député communiste François Leizour. En 1936 Il participe aux manifestations de soutien au Front populaire, est fait prisonnier par les troupes allemandes en 1940, est très actif dans l’organisation de l’aide aux enfants espagnols, et crée le journal Ouest-Matin avec Henri Denis. Retraité, il se plonge dans l’étude de l’œuvre du poète Louis Guilloux qu'il a côtoyé, et publie des monographies sur le parlementaire Glais-Bizoin. Il demeure fidèle au PCF.

Il quitte Ergué-Gabéric avant ses 10 ans, son père ayant été embauché comme cheminot en région parisienne, puis à Saint-Brieuc. Il n'oublie pas pout autant ses origines et y revient, notamment en 1936 comme il s'explique dans le journal « Le Parisien » le 14.07.2012. Cet été des congés annuels payés décrétés par la loi du 20 juin, il part en famille chez ses grands-parents à Lestonan, où tout le village est employé à l'usine de papier Bolloré. « Pour la première fois, ces ouvriers s'arrêtaient de travailler sans perte de salaire, raconte-t-il. Je revois mon oncle ivre de joie levant le poing en criant : Vive Blum ! » Parmi les images qui restent gravées dans sa mémoire, celle de ces familles assises, parfois inconfortablement, sur le pas de la porte. « Ils ne faisaient rien, ils savouraient simplement le moment, en discutant, décrit René. Les gens se rendaient aussi visite, on mangeait des gâteaux bretons, c'était une fête permanente. »

Son père Jean-René [2] est né en 1900 à Stang-Odet, le hameau isolé près de la papeterie d'Odet et d'où était sa grand-mère paternelle Françoise Philippe. Le grand père Jean-Louis (1863-1926) [3] est « ouvrier papetier » sur les actes d'état-civil. L'oncle Yves-Marie [4] [5], décédé en 1979, est également ouvrier papetier, celui que son neveu décrit dans le journal « Le Parisien » comme criant « Vive Blum ! ».

En 2012, basée sur un article similaire de souvenirs dans « Le Télégramme », l'épreuve du diplôme national du brevet d'histoire-géo inclut deux questions relatives à 1936 :

Question 3 (document 3) :

  • a) À quel groupe social appartient René Huguen ? 0,5 point
  *b) Comment la population française accueille-t-elle, selon son témoignage, les avancées sociales liées au temps libre ? Justifiez votre réponse en relevant deux éléments du texte. 2 points


Du côté de sa mère Marie Jeanne Le Meur, née Cuzon, René Hugen se souvient de la maison de Croas-Spern de ses grands parent. Sa grand mère Marie Jeanne Cuzon [6] et son grand-père Laurent Le Meur [7] habitent au bord de la route de Croas-Spern une petite maison qui a été rasée en 1996.

Il se souvient : « Au bout d’un jardinet protégé de la route par une haie d’aubépine, se tient l’antique maison au toit fatigué. Le couple Le Meur habite là, moyennant quelques travaux périodiques demandés par les propriétaires de Saint-Joachim. Ah! comme je me sens bien en ces jeunes années, sur cette terre battue où courent souvent les poules, entre ces meubles rustiques dressés sur des cales inégales ; comme je me sens bien à cette grande table à l’intérieur de laquelle Grand-Mère range pain, farine et beurre ou dans l’âtre, chauffant mes petits pieds au-dessus des cendres chaudes ! Et lorsque Grand-Père rentre de sa dure journée de cantonnier et qu’il applique sa barbe piquante sur mon front en lançant fièrement: "Ar goas !" (jeune homme). ».

Ce Laurent Le Meur, cantonnier, est aussi le grand père de Jean Le Reste, ce dernier l'ayant retrouvé sur une photo de 1915 d'un groupe d'ouvriers de la mine d'antimoine de Kerdévot et ayant également célébré sa mémoire : « Je garde le souvenir d’un homme attachant qui, me prenant par la main, tenant un "crepig" [8] de l’autre, m’amenant chercher des noisette. Le matin, quand il partait travailler sur les routes je le vois avec ses marteaux et son coussin (pour se protéger les genoux). »


Ecrits divers

Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher

Témoignage "On ne peut pas s'imaginer", Le Télégramme du 18.06.2006

« On ne peut pas s'imaginer ce qui s'est passé. Aujourd'hui, les congés, c'est comme si ça avait toujours existé. D'ailleurs, on parle de vacances, plus de congés payés ... » René Huguen, lui, n'a jamais oublié ces instants privilégiés.

En 1936, il n'a que 16 ans mais déjà une conscience politique, nourrie par un père syndicaliste, cheminot à Saint-Brieuc. « Dès 1934, j'ai participé à des réunions à la Maison du peuple où j'ai connu Louis Guilloux. C'est là qu'on a compris que si on voulait changer les choses, il fallait que les classes populaires se rassemblent ».

« Vive Blum ! »

Les choses vont changer; mais, de là à imaginer la semaine des quarante heures et quinze jours de congés payés ! « Mon père et ses copains n'y croyaient pas, tellement c'était gros. Mon oncle d'Ergué-Gaberic, qui travaillait chez Bolloré, enlevait sa casquette et criait "Vive Blum !"» quand il croisait des gens. En tout cas, ça a changé la vie des familles. » Des familles qui débarquent de Paris grâce aux billets congés payés. « On a vu arriver nos cousins, comme tant d'autres dans ces trains d'ouvriers, en bleu de travail neuf et espadrilles avec leurs femmes en robes légères. Il régnait une atmosphère indescriptible. Les bras et les portes étaient grands ouverts. Tout le monde s'est casé comme il a pu dans ce qui était alors des logements exigus où la notion de confort était inconnue. »


Article "1936 La magie des congés payés", Le Parisien du 14.07.2012

En 1936, pour une majorité d'ouvriers, c'est la première fois. La première fois qu'ils peuvent s'arrêter de travailler tout en continuant à être payés, le premier départ en vacances. Retour sur un été mythique, inoubliable pour ceux qui l'ont connu.

* * *

Des quais bondés, des trépignements d'enfants, des parents stressés. Difficile, pour la France des juillettistes qui envahissent ces jours-ci les gares, de se représenter la liesse de l'été 1936. Pour la première fois, des centaines de milliers de familles d'ouvriers partent en vacances. « En allant à la plage, j'avais l'impression de respirer un autre air, celui du changement », analyse, avec soixante-seize ans de recul, René Huguen, alors lycéen à Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor).

Elu le 3 mai, le Front populaire de Léon Blum a signé, un mois plus tard, les accords de Matignon qui instituent deux semaines de congés payés. Une conquête sociale historique obtenue après un mois de grèves et d'occupations, pacifiques, des usines. « C'est l'un des rares moments de notre histoire où le fruit de la lutte s'inscrit immédiatement dans le quotidien des ouvriers qui l'ont menée », analyse Danielle Tartakowsky, professeure d'histoire à l'université Paris-VIII.

En juillet-août, 560000 personnes prennent d'assaut les gares parisiennes grâce au billet à tarif réduit de Léo Lagrange, sous-secrétaire d'Etat aux Sports et à l'Organisation des loisirs. « Les hommes qui descendaient du train portaient un bleu tout neuf acheté pour l'occasion », se souvient avec émotion René Huguen, 92 ans. Cet été là, ce fils de cheminot part en famille chez ses grands-parents, à Ergué-Gabéric (Finistère), où tout le village est employé à l'usine de papier Bolloré. « Pour la première fois, ces ouvriers s'arrêtaient de travailler sans perte de salaire, raconte-t-il. Je revois mon oncle ivre de joie levant le poing en criant : Vive Blum ! » Parmi les images qui restent gravées dans sa mémoire, celle de ces familles assises, parfois inconfortablement, sur le pas de la porte. « Ils ne faisaient rien, ils savouraient simplement le moment, en discutant, décrit René. Les gens se rendaient aussi visite, on mangeait des gâteaux bretons, c'était une fête permanente. »


Article "D'où vient le mot congé ?", Le Figaro du 30.04.2018

Le mot est souvent entendu pour parler d'une absence justifiée au travail. Mais d'où vient-il ? Le Figaro revient sur ce terme qui croisa un jour la route de Léon Blum.

Sea, congés payés & sun

Être payé à ne rien faire! Ce rêve insensé devient pourtant réalité pour six millions d'ouvriers lors de l'été 1936. Pour la première fois, les classes moyennes et populaires découvrent les vacances: elles viennent d'obtenir du gouvernement de Léon Blum quinze jours de congés payés. Ce bonheur populaire ne fait toutefois pas l'unanimité. « Pour les aristocrates et les bourgeois, accoutumés à vivre entre eux, le débarquement des ouvriers a été difficile à vivre », souligne Stéphane Hessel au Parisien. À Saint-Brieuc, une séparation naturelle s'organise au bord de l'eau. « Et lorsque les prolétaires empiétaient sur leur espace, les bourgeoises disaient à leurs enfants: Ne t'approche pas des congés-payés », rappelle René Huguen.

 

Article "HUGUEN René, Jean, Louis", Dictionnaire Maitron

Article rédigé par Alain Prigent, version mise en ligne le 8 mars 2010, dernière modification le 5 octobre 2010

Né le 23 février 1920 à Ergué-Gabéric (Finistère) ; directeur commercial, rédacteur en chef de Ouest-Matin, puis instituteur ; secrétaire des Jeunesses communistes des Côtes-du-Nord (Côtes-d’Armor) en 1944 ; adjoint au maire de Saint-Brieuc (1947-1953) ; directeur de cabinet du député-maire communiste du Havre René Cance (1956-1959), assistant parlementaire de François Leizour, député communiste des Côtes-du-Nord (1978-1981).

René est le fils aîné des trois garçons de Jean-René Huguen, cheminot, et de Marie Jeanne Le Meur, tricoteuse. Son père, syndicaliste CGT fut candidat sur la liste communiste à Saint-Brieuc en 1935. René Huguen fit une partie de sa scolarité à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise, Yvelines) où son père travailla dans les années 1920. Il participa aux manifestations de soutien au Front populaire à Saint-Brieuc en 1937 avec d’autres jeunes lycéens du lycée Anatole Le Braz et les militants de la jeunesse communiste. Lié aux enfants de militants de la région des Côtes-du-Nord du PCF de l’époque (Carnet*, Carmené*, Debord* et Flouriot*), il fut très actif dans l’organisation de l’aide aux enfants espagnols accueillis dans l’agglomération briochine par le SRI devenu Secours populaire dans la vallée de Gouédic en 1937-1939.

§ Il adhéra à la Jeunesse communiste en 1937 ...


Le lieu-dit Croas Spern, Revue Arkae Keleier n° 19 avril 2012

René Huguen est né à Lestonan en 1920. Instituteur de profession, il fut en outre maire-adjoint à Saint-Brieuc, rédacteur en chef du quotidien national Ouest-Matin (Rennes) et directeur de Cabinet à la mairie du Havre.

Passionné d’histoire, il a notamment fait des recherches sur le travail du secrétaire d’Emile Zola, M. Glay-Bizouin, l’inventeur du timbre-poste. Il s’occupe aussi de la Maison Louis Guillou, à Saint-Brieuc et a notamment organisé l’exposition pour le centenaire de l’écrivain qu’il a personnellement connu.

* * *

« Portant très loin le regard de ma mémoire, je me retrouve dans les années vingt et je revois ma grand-mère Le Meur, née Cuzon, chargée du grand seau bleu qu’elle vient de remplir à la fontaine de Gwarem goz, là où s’abreuvent les vaches de Quillihuec ; elle s’arrête devant le vieux calvaire de Croas Spern, pose le seau sur la route caillouteuse, essuie de la manche la goutte qui brille en permanence sous son nez et elle se signe en regardant la croix. Ce geste respectueux devenu instinctif, elle l’avait déjà fait à l’aller, sans s’arrêter. Le font ainsi les passants, qu’ils soient seuls ou en groupe. Un convoi funèbre s’avance en direction du bourg ; l’enfant de chœur secoue sa clochette, le cercueil, calé sur un char à bancs.

Le monument fait face au vieux chemin, ancienne voie romaine, encore creusé en contrebas et bordé de châtaigniers séculaires. La croix est dominée par un grand prunier dont la floraison au printemps lui donne un air de fête. Au bout d’un jardinet protégé de la route par une haie d’aubépine, se tient l’antique maison au toit fatigué. Le couple Le Meur habite là, moyennant quelques travaux périodiques demandés par les propriétaires de Saint-Joachim. Ah! comme je me sens bien en ces jeunes années, sur cette terre battue où courent souvent les poules, entre ces meubles rustiques dressés sur des cales inégales ; comme je me sens bien à cette grande table à l’intérieur de laquelle Grand-Mère range pain, farine et beurre ou dans l’âtre, chauffant mes petits pieds au-dessus des cendres chaudes ! Et lorsque Grand-Père rentre de sa dure journée de cantonnier et qu’il applique sa barbe piquante sur mon front en lançant fièrement: "Ar goas !" (jeune homme).

Aujourd’hui me voilà octogénaire; la vieille maison n’est plus depuis longtemps et le calvaire de Croas Spern a perdu sa croix d’origine, tombée et disparue … Sur le socle du monument toujours gravée mais qui s’efface, une date ; on la devine : 1604. »


Epreuve d'Histoire-géo, série technologique, 2012

Les questions posées sur le document 3 (extrait d'article du Télégramme) et comptant pour 2,5 points sur 20 sont les suivantes :

Question 3 (document 3) :

  • a) À quel groupe social appartient René Huguen ? 0,5 point
  • b) Comment la population française accueille-t-elle, selon son témoignage, les avancées sociales liées au temps libre ? Justifiez votre réponse en relevant deux éléments du texte. 2 points


Annotations

Certaines références peuvent être cachées ci-dessus dans des paragraphes ( § ) non déployés. Cliquer pour les afficher : § Tout montrer/cacher

  1. Naissance - 23/02/1920 - Ergué-Gabéric (Lestonan) de HUGUEN René Jean Louis, fils de Jean René Michel, Manoeuvre , âgé de 20 ans et de Marie Jeanne LE MEUR, Ménagère , âgée de 20 ans. Témoins : Jean louis HUGUEN cultivateur et Marie Jeanne CUZON ménagère, les 2 dom. en cette commune. Mentions marginales : Marié le 03/10/1941 à Saint Brieuc (22) avec Louise Yvonne LE BAIL. DCD le 17/06/2017 à St BRIEUC. Notes : Né à 10h du soir. Acte du 24/02. Le père signe. [Ref.↑]
  2. Naissance - 09/01/1900 - Ergué-Gabéric (Stang Odet) de HUGUEN Jean René Michel, fils de Jean Louis, Journalier , âgé de 37 ans et de Françoise PHILIPPE, Ménagère , âgée de 37 ans. Témoins : Jean QUELERN 28 ans et Jean LENNON 36 ans, les deux cultivateurs domiciliés en cette commune. Mentions marginales : Mariage avec Marie Jeanne LE MEUR le 19/10/1919 en cette commune. DCD le 15/04/1985 à SAINT BRIEUC (CdN). Notes : Né à 2h du matin. Seul Hervé LE ROUX, maire, signe. Acte : Image:Naissance1900JeanRenéHuguen.jpg [Ref.↑]
  3. Décès - 02/04/1926 - Ergué-Gabéric (Lestonan) de HUGUEN Jean Louis. Ouvrier papetier, âgé de 63 ans. Père : Yves Marie, décédé. Mère : Marie Jeanne PENNEC, décédée. Conjoint : Marie Françoise PHILIPPE. Témoins : Simon PENNANGUER 33 ans, ouvrier papetier dom. à E-Gab. signe. Notes : DCD à 3h. Né à Ergué-Armel le 27/03/1863. [Ref.↑]
  4. Naissance - 12/10/1903 - Ergué-Gabéric (Squividan) de HUGUEN Yves Marie, fils de Jean Louis, Journalier , âgé de 40 ans et de Françoise PHILIPPE, Ménagère , âgée de 41 ans. Témoins : Jean Marie LOZACH 32 ans et Jean Marie MOCAER 32 ans, les deux journaliers en cette commune. Mentions marginales : Mariage le 06/04/1926 avec Marie Jeanne Marie MOYSAN à ERGUE-GABERIC. DCD le 23/04/1979 à QUIMPER (29). Notes : Né à 3h du matin. Seul Hervé LE ROUX, maire, signe. [Ref.↑]
  5. Décès - 29/10/1926 - Ergué-Gabéric (Lestonan) de HUGUEN ?. Père : Yves Marie, Ouvrier papetier. Mère : Marie Jeanne Marie MOYSAN, Ménagère. Témoins : Alain CAUGANT 37 ans, papetier dem. à E-Gab. signe. Notes : Enfant féminin présentement sans vie (10h) accouchée ce jour à 4h. La mère a 20 ans, le père 23. [Ref.↑]
  6. Naissance - 14/05/1876 - Ergué-Gabéric (Kerveady) de CUZON Marie Jeanne, fille de Laurent, Cultivateur , âgé de 36 ans et de Marie Jeanne LE DE, Cultivatrice , âgée de 30 ans. Témoins : alain billon 48a hervé cuzon 57a cultivateurs. Mentions marginales : Décédée à Quimper le 29 Janvier 1962. [Ref.↑]
  7. Naissance - 29/08/1873 - Ergué-Gabéric (Pennaneach) de LE MEUR Laurent Joseph, fils de Jean, Cultivateur , âgé de 27 ans et de Marguerite BARRE, Cultivatrice , âgée de 29 ans. Témoins : Joseph Le Meur 32a corentin Quéméré32a cultivateurs [Ref.↑]
  8. Crepig, sm : bout de bois taillé en crochet qui faire descendre les branches de noisetier pour la cueillette des noisettes. [Terme BR] [Lexique BR] [Ref.↑]



Thème de l'article : Biographie d'une personnalité gabéricoise

Date de création : octobre 2020    Dernière modification : 17.10.2020    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]