Modèle:VoyageAlexandrePage14 - GrandTerrier

Modèle:VoyageAlexandrePage14

Un article de GrandTerrier.

Jump to: navigation, search

[1] Je vas donc à Losulien
Voir le baron de Pestivien
Que la mort par la maladie
De ce bas monde congédie,
Je le trouve sur son grabat
Où le poux foiblement luy bat,
L'appercevant de cette sorte
Je le prie, conjure, et exhorte
De penser puissammant aux cieux
Que c'estoit le temps prétieux
D'une éternité bienheureuse
Où d'une âme bien malheureuse
Que Dieu l'attendoit à pardon ;
Je vy madame du Cludon
Proche du lit de son bau frère
Elle comme nous désespère
De la santé de ce gizant
Qui paroist un agonizant ;
Je passe avecque cette Dame
Pour nourir l'estuit de mon âme
Dans un cabinet tout prochain
De la chambre de ce malsain ;
Disner fait ma robbe je trousse
[2] Robbe troussée, tout droit je pousse
À Keréon voir Coetmara
Qui receut fort bien le mara,
J'y saluay Dame sa mère
Et les deux sœurs de ce grand frère,
L'on soupe, souper fait, l'on dort,
Du dormir éveiller, l'on sort,
Aprez toutefois qu'à nostre aise
Nous eusmes ne nous en déplaise
Desjeuné de belle façon ;
Coetmara suivy d'un garçon
Vat à Morlaix pour quelque affaire
De laquelle je veux me taire,
Moy j'avance le long de l'eau
Vers la ville de Landerneau,
Quand à un port prez du passage
[3] J'y fais rencontre d'un visage
Du noble marchand Crecbiguet
Qui dist sans rabattre d'un et
Il faud que nous vuidions bouteille
De couleur blanche, et de vermeille ;
Cet aymable de Kersoson
Avoit pour lors dans sa maison
Du poisson en grande abondance ;
Dieu ! que l'on trouve quand j'y pense
Par les chemins de bonnes gens
Qui nourissent à leurs despens
Ceux qui d'une manière affable
Ils convient de prendre leur table ;
Je croyois n'estre qu'un momant
Et le soleil estoit couchant
Quand de ce lieu je desampare ;
Monsieur ordonne qu'on prépare
Le plus promptemant un bateau
[4] Pour me conduire à Landerneau ;
Il est un peu tard quand j'arrive,
Je descends tout droit sur la rive
Quy est vis à vis sainct Francois
Où je vas montrer mon minois