Modèle:EchodeBretagne-Jégou-03 - GrandTerrier

Modèle:EchodeBretagne-Jégou-03

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Nous ne relaterons pas les faits, nos lecteurs les connaissent, rappelons, seulement, que Jégou fût arrêté sous l'inculpation d'entrave à la liberté du travail, le fait de violences ne motivant pas l'arrestation.

Or, ce qui doit être retenu du verdict du tribunal, c'est que Jégou a été condamné à 15 jours de prison avec sursis pour violences légères, le motif d'arrestation : « l'entrave à la liberté du travail » ayant été complètement écarté par le tribunal.

Jégou a donc fait 16 jours de prison qu'il n'aurait pas dû faire. Il a donc été arrêté alors que, nous l'avons répété, il n'aurait pas dû l'être, ne s'étant jamais rendu coupable d'entrave à la liberté du travail.

Mais alors ?

Est-ce la lettre de cachet ?

Le Ministre est saisi, ainsi que la Ligue des Droits de l'Homme, de cette affaire sensationnelle qui ne manquera certes pas d'intérêt à être mises en lumière.

Jégou n'avait agi en demandant de l'augmentation que, comme délégué de ses camarades qui l'en avaient chargé. C'est ce que disent, du reste, les témoins à la barre. Jégou fut pris comme victime pour effrayer les autres et le désir du patron fut exécuté comme un ordre.

C'est entre deux gendarmes, les menottes aux mains, que deux jours après Jégou gagnait la maison d'arrêt de Quimperlé, pour un motif qui, déclare son défenseur, n'existait pas.

Et, nous entendons à l'audience un réquisitoire très dur pour Jégou, rempli de fleurs à l'adresse de M. Bolloré. M. Bolloré, nous dit-on, est un philanthrope, il ne conserve l'usine de Cascadec que par charité pour les ouvriers qui y travaillent. Heureusement, le défenseur n'en dit pas autant ... il démontre par les travaux colossaux qui y ont été faits que si cette usine ne rapportait rien, ces dépenses n'auraient pas été engagées. M. Bolloré a gagné de l'argent pendant la guerre, il en gagne encore, ses dépenses le justifient.

Néanmoins, Jégou est doublement victime, car il a été, ainsi que sa femme, mis sur la rue pour avoir demandé de l'augmentation pour ses camarades qui sont heureux de profiter de son sacrifice, puisqu'à la date du 1er février la journée de huit heures est rétablie aux papeteries de Cascadec pour le même salaire de 14 fr. par jour.

Car, il ne faut pas oublier que M. Bolloré a violé la loi en imposant 12 heures de travail à ses ouvriers ... mettra-t-on autant d'empressement à sanctionner cette infraction ?

Et c'est ce qu'on appelle la justice !


Tiens ... tiens ... étrange cette prédiction ! M. Le Berre [1] ne nous isait-il pas la semaine dernière que les débats de cette affaire nous montreraient la philanthropie et les largesses de M. Bolloré. C'est tout de même curieux cet esprit divin de M. Le Berre [1] ... à moins qu'il ne soit dans le secret des Dieux ... il est toujours - c'est encore lui qui le dit - du côté de la justice ! ...

Heureusement, fort heureusement qu'une autre cloche est venue couvrir, et sans aucune peine, l'écho de la première, et que, si personne n'a cru aux éloges à l'adresse du personnage en question, tous ont retenu les arguments de la défense qui sont en complète contradiction sur ce point.

N'en déplaise M. Le Berre [1] qui pour une fois encore a tort. Il ne l'avouera pas. Il insistera même pour applaudir à l'arrestation de ce malheureux ouvrier, arrestation condamnée par le Tribunal lui-même. Il persistera à flatter la plouterie comme un élément d'ordre et à flétrir ses victimes comme des éléments de d"sordre.

Et c'est ainsi que juge la roture toute cette camelotte royaliste qui se prétend « du sang » et dont le rêve, irréalisable à notre siècle, est de faire marcher à la trique, le pauvre peuple asservi?