Lettre du 19 may 1655 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XLI) - GrandTerrier

Lettre du 19 may 1655 de Guy Autret à Pierre d'Hozier (Rosmorduc, XLI)

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Catégorie : Personnages/Autret
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§ E.D.F.
Retiré dans son manoir campagnard de Lezergué ou en voyage à Rennes ou Paris, Guy Autret a été un épistolier infatigable et ses missives sont riches d'enseignements sur les familles nobles bretonnes et sur certains évènements nationaux historiques en plein 17e siècle.

Autres lectures : « 1635-1659 - Lettres de Guy Autret seigneur de Lezergué, travaux Rosmorduc » ¤ « Espace Guy Autret (17e) » ¤ « Guy Autret, seigneur de Missirien et de Lezergué (1599-1660) » ¤ « ROSMORDUC Le Gentil Georges (comte de) - Guy Autret, correspondant de Pierre d'Hozier » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Lettre XLI (41) dans le mémoire du comte de Rosmorduc, pages 1 à 3, où Guy Autret évoque entre autres les vertus médicamenteuses du thé.

Comme quelques initiés de ce milieu de 17e siècle, il découvre cette nouvelle plante : « Monsieur du Hamel m'avoet envoië de Beleme une drogue nomée du thé, qui est une feille qui vient des Indes, l'ordonance porte qu'il en faut prendre en un bouillon, le matin, le pois d'un escu ».

Il se demande si ce médicament ne pourrait pas guérir son « un rume, toux, douleur de teste aveq assoupissement et eblouissement » et il demande conseil à son ami Pierre d'Hozier : « je vous prie de demander la vertu de cestre drogue à quelque habile medecin et de m'escrire son sentiment »

Lorsque le thé a pénétré en Europe et plus particulièrement en Hollande via la Compagnie des Indes orientales au XVIIe siècle, la première mention de sa consommation y remontant à 1637, cette boisson a déjà une longue histoire en Chine puis au Japon, d’abord étroitement lié à la médecine, et constituait avant tout un puissant stimulant pour la concentration.

Donc en 1655, notre gentilhomme breton était un précurseur. Il faut dire que Guy Autret était malade, et précise bien pour son rhume : « mon grans mal d'apresent n'est pas la supression d'urine », car habituellement il souffrait de calculs ou lithiase urinaire [1], dont il décédera lors d'une opération d'extraction en 1660 à Paris.

[modifier] 2 Transcription

Le 19 may 1655.

MONSIEVR MON CHER CONFRERE,

De ma vie je n'ay esté si embaracé d'affaires come je suis à Renes. J'ay sur les bras trois arbitrages des trois plus grosses affaires de la provinces et trois gros proces pour mes amys et trois petis pour ma fame, qui ne lessoet pas d'avoir des affaires quand je l'ay epousée, et joignant à tout cela le nombre de persones qui me vienent aporter leurs actes pour genealogie, me trouvant en ceste ville, je vous jure que je n'ay loesir ni de manger ni de dormir, aussi mon grans mal d'apresent n'est pas la supression d'urine, qui ne m'ataque que de loign à loign, mais un rume, toux, douleur de teste aveq assoupissement et eblouissement, en telle fasson qu'il me semble que tout tourne et parfois presque je m'esvanouis et m'apuie aux parois, ce qui m'arrive sur tout apres des longues aplications d'esprit aux proces et escritures, mes medecins me disent que je me tue, je vois bien que je n'ay pas raison, mais pour mourir je ne puis abandoner tout si brisquement. Monsieur du Hamel m'avoet envoië de Beleme une drogue nomée du thé, qui est une feille qui vient des Indes, l'ordonance porte qu'il en faut prendre en un bouillon, le matin, le pois d'un escu, mais come nos medecins d'ici nous disent qu'ils ne savent pas la force ni l'operation du remede, je n'ose pas en faire l'effay, je vous prie de demander la vertu de cestre drogue à quelque habile medecin et de m'escrire son sentiment. Cette occupation continuelle qui emporte tout mon tems me servira d'excuse, s'il vous plait, si je ne vous escrit pas souvant, ne pouvant mander de ce quanton aucune nouvelle au reciproque des vostres des queles je vous remercie.

Quand je seray de retour à Lesergué, je vous manderé sur quoy je me suis fondé en l'aliance de Rieux aveq Matigon, mais je suis assuré par advance que j'ay trouvé quelque chose de cela aux menaces manuscris de feu P: du Pas, et je l'ay mendé à Mr Le Laboureur.

 

Nous avons icy un conseiller de nostre parlemant, nomé Renaut de Puis ou Pys, sieur de Foesnel, qui est beaucoup de mes amys. André de Poys, son sixieme ayeul, vint en Bretaigne du tems de nostre Royne Anne et épousa Jane le Voyer, dame de Fosnel, les armes du dt de Poys sont : D'or à un vol d'egle de gueules. Je suis en paine de remonter sa genealogie et de savoir de quele maison estoet cest André. Il m'a dit que la maison de Pys est au Poetou, que le marquis de la Varene Fouquet la possede et que mesme il en prenoet à present le nom et pour surnom de Pys de la Varene au lieu de Fouquet ; il m'a dit encore qu'il y a autre famille du mesme nom et armes en Auvergne. Vous savés que je ne suis pas bien importun à demander secours et que depuis que m'avés envoyé Bragelone je ne vous aye point importuné, c'est pour quoy je vous conjure, sur toute l'amitié que m'avés promise, de m'escrire tout ce que savés de ceste maison de Poys, tant en Poetou qu'en Auvergne, et d'escrire en Poetou à nos confreres pour avoer d'aveq eux ce qu'ils en savent et de mesme en Anjou, ou reside le marquis de la Varaine. Je me suis vanté que je saurois dans 15e tout ce qui se peut savoir, dans la confiance que j'ay en vous ; vous pourés, s'il vous plet, m'escrire ce que vous avés de ceste genealogie en une feille de papier à part ; je fais la mesme priere à Mr le Laboureur, mai come vostre cognoessance est plus generale et que vous estes nostre antien, nostre guide et nostre maistre, j'espere ceste grace de vous particulierement, puis que je suis tres parfaitement,

Monsieur,
Vostre tres humble & tres obeissant servitteur,
MISSIRIEN.

Il ne m'est pas possible de me resoudre au voiage de Paris, quoy que les medecins d'icy me conseillent les eaux et les beigns et qu'estant à Paris, je me pourois rendre facilement à Bourbon.

(Original. - Bib. Nat. - Fr. 31153, fol. 7363.)

[modifier] 3 Sources


[modifier] 4 Annotations

  1. Lithiase urinaire, g.f.m. : appelée pendant longtemps maladie de la pierre. Le terme de lithiase désigne la maladie résultant de la formation de calculs dans les reins ou les voies urinaire. Le mot lithiase vient du grec lithos (pierre) et celui de calcul du latin calculus, nom des petits cailloux utilisés par les comptables romains. Elle était aussi appelée gravelle, car les concrétions d’acide urique trouvées dans les urines ressemblaient à de petits graviers. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Histoire du patrimoine culturel gabéricois

Date de création : Juin 2016    Dernière modification : 15.11.2016    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]