Les quatre têtes sculptées du clocher de la chapelle de Kerdévot - GrandTerrier

Les quatre têtes sculptées du clocher de la chapelle de Kerdévot

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Mais il n'existe aucune archive qui explique l'origine et la symbolique de ces statues aux « <i>mèches de la peur</i> » (traduction littérale de dreadlocks) apparues vraisemblablement lors de la reconstruction du clocher l'année suivante. Mais il n'existe aucune archive qui explique l'origine et la symbolique de ces statues aux « <i>mèches de la peur</i> » (traduction littérale de dreadlocks) apparues vraisemblablement lors de la reconstruction du clocher l'année suivante.
-Autres lectures : {{Tpg|La chapelle de Kerdévot}}{{Tpg|L'hermine passante des ducs de Bretagne à la chapelle de Kerdévot}}{{Tpg|La sacristie de Kerdévot}}{{Tpg|Les miracles de l'ancien cantique Itron Varia Kerdevot de 1712}}+Autres lectures : {{Tpg|La chapelle de Kerdévot}}{{Tpg|L'hermine passante des ducs de Bretagne à la chapelle de Kerdévot}}{{Tpg|La sacristie de Kerdévot}}{{Tpg|Les miracles de l'ancien cantique Itron Varia Kerdevot de 1712}}{{Tpg|1701-1723 - Histoires locales relatées dans les registres BMS}}
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Dans son registre le curé desservant précise ainsi les circonstances de l'accident : « <i>Le jour de la chandeleur, environ sept heurs du matin. Le tonnerre et un tourbillon de vent sapérent la tour de la chapelle de notre Dame de Kerdevot par la chambre des cloches et les mate(riaux) de la Dite tour tomberent en partie sur François le Gonidec comme il estoit prés d'entrer dans (l'église) pour entendre l'office Divin.</i> » Dans son registre le curé desservant précise ainsi les circonstances de l'accident : « <i>Le jour de la chandeleur, environ sept heurs du matin. Le tonnerre et un tourbillon de vent sapérent la tour de la chapelle de notre Dame de Kerdevot par la chambre des cloches et les mate(riaux) de la Dite tour tomberent en partie sur François le Gonidec comme il estoit prés d'entrer dans (l'église) pour entendre l'office Divin.</i> »
-L'ancien cantique « <i>Itron Varia Kerdevot</i> » composé onze ans après en conserve le souveir : « <i>Breman eus bet unnec vloas da Vouel or Chandelour, Gant curun hac avel-foll e voa couezet an tour. Ma voa surprenet un den, allas ! dindan ar vein. Daouzec carrat assuret a voa couet var e guein.</i> » (Maintenant il y a eu 11 ans à la fête de la Chandeleur A cause du tonnerre et du vent fou, le clocher tomba, Un homme hélas, fut surpris par les pierres Douze charretées au moins étaient tombées sur son dos).+L'ancien cantique « <i>Itron Varia Kerdevot</i> » composé onze ans après en conserve le souvenir : « <i>Breman eus bet unnec vloas da Vouel or Chandelour, Gant curun hac avel-foll e voa couezet an tour. Ma voa surprenet un den, allas ! dindan ar vein. Daouzec carrat assuret a voa couet var e guein.</i> » (Maintenant il y a eu 11 ans à la fête de la Chandeleur A cause du tonnerre et du vent fou, le clocher tomba, Un homme hélas, fut surpris par les pierres Douze charretées au moins étaient tombées sur son dos).
-Les quatre statues sont placées sur chaque face de la flèche au-dessus de la chambre des cloches. On pourrait faire un rapprochement avec les quatre « <i>blochets</i> » <ref name="Blochet">{{K-Blochet}}</ref> aux quatre coins d'un transept représentant généralement les quatre évangélistes, mais ici il n'y a aucun attribut qui permettent de reconnaître un évangéliste. +[[Image:KTêteSudEst.jpg|180px|left]]Les quatre statues sont placées sur chaque face de la flèche au-dessus de la chambre des cloches. On pourrait faire un rapprochement avec des « <i>blochets</i> » <ref name="Blochet">{{K-Blochet}}</ref> aux quatre coins d'un transept représentant généralement les quatre évangélistes, mais ici aucun attribut ne permet de reconnaître un personnage biblique.
-Ce ne sont pas ni des gargouilles ou des « <i>crossettes </i> » <ref name="Crossette">{{K-Blochet}}</ref> placées habituellement en bas des rampants de pignon, ni des masques plats de protecteurs car leurs têtes sont ici entières et même représentées avec leur coiffure et grosses mèches de cheveux.+On peut plus y voir un rapprochement avec les mascarons (ou masques) tels que l'on peut en voir sur les maisons et hôtels de Bordeaux, ces ornements représentant des figures humaines, parfois effrayantes. Mais ces sculptures sont très aplaties, comme un masque de théâtre, contrairement à Kerdévot où la partie arrière des têtes est apparente. Par contre, de part et d'autre des quatre têtes et légèrement en-dessous, on peut voir un certain nombre de masques « <i>grotesques</i> » moins travaillés.
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 +Les quatre têtes principales ressemblent plus aux « <i>crossettes </i> » <ref name="Crossette">{{K-Crossette}}</ref> de têtes humaines entières et en relief qu'on trouve sur les chapelles finistériennes, placées habituellement en bas des rampants de pignon.
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 +[[Image:CrossetteStSégal.jpg|100px|right]]La ressemblance des statues de Kerdévot avec une crossette de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal <ref name="Cordier">Merci à Jean-Yves Cordier pour nous avoir signaler les crossettes de de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal et du clocher de l'église Saint-Budoc à Tregarvan. Elles sont magnifiquement documentées et photographiées sur son blog http://www.lavieb-aile.com.</ref> est marquante : on y remarque les mêmes moustaches frisant en spirales, et de grosses mèches de cheveux relevées de part et d'autre à l'arrière. Cette crossette placée du côté sud de la chapelle date de la fin du XVIIe siècle et a été sculptée dans un bloc de pierre jaune de Logonna.
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 +[[Image:ClocherTregarvan.jpg|100px|right]]Si les crossettes de St-Ségal ne sont pas placées en haut de clocher comme à Kerdévot, mais sur les rampants des pignons, il est une autre chapelle où c'est le cas, et de plus avec 4 têtes placées également sur les « <i>voussoirs</i> » de la flèche, c'est-à-dire au sommet des linteaux en V inversé recouvrant les ouvertures au-dessus de la chambre des cloches. Il s'agit de l'église Saint-Budoc de Trégarvan <ref name="Cordier">-</ref> où les masques du clocher sont également légion.
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 +AU SUD, côté calvaire : cette tête est dotée d'une moustache en forme de guidon, d'une avancée frontale arrondie de couvre-chef, et de mèches de cheveux apparentes à l'arrière.
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 +AU NORD, long de la route : la tête, comme son vis-à-vis du sud, a une belle moustache, ses dreadlocks étant par contre plus nouées avec un bandeau avant central semblable à un casque de cycliste.
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 +Qui représentent donc ces quatre statues ? Des personnalités locales de l'époque comme le recteur Ian Baudour, le fabricien Hervé Le Masson, les nobles Geslin de Pennarun, de La Marche de Lezergué, ou alors des figures imaginées par les sculpteurs et placées si haut que personne ne peut en fait les admirer : les zooms d'appareil photos n'ont pas encore été inventés.
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 +Par ailleurs la question de la pierre utilisée se pose sérieusement pour Kerdévot. On a souvent dit que le clocher était en pierres de granit, et que les matériaux de l'ancien clocher abattu par la foudre avaient été réutilisés en 1702. Pour deux raisons, on peut exprimer un doute sur la partie supérieure de la flèche et ses statues.
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 +La première est que de nombreux ornements extérieurs sculptés de chapelles finistériennes, notamment St-Ségal et Trégarvan ici cités, sont réputés être en pierre jaune de Logonna extraite en rade de Brest, appelée aussi microdiorite quartzite, et ce depuis la fin du 16e siècle.
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 +Le second argument est la finesse du grain de la pierre de la flèche de Kerdévot par rapport aux murs de soutien faits de granit plus grossier. La pierre de Logonna, à ne pas confondre avec le Kersanton, était utilisée comme pierre d'ornement et d'objets sculptés. De plus sa couleur jaune et chaude, bien qu'un peu ternie par le temps, semble caractériser aussi les têtes sculptées de Kerdévot.
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Catégorie : Patrimoine
 Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
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§ E.D.F.

La flèche supérieure du clocher reconstruit en 1702 suite à sa chute, « à cause du tonnerre et un tourbillon de vent » en février 1701, est dotée de quatre têtes sculptées très expressives.

L'accident de 1701 est relaté par le recteur de la paroisse dans son registre et l’événement est également mentionné en langue bretonne dans l'ancien cantique « Itron Varia Kerdevot » de 1712.

Mais il n'existe aucune archive qui explique l'origine et la symbolique de ces statues aux « mèches de la peur » (traduction littérale de dreadlocks) apparues vraisemblablement lors de la reconstruction du clocher l'année suivante.

Autres lectures : « La chapelle de Kerdévot » ¤ « L'hermine passante des ducs de Bretagne à la chapelle de Kerdévot » ¤ « La sacristie de Kerdévot » ¤ « Les miracles de l'ancien cantique Itron Varia Kerdevot de 1712 » ¤ « 1701-1723 - Histoires locales relatées dans les registres BMS » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Dans son registre le curé desservant précise ainsi les circonstances de l'accident : « Le jour de la chandeleur, environ sept heurs du matin. Le tonnerre et un tourbillon de vent sapérent la tour de la chapelle de notre Dame de Kerdevot par la chambre des cloches et les mate(riaux) de la Dite tour tomberent en partie sur François le Gonidec comme il estoit prés d'entrer dans (l'église) pour entendre l'office Divin. »

L'ancien cantique « Itron Varia Kerdevot » composé onze ans après en conserve le souvenir : « Breman eus bet unnec vloas da Vouel or Chandelour, Gant curun hac avel-foll e voa couezet an tour. Ma voa surprenet un den, allas ! dindan ar vein. Daouzec carrat assuret a voa couet var e guein. » (Maintenant il y a eu 11 ans à la fête de la Chandeleur A cause du tonnerre et du vent fou, le clocher tomba, Un homme hélas, fut surpris par les pierres Douze charretées au moins étaient tombées sur son dos).

Les quatre statues sont placées sur chaque face de la flèche au-dessus de la chambre des cloches. On pourrait faire un rapprochement avec des « blochets » [1] aux quatre coins d'un transept représentant généralement les quatre évangélistes, mais ici aucun attribut ne permet de reconnaître un personnage biblique.

On peut plus y voir un rapprochement avec les mascarons (ou masques) tels que l'on peut en voir sur les maisons et hôtels de Bordeaux, ces ornements représentant des figures humaines, parfois effrayantes. Mais ces sculptures sont très aplaties, comme un masque de théâtre, contrairement à Kerdévot où la partie arrière des têtes est apparente. Par contre, de part et d'autre des quatre têtes et légèrement en-dessous, on peut voir un certain nombre de masques « grotesques » moins travaillés.

Les quatre têtes principales ressemblent plus aux « crossettes  » [2] de têtes humaines entières et en relief qu'on trouve sur les chapelles finistériennes, placées habituellement en bas des rampants de pignon.

La ressemblance des statues de Kerdévot avec une crossette de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal [3] est marquante : on y remarque les mêmes moustaches frisant en spirales, et de grosses mèches de cheveux relevées de part et d'autre à l'arrière. Cette crossette placée du côté sud de la chapelle date de la fin du XVIIe siècle et a été sculptée dans un bloc de pierre jaune de Logonna.


Si les crossettes de St-Ségal ne sont pas placées en haut de clocher comme à Kerdévot, mais sur les rampants des pignons, il est une autre chapelle où c'est le cas, et de plus avec 4 têtes placées également sur les « voussoirs » de la flèche, c'est-à-dire au sommet des linteaux en V inversé recouvrant les ouvertures au-dessus de la chambre des cloches. Il s'agit de l'église Saint-Budoc de Trégarvan [3] où les masques du clocher sont également légion.
 

Descriptions des 4 têtes de Kerdévot :

AU SUD, côté calvaire : cette tête est dotée d'une moustache en forme de guidon, d'une avancée frontale arrondie de couvre-chef, et de mèches de cheveux apparentes à l'arrière.

À L'OUEST, entrée principale : face au parvis cette tête est imberbe, les longues mèches au vent, et doit plus subir les intempéries, car les joues sont garnies de lichen.

AU NORD, long de la route : la tête, comme son vis-à-vis du sud, a une belle moustache, ses dreadlocks étant par contre plus nouées avec un bandeau avant central semblable à un casque de cycliste.

À L'EST, côté du toit : la tête est imberbe, la bouche et les joues formant une grimace, les mèches cachant les oreilles et l'avancée en pointe d'un couvre-chef ressemblant à une casquette.

Qui représentent donc ces quatre statues ? Des personnalités locales de l'époque comme le recteur Ian Baudour, le fabricien Hervé Le Masson, les nobles Geslin de Pennarun, de La Marche de Lezergué, ou alors des figures imaginées par les sculpteurs et placées si haut que personne ne peut en fait les admirer : les zooms d'appareil photos n'ont pas encore été inventés.

Par ailleurs la question de la pierre utilisée se pose sérieusement pour Kerdévot. On a souvent dit que le clocher était en pierres de granit, et que les matériaux de l'ancien clocher abattu par la foudre avaient été réutilisés en 1702. Pour deux raisons, on peut exprimer un doute sur la partie supérieure de la flèche et ses statues.

La première est que de nombreux ornements extérieurs sculptés de chapelles finistériennes, notamment St-Ségal et Trégarvan ici cités, sont réputés être en pierre jaune de Logonna extraite en rade de Brest, appelée aussi microdiorite quartzite, et ce depuis la fin du 16e siècle.

Le second argument est la finesse du grain de la pierre de la flèche de Kerdévot par rapport aux murs de soutien faits de granit plus grossier. La pierre de Logonna, à ne pas confondre avec le Kersanton, était utilisée comme pierre d'ornement et d'objets sculptés. De plus sa couleur jaune et chaude, bien qu'un peu ternie par le temps, semble caractériser aussi les têtes sculptées de Kerdévot.


[modifier] 2 Galerie de photos


[modifier] 3 Annotations

  1. Blochet, s.m. : pièce de bois, dite aussi entretoise, de peu de longueur, posée horizontalement, à l'effet de réunir l'arbalétrier à la sablière dans un comble, ou de couronner deux pieux rapprochés (Littré). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  2. Crossette, s.f. : gargouille de pierre sculptée située à la terminaison d'un rampant de pignon de chapelle ou d'un fronton (Emmanuelle Le Seac'h, Sculpteurs sur pierre en Basse-Bretagne). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  3. Merci à Jean-Yves Cordier pour nous avoir signaler les crossettes de de la chapelle Saint-Sébastien en Saint-Ségal et du clocher de l'église Saint-Budoc à Tregarvan. Elles sont magnifiquement documentées et photographiées sur son blog http://www.lavieb-aile.com. [Ref.↑ 3,0 3,1]




Thème de l'article : Richesses patrimoniales communales

Date de création : aoùt 2019    Dernière modification : 6.10.2019    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]