Les mémoires de Louis Barreau, ingénieur des papeteries Bolloré - GrandTerrier

Les mémoires de Louis Barreau, ingénieur des papeteries Bolloré

Un article de GrandTerrier.

Jump to: navigation, search
Catégorie : Mémoires  
Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
  Image:Bullorange.gif [développé]

Image:MémoiresK.jpg

Retraité retiré près de Nantes, Louis Barreau a retracé le commencement de ses 39 années passées dans l'entreprise Bolloré de 1925 à 1964, et notamment ses séjours à Odet et Cascadec, en dactylographiant lui-même ses mémoires et en y incluant des croquis et illustrations en couleur.

La transcription ci-dessous de ces 19 pages de mémoires a été complétée par des extraits d'une chronique familiale écrite par Joël Barreau avec des précisions et autres anecdotes sur la vocation papetière de son père. Le présent article constitue la première partie des mémoires, les pages consacrées à « La fabrication du papier à cigarette » étant rassemblées dans une deuxième partie (article tiré à part pour faciliter la lecture).

Autres articles : « La fabrication du papier à cigarette expliquée et illustrée par Louis Barreau » ¤ « Retrouvailles des enfants Barreau à Odet-Lestonan en août 2011 » ¤ « Louis Barreau, ingénieur papetier » ¤ « L'entreprise Bolloré, Réalités Noël 1949 » ¤ « René Bolloré (1885-1935), entrepreneur » ¤ 


1 Enfance et fiançailles

1.1 Origines familiales

« Mon père, Louis Barreau, est né le 29 décembre 1898 à Vitré, en Ille-et-Vilaine, où son père se trouvait en garnison avant d'être muté à Saint-Lô puis, en en 1905, à Vannes, qu'il ne quitta qu'en 1918 pour Nantes. C'est donc à Vannes que mon père passa sa jeunesse, cette jeunesse heureuse qu'il eut tant de plaisir à raconter, à la fin de sa vie, dans ses Mémoires ».

1.2 Études religieuses

« Après des études primaires chez les Frères des Écoles chrétiennes, il fréquenta, ainsi que ses deux frères Henri et Charles, le collège des Jésuites Saint-François-Xavier, institution renommée tant pour le niveau des études que pour la formation religieuse. En ce qui concerne celle-ci, le témoignage de mon père est édifiant :

Chaque matin, la messe était obligatoire pour tous les élèves dans la grande chapelle, à 8 heures moins 20, avant le premier cours, qui commençait à 8 heures. Le dimanche, il fallait retourner à Saint-François-Xavier pour la grand-messe et la classe de catéchisme.

Les jours de fête, nous nous rendions, mes frères et moi, dans la grande chapelle à la messe de communion, après laquelle nous remontions chez nous prendre le petit déjeuner pour redescendre à dix heures assister à la grand-messe. Le soir, on retournait à la chapelle à cinq heures. Le programme était immuable : vêpres, sermon, salut solennel. On en avait au moins pour une heure et demie !

Je redoutais le moment où, dans ces malheureuses vêpres, on allait entonner le psaume populo barbaro, car, à ce moment-là, des voisins malicieux me chantaient à l'oreille : « populo louis barreau ».

 

1.3 Mariage en 1926

« Le récit des circonstances qui firent se rencontrer mes parents est un des morceaux de bravoure des Mémoires de mon père et je m'en voudrais de ne pas le reproduire ici presque intégralement :

Alors que j'étais depuis peu de temps à la papeterie de Cascadec - cf le récit de son arrivée au chapitre suivant, -, tout près de cette Isole dont les eaux murmurantes semblaient me dire « isolement ! isolement !», la mère de Mr Bolloré eut pitié de moi et voulut me dénicher une compagne. Elle écrivit à Madame Bertholot, directrice de La Retraite [1] de Quimper, qui possédait un bon stock d'anciennes élèves nubiles.

Je ne sais comment elle fit son choix ; en tout cas, je fus bientôt convoqué à Quimper où l'entrevue devait avoir lieu à la Retraite [1]. Notre sainte et habile « marieuse » avait imaginé toute une mise en scène pour ne pas effaroucher la jeune fille. Celle-ci, habitant Concarneau, devait me donner des renseignements pour ma tant qui désirait y séjourner !!!

Me voilà donc dans le parloir avec la directrice, curieux mais ému aussi de ce qui allait arriver. Soudain la porte s'ouvre ... et la « Perle » apparaît, flanquée de deux bonnes soeurs.

Ayant dit bonjour, je lâchais ma question ... La jeune fille, peu souriante, se doutant d'un traquenard, me répondit d'un air étonné assez évasivement : « Moi, je ne sais pas ; il faudrait demander aux hôtels ... ».

Depuis, bien plus tard, j'ai su que j'avais plutôt produit l'effet d'un épouvantail ! ... Ce grand jeune homme maigre et tout de noir vêtu faisait plutôt penser à un croque-mort qu'à un Appollon du Belvédère ...


2 La découverte de l'usine à papier en 1925

2.1 Embauche comme papetier

Papetier. Il est curieux de constater comment peu de choses suffisent parfois pour changer l'orientation d'une vie.

J'étais alors attaché au P.O. (chemins de fer de Paris à Orléans) terminant mon stage de chauffeur et de mécanicien.

Je conduisais la machine, tenant le régulateur lorsque mon poignet a frôlé la tuyauterie brûlante du niveau d'eau. Ce petit geste insignifiant de quelques millimètres a orienté tout mon avenir :

En effet, ma brûlure s'étant infecté, le médecin de la Compagnie m'avait donné 8 jours de repos. À ce moment là je reçois une invitation de St-François Xavier pour une retraite d'anciens, prêchée par le père de la Chevasnerie à Penboc'h.

Je me rendis à cette invitation où je rencontrai Mr. Bolloré qui me proposa de venir travailler dans ses usines de papier à cigarette. J'ai accepté, je m'y suis marié et j'y ai vécu jusqu'à ma retraite ... ! !

Si bien, mes chers enfants et petits enfants ... vous pouvez vous dire que, si vous êtes ce que vous êtes, cela tient à ma brûlure sur la locomotive en 1925. Vous êtes en quelque sorte les enfants de la brûlure.

2.2 Monsieur Bolloré

Monsieur Bolloré était un type formidable. Il avait trois usines de papier à cigarettes qui marchaient jours et nuits toute la semaine, sauf le dimanche ... Elles fabriquaient ce fameux papier qu'on appelait le « 19 B.F. » qui n'était autre que le papier Camel vendu aux Américains.

On m'a raconté que, s'étant embarqué pour aller voir ses clients d'Amérique vers 1920, il avait été tellement mal en point par suite du mal de mer dès le départ qu'il suppliait le commandant de faire demi-tour à tout prix ... Il aurait offert une fortune !!! Naturellement le le commandant fut inflexible et Bolloré souffrit du mal de mer pendant tout le parcours.

Plus tard, recevant de gros bonnets : ces fameux clients d'Amérique qui, par leurs commandes régulières faisaient sa fortune, il eut un geste bien à propos et assez original qui le dépeint parfaitement : il était allé les conduire à l'express pour Paris en gare de Quimper. Il faisait très chaud et il n'y avait pas de wagon restaurant. Ce fut les adieux, le train parti, Bolloré se précipita hors de la gare, sauta dans sa Talbot disant à son chauffeur de le conduire dare-dare à Rosporden ...

La grosse voiture attaqua en trombe la colline aux multiples virages, avala St-Yvi et stoppa dans la cour de la gare de Rosporden ... Les servantes de l'hôtel d'en face furent alertées et se précipitèrent avec des plateaux changés de rafraichissements ... Bolloré les entraina franco de port sur le quai où surgissait l'express ...

Les américains étonnés et ravis n'en croyaient pas leurs yeux et purent se rafraichir abondamment pendant tout le voyage !

2.3 Stage à Troyes

J'ai commencé à faire un stage à Troyes dans une des plus anciennes papeteries de France.

Dur chacune des trois bras de la Seine il y avait un moulin ; c'est sur le bras « Le Roi » que se trouvait l'usine. Les deux autres bras, « La Moline » et « Pétal », fabriquaient du courant.

Mr Cartel, directeur de l'usine, me reçut très aimablement et me fit visiter toute l'usine en m'expliquant la fabrication du papier à cigarette.

J'étais logé dans une maison sur la propriété de l'usine, et là une vieille femme toute ratatinée faisait le ménage et la cuisine.

Mr Charuel, beau frère de Bolloré, vient bientôt me rejoindre. Il était sorti des Arts et Manufactures et remplissait le rôle d'ingénieur des usines Bolloré ... Il aimait bien me redire que le choix d'une épouse exigeait les qualités suivantes : « facilité de caractère, égalité d'humeur ! ».

Le moulin Le Roi n'était guère moderne, il y avait des fuites de vapeur un peu partout et la chauffe au charbon était loin d'être rationnelle. Mais on fabriquait là un bon papier à cigarette « Camel », ce qui était l'essentiel !

C'est pendant mon stage que Mr Poisson, employé aux bureaux de la direction à Paris, débarqua un beau jour à ma pension avec sa femme et ses trois filles !!! ce mit un peu d'imprévu et de gaité dans le coin.

 

2.4 Arrivée à Cascadec

Mon stage ne dura pas plus de trois mois ; c'était l'été, je passais quelques jours de vacances dans la famille à St-Gildas et gagnais ensuite l'usine de Cascadec près de Scaër.

Je fus logé dans une belle et grande demeure située au bord de l'Isole, tout près de l'usine.

Nous étions entièrement retirés au fond des bois et pour atteindre l'usine et notre logis, il fallait montrer « patte blanche », d'abord au gardien d'un premier portail à plus d'un kilomètre, puis parcourir cette jolie route privée sinuant tout le long de la petite rivière entre les deux collines verdoyantes !

Voici ma maison ! Et voilà un nouveau portail avec de nouveaux gardiens. C'est enfin l'usine avec toutes ses annexes.

2.5 Isolement de l'Isole

Au-delà de l'usine il y avait un chemin assez long fermé par une barrière gardée à chaque extrémité.

Au bord de ce chemin et le dominant, un canal courait sur le versant de la colline en traversant deux tunnels creusés dans la roche. Là se trouvait la centrale hydraulique de la Boissière qui envoyait son courant à l'usine.

Quand je suis arrivé à Cascadec, j'ai été vraiment surpris et dépaysé, car, si le pays était très joli et l'Isole charmant, l'isolement l'était moins !!

Figurez-vous qu'il n'y avait aucune auto à l'usine ! Personne n'en possédait, pas même le directeur, Mr Quintin.

Seule la voiture à cheval conduisait chaque dimanche à Scaër Mme Coutance et sa fille. Madame Coutance régnait dans l'atelier des jeunes filles façonnant les cahiers à cigarettes. Elle était juchée sur l'estrade dominant cette marée de jolies coiffes bretonnes.

Mr. Bolloré donnait une prime à toutes celles qui portaient la coiffe et pouvait ainsi présenter un atelier original et typiquement breton à ses clients américains !

2.6 Ouvriers bretons

Autour de moi, le breton était la langue courante ; certains, du reste, connaissaient à peine le français. Le vieux contremaitre Rannou [2], en principe mon instructeur, donnait généralement ses ordres en breton. Je n'y comprenais rien ou du moins pas grand chose.

Quand on mettait en route la machine à vapeur, une « Sulzar » de 600 chevaux, il disait : « Attelez le cheval noir ... (le marc'h du) ». Et tous les ouvriers du raffinage venaient virer la grosse machine pour la mettre en position de démarrage.

Alors, Goeffic, le chef électricien, ouvrait doucement la vanne de vapeur et le gros piston se mettait en route entraînant majestueusement un lourd volant de trois mètres et une multitude de poulies calées sur deux arbres de transmission sous l'atelier des piles.

Partout il y avait des murs en maçonnerie sous les piles avec passages pour les courroies. Il fallait voir ce spectacle, il fallait entendre ce long et puissant ronflement de 50 machines en travail avec l'à-coup de chaque courroie au passage des agrafes.

De ma demeure on entendait jour et nuit ce ronronnement continu et apaisant ; je m'y étais très bien habitué, je l'aimais.

Chaque matin à 5 heures on pouvait entendre successivement passer les factions montantes et descendantes ... De même chaque soir à 9 heures.

L'usine travaillait en continu toute la semaine avec seulement un arrêt le dimanche de 5h le matin à 9h le soir. On faisait « Les 3 huit ». Chaque équipe venait successivement le matin, le soir, la nuit pendant toute la semaine. Les femmes ne travaillaient qu'en jour.


3 La « dure » vie d'ingénieur papetier

3.1 Folies bergères

L'usine Bolloré nous envoyait parfois à Paris pour voir des fournisseurs ou rencontrer notre ingénieur-conseil, Mr Labeyrie.

Nous descendions généralement à l'hôtel Lausanne tenu par un breton bien connu à l'usine, c'est dire si nous étions bien reçus.

Cet hôtel Lausanne se trouvant presque à la porte des « Folies bergères », la tentation était forte pour nous d'aller voir de quoi il retournait !

Notre brave hôtelier put nous procurer des places avantageuses au « poulailler », tout-à-fait là-haut où il faisait une chaleur étouffante, sans doute parce que ça chauffait beaucoup en bas pour que ces dames, si peu vêtues, ne s'enrhument pas ...

Mais remontons à notre poulailler ... nous étions bel et bien avec la « claque » ... !!! si bien que nous applaudissions très fort dès que nos voisins démarraient.

Pour nous, pauvres provinciaux, la féérie était là, magnifique, incroyable ... On donnait « L'usine en folie ».

Il y avait des ballets, des tableaux vivants ; je me souviens d'une grande machine en mouvement avec des femmes un peu partout ; l'une était allongée sur une bielle qui oscillait majestueusement.

Je suis allé une fois à Paris avec Mallo et Dehais ; nous étions bien entendu à l'hôtel Lausanne. Et ??? bien entendu également nous avions été à ces fameuses « Folies bergères ». À la sortie, vers minuit ..., des filles de joie guettaient les clients à la sortie. Je rentrais dans ma chambre et je vis Mallo et Dehais en face à la terrasse d'un café qui se faisaient accoster par une de ces dames. Dehais s'était levé indigné : « Je ne suis pas ce que vous croyez. Je suis père de famille ».

3.2 Cigarettes américaines

Les Américains devaient fabriquer beaucoup de cigarettes Camel, vu que les trois machines à papier de Cascadec tournaient jour et nuit pour eux ... et ce n'est pas tout, car l'usine de Troyes et celle d'Odet travaillaient aussi pour eux.

En résumé, c'était l'équivalent d'une grande feuille de 14 mètres de large et de 45 mètres de long qui sortait chaque minute de nos huit machines !

On a peine à imaginer les milliers de cigarettes qui seront faites chaque minute avec ce papier !

3.3 Perdu au milieu des bois

Je m'étais donc échoué dans ce « moulin à papier », perdu au milieu des bois ... et pour quoi faire ? ... Un papier qui partira en fumée ... !

Le Directeur de l'usine n'avait qu'un bras : ce brave Quintin, un peu rustre, ayant gardé le costume breton, mais connaissant bien son monde et la fabrication.

Au bureau, il n'y avait pas de machine à écrire, pas de dactylo ... Quintin écrivait ses lettres avec un porte-plume et en prenait copie ... Il fallait le voir serrant une presse sur son copie-lettres à feuilles jaunes ! Tout ça avec son seul bras valide, le gauche !

Je fus le premier à avoir une machine à écrire. Mr Bolloré me la fit envoyer par son usine d'Odet qui en possédait plusieurs. Il voulait que je lui envoie chaque semaine un rapport sur « Cascadec » ... ce que je fis régulièrement.

Impossible de téléphoner à la famille car nous n'étions pas raccordés au réseau. Il y avait cependant une ligne privée à un fil nous reliant à Odet ; cette ligne de 25 km était entretenue par nous. Le retour du courant se faisait par la terre et l'audition avec des téléphones archaïques n'était pas fameuse, surtout par temps d'orage.

3.4 Automobiles B12 et CID

Il n'y avait donc pas d'autos à l'usine comme je l'ai dit plus haut ; personne n'en possédait à Cascadec ; je fus le premier à en avoir une que j'achetai d'occasion avec l'aide de maman ; c'était une Citroën décapotable, la « B 12 » [3], que Mr Bolloré aperçut un jour dans mon garage et en parut étonné, « quasiment réprobateur ».

L'auto, je l'avais, mais je ne savais pas conduire ! Heureusement mon brave frère Henri vint rapidement à mon secours, car il avait appris à conduire à Ligné chez les Daveau. Édouard avait une voiture pour ses tournées médicales ; il avait débuté par une petite « CID » [4]. Le jour de cet achat il avait marqué scrupuleusement sur son carnet de dépenses : « boite d'allumettes . . . . . , CID . . . . . .  ». Bref, Henri ayant profité des leçons d'Édouard avait pu passer son permis et était venu m'instruire.

 

3.4 L'automobile (suite)

À cette époque, les voitures n'avaient généralement pas de démarreur, on tournait la manivelle et nous voilà sur la route privée de l'usine ; nous étions bien tranquilles pour faire toutes nos manœuvres ; j'appris assez vite à maîtriser l'engin qui, d'ailleurs, n'était guère fougueux et qui tombait en panne assez souvent ; il fallait ouvrir le capot par le côté, démonter le gicleur et souffler dedans !

Henri étant reparti après quelques jours, je m'aventurai seul sur les routes avec ma Citroën, allant à Scaër, Gourin, au Faouët ...

Charles, venu à pied de Bannalec, vint me surprendre un beau jour à l'usine ; je fus bien content de sa visite et je lui indiquais les rudiments de la conduite de l'auto, puis il se débrouilla tout seul, allant et venant sur notre route privée pendant que je travaillais à l'usine.

3.5 Permis de conduire

Quant à moi, je devins bientôt très expert dans la conduite et je demandais à passer mon permis après deux bons mois de « libre circulation » !

Convoqué à Quimper, je m'y rendis seul un beau matin d'avril : nous étions bien une quinzaine de candidats avec nos voitures.

On nous rangea à la file les uns des autres et l'examinateur monta dans la première voiture qu'on devait tous suivre cahin-caha sans rentrer les uns dans les autres.

On nous fit arrêter plusieurs fois en côte ; quand l'arrêt se prolongeait je descendais vite caler une roue car mon frein à main était faiblard ... Après deux heures de ce manège, mon tour arriva ; l'examinateur monta près de moi, me fit faire demi-tour sur une route étroite, m'interrogea et me délivra très vite mon permis. C'était le 10.817e permis du département ce 2 avril 1926.

3.6 La vieille de Ker-Omelette

En arrivant à Cascadec, j'avais été logé à « Ker-Omelette » dans la grande maison au bord de l'Isole où descendaient les ingénieurs de passage.

Là, la vieille Marie Le Guyader faisait la popotte, et souvent, prise de court, confectionnait une « omelette », d'où le nom de « ker omelette » !

Les autres popotes d'Odet et de Troyes portaient la même enseigne. Marie Le Guyader fut payée par l'usine jusqu'à mon mariage, en septembre 1926.

Cette brave vieille aux cheveux blancs parlait à peine le français et un peu comme si elle avait eu de la bouillie dans la bouche. J'ai vu Mr Bolloré l'interroger en breton. Quant à moi, j'essayais un peu de la faire parler lorsque parfois je venais réparer un pneu de l'auto à la cuisine.

À cette époque, les crevaisons étaient fréquentes par suite de tous ces clous de sabots qui se perdaient sur les routes ... Ici, avec le passage deux fois par jour de plus de 600 ouvriers et ouvrières sabottant à qui mieux mieux c'était pire encore !

De ma chambre donnant sur la route, je pouvais entendre chaque matin le martellement sonore de tous les sabots des factions montantes et descendantes ! Bien sûr, les routes n'étaient pas goudronnées.

3.7 Électrocution du fils Rannou

J'étais à Cascadec depuis deux mois à peine, fin 1925, lorsqu'on vint précipitamment me chercher dans l'usine : le fils Rannou était inanimé à la suite d'une décharge électrique aux filtres ; on espérait que j'aurais pu faire quelque chose en attendant le docteur. Je commençais aussitôt la respiration artificielle et très vite on entendit ronfler le malheureux Rannou ... On pensait qu'il revenait à la vie, et, comme il faisait froid je demandais des bouillottes pour le réchauffer, tout en continuant les mouvements respiratoires ... Des bouillottes, elles arrivèrent par dizaine ! Je n'oublierai jamais de spectacle attendrissant !

Le Docteur vint enfin, il continua quelque temps la respiration artificielle ; mais vainement, car le pauvre garçon était bien mort électrocuté.

Il avait saisi à pleine main une douille de lampe baladeuse mal isolée, alors qu'il était sur un sol mouillé. Il avait ressenti une telle secousse qu'il avait été projeté dans un des bassins filtrants d'où on l'avait repêché. C'est alors qu'on m'avait prévenu.


4 L'affectation à l'usine d'Odet en 1929

4.1 Famille nombreuse

« Mes parents ne vécurent à Cascadec qu'un peu plus de deux ans. En 1929, mon père fut affecté au laboratoire tout neuf de la papeterie Bolloré à Odet, sur la rivière du même nom, à quelques kilomètres en amont de Quimper, où ils vinrent donc s'installer. C'est donc aussi à Quimper que je naquis, le 9 mars 1931, troisième enfant après mon frère ainé Guy, né en 1927, et ma sœur Annick en 1929 ...

Ma naissance fut suivie de celle de mes frères Loïc, en 1935, Henri, en 1937, Gildas, en 1939, Dominique, en 1944, et de ma sœur Marie-Noelle en 1946.

Les familles nombreuses étaient fréquentes à cette époque, surtout en terre catholique de Bretagne, moins sans doute dans l'intention de peupler la France du plus grand nombre possible de croyants que par manque de moyen contraceptif, ou plutôt par manque de moyen contraceptif à la fois autorisé par le Vatican et efficace. ».

4.2 Le laboratoire de chimie d'Odet

« Cette part importante de son existence qu'était sa vie professionnelle, mon père en parlait assez peu à la maison, mais il nous est arrivé de l'accompagner à l'usine et alors, il nous faisait visiter « son » laboratoire et nous expliquait ce qu'il faisait. Je me souviens en particulier d'un appareil qu'il avait conçu lui-même pour tester - si je ne me trompe - la vitesse de combustion du papier à cigarette : il s'agissait d'une série de petits tuyaux, dans une cage de verre, auxquels on embouchait une batterie de cigarettes qui se consumaient lentement, en quelque sorte une machine à fumer des cigarettes. Je vois encore mon père, qui ne fumait jamais, contempler cette tabagie expérimentale, en notant des tas de chiffres sur une fiche.

Je me souviens aussi de batteries de condensateurs à papier huilé qu'il faisait « claquer » en augmentant progressivement la tension du courant. de fait, les papeteries Bolloré ajoutèrent à la fabrication du papier à cigarette celle du papier à condensateurs. ».

4.3 L'ascension de la cheminée d'Odet

Nous étions à Quimper, rue Bourg-les-Bourgs, depuis plusieurs années ; les enfants se multipliaient harmonieusement, j'allais chaque jour à l'usine par une auto qui me prenait le matin et me ramenait le soir, sauf le samedi où l'on rentrait chez soi à midi.

Il advint qu'on fit venir un spécialiste pour vérifier l'état du paratonnerre de la grande cheminée de l'usine. Ayant constaté le mauvais état de la briqueterie au sommet de la cheminée, il nous criait de là-haut de monter voir ! Eouzan père, le contremaître, à cause de son âge et surtout un certain embonpoint s'était récusé, mais il m'incita à grimper moi-même.

Je me suis dit après tout, pourquoi pas moi ? C'est mon rôle d'ingénieur d'aller voir ce qui se passe et surtout de faire vite, car on avait dû arrêter les machines, faute de vapeur, les chaudières étant provisoirement stoppées ...

J'entrais par un carneau sous « l'économiseur » et me propulsais sur une couche de suie jusqu'à la base de la cheminée ... il faisait très chaud, il faisait assez sombre, mais tout en haut des noires parois, qui montaient vers le ciel, il y avait un petit rond lumineux !

Il fallait l'atteindre ... J’agrippais les barreaux brûlants et pleins de suie gluante et je commençais à grimper ... C'est qu'il y en avait des barreaux ... ! Certains me semblaient à demi rongés et ne tenant plus beaucoup ... J'avançais des pieds et des mains ayant toujours prise sur trois barreaux à la fois ... Il y en avait plus de 2000 ! Il faisait chaud et le ciel était loin ...

Regardant vers le bas ... quelle drôle d'impression, quelle sale impression ! Dominer le vide, arc-bouté sur cette paroi hostile inclinée en arrière ; je n'en menais pas large, mais je montais toujours sans plus revoir ce vide affreux !

Le rond du ciel grandissant, il faisait plus clair et moins chaud ... encore un effort et me voilà à cheval au faîte de la cheminée, jambe pendante au dedans, jambe pendante au dehors, m'accrochant à un paratonnerre branlant ... Il manquait des briques et celles sur lesquelles j'étais à califourchon ne tenaient plus guère !

4.4 La redescente

Il y avait bien toujours un courant chaud qui jaillissait par la gueule de la cheminée, mais je pouvais respirer maintenant cet air pur des campagnes. Et quelle vue étrange sur les toits de l'usine ... et enfin j'aperçus une foule de badauds qui regardaient en l'air. Mais oui, on devinait tous ces yeux braqués vers le ciel, braqués sur nous deux : le spécialiste des paratonnerres et moi. Au fond, j'étais assez fier de mon exploit et j'avais agité un bras pour faire signe aux camarades, mon autre main tenant toujours bon son paratonnerre.

 

4.4 La redescente (suite)

S'étant mis d'accord pour les travaux à effectuer : reprendre la briqueterie au sommet, sceller le paratonnerre et fretter la cheminée, il fallut songer à descenndre. Brrr ! Quel gouffre noir et tous ces barreaux douteux, poisseux qui formaient une échelle inclinée « en arrière » ! Et quelle échelle ! Plus de 200 barreaux (comme je l'ai déjà dit).

Lentement, je quittais ma monture pour ce sinistre cheminement de retour. Ah ! Je n'étais pas fier et n'en menais pas large ! Me voilà retombé dans la gueule du monstre qui vous lance des bouffées d'air chaud. J'avançais des pieds et des mains, ne lâchant qu'un barreau à la fois, tenant toujours ferme les trois autres.

Finalement, ce fut moins fatigant que pour monter, cette descente ! Certes, je fus tout heureux de me retrouver bien vivant sur le plancher des vaches, mais dans quel état ! Grand Dieu ! Ma combinaison kaki était devenue noire, mes gants aussi et une partie de ma figure !

4.5 Douches froides

J'étais bon pour les douches ! Je n'eus même pas le temps de m'y rendre ... On m'appelait au téléphone : c'était Mr Bolloré (le père) qui, averti de mon exploit, téléphonait de Lausanne pour « m'engueuler copieusement ».

Ma douche était prise ! Je la trouvais insuffisante ! Et j'allais me blanchir sous la douche bienfaisante.

Pourquoi attacher tant d'importance à la « cheminée » ? La cheminée d'une usine c'est sa Vie, c'est son Âme ! Elle dispense énergie et chaleur ... Tous les ateliers sont groupés autour d'elle ... Elle fait marcher les chaudières qui, à leur tour, animent la centrale ... On la voit de loin, la cheminée ! Tout comme le clocher du village qui redit à chacun : « courage & espérance ! ».

4.6 À 70 mètres de hauteur

Quelques années plus tard il y eut de grands travaux aux papeteries de Cascadec, on ajouta des machines à papier, on édifia une grande chaufferie, marchant au charbon ... Il fallut élever une très haute cheminée ... plus de 70 mètres !

Quelle tentation ... ! Belle, harmonieuse de forme, vierge de toute noirceur, elle était neuve, il ne lui manquait plus que son paratonnerre. Elle était toute en béton armé. Et je montais ...

De bons barreaux solides s'accrochaient aux parois, je les serrais sans crainte, et je montais gaillardement ... Oui, mais je sentis bientôt la fatigue et fus tout heureux de me reposer plusieurs fois sur de larges barreaux-refuge où l'on s'assoit.

Ainsi, par petites étapes, j'arrivais en haut, en face d'un trou carré, assez grand, permettant de monter sur un plancher provisoire. Il fallait donc faire un rétablissement dont j'ai gardé un bien mauvais souvenir !

Sur cette plate-forme, appuyé au rebord de la cheminée, je m'étais mis debout pour contempler le paysage : le canal d'amenée aux turbines, l'Isole, le déploiement sans fin des ateliers, des gens tout petits sur la route et les bois de Cascadec habillant la montagne d'un manteau de verdure. Non, je ne regrette pas d'être monté là-haut.

4.7 Charbon

Pour donner à manger aux chaudières, il fallait du charbon, beaucoup de charbon. On employait du « grain levé » qu'on déversait sur les grilles mécaniques de nos chaudières«  Babcock » [5] ; on réglait la hauteur de la couche de charbon suivant la demande de vapeur ; des wagonnets poussés à bras d'homme se chargeaient à la pelle au grand tas de charbon ; il y en avait en réserve pour plusieurs mois. Quand j'ai travaillé au laboratoire de l'usine d'Odet, je contrôlais régulièrement chaque arrivage de charbon : humidité, cendres, matières volatiles, pourvoir calorifique ...

Une fois, à Odet, on nous avait livré du charbon à matières tellement volatiles que tout le tas s'échauffait en fumant de plus en plus. Il y avait eu alerte et arrosage copieux du délinquant ! J'avais pris sa température et établi des isothermes alarmants. Par bonheur, les douches répétées firent tomber la fièvre.


5 Temps de guerre et de privations, 1939-45

5.1 Marchand forain avec balle

Au début de la guerre de 1940, l'usine d'Odet fut stoppée, celle de Cascadec fut mise en veilleuse ; l'atelier des cahiers à cigarettes O.C.B., en particulier continua à marcher.

Les bureaux d'Odet et le laboratoire restèrent en service. Le travail était très réduit et l'on nous prévint qu'il fallait s'attendre à une diminution de salaire.

Pour nous la nouvelle fut alarmante, car avec nos six enfants, nous arrivions tout juste à joindre les deux bouts.

Que faire ? D'une part, je demandais à notre propriétaire, le chanoine Kerdaliaguet, de réduire notre loyer, ce qu'il accepta aussitôt.

D'autre part, je me fis « voyageur avec balle », ou plus exactement « marchand forain avec balle », comme on peut le constater sur la patente ci-joint en date du 5 août 1941.

Muni de cette licence et de ce vieux titre amusant qu'on décernait jadis aux colporteurs passant dans les campagnes avec leur marchandise sur le dos, j'allais visiter tous les bureaux de tabac et prendre des commandes de cahiers à cigarette O.C.B. (initiales des mots Odet, Cascadec, Bolloré).

Je passais ces commandes à l'usine de Cascadec ou au représentant officiel à Nantes qui me laissait une commission. Étant donné les difficultés de déplacement, ce représentant, que je n'ai d'ailleurs jamais vu, était content de mes services dans le finistère.

Je parcourais la campagne en vélo profitant des congés et des fins de semaine. J'allais même jusqu'à Brest, Morlaix, St-Brieuc par le train, profitant de mon billet 1/4 de place (famille nombreuse).

.

5.2 Sous la neige

Je me souviendrais toujours de notre randonnée à Audierne. Nous étions partis, Marie et moi, par une froide journée d'hiver, un samedi après-midi.

Il y avait de la neige au bord de la route, nous grelottions vraiment, montant les côtes à pied en poussant nos vélos, sentant nos mains et nos figures gelées malgré écharpes et gants !

J'eus une commande en cours de route, ce qui nous réconforta un peu, et nous arrivâmes à la nuit tombante à Audierne.

On se réfugia à l'hôtel d'Angleterre occupé en grande partie par les allemands, mais il était très bien chauffé ; d'autre part, les allemands voyaient d'un bon œil arriver les civils, pensant qu'ainsi ils avaient moins de chance d'être bombardés.

Nous eûmes un excellent repas ; il y eut des huitres auxquelles je goutais pour la première fois (j'avais 42 ans !).

La nuit, de notre chambre très confortable, nous entendions les allées et venues des sentinelles allemandes sous nos fenêtres.

5.3 La publicité O.C.B.

À force de courir de droite et de gauche, je réussis à totaliser en fin de mois un chiffre de commandes non négligeables, ce qui nous permit de mettre un peu de « beurre dans nos épinards » !

J'ai vu des choses bien bizarres dans mes tournées : certains bureaux de tabac voulaient du papier « Job », prétextant qu'il était meilleur que notre « O.C.B. ».

 

5.3 La publicité (suite)

Or à cette époque difficile, c'est nous qui fabriquions le papier pour Job en même temps que notre O.C.B. ! J'étais bien placé pour le savoir mais ne pouvais rien dire. Comme quoi c'est la marque qui compte.

Pour la propagande O.C.B. la Direction de Paris avait lancé une affiche d'avant garde pour les bureaux de tabac ; elle représentait une belle fille aguichante en léger costume de bain qui fumait sa cigarette O.C.B., et dessous était la légende : « Si vous les voulez bien roulées » !!! [6]

La plupart des buralistes de la région n'avaient pas mis l'affiche ou l'avaient dissimulée dans un coin.

5.4 Stocks de cahier

Nous vendions 4 ou 5 sortes de cahiers. Le cahier O.C.B. n° 4 était un des plus beaux, c'était un papier enchevêtré filligrammé. Le cahier O.C.B. n° 5 était un des plus lourds, puisque cartonné, gommé, fermant par un élastique ; toutes les boites contenaient 100 cahiers.

Part tard, je fus amené à commander une caisse entière de ces boites, le fourgon de l'usine avait apporté cette grande caisse qu'on avait passée par la fenêtre du salon donnant sur la rue Bourg-les-bourgs. Je vois encore toutes ces boites encombrant le salon, froid, humide et assez sombre et qui ne servait plus à grand chose.

Petit à petit, j'écoulais ces boites dans les bureaux de tabac de Vannes et de la région ; je chargeais sur mon vélo qui, là encore, m'a rendu un fier service.

Je regrette beaucoup de n'avoir conservé ce vieux et fidèle serviteur, témoin de ma peine et parfois de ma joie ! Plus tard, en visitant Hauterive et le Palais des Rêves du facteur « Cheval » qui avait conservé et exposé sa fameuse brouette, j'ai pensé à lui !

Dans la suite, il fallut prendre un représentant officiel et à temps complet pour s'occuper de la diffusion des cahiers, notre représentant de Nantes, âgé, s'étant retiré.

L'usine m'ayant demandé de trouver quelqu'un, je désignai notre ami Guichard, très actif et très entendu, qui passa de suite des commandes par wagons complet !

Il en plaçait un peu partout : bureaux de tabac, bazars, épiceries ... que sais-je ? On lui avait donné plusieurs départements dans l'Ouest.

5.5 L'été de la Libération

« Pour compenser la diminution de salaire, mon père obtint de la direction d'avoir son lundi et son samedi libres pour donner des cours de mathématiques, physique et chimie en classe terminal scientifique au collège Saint-Yves ...

D'autre part, comme la production des cahiers de papier à cigarette O.C.B. n'avait pas cessé à l'usine de Cascadec, mon père, muni d'une patente de marchand forain, devint colporteur en papier à cigarette, lui qui ne fumait jamais ...

Craignant légitimement, après le débarquement des alliés en Normandie le 6 juin, que la guerre fût particulièrement violente dans tout l'Ouest et notamment dans les principales villes, mon père obtint de la famille Bolloré le prêt pour l'été, près de l'usine d'Odet, d'une ancienne ferme joliment transformée en rendez-vous de chasse et meublée « à la bretonne », avec en particulier un lit clos où j'ai dormi durant tout notre séjour. À l'entrée, se dressait, debout sur ses pattes postérieures, un sanglier empaillé. Situé en un site admirable, au bord de l'Odet, ce lieu de villégiature était pour moi paradisiaque, en sorte que le souvenir de vacances de cet été de la Libération - j'avais alors treize ans - est le meilleur de mes souvenirs de jeunesse ».

6 La fabrication du papier (deuxième partie)

Les 7 pages consacrées à la fabrication du papier à cigarette font l'objet d'un article tiré à part, ceci pour en faciliter la lecture :

 


7 Mémoires dactylographiées




8 Annotations

  1. La Retraite à Quimper est l'établissement religieux où Mme Barreau, née Marie Dubois le 19 août 1903 à Concarneau, fut pensionnaire de la classe de 6e jusqu'à son baccalauréat de Latin-Langues vivantes-Philosophie en 1921. [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. René Rannou est né le 13/4/1866 à Keranguéo près de la papeterie d'Odet où il démarre sa carrière, et sera ensuite contremaitre principal de la papeterie de Cascadec : « 1925 - Famille Rannou de Kerangueo-Odet et Cascadec ». [Ref.↑]
  3. La B12 est une automobile fabriquée par Citroën d'octobre 1925 à janvier 1927, en remplacement de la Citroën B2. [Ref.↑]
  4. La marque d'automobiles CID (Constructions Industrielles Dijonnaises) était connue pour ses modèles Baby dans les années 1910-20. [Ref.↑]
  5. La Société Française des Constructions Babcock & Wilcox était spécialiste des chaudières industrielles de forte puissance depuis 1898. [Ref.↑]
  6. En fait Louis Barreau a légèrement déformé un peu le slogan publicitaire qui était « Si vous les aimez bien roulées ! ». [Ref.↑]


Thème de l'article : Mémoires de nos anciens gabéricois.

Date de création : Novembre 2011    Dernière modification : 11.11.2016    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]