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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Sommaire


Modifications au jour le jour : [Journal des MàJs]
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Anciens billets : [Actualité, archives]

1 Bandenn-Laou en ar Sal-C'hlas

« Dans les fermes, dans la campagne longtemps terrorisée, cette affaire restera désormais connue sous le nom de Bend-en-Laou * ...  », Détective

Le 25 août on lisait dans Ouest-France la 4e et dernière chronique d'une série sur les grandes affaires judiciaires qui ont marqué Quimper et sa région. Il s'agit en l’occurrence de l'affaire de la Salle-Verte (ar Sal-C'hlas) en Ergué-Gabéric et du procès de la « Bande à Poux ».

On en profite pour publier le reportage complet du journal Détective qui a inspiré la chronique d'Ouest-France. Dans son n° 107 du 13 juillet 1948 le dos de couverture annonçait bien la couleur : « Voici, aux Assises de Quimper, la Bande à Poux (Bend-en-Laou *) qui terrorisa longtemps la campagne bretonne. ».

Qui étaient donc ces quatre accusés ? Henri Bourmaud, le meurtrier, fils d'un maçon vendéen, était marchand de frites et avait tendance à être violent quand il avait bu. Poux - personne n'a retenu son prénom tellement son nom suffisait pour évoquer sa personnalité - était buraliste dans le quartier de la gare de Quimper et chef de la bande. Frédéric Fillis, fils d'un marchand ambulant anglais, était un clown, acrobate et beau parleur. René Quinet était un ouvrier serrurier originaire de la région parisienne, engagé un temps dans la marine.

A la fin de la guerre, en 1945-46, ces malfrats terrorisaient la campagne quimpéroise en rançonnant ceux qu'ils qualifiaient de « profiteurs ». Avec le crime crapuleux de la ferme de la Salle Verte, le scénario est différent : Poux lui-même avoue avoir demandé à Mme Lasseau une forte somme après le meurtre de son fils aîné René, contre une promesse de mener une enquête avec des coupables fictifs du côté de Marseille, alors qu'il ne pouvait ignorer qu'une de ses fréquentations l'avait abattu d'une rafale de mitraillette.

Quel fut donc le verdict final pour ces cyniques voyous ?

Image:Right.gif En savoir plus : « La bande à Poux condamnée pour l'affaire de la Salle-Verte, Détective 1948 » Billet du 08.09.2012

(*) : « Bend-en-Laou » est la retranscription phonétique d'une expression locale et populaire qui devrait plutôt être orthographiée « Bandenn-Laou ». Le substantif « Laou » est un collectif (singulatif : « laouenn ») qui désigne bien le poux en français. Autres expressions : « fritañ laou », vivre dans la pauvreté ; « spazhañ laou », chercher la petite bête, couper les cheveux en quatre ; « laou(enn)-douar  », cloportes ; « laou-pafalek (enn-b.) », morpions, poux du pubis ; « pér-laou », poire-poux, fruit de l'aubépine. On disait aux enfants qui voulaient gouter aux baies sauvages : « Ma trebez pér-laou e ranko be(za) touzet dit da benn ».


2 Reconnaissance de paternité OCB

« Dans les grands salons de la rue de Rivoli, il y avait beaucoup de monde, beaucoup de lustres, et aussi beaucoup de fumée », La Commère

France-Soir, 6 juillet 1962
France-Soir, 6 juillet 1962

Le monde des brocanteurs, bouquinistes et salles de dépôt vente est parfois surprenant en matière de découverte de documents d'archives. Ainsi par exemple cette lettre de revendication de paternité d'un célèbre slogan publicataire « Si vous les aimez bien roulées, papier à cigarette OCB », en réaction à une manchette people du 6 juillet 1962 dans France-Soir.

Dans ses « Potins de la Commère », la chroniqueuse Carmen Tessier relate la remise à Michel Bolloré du premier prix à l'exportation par Valery Giscard d'Estaing, ministre des Finances. Et cette récompense serait la consécration du slogan un tantinet machiste.

Cet article ne pouvait pas laisser l'ex-publicitaire Tony Burnand sans réagir et demander qu'on ne l'oublie pas, lui l'auteur du fameux slogan.

Tony Burnand explique notamment dans sa lettre adressée à Michel Bolloré (à laquelle il joint la coupure de France-Soir) :

  • Avant guerre (ou peut-être au début du conflit de 1939), c'est lui qui est l'inventeur de la formule : « Ce slogan a été trouvé par moi-même », « Mon titre à sa paternité ne peut de toute façon être discuté ».
  • Pendant la guerre, alors que Michel Bolloré était mobilisé, Tony Burnand cède l'exploitation de ses droits à une tierce personne : «  Ce slogan (a été) cédé, par moi aussi, à XXX, ... Différentes pièces que j'ai conservées en font foi ».
Image:Right.gif En savoir plus : « 1962 - Défense de paternité du slogan "Si vous les aimez bien roulées ... OCB" » Billet du 01.09.2012


3 Condamnés aux galères en 1774

« A été amené en la dite chambre ... un homme de moyenne stature, cheveux brun long, une cicatrice à la joue droit, ... chapeau à la main  », premier interrogatoire de Guenel Le Pape de Coat-Piriou.

Billet du 26.08.2012
Billet du 26.08.2012

Jean-François Douguet, passionné de l'histoire glazik et melenik, a épluché le dossier du Présidial relatant l'affaire de vol avec effraction à la chapelle de Kerdévot par un jeune malfrat gabéricois de Coat-Piriou et deux acolytes en octobre 1773. Son étude est publiée dans le numéro d'avril 2012 des cahiers Keleier de l'association Arkae où il explique le déroulement de l'effraction et de l'enquête de façon très vivante et avec citations des documents d'origine  :

  • Les premières constatations sur place du lieutenant du présidial de Quimper : « ayant entrés dans la ditte église, et après y avoir adoré le très sainct sacrement il nous a fait passer dans la sacristie ... ».
  • Les interrogatoires des témoins (marguillier, recteur, habitants de Kerdévot, ...), assistés d'un interprète de breton en français : « elle crut que se pouvoit etre le bondieu sortant pour quelques malades ».
  • La demande faite au recteur de « lire et publier au prosne des grandes messes paroissiale, par trois dimanches consécutifs » un « monitoire » pour « admonester tous ceux qui auroient connoissance des faits ».
  • La promise de Guenal Le Pape, le malfaiteur de Coat-Piriou, qui avait accepté qu'il aille récupérer à Ergué-Gabéric une copie de la publication de leurs bans, « eut aimé mieux qu'il alla seul que de s'associer à gens qi'il ne connoissoit point ».
  • Après enquête et procès de sept mois, la sentence des galères à perpétuité n'épargnera pas les trois jeunes malfrats : « condamne les dits Jean, Joseph Marie Carof et Guenel Le Pape à servir en quallité de forçat sur les gallères de sa Majesté, et ce à perpétuité tous trois préalablement flétris sur l'épaulle dextre des trois lettres GAL (galérien)  ».
  • Dans l'article les conditions historiques de cette affaire pénale sont bien explicitées, notamment les arrêts du Parlement de Bretagne de 1775 et 1776 qui tentent de mettre fin à la recrudescence des « vols des Eglises, Sacristies et Coffres fort des Paroisses ».

Pour compléter cette étude, nous avons publié sur GrandTerrier le dossier conservé aux Archives Départementales de Brest, constitué de 805 pages réparties sur 61 pièces, et entamé leur transcription littérale. Le contenu est très riche sur les personnalités locales et les lieux où furent perpétrées les effractions du jeune malfaiteur gabéricois et ses deux compagnons, et nous n'avons pas fini d'en recueillir les perles !

Image:Right.gif En savoir plus : « DOUGUET Jean-François - Fric-frac à Kerdévot en 1773 » et « 1773-1774 - Procédure criminelle pour le vol avec effractions à Kerdévot »


4 De l'île du Loc'h au musée d'Odet

« Je suis fasciné par les arthropodes - formant 80% des espèces animales connues -, de par cette articulation qui fait que, pour grandir, ils sont obligés de rejeter leur carapaces ; c'est philosophiquement passionnant », Gwenn-Aël Bolloré.

Billet du 17.08.2012
Billet du 17.08.2012

Cet été nous avons découvert une magnifique video, « L'Homme Crabe », produite par les équipes de Bleu Iroise et des Films du Baladin dirigées par André Espern, et diffusée en 2011-12 sur les chaînes TVR, Tébéo et Ty Télé.

Pourquoi ce titre ? Parce que Gwenn-Aël Bolloré était un passionné de la mer, et plus précisément un amoureux des crabes ou arthropodes. Outre la beauté de ses images et sa musique, le documentaire est riche d'anecdotes :

  • Lorsque René Bolloré, le père de Gwenn-Aël, achèta l'île du Loc'h de l'archipel des Glénans, pour 10.000 francs, c'était pour assouvir sa passion de la chasse car il y avait là un étang aux canards.
  • Une espèce de crabe découvert par Gwenaël en Mauritanie a été nommée officiellement « Dromia Bollori », la dromie de Bolloré.
  • En plus de ses nombreuses activités autour de la mer (pêche aux requins, découverte de cœlacanthes, musée océanographique d'Odet, ...), Gwenaël a dirigé deux grandes entreprises : « J'ai travaillé aux papeteries Bolloré où j'étais vice-président et directeur technique pendant 40 ans. Et puis j'ai été président des éditions de la Table Ronde pendant 30 à 35 ans. J'avais une voiture qui allait assez vite, ce qui me permettait de passer mes week-ends en Bretagne, et 5 jours par semaine j'étais à Paris. Oui tout cela est un peu mélangé, ça parait chaotique, mais ça ne l'est pas trop dans ma tête ».

Image:Right.gif En savoir plus : « Gwenn-Aël Bolloré, l'homme crabe »

Dans la même veine, un article paru en 1963 dans la revue « Le Pèlerin du 20e siècle », sous la plume de la romancière Yvonne Chauffin, décrit les origines de l'entreprise Bolloré et ses défis économiques et technologiques.

La journaliste, en visite à Odet, décrit les lieux de production, et interviewe Gwenn-Aël Bolloré, « l'un des trois fils Bolloré qui président aux destinées des papeteries  ».

Ce dernier, amoureux de la mer, ne manque pas d'utiliser des expressions et images maritimes : « L'essentiel n'est-il pas de savoir répondre à l'appel du large et " d'écouter d'où vient le vent " ? ... Il ne s'agit pas, pour les Bolloré, de se laisser pousser à bâbord et à tribord, mais de bien mesurer leurs encablures et de virer là où il faut ».

Image:Right.gif En savoir plus : « En parlant un peu de papier, Le Pèlerin 1963 »

Nota : plusieurs natifs de Stang-Venn ont localisé la statue du saint Pierre, objet de l'énigme de la semaine dernière, mais personne n'a fourni le nom du bâtisseur de la haute maison. On laisse donc la question, le temps de la réflexion et des investigations familiales.


5 Les énigmes culturelles de l'été

« Et moi, je te dis que tu es Pierre et que, sur cette pierre, je bâtirai mon Église ... Je te donnerai les clés du royaume des cieux  » [Matthieu, 16, 18-19]

Billet du 10.08.2012
Billet du 10.08.2012

Il fait enfin un magnifique temps estival sur la Bretagne, c'est l'heure de la détente et de la farniente. Nous proposons donc un petit jeu pour occuper les méninges, à savoir localiser un élément méconnu de notre patrimoine, ce d'après une photo. À vous de jouer !

Où se trouve donc la statue de ce saint Pierre à la bouille hilare et portant les clefs du paradis ?

Les indices suivants peuvent vous aider à résoudre l'énigme :

  • La niche de la statue est tellement haut perchée que personne ne la remarque habituellement.
  • Le saint a une vue imprenable sur une vallée faiblement colorée, face à une côte et un virage en épingle à cheveux.
  • Cet ouvrage sculpté n'a été placé ni sur un manoir, ni sur une église ou chapelle, ni sur un bâtiment communal.
  • Le bâtisseur de l'édifice était mobile du fait de sa profession, on l'appelait même le « commissionnaire ».
  • Le saint aurait pu être, du moins localement, le patron des coureurs cyclistes.

Vous avez trouvé ? Vous avez besoin d'indices supplémentaires ? Ouvrez vite l'article ci-dessous pour proposer votre réponse.

Image:Right.gif En savoir plus : « La question Histoire & Patrimoine de l'été 2012 »

Autre terrain d'énigmes à résoudre : l'héraldique ou science des blasons. Mercredi dernier, le service Patrimoine et Communications de la commune d'Ergué-Gabéric organisait en l'église Saint-Guinal une 2e conférence sur héraldique gabéricoise.

L'historien Paul-François Broucke, qui avait déjà fait un brillant exposé à Kerdévot il y a quelques semaines, était réinvité pour présenter ses travaux sur les blasons connus et méconnus de l'église paroissiale et l'histoire locale de leurs détenteurs.

Et c'était très intéressant car Paul-François a fait avancer les travaux de recherches historiques démarrés par Norbert Bernard en inventoriant notamment toutes les traces héraldiques de l'église, pas seulement les blasons de Lezergué sur la maitresse-vitre, mais également les lisières de deuil formées d'écussons en haut de la nef, les sablières, les blasons taillés en bosse, la pierre à enfeu des Kerfors avec leur greslier et les blasons des familles en alliance, la pierre tombale des Liziart reconstituée dans les moindres détails, les aveux attestant d'autres blasons sur la verrière sud, et des bancs ou pierres des Kersulgar, Kerfrez-Crec'hcongar, Pennarun ...

Image:Right.gif Autant d'informations qui préfigurent une future publication passionnante !


6 Le retour des crucifix enlevés

« Personne n'ignore que, par suite des mesures prises par notre gouvernement sectaire et maçonnique, les crucifix ont été enlevés des écoles ... »

Une partie du trésor religieux d'Ergué-Gabéric : une croix et 6 chandeliers, objets classés Monuments Historiques en 1954, photographiés en 1994 par le photographe Jos de Chateaulin Billet du 03.08.2012
Une partie du trésor religieux d'Ergué-Gabéric : une croix et 6 chandeliers, objets classés Monuments Historiques en 1954, photographiés en 1994 par le photographe Jos de Chateaulin Billet du 03.08.2012

Nous avons déjà publié des documents sur la fermeture de l'école des religieuses, la carte postale d'un gendarme assistant à l'inventaire des biens de l'Eglise, la gwerz de protestation écrite en breton par la communauté catholique locale, les mémoires anti-cléricales de Jean-Marie Déguignet, mais pas encore les témoignages bien trempés sur le retour des crucifix en 1907.

La « procession de réparation » est relatée dans un article du Progrès de Finistère du 29 mai 1907, sous la forme d'un courrier d'un paroissien d'Ergué-Gabéric signant « Un Erguéen ».

Les paroissiens vinrent nombreux au bourg pour cette manifestation religieuse : « Dès mon arrivée au bourg, une foule compacte circulait déjà autour de l'église. Le son de la cloche annonce que les vêpres vont commencer ; on se presse d'entrer dans l'enceinte, car l'église quoique vaste, ne pourra contenir toutes les personnes présentes ... ».

Devant la menace d'une nouvelle action laïque et anti-cléricale, le ton du paroissien est menaçant : « Les temps ont changé, certes, mais le cœur des Erguéens est resté le même, on les trouvera constamment sur la brèche, pour la défense de leur foi et de leurs intérêts religieux. (Quand on nous dira) que la Foi est morte, de cent poitrine sortira ce cri, celui de tout breton catholique : " plutôt mourir que de faillir " ».

En savoir plus : « Une procession pour le retour des crucifix, Le Progrès du Finistère 1907 »

Nota n° 1 : Avant l'enlèvement des crucifix des écoles en 1905, le Parlement de 1880 avait déjà demandé la suppression des crucifix placés dans les salles d'audience des tribunaux. Ce qui fait qu'aujourd'hui, dans l'église paroissiale St-Guinal, est exposé un crucifix enlevé d'un tribunal sur ordre des autorités républicaines en 1880-90 et rétrocédé en 2009 sous forme de don à la paroisse par une ancienne famille quimpéroise et gabéricoise.

Nota n° 2 : Quel contraste avec la fête des écoles organisée quelques jours plus tard à l'école des garçons du bourg  : « M. Le Guay, propriétaire du Cleuyou, ancien président d'une section de la Ligue de l'Enseignement, a fait une très intéressante causerie dans laquelle, après avoir parlé de Jules Ferry, il a donné d'excellents conseils aux enfants. Puis il a amusé son auditoire par des morceaux de phonographe habilement intercalés entre des récitations et des chants exécutés par les élèves » (« La fête des 25 ans de la fondation des écoles laïques, Le Finistère 1907 » ¤ )


7 À la recherche du moulin perdu

« Le jeudi 17.11.2005 je me rends sur les lieux en tenue adéquate ... à la recherche des traces du moulin disparu de Crec'h Congar », Henri Chauveur

Billet du 27.07.2012
Billet du 27.07.2012

C'est le début d'une quête d'aventuriers, à l'aide des cartes du vieux cadastre, jusqu'au « bosquet où il subsiste encore quelques pierres et l'endroit où devait se situer le barrage au dessus du ruisseau. ».

Un document de 1736, trouvé récemment aux Archives Départementales du Finistère, nous en apprend un peu plus sur la disparition du moulin.

La première propriété déclarée dans ce document est « le lieu et manoir noble de Creongard avec la meterie, apartenances et dependances, situé en la paroisse d'Ergué-Gaberic ». Il est vraisemblable que ce manoir et lieu noble de Creongard (aka Crec'h Congar ou Kenec'hcongar) était sur les hauteurs du lieu connu aujourd'hui sous le toponyme Pennervan.

Dans le vallon en contrebas de Pennervan, le moulin est quant à lui désigné sous le double nom de Crec'h-Congar et de Pennervan : « Le moulin dépendant du dit manoir appelé le moulin de Benerven autrement Creongard ». C'est en 1733 que le moulin avait arrêté définitivement de fonctionner : « presentement chommant estant tombé en ruine depuis environ trois ans et ne meritant pas d'estre relevé par raport au peu de mouteaux qui en sont sujets ».

Ces mouteaux étaient les paysans et roturiers locaux qui devaient venir moudre leur grain au moulin. Malheureusement les nombreux moulins concurrents voisins (Kerelan, Cleuyou, Coutily, St-Denis), toujours en activité, ont mis en faillite celui de Crec'h Congar.

Le document nous permet également de saluer Laurent Quevilly, le journaliste-correspondant d'Ouest-France des années 80, et ses seigneurs de Kerhoant (Nord-Finistère) qui détenaient le moulin, et d'apprendre aussi qu'un seigneur de Lezergué, chevalier de St-Lazare, avait fait main basse sur les ruines du moulin.

En savoir plus :


8 Le bain forcé de deux nemrods

« Il fut un vaillant chasseur devant l’Éternel ; c’est pourquoi l’on dit : comme Nimrod, vaillant chasseur devant l’Éternel. Il régna d’abord sur Babel Érec, Accad et Calné, au pays de Schinear », Genèse 10

« Projet d'une statue à élever à Odilon Nimrod », Honoré Daumier
« Projet d'une statue à élever à Odilon Nimrod », Honoré Daumier

Dans l'édition du 7 mars 1908 du Progrès de Finistère on trouve une chronique humoristique localisée à Ergué-Gabéric et signée « Yan Goaper ». Il s'agit sans doute d'un pseudonyme, car le terme « Goaper » désigne en région quimpéroise quelqu'un de moqueur. Jean-Marie Déguignet en fit même un bretonnisme avec transposition et orthographe à la française : « Les bretons, étant menteurs, blagueurs, trompeurs, gouapeurs ...  ». Derrière Yan Goaper se cache peut-être l'abbé François Cornou, fondateur et directeur du journal.

Le journaliste se penche sur un accident somme toute banal : deux chasseurs gabéricois se promenant le long d'un ruisseau affluent du Jet tombent à l'eau dans un trou profond de deux mètres et sont secourus par un brave cultivateur qui les avait vus « disparaître inopinément ».

Mais le style est là : des personnages bien campés, des dialogues fournis, un lieu précis sur la commune (« Toul-ar-Gurun entre les moulins de Pen-ar-Marc'hat et du Faou), des interjections françaises et bretonnes bien placées (« mil seiz batimanted ..... logod »), et même via l'expression « les deux nemrods » une allusion biblique à l'archétype du chasseur et au bâtisseur de la tour de Babel.

Une autre mention biblique « Mais que de pêches miraculeuses ne fait-on pas au Grand-Ergué ! » fait référence à un entrefilet dans le journal 3 jours plus tôt : le bedeau avait pêché dans le Jet un « énorme saumon blanc » !

La conclusion est « Quel pays extraordinaire tout de même ! ».

En savoir plus : « Chroniques nautiques gabéricoises de Yan Goaper, Le Progrès du Finistère 1908 »

Billet du 20.07.2012


9 Lettres de Lezergué en 1644-45

« 14 contrats de mariage de père en fils, 350 ans de chevalerie, les pères considérables dans les guerres de Bretagne, et bien marqués dans l'histoire »

La marquise de Sévigné, musée Carnavelet
La marquise de Sévigné, musée Carnavelet

Voilà comment la marquise de Sévigné décrit la généalogie de son mari breton, Henri de Sévigné, dans une lettre du 04.12.1668 au comte de Bussy.

Tout le monde connait Marie Ratupin de Chantal, mariée en 1644 au marquis breton de Sévigné. Elle devint veuve à vingt-cinq ans en 1651, quand son époux fut tué lors d’un duel contre le chevalier d’Albret pour les beaux yeux de Mme de Gondran, leur amante. Fréquentant les salons de l'époque, se divertissant de tout, Marie de Sévigné eut des échanges épistolaires avec ses contemporains et avec sa fille. Ses nombreuses lettres ont été publiées et sont devenues l'archétype du badinage du 17e siècle.

Elle fut remarquée dès son mariage par l'épistolier gabéricois, Guy Autret, seigneur de Lezergué, généalogiste et écrivain, notamment quand ce dernier évoque l'origine noble de son mari breton, dans une lettre de fin août 1644 : « Je me rejouis de la bone rencontre du baron de Sevigné, qui est bien de l'une des antienes maisons de nostre province et en laquelle il y a eu des grands biens & pourois dire plus de cent mille livres de rente ». Et il conclut par ce commentaire et cette requête à son correspondant Pierre d'Hozier : « Si ceste damoeselle de la quelle je vous prie de m'escrire le nom & les armes & la genealogie, est aussi riche & d'aussi bone maison que son mary, ils auront de quoy paroestre en la Cour  ».

Dans une deuxième lettre datée de 1645, soit un an après son mariage, Guy Autret remarque l'esprit et les goûts de la marquise : « (Le Marquis de Molac) me montroet hier des missives d'amour et des vers qu'il avoet faits pour les plus belles dames de la province & particulierement pour madame de Sevigné, aveq les reponces de la mesme dame & plus de 300 vers de sa façon & de son esprit, qui themoignent qu'elle a bon esprit et qu'elle est de tres belle humeur ».

Dans la première lettre de 1644, on notera aussi le passage sur le compte-rendu du voyage d'Henriette de France, Reine d'Angleterre, que Guy Autret fit parvenir à Théophraste Renaudot pour être publié dans la Gazette : « J'ay receu la vostre du 14 de ce mois & je vois par l'article qui est dans la Gazette que vous avés prins la paine de montrer ma relation à Renaudot. Je vous aye envoié une seconde plus ample du depuis, laquelle aura encore peu servir au dit Renaudot ».

En savoir plus :

Billet du 14.07.2012

10 Patrimoine et langue vernaculaires

« Petit patrimoine ou patrimoine vernaculaire : l'ensemble des constructions ayant eu, dans le passé, un usage dans la vie de tous les jours », Wikipedia

Billet du 07.07.2012
Billet du 07.07.2012

En 1934, René Hostiou, agriculteur à Pennanec'h, est conseiller municipal dans l'équipe du maire Pierre Tanguy. En contrebas de sa propriété, en plein milieu du quartier de Stang-Venn, formé récemment des maisons des ouvriers de la papeterie d'Odet proche, il demande à la commune de construire « un lavoir et une fontaine pour les habitants du quartier de Stang-Venn ».

Et ensuite René Hostiou, dans l'esprit de défense des intérêts du village, propose au maire et à la municipalité d'acheter la parcelle de 100 m2, « inscrit au plan cadastral sous le numéro 161.P de la Section B », pour la somme de 300 francs de l'époque, soit 205 euros de 2012. Cette acquisition est entérinée par le conseil municipal du 24 mai 1934.

Ce lavoir est situé à la source du ruisseau de la vallée de Stang-Venn, ruisseau qui va cheminer jusqu'au Bigoudic et l'Odet, le long du chemin que les anciens appelaient « Goarenn ar Ster ».

Cet endroit aujourd'hui caché de la vue, menacé de disparition, devrait être considéré comme un élément du petit patrimoine de notre commune. Il mériterait un grand nettoyage ; les enfants du quartier qui aimaient cet endroit l'avaient démarré en 2007.

Il faudrait aussi sans doute remettre une toiture légère sur les bases des poteaux encore debout, et la figure locale de 1934, René Hostiou, en serait honorée !

En savoir plus : « 1934 - Acquisition communale du terrain du lavoir et fontaine publiques de Stang-Venn »

Dans une logique très proche de défense du patrimoine, signalons que le conseil municipal a officialisé en séance du 04.06.2012 l'adoption de la charte « Ya d'ar brezhoneg » (Oui à la langue bretonne). L'évènement a été signalé dans les colonnes du Télégramme : « " Nous nous engageons à atteindre le niveau 2 de la charte dans un délai de trois ans ", a précisé Pierre-André LeJeune. Pour ce faire, la ville mettra en place des panneaux bilingues aux entrées de la commune, optera pour le bilinguisme systématique pour toute nouvelle signalétique et renouvellement de plaques de rue, enverra des cartons d'invitation bilingues, présentera un éditorial bilingue dans le magazine municipal, continuera à soutenir la filière bilingue et l'initiation au breton, promouvra les cours de breton pour adulte, réalisera une enquête sur la connaissance du breton par le personnel communal, financera des actions de formation au breton pour ce dernier, enregistrera un message bilingue sur le répondeur de la mairie ».

11 De l'austérité à la fantaisie !

« Austérité, s.f. : politique visant à restreindre la consommation par divers moyens, comme la restriction du crédit ou l'aggravation fiscale »

"Ce bulletin n'est nullement austère, il est plutôt fantasque !"
"Ce bulletin n'est nullement austère, il est plutôt fantasque !"

Et oui c’est déjà le sixième été du bulletin trimestriel Kannadig, né en 2007. À l’époque, on avait choisi un format intérieur noir et blanc, un peu austère, sans doute par souci de discrétion et d’économies.

Aujourd’hui il était temps d’ajouter un petit peu de fantaisie et de couleurs. Des 3 colonnes rigides de l'édition originelle, on en a gardé seulement deux et libéré de l’espace pour les photos et les encarts.

Pour l’impression papier en couleurs du présent numéro 19, c’est encore un essai, ce n’est pas le luxe ultime, car on cherche activement une formule qui allierait le prix modique, le plaisir du toucher et des yeux, et un poids inférieur à 100 g pour les envois postaux.

On aura la solution pour le numéro 20 en septembre prochain, c’est promis !

Sinon, profitez bien des articles du 2e trimestre. Avec notamment l’appel à préparation du centenaire des Paotred-Dispount, un texte enflammé de Jean-Marie Déguignet contre les machines à couper les bras des papetiers, le classement en monument historique du buffet d’orgue de 1680, un nouveau document relatif à l’octroi communal, l’évocation des Cloches du Centenaire de 1922 par Théodore Botrel, les photos du taxi Citroën Rosalie le héros du casse du S.T.O., des droits d’étalage contestés à Kerdévot ...

Téléchargement et lecture du bulletin : « Kannadig n° 19 Juillet 2012 »

Billet du 30.06.2012

Nota: l'envoi à domicile des bulletins par voie postale se fera courant de la semaine prochaine, au plus tard le prochain weekend, si toutefois il ne fait pas trop chaud ...

12 La papeterie Bolloré au 19e siècle

« Il y a deux ou trois ans un individu ayant travaillé dans cette fabrique me disait que la veille on avait encore coupé les bras à dix ouvriers d'un coup »

Le texte de Jean-Marie Déguignet, aux observations datées de 1897-1898, en pages 514 et 515 de l'Intégrale des « Mémoires d'un paysan bas breton », est véritablement un morceau choisi très savoureux.

Après avoir introduit son sujet par une anecdote mettant en scène un milliardaire américain, puis évoqué l'inventeur de l'expression populaire « Tonnerre de Brest » (non ce n'est ni Hergé, ni le capitaine Haddock), et enfin glissé un dialogue entre un voisin et un ancien ouvrier de la papeterie, il nous présente avec ironie et passion le palais enchanté de la fabrique de papier d'Ergué-Gabéric, avec « des machines à couper les bras ».

Et c'est une scène digne des Temps modernes de Charlie Chaplin : « Je voyais des machines tourner partout, en dehors, en haut, en bas, à droite et à gauche ». Il décrit ensuite la fabrication entièrement automatique du papier, depuis les broyeuses de pâte, jusque les machines à découper, en passant par le plateau de fer et les cylindres sécheurs.

Mais c'est quand il évoque les milliardaires exploiteurs et les ouvriers « impassibles, paisibles, avachis, le ventre vide, en haillons » que son style s'amplifie, les phrases s’allongent, le rythme s'accélère ...

Et, en fil conducteur, la belle image de ces machines à couper les bras « qui tournent jour et nuit au profit de quelques millionnaires et milliardaires et semblent rire en leur mouvement perpétuel et se moquer de ces autres pauvres machines en chair et en os qui restent crever de faim en les regarder tourner ».

Un texte qui restera très certainement dans les annales : « Déguignet face aux machines de la papeterie Bolloré à la fin du 19e » ¤ 

On en profite pour publier et annoter deux documents inédits relatifs à la famille Bolloré à la fin du 19e siècle. Le premier daté de 1865 mettant en scène le premier patron Bolloré en succession du fondateur Nicolas Le Marié : le docteur Jean-René Bolloré qui signe du double nom « Le Marié & R. Bolloré ». Le deuxième document : une lettre de 1888 signée de la veuve du précédent, une patronne également et une Bolloré de son nom de jeune fille.

En savoir plus : « 1865 - Demande de réparation du chemin vicinal par Le Marié-Bolloré » ¤ 
« 1888 - Le mandat-poste de la veuve du docteur Bolloré au préfet du finistère » ¤ 
Billet du 22.06.2012

13 Nommé recteur au Grand Terrier

« Le 2 nov. 1781 le procureur fait apposer les scellés sur les meubles laissés au presbytère par le recteur Gallois nommé au "Grand TERRIER" (sic) »

Le numéro 37 de la magnifique revue trimestrielle « Kaier ar Poher » du Centre Généalogique et Historique du Poher vient de sortir cette semaine, et on y découvre notamment un article de Goulven Péron super bien documenté qui intéresse Ergué-Gabéric à plus d'un titre.

L'article de 9 pages a pour sujet « Le clergé de Laz de 1754 à 1800 - Messires Gallois et Jacob », lequel Joseph-Emmanuel Gallois sera nommé recteur d'Ergué-Gabéric en 1781. Ce recteur de Laz, au caractère pas commode, se décrivait lui-même comme « licencié de Sorbonne » ou encore « licencié en théologie de la faculté de Paris ».

Quand il quitte Laz pour le « Grand Terrier » - formulation en altération de Grand-Ergué ou an Erge-Vras en breton désignant autrefois la paroisse d'Ergué-Gabéric et inscrit sur la carte de Cassini de 1750-1790 -, on pose les scellés sur le presbytère pour éviter la fauche.

Mais l'après-midi même, le recteur tout juste installé au Grand Terrier, se rend illico à Laz, descend de son cheval, et se précipite au presbytère :

« Il monte au cabinet du levant et brise les scellés. Il remplit ensuite une grande valise de sacs d'argent, de papiers divers, et s'en retourne à cheval à Ergué. Craignant peu l'autorité publique, il revient le lendemain, et embarque d'autres biens. Le procureur ne peut que constater l’infraction : c'est un crime grave et une procédure criminelle sera engagée ».

En savoir plus : « PÉRON Goulven - Le clergé de Laz de 1754 à 1800 » ¤  Billet du 16.06.2012

Nota : C'est bientôt l'heure du « Kannadig an Erge Vras » et de son édition papier en clôture du 2e trimestre de publications d'articles sur le site Internet du Grand Terrier. À la vue de la qualité de la revue « Kaier ar Poher », nous nous demandons si, avant la fin de l'année, on ne devrait pas passer aussi à la quadrichromie. À suivre !


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