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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

Un article de GrandTerrier.

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Sommaire


Modifications au jour le jour : [Journal des MàJs]
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1 De l'austérité à la fantaisie !

« Austérité, s.f. : politique visant à restreindre la consommation par divers moyens, comme la restriction du crédit ou l'aggravation fiscale »

"Ce bulletin n'est nullement austère, il est plutôt fantasque !"
"Ce bulletin n'est nullement austère, il est plutôt fantasque !"

Et oui c’est déjà le sixième été du bulletin trimestriel Kannadig, né en 2007. À l’époque, on avait choisi un format intérieur noir et blanc, un peu austère, sans doute par souci de discrétion et d’économies.

Aujourd’hui il était temps d’ajouter un petit peu de fantaisie et de couleurs. Des 3 colonnes rigides de l'édition originelle, on en a gardé seulement deux et libéré de l’espace pour les photos et les encarts.

Pour l’impression papier en couleurs du présent numéro 19, c’est encore un essai, ce n’est pas le luxe ultime, car on cherche activement une formule qui allierait le prix modique, le plaisir du toucher et des yeux, et un poids inférieur à 100 g pour les envois postaux.

On aura la solution pour le numéro 20 en septembre prochain, c’est promis !

Sinon, profitez bien des articles du 2e trimestre. Avec notamment l’appel à préparation du centenaire des Paotred-Dispount, un texte enflammé de Jean-Marie Déguignet contre les machines à couper les bras des papetiers, le classement en monument historique du buffet d’orgue de 1680, un nouveau document relatif à l’octroi communal, l’évocation des Cloches du Centenaire de 1922 par Théodore Botrel, les photos du taxi Citroën Rosalie le héros du casse du S.T.O., des droits d’étalage contestés à Kerdévot ...

Téléchargement et lecture du bulletin : « Kannadig n° 19 Juillet 2012 »

Billet du 30.06.2012

Nota: l'envoi à domicile des bulletins par voie postale se fera courant de la semaine prochaine, au plus tard le prochain weekend, si toutefois il ne fait pas trop chaud ...

2 La papeterie Bolloré au 19e siècle

« Il y a deux ou trois ans un individu ayant travaillé dans cette fabrique me disait que la veille on avait encore coupé les bras à dix ouvriers d'un coup »

Le texte de Jean-Marie Déguignet, aux observations datées de 1897-1898, en pages 514 et 515 de l'Intégrale des « Mémoires d'un paysan bas breton », est véritablement un morceau choisi très savoureux.

Après avoir introduit son sujet par une anecdote mettant en scène un milliardaire américain, puis évoqué l'inventeur de l'expression populaire « Tonnerre de Brest » (non ce n'est ni Hergé, ni le capitaine Haddock), et enfin glissé un dialogue entre un voisin et un ancien ouvrier de la papeterie, il nous présente avec ironie et passion le palais enchanté de la fabrique de papier d'Ergué-Gabéric, avec « des machines à couper les bras ».

Et c'est une scène digne des Temps modernes de Charlie Chaplin : « Je voyais des machines tourner partout, en dehors, en haut, en bas, à droite et à gauche ». Il décrit ensuite la fabrication entièrement automatique du papier, depuis les broyeuses de pâte, jusque les machines à découper, en passant par le plateau de fer et les cylindres sécheurs.

Mais c'est quand il évoque les milliardaires exploiteurs et les ouvriers « impassibles, paisibles, avachis, le ventre vide, en haillons » que son style s'amplifie, les phrases s’allongent, le rythme s'accélère ...

Et, en fil conducteur, la belle image de ces machines à couper les bras « qui tournent jour et nuit au profit de quelques millionnaires et milliardaires et semblent rire en leur mouvement perpétuel et se moquer de ces autres pauvres machines en chair et en os qui restent crever de faim en les regarder tourner ».

Un texte qui restera très certainement dans les annales : « Déguignet face aux machines de la papeterie Bolloré à la fin du 19e » ¤ 

On en profite pour publier et annoter deux documents inédits relatifs à la famille Bolloré à la fin du 19e siècle. Le premier daté de 1865 mettant en scène le premier patron Bolloré en succession du fondateur Nicolas Le Marié : le docteur Jean-René Bolloré qui signe du double nom « Le Marié & R. Bolloré ». Le deuxième document : une lettre de 1888 signée de la veuve du précédent, une patronne également et une Bolloré de son nom de jeune fille.

En savoir plus : « 1865 - Demande de réparation du chemin vicinal par Le Marié-Bolloré » ¤ 
« 1888 - Le mandat-poste de la veuve du docteur Bolloré au préfet du finistère » ¤ 
Billet du 22.06.2012

3 Nommé recteur au Grand Terrier

« Le 2 nov. 1781 le procureur fait apposer les scellés sur les meubles laissés au presbytère par le recteur Gallois nommé au "Grand TERRIER" (sic) »

Le numéro 37 de la magnifique revue trimestrielle « Kaier ar Poher » du Centre Généalogique et Historique du Poher vient de sortir cette semaine, et on y découvre notamment un article de Goulven Péron super bien documenté qui intéresse Ergué-Gabéric à plus d'un titre.

L'article de 9 pages a pour sujet « Le clergé de Laz de 1754 à 1800 - Messires Gallois et Jacob », lequel Joseph-Emmanuel Gallois sera nommé recteur d'Ergué-Gabéric en 1781. Ce recteur de Laz, au caractère pas commode, se décrivait lui-même comme « licencié de Sorbonne » ou encore « licencié en théologie de la faculté de Paris ».

Quand il quitte Laz pour le « Grand Terrier » - formulation en altération de Grand-Ergué ou an Erge-Vras en breton désignant autrefois la paroisse d'Ergué-Gabéric et inscrit sur la carte de Cassini de 1750-1790 -, on pose les scellés sur le presbytère pour éviter la fauche.

Mais l'après-midi même, le recteur tout juste installé au Grand Terrier, se rend illico à Laz, descend de son cheval, et se précipite au presbytère :

« Il monte au cabinet du levant et brise les scellés. Il remplit ensuite une grande valise de sacs d'argent, de papiers divers, et s'en retourne à cheval à Ergué. Craignant peu l'autorité publique, il revient le lendemain, et embarque d'autres biens. Le procureur ne peut que constater l’infraction : c'est un crime grave et une procédure criminelle sera engagée ».

En savoir plus : « PÉRON Goulven - Le clergé de Laz de 1754 à 1800 » ¤  Billet du 16.06.2012

Nota : C'est bientôt l'heure du « Kannadig an Erge Vras » et de son édition papier en clôture du 2e trimestre de publications d'articles sur le site Internet du Grand Terrier. À la vue de la qualité de la revue « Kaier ar Poher », nous nous demandons si, avant la fin de l'année, on ne devrait pas passer aussi à la quadrichromie. À suivre !

4 L'octroi communal au 19e

« Arrête de délibérer et délivre un octroit municipal dont le produit sera employé jusqu'à parfait paiement à l'acquisition du presbytère », Conseil, 1806.

Placard affiché dans les lieux publics en 1857
Placard affiché dans les lieux publics en 1857

Dans les Echos d'avril 2008 le PDG de Cofiroute affirmait que ce n'était pas parce que les droits d'octroi avaient été abrogés par Anne de Bretagne, morte en 1514, qu'il ne fallait pas penser à réintroduire des barrières de péages sur le réseau routier breton ! ! !

L'histoire s'est naturellement déroulée bien autrement : l'octroi taxant l'entrée des marchandises dans les villes était perçu directement par les municipalités. Cette pratique perdura jusqu'à l'Assemblée Constituante de 1791 qui la supprima, puis le Directoire la rétablit en 1798. Et ensuite au 19e siècle les grandes villes furent autorisées à taxer certaines marchandises entrantes, surtout les boissons alcoolisées, et c'est en 1943 que l'octroi fut définitivement supprimé par le gouvernement de Pierre Laval.

Fin 2003 l'historienne et archiviste Nathalie Calvez a réalisé une excellente étude sur les dessous des droits d'octroi à Ergué-Gabéric au 19e siècle, publiée sous la forme d'un article très documenté dans un cahier de l'association Arkae.

La plupart des documents étudiés et cités sont aujourd'hui rassemblés, transcrits et publiés sur GrandTerrier : délibérations de conseils municipaux, placards de publication du règlement et tarif d'octroi, décret impérial ... Avec un petit inédit : la réponse négative en 1838 écrite et signée de la main du Ministre de l'Intérieur de l'époque. Qu'on se rassure : l'octroi perçu sur les boissons sera rétabli en 1857 et maintenu jusqu'en 1921.

En savoir plus : « 1806-1921 - L'histoire de l'octroi à Ergué-Gabéric au 19e siècle‎‎ » ¤ « 1838 - Refus d'autorisation de l'octroi sur les boissons par le ministre de l'Intérieur » ¤ 

Billet du 09.06.2012

5 Placître et fabrique de Kerdévot

« Je prie Monsieur le préfet de vouloir bien me donner son avis avant le 8 septembre prochain jour de la fête. Depuis un tem(p)s (im)mémorial on perçoit ce droit, le plat-citre appartient à Mr Mahé propriétaire », 1840.

Marchands ambulants à Kerdévot, Eugène Boudin, 1855-57 Billet du 02.06.2012
Marchands ambulants à Kerdévot, Eugène Boudin, 1855-57 Billet du 02.06.2012

René Laurent, maire, déforme l'orthographe du mot « placître » en « plat-citre », mais il sait compter et gérer les comptes de sa commune. Dans sa lettre du 14 août 1840 adressée au préfet et contenant quelques autres fautes, il demande son approbation pour la collecte des droits d'étalage des marchands ambulants le jour du pardon de Kerdévot.

Le préfet, le baron Boullé, reformule la demande, corrige les fautes d'orthographe, et souligne les points suivants :

Image:right.gif Seul le gouvernement est habilité à approuver les tarifs. Ceux-ci sont joints à la lettre, mais non conservés à ce jour. On peut les imaginer similaires à ceux de la chapelle Ste-Anne de Fouesnant en 1852 : « Dix centimes par mètre carré pour les charrettes, les chars à banc, les baraques ou tentes, les barriques, les tables ou bancs, les voitures, et les étals sur le sol. Cinq centimes pour chaque marchand ambulant ou étalagiste qui n'occupera pas la superficie d'un mètre carré ».

Image:right.gif Les revenus des droits d'étalage devraient alimenter la caisse de la fabrique plutôt que celle de la commune. À ce propos, bien que le maire affirme que les droits étaient perçus « depuis un tem(p)s (im)mémorial », ils ne sont pas mentionnés précisément dans les comptes de la fabrique de Kerdévot de la fin du 18e siècle, à moins qu'ils n'entrent dans la catégorie des « offrandes, oblations, vœux, testaments, hardes, gilets, poullets, cochons, bleds, beurres et autres présents ».

Image:right.gif Il est étrange que la fabrique ou la commune puisse percevoir les droits d'étalage sur le placître qui est la propriété privée de François Grégoire Mahé. Cette appartenance privée d'un placître est aussi exceptionnelle, et date de plusieurs siècles car elle n'est pas mentionnée dans les documents relatifs aux Biens Nationaux à la Révolution. Elle est par contre confirmée dans un document de 1855, un décret impérial qui érige le lieu de Kerdévot en église succursale et chapelle de secours, et qui authentifie la donation à la fabrique du placître par « les sieur et dame Mahé ».


En savoir plus : « 1840 - Droits d'étalage sur le placître de la chapelle de Kerdévot‎‎ » ¤ « 1788 - Compte de Jean Le Pouppon, fabrique de Kerdévot » ¤ « 1855 - Décret impérial pour l'érection de Kerdévot en chapelle de secours » ¤ 

6 Préparation du centenaire

« Les jeunes gens y font de la gymnastique, du football, apprennent à jouer de la trompette et sont exercés au tir à la carabine », Commissaire, 1923.

2013 sera l'année du centenaire des « Paotred Dispount », dont les bases ont été fondées en juillet 1913 par l'abbé Louis Le Gall. À l'époque, il s'agissait de l'association des Enfants ou des Chevaliers de Notre-Dame de Kerdévot aux activités gymnastique et musicales ...

Au retour de l'abbé de la Grande Guerre, la Société devint les « Paotred Dispount » ou « Les Sans Peur », proposant des activités sportives et de préparation militaire, le football devenant plus tard sa principale discipline.

Pour retracer ce siècle d'histoire, les Paotred recherchent d'autres photos, documents, coupures de journaux, films, objets collectors, maillots, survêtements. Une exposition est prévue au printemps 2013, la publication d'un recueil également. S'adresser directement à François Bosser, André Huitric et Laurent Huitric, ou par mail à paotred100at.giforange.fr

Le site GrandTerrier s'associant à cette initiative, nous rassemblerons toutes nos pièces d'archives et photos collectées sur ces 100 ans d'histoire locale. Nos toutes dernières trouvailles sont :

  • Le journal officiel du 23 septembre 1919 où fut publiée la création de l'association « Les Sans Peur ».
  • Une photo de 1931 de la clique musicale à Kerdévot et un article de l'Ouest-Eclair pour l'inauguration du patro de Keranna.
  • Le papier à entête de la Société des Paotred-Dispount en 1932 avec logo et cachet (visibles sur l'affiche ci-contre).

En savoir plus : « Les Paotred-Dispount depuis 1913 : archives, photos, témoignages *‎‎ »

Billet du 26.05.2012

7 Une Rosalie perdue de vue

« J'ai été interrogée à domicile par deux officiers de la Gestapo : "Votre voiture nous a fait des cochonneries à la préfecture !"  », Catherine Balès.

Le taxi héros du Casse du STO de 1944
Le taxi héros du Casse du STO de 1944

De nombreux témoignages ont déjà salué le rôle du taxi d'Hervé Balès qui transporta les 40.000 dossiers du STO de Quimper jusqu'au four à pain d'Ergué-Gabéric où ils furent brulés, privant les occupants de leurs fiches pour organiser des assignations forcées de travailleurs en Allemagne.

Suite au récit de Jean Le Corre, participant au célèbre casse, une incertitude demeurait sur la marque du véhicule. Le doute est désormais levé par le travail d'Hervé Yves Balès, second fils d'Hervé Balès, qui a retrouvé dans les papiers familiaux les photos du véhicule. Ce n'est pas une Renault, c'est bien une Citroën, et il s'agit d'une Rosalie avec ses chevrons impressionnants sur la calandre avant.

La suite des aventures du taxi est racontée par Catherine Balès, née Le Dé et épouse d'Hervé, car ce dernier était absent au moment des faits (capturé pendant la guerre dans la poche de Dunkerque, il était prisonnier dans un stalag en Autriche) : « J'ai démenti : "Oh non Monsieur, ce n'est pas possible !". Et on a visité le garage où la voiture était garée, près du magasin et de notre logement. Le garage n'était pas visible de l'appartement qui donnait sur l'église, la porte du garage n'était jamais fermée, et la pente du terrain permettait en plus de laisser rouler la voiture, passer devant le café Heydon (actuellement la "capitale"), puis démarrer "en prise" juste avant le cimetière de Pennarun et direction Quimper ! ... ».

À son retour de captivité en juin 45 Hervé Balès a repris sa voiture pour faire le taxi. Il était très sollicité pour les trajets du Bourg du Grand Ergué à Quimper. Avec ses 7 places régulières et les 3 à 4 places supplémentaires des enfants c'était un véritable mini-bus. Les anciens du Bourg se rappellent de ces virées où, jeunes à l'époque, ils étaient entassés dans le taxi dans la joie et la bonne humeur.

En savoir plus : « Le grand taxi populaire du casse du STO en 1944‎ »                         Billet du 19.05.2012

8 Du côté du Cleuyou

« Lachaud et Legrand sont du nombre restreint des architectes qui savent "comprendre" et prolonger, en évoluant, le merveilleux passé », A. Laprade.

À l'heure où la Société Archéologique du Finistère s'apprête à visiter le manoir et le parc du Cleuyou, souvenons-nous qu'il y a 80 ans le propriétaire de l'époque, Louis Le Guay, y lançait des travaux de rénovation qui portèrent essentiellement sur la structure de la tour du hall d'accueil et son escalier intérieur.

C'est le cabinet d'architecture Lachaud-Legrand qui fut chargé du projet, démarré en 1927 et achevé en 1932. Dans un opuscule édité en 1933 et rassemblant les chantiers que ces architectes bretons ont réalisé dans la région, on y trouve un cliché du grand photographe Joseph-Marie Villard.

En savoir plus : « LACHAUD Jacques & LEGRAND René - Travaux d'architecture‎ »

Cette visite nous donne aussi l'occasion d'aborder le sujet du pont du Cleuyou, son état passé et actuel. Ce magnifique pont à trois arches sur la rivière du Jet existait depuis des siècles à cet endroit, point de passage unique entre la ville de Quimper et la grande route du Centre Bretagne. En 1615 déjà il fit l'objet de travaux de consolidation. En 1831 comme il menaçait de s'effondrer sur sa rive droite, côté Ergué-Gabéric, on le répara avec de gros moyens. Aujourd'hui la voie d'accès a changé, la route passant au-dessus de l'Odet. Mais est-ce une raison pour laisser le pont du Cleuyou à l'abandon, de le décorer de gros tuyaux noirs et d'y laisser ses abords dans un état déplorable ? Le pont historique du Cleuyou mériterait mieux. Et dire qu'autrefois on disait « Hennezh neus tremened Pont ar C'hleuyou » pour désigner une personne moderne et volontaire !

En savoir plus : « 1831 - Devis pour la réparation du pont du Cleuyou‎ » (avec plan de l'ouvrage), « 1615 - Inspection des ponts du Cleuziou-Ponteven et Pont-Odet », et « Photos du pont du Cleuyou en 2011-12 »

Et enfin évoquons la côte juste au-dessus du château du Cleuyou. Aujourd'hui on l'englobe dans un grand quartier qu'on appelle le Rouillen. Mais au début du 19e siècle on désignait cette portion de territoire du nom de « Terre noire », à l'instar d'un autre village situé sur le versant ouest de Quimper. Une mine de charbon constituerait aussi l'explication de ce nom étrange ?

En savoir plus : « 1828 - Etat du chemin vicinal à la Terre Noire près du Cleuyou‎ »                   Billet du 11.05.2012

9 Reconnaître un bon chasseur

« Pendant les trois premières années à dater du 1er septembre 1897, les perdrix cesseront d'être tirées le 31 octobre », Article 9 de la St-Guénolé.

En 1897 la société cynégétique, autrement dit "de chasse", de « La Saint-Guénolé » demandait une autorisation de fonctionnement à la Préfecture du Finistère et publiait à cette occasion ses statuts et la liste de ses membres.

Le principe de fonctionnement de la société de chasse est la mise à disposition des terres par leurs propriétaires sociétaires « soit gracieusement, soit à titre onéreux », et ses terres de chasse étaient réparties sur Ergué-Gabéric sur deux villages : Keranroux (exploité par Corentin Signour, le président de la Saint-Guénolé) et Kermoysan.

Au total les sociétaires étaient moins de 20, mais représentaient le haut gratin quimpérois en cette fin de 19e siècle, juste avant les conflits sociaux et politiques de 1905. Ils étaient négociants, propriétaires, futurs conseillers ou maires des différentes communes du Grand Quimper, et même sénateur comme Théodore Le Hars, avec des sensibilités politiques diverses. Comment éviter qu'ils ne s'invectivent violemment au sein de la société de chasse ? La réponse est dans l'article 11 de ses statuts : « Toute discussion politique ou religieuse est formellement interdite aux réunions des sociétaires ».

En savoir plus : « 1897 - Homologation de la Société de chasse "La Saint-Guénolé"‎ »

Billet du 05.05.2012

En 1984, soit un siècle plus tard, sur la commune d'Ergué-Gabéric il y avait encore 29 sociétés de chasse. Laurent Quevilly en rendait compte dans les colonnes d'Ouest-France : « La chasse. Le sujet en soi est déjà générateur de passions. Mais il atteint une autre dimension à Ergué-Gabéric, vaste commune "rurbaine" de la périphérie quimpéroise. Car pas moins de 29 sociétés pour 170 chasseurs y quadrillent le territoire. Un cas unique qui a des racines historiques ».

En savoir plus : « Les 29 sociétés de chasse gabéricoises, OF-LQ 1984 »

10 Les gros décimateurs

« De tout temps immémorial l'on a de coustume de payer de quinze gerbes l'une audit seigneur Eveque sans préjudice aucunement au droit du recteur »

Cette semaine nous publions un document d'archives qui serait carrément digne de figurer dans un manuel scolaire d'Histoire de France en tant que support pédagogique et illustratif !

Cela se passe en plein été 1584. Imaginez le fermier des dîmes de l'évêque, c'est-à-dire son collecteur d'impôts, arrivant à Kermorvan dans le champ de blé de froment qui devait être moissonné, pour en prélever une gerbe sur seize, constater que la récolte a déjà été faite à son insu, et que le domanier refuse cette imposition, ayant déjà réglé la dîme au recteur de la paroisse.

Il faudra un jugement en bonne et due forme au Présidial de Quimper pour départager les contradicteurs.

Dans la rapport relatant cette affaire, les arguments de part et d'autre, les enquêtes et la conclusion d'instruction, on découvre les us et coutumes autour de cette dîme ecclésiastique : pourquoi certains étaient appelés « gros décimateurs », qu'était la « portion congrue », comment la dîme de Kermorvan se superposait à la rente due au titre de domaine congéable (détenu au profit du « noble homme Vincent Rozerc'h de la Forest » **) ...

C'est aussi l'occasion d'analyser comment à Ergué-Gabéric, commune rurale à proximité d'une ville épiscopale, ces droits fiscaux d'Ancien Régime ont peu évolué aux 17e et 18e siècles. Et que les rédacteurs locaux des cahiers de doléances se sont contentés de demander une meilleure répartition pour ses titulaires : « Qu’il soit fait une répartition proportionnelle de tous les biens ecclésiastiques, sans distinction, de manière que tous les membres du clergé y aient une part raisonnable et graduelle, depuis l’archevêque jusques aux simples prêtres habitués des paroisses, afin que ceux-ci soient affranchis de la honte de la quête, c’est-à-dire de celle de mendier ».

En savoir plus : « 1584 - Dixmes pour Kermorvan en Ergué-Gabellic »

Billet du 28.04.2012

** À propos de la maison noble de Rozerc'h signalons en ce début d'année la sortie du premier numéro de la magnifique revue « Manoirs et vieilles demeures de Cornouaille » dont un article de Jakez Cornou retrace l'histoire de ce manoir de La Forêt, détenu par Vincent Rozerc'h en 1584, rasé en 1943, à l'emplacement actuel de la Maison des Associations près de l’Hippodrome (Quimper-Est). Les Rozerc'h ont également détenu le château de Pennarun au bourg d'Ergué-Gabéric où on peut encore admirer leur blason.

11 Un monument re-classé

« Le voici enfin, notre cher et vieux Dallam, resplendissant sous ses ors et ses riches coloris, le voici tel qu'il était il y a 300 ans », J-L. Morvan, 1980.

La couverture du dernier bulletin municipal met magnifiquement en valeur l'orgue historique de l'église paroissiale, conçu et construit par le facteur d'orgue anglais Thomas Dallam en 1680. Ce à l'occasion de son classement il y a 4 mois parmi les Monuments Historiques pour sa partie visible, c'est-à-dire le buffet et le garde-corps de la tribune. Le 11 décembre 1975 il avait déjà été classé une première fois pour sa partie instrumentale.

De 1978 à 1980 un chantier de restauration fut lancé et animé par le recteur de la paroisse Jean-Louis Morvan, ces travaux portant sur l'instrument lui-même, mais aussi sur son aspect décoratif extérieur. Les travaux de peinture engagés juste avant son inauguration pour le concert du tricentenaire révélèrent la polychromie d'origine, ce qui explique le classement que la nouvelle Commission Supérieure des Monuments Historiques vient de lui accorder.

En savoir plus : « Arrêtés de classement de l'orgue Dallam d'Ergué-Gabéric »

Cet évènement nous amène à nous remémorer la fête du tricentenaire en 1980 après sa restauration. Et à publier le discours de l'abbé Morvan, texte resté jusqu'à présent sous sa forme manuscrite.

Discours spontané où il met toute sa fougue, cette passion et énergie qui ont permis de mener les démarches administratives, financières et techniques pour la rénovation. Dans ce discours on retrouve les différents acteurs de cette aventure qu'ils soient de la commune (13) ou « extérieurs » (innombrables), mais aussi les anecdotes et rebondissements du projet.

Il relate ainsi la rénovation du buffet : « Et tous ces ors, ces riches coloris, nous les devons à Mr Hémery, du Faouët. Avec ses compagnons, tous très jeunes, mais combien artistes et amoureux de leur métier, il s'est penché sur un orgue terne, sans vie, pour arriver à en faire cette splendeur qui nous éblouit, une splendeur d'époque, l'orgue étant gothique flamboyant, fabriqué ses couleurs comme le faisaient les peintres du Moyen-Age. Délicatement il a décapé 2 couches de peinture qui recouvraient les deux tableaux pour arriver à nous donner la couleur d'origine ».

En savoir plus : « 1980 - Discours d'inauguration de l'orgue Dallam restauré »

Billet du 21.04.2012

Nota: nous vous offrons un petit cadeau supplémentaire, à savoir trois videos d'un grand organiste démontrant les qualités sonores et musicales de l'orgue gabéricois, cf. « Improvisations de Frédéric Munoz sur l'orgue Dallam d'Ergué-Gabéric‎ » ¤ .

12 Souvenirs de guerre d'Algérie

« Les opérations continuent dans le coin ; avant hier les Fellous ont abattu un T-6 et un hélicoptère », Josig Huitric de Pen-Carn, le 8-12-58.

Bien que l'expression « guerre d'Algérie » ait eu cours dans le langage courant, les termes officiellement autorisés par l'administration française étaient « opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord ». La mention « guerre d'Algérie » n'a été reconnue en France que par la loi du 18 octobre 1999 sous le gouvernement de Jacques Chirac.

Jusqu'à récemment les témoignages des soldats français envoyés là-bas pour « le maintien de l"ordre » ont été relativement rares. Était-ce de la pudeur, de la honte ou simplement la peur de ne pas être compris ? En 2012, le cinquantenaire du cessez-le-feu et de l'indépendance de l'Algérie est une occasion de publier quelques souvenirs d'appelés réservistes gabéricois.

Et pour commencer les lettres expédiées pendant le conflit par un jeune homme né à Ergué-Gabéric en 1937 :

  • Josig Huitric est incorporé début 1957 dans le 8e RIM (Régiment d'Infanterie Motorisé) et prend la direction de Saïda à 250 km au sud d'Oran.
  • Il participe à des opérations militaires, en 1959 sous les ordres du colonel Bigeard, pour débusquer et tuer les « fellouzes » rebelles, mais on le voit aussi sur une photo, sans arme, distribuer du pain à des enfants algériens (cf. ci-dessus).
  • Toutes les semaines il écrit une lettre à sa mère, quelquefois à sa sœur et ses tantes, dans lesquelles il décrit son quotidien et leur demande des nouvelles du pays, de son chien, des poules ... et de son équipe de foot les P.D. (les Paotred-Dispount).
  • On trouvera dans ces lettres de merveilleux bretonnismes récurrents, et surtout une manière très spontanée de raconter l'histoire, en mêlant les décomptes des pertes humaines aux évocations de son pays gabéricois, son village de Pen-Carn et sa famille.

En savoir plus : « 1957-1959 - Lettres de Josig Huitric, sergent à Saïda en Algérie »

Billet du 14.04.2012

13 Déguignet contre Tolstoï

« Et chaque soldat proférait des menaces contre l'ennemi et jetait, en atteignant le côté nord, un dernier regard sur Sébastopol abandonné », Tolstoï

En juin 1856, de retour en France après sa participation à la prise militaire de Sébastopol, le soldat Déguignet recevra, non sans une certaine fierté retenue, la fameuse médaille de Crimée avec le portrait de la reine Victoria d'Angleterre.

La médaille de Crimée est une médaille commémorative britannique, décernée aux officiers anglais, sous-officiers, soldats et marins de tous grades ayant participé à la guerre de Crimée avant le 8 septembre 1855. Comme les deux pays s'étaient alliés pour mener cette guerre et que la France ne possédait pas de médaille commémorative de campagne, la médaille de Crimée britannique fut reconnue par le gouvernement français par décret du 26 avril 1856, et attribuée à tous les militaires français survivants ayant participé à cette campagne.

Dans cet article, on pourra relire les multiples témoignages de Déguignet sur le déroulement de la prise de Sébastopol : « Je n'ai pas la prétention de faire ici l'historique de cette grande journée, ne faisant ni de l'histoire ni œuvre littéraire », et les comparer à ceux de Léon Tolstoï qui combattait dans le camp ennemi de l'armée Russe.

Le soldat français témoigne : « Tout à coup, un hourra formidable retentit, poussé à la fois par des milliers de poitrines françaises, anglaises, piémontaises, et aussi par tous les civils qui se trouvaient là-haut près du télégraphe. On venait de voir le drapeau tricolore flotter au sommet de la tour Malakoff. C'était fini. Sébastopol était à nous, du moment que nous avions la clef ».

En savoir plus : « La médaille de Crimée de Jean-Marie Déguignet » en [Espace "Déguignet"]

Billet du 07.04.2012


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