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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Version du 1 octobre ~ here 2022 à 09:00

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Chaque semaine, un nouveau billet annonçant un ou plusieurs articles sur le site GrandTerrier.

Une compilation des billets est publiée en fin de trimestre sous la forme des chroniques du Bulletin Kannadig.

Anciens billets hebdos : [Actualité, archives]

Les anciennes affichettes : [Accroches à la une]

Modifications d'articles : [Journal des MàJs]


Sommaire

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1 Portraits d'actrice et génériques

01.10.2022 - Quelques tableaux de maîtres commandés par Gwenn-Aël Bolloré et Renée Cosima, son épouse, et insérés dans les génériques de leurs courts-métrages : merci à leur fille Anne Bolloré pour la communication du cliché du tableau Goerg de sa collection privée et pour son témoignage familial éclairé.

À l'époque, dans toutes les salles de cinéma de France, les grands films étaient précédés il y avait de la pub, des actualités et un court-métrage. Et Gwenn-Aël Bolloré et son épouse ont produit ensemble un certain nombre de « courts », la plupart sur les thèmes de la mer, la pêche et l'océanographie. Leur fille Anne témoigne : « Pour chacun de ces films, mon père demandait à un artiste de réaliser un portrait de Maman qui servirait de fond pour le générique. »
L'un d'entre eux intitulé « L'Odet », filmé en noir-et-blanc, démarre par le visage souriant de Renée Cosima. Le tableau original (cf. ci-dessous) réalisé par Edouard Goerg est encore plus attrayant avec ses couleurs chatoyantes : on la voit portant une corne d'abondance ou un grand bouquet de fleurs, et en arrière-plan, en vue plongeante depuis le manoir familial d'Odet, coule la rivière avec ses poissons, un pêcheur et un lièvre.

Edouard Goerg (1893-1969), élève des "bretons" Paul Sérusier et Maurice Denis, est un peintre majeur de l’expressionnisme français, son œuvre se caractérisant par des couleurs profondes et des compositions étranges.

  Dans trois autres courts-métrages filmés en couleur, « Le vire-cailloux », « Derniers voiliers » et « Requins sur nos plages », un autre tableau est inséré en générique, à savoir l'œuvre du peinte Jean Carzou (1907-2000) d'origine arménienne et installé en Provence.

On y voit Renée Cosima posant de profil devant une armada de voiliers. Sa fille l'apprécie moins que le Goerg : « un Carzou, où la silhouette de Maman, sur fond de mâts, me faisait un peu honte tant il avait exagérément moulé ses seins dans un tricot de marin. »

Les autres portraits de René Cosima, tableaux commandés par Gwenn-Aël Bolloré dont on n'a pas les fac-similés, sont les suivants :

  • Bernard Buffet (1928-1999) : « Un portrait où Maman, sur fond de paysage méditerranéen, ressemble à Bernard Buffet. »
  • Paul Kerouedan (1929-2016) : « Maman étant assise sur une table basse dans le salon d’hiver, riche de souvenirs africains, d’où l’on voyait couler la rivière, mais sur ce tableau, elle portait quinze ans de plus qu’elle n’en avait. »
  • et à l'occasion du film long-métrage « Les Naufrageurs », Marcel Jacno (1904-1989),  : « un tableau où la présence de ma mère n’était en rien diminuée par le capuchon de la naufrageuse. »


En savoir plus : « Portraits de peintres et génériques de Renée Cosima-Bolloré »

2 Vive la classe 59

25.09.2022 - Sur le thème « Faire parler les photos anciennes », la parole est donnée aux anciens et leurs descendants. Cette semaine une photo de classe qui n'est pas du tout scolaire, mais celle de jeunes qui se sont rassemblés pour la 1ère fois l'année de leur 20 ans.

Jusqu'aux années 1970, on a connu la tradition de la "classe", sorte de coterie ou de clan pouvant regrouper quelques dizaines de jeunes gens d'une même commune, baptisée par l'année de leur 20 ans quand ils étaient appelés au service militaire.

Et leur premier rassemblement cette année-là était festif et donnait lieu à une photo souvenir. La classe 1959 photographiée ci-dessous est formée des jeunes gens nés en 1939, mais aussi pour la seconde fois des jeunes filles gabéricoises du même âge (la classe 1958 « d'avant-garde » était aussi mixte).

Merci à Geneviève Salaün, épouse Cosmao, pour nous avoir communiqué la photo de sa classe et identifié les premières têtes connues. Sur cette photo posent 28 jeunes enjoués, la plupart des garçons coiffés d'un béret, et presque toutes les filles d'un large chapeau exotique.

Ils se sont rendus tous bien endimanchés dans le studio d'un photographe professionnel quimpérois et la fête s'est ensuite déroulé à la salle Thomas au Bourg. Comme le voulaient les traditions de l'époque, les gars ont élu la reine de leur groupe, et c'est, parait-il, Denise Istin de Quélennec qui obtint le titre.

Avec les encarts mensuels d'état-civil publiés dans la presse locale et suite à un appel aux anciens, tous les jeunes de la classe de 1959 ont été identifiés (il ne manque qu'un prénom) et leurs villages d'appartenance notés.

  Beaucoup sont du quartier d'Odet, quelques-uns du bourg et de l'ouest du territoire communal, et à l'est ils sont largement moins nombreux.
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1. Fanch Gaonac'h (Kerho) 2. Annick Le Meur (Quélennec) 3. Pierre Floc'h (Poulduic) 4. Jeannine Narvor (Stang-Venn) 5. Louis Le Dé (Kernoaz) 6. Yvette Thomas (Lestonan) 7. Louis Barré (Bourg) 8. Geneviève Salaün (Kerdudal) 9. Corentin Gaonac'h (Kerho)[1] 10. Yves Quillec (Ty-Nevez-Coutilly) 11. Jean-Claude Velin (Keranguéo) 12. Germaine Le Meur (Bigoudic)) 13. Noël Le Moigne (Keranguéo) 14. Annie Le Roux (Kernevez) 15. Alain Letty (Menez-Kerdévot) 16. ? Cossec (Menez-Kerveady) 17. Louise Le Moigne (Bourg) 18. Hervé Yaouanc (Kerellou) 19. Marcel Le Moigne (L'Hotel) 20. Louis Le Roux (Bohars) 21. Marie-Antoinette Le Floc'h (Bigoudic) 22.  ? Vautier (Rouillen) 23. Annick Thomas (Ker Anna) 24. André Bellinger (Keranguéo) 25. Denise Istin (Quélennec) 26. René Feunteun (Munuguic) 27. Monique Huitric (Lestonan) 28. Pierre Bellinger (Keranguéo)

Un appel aux bonnes volontés aux participants ou proches reste d'actualité pour la collecte des anecdotes relatives à leur fête de classe.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1959 - La classe des filles et des gars nés en 1939 »

3 Gustave, Person Bragou Ruz

17.09.2022 - Gustave Guéguen, surnommé "Gustave" par tout le monde, recteur de la paroisse d'Ergué-Gabéric de 1941 à 1956, a tenu un registre-journal dans lequel il parlait de lui alternativement à la 3e personne (« le Recteur arriva à l'heure fixée ») et la 1ère personne (« je viens d'apprendre que ... »).

La fraîcheur de ses observations, ses agacements et obsessions, sont un vrai matériau pour comprendre cette époque de guerre et d'après-guerre. Fanch Ac'h et l'association ont démarré et publié quelques extraits, notamment pour les années 1941 et 1947, et Jean Guéguen a transcrit certaines pages de 1943 et 1944. Mais le travail est loin d'être achevé : un jour prochain il sera peut-être possible d'en publier une version intégrale. D'ores et déjà, voici quelques perles qui peuvent donner une idée des transcriptions déjà réalisées (cf. les textes en ligne).

Le 2 mars 1941, le recteur constate une bonne assistance au pardon de St-Guénolé, mais il ne peut s'empêcher de pourfendre la jeunesses : « Il est toutefois regrettable que certains jeunes gens et jeunes filles, au lieu d'assister aux offices, aient senti le besoin de se réunir trop nombreux dans les granges du voisinage pour des amusements » et il conclut par un « Des arriérés !  »

La rentabilité des quêtes est l'une de ses grandes obsessions, que ce soit pour les grand messes, les messes basses et les pardons : « 5 F. comme offrande à toutes les messes !!! Inconcevable.  » ; « Un pardon qui paie bien. », à savoir le pardon "mud" (muet) de Kerdévot le 10 avril 41.

L'occupation de l'école des sœurs par un cantonnement de soldats allemands en juillet 1943 est racontée avec des précisions quant à la façon dont le déménagements des meubles et des occupantes a été organisée : « Jusqu'à 23 h on a transporté au presbytère dans la cour, les objets les plus hétéroclites. Dans la matinée du samedi le clergé, les abbés ont mis un peu d'ordre dans ce capharnaüm ».

Quand la fin de la guerre se profile, Gustave observe et note un tas d'évènements, l'arrivée des résistants au bourg, avec les drapeaux français qui apparaissent une journée - « deux cafés arborent les 3 couleurs » - et sont retirés ensuite par crainte de l'occupant. Et cet exploit d'un jeune garçon anonyme (?) : « Un scout a hissé le drapeau au sommet de la tour (clocher) sans ma permission. J'ai fait la remarque le lendemain et le jeune est venu offrir ses excuses. »

On notera aussi ce passage où le recteur évoque l’exécution du résistant François Balès, boulanger au bourg : « Cette mort m'affecte beaucoup, car si nous avons de grandes divergences, ce jeune homme s'approchait de moi parce que ma loyauté l'attirait. ». Derrière la carapace on devine une humanité débordante qui sut se remettre en question.

En savoir plus : « Journal paroissial du recteur Gustave Guéguen, extraits 1941-47 »

 
Le jeune Jean Guéguen et l'abbé Pennarun

Jean Guéguen né en 1926 a produit cet article manuscrit dans lequel il fait le portrait du recteur gabéricois de son adolescence : « Notes sur Gustave Guéguen, recteur de la paroisse d'Ergué-Gabéfic (1941-1956) que m'a contées l'abbé Pennarun qui l'a remplacé après son décès, à la tête de la paroisse. Ces récits m'ont été faits dans les années 1960. »

Grâce à eux on apprend que le recteur Gustave Guéguen, pour exercer sa passion du jardinage, mettait systématiquement un pantalon de couleur brique, ce qui lui valut ce surnom de « Person bragou ruz », le recteur au pantalon rouge.

C'est dans cette tenue qu'il fut surpris un jour lors d'une visite des neveux du diplomate Jean François Poncet, l'un de ses amis. Il leur dit quelques mots, partit discrètement se changer, et les retrouva dans sa salle à manger et dit en évoquant le premier contact : « c'est mon frère jumeau que j'héberge et qui entretient le presbytère ! ».

On apprend aussi que la veuve de René Bolloré, pour remercier Notre-Dame de Kerdévot d'avoir protégé ses deux fils René-Guillaume et Gwenn-Aël pendant le conflit, a financé la réalisation de six statues destinées à orner les niches vides du calvaire de Kerdévot. Mais Gustave s'embrouilla avec le directeur des Monuments Historiques et les statues de pierre ont dû être dispersées dans des écoles et autres églises des environs.

En savoir plus : « Gustave "Person bragou ruz" raconté par Jean Guéguen et l'abbé Pennarun »

4 Années difficiles 1940-45

11.09.2022 - Aujourd'hui, jour du pardon de Kerdévot, reprise des billets hebdos avec un texte de Jean Guéguen (1926-2018), lequel a toujours eu à cœur de transmettre aux générations suivantes la mémoire de son quartier et de sa famille, les évènements du passé et les richesses du patrimoine local.

En juillet 2022, en feuilletant l'un des livres de sa bibliothèque, « Le Finistère dans la guerre » de Georges-Michel Thomas et Alain Le Grand, nous avons trouvé ces 11 feuillets manuscrits rédigés dans les années 1990, « quelques soixante années plus tard », dans lesquels il rassemble les évènements significatifs de la période 1940-1945.

Dans ces pages, Jean Guéguen mélange ses souvenirs d'enfant habitant le quartier de Lestonan (son père y était boulanger), sa connaissance de la chronologie des évènements en région quimpéroise et les faits inédits rapportés dans le journal manuscrit du recteur Gustave Guéguen (cf. en article séparé).

Dans les deux feuillets supplémentaires où il détaille l'histoire de l'arrivée de l'armée allemande dans les écoles privées de Lestonan, il signe ainsi son texte : « Jean Guéguen témoin oculaire de l'époque et propos recueillis par le même auprès du Frère directeur François Nédélec ».

De ces souvenirs il en ressort un certain nombre d'anecdotes inédites, dont celles-ci :

  • les premières années : « les contacts étaient surtout d'ordre administratif avec la mairie, surtout en ce qui concernait les réquisitions de fourrages », et en 1941 un accident marquant, « un camion allemand est venu prendre du foin chez Pierre Quéré ... À la sortie de Lestonan, au virage de Lestonan-Vihan, le soldat qui était sur le chargement est éjecté et projeté sur la route. Il sera soigné par Malou Lazou, fille du directeur de l'école publique de Lestonan (tué au front en 1940). »
  • la réquisition de l'école des sœurs du Bourg en 1943 : « Trois officiers allemands se présentent à l'école des sœurs du bourg, ce jeudi 15 juillet. L'école doit être totalement libéré" pour le samedi 17 juillet à midi. Avec le concours de la population du bourg l'école est déménagée et le tout est transportée dans la cour du presbytère. Un vrai capharnaüm dira le recteur. »
 
  • l'arrivée d'un autre détachement à Lestonan : « il est demandé aux Frères de quitter l'école et de laisser leurs appartements tels quels. Le Frère directeur François Nédélec refuse et après une dispute tendue et épique avec l'officier commandant le détachement réussit à garder sa chambre. Interdiction formelle est faite d'évacuer quoi que ce soit de l'école. C'était sans compter sur la roublardise de René Sizorn, garde chasse chez Bolloré, celui-ci s'enferme dans la salle à manger avec le soldat allemand et le "dope" au lambic (alcool fort local) pendant qu'on déménageait le mobilier. »
  • le cambriolage des dossiers STO en 1944 (cf. autres articles sur le site GrandTerrier) : « Ceux d'Ergué Fanch Balès, Jean Le Corre, Pierre Moigne et Hervé Bénéat dérobent les dossiers des réfractaires, les entassent dans des sacs, puis dans la voiture qu'a emprunté François Balès à sa tante et reviennent à Ergué où les dossiers sont brûlés dans le four de la boulangerie familiale. ».
  • l'arrivée des résistants au bourg : « Vendredi 4 août. Dans la soirée, le bourg est en effervescence par l'arrivée de la résistance. Des voitures et des camions descendent des jeunes gens armés de fusils et de mitraillettes. Ces jeunes sont enthousiastes. et veulent "bouffer du boche". Le bourg est pavoisé de drapeaux français et alliés.  »
  • des exécutions choquantes : « C'est la stupeur à Ergué. François Balès a été tué sur les pentes du Menez-Hom. » ; « Auparavant en fin de matinée, un gabéricois, Jean-Louis Le Meur de Kervernic, se rendait à Ergué-Armel. Il fut pris en otage par une colonne de Russes Vlassov  » ; « une centaine de victimes, dont Yvon Benoit de Ti-Nevez-Kernaou qui, quelques jour auparavant, portait le drapeau lors des obsèques de son camarade François Balès. »

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Les années difficiles 1940-1945, témoignage de Jean Guéguen ». La semaine prochaine, nous poursuivrons par un portrait du recteur Gustave Guéguen (1889-1956), non apparenté à Jean, avec des extraits de son journal paroissial.

5 Bulletin Kannadig de l'été

Billet du 09.07.2022 - Version papier : 28 pages ou 7 feuillets A4 recto verso pliés en A5, agrafés et mis sous pli postal. ON FAIT UNE PAUSE DE BILLETS EN JUILLET AOÛT ET LE BULLETIN D'OCTOBRE RASSEMBLERA LES BILLETS DE SEPTEMBRE ET DES DOSSIERS SURPRISES PRÉPARÉS PENDANT L’ÉTÉ.

Du patrimoine du bourg aux photos des Bolloré

Ce bulletin, couvrant les articles du trimestre passé, démarre par 4 articles sur le patrimoine du bourg :

  • Le premier est relatif au puits ancestral de la Capitale avec son épigraphe datée de 1649.
  • Les 3 suivants portent sur la belle bâtisse du presbytère, aliénée comme bien national à la Révolution et recédée à la paroisse 30 ans après.

Nous avons ensuite deux chroniques de mémoire et d’archives militaires :

  • Les 23 jeunes conscrits nés en 1931 réunis pour la photo de leur « classe » et quelques souvenirs de la période de guerre.
  • Les documents Arolsen des camps en Allemagne pour 21 gabéricois déportés ou prisonniers.

Les 5 derniers articles s’inscrivent dans le cadre de la fête du bicentenaire des papeteries Bolloré d’Odet :

  • Les triples éloges funèbres du patriarche René Bolloré en 1935.
  • La commande par le susdit René d’une statue de sainte Thérèse pour la chapelle de Cascadec.
  • Et enfin trois séries inédites de photos de Jacques-Henri Lartigue en villégiature chez son ami René, puis chez ses enfants René-Guillaume, Jacqueline et Gwenn-Aël Bolloré, avec des extraits du journal du « génie du noir et blanc » et des reproduc-tions de ses albums de 1926, 1939, 1953 et 1980.

À l’instar de Jean Thomas se désaltérant au puits de la Capitale, cette belle réflexion sur la soif de poursuivre les recherches grand-terriennes : « Méfions-nous de l'eau qui, en nous désaltérant, nous prive des plaisirs de la soif. » (Grégoire Lacroix, Le penseur malgré lui, 2012).

 

Image:square.gifImage:Space.jpgLire, feuilleter ou imprimer le bulletin en ligne : « KANNADIG n° 58 JUILLET 2022 »

6 Retour du presbytère dans la fabrique

02.07.2022 - Fabrique, s.f. : désigne, avant la loi de séparation de l'église et de l'état, tantôt l'ensemble des biens affectés à l'entretien du culte catholique, tantôt le corps politique spécial chargé de l'administration de ces biens. >> 3e épisode de l'histoire du presbytère. Semaine prochaine : bulletin trimestriel.

À la Révolution, en 1796, le presbytère situé au bourg d'Ergué-Gabéric, déserté par son recteur réfractaire, est considéré comme bien national et vendu à titre privé pour 1790 francs à l'avoué quimpérois Salomon Bréhier.

Après la décision d'affermer la bâtisse à la commune pour y loger les nouveaux prêtres desservants, puis plusieurs tentatives de ventes à la commune refusées par les autorités impériales et royales, il s'en suit des embrouilles sans fin sur la budgétisation du loyer annuel d'une part, et sur la prise en charge des travaux d'entretien d'autre part.

Entre 1804 et 1809, un premier recteur acquitte des avances sur de multiples réparations par des artisans : réfection des toitures par un « couvreur d'ardoises », « relève de la porte cochaire » ... Ces travaux sont exécutés avec l'accord écrit des maires, Jean Le Jour, puis Salomon Bréhier qui, ne l'oublions pas, est aussi le propriétaire du presbytère.

Néanmoins, en 1810, quand il quitte Ergué-Gabéric pour Plomodiern, il n'est toujours pas remboursé et 6 ans encore plus tard il doit insister auprès des préfets successifs. Seulement une partie de ses créances est finalement prise en charge, car le maire de l'époque, Jérôme Crédou, et ses conseillers estiment qu'il n'avait pas « le concours de l'autorité locale ».

Pour les dépenses autorisées, le remboursement des travaux autorisés par la commune est autorisé par le préfet bien que couverts normalement par fabrique, c'est-à-dire de la communauté paroissiale : « Les réparations du presbytère lorsque que ce bâtiment appartient à la commune, sont d'ailleurs à la charge de la fabrique comme dépense du culte à moins que cette fabrique ne justifie de l'insuffisance de ses ressources ».

En 1814, Salomon Bréhier et son épouse réussissent à vendre non pas à la commune, mais au nouveau recteur : « Lesquels Monsieur et Madame Bréhier ont par le présent avec garantie déclaré vendre, comme de fait ils vendent sans autres garanties que celles leurs accordées par le Gouvernement, au dit Monsieur Le Bescon acceptant le presbytère d'Ergué-Gabéric situé au bourg communal avec un verger, jardin, hangard, cour, issues et autres dépendances ».

 

Sept ans après, le recteur rédige son testament et y explique son acquisition au nom de la fabrique : « Je déclare qu'il m'est dû 973 francs par la fabrique de l'église communale d'Ergué-Gabéric, au nom de laquelle j'ai entendu acquérir le presbytère de la dite commune suivant contrat du 24 février 1814 ... je déclare me dessaisir par le présent, de la propriété du susdit presbytère et dépendances, ... je vais comparaitre le trésorier de la fabrique, lequel signera le présent acte avec moi comme acceptant, au nom de la fabrique, le presbytère d'Ergué-Gabéric ».

La formule « fabrique de l'église communale » indique bien la nation complexe de la propriété. Le conseil de fabrique est certes responsable du culte paroissial, mais ses biens immobiliers - essentiellement l'église-lieu de culte entretenu par la commune et le presbytère privatisé, puis restitué - sont bien en théorie des propriétés municipales.

De ce fait, le paiement du reste dû au recteur défunt pour la restitution du presbytère par le recteur se fait en deux temps en 1823-24  : le conseil de fabrique dans un premier temps règle le montant, et dans un second temps le maire s'engage à rembourser la fabrique de l'avance de fonds.

Cette ambiguïté communale et/ou paroissiale perdurera pendant tout le XIXe siècle. En 1926 l'administration des domaines revient sur les conditions de ce legs de 1823 : « Les termes du testament Le Bescou "léguant le presbytère à la fabrique communale d'Ergué-Gabéric" m'ont fait considérer cet immeuble comme propriété de la commune. Un nouvel examen de ce testament me fait reconnaître que cette interprétation est erronée et que le presbytère d'Ergué-Gabéric paraît avoir été réellement légué à la fabrique paroissiale de cette commune ».

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1814-1824 - Achat du presbytère par le recteur et legs de propriété à la fabrique »

7 Quête et octroi pour le presbytère

25.06.2022 - Des transactions difficiles entre la municipalité, le clergé, l'administration préfectorale et son propriétaire, à la lecture des documents des Archives diocésaines, des délibérations de conseils des Archives municipales, et des documents préfectoraux des Archives départementales du Finistère.

Le presbytère fait l'objet d'une vente aux enchères en 1796, le 7 messidor de l'an 4, dans le cadre de la confiscation des biens du clergé et c'est l'avoué franc-maçon Salomon Bréhier qui en devient le propriétaire.

Après le Concordat, en juillet-août 1804, Brehier propose à la commune un contrat de location : « Je déclare affermer à la commune pour le terme d'un an à commencer à la Saint Michel prochaine, mon presbitaire d'Ergué-Gabéric et ses dépendances, pour une somme de cent vingt francs payable à deux termes et en six mois. »

Et il précise même qu'il veut bien vendre : « Je consens pareillement de vendre au prix de trois mille francs payables trois mois, après l'autorisation du gouvernement arrivé à Quimper à même d'en passer acte par devant notaires. »

Le conseil municipal accepte la transaction d'affermage dans deux comptes-rendus de délibération datées du 10 thermidor an 12 (31 juillet 1804) et du 1er fructidor an 12 (19 août 1804), en justifiant leur décision par « l'impossibilité de se pourvoir pour loger son curé d'un autre local que celui-ci du ci-devant presbitère ».

Mais très vite les ressources municipales ne suffisent plus pour payer le loyer annuel du presbytère réévalué à 200 francs. Il faut dire que le budget total des dépenses et recettes de la commune ne dépasse pas les 370 francs. En janvier 1808 le loyer de 1806 est déclaré arriéré par un tiers et celui de 1807 complètement impayé.

Et là, Bréhier a une idée géniale : par un courrier il demande au préfet d'écrire au maire pour qu'il lance une quête à l'église paroissiale. Dont acte : « Monsieur le maire. Veuillez à cet effet vous concerter avec MM le desservant et les marguilliers pour faire un appel aux âmes généreuses et charitables de votre commune à l'effet d'obtenir les fonds nécessaires pour subvenir à ses pressans besoins.  »

Cette méthode particulière d'obtention de subside pour couvrir des dépenses communales aura été appliquée pendant quelques années. Mais en 1808 on voit poindre la possibilité de rétablir l'octroi pour permettre aux communes et villes d'augmenter leurs recettes.

 
Et Bréhier lui-même ne manque pas en janvier 1808 de rappeler au préfet : « Vous me fîtes égallement l'honneur de me dire que vous pourriez incessam-ment obtenir les octrois pour cette commune. Je le désire bien sincèrement et aussitôt que votre arrêté me sera connû je m'empresserai de m'entendre avec l'adjoint pour le faire mettre à exécution. » Car l'un des arguments majeurs pour le rétablissement de l'octroi à Ergué-Gabéric est bien les frais d'affermage du presbytère.

Salomon Bréhier est nommé maire d'Ergué-Gabéric le 26 mai 1808 par le préfet. Et dès octobre, il fait l'objet d'une réclamation de remboursement de frais de réparations de la part du recteur desservant François Le Pennec : « Le maire et l'adjoint de cette commune m'avaient chargé de faire faire dans le presbitère les réparations nécessaires et cela par un billet signé d'eux ». Le recteur, tenace, sera remboursé plus de 10 ans après.

En octobre 1811, Bréhier étant toujours maire et propriétaire du presbytère, un conseil municipal constate la difficulté de gestion du presbytère : « Après avoir enfin reconnu la difficulté qui résultent d'avoir recourru annuellement à une quête volontaire dont le produit incertain et toujours insuffisant pour faire face aux loyers, réparations et contributions évaluées annuellement à une somme de trois cents francs

Et les conseillers, validant le principe d"une acquisition communale, « sont d'avis définitivement d'en faire l'acquisition aux conditions proposées par ce dernier et d'y adhérer par et moyennant la somme de quatre mille francs »

Mais il manque « l'approbation de monsieur le préfet du finistère et l'autorisation de sa majesté empereur et roi et ses ministres ». En effet Napoléon, même dans le cadre du Concordat, n'est pas favorable aux annulations des ventes passées de biens de l'église, et il faudra donc attendre.

* * *

La semaine prochaine, nous poursuivrons avec la période 1814-1826, à savoir la vente factice du presbytère en 1814 par Bréhier au recteur occupant et son retour administratif en 1824 en tant que patrimoine communal.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1804-1811 - Location, quête et tentative d'acquisition du presbytère par la commune »

8 Aliénation du logis presbytéral

18.06.2022 - On dit que c'est la plus jolie bâtisse du centre-bourg, et rien d'étonnant donc qu'à la révolution elle fasse déjà l'objet de convoitises.
Sources documentaires : liasses 1Q431 et 1Q675 conservées aux Archives départementales du Finistère.

La vente de presbytère n'est pas systématique pendant la Révolution française. En effet le 20 décembre 1790, un décret soustrait de la vente des biens de l'Église, chaque fois que cela est possible, un logis convenable servant de presbytère au prêtre de chaque paroisse ainsi qu'un demi arpent de terre utilisé comme jardin.

Mais, au départ du recteur en exil à Prague, le logis presbytéral gabéricois reste vide et pour cette raison l’aliénation est mise en exécution le 25 prairial de l'an 4, c'est à dire le 13 juin 1796 : « l'estimation par experts est ordonnée pour fixer le prix auquel il doit être aliéné, tant en revenu qu'en capital sur le pied de la valeur de 1790  » (sur le pied de : "d'après des ressources évaluables à cette date", c'est-à-dire hors inflation et dépréciations ultérieures).

Le document d'estimation donne des précisions sur la valeur patrimoniale non négligeable du bien confisqué :

Image:Right.gifImage:Space.jpg« couverte en ardoises, elle a cinquante six pieds de longueur dans sa longère du midi laquelle est percée d'une porte et huit fenêtres  » : des ardoises plus cossues qu'un toit de chaume, et une bâtisse de plus de 15 mètres.

Image:Right.gifImage:Space.jpg« À l'ouest de la maison principale, intérieurement à la même cour, est construite une écurie en mêmes matériaux que la maison » : à l'endroit du garage actuel.

Image:Right.gifImage:Space.jpg« Au midi de la cour est un jardin de quinze cordes d'étendue » : un petit verger de moins de 1000 m2.

Image:Right.gifImage:Space.jpg« Sur la limitte vers Quimper de la commune d'Ergué Gabéric et bordant la rivière d'Odet, entre Tréodet et Keranroux est une prairie de deux journaux » : une prairie d'un hectare (laquelle hébergeait une statue de saint Gwenaël qui sera rapatriée au presbytère bien plus tard).

Après le calcul à partir des revenus annuels de la valeur du capital, sur la base des taux de conversion de l'époque (x18 et x22), Vincent Leblond de St-Aubin, expert nommé par le directoire de Quimper, aboutit à un chiffre de 1790 livres, arrondies à 1790 francs au moment de la vente (normalement un franc vaut 1 livre et 3 deniers).

Ce qui surprend c'est la précipitation dans laquelle la cession du presbytère est opérée : l'autorisation administrative le 13 juin, l'estimation sur place une semaine après, et la vente entérinée le 25 juin, sans enchères publiques comme lors des autres attributions de biens nationaux communaux. Le soumissionnaire de l'autorisation administrative est l'acquéreur lui-même, et ce dernier, Salomon Bréhier, contresigne lui-même le document d'estimation de son collègue avoué expert Vincent Leblond.

 


François Salomon Bréhier, né le 20 octobre 1760 à St-Ronan (Quimper), d'une famille originaire de la Manche, a l'habitude des aliénations de biens, ayant lui-même rédigé des documents d'expertise pour la plupart des chapelles et des biens nobles de la commune. C'est un notable quimpérois influent, initié à la loge maçonnique de La Parfaite Union, qui exerce les professions de procureur au présidial de Quimper et d'avoué (avocat expert des tribunaux).

* * *

La semaine prochaine, nous examinerons, avec des documents inédits, ce qu'il est advenu du presbytère après son aliénation en 1796.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1796 - Estimation et vente du presbytère comme bien national »

9 J.H. Lartigue en 3e saison

11.06.2022 - Dans le cadre des 200 ans des papeteries d'Odet, voici de nouveau le célèbre photographe Jacques-Henri Lartigue, « le génie du noir et blanc », pour une 3e période d'amitié avec les Bolloré, après celles de son ami René Bolloré de René-Guillaume fils : ses vacances en 1953, 1956 et 1980 chez Jacqueline et Gwenn-Aël à Beg-Meil,aux Glenan et à Odet.
En 1996 Gwenn-Aël Bolloré écrit dans son livre « Mémoires parallèles » : « De mon père, il a laissé de nombreuses photos ... prises sur le pont du bateau familial, le Dahut II, vedette de trente et quelques mètres. Lorsqu'il mourut en 1986, Lartigue était probablement le dernier ami de mon père qui, lui, nous avait quittés le 16 janvier 1935, soit il y a plus de soixante ans. »

Et il ajoute pour la période d'après-guerre : « Après le décès de mon père René Bolloré, Lartigue ne quitta jamais la mouvance de notre famille ... Quelques années après la Libération, Lartigue réapparut au bras de Florette, sa nouvelle épouse, et nos relations redevinrent coutumières. Tous les étés, il venait passer une dizaine de jours en Bretagne, généralement la moitié du temps chez ma sœur Jacqueline Cloteaux à Beg-Meil, et l'autre moitié chez moi à Odet en Ergué-Gabéric avec, comme prolongement, ma goélette, la Linotte III, et l'île du Loch aux Glénan.  »

Et effectivement on trouve 31 planches dans ses albums-photos qui mettent en scène ses séjours à Odet et Beg-Meil entre 1953 et 1956 (cf. repros au chapitre suivant) :

Image:Right.gifImage:Space.jpgLa Linotte III en pleine mer ou sur les plages des Glenan, avec des scènes de ramassage de coquillages.

Image:Right.gifImage:Space.jpgDe beaux portraits de Jacqueline Bolloré, épouse Cloteaux, et des enfants.

Image:Right.gifImage:Space.jpgDes visites touris-tiques à Concarneau et Locronan, des coiffes de bigoudènes, une sortie de messe et une scène de fauchage à l'ancienne.

Image:Right.gifImage:Space.jpgUn Gwenn-Aël Bolloré rêveur, avec sa casquette de marin et près du gouvernail, et en compagnie de ses frères Michel et René-Guillaume.

 

Et pour les années 1979-1980, Gwenn-Aël Bolloré explique : « Lorsque Jacques-Henri Lartigue décida de léguer son inestimable collection de photos à l'État, il fallut bien rédiger un contrat. Et le plus extraordinaire, fut que l'accord fut préparé pour le donateur par mon avocat, à l'époque Jean-Marc Varaut, et pour l'État français, par ma fille Anne, au nom du ministère de la Culture qu'elle représentait.  »

Et bien sûr on les voit en photo dans les albums de Lartigue, pour la cérémonie officielle, et la rencontre au manoir d'Odet lors d'un déjeuner entre Gwenn-Aël, Anne, Lartigue et l'avocat. Et la photo-souvenir au pied du perron, à l'endroit même où ont été déjà immortalisés d'autres amis artistes ou lettrés comme Léon Blum et Henri Michaux.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Les vacances de J.H. Lartigue chez Jacqueline et Gwenn-Aël Bolloré en 1953-56 et 1980 »

10 La petite sœur Thérèse de Cascadec

04.06.2022 - Toujours et encore pour les 200 ans des papeteries d'Odet, voici la transcription de trois articles du bulletin paroissial « Kannadig » de 1927 à propos du transport, remontage et bénédiction d'une chapelle à Cascadec, avec des photos d'époque et des croquis de Louis Le Guennec, et la présentation de la statue de marbre sculptée par René Quillivic.
Depuis l'acquisition des pierres de la chapelle en ruine de Stanquéau en Scrignac, les journaux, L'Illustration et Ouest-Eclair en particulier ont été critiques comme le rappelle le premier article paroissial : « À cette occasion, plusieurs articles parurent dans la presse, qui critiquèrent l'acheteur d'avoir enlevé une église au culte !  ». Mais l'évêque, et l'abbé Perrot qui remontera le sanctuaire de Stanquéau, ont été plutôt bienveillants.

Ici, c'est aussi le cas, le rédacteur du Kannadig insiste sur l'état de délabrement du lieu saint : « Les photographies des ruines, que nous reproduisons ici, démontreront mieux que tous les articles, l'audace et la mauvaise foi de ce reproche ».

En tout état de cause, les pierres numérotées ont été reposées à 45 km de là, à Cascadec près de la papeterie Bolloré au bord de l'Isole : « La nouvelle chapelle a trente mètre de long, dix mètres de large, possède un bas-côté avec des piliers en pierres de taille |...] Il a suffi de huit maçons pour mener à bien ce grand ouvrage. »

  Le deuxième article rend compte de la fin de reconstruction avec quatre croquis de Louis Le Guennec, deux de la nef intérieure et deux de l'extérieur avec quelques silhouettes aux abords. Avec un regret quant à l'absence d'un vrai clocher : « Pour le couronner il ne manque plus que la flèche du clocher. Les pierres hélas ! ont servi, il y a quelques années, à la construction d'un pont ! ».
Et le summum de l'opération est d'une part la bénédiction en grande pompe de la chapelle le 29 septembre 1927, et d'autre part la commande d'une statue monumentale : « Mr Bolloré a répondu victorieusement à tous ses détracteurs : de ruines destinées à disparaitre, il a bâti ce magnifique temple en l'honneur de la petite carmélite de Lisieux, sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, dont la statue en marbre blanc, sculptée par Quillivic, s'élèvera bientôt à droite du grand autel. »

René Quillivic (1879-1969) est un sculpteur, peintre, graveur et céramiste renommé d'origine finistérienne, de Plouhinec. Il a notamment réalisé la statue de La Bigoudène qui marque la limite entre le Pays Bigouden et le cap Sizun, et le Monument des Forces françaises libres de l'Île-de-Sein.

La statue de sainte Thérèse de Quillivic fait environ 1m50 de hauteur, elle tient une croix de sa main droite et de sa main gauche quelques boutons de roses, et une rose repose aussi à ses pieds. Le socle porte l'inscription « Petite sœur Thérèse de l'Enfant Jésus ».

Lorsque la chapelle de Cascadec a été démolie entre novembre 2019 et février 2020, pour raisons d'insalubrité, la statue de marbre blanc de René Quillivic a été mise à l'abri dans la chapelle Saint René d'Odet, comme on a pu l'admirer lors du bicentenaire, ainsi qu'une autre statue polychrome de Sainte Thérèse et ses fameuses roses rouges.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « La reconstruction et bénédiction de la chapelle de Cascadec, Kannadig 1927 »

11 Mer et pêche selon R.-G. Bolloré

28.05.2022 - Dans la série des évocations des 200 ans des papeteries d'Odet, les vacances estivales juste avant guerre du célèbre photographe Jacques-Henri Lartigue, « le génie du noir et blanc », avec le fils de son ami Bolloré décédé 4 ans auparavant, à savoir René-Guillaume, avec au programme des sorties en mer et des pêches miraculeuses en rivière d'Odet.
Ces vacances sont tout d'abord évoquées dans son journal, publié sous le titre de « L'oeil de la mémoire 1932-1985 » avec de belles pages sur cet été 1939 avec son épouse Coco et la famille Bolloré : René-Guillaume, sa mère, et son épouse Line Clevers.

En voici quelques extraits chronologiques, qu'il est intéressant de rapprocher des planches de ces vacances dans son album-photo conservé à la Médiathèque de Charenton-le-Pont (cf. ci-contre) :

Image:right.gifImage:Space.jpgLe résumé de l'escapade : « Ce voyage en Bretagne avec la Bugatti de Bolloré d’où nous avons ramené un petit caniche rond comme une éponge, "Noisette". »

Image:right.gifImage:Space.jpgSon hôte est René-Guillaume Bolloré (1911-1999), fils de son ami René décédé en 1935 : « Le René Bolloré de maintenant n’est plus le René Bolloré de 1926 : c’est son fils. Avec le même nom, presque les mêmes qualités et les mêmes défauts — en un peu moins bien — comme un collier de perles imitation. »

Image:right.gifImage:Space.jpgDès le 29 juillet, avec Coco son épouse, ils font la route de Paris à Quimper : « Bugatti 3 litres 4. La voiture de sport la plus extraordinaire du moment. Route de Bretagne : lui, Coco, moi. Démarrage de voiture de course, tenue de route incroyable. »

Image:right.gifImage:Space.jpgSur place, ils rejoignent l'épouse de René-Guillaume, Céline Rhalavsky, alias Lyne Clevers sur scène : « Odet : dans ce château que je connais déjà, je vais faire le portrait de cette comique petite chanteuse Lyne Clevers devenue "châtelaine" en devenant madame Bolloré. »

Image:right.gifImage:Space.jpgLes occupations au manoir d'Odet : « Pêches miraculeuses dans la rivière de l’usine à papier, les hectares du grand parc, la petite chapelle vide ... »

Image:right.gifImage:Space.jpgLes sorties en mer : « Le bateau de René Bolloré père s’appelait le « Dahu II », celui du René de maintenant est le « Dahu III ». Ce n’est plus un petit yacht suédois en bois précieux, c’est un bateau à voiles peut-être moins luxueux mais plus « marin » ».

Image:right.gifImage:Space.jpgDes sorties familiales et des essais de scaphandre : « Les glénans. 5 heures du matin : Trois reflets de trois bateaux. Des reflets si figés que les images des mâts elles-mêmes ne font aucun zig-zag. Le Dahu III, la pinasse hollandaise de madame Bolloré mère (veuve de mon ami René Bolloré numéro 1) et le bateau d’un autre de ses fils. »

Image:right.gifImage:Space.jpgEt une angoisse en arrière-plan : « Avec des bruits de guerre qui, de temps à autre, tombent dans mes joies comme une pierre.  »

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « LARTIGUE Jacques-Henri - L'oeil de la mémoire 1932-1985 »

  Il est intéressant de pouvoir rapprocher les souvenirs inscrits dans son journal avec les planches de son album-photo du même été 1939 (cf. les repros des 18 planches et l'ensemble des clichés dans l'article détaillé).

Image:right.gifImage:Space.jpgTrès belles photos de paysages sur la route de Paris à Quimper avec des reflets sur le canal de Nantes à Brest.

Image:right.gifImage:Space.jpgPhotos des petits caniches dans le parc du manoir d'Odet, l'occasion pour René-Guillaume Bolloré d"offrir Noisette à Coco, épouse de Lartigue depuis 1934.
Image:right.gifImage:Space.jpgClichés de la partie de pêche miraculeuse en rivière, à proximité du manoir d'Odet. ; on y voit Bolloré et ses invités les pieds dans l'eau.
Image:right.gifImage:Space.jpgPlusieurs photos des deux Madame Bolloré : d'une part la veuve de René Bolloré père, née Amélie Thubé (1889-1977) d'une famille de marins, et d'autre part l'épouse de René-Guillaume, Céline Rhalavsky (1909-1991), alias Lyne Clevers sur scène comme actrice ou chanteuse.
Image:right.gifImage:Space.jpgLes deux bateaux Bolloré en sortie en mer aux îles des Glénan : la pinasse de Mme Bolloré mère à gauche et le bateau de René-Guillaume à droite.

Image:right.gifImage:Space.jpgDes portraits de René-Guillaume Bolloré avec pipe et casquette de marin, faisant le pitre ou essayant un nouveau modèle de scaphandre.

Image:right.gifImage:Space.jpgRencontre avec l'officier de marine Jacques Cloteaux, époux de Jacqueline Bolloré (sœur de René-Guillaume), et visite au frère du cinéaste réalisation Pierre Chenal.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Album-photo de 1939 de J.H. Lartigue en vacances chez les héritiers Bolloré »

12 Le Roi des Bretons en vacances

21.05.2022 - Dans la série des évocations des 200 ans des papeteries d'Odet, le journal et l'album-photo d'un grand photographe découvrant le yacht "Dahu II", les belles voitures et le manoir de son ami Bolloré en juillet 1926. La semaine prochaine nous suivrons le même professionnel en plein été 1939 en vacances avec la génération suivante des Bolloré.
Jacques-Henri Lartigue est un peintre et photographe majeur du XXe siècle, né en 1894 d'un père qui pratiquait la photographie en amateur. Passionné par l’automobile, l’aviation et tous les sports, il photographie des manifestations sportives et, ensuite, menant une vie luxueuse et mondaine, il met en scène des célébrités, ce qui le rend célèbre aux Etats-Unis. On le présente comme « le génie du noir et blanc ».

Parallèlement à la photo et la peinture, il entreprend la rédaction d’un journal qu’il poursuivra toute sa vie. Ce journal publié pour la période de 1923 à 1931 sous le titre de « L'Émerveillé » inclut de belles pages sur sa rencontre en juillet 1926 avec René Bolloré qu'il présentera plus tard comme « son ami ».

Quelques extraits :

Image:right.gifImage:Space.jpgÇa commence le 15 juillet à Royan : une connaissance commune, la comédienne Denise Grey, est sur le yatch de René Bolloré, lequel invite Lartigue et son épouse Bibi à les rejoindre pour le déjeuner : « Ce riche Breton est un homme d’apparence rustre, gaie et simple, qui ne se donne aucun mal pour qu’on le croie intelligent. ».

Image:right.gifImage:Space.jpgAutre description de l'entrepreneur breton qui propose à Lartigue de partir ensemble sur le Dahu II en croisière vers la Bretagne : « Propriétaire des fabriques de papier à cigarettes, Bolloré est le roi des Bretons avec ses îles, ses plages, ses histoires, ses légendes, ses fantômes et ses goûts de seigneur féodal. »

Image:right.gifImage:Space.jpgLa mer devient mauvaise : « Les vagues se creusent. Le bateau se fait petit. Il monte, descend, se penche, se redresse. ».

Image:right.gifImage:Space.jpgEscale aux Sables d'Olonne : « Bolloré arrive de la poste. La livre est à « cent vingt-six » ! Il parle de révolutions, de guerres. ». Nous sommes le 17 juillet, jour de la chute du président du Conseil Aristide Briand et début de la crise des changes (le franc atteindre 243 livres sterling).

Image:right.gifImage:Space.jpgLe 18 Bolloré décide de continuer le voyage vers la Bretagne par la route. Le 20 ils sont sur l'Ile de Tibidy : « Réflexion faite, René ne l’a pas offert à Denise. Il l’a gardé pour lui. C’est sa garçonnière.  ».

Image:right.gifImage:Space.jpgLe 21 ils dorment au manoir d'Odet : « Je me suis réveillé dans un grand parc. J’ai été faire ma prière dans une petite chapelle déserte. Je n’ai rien entendu que des conversations d’oiseaux. »

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « LARTIGUE Jacques-Henri - L'Émerveillé, écrit à mesure (1923-1931) »

  Il est intéressant de pouvoir rapprocher les souvenirs inscrits dans son journal avec les planches de son album-photo du même été 1926 (cf. les repros des 16 planches et des clichés dans l'article détaillé).

Image:right.gifImage:Space.jpgLes photos à l'intérieur du yacht Dahu II en bois d'acajou et peint en blanc, et un cliché, plus rare, pris à distance.

Image:right.gifImage:Space.jpgTrois photos de l'entrepreneur breton sur son fauteuil en osier avec casquette et vareuse de marin, par gros temps, avec ces annotations manuscrites « Mauvaise mer » et « Forte houle ».

Image:right.gifImage:Space.jpgDe multiples photos de l'actrice Denise Grey et l'épouse Bibi, dont l'une présentant leurs fesses nues exposées au soleil.

Image:right.gifImage:Space.jpgLes belles voitures de René dans les villes de Vannes et Quimper, et lors d'une d'une visite à Locronan (ville de Ronan le saint patron de René Bolloré) : une Packard et une Hispano.

Image:right.gifImage:Space.jpgLe manoir d'Odet sous deux angles, le calvaire du parc pris d'une fenêtre d'une chambre du manoir, la passerelle entre deux salles-machines de l'usine à papier, et plus surprenant le calvaire de Stang-Luzigou sur le chemin du canal d'amenée de la papeterie.

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Album-photo de 1926 de J.H. Lartigue en croisière sur le Dahu II et en villégiature à Odet »

13 Comme le granite de son pays

14.05.2022 - Les évocations des 200 ans des papeteries d'Odet se poursuivent : cette semaine trois articles du bulletin paroissial « Kannadig Intron Varia Kerzevot », publiés en janvier, février et mars 1935 pour la mémoire de René Bolloré (1885-1935), le regretté patron des papeteries d'Odet et Cascadec, décédé le 16 janvier à l'âge de 49 ans.
Le premier article nécrologique de janvier démarre par un extrait de l'annonce du décès de René Bolloré dans les colonnes de l'Ouest-Eclair du 17 janvier, et cette formule lapidaire : « En un mot : un patron social, un homme de bien. ».

Et d'évoquer aussi la très grande affluence le jour de son enterrement : « Le jour des obsèques ce fut une multitude qui tint à venir à l’Église du Bourg. Jamais de mémoire d'ancien on n'avait vu pareil recueillement et pareil ordre, c'est-à-dire pareille sympathie et pareille douleur. ». La mort d'une « grand chrétien » si l'on en juge par le nombre de prêtres présents (cf. photo ci-contre).

L'article de mars est une rétrospective de la vie bien remplie du défunt et de son « œuvre merveilleuse » autour de la papeterie familiale  : succession de son père à l'age de 19 ans, perfectionnement du défilage et du raffinage de la pâte à papier, construction des bureaux, du laboratoire, du château, mariage avec la fille d'un armateur et magistrat nantais, création d'une deuxième machine et d'une centrale électrique avec turbine à vapeur, acquisition et développement du moulin à papier de Cascadec, construction d'une cité ouvrière, jardins ouvriers, caisses de retraites, allocations aux malades et aux jeunes mères, création d'un patronage, reconstructions des chapelles d'Odet et de Cascadec, ouverture de deux écoles libres des frères et des sœurs ...

Mais l'article le plus original et le plus sincère est celui de février, titré « Sous l'écorce ». Il est question de bateaux, de générosité et de caractère un peu brusque et emporté.

 

C'est l'histoire, inédite et véridique, d'un charpentier veuf, sans ressource pour nourrir sa famille nombreuse. Bolloré veut l'aider financièrement avec comme contrepartie la construction et la mise à l'eau d'un bateau dans un délai très court de 3 mois. Le jour J le patron venu réceptionner sa commande est on ne peut plus désagréable et critique. Après quelques jurons il constate qu'il est injuste et propose la commande d'un 2e bateau en sapin peint en blanc et non en acajou verni, le premier se voyant du coup baptisé « Cœur d'or ».

Et de conclure : « M. R. Bolloré disparait bien jeune ; il n'avait pas encore cinquante ans. Mais quelle vie bien remplie ... Il restera légendaire parmi ses pairs par la sûreté de son coup d’œil et son instinct de affaires ; il le restera surtout par sa générosité magnifique et sa foi de Breton d'Armorique, ferme comme le granite de son pays. ».

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Les éloges funèbres de René Bolloré, bulletin paroissial Kannadig 1935 »

* * * * *

La semaine prochaine nous proposerons une nouvelle évocation des bateaux de la famille Bolloré, sur 2 générations, en feuilletant le journal d'un ami qui n'a pas sa langue dans sa poche, à savoir le célèbre photographe Jacques-Henri Lartigue.


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