Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier - GrandTerrier

Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Version du 30 mai ~ mae 2020 à 07:41

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Chaque semaine, un nouveau billet annonçant un ou plusieurs articles sur le site GrandTerrier.

Une compilation des billets est publiée en fin de trimestre sous la forme des chroniques du Bulletin Kannadig.

Anciens billets hebdos : [Actualité, archives]

Les anciennes affichettes : [Accroches à la une]

Modifications d'articles : [Journal des MàJs]


Sommaire

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1 Boniments de vulgarisateurs charlatans

Billet du 30.05.2020 - Page 228 de l'Intégrale des « Mémoires d'un paysan bas-breton », publication des cahiers manuscrits de Jean-Marie Déguignet, les notes de bas de page de l'éditeur indiquent : 181. Mangin : personne non identifiée, et 182. Jules Radu : ibid. Nous avons voulu en savoir un peu plus.

En remontant aux pages précédentes du cahier, nous comprenons que Déguignet défend l'importance de s'initier aux sciences naturelles et à la physiologie dans les musées, les cours et même les théâtres. Mais a contrario il s'insurge sur la nullité des méthodes imprimées produites par des vulgarisateurs qu'il qualifie de charlatans.

En début d'année 1859, alors qu'il est en congé à Paris après sa campagne de Crimée, avant de repartir servir Napoléon III dans sa guerre d'Italie, le soldat Déguignet se focalise sur l'apprentissage autodidacte : « le meilleur moyen de s'instruire dans les sciences naturelles, les seules utiles, était d'étudier les choses dans leur nature même ».

Et il multiplie ses visites éducatives gratuites dans les musées de la capitale : « Or, toutes ces choses se trouvent ainsi à Paris, clans les musées du Louvre, du Luxembourg, de Cluny, de la Marine, des Arts et Métiers, du Jardin des Plantes, les théâtres, les cours de physiologie, de physique, de chimie et d'histoire naturelle » ; « Et au Jardin des Plantes, on peut voir et contempler toutes les autres créatures de notre petit globe terrestre, avec tous les végétaux qu'il produit naturellement et artificiellement, et les divers minéraux qui forment sa charpente ».

Il ne néglige pas non plus quelques sorties culturelles : « quand mes économies le permettaient, j'allais au théâtre », n'ayant pas à faire la queue en tant que militaire, alors que ses collègues voltigeurs préfèrent aller se distraire dans les « bastringues des barrières » (les guinguettes implantées dans les faubourgs parisiens à l'extérieur de l'enceinte des Fermiers généraux).

Par contre, il note dans son camp retranché d'Ivry, l'intrusion commanditée de pédagogues se disant les apôtres de l'instruction et de l'éducation moderne : « Ces charlatans, dont le célèbre Mangin était le roi, venaient jusque dans nos casernes nous donner des séances de somnambulisme et de prestidigitation ». Arthur Mangin (1824-1887) est un écrivain et vulgarisateur, auteur de nombreux ouvrages soi-disant scientifiques, notamment « Les phénomènes de l'air » ou « Voyage scientifique autour de ma chambre ».

La scène, dont Déguignet est le témoin direct, est celle de Jules Radu (1810-1899) faisant une opération de promotion de sa méthode de "lecture, écriture, calcul, orthographe, dictionnaire français, agriculture, géographie, histoire" approuvée et autorisée par l'Académie : « Quand il eut terminé son boniment, les sergents-majors passaient devant leurs hommes, demandant qui en voulait, et inscrivant d'autorité certains individus qui secouaient

 


la tête. Enfin, moins d'une heure après, nous recevions presque tous le livre merveilleux, pour le prix de cinq francs qui devait être retenu sur notre petite solde. ».

Le verdict de l'apprenant autodidacte est sans appel : « des modèles d'écriture avec des explications grotesques pour imiter ces modèles ... puis des extraits tronqués et falsifiés de l'histoire de France et de l'histoire sainte; et puis c'était tout, c'est-à-dire rien que des sottises » ; « Si ce grand charlatan breveté et garanti du gouvernement était revenu à la caserne, je crois bien qu'il y aurait passé un mauvais quart d'heure ».

En savoir plus : « Déguignet étudie les sciences naturelles sans les vulgarisateurs charlatans »

2 Les reliques de saint Kerdévot

Billet du 23.05.2020 - « A l'extérieur, de nombreux groupes, les hommes la tête nue, processionnaient lentement autour de l'édifice, disant des prières et leurs chapelets tout en marchant ; alors que d'autres, en majorité des femmes, tournaient autour de la chapelle en progressant lentement sur les genoux. »

Charles Richard Weld (1813–1869), écrivain historien de la Royal Society, a écrit une série de récits de ses voyages de touriste en vacances au Canada, en Irlande, en Ecosse, en Italie et dans plusieurs régions françaises dont celui-ci « A Vacation in Brittany » ("un séjour de vacance en Bretagne"). Dans ce journal de voyage, le site gabéricois de Kerdévot et son Pardon sont à l'honneur car pas moins de 11 pages leur sont consacrées, lesquelles ont été traduites ici en français pour la première fois, afin d'en comprendre la teneur.

Jean-Yves Le Disez, dans son livre « Étrange Bretagne. Récits de voyageurs britanniques en Bretagne (1830-1900) » publié en 2002, a étudié le livre de Weld dans le chapitre « Charles Richard Weld, touriste malgré lui » où il critique son journal en Bretagne comme étant très superficiel et empreint de snobisme.

En effet, si on analyse les pages relatives au site de Kerdévot, on peut noter les fautes de goûts et erreurs manifestes suivantes :
Image:right.gifImage:Space.jpgSaint Kerdévot : l'auteur pense qu'un saint éponyme y est vénéré, alors qu'il s'agit d'un toponyme signifiant "village de la dévotion", et qu'il est dédié à Notre Dame de Kerdévot, représentant la Vierge Marie, laquelle a, selon la légende, vaincu la peste.

Image:right.gifImage:Space.jpgReliques du saint : le touriste anglais croit voir, en tête de la procession du Pardon, « six jeunes filles,
vêtues de robes blanches, rubans et fleurs, et portant une sorte de cadre en velours satiné : au centre, sur un coussin, reposaient les reliques du Saint et une image de la Vierge éternelle
 ». Indubitablement, comme cela est le cas aujourd'hui, ces filles portaient une petite statue de Notre-Dame.

Image:right.gifImage:Space.jpgLe paysan breton : sous ce terme, le pèlerin du Pardon de Kerdévot est présenté comme un grossier personnage qui a « trois vices , — l'avarice, le mépris des femmes, et l'alcoolisme ».

Mais le témoignage de Charles Richard Weld est néanmoins intéressant car, même s'il n'a pas pris le temps d'étudier chaque lieu, il a noté avec réalisme certaines scènes :
Image:right.gifImage:Space.jpgla description des lieux : « des tentes, kiosques et stands affichant des rafraîchissements, principalement  alcoolisés,  étaient

  disposés en lignes semi-circulaire, sur tout le placître, et l'arrière-plan du paysage est rempli par la chapelle, une grande bâtisse élégante, avec une petite sacristie adossée, et un calvaire impressionnant représentant la mort et la passion du Christ. » (tents, booths, and stalls displaying refreshments, principally of an intoxicating nature, were ranged in semicircular lines round the meadow, while the background of the picture was filled by the church, a large handsome structure, with a small chapel contiguous to it, and a rich Calvary representing the death and passion of our Lord.)

Image:right.gifImage:Space.jpgles blagues potaches : « Un de ces paysans était observé par une bande de jeunes hommes à l’affût évident de divertissements ; un tas de pierres à proximité appelait à des sottises. En en tour de main ses bragoù (braies, pantalon) en furent remplies ... »
Image:right.gifImage:Space.jpgle marchand coiffeur : « les filles entraient chez lui volontairement, et pour certaines très impatientes, pour échanger leur belle chevelure contre trois pauvres petits mouchoirs de teintes criardes, de la valeur d'à peine douze sous ! ».
Image:right.gifImage:Space.jpgles danses et les crêpes : « quand la procession est achevée, les paysans énergiques forment une grande chaîne et font une farandole comme je l'ai déjà signalé à propos de la ronde de Châtelaudren » ; « des gâteaux appelés crêpes et faites de farine, sucre et lait, roulées pour former une galette, et enfin cuites. Celles-ci, vendues en feuilles de presque un tiers de mètre carré (60 cm de diamètre), faisaient la joie des jeunes galants bretons. »


( "un paysan d'Ergué-Gabéric", cahiers de Joseph Bigot, archives privées )
En savoir plus : « WELD Charles Richard - A Vacation in Brittany »

3 Arrêtés de protection du patrimoine

Billet du 17.05.2020 - Les verrières de Saint-Guinal (1898), la chapelle et le calvaire de Kerdévot (1914), la statue de Saint-Guénolé (1924), le château de Lezergué (1929), les autels-retables et le placître de Kerdévot (1931), le site du Stangala (1932), l'église, cimetière et ossuaire Saint-Guinal (1926, 1939)

Ce dossier conservé aux Archives Départementales du Finistère (cotes 1T32, 61 et 72) inclut la presque intégralité des arrêtés des classements ou inscriptions aux Monuments Historiques du patrimoine gabéricois sur la période 1898-1939. Les décisions émanent du Palais-Royal à Paris, siège de la Direction des Beaux-Arts, dépendant à l'époque du Ministère de l'Instruction publique, le Ministère de le Culture n'existant pas encore.

L'exécution de la protection du patrimoine est régie initialement par la loi de 1887, puis celle du 31 décembre 1913, la deuxième élargissant les conditions d'accès à tous les domaines publics, privés et naturel. Le classement est réparti selon le degré d’intérêt historique ou artistique des monuments entre une simple « inscription » (sur une liste dite supplémentaire) et un « classement  » (plus contraignant et plus subventionné).

Les premiers éléments du patrimoine gabéricois à être déclarés monuments historiques classés en 1898 sont les deux verrières de l'église paroissiale : « la Verrière ancienne de la chapelle absidale » (maîtresse-vitre de 1516) et « une fenêtre du collatéral sud  » (vitrail de François et Marguerite Liziard). La démarche intègre l'avis favorable du conseil municipal.

Puis, en 1914, le premier immeuble complet classé est la chapelle et le calvaire de Kerdévot avec une procédure administrative préparée dès 1908. Comme avant 1913 seuls les monuments publics sont admis, le maire doit produire une attestation de don de la chapelle à la commune de part de Jérome Crédou qui l'avait "acheté" comme bien national à la Révolution.

La première statue classée en 1926 est celle de saint Guénolé en sa chapelle éponyme. Ensuite, le 23 juillet 1931, deux autels et retables sculptés sont classés : « Deux autels avec rétables ayant pour motifs principaux le baptême du Christ et une Piéta, bois sculpté et peint XVIIe siècle. », le premier ayant volé en 1973. Le retable flamand de la Vie de la vierge, daté du XVe siècle, est aussi classé à la même date, mais le document n'est pas inséré dans le dossier. En 1929, le château de Lezergué, propriété privée en ruines, est inscrit sur l'inventaire supplémentaire.

En 1931-32 deux sites naturels sont inscrits : d'une part le placître et l'enclos de Kerdévot et d'autre part le site du Stangala avec la déclaration de 25 parcelles du plan cadastral d'Ergué-Gabéric. À noter pour ce dernier, étendu sur trois  communes,  le  classement

 

a été un moyen de contrer un projet de barrage électrique tenté localement dès 1928-29.

Et enfin l'église paroissiale Saint-Guinal, son ancien cimetière à l'entour, et son ossuaire sont classés en 1939. Pour mémoire, d'autres inscriptions et classements interviennent en deuxième partie du XXe siècle : le trésor d'orfèvrerie religieuse en 1955 et l'orgue tricentenaire de Thomas Dallam en 1975.

En savoir plus : « 1898-1939 - Arrêtés ministériels d'inscription ou classement aux Monuments Historiques »

4 La dîme à la veille de 1789

Billet du 09.05.2020 - Trois actes notariés traitant des portions de dîme ecclésiastique, dites « des gros fruits» sur les villages de Kermorvan et de Quillihouarn pour les 15 ans précédant la Révolution, le rapport des dernières dîmes dues au recteur et l'article 4 du cahier de doléances.

Juste avant la Révolution, la dîme ecclésiastique est toujours perçue à Ergué-Gabéric par le temporel du seigneur évêque de Quimper, mais seulement pour quelques fermes isolées, alors que la levée de la dîme sur les récoltes de toutes les autres fermes est faite directement par le clergé local.

On n'est plus aux siècles précédents, du XIIe au XVIIe, quand l'évêque était un gros décimateur qui admettait difficilement le droit aux recteurs et vicaires gabéricois de recevoir leur portion congrue : cf. jugement noté dans le cartulaire en 1170.

Nous avons ici les actes notariés épiscopaux des années 1773, 1774 et 1779 pour les villages de Kermorvan et de Quillihouarn où l'impôt est qualifié de « portion de dixmes des gros fruits à la quinzieme », ceci voulant dire que :

Image:right.gifImage:Space.jpgc'est une portion payée en argent et non en nature, en l’occurrence 50 livres pour les baux de 5-6 ans de 1773 et 1774, et 54 livres pour le bail de 9 ans de 1779.
Image:right.gifImage:Space.jpgle terme de quinzième rappelle la proportion des récoltes qui est en principe taxée en nature, pourcentage qui à l'origine était de 10% ; l'impôt est devenu une rente annuelle numéraire dont la perception commence toujours « à la récolte prochaine »
Image:right.gifImage:Space.jpgl'expression des gros fruits indique que la dîme est perçue sur les céréales nobles comme les « bleds, froment, seigle, avoine & orge, & autres fruits qui forment le principal produit de la terre, selon la qualité selon la qualité du terroir et l'usage du pays, tels que le bled sarrazin, dans les pays où il ne croit pas de froment. Ces dixmes appartiennent aux gros décimateurs, et sont opposées aux menues et vertes dixmes, qui appartiennent toujours au curé. », en excluant le lin et le chanvre.

  Le dernier bail de 9 ans pour la dîme épiscopale de Quillyhouarn est daté du 6 mars 1779, et son échéance nous amène à la veille de la Révolution qui mettra fin à ce type d'impôt.

Le cahier des doléances d'avril 1789 rédigé au nom du tiers-état d'Ergué-Gabéric, comme beaucoup d'autres en basse-Bretagne, n'a pas réclamé la suppression de la dîme, mais « une répartition proportionnelle de tous les biens ecclésiastiques, sans distinction, de manière que tous les membres du clergé y aient une part raisonnable et graduelle, depuis l'archevêque jusques aux simples prêtres habitués des paroisses, afin que ceux-ci soient affranchis de la honte de la quête, c'est-à-dire de celle de mendier. ».

On constate d'ailleurs qu'à cette époque le recteur Alain Dumoulin touche bien la grande majorité des ponctions en nature dues sur les céréales (seigle pour 61%, avoine pour 39%, et froment à moins de 1%) qu'il valorise à hauteur de plus de 1600 livres pour sa dernière année. La suppression de la dîme est définitivement votée lors de la nuit du 4 août 1789.

En savoir plus : « 1773-1779 - Dixmes des gros fruits pour Kermorvan et Quillihouarn », « 1790 - Lettres d'Alain Dumoulin sur la dîme et son traitement de recteur », « 1789 - Le cahier de doléances du Tiers-Etat d'Ergué-Gabéric »

5 Les Républicains contre les Réactionnaires

Billet du 02.05.2020 - La fête républicaine au Cleuyou annoncée par un quotidien local et acclamée par un journal national : plus de 6.000 personnes viennent à ce rassemblement, et la municipalité gabéricoise est qualifiée de réactionnaire et boycottant ostensiblement cette « fête du diable ».

Le journal républicain « Le Finistère » du 13 septembre 1890 annonce la grande fête laïque du dimanche 21 septembre, une semaine après le grand pardon de Kerdévot.

Elle est organisée par un comité présidé par Albert Le Guay, ancien juge de paix et propriétaire du Cleuyou. Il avait demandé au préfet son accord par un courrier daté du 6 septembre 1890 : « Le but de cette assemblée est d'organiser une fête patriotique dans une commune qui en est totalement dépourvue, même à l'occasion du 14 juillet ».

Le journal local salue l'initiative : « Les organisateurs de cette fête méritent d'autant plus des encouragements, que la municipalité réactionnaire d'Ergué-Gabéric ne fait absolument rien pour attirer chez elle les étrangers, soit par des réjouissances publiques ou dans des assemblées, à la suite desquelles les commerçants et la commune y trouvent toujours profit.  ».

Le terme réactionnaire à la fin du XIXe siècle était, dans la bouche des républicains, le qualificatif désignant les partis conservateurs, et localement à Ergué-Gabéric l'équipe municipale dirigée par Hervé Le Roux de Mélennec était également dite catholique..

Le journal national satirique et anti-clérical « La Lanterne » rend compte le 26 septembre de l'énorme succès de la fête : « Le coup d’œil était féerique : la colline couverte de spectateurs, et les amis des jeux et de la fête formaient une réunion de six mille personnes au moins. » .

Et le correspondant de « La Lanterne » ne mâche pas ses mots en rapportant l'abstention des conseillers et du recteur Guy Gourmelen : « On a remarqué l'absence des réactionnaires de la commune à la fête républicaine du Cluyou. Ils ont craint d'assister à cette fête impie, et, d'après ce que  l'on  rapporte à  la  dernière

 

heure, le recteur avait promis de récompenser les fidèles qui préféreraient assister à l'office paroissiale pour renoncer à la fête du diable. »

En savoir plus : « Fête champêtre et républicaine au Cleuyou, Le Finistère et La Lanterne 1890 »

6 Vols de chemises en boutoù-koad

Billet du 25.04.2020 - Cette semaine un fait divers répétitif en avril 1890 et septembre 1893 rapporté par les journaux locaux : un voleur dérobe des chemises d'homme et des effets féminins au domicile de René Riou à Tréodet, et par extension la chanson de Marjan Mao "Ar gemenerez hag ar baron".

Le premier entrefilet d'avril 1890 est écrit en langue bretonne dans le journal « Le Courrier du Finistère » et relate les faits : « Enn noz euz an dek d'an unnek euz ar miz-man eue bet laret pervarzek roched euz a c'hanj Renan Riou » (Dans la nuit du 10 au 11 de ce mois, il a été volé quatorze chemises d'homme dans la grange de René Riou).

Ces chemises d'hommes (« roched », à la valeur estimée à 40 francs, appartiennent pour 8 d'entre elles au cultivateur-adjoint-maire, et 6 aux domestiques de la ferme de Tréodet.

Mais, du fait qu'il a plu cette nuit-là, le voleur en « boutou-koad » (sabot de bois) va laisser des traces (« roudoù ») sur les 3km de chemins boueux qui séparent la ferme du bourg de la paroisse. Cela aurait dû faciliter l'enquête locale, mais a priori le voleur ne fut pas retrouvé.

Le deuxième vol a lieu en septembre 1893, et cette fois ce sont des effets féminins qui sont volées à Tréodet : « deux jupes, un corset et un gilet, le tout en drap noir et d'une valeur de cent francs environ ».

René déclenche une enquête et un couple de chiffonniers, tout d'abord soupçonné, est blanchi. Ces derniers « qui gagnent péniblement leur vie en faisant des corvées pour les bouchers et en ramassant des chiffons et des os » seront interrogés par la police à la sortie du « fourneau économique », lequel est une soupe populaire et service de restauration pour indigents créé en 1887 dans la ville de Quimper, rue des Douves.

  L'agriculteur de Tréodet, en tant que premier adjoint de la commune d'Ergué-Gabéric, partage avec le maire Hervé Le Roux la tête d'une mairie pendant le plus long mandat municipal entre 1882 et 1906 avec une étiquette de conservateur. Lors de l'annonce du mariage en 1905 de sa fille Josèphe Anne Marie il est qualifié d'« honorable adjoint au maire d'Ergué-Gabéric », et plus de 500 personnes seront invitées au repas de noces à Kerfeunteun.

En savoir plus : « Vols d'habits chez René Riou à Tréodet, journaux locaux 1890-93 »

* * *

Le terme « roched », au pluriel « rochedoù », désignant les chemises d'hommes dans le 1er article ci-dessus, nous fait penser à la chanson « Ar gemenerez hag ar baron » (la couturière et le baron) de Marjan Mao : « Rochedoù lien fin, rochedoù lien tanv A zo brodet war an daouarn, war an daouarn, war an daouarn A zo brodet war an daouarn, gwriet gant neud arc’hant. » (Chemises en toile fine, des chemins en toile rare, Qui ont été brodées à la main, cousues de fil d'argent).


En savoir plus : « Les chants de Marjan Mao, collectage des Daspugnerien Bro C’hlazig en 1979 »

7 Chasse, pêche, basket et procession

Billet du 18.04.2020 - Toujours confinés, toujours étonnés de la richesse des films d'Alain Quelven des années 1958-59 mis à disposition par la cinémathèque de Bretagne de Brest, cette semaine quatre vidéos inédites mettant en scène des chasseurs, des pêcheurs, des sportives et des paroissiens.

Les 2 premières vidéos, en N&B et en couleurs de 13-14 minutes, filmées en 1959 par Alain Quelven (1912-1984) présentent des scènes de chasse, de pêche côtière et de pêche en rivière. Depuis 1956 cet habitant de Garsalec et de Keranguéo s'est lancé dans le cinéma amateur, fixant sur la pellicule la vie de sa commune.

Sur le catalogue de la cinémathèque la description du premier film, « Tableau de Chasse » , est la suivante : « Des enfants tiennent du gibier qui a été chassé. Battue à l'entente de Saint André : un chasseur boit du vin à la bouteille avant la battue, il nourrit son chien. Un chasseur sort une hermine ou un furet de son sac pour débusquer le gibier. Différentes scènes de chasse. Partie de chasse avec un chien. À la recherche de la bécasse : des hommes et des enfants présentent leurs trophées de chasse. Partie de pêche en rivière (l'Odet) près d'un barrage, des enfants pêchent, un homme prépare sa ligne de pêche avec de l'appât. Goémoniers et goémonières récoltent les algues en bord de mer. L'embouchure de l'Odet, voilier. Vire cailloux et pêche à l'épuisette en famille. Pêche en rivière. ».

De tous temps, les sociétés de chasse ont été très nombreuses à Ergué-Gabéric : en 1984 on en recense encore 29, chacune regroupant les chasseurs autour d'une ou deux fermes voisines. Ici, en 1959, c'est l'Entente de St-André qui organise ses battues et sorties de chasse. Alain Quelven se filme lui-même en présentant deux bécasses, mais c'est surtout les chasseurs qu'il accompagne avec sa caméra dans les champs et bois à la recherche de lapins, perdrix ou bécasses.

On y voit notamment Jos Le Garrec de Guilly-Vian, Guillaume Hémery de Guilly Vraz, Pierre et Pierrick Le Bihan de Kervoréden, Alain et Louis Le Roy de Kersaux, Louis Quelven de Garsalec, Hervé Bellinger de Keranguéo, Louis Quillec de Bigoudic, Guillaume Kerouredan de Ty-Coat. Les chasseurs, de tous âges, réunissent les deux générations 30-40 et 50-60 ans. Et ils sont tous bien équipés, d'un fusil bien sûr et d'une grande poche carnier à l'arrière de la veste où ils mettent les petits gibiers (lapins, bécasses...) qu'ils ont tirés.

La présentation par la Cinémathèque du deuxième film, « Pêche en rivière »", est la suivante : « Des enfants manient la canne à pêche, des hommes en train de pêcher, vue sur la rivière. Un enfant pêche sur un barrage. Une chèvre au bord de la rivière, deux femmes promènent un chien. Pêcheurs. Un enfant mange une tartine de pain. Vue sur une rivière. Chasseurs à l'affût. Un homme tue un lapin d'un coup sur la nuque. Chasse au furet et au lapin, chasse au fusil avec les chiens. Des chasseurs relèvent des pièges à lapin. Un chasseur sort un lapin vivant de sa besace puis le libère et le tue d'un coup de fusil. Des enfants avec un chien. ».

 
Dessin de Laurent Quevilly, Ouest-France 1984
Dessin de Laurent Quevilly, Ouest-France 1984

Les scènes de pêche, qu'on voit aussi sur le premier film « Tableau de Chasse », se passent sur la rivière de l'Odet, à proximité de l'écluse de Coat-Piriou. Certains se mettent même sur la structure du barrage qui règle le débit d'eau vers la rivière et vers le canal d'amenée de la papeterie. Les pêcheurs à la ligne sont Laouic et Yves Saliou, Guy Laurent, Jean Briand, Pierre Le Berre, Pierre Mocaër, Louis le Dé ..., de nombreux adultes et jeunes hommes du quartier de Stang Venn-Lestonan. Les jours de beau temps les familles viennent pique-niquer sur la zone de pêche, cf. notamment Henri Le Gars endimanché, les enfants jouant et les épouses lisant à l'ombre le long du canal.

Un certain nombre de clichés ont été sélectionnés ci-dessous afin de permettre d"identifier les têtes les plus connues : cf. "Arrêts sur images". Si vous avez d'autres noms de chasseurs ou pêcheurs à proposer, n'hésitez pas. Et si un cliché doit être ajouté donnez-nous simplement le n° de chrono sur la vidéo, et on fera le nécessaire.

En savoir plus : « Tableaux de chasse et pêches en rivière, vidéo d'Alain Quelven »

* * *

De même, l'identification des sportives en plein match de basket-ball à Keranna et des fidèles de la procession de la Fête-Dieu à Odet a démarré. Si, dans le cadre de vos activités culturelles en mode confinement, vous reconnaissez des participant(e)s, n'hésitez pas à participer à ce voyage 60+ ans en arrière.

En savoir plus : « Basket-ball féminin à Keranna » et « Défilés quimpérois et procession à Odet »

8 Bulletin Kannadig de confinement

Billet du 11.04.2020 - Le présent bulletin rassemble les chroniques gabéricoises du premier trimestre 2020 publiées chaque semaine sur le site Internet Grandterrier.net, 11 articles illustrés sur 28 pages : pour l'envoi postal dans les chaumières on va gentiment attendre la fin du confinement.

Ce trimestre on a connu une pandémie, mais le GrandTerrier confiné est resté actif : pour preuve ces échanges de souvenirs grâce aux vidéos des années 1950-60 mises en accès libre par la Cinémathèque de Bretagne : les fêtes locales filmées par Alain Quelven, et la nature préservée des abords de l’Odet par Gwenn-Aël Bolloré.

Ensuite, c’est une évocation de la statue monumentale de granit de Gwenhael / Guinal, natif de la paroisse, qui a été érigée en 2019 à la Vallée des Saints.

Le sujet suivant est daté du XVIIIe siècle, plus exactement de l’année 1739 quand un jeune noble gabéricois est admis comme page aux Petites Écuries du roi Louis XV à Versailles.

Cinq articles sont situés au XIXe siècle : le(s) moulin(s) de Kernaou, les délibérations municipales de 1851 à 1879, la retraite de Mexique en 1865-67, une homélie en breton en 1870, l’épidémie de variole en 1881-88.

Deux autres sujets représentent le XXe siècle : l’assistance aux vieillards en 1905-1909, les archives Arolsen des prisonniers gabéricois en 1939-45.

Et pour finir on termine par un sujet de protection du patrimoine : la croix médiévale de Kroas-Ver qui a été exfiltrée en juin 2019 pour raisons de travaux au centre-bourg et dont on espère tous le retour prochain à sa place d’origine.


Lire le bulletin en ligne : « Kannadig n° 49 Avril 2020 »

Et, pour la suite de nos travaux, nous vous proposons cette réflexion du poète El Yazid Dib :

« Face à cette pandémie, ce n'est pas la fin du Monde ; c'est la fin d'un monde..

 

Nota : Dans le prochain n° du Kannadig il sera question d’autres films d’Alain Quelven, notamment ses scènes de chasses sur les terres de St-André et de pêches sur l’Odet à l’écluse de Coat-Piriou, l’identification communautaire étant organisée sur le site GrandTerrier ces prochaines semaines. De chez vous, n'hésitez pas à nous faire part de vos trouvailles : « Tableaux de chasse et pêches en rivière », « Basket-ball féminin à Keranna », « Défilés quimpérois et procession à Odet »

9 Des films de rivière et de pêche

Billet du 04.04.2020 - Pour nous désennuyer dans notre confinement dû au corona-virus, voici quatre autres films mis en accès libre par la Cinémathèque de Bretagne : « L'Odet », « Le vire-cailloux », « Derniers voiliers » et « Requins sur nos plages », films réalisés par Gwenn-Aël Bolloré en 1954-58.

Les génériques de ces quatre films, produits et distribués par Evrard de Rouvre, sont introduits par un tableau peint représentant l'actrice Renée Cosima. Le premier, en N&B, est une descente de l'Odet depuis sa source, et les trois autres en couleurs se déroulent sur des bateaux et des plages.

Autant les derniers sont filmés en milieu maritime, autant le film « L'Odet » est essentiellement construit sur des séquences prises localement à Ergué-Gabéric, plus précisément sur le lieu-dit éponyme « Odet » qui abrite la papeterie et le manoir familial.

En voici le chrono selon le compteur précis défilant en bas d'écran sur la vidéo visualisable ci-après :

A. 39:50 à 40:42 : générique du film

B. 40:42 à 42:56 : nuages, calvaire, pluie sur chapelle et manoir d'Odet, source à Roudoualec, insectes et têtards, poissons

C. 42:56 à 46:57 : cours d'eau, chenille et escargot, amphibiens, putois, rivière dans les champs, fleurs, oiseaux, champignons, courant et rochers

D. 46:57 à 49:32 : l'écluse d'Odet, papeterie d'Odet, Stang-Odet, canard, grenouille, truites, jeunes pêcheurs, renard, vallée du Stangala

E. 49:32 à 51:12 : Quimper, méandres, voilier, estuaire, nuages, chapelle d'Odet

Une voix off plante le décor : « Nous sommes en Bretagne, à la pointe extrême de l'Europe. Les touristes ne connaissent pas la Bretagne. Ils n'en connaissent que les plages et les hôtels. Ils voient les ports, rapidement, les jours de beaux temps, et ils ignorent l'arrière pays. L'arrière pays sauvage, moussu, rocailleux, accidenté est habillé par une lumière humide qui vient de la mer. »

 

La remontée de la rivière depuis sa source à Roudouallec est égrainée par des scènes de vie naturelle dans l'eau qui fourmille à l'époque de poissons, et sur ses rives peuplées d'insectes et d'animaux, des scènes filmées sur les terres familiales des Bolloré. On y voit aussi l'écluse, le calvaire, le manoir et les anciens bâtiments de la papeterie.

L'image introductive de la pluie ruisselant du toit de la chapelle St-René d'Odet est reprise en conclusion, après les nuages en mouvement, le tout sur une musique de Marcel Landowski.

* * *

Grand merci à tous les confinés, nombreux et enthousiastes, qui ont identifié cette semaine plus de 200 noms sur les vidéos de fêtes d'Alain Quelven. C'est énorme, et ce qui est dingue c'est qu'il reste encore des têtes à découvrir.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Films de reportages aquatiques réalisés par Gwenn-Aël Bolloré »

10 Des films de fêtes pour mémoires

Billet du 28.03.2020 - Pour nous désennuyer dans notre confinement dû au corona-virus, la cinémathèque de Bretagne met à disposition du public de nombreux films super-8 du siècle dernier, et parmi ceux trois vidéos inédites d'Alain Quelven de kermesses, matchs de foot et sortie de classe en 1958-62.

Alain Quelven (1912-1984) est natif de Garsalec en Ergué-Gabéric, sa famille s'étant ensuite installée à Keranguéo. Pendant la guerre 1939-45 il est déporté en Allemagne et en Autriche d'où il s'évade quatre fois. Travaillant comme comptable à la papeterie Bolloré d'Odet avant et après guerre, il connaît bien les milieux sportifs et associatifs du quartier de Lestonan. Dès 1956, il se lance dans le cinéma amateur, fixant sur la pellicule la vie de sa commune.

Il y a un an nous avions publié une première vidéo Noir & Blanc des Paotred (équipe de foot) et de Stang-Venn (course cycliste). Les trois nouvelles sont respectivement deux kermesses au patronage de Keranna et au parc du manoir du Cleuyou, une sortie de la classe 1932 (nés en 1912) à Saint-Guénolé, et deux matchs de foot des Paotred à Pont-de-Buis et à domicile en 1962.

Le film des kermesses dure 15 minutes et est intéressant pour le nombre important de personnes filmées, de tous âges, et notamment les jeunes enfants qui, toujours vivants pour certains, peuvent témoigner aujourd'hui, soixante ans plus tard.

Voici comment le film est décrit dans le catalogue de la cinémathèque : « La foule endimanchée, quelques bigoudènes en coiffe et curés se pressent autour des différentes attractions. Loterie, jeu de casse-boites, différents stands, vendeuse de fraises (plan furtif), pêche à la ligne, tir à la corde, un électrophone est à gagner, tir au fusil, une jeune femme s'essaie au tir, prêtre, un curé joue du cor. Le réalisateur se plaît à filmer les visages souriants et heureux mais les plans, souvent furtifs, bougent sans cesse, plus quelques problème de vitesse de défilement de l'image. Rivière. Banderolle "Grande kermesse" dressée à l'entrée d'une allée d'arbres. Sur un route, une fanfare menée par un curé ouvre le défilé suivie par les chars décorés tirés par des tracteurs : les petits indiens, le jardinier soigne ses fleurs, les petits lutins, la reine, les petits chinois, le moulin à vent, le quartier Russe, le petit train enchanté, le petit cow boy, les indiens. Beaux plans des gens sur les chars et dans la foule qui sourient. Ambiance bon enfant et sourires. Les membres d'un cercle celtique se détendent sur la pelouse, buvette, foule des spectateurs, balançoire pour enfants, familles. »

Pour René Le Reste, enfant de Garsalec tout comme Alain Quelven, les souvenirs reviennent après visionnage de la vidéo : « J'ai reconnu beaucoup de visages, que ce soit à Keranna ou au Cleuyou où avait lieu la grande Kermesse ou l'on voit le défilé des chars. À Keranna je n'y étais pas car j'étais au service militaire, mais au Cleuyou j'ai fait une petite visite en fin de soirée seulement. Je ne suis plus sûr de la date, si c'était en 1959 ou en 1960, et habitant Elliant, puis Quimper, je ne me souviens plus comment je m'y suis rendu, à vélo ou en mobylette. »

 

La deuxième vidéo, en couleurs aussi et de 9 minutes, montre la vivacité des « classes » de jeunes gens au siècle dernier sur notre commune, de par leurs réunions à périodes fixes, souvent tous les cinq ans avec une participation toujours suivie, ceci depuis l'âge de leur vingt ans.

La troisième, 15 minutes en N&B, présente des sportifs footballeurs gabéricois en action, en l’occurrence les « Paotred Dispount » (les gars sans peur), ce pour un premier match à l'extérieur contre Pont-de-Buis le 13 avril 1958, et pour un second à domicile sur le terrain de Keranna.

Pour chacune des vidéos, nous avons déjà sélectionné quelques clichés ou « arrêts sur images » afin de permettre d"identifier les têtes plus connues. Pendant les jours qui viennent, en profitant de cette période de confinement, on va compléter ensemble les articles avec les noms des participants. Et si un cliché doit être ajouté donnez-nous simplement le n° de chrono sur la vidéo, et on ferra le nécessaire.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Kermesses à Odet et au Cleuyou en 1958-59 », « Sortie de la classe 32 en 1962 pour leurs 50 ans », « Matchs de foot des Paotred à l'extérieur et à Keranna en 1958 »

11 Napoleon tercero, el assassino

Billet du 21.03.2020 - Dans le 10e de ses cahiers manuscrits, publiés comme « Mémoires d'un paysan bas-breton », Jean-Marie Déguignet (1834-1905) donne sa vision critique sur l'expédition militaire française au Mexique déclenchée par l'Empereur Napoléon III dans les années 1861-67.

Jean-Marie Déguignet, après sa période de « pacification militaire » en Algérie et Kabylie, se déclare volontaire pour la traversée d'Alger à Vera Cruz au Mexique où il débarque le 11 août 1865. Suite à plusieurs rébellions violentes, une instabilité politique et une guerre civile, et la perte du Texas et états voisins, la guerre est déclenchée en 1861 par une coalition franco-anglo-espagnole, menée par la France qui souhaite y créer un empire.

S'en suivirent les combats de 1862-63 gagnés par les troupes françaises, les anglais et les espagnols s'étant entre-temps retirés, notamment les batailles de Puebla ou de Camerone. Déguignet arrive dans ce territoire central qui, en 1864, est déclaré comme un empire avec à sa tête Ferdinand Maximilien de Habsbourg-Lorraine, proclamé Maximilien Ier empereur du Mexique, et son épouse la princesse Charlotte de Belgique.

En 1865 la mission des troupes françaises est de tenter de conquérir le territoire nord du Mexique, là où les troupes mexicaines commandées par le président Benito Juarez sont puissantes. Le bataillon de Déguignet est basé à Durango, et se déplace même jusqu'à Avilez dans la région de Florez.

Là, en discutant avec un érudit local, ami de Juarez, Déguignet constate l'échec français : « Nous restions maintenant en première ligne en face de l’ennemi, et le vrai cette fois. Ce n’était plus les bandes de chinacos, voleurs et incendiaires, que nous avions en face de nous, c’était l’armée républicaine qui descendait aussi derrière nous.  »

Il ne reste plus qu'à rebrousser chemin vers le port de Vera Cruz et reprendre le bateau « le Souverain » qui débarquera à Toulon le 3 mai 1867. Quelques semaines plus tard, au dépôt militaire d'Aix, il finira ses « quatorze ans de services et autant de campagnes ».

On notera cet avis éclairé sur la raison de la retraite française : « L’Empereur [Napoléon III] avait été seulement avisé par les États-Unis de retirer ses troupes du Mexique immédiatement . Ces Américains, qui venaient de combattre pendant quatre ans pour la liberté, ne souffriraient pas que le tyran imbécile de la France vienne imposer des chaînes à un peuple ami et à côté d’eux.  ».

Cette appréciation a été remarquée par un éditorialiste américain qui cite notre soldat bas-breton : « Déguignet, who arrived in Mexico in 1865, witnessed France's embarrassing withdrawal two years later under American pressure.  " The  Americans,  who  had

 

just spent four years fighting for freedom, would not stand for the imbecile tyrant of France coming to impose chains on a people who were both friend and next-door neighbor," he writes, noting with some glee: "So we were being run out, the way marauding herds are run out -- with whips and whistles." »

Jean-Marie Déguignet note effectivement avec un peu de jubilation ("glee" en anglais) : « Nous partions donc chassés comme on chasse les troupeaux maraudeurs, à coups de fouet et de sifflet »

Le bataillon de Déguignet sera le dernier à battre la retraite, essuyant les dernières balles des Mexicains : « nous marchâmes encore jusqu’à Carneron , là où eut lieu le plus terrible et le plus glorieux fait d’armes de toute cette campagne, et que j’ai rapporté. Là, un train vint nous prendre pour nous conduire à Vera Cruz .
En sortant de Cameron, nous vîmes encore dans le bois, le long de [la] ligne, des cavaliers rouges qui nous firent un dernier adieu en tirant quelques coups d’escopette derrière le train. Une heure après, la république mexicaine était délivrée de la présence "de los esclavos y bandidos de Napoleon tercero, el assassino".
 ».
Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Déguignet raconte l'expédition et la retraite françaises du Mexique »

12 Conseil municipal de second empire

Billet du 14.03.2020 - Numérisation de toutes les délibérations du conseil municipal d'Ergué-Gabéric du 12 mars 1851 au 1er juin 1879, à partir du registre relié de 115 pages recto-version, c'est-à-dire 230 folios, conservé aux Archives municipales, pour permettre la transcription future de chaque folio.

Le registre en question couvre les années Napoléon III, dernier monarque en tant qu'empereur des français. Il reprend les délibérations et compte-rendus des séances du conseil municipal.

On y trouve notamment les votes des budgets communaux, la vérification annuelle des comptes, les résultats des élections, l'installation des équipes municipales élues, les nominations des maires par les préfets. Ces maires sont Pierre Nédélec (de Kergoant, cultivateur) de 1846 à 1855, Michel Feunteun (de Congallic, cultivateur) de 1855 à 1862, et Joseph Le Roux (de Lezouanac'h, cultivateur) de 1862 à 1881.

Les autres dossiers marquants de cette période 1851-1879 sont :
Image:right.gifImage:Space.jpgla maison d'école : ouverture en 1854 après quelques péripéties administratives, rémunérations et remplacements des instituteurs laïques, police d'assurance contre l'incendie.
Image:right.gifImage:Space.jpgles chemins vicinaux : rectification de certains tracés, rémunération des habitants réquisitionnés pour les réparations, ventes de terres vagues communales.
Image:right.gifImage:Space.jpgles édifices religieux : réparations de l'église, de la chapelle de Kerdévot et de l'enclos du cimetière.
Image:right.gifImage:Space.jpgle chemin de fer : refus du projet d'implantation d'une station au moulin du Jet.
Image:right.gifImage:Space.jpgl'octroi : réintroduction de la taxe sur les « boissons enivrantes (vin, cidre, poiré, hydromel, eau de vie, liqueurs) ».

Pendant les années du Second Empire, les maires et conseillers d'Ergué-Gabéric doivent prêter serment à Napoléon III en ces termes : « Je jure obéissance à la constitution et fidélité à l'empereur ». Mais le respect local de l'autorité ne s'arrête pas là : trois lettres sont adressées au monarque, l'une en 1857 pour le féliciter à la naissance du Prince, la seconde en 1859 pour lui présenter « l'hommage de son respect, de son amour et de son dévouement inaltérable », et enfin en 1867 pour s'indigner contre la tentative d'assassinat de juin.

 

On notera aussi que la municipalité fait l'acquisition d'un drapeau pour acclamer l'empereur et l'impératrice à leur passage à Quimper le 12 août 1858 : « la commune doit une somme de 18 francs à M. Brossé, tapissier à Quimper, pour prix d'un drapeau qui lui a été fourni à l'occasion du voyage en Bretagne de leurs majestés impériales. »

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1851-1879 - Registre des délibérations du conseil municipal »

13 Foyers épidémiques de la variole

Billet du 07.03.2020 - En ces temps marqués par le « corona virus », il n'est inopportun de se rappeler que la propagation de la variole a fait de nombreuses victimes en France, et dans notre commune en particulier en 1881 et en 1888. Mais à cette époque il y avait un vaccin salutaire.

Sur la courbe ci-contre des chiffres de mortalité pour la commune d'Ergué-Gabéric, on remarque un pic très marqué de 113 décès au total pour l'année 1881, à savoir un chiffre doublé par rapport au chiffre moyen de 55 des années précédentes, mais en 1888 il est à peine supérieur à 60 morts.

En fait pour ces deux années d'épidémies de variole, comme l'ont rapporté les journaux finistériens, les foyers communaux de contagion ont été différents : en 1881 ce sont les régions de Quimper et de Pont-Aven qui ont été touchées les premières, en 1888 la variole s'est propagée sur Brest, Pont-l'Abbé, Douarnenez, Laz et Leuhan.

En 1881, la seule délibération du conseil municipal faisant état de l'épidémie date de début juillet, et il n'y est question que de « la répartition d'une somme de cent francs attribuée aux varioleux par M. le Préfet ». La présence de malades de la variole est bien confirmée par la prise en compte de ce secours.

Mais en réalité cette année-là on compte à Ergué-Gabéric plus d'une soixantaine de décès dus à la varioles. Le doublement de la mortalité annuelle est rigoureusement égal à celui de la commune de Kerfeunteun qui a aussi souffert du fléau.

Début avril 1888, le conseil municipal fait état d'une circulaire préfectoral sur la protection contre la variole  : « Les membres du conseil municipal s'occupent de la circulaire préfectorale qui donne des conseils et instructions concernant l'épidémie de variole. » Cette circulaire, publiée dans le journal « Le Finistère » du 21 mars, donne des instructions précises aux habitants, à la fois en français et en breton, et découpée en quatre parties : I° Isolement des malades ; II° Désinfection des linges ; III° Isolement des locaux ; IV° Vaccinations et revaccinations.

 

Dans le journal « Le Courrier du Finistère » on trouve aussi des encarts en langue bretonne où le terme « ar vreac'h » pour désigner la variole semble refléter une angoisse locale face à la pandémie.

Le même conseil gabéricois du 2 avril 1888 préconise que les vaccinations se fassent sur les trois quartiers principaux de la commune : « Tous les membres du conseil voudraient que comme par le passé le médecin veuille bien vacciner au bourg, à l'école de Lestonan et à Kerdévot ». Le terme « comme le passé » fait probablement référence à la campagne de vaccination qui a suivi l'épidémie surprise de 1881.

En cas années-là, la technique du vaccin antivariolique est nouvelle et innovante car la « vaccine » découverte par l'anglais Edward Jenner, n'a été introduite en France qu'à partir de 1820 et devait être fabriquée à partir de souches animales (veaux et génisses). Après ces propagations varioliques de la fin du 19e siècle il faudra attendre presque 100 ans pour que la variole ne soit complètement éradiquée, la dernière épidémie étant celle de Vannes en 1955.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1881,1888 - Épidémies de varioles en délibérations municipales et dans les journaux »


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