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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Version du 29 février ~ c'hwevrer 2020 à 11:14

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Chaque semaine, un nouveau billet annonçant un ou plusieurs articles sur le site GrandTerrier.

Une compilation des billets est publiée en fin de trimestre sous la forme des chroniques du Bulletin Kannadig.

Anciens billets hebdos : [Actualité, archives]

Les anciennes affichettes : [Accroches à la une]

Modifications d'articles : [Journal des MàJs]


Sommaire

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1 Retour de la croix de Kroas-Ver

Billet du 29.02.2020 - En juin 2019 la petite croix de Kroas-Ver a été délogée de son emplacement millénaire pour permettre les travaux de démolition et de reconstruction des habitations du bas de la rue de Kerdévot. Neuf mois plus tard, les riverains s'interrogent ...

La raison en est que l'agenda du retour de la croix sculptée par les services techniques municipaux reste une inconnue, et personne ne voudrait voir se reproduire l'oubli et la disparition récente de la statuaire médiévale de Notre-Dame-de-Folgoët. En mars 2020 les travaux de reconstruction de l’îlot Nédélec s'achevant (cf. photo ci-dessous), la croix de Kroas-Ver pourrait retrouver sa place devant l'ancien petit commerce, toujours debout, et qui porte son nom « Ti-ar-Groas-Ver »

Cette petite croix fruste est dressée sur le bord du trottoir coté ouest du n° 2 de la rue de Kerdévot. Faisant environ 40 cm de largeur et 1m10 de hauteur, les spécialistes lui attribuent une datation du Haut-Moyen-Age, entre l'an 500 et 1000 ap. J.-C.

La maison et la route, « Ti-ar-Groas-Ver » et « Hent-ar-Groas-Ver », ainsi qu'un champ voisin, ont des dénominations cadastrales qui reprennent celle de la croix et qu'on peut traduire par "Croix-Courte". Pendant plus de 30 ans la maison fut occupée par les commerces de Mme Le Corre et ensuite de Mme Le Berre, née Marie Keraval, que les anciens connaissaient bien : c'était la mercerie du bourg qui faisait aussi office d'épicerie avec ses bonbons très appréciés des écoliers.


 


Auparavant Ti-ar-Groas-Ver avait abrité un cordonnier, un bijoutier, et fut aussi la demeure de l'institutrice de l'école publique située de l'autre côté de la rue.

La croix devant la maison est pour ses habitants une protection divine contre les revenants. De par sa position près de la porte d'entrée, elle interdit l'accès à tout trépassé qui voudrait troubler la quiétude des vivants.

C'est au début du XXe siècle que l'institutrice, croyant bien faire, déplaça la croix qui gênait peut-être la circulation, et la mit près du puits en pierre qui se trouve côté pignon. Mais il fallut replacée très vite la croix à sa position initiale, car la maison était envahie par les forces du mal, et ses habitants ne pouvaient plus fermer l’œil de la nuit.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « La petite croix médiévale de Kroas-Ver »

2 Moulins blanc et roux de Kernaou

Billet du 23.02.2020 - Cette semaine, un voyage dans le temps du côté du moulin de Kernaou grâce aux archives privées de Mme Régine de Kerlivio-Azori et une balade estivale et agreste avec son frère Pol sur le site, entre le chemin de randonnée et le ruisseau de Kernaou-Mezanlez.

Le cadastre de 1834 donne la localisation du moulin et son orientation par rapport au cours d'eau de Kernaou à Mezanlez : le bief est alimenté bien en amont, et forme une pièce d'eau assez large en amont et une retenue juste avant la chute alimentant la roue. Plusieurs parcelles cadastrales sont libellées par rapport au moulin : 375. Goarem ar veil ; 376. Foennec ar veil ; 384. Etang ; 385. Moulin à eau.

La roue est indiquée par un symbole sur le côté est du « moulin à eau », l'eau rejoignant le ruisseau en aval. Le cours d'eau traverse ensuite le chemin de Carn Yven. Ce chemin, aménagé avec une passerelle en bois, est aujourd'hui un chemin de randonnée de plus de 5 km entre la chapelle de Kerdévot et Lestonan.


Jusqu'à la Révolution, le moulin de Kernaou, exploité par le meunier Guillaume Rospabé, est la propriété foncière de « l'émigré Lamarch père », en l’occurrence François-Louis de La Marche, seigneur de Lezergué, réfugié sur l'île de Jersey où il décède en 1794, alors que son fils aîné Joseph-Louis est exilé en Guadeloupe.

Les biens des de La Marche à Kernaou sont confisqués et, lors des ventes séparées, Jean-Marie Le Roux, négociant et avoué à Quimper, devient acquéreur du manoir, de la métairie de Ty-Plouz et du moulin. Contrairement aux adjudications du manoir et de la métairie, l'acquisition du moulin se fait sans enchères publiques.

Le montant payé de 1573 francs est fixé par un document d'estimation rédigé par les experts Le Blond et Le Bour selon une abaque spécifique : multiplication par 18 ou 22 des rentes annuelles agricoles (49 francs) et meunière (15 francs), et addition de la « souche » des 210 francs correspondants à la valeur de l'équipement du moulin (trémie, roue, meule ...).

  Après la vente de l'an 4 (1796), le bail du meunier Guillaume Rospabé est maintenu dans un premier temps. Mais dans le Sommier des comptes des émigrés, après le décompte des recettes de l'an 6 (1798), il y cette mention : « Meunier insolvable est entré à l'hospice » ; il décédera à Quimper en 1806.

Fin 1799, Jean-Marie Le Roux fera rédiger un nouveau « renable » ou inventaire détaillé des ustensiles du moulin, et signifiera à Guillaume Rospabé une sommation d'évacuation.

Le tout est valorisé pour 430 francs, une « souche » qui est doublée par rapport à l'état estimatif de 1796. La raison en est qu'en cette année 8 du calendrier révolutionnaire on compte deux roues et meules dénommées respectivement « Moulin blanc » et « Moulin roux ».

Jean Le Foll, dans son étude « Moulins et meuniers d'autrefois » publiée par l'association « Foën Izella », donne cette explication : le moulin blanc a en général des meules qui broient plus fin le froment et le blé noir ; le moulin roux est utilisé pour moudre l'avoine, le seigle et les aliments du bétail.

Les caractéristiques des deux roues de Kernaou sont attribuables à des roues verticales (perpendiculaires), les petits (double engrenage « rouet » et « lanterne » en dessous de l'axe de la meule) et grands tournants étant vraisemblablement derrière la formulation « La roue, avec ses ustensiles ». Les meules sont différentes suivant les céréales moulues : plus épaisse pour le moulin blanc, « dix pouces et quart deux cent cinq francs », et pour le moulin roux « trois pouces et cinquante quatre francs ».

En 1809 un des deux systèmes sera abandonné, sans doute le mécanisme roux, car un rapport d'activité mentionne le moulin de Kernaou avec une seule roue perpendiculaire et une production journalière de 4 quintaux.

En septembre 1805, un nouveau bail de 9 ans est rédigé au profit du meunier Guillaume Laënnec qui prend aussi la charge du moulin voisin de Mezanlez. Pour Kernaou la nouvelle redevance annuelle d'affermage est payée en nature : huit quintaux de seigle, pareille quantité bled noir et deux quintaux d'avoine.

Jusqu'en 1823 les baux sont reconduits, avec baisse de la rente annuelle à deux quintaux de seigle, quatre quintaux de bled noir et deux quintaux d'avoine, et moyennant les subrogations de meuniers en cours de bail. Les différents meuniers successifs de Kernaou sont : Guillaume Daniélou (1806), Pierre Rospabé (1813, fils de Guillaume décédé en 1806), Yves Perchec (1814), Guillaume Morel (1815), Yves Le Masson (1817), François Huiban (1818).

* * *

En savoir plus : « Ancien cadastre et photos des ruines du moulin de Kernaou », « 1796 - Estimation et adjudication du moulin de Kernaou », « 1799-1818 - Renables et baux du moulin de Kernaou »

3 La statue de Gwenhael à Carnoët

Billet du 15.02.2020 - Le tohu-bohu actuel à la Vallée des Saints où les fondateurs se rebellent pour éviter la marchandisation du site nous font prendre brusquement conscience qu'on a complètement oublié de relater la réalisation de la statue monumentale du saint protecteur de notre commune.

Grâce à une souscription populaire de 15.000 euros collectés auprès de 136 donateurs, une grande statue de saint Guinal/Guénaël a été dressée en 2019 sur le site de la Vallée des Saints de Carnoêt (Côtes d’Armor).

La statue a été réalisée fin 2018 par Cyril Pouliquen, l'éminent sculpteur de Plourin-lès-Morlaix. Sur le site de Carnoët il a déjà produit les saintes et saints Dalerc'ha, Donasian et Rogasian, Ernog, Pergat et Visant Férrier. La statue de Saint Gwennael est taillée dans un bloc de granit de jolis grains foncés, avec les plus d'une robe de bure jusqu'au sol et en contraste une figure et des mains vitrifiées.

Sa tête est recouverte d'une cagoule, avec une longue pointe à l'arrière. La figure lisse, constituée de multiples facettes et ornée d'un œil droit en tâche sombre, ressemble à un masque de divinité.

Cette représentation faciale symbolique est sans doute liée à la beauté légendaire du fils de Romélius et de Laetitia : « filius elegantis formae, vultus angelici, Guenailus nominatur » ("fils d'une beauté exceptionnelle, au visage d'ange, il reçoit le nom de Guénaël", Vita seconda sancti Guenaili).

Sur la ceinture de son habit de moine, sont gravées les inscriptions suivantes : « ST GWENNAEL » à l'arrière, « LOUISON » (assistant sculpteur ?) sur le côté sud, et « ALI LEO » (signature du sculpteur Pouliquen) sur le côté nord.

  Le moine présente en avant les paumes de ses mains ouvertes, dans un geste d'apaisement et d'absence de peur, un peu comme une « mudrā » dans la culture et religion bouddhique.

La statue est placée sur le bord ouest de la colline du site de Carnoët, le regard dans la direction du sud-ouest, probablement vers le pays de sa naissance et son enfance, à savoir Ergué-Gabéric près de Quimper.

En savoir plus : « Saint Gwenhaël (6e siècle) », « Guinal, 115e statue de La Vallée des Saints, Le Télégramme 2017 »

4 Archives des camps de déportation

Billet du 08.02.2020 - Les Archives Arolsen, centre de documentation localisé dans la ville de Bad Arolsen en Allemagne, dévoilent le sort de 3 déportés gabéricois. Une institution qui a pour but de publier les dossiers des administrations nazies en 1939-45 et des armées alliées de libération des camps.

Le programme de numérisation des Archives Arolsen est loin d'être terminé, mais de plus en plus de pièces sont désormais disponibles sur le site arolsen-archives.org, notam-ment depuis la publication en novembre 2019 de 800.000 documents rédigés en zone d'occupation américaine.

On y trouve notamment le dossier complet du résistant déporté Jean Le Corre, documents enregistrés au camp de Buchenwald et incluant ses cartes matricules et de détention (« Häftlings-Personal-Karte »).

Jean Le Corre a déjà raconté dans un livre son arrestation et sa déportation après un acte de résistance à Quimper, à savoir le cambriolage des papiers du S.T.O.. Les Archives Arolsen confirment les dates de détentions : le 31 juillet 1944 à Neugamme (« Eingewiesen am. 31.7.1944 durch: in K.L. : Neuengamme Polit. Franzose ») et le 22 mars 1945 à Buchenwald (« Überstellt am : 22.3.1945 an K.L. Buchenwald »).

Un tas de détails est consigné dans ses cartes de détentions : son matricule 136.857 bien sûr, ses caractéristiques physiques, naissance et domiciliation au bourg d'Ergué-Gabéric, noms des parents, profession (« ingenieur » et la précision « Landwirtschaft » pour sa spécialité agricole), et son statut de détenu politique et non de prisonnier de guerre.

Jean Le Corre avant sa déportation :
 
Sa carte matricule de prisonnier

Le deuxième dossier gabéricois est constitué d'une liste d'étrangers, juifs et apatrides dans laquelle est inscrit Louis Laurent né à Kerdales en 1912. Il est déclaré avoir reçu le 10 février 1944 un titre de séjour (« Aufenthalt Anzeige ») de la part de la ville de Lauf an der Pegnitzle (Bavière). Nous n'en savons pas plus sur les circonstances de son séjour en Allemagne.

Le troisième dossier concerne Michel Tymen né en 1909 à Mesnaonic pour lequel est établie une fiche D.P. ou « Deplaced Person » (personne déplacée) remplie par les organisations des Nations Unies et des camps internationaux de régufiés. Il est noté ses professions de camionneur des Messageries et de cultivateur, et son rattachement au Camp William II. Il déclare aussi détenir 1944 les sommes de 55 Reichsmarks (marks du Reich, abréviation RM) et de 30 Francs français.

Au delà de ces 3 dossiers, il est fort à parier que d'autres informations seront collectées dans les années à venir.

On aimerait par exemple en savoir plus sur un autre natif d'Ergué-Gabéric, Pierre Goazec, cité dans une biographie britannique comme « deported to Auschwitz-Birkenau for having sheltered two Jewish children in Gabéric during WWII » (déporté à Auschwitz-Birkenau pour avoir hébergé deux enfants juifs à Ergué-Gabéric pendant la seconde guerre mondiale). Les prochaines numérisations d'Archives Arolsen vont probablement dévoiler ce pan d'histoire oubliée.

En savoir plus : « 1944-1947 - Les dossiers des Archives Arolsen pour les victimes gabéricoises du nazisme »

5 Ex-voto des soldats et mobiles bretons

Billet du 01.02.2020 - Le fondateur de la revue bretonne « Feiz-ha-Breiz », futur évêque d'Autun, Chalon et Mâcon, de passage à la chapelle de Kerdévot début mai 1871 : grand merci à Régine Azori de Kernaou pour nous en avoir indiqué le compte-rendu dans la biographie de son arrière-arrière-grand-oncle.

« Un évêque breton. Monseigneur Léopold de Léséleuc de Kerouara. Évêque d'Autun, Chalon et Mâcon (1814-1873), Imprimerie Cornouail-laise, Quimper, 1932 » : Le chanoine Alfred Le Roy est l'auteur de la biographie détaillée de cette personnalité Léopold-René de Léséleuc de Kerouara, vicaire général de Quimper de 1859 à 1872, puis évêque d'Autun. L'évêque né à Saint-Pol-de-Léon est aussi un défenseur de la langue bretonne et crée en 1865 la revue « Feiz ha breiz ».

Dans cette biographie, on le découvre en 1871 présidant un pardon à la chapelle de Kerdévot et faisant une homélie aux soldats de retour de la guerre contre les Prussiens. On notera que c'est une descendante des Léséleuc de Kerouara qui nous a indiqué ce passage, sa parenté étant issue du mariage en 1889 du neveu de Léopold, Augustin de Léséleuc, avec l'héritière des manoirs de Kervreyen et de Kernaou, lesquels, à proximité immédiate de Kerdévot, sont toujours possédés par leurs descendants.

Dans ce passage est rappelée la ferveur des pèlerins du 4 mai 1871 : « Dès le point du jour, les messes se succédèrent avec de nombreuses communions ; de tous les versants des collines, soldats revenus au foyer, pères et mères, joyeux et reconnaissants, convergent en groupes compacts vers la chapelle bénie. »

Et avant que la procession ne rentre dans la chapelle, « M. de Léséleuc monte sur le mur de l'enceinte extérieure, et de cette tribune en plein air, il parle la belle langue du pays ». Le biographe donne la traduction française d'une partie du discours publié en langue bretonne dans le journal « Feiz ha breiz ».

L'ecclésiastique s'adresse spécialement aux jeunes soldats revenus sains et saufs du front de la guerre contre les prussiens, et à leurs mères qui les ont mis sous la protection de Notre-Dame de Kerdévot. Il évoque aussi « cet ex-voto offert à Notre-Dame de Kerdévot », une plaque de marbre aux lettres dorées.

Le texte français de l'hommage proposé par l'auteur à partir de la version bretonne du journal est : « Hommage de reconnaissance à Notre-Dame de Kerdévot pour la protection qu'elle a accordée aux soldats, marins et mobilisés. 1871. ».

 
Mais en fait le texte de la plaque encore aujourd'hui visible sur place sur le pilier central dédié aux ex-votos est un peu plus laconique : « Recon-naissance à ND de Kerdévot qui a si bien protégé nos soldats et mobiles Bretons. 1871 », les mobiles étant l'abréviation de la Garde nationale mobi-le, dans laquelle servaient de nombreux bretons appelés sur les fronts de l'est contre les prussiens, notamment à Belfort et à Bessoncourt.

L'article de « Feiz ha breiz », signé des initiales L.B., est titré « Pardonerien bet e Kerdevot d'ar 4 a Vae 1871 » (Les pardonneurs présents à Kerdévot le 4 mai 1871).

Cela démarre par une ode à la nature : « Caret a rant, d'an deiziou kenta euz an nevez amzer, pa gomans an traou sevel a nevez, da vintin pa veler an heol o sevel adren ar meneziou ... » (J'adore, aux premiers jours du printemps, quand les choses commencent à se développer de nouveau, le matin quand on voit le soleil se lever derrière les montagnes).

Et ces états d'âmes inspirés du mois de Marie sont l'occasion de faire pénitence et gagner des indulgences dans une chapelle bénie lors d'une fête de pardon. Et notamment à Kerdévot où les pèlerins sont particulièrement très nombreux au printemps 1871.

Le pardon de Kerdévot du 4 mai 1871, célèbre le retour de guerre des soldats français, et le prêche en breton du vicaire général de Quimper, Léopold de Léséleuc, est à la gloire des mères des soldats de retour d'une guerre meurtrière qui s'est enfin achevée : « guell e guell e cavani gouscoude rei dezhan eun hano all a gavan guirroc'h c'hoas, dervez ar mamou » (n'est-il pas plus dans la vérité des événements tragiques, dont nous sommes délivrés, de l'appeler la journée des mères).

L'homélie de Léopold de Léséleuc est essentiellement constituée de fierté et de piété régionale : « ato or feiz coz a reno e Breiz, ato chapelou I. V. Rumengol, I. V. Folgoat, I. V. Kerdevot a velo enn niver braz a bardonerien o tout dezho » (toujours la vieille foi régnera en Bretagne, toujours les chapelles mariales de Rumengol, Le Folgoat et Kerdévot vous verront fidèles et en foule à leurs pardons !).


En savoir plus : « LE ROY Alfred - Monseigneur Léopold de Léséleuc de Kerouara », « Pardonerien e Kerdevot, Pardon à Kerdévot, Feiz ha breiz 1871 »

6 Page du roi Louis XV en 1739

Billet du 25.01.2020 - Dossier constitué des preuves de noblesse nécessaires pour l'obtention du titre de Page des Petites Écuries du roi à Versailles ; e manuscrit conservé sur le site Richelieu de la BnF et transcription des folios 63 et 64 par Armand Chateaugiron sur le site Internet Tudchentil.org.

Vue et perspective des Escuries de Versailles du côsté de la grande cour

François-Louis de La Marche, né à Kerfors en Ergué-Gabéric, a 19 ans quand il est admis au nombre des pages du roi Louis XV à Versailles. Plus exactement aux Petites Ecuries et sous les ordres du premier Ecuyer du Roi, le marquis Henri-Camille de Beringhen (1693-1770). Les taches essentielles des pages est de participer en livrée à toutes les cérémonies royales, de son lever à son coucher, lors des messes, déplacements et chasses.

Pour être admis page du roi il faut produire un extrait baptistaire légalisé du gentilhomme et les degrés de sa filiation, qui doivent remonter au moins jusqu'à son quatrième ayeul et jusqu'en l'an 1550, l'anoblissement devant être antérieur à cette date. Toutes les noblesses par charges et par fonctions sont acceptées aux Petites Ecuries, alors que seules les descendants d'une noblesse militaire peuvent entrer aux Grandes Ecuries.

Le juge d'armes Louis-Pierre d'Hozier (1685-1767) [1] doit dresser et certifier toutes les preuves de noblesse des postulants. Pour celles de François-Louis de La Marche, son travail est sans doute facilité car il est le petit fils du généalogiste Pierre d'Hozier, lequel était le correspondant épistolaire Guy Autret, historien et seigneur de Lezergué.

Le document établi pour F.-L. de La Marche commence par le blason, « De gueules à un chef d’argent », et cette mention « Casque de trois quarts ». Le fait d'être timbré d'un tel casque est  normalement  réservé  aux  comtes, titre  attribué  tardivement  à

 
François-Louis, mais la noblesse des de La Marche originaire du vicomté du Faou présente essentiellement des écuyers et des chevaliers.

Les 8 générations identifiées par le juge d'armes, avec mention des actes de baptêmes et de partages successoraux, sont les suivantes :


Les titres originaux de noblesse fournis s'étalent de 1720 à 1547, depuis l'acte de baptême du jeune gentilhomme jusqu'à un « acord fait le onze mai mil cinq cent quarante sept entre nobles gens Louise de la Marche, et Charles de la Marche, son frere ainé, seigneur de la Marche et de Bodriec ».

Après sa période versaillaise, François-Louis de La Marche fait une carrière militaire comme lieutenant des maréchaux de France. De retour à Ergué-Gabéric, entreprend la rénovation de son manoir de Lezergué qui est achevée vers 1771-1772.

À la Révolution il a les ennuis de tout noble qui se respecte et doit émigrer sur l'île de Jersey où il décède en 1794.

Son château de Lezergué ne sera néanmoins pas vendu comme bien national, car une levée de séquestre sera prononcée suite à amnistie en 1803.

En savoir plus : « 1739 - François-Louis de La Marche admis comme page de la Petite Écurie du roi »

7 Indemnités de retraite en 1905-1909

Billet du 18.01.2020 - Comment le Conseil Municipal d'Ergué-Gabéric doit se conformer aux obligations de la loi du 14 juillet 1905 portant sur l'assistance obligatoire aux vieillards, aux infirmes et aux incurables, et comment statistiquement et politiquement cette assistance est localement dispensée.

Analyse d'après le registre des Délibérations du Conseil Municipal du 16 novembre 1879 au 21 novembre 1909, conservé aux Archives Municipales d'Ergué-Gabéric.

La loi du 14 juillet 1905 sur l'assistance obligatoire des vieillards et infirmes est l'amorce du système français de solidarité sociale républicaine et met fin au caractère facultatif des entraides proposées par les bureaux de bienfaisances, hospices en donnant plus de pouvoirs aux instances communales.

Son article I précise les personnes concernées : « Tout Français privé de ressources, incapable de subvenir par son travail aux nécessités de l'existence et, soit âgé de plus de 70 ans, soit atteint d'une infirmité ou d'une maladie reconnue incurable, reçoit, aux conditions ci-après, l'assistance instituée par la présente loi. »

Et l'article 20 explique le principe d'allocation mensuelle : « L'assistance à domicile consiste dans le payement d'une allocation mensuelle. Le taux de cette allocation est arrêté, pour chaque commune, par le Conseil municipal, sous réserve de l'approbation du Conseil général et du ministre de l'Intérieur. Il ne peut être inférieur à 5 francs ni, à moins de circonstances exceptionnelles, supérieur à 20 francs. ».

Avant 1905 à Ergué-Gabéric un bureau de bienfaisance était en charge du programme d'assistance envers les enfants en difficultés et les vieillards indigents. Le compte administratif de 1904 fait état d'un montant annuel de dépenses de 1340 francs couvertes en partie par des subventions départementales.

En novembre 1905 un conseil municipal prend acte de la nouvelle loi : « le taux de l'allocation mensuelle à accorder aux vieillards, infirmes et incurables de la commune qui recevront l'assistance à domicile serait de 10 francs, évaluations détaillées des divers éléments de dépenses que nécessite l'entretien dans cette commune d'un assisté à domicile à 0 f 60 c dont 0 f 30 c pour pain et 0 f 30 pour viande et beurre ».

Si l'on tient compte de l'évaluation journalière en terme de besoins nutritionnels, « 0 f 30 c pour pain et 0 f 30 pour viande et beurre », ce qui fait 18 francs par mois, on peut considérer que l'état couvre désormais 55% par ses 10 francs d'indemnités. Rapporté en euros de 2015 cela ferait un équivalent théorique d'une quarantaine d'euros d'allocation.

Avec l'application de la loi de 1905 on dispose de statistiques nationales par département et l'on sait notamment que les départements industriels ("et possédant de grands centres urbains"), mais aussi les départements bretons et corses, présentent à cette époque un nombre important de vieillards indigents ou infirmes. Ainsi dans le Finistère 33% des vieillards de plus de 70 ans doivent être assistés.

Entre 1905 et 1909 le conseil municipal d'Ergué-Gabéric inclut dorénavant dans ses délibérations les éléments d'arbitrage des listes de vieillards et infirmes assistés, c'est-à-dire les noms, âges, domiciles des nouveaux assistés, au total 55 personnes. Cela commence en 1905 par 9 postulants (une personne à hospitaliser, 5 femmes et 4 hommes à maintenir à domicile), et ensuite 9 femmes et 11 hommes en 1907, 7 femmes et 4 hommes en 1908, 5 femmes et 8 hommes en 1909.

  On peut répartir les 55 personnes recensées en deux catégories : les «vieillards » de plus de 70 ans pour 80% et les « infirmes » dont l'âge est systématiquement de plus de 60 ans (sauf un âgé de 33 ans) pour 20% d'entre eux. Comme on ne sait pas leur dates de décès et de fin de droits, on peut estimer que l'allocation doit toucher en 1908-1909 un volant d'environ 40 assistés sur 55, ce qui fait un budget annuel de plus de 4000 francs.

Le taux de 10 francs d'allocation mensuelle fait l'objet d'un vote en mai 1907 : « M. le Maire donne connaissance au conseil du taux actuel de l'allocation mensuelle accordée aux vieillards assistés, considérant qu'il est trop élevé. Le conseil après en avoir délibéré fixe le taux pour 1908 à 6 f ». Mais cette décision ne sera pas validée par les instances départementales et le taux restera à 10 francs.

On voit donc qu'à Ergué-Gabéric la loi de 1905 est appliquée pour protéger les personnes indigentes âgées de plus de 60 ans, et moins pour les infirmes et malades incurables. Par contre deux autres natures d'assistance sont dispensées par décisions municipales : d'une part les jeunes conscrits soutiens de familles qui ont droit à une allocation journalière de 75 centimes (soit environ 22 francs par mois), et les réservistes indigents un peu plus âgés qui disposent de 6 à 10 francs par période d'instruction militaire de 13 à 28 jours. Et enfin la troisième catégorie des enfants assistés restent couverts par le bureau de bienfaisance dont il faut tous les ans voter un budget supplémentaire.

Un exemple de vieillard assisté attire notre attention : dans le registre pour la délibération de novembre 1908 Jean-Louis Conan de Kerdilès, né en 1838 à Elliant en Ergué-Gabéric, apparaît dans la liste des allocataires. Il vient tout juste d'avoir 70 ans et est déficient visuel sans doute suite à une cataracte ou un diabète.


Jean-Louis Conan, décède en 1916 et la photo ci-dessus a du être prise peu de temps avant, près du puits de la ferme à Kerdilès, où il pose presque totalement aveugle.

En savoir plus : « 1905-1909 - La loi du 14.07.1905 et l'aide communale aux indigents et assistés »

8 Bulletin Kannadig de janvier

Billet du 11.01.2020 - Le présent bulletin rassemble les chroniques gabéricoises du dernier trimestre 2019 publiées chaque semaine sur le site Internet Grandterrier.net, 12 articles illustrés sur 32 pages au format papier A5, le tout agrafé et envoyé par la poste dans les penntys et manoirs sympathisants.

Une nouvelle année s’annonce, et la publication trimestrielle du bulletin avec les derniers articles publiés se poursuit avec celui-ci sur le thème Histoire, Généalogie, Mémoires et Patrimoine.

Pour commencer, un premier article qui concilie Histoire, Généalogie et Bretagne au travers de l’édition d’un « dessein et project » gabéricois du 17e siècle.

Ensuite deux évocations de la période médiévale via la dîme épiscopale et les aveux de succession à Kerfors, la 4e chronique portant sur la vente de Kernaou en bien national à la Révolution.

Les deux sujets suivants sont datés du XIXe siècle, plus exactement de l’année 1867, l’un adressé à Napoléon III suite à un attentat raté, l’autre pour la création de la 1ère école des filles.

Ensuite le XXe siècle avec deux histoires de classes : les premières classes mixtes de niveaux à l’école publique de Lestonan en 1933 et la photo de classe d’âge de l’année 1958 de celles et ceux nés en 1958.

Pour cette photo un appel à la Mémoire des anciens est lancé : qui se souvient de cette rencontre festive où chacun portait un joli chapeau et certaines une écharpe de miss ?

Et pour finir le Patrimoine est à l’honneur dans ce bulletin : les cloches historiques de Kerdévot qui sonnent encore aujourd’hui les jours de pardon, et les vitraux du XVIe siècle dans l’église paroissiale Saint-Guinal.


Lire le bulletin en ligne : « Kannadig n° 48 Janvier 2020 »


ET, BIEN SUR, NOS MEILLEURS VOEUX QUI SOIENT POUR L’ANNEE 2020 : « Succensa Sacris Crepitet Bene Laurea Flammis, Omine Quo Felix Et Sacer Annus Erit !» (cf. source et traduction en 1ère de couverture).

 

9 Des vœux élégiaques pour 2020

Billet du 04.01.2020 - « Succensa sacris crepitet bene laurea flammis, omine quo felix et sacer annus erit ! », traduction française : "Que le pétillement favorable du laurier dans la flamme sacrée nous annonce une année heureuse et protégée des dieux !", extrait de l'Élégie II, V de Tibulle.

Ces vœux en latin car l'actualité de cette semaine porte sur un historien breton qui était aussi un grand latiniste capable de composer l'éloge de Julien Furic qu'il signe « Nobilis Guido Autret, eques torquatus, dominus de Missirien, et de Lesergue ».
Ces derniers jours, l'historien et paléographe Hervé Torchet a publié un ouvrage majeur de 481 pages, projet initié il y a presque 400 ans par Guy Autret : « Histoire Généa-logique de Bretagne - Guy Autret de Missirien (1599-1660) » aux éditions de La Pérenne.

Dès 1640 il avait publié un petit fascicule intitulé « Dessein et projet de l'histoire généalogique de Bretagne », décrivant sa méthode et annonçant son intention de produire un futur ouvrage imprimé très ambitieux dont il présente le sommaire détaillé. Pour alimenter cet ouvrage il avait la matière avec de nombreuses notes éparses et des échanges épistolaires sur les généalogie des grandes familles nobles bretonnes, mais il mourut brutalement en 1660 avant de pouvoir finaliser son projet.

Hervé Torchet a, en quelque sorte, pris la relève de ce projet, en retrouvant et transcrivant tous les manuscrits et notes anciennes et en reconstituant le contenu du sommaire annoncé.

Dans son introduction Hervé Torchet présente son "mentor" historien comme suit : « Guy Autret de Missirien est l'homme-clef de l'historiographie de l'Ancien Régime. Non pas seulement celui de la Bretagne, mais son influence s'est étendue sur toute la méthode historique du dernier siècle de la monarchie française. Sa marque s'est imprimée dans toute la production d'Histoire de cette période ultime. »

Fin 1641, Guy Autret écrit à son correspondant Pierre d'Hozier : « Ce jour de Nouel. Ayant fait reimprimer mes petis projets d'histoere, pour les distribuer à nos amys, jé voulu vous en envoier un couple ». Il s'agit là de l'édition de 15 pages datée de 1642, laquelle est conservée à la Bibliothèque Nationale de France, les premiers fascicules de 1640 ayant disparu.

L'édition suivante conservée également à la BnF, datée de 1655, est plus complète avec 22 pages et les éléments comparatifs suivants :
Image:Right.gif Les deux éditions ont le même format in-4 et sont imprimées à Rennes par Julien Herbert.
Image:Right.gif La couverture de 1655 inclut le blason de l'ordre de chevalerie de l'Hermine fondé en 1381 par le duc de Bretagne Jean IV.
Image:Right.gif Les deux fascicules sont découpés en 26 (en 1642) ou 24 Livres (1655), les Livres I à 10 étant consacrés aux généalogies des rois, comtes, ducs, princes et gouverneurs de Bretagne.

 

Image:Right.gif Dans l'édition de 1642 les Livres 11 à 26 sont catégorisés par origines géographiques et rangs de noblesse. En 1655 le Livre 11 est réservé à la noblesse Ecclésiastique et les suivants sont alphabétiques.
Image:Right.gif Dans l'avertissement de l'édition de 1655, Guy Autret explique qu'il a changé d'avis : « Par mes premiers projects imprimez l'an 1640, j'avois proposé d'escrire les Généalogies des plus grandes et principales maisons, selon l'ancien ordre des Barons et Banerets ; mais sçachant qu'ils ne conviennent pas encore de leurs rangs après tant de siècles, j'ay pris résolution de suivre l'ordre de l'alphabet pour éviter tout blame et jalousie. »

Hervé Torchet a repris ce dernier plan de Guy Autret dans la nouvelle « Histoire Généalogique de Bretagne », en rassemblant tous les manuscrits et travaux du 17e siècle, et en les illustrant des armoiries de toutes les familles nobles recensées, les blasons colorés étant conçus par Béatrice Chauvel.


En savoir plus : « TORCHET Hervé - Histoire Généalogique de Bretagne de Guy Autret », « AUTRET Guy - Dessein et project de l'histoire généalogique de Bretagne »


Image:Square.gif Nota : Hervé Torchet donnera une conférence sur son ouvrage le 8 février 2020, 16 h, à la salle Ti-Kreis de l'Athéna à Ergué-Gabéric.

10 Une lettre remerciant la providence

Billet du 28.12.2019 - Folio 111 du registre des délibérations de 1851 à 1879 conservé aux Archives Municipales d'Ergué-Gabéric : délibération du conseil du 23.06.1867 incluant la lettre envoyée à Napoléon III (cf fac-similé ci-dessous) suite à la tentative d'attentat à son encontre et celle du tsar Alexandre II.

L'attentat eut lieu au bois de Boulogne, un coup de feu contre le landau découvert impérial ayant été tiré par un dénommé Antoni Berezowski, fils de nobles polonais. Un placard est publié par la préfecture de police : « Personne n'a été atteint. L'assassin a été arrêté immédiatement ». Comme il est coutumier à cette époque, une lettre de soutien politique et citoyenne est rédigée en mairie d'Ergué-Gabéric et transmise à l'Empereur.

L'importance politique du soutien du conseil municipal à l'Empereur est telle que la lettre est publiée dans le registre de ses délibérations. Cette adresse collective s'adresse personnellement à Napoléon III qui est 3 fois apostrophé par le titre de « Sire ! », et par ailleurs par les termes « l'élu de la nation française » et « l'Empereur des Français ».

Le texte démarre pompeusement par cette phrase : « La divine providence qui veille sur tout a encore voulu dans ces derniers jours montrer sa puissance en Vous sauvant si miraculeusement ». Cette providence, une fois de plus, « a prouvé au monde entier que l'élu de la nation française est bien celui qu'elle a choisi et entre les mains duquel elle désirait mettre les destinées de la france ».

La salutation finale de la lettre est : « Vive l'Empereur ! Vive l'Impératrice ! Vive le Prince Impérial ». Le souverain russe, qui est la vraie cible du terroriste patriote polonais, est désigné par les mentions de « votre souverain hôte » et « vos augustes personnes » au premier paragraphe.

Alexandre II est en visite en France, car cette année-là la France accueille une section russe pour la première fois dans une Exposition universelle parisienne. Le Tsar est invité par Napoléon III à visiter l’Exposition universelle de Paris, avec également l'objectif de renouer une alliance entre les deux États. Mais l'attentat au bois de Boulogne va faire capoter les discussions de rapprochements.

 

Ceci malgré le fait que l'assassin ne fut pas chanceux avec son pistolet à deux coups. C'est le cheval qui reçoit la première balle. Le second canon de l’arme lui éclate dans la main, et il est sérieusement blessé à la main droite, il veut crier « vive la Pologne » mais un agent le réduit au silence ; on évacue alors le blessé qui échappe de peu à un lynchage par la foule.

Dans leur lettre, les gabéricois l'accusent en ces termes : « ces hommes méchants qui n'aspirent qu'au mal, qui veulent tout détruire et qui ne désirent que la guerre civile ».

Cette allusion à la guerre civile est sans doute une interprétation des conditions de l’insurrection en Pologne, alors dans l’empire de Russie, qu'Alexandre II a réussi à mater, et que le patriote polonais a voulu venger.

Berezowski échappe à la peine de mort, mais est seulement condamné à un emprisonnement au bagne de Nouvelle-Calédonie, ceci grâce à une brillante plaidoirie de son avocat Emmanuel Arago. Cette clémence entraîne une aggravation des tensions entre la France et la Russie.

Berezowski fait l'objet d'une demande d'amnistie en 1906, mais son état d'aliénation ne permet pas sa libération, et il meurt en 1916 à l’hôpital du Marais de l’île Nou.

En savoir plus : « 1867 - Lettre à l'Empereur Napoléon III suite à l'attentat du 6 juin »

11 Une crèche de Noël en verre

Billet du 22.12.2019 - C'est bientôt la fête de Noël : c'est l'occasion de rester sur le thème des vitraux de la semaine dernière et de vous présenter la première lancette en registre inférieur de la maîtresse-vitre de St-Guinal, datée de 1516, et représentant une Nativité en très bon état de conservation.

Sur cette Nativité, la Vierge Marie et Joseph sont de part et d'autre du berceau en osier de l'Enfant Jésus ; au-dessus de la tête de saint Joseph brille l'étoiles des Mages, un âne et un bœuf assistent à la séance de prière et d'adoration.
La comparaison avec la scène de la Nativité sur la baie 1 du chevet de l'église St-Fiacre de Guengat (photo ci-contre à gauche, extraite du blog de Jean-Yves Cordier) est très instructive pour la lisibilité car le carton central des deux vitraux est identique :

Image:Right.gif les personnages de Joseph et Marie (on y voit bien l'emplacement des mains à Guengat, et à noter ce même bouton à l'encolure du manteau maternel),

Image:Right.gif entre les parents, les têtes de l'âne et du bœuf (plus facilement repérables par rapport au vitrail de l'église St-Guinal).

Image:Right.gif le nouveau-né dans un panier en osier garni de paille (en largeur à St-Fiacre, suite à restauration, et non en position haute).

D'où le croquis reconstitutif placé en médaillon sur l'image de droite.

La croix des mages est visible sur les deux vitraux au-dessus de la tête de Joseph, stylisée sur un fond rouge damassé (décor régulier et répétitif d’inspiration orientale) à Ergué-Gabéric et gravé à Guengat. En arrière plan se détache le mur d'une étable au toit de chaume, ce dernier étant conservé en grisaille et jaune d'argent à St-Guinal.

Les parties supérieures sont très différentes. À Guengat ce sont des murailles crénelées et des éléments sculptés de l'architecture d'un palais. À Ergué-Gabéric on devine la forme d'une bannière, des décors armoriés, et de part et d'autre une colombe et un animal ailé qui ressemble à une hermine passante.
 

Comme l'a noté Roger Barrié dans sa thèse, la technique de «  sertissage en chef d’œuvre » est timidement employée dans la scène de la Nativité de St-Guinal, par le maître-vitrier. Il s'agit d’incrustation de verres, souvent ronds, tenu par un plomb, à l’intérieur d’un autre verre plus grand et de couleur différente. Ce travail, extrêmement délicat, permettait au compagnon d’obtenir sa maîtrise, d’où le nom de « chef d’œuvre », ceci pour affiner certains éléments de décor.

En savoir plus : « La Nativité de la maîtresse-vitre de l'église Saint-Guinal »

12 Corpus Vitraerum à Saint-Guinal

Billet du 15.12.2019 - Deux vitraux authentiques et bien conservés depuis leur élévation dans l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric en 1515-1517.

L'authenticité des deux anciennes verrières de l'église St-Guinal d'Ergué-Gabéric est due à leur ancienneté, du début du XVIe siècle, et de la préservation de la majeure partie des ajours d'origine. Ces deux vitraux font partie de la rétrospective sur le site Internet http://www.lavieb-aile.com de Jean-Yves Cordier des 16 œuvres attribuées ou attribuables aux peintres vitriers cornouaillais Le Sodec.

L'analyse technique et description picturale de ces vitraux sur les thèmes de la Vie du Christ, de la Vierge ou d'Arbre de Jessé ont fait l'objet en 1978 d'une thèse très bien étayée par Roger Barrié.

Ces travaux ont été résumés et complétés en 2005 dans l'inventaire « Corpus Vitraerum » des Vitraux de Bretagne de Françoise Gatouillat et Michel Hérold qui notent, pour l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric, qu'il faudrait aussi inclure la petite verrière placée au sud de la maîtresse-vitre, car elle est aussi ancienne et très probablement livrée aussi à la fondation de l'église St-Guinal dans les années 1515-1517.

En effet, omise par Roger Barrié dans sa thèse, elle représente le couple de donateurs nobles d'Ergué-Gabéric, François Liziart et Marguerite de Lanros (en médaillon sur le photo-montage ci-contre). Ces derniers résidaient dans leur petit manoir de Kergonan entre 1481 et 1540.

Quant au maître verrier présumé du 16e siècle, Jean-Pierre Le Bihan, intervenu sur place pour l'entretien de la maîtresse-vitre de St-Guinal, confirme les rapprochements thématiques des cartons des verrières étudiées, et ajoute qu'il constate aussi, même pour les vitraux non signés, une fréquence importante d'inscriptions similaires indéchiffrables avec des groupes de 3 lettres, marquées à Ergué-Gabéric par une double combinaison SVOE (SVO ET VOE).

La généalogie des Sodec se transmettant leur atelier familial de Quimper est ténue, mais on note au moins au moins deux prénoms : Olivier  et  Laurent.  Roger  Barrié  avance  l'hypothèse

 

qu'Olivier a été le maître d'oeuvre des premières Vie du Christ, dont celle de St-Guinal, et que l'Arbre de Jessé de Kerfeunteun est une réalisation collective d'Olivier et Laurent, ce dernier répliquant ensuite le style Renaissance. Il mentionne aussi un Gilles Le Sodec pour un vitrail destiné à Brasparts. Et pour les décennies précédentes au 15e siècle, il signale un Sodec exerçant à Nantes, ville qui pourrait être la provenance familiale des vitriers quimpérois.


Nota : dans le prochain bulletin de la Société Archéologique du Finistère, un article d'Hervé Quéinnec sera publié sur la verrière de l'Arbre de Jessé de Kerfeunteun, oeuvre aussi signée Le Sodec.

En savoir plus : « Les deux verrières authentiques de St-Guinal de 1515-17 et l'atelier Le Sodec », « GATOUILLAT et HÉROLD - Corpus Vitrearum, les vitraux de Bretagne », « BARRIÉ Roger - Etude sur le vitrail en Cornouaille au 16e siècle »

13 La première école des filles

Billet du 08.12.2019 - Document 2 O 788, ex 2 O 410, Archives dép. du Finistère : échanges en 1886 entre la Préfecture, l'Académie et le maire d'Ergué-Gabéric à propos des travaux de transformation de l'ancienne maison d'école en école publique des filles, suite à l'ouverture de l'école neuve des garçons.

La première maison d'école ouverte à Ergué-Gabéric en 1855-56 est une « école spéciale aux garçons », et jusqu'en 1886 les jeunes filles sont exclues de scolarisation. Le 21 juillet 1867 une demande préfectorale d'étude d'une solution d'école mixte essuie un refus du conseil municipal : « Considérant qu'il n'y a pas de local pour recevoir les filles, et qu'en supposant un emplacement convenable trouvé, la commune, vu l'état de ses fonds ajourne pour le moment la création d'une école de filles ».

En 1882 une solution alternative est actée : « La commune d'Ergué-Gabéric, dite le Grand Ergué, n'a qu'une école de garçons. Après de longues et vives instances, elle s'est décidée à créer une école de filles, ou plutôt à bâtir une maison d'école qui sera destinée aux garçons, et à conserver, après quelques appropriations, et modifications, le local actuel à une école publique de filles. ».

La nouvelle école est située à l'ouest du bourg chef-lieu, et l'ancienne dorénavant réservée aux filles à l'est. Trente ans après l'accueil des garçons, les filles ont donc accès à l'école communale dans cette petite école à classe unique et nécessitant travaux de réparation, et la désignation d'une institutrice.

La dépense nécessaire à la nouvelle école des garçons s'élève à 27.500 francs, alors que l'estimation initiale des réparations nécessaires à « l'appropriation » de l'ancienne classe par les filles est de 902 francs. Mais le maire « est d'avis qu'on ne fasse pour cette année que les dépenses strictement nécessaires »,  et  réduit

 
(L'école publique des filles au bourg en 1935)

les frais à 350 francs. Les travaux, réalisés de gré à gré, sont exécutés juste avant la rentrée de 1886 par des « ouvriers menuisiers et couvreurs ».

Et de ces travaux de rentrée, la fourniture des cabinets a été exclue, car, fin mai 1887, le maire écrit à l'architecte départemental Joseph Bigot : « les lieux d'aisance de la maison d'école des filles d'Ergué-Gabéric sont à peu près terminées ». Pour les garçons, sur le devis initial de 1854, le confort avait été moindre, n'ayant prévu que des « fosses des latrines » et des « planchers châtaignier pour latrines avec sièges ».

En savoir plus : « 1886 - Ouverture de l'école communale des filles dans la maison d'école du Bourg »

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