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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Chaque semaine, un nouveau billet annonçant un ou plusieurs articles sur le site GrandTerrier.

Une compilation des billets est publiée en fin de trimestre sous la forme des chroniques du Bulletin Kannadig.

Anciens billets hebdos : [Actualité, archives]

Les anciennes affichettes : [Accroches à la une]

Modifications d'articles : [Journal des MàJs]


Sommaire

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1 Breton dans l'armée fédérée en 1871

Billet du 19.01.2019 - Les malheurs d'un fils de journalier d'Ergué-Gabéric pendant la guerre de 1870 et la Commune de Paris au travers de ses condamnations militaires, son rejet de demande de grâce et sa notice dans le Maitron, dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social.

D'aucuns affirment que, pendant la Commune de Paris, les bretons se sont illustrés uniquement dans les rangs des Versaillais, avec Thiers, pour mater les insurgés de Paris. Le document ci-dessous prouve qu'il existe des exceptions, que certains finistériens ont été du côté des communards et ont subi ensuite la répression militaire des vainqueurs.

Notre natif d'Ergué-Gabéric s'appelle Yvon Queinnec, Yves-Marie sur son acte de naissance en 1845, et son père journalier agricole loue cette année-là un penn-ty dans le village de Quélennec. Sans doute les Queinnec connaissent-ils Jean-Marie Déguignet, enfant de Quélennec entre 1838 et 1848, qui deviendra aussi militaire et écrira ses « mémoires de paysan bas-breton ».

Yvon Queinnec monte d'abord sur Paris pour y exercer le métier de « valet de chambre ». En pleine guerre contre la Prusse il est engagé volontaire dans le 4e régiment de zouaves. Et en janvier 1871 il participe à la prise de la redoute de Montretout en St-Cloud, au-dessus de Garches, occupée par l'armée prussienne. Dans le rapport d'enquête de 1872 Queinnec dit y avoir été blessé, mais le rapporteur ajoute « dit-il », comme s'il ne le croyait pas du tout.

Ensuite Queinnec change de camp, et il va se battre dans les rangs de l'armée fédérée : « Sous la commune il a appartenu à la 2e batterie d'artillerie de la 5e légion ». Au mois de mai il est de service pendant 3 jours sur les barricades fortifiées de la porte Maillot, juste avant le 21 mai qui est le début de la semaine sanglante.

Quand il sera jugé, il essaie de se justifier comme il peut devant les enquêteurs et les militaires en charge de la répression : « Son système de défense consiste à alléguer qu'il a été contraint de servir, et qu'il s'est borné à faire la cuisine, excuse trop souvent invoquée pour qu'elle puisse être admise. »

Le 21 mai, l'armée versaillaise étant entrée dans Paris, il se replie derrière les barricades du Panthéon. Il rentre se reposer chez lui rue d'Ulm, près du Panthéon, et le 23 mai il est fait prisonnier.

Son histoire, relatée dans le document d'archives ci-dessous, ne s'arrête pas là : comme 20.000 communards arrêtés à Paris, afin d'alléger les prisons versaillaises surchargées, il est mis dans un train et transféré sur un « ponton » dans un port comme Brest où ils sont les plus nombreux à y être emprisonnés. Les pontons sont de vieux vaisseaux désaffectés, sur lesquels on entasse les prisonniers. Chaque ponton abrite de 700 à 900 hommes enfermés dans les batteries (emplacement des canons, sur les anciens vaisseaux de guerre), dans une quasi-obscurité.

 
[Barricade à la porte Maillot, mai 1871]

Et là, Queinnec se fait remarquer par un acte d'insubordination, il est condamné en février 1872 par le 1er conseil de guerre maritime à 6 mois d'emprisonnement « pour rébellion sur les pontons, envers un agent de la force armée. »

La condamnation finale pour sa participation à la Commune de Paris sera prononcée le 8 mai 1872 par le 13e conseil de guerre : « condamnation à un an d'emprisonnement et à cinq ans de surveillance de la haute police, pour participation à l'insurrection de Paris. »

Un recours en grâce est formulé par des « personnes se disant parents ou amis du condamné », et parmi ceux-ci sans doute son jeune frère François-Alain qui est caporal d'armes. La demande est refusée et il est « transporté à la maison de correction de Vitré » ; on ne sait pas ce qu'il deviendra par la suite.

* * *

Sur la base de ces informations, essentiellement celles du dossier de recours en grâce, Yvon Queinnec a désormais sa notice en tant que natif d'Ergué-Gabéric dans « Le Maitron », le dictionnaire biographique des mouvements ouvriers et sociaux :

« QUEINNEC Yves, Marie. Né le 1er novembre 1845 à Ergué-Gabéric, arr. de Quimper (Finistère) ; célibataire ; valet de chambre. Il était engagé volontaire au 4e régiment de zouaves pour la durée de la guerre et avait été blessé, dit-il, à Montretout. Sous la Commune, il fit partie de la 2e batterie d’artillerie de la Ve légion ... ».

Six autres personnalités nées ou ayant séjourné à Ergué-Gabéric ont, comme Yvon Queinnec, leur fiche dans Le Maitron et on vous les présentera très prochainement.

En savoir plus : « MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social », « 1872 - Condamnation d'Yvon Queinnec pour insurrection par le 13e conseil de guerre », « Yvon Queinnec, engagé volontaire et communard condamné pour insurrection »

2 La Fée Electricité à Ergué-Gabéric

Billet du 12.01.2019 - Coupures de presse de 1932-33, comptes-rendus de conseils municipaux de 1937-38 pour autoriser des emprunts pour l'extension du programme d'électrification de la commune, son financement, des photos commémoratives et des témoignages sur ce « bienfait de nos campagnes. ».

Les documents de 1937-38 concernent l'extension du l'acheminement de l'électricité sur la commune, notamment pour desservir 3 fermes isolées (Kervern, Penvern et Kerlavian) à l'est de la commune, et détaillent le coût des opérations pour la commune et de son financement par une hausse d'impôt.

Le projet de réseau électrique rural du département du finistère est lancé dans les années 1930 avec création d'entreprises et syndicats d'électrification. Dans la région quimpéroise, jusqu'aux nationalisations d'après-guerre, deux compagnies se partagent les installations : la société Lebon et Cie, une entreprise de Dieppe spécialisée initialement dans l'éclairage au gaz et reconvertie dans le conrant alternatif, et Sud-Finistère électrique, entreprise créée en 1919 pour distribuer le courant continu. Pour la pose des poteaux en ciment ajouré c'est la société Cabagno qui est sollicitée.

En février 1932 le député Maurice Bouilloux-Lafont, élu de la 1ère circonscription Quimper, annonce l'accord de financement : « Subvention principale et complémentaire payable dans la limite des disponibilités budgétaires s'élevant à 42% des dépenses qui seront réellement faites »

Le premier chantier amène l'électricité et l'éclairage au bourg et à Lestonan dès 1933, et dessert la majorité des fermes et villages en 1934-37. Si l'on prend comme référence les subventions accordées aux trois communes de Pluguffan, Plomelin et Ergué-Gabéric, on peut calculer que pour cette dernière le coût de l'électrification est de l'ordre de 185 000 francs (233 940 / 3 / 0,42).

En 1938 un surcoût de 43 260 francs pour l'extension du réseau sur la partie est de la commune est autorisé par le conseil municipal et par le préfet.

Cette dépense est financée à hauteur de 42% par le ministère de l'agriculture, et le reliquat par un emprunt de 20 ans à la Caisses des Dépôts et Consignation qui entraîne d'un impôt exceptionnel de 7 centimes : en fait il faut comprendre 7 centimes pour un euro de contribution, soit une hausse de 7% sur les trois impôts collectés au niveau communal (foncier, habitation et patente).

Comme le coût du premier chantier s'élève à 4 fois le montant du projet d'extension, on peut estimer que l'électrification rural d'avant guerre de la commune aura généré une hausse de 35% de contribution fiscale de la part des habitants de la commune.

[Détail de la grande fresque "La fée électricité" de Raoul Dufy, Expo Inter. 1937]

Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1937-38 Extension du réseau électrique communal »

 
[Arrivée de l'électricité et éclairage public au Bourg en 1933]

La photo ci-dessus a été prise au bourg lors d'une fête de commémoration organisée vraisemblablement par le syndicat intercommunal d'électrification de la région de Quimper. À droite on peut voir un poteau électrique en béton ajouré mis en place par l'entreprise Cabagno.

Après guerre, dans les années 1950, l'électrification s'est poursuivie pour atteindre les hameaux les plus éloignés et des postes transformateurs supplémentaires de quartier ont été installés. Ces extensions de réseau amenaient l'électricité dans des maisons qui n'avaient pas eu la possibilité d'être branchées et, à chaque fois, les habitants fêtaient l’événement comme il se doit.

Ainsi par exemple en 1953, on organise à Garsalec une inauguration officielle du transfo de Guilly-Vraz, un vin d'honneur (cf. la photo dans l'article) et une soirée dansante au café-épicerie Quelven : « Un vin d'honneur était organisé au bistrot Quelven l'inauguration du poste transfo de Guilly-Vraz qui eut lieu en fin de matinée au cours de laquelle est restée en mémoire locale la phrase biblique prononcée m'a-t-on dit par Jean-Marie Quéau de Parc Land, adjoint au maire : "Que la lumière soit et la lumière fut". Après le vin d'honneur, un bal fut organisé le soir dans la même salle par des musiciens amateurs secondés par un électrophone et un micro. » (René Le Reste).

Le progrès est indéniable : « Par la suite la fée lumière équipa progressivement les maisons du quartier ... On mit au rébus la lampe pigeon, et on découvre l'ampoule électrique, une 25 watt, super pour les devoirs des écoliers. » (René Le Reste)

En novembre 1955 on pose un transformateur à Kerroué pour desservir enfin tous les villages de l'est de la commune le long de la route d'Elliant, de Keristin et Kerdilès au moulin du Jet : « Avec la mise sous-tension du poste de Kerroué, Ergué-Gabéric termine pour ainsi dire son plan d'équipement électrique. Il reste cependant le poste de Méouet en construction et quelques branchements isolés qui, nous le pensons, seront bientôt réalisés. » (Le Télégramme). Même le recteur Gustave se déplace pour la cérémonie d'inauguration et bénit le poste transformateur.. Et tout le monde est invité au vin d'honneur « pour arroser comme il se doit cette étape dans le modernisme qui ne doit pas s'arrêter en si bon chemin pour le bienfait de nos campagnes. ».


Image:Square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Souvenirs d'électrification rurale dans les années 1932-1955 »

3 Les chroniques de la bonne année

Billet du 05.01.2019 - « En verre et contre tous … au 1er mai 1934 » : ouverture et 4e de couverture du Kannadig, et très bonne année 2019.

Tout d’abord un article sur les admirables vitraux contemporains et controversés de la chapelle de Kerdévot posés en 1994-97.

Puis les guerres de Napoléon via ses voltigeurs et fusiliers gabéricois et une mise à jour sur la dernière patrouille du 10 novembre 1918.

Déguignet est abordé au travers de ses cahiers qui viennent d’être numérisés et mis en consultation sur Internet, et aussi vu par un autre écrivain, Hervé Jaouen.

Côté Bolloré, c’est la procession de la Fête-Dieu en 1918, une double généalogie familiale, des arbres qui seront bientôt les plus hauts de France, et le cri de la S.F.I.O. et du comité de défense laïque en 1927.

Deux documents inédits sur la famille noble Rozerc’h du manoir de Pennarun, respectivement en 1594 et 1617.

Et pour finir ce bulletin, une histoire de gilet jaune le 1er mai 1934 à Paris, non pas sur les Champs-Elysées, mais rue Nationale, aux abords de la cité Jeanne-d’Arc.

Par ailleurs les annales 2018 sont toujours disponibles au prix de 17 euros. Et on a déjà démarré la préparation des annales de 2019 qui seront normalement prêtes plus tôt dans le courant de l’année.

Que 2019 soit une année belle et innovante !


Bloavezh mat d’an holl !


Feu !! A-raok !!

Lire le bulletin en ligne : « Kannadig n° 44 Janvier 2019 »

 

4 Jean Espern "gilet jaune" de Quélennec

Billet du 29.12.2018 - « Oh ! ne quittez jamais, c'est moi qui vous le dis, Le devant de la porte où l'on jouait jadis ... », Auguste Brizeux, recueil "Marie", cité dans le journal "L'union Agricole du Finistère" du 11 mai 1934 à propos de l'arrestation des manifestants bretons à Paris.

Jean Espern est un manifestant natif de Quélennec en Ergué-Gabéric, arrêté le 2 mai 1934 par la police suite aux violences dans la cité Jeanne-d'Arc dans le 13e arrondissement de Paris, conformément aux faits relatés dans les journaux locaux, notamment l'Ouest-Eclair, et dans le quotidien communiste L'Humanité.

Les émeutes de la cité Jeanne d'Arc le 1er mai 1934 à Paris ont été mentionnées très brièvement dans les journaux locaux « Le Finistère » et le « Courrier du Finistère ». Par contre dans « L'Ouest-Eclair » les faits sont développés par un reportage sur place les jours suivants, et « L'Union Agricole » reprend cette information en donnant également les noms des personnes interpellées d'origine bretonne : « Le lendemain matin, plusieurs arrestations étaient opérées, dont celles de trois Bretons : Jean-Marie Sinquin, François Péret, de Rosporden, et Jean Espern, d'Ergué-Gabéric. ».

Ces deux journaux font même la morale : « Ces trois petits Bretons auraient sans doute pu vivre chez eux, sinon dans l'opulence, du moins dans la paix et l'honnêteté, tandis que là-bas ... Puisse du moins leur exemple servir de leçon à d'autres qui pourraient se laisser tenter par le même rêve. »

Dans le journal communiste « L'Humanité », le déroulement de cette journée du 1er mai est détaillé, avec tout d'abord des échauffourées pendant la manifestation à Alfortville, puis des barricades et des tirs devant la cité Jeanne-D'arc du 13e arrondissement en fin d'après-midi et pendant la nuit. Le journaliste Paul Vaillant-Couturier y écrit : « À peine la bataille d'Alfortville se terminait qu'une nouvelle provocation policière qui établit sans contestation possible la préméditation du gouvernement pour faire du Premier Mai une journée sanglante, éclatait. Cette fois c'était dans le treizième, où les ouvriers et les étudiants manifestaient pour exiger la libération de leur élu arrêté le matin, Monjauvis »

Il ne s'agit pas de simples débordements, mais d'une rébellion plus profonde qui d'ailleurs peut expliquer l'arrivée du Front Populaire en 1936. L'un des combattants bretons donne son interprétation : « La misère ! Nous avons trop de misère. Montez donc chez moi, et vous verrez si on peut redouter la mort pour sortir d'où nous sommes ».

Le journaliste obéit à l'injonction : « Je suis monté au "domicile"

 
La rue Nationale dépavée après les troubles à la cité Jeanne-d'Arc.

de Sinquin, sis au troisième étage de la trop fameuse cité, et je dois avouer que le Scaërois n'avait pas exagéré : je n'ai jamais rien vu de plus sordide, de plus sale, de plus triste que ce pauvre taudis. » La cité Jeanne-d'Arc sera entièrement rasée en 1939.

En mai 1934, une vingtaine d'ouvriers, la plupart âgés d'environ 25 ans, sont arrêtés pendant les émeutes, et surtout le lendemain matin de très bonne heure : « Vers 5 heures, des flics en bourgeois entrent dans la cité, où jusque-là personne ne s'est risqué. Sans mandat, ils arrêtent. Une femme, dans un escalier, simplement, parce qu'elle n'est pas couchée. »

Parmi les ouvriers arrêtés, on compte Jean Espern né le 22 février 1906 à Quélennec, ses parents Mathias Espern et Marie Anne Le Meur y étant agriculteurs. Sans doute est-il venu en région parisienne après la vague d'émigration de gabéricois aux carrières de Saint-Chéron dans les années 1890-1910, car on trouve des Espern et des Le Meur de Quélennec dans la liste des émigrants carriers et terrassiers.

A priori, Jean Espern ne restera pas longtemps en prison après les événements de mai 1934 et quittera la cité Jeanne-d'Arc pour revenir au pays. En 1949, il se mariera avec Marie Catherine Daoudal à Ergué-Armel où il décèdera en 1953.


En savoir plus : « Jean Espern sur les barricades du 1er mai à Paris, journaux locaux, L'Humanité 1934 »

5 Les Rozerc'h et la Ligue en 1594

Billet du 22.12.2018 - On l'appelait le Commandant ou le Major Faty, et il fut très actif en tant que retraité érudit quimpérois. Il a publié notamment cet article de 83 pages dans le Bulletin de la Société Archéologique du Finistère de 1885 où il présente son analyse des comptes de miseurs de Quimper.

Un miseur, dans les grandes villes bretonnes du 15e au 18e siècle comme Nantes, Lamballe, Vitré, Quimper, Vannes et Rennes, est un comptable chargé des comptes municipaux, des recettes et des autorisations de dépenses. Pour Quimper on dispose de ces comptes de miseurs pour les années 1478 à 1785.

En 1594-97 on est encore en pleine période de guerre de la Ligue en Bretagne, à savoir la révolte nobiliaire et urbaine autour du duc de Mercoeur et de la Sainte Ligue catholique contre les protestants et les rois Henri III et Henri IV. Mais des brigands tels que Guy-Eder de La Fontenelle, installé à Douarnenez, ou Anne de Sanzay de la Magnanne, retranché près du bourg de Quimerc'h, vont profiter des troubles pour ravager le pays cornouaillais, et les habitants vont devoir se défendre contre leurs exactions.

Dans l'étude du commandant Faty, on trouve les passages des comptes de miseurs de Quimper en 1594 qui attestent des « paiements d'anciens biens/gens de guerre », et les différents remboursements de frais de voyages et de messagerie engagés par les députés de la ville auprès du duc de Merceur : « le conseil advisa et délibéra de faire entendre par remontrance à Monsieur le duc de Mercoeur, gouverneur de ce pays, les oppressions et ravaiges faicts en l'esvèché de Cornouaille par plusieurs troupes y estant sous son autorité. », en l’occurrence les troupes du comte Anne de Sanzay de la Magnane.

Les Rozerc'h de Penanrun font partie de ces députés envoyés auprès du duc de Mercoeur. Il en parle page 137 : « Dans ce but, il lui députa Jean Roserc'h, sieur de Pénanrun, conseiller au présidial de Quimper, lequel, pour ses frais de voyage, reçut la somme de cinquante écus. »

Et page 152 il est question d'un parent ou frère de Jan Rozerc'h, à savoir Vincent Rozerc'h : « Le 3 juillet, les habitants de Quimper tentèrent un nouvel effort, et pour le rendre plus efficace, ils résolurent d'envoyer une ambassade importante, tant par le nombre que par la qualité des personnes qui en faisaient partie. Elle se composait de neuf députés : les sieurs Vincent Rozerec'h, Pierre Jaureguy ... ».

Nous avons rassemblé les fac-similés de toutes pages des comptes des miseurs, conservés aux Archives municipales de Quimper, qui relatent ces faits, afin d'en faire une transcription littérale et analyser plus précisément la généalogie des Rozerc'h.

Les registres des comptes de miseurs sont au nombre de 25 et couvrent les années 1478 à 1785, avec une interruption entre 1603 et 1668. Le registre principal de l'année 1594 coté CC64 (ancienne cote des Archives Départementales du Finistère : 2E1514) contient 102 folios recto-verso (soit 205 pages avec le velin de recouvrement), et est complété pour la fin de l"année par le document d'apurement CC65 (8 folios recto-verso, ancienne cote ADF 2E1514), et le registre complémentaire CC61 de fin d'année 1594.

Entre les pages 106 et 170 ce sont les dépenses engagées auprès de députés en charge de représenter la ville : « Frais pour affaires et escriptures, voyages et missaigeryes ». Et les Rozerc'h y apparaissent 6 fois, sous les prénoms Jean et Vincent. On retrouve également Jean Rozerc'h et le co-député seigneur de Kerguidu dans le folio 7 du registre d'apurement.

 
Philippe-Emmanuel de Lorraine (1558-1602), duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne, est le dernier ligueur rallié à Henri IV. Lorsque Henri IV devint roi de France, il se met à la tête de la ligue bretonne, songeant même à rétablir la souveraineté de cet ancien duché du chef de sa femme Marie de Luxembourg, duchesse de Penthièvre, et se proclame « Protecteur de l’Église catholique et romaine » dans cette province.


Aux pages 107 et 130 il est question de « Jan Rozerch seigneur de Penanrun Conseiller présidial audit Quimpercorentin » pour au moins une dépense de 240 livres (plus d'autres frais apurés plus tard, dans le registre cc65, pour la conduite de chevaux). Il s'agit de la délégation de fin avril composée de Jan Rozerch et de Hervé de La Raye, sieur de Kerguidu, qui sont nommés pour aller « aux estats » à Dinan convoqués par le duc de Mercoeur.

À la page 145 du registre CC64, on peut lire la dépense engagée pour la délégation importante du 2 juillet de 9 députés, menée par Vincent Rozerc'h, qui se rend cette fois le 2 juillet à Dinan et à Ploërmel où d'autres représentants de Quimper sont retenus prisonniers. Le but est toujours d'y régler le conflit et les exactions des troupes du comte de la Magnanne.

Bruno Faty indique qu'il s'agit de l'écuyer Vincent Rozerc'h et que le précédent Jean est son frère ou parent. Mais en fait il existe trois Vincent Rozer'ch, le père, le fils et le petit-neveu, les deux derniers bénéficiant du titre d'écuyer. Le fils, décédé vers 1629, pourrait être ce député de 1594, car à la page 170 nous lisons qu'il est « héritier » de Jan Rozerc'h, lequel pourrait être son oncle (cf arbre publié dans le billet de la semaine dernière).


En savoir plus : « FATY Bruno - Comptes de miseurs de Quimper à l'époque de la Ligue en Bretagne », « 1594 - Les Rozerc'h de Penanrun dans les comptes de miseurs de Quimper »

6 Les Rozerc'h de Pennarun en 1617

Billet du 15.12.2018 - « Minu et déclaration des terres, rentes et chefrentes et droits héritaliers que tient à foy, hommages et droits de rachats quand le cas advient de souz le Roy nostre sire, damoiselle Marie Coznoual dame douairière de la Forest et de Penanrun tant en son nom que négociant pour nobles gens Vincent, Augustin, et Caterine Rozerch  », Archives départementales du Finistère, cote A142.

(manoir de Pennarun, Jean Istin, 2002)

Ce document est un rapport préparatoire à la réformation du domaine royal en 1680. Il se base sur un aveu original daté de 1617 concernant le domaine de Pennarun dont l'original est aux archives de Nantes (cote B2013). On trouve également un résumé de l'acte dans le registre de l'inventaire ADF-A85 des archives finistériennes.

Du fait que la déclarante Marie Coznoual détient également le manoir de la Forest, il existe un document similaire daté de 1604 signalé par Jakez Cornou dans son historique du manoir de Kerfeunteun : « Aveu de damoiselle Marie Coznoual dame douairière de la Forêt Penanrun femme tutrice des enfants aux dits mineurs de la succession de feu noble homme Vincent Rozerc'h leur père ».

Le domaine de Pennarun en 1617 est constitué du manoir, « avec toutes ses issues, largesses et apartenances », colombier et moulins, et des tenues ou terres affermées au bourg d'Ergué-Gabéric et dans les villages de Kerellou, Boden, Quilly-bihan, Pennanec'h, Quélennec, Mélennec, Bosuzic, Loqueltas, Le Lec.

Les informations les plus intéressantes de ce document sont généalogiques, car elle permettent de dresser sur plusieurs générations les membres de la famille noble des Rozer'ch. La déclarante est dite « dame douairière de la Forest et de Penanrun » du fait qu'elle est héritière et gestionnaire des biens de

  son mari défunt Vincent Rozerc'h, au nom de leurs trois enfants Vincent, Augustin et Catherine.

Grâce à un autre document daté de 1680 qui détaille la succession de Penanrun par Françoise, la dernière descendante des Rozerc'h, on peut compléter l'arbre des 3 générations gabéricoises comme suit :

  Bertrand Rozerc'h (1539)
  x Marguerite Marion
  └> Vincent Rozerc'h, sieur de la Forest et de Penanrun
  ├    x Marie Coznoual, douairière de Penanrun en 1617
  ├    ├> Vincent Rozerc'h, escuyer, le vieil (+~1629) 
  ├    ├   └> Françoise Rozerc'h (+ 1658)
  ├    ├          x Alain Glemarec, sieur de Trevaras
  ├    ├> Augustin Rozerc'h, seigneur de Penanrun (1618-1620)
  ├    ├   └> Vincent Rozerc'h, escuyer, s.p.
  ├    └> Caterine Rozerc'h (1617)
  ├          x Pierre du Cleuziou
  └> ? Jean Rozerc'h, sieur de Penanrun (1594)

On apprend que la succession du mari défunt était « eschu à cause de la succession de feue damoiselle Marion sa mère ». Et effectivement en 1539, le rôle de la Reformation de Quimper mentionne « Bertrand Rozerch et Marguerite Marion, sa femme ».

L'aveu de Marie Coznoual en 1617 précise également une « fondation faite par nobles gens Hervé de Coatanezre et Marguerite Marion sa femme vivant sieur et dame du dit lieu », ce qui semble indiquer que Marguerite Marion s'est remarié avec un Hervé de Coatanezre, de la même famille qui détenait aussi Lezergué avant les Autret. Sans doute est-ce la raison pour laquelle les détenteurs de Pennarun déclareront plus tard leurs prééminences nobles via les armoiries des Coatanezre.

En savoir plus : « 1617 - Minu et déclarations des terres de Pennarun par Marie Coznoual veuve Rozerc'h », « CORNOU Jakez - Manoir de la Forêt »

* * *

La semaine prochaine, grâce aux comptes des miseurs de la ville de Quimper, nous détaillerons comment deux représentants des Rozerc'h de Pennarun se sont illustrés en 1594 dans la lutte contre le bandit cruel et redouté Anne de Sanzay de la Magnane pendant les guerres de la Ligue.

7 Le Cri du Peuple contre le Seigneur Bolloré

Billet du 08.12.2018 - « Quand on a ouvert l'école privée en 1927-28, il y a des gens, qui travaillaient encore à l'usine, qui avaient leurs gosses à l'école publique, et qui ne voulaient pas les mettre à l'école privée. », Henriette Briand-Francès, entretiens en 2015.

Au sommaire de cette semaine, trois entrefilets dans la presse finistérienne du courant socialiste S.F.I.O. en 1927-29 et deux billets dans le bulletin du Comité de Défense Laïque du Finistère, le tout pour dénoncer des actions de l'entrepreneur René Bolloré qui réussit à faire annuler l'agrandissement de l'école laïque des filles et qui voudrait faire fermer l'école des garçons au hameau de Lestonan, à proximité des papeteries d'Odet.

Le premier article du journal « Le Cri du Peuple », l'organe du parti socialiste ou S.F.I.O. (Section française de l'Internationale Ouvrière) du Finistère, mentionne tout d'abord une lettre du ministre de l'Instruction publique Edouard Herriot à Maurice Bouilloux-Lafont, député finistérien de la Gauche Radicale. Dans cette lettre, publiée in-extenso dans la Dépêche de Brest, le futur président du Conseil l'informe des accords de subventions des travaux dans 11 écoles du département, dont le projet d'agrandissement de l'école des filles du hameau de Lestonan.

Mais, en ce mois de novembre 1927, le journal socialiste finistérien ne croit guère à cette bonne nouvelle, car jusqu'à présent, dans le Finisère, seulement quatre projets annuels de constructions ou d'extensions d'écoles sont honorés. Le journal donne aussi les montants associés et l'ordre de priorité des 11 projets, celui d'Ergué-Gabéric étant classé 8e sur 11 : « ERGUÉ-GABERIC. - Agrandissement du groupe scolaire de Lestonan : 245.000 fr. ».

Le journal a raison d'être pessimiste car le projet d'agrandissement ne se fera pas. La raison est essentiellement locale : les effectifs de l'école laïque chutent dès la rentrée de 1927, car le papetier René Bolloré ouvre une garderie d'une part, et fait conduire par car les enfants de Lestonan jusqu'à l'école privée du Bourg d'autre part, et en 1928 la situation ne s'améliore pas car il ouvre une école privée de filles dans le même hameau.

 

En novembre 1928, après l'inauguration de cette école Sainte-Marie, le Comité de Défense laïque du finistère, en charge depuis 1922 de promouvoir l'école publique dans tout le département, ne peut que constater la désertion dans son bulletin trimestriel : « La pression fut telle qu'à la rentrée d'octobre, les 4/5 des élèves désertèrent l'école laïque pour l'école chrétienne. »

À la fin de l'année scolaire, en juin 1929, le journal « Le Cri du Peuple » donne la parole par deux fois au Comité de Défense laïque dans ses colonnes pour une nouvelle inquiétude, à savoir la suppression de l'école des garçons du hameau : « L'école de garçons de Lestonan sera transformée en asile pour les vieillards ... M. Bolloré construira, à ses frais, une école neuve à plus de 3 km de Lestonan ! »

Le ton du billet est un tant soit peu agressif et vindicatif : « Lestonan, où sévit le multimillionnaire Bolloré, seigneur des Papeteries de l'Odet, et de leurs ouvriers et ouvrières, et, au surplus, clérical de première cuvée ... Le seigneur Bolloré, multi-millionnaire par la grâce de Dieu et de ses ouvriers, veut débarrasser Lestonan de la "pourriture laïque" ... L'école laïque de Lestonan restera debout, malgré ses ennemis, malgré les traîtres, malgré les invertébrés qui devraient la défendre. ».

Le comité et le journal socialiste font allusion à des traîtres dans les rangs des républicains qui auraient du défendre les écoles laïques. Il s'agit en fait principalement du tout nouveau préfet préfet Charles Vatrin (1873-1938) qui est venu se faire une idée sur place : « La Préfecture a déjà enquêté, mais ces messieurs étaient pilotés par un chauffeur de M. Bolloré ! Serait-ce la bonne Union nationale de ceux qui ne veulent pas d'histoires ? »

En savoir plus : « Invectives du comité de Défense Laïque contre René Bolloré, Le Cri du Peuple 1927-1929 »

8 Séquoias d'Amérique et pierres à laver

Billet du 01.12.2018 - On avait déjà signalé ces géants d'Amérique dans la rubrique « La beauté et majesté de certains arbres plantés à Ergué-Gabéric », mais voici que le livre « Arbres remarquables du Finistère » leur consacre une belle page et rappelle qu'ils seront bientôt les plus hauts arbres de France .

Le Finistère ne disposait encore d'aucune publication sur ce sujet. Or son patrimoine arboricole est pourtant l'un des plus riches et originaux de France. On découvre dans ce livre des arbres insolites, exotiques ou sacrés, répartis en quatre "pays" : Brest, Cornouaille, Morlaix, Centre-Finistère.

En pays de Cornouaille, on notera la page 50 consacrée aux séquoias géants d'Amérique qui ont été plantés dans les années 1910 à Ergué-Gabéric, et la photo publiée en 3e de couverture.

On dénombre en effet dix-huit séquoias géants près du musée et du manoir d'Odet et trois au bout du chemin non loin des bâtisses de Stang-Odet. Ces arbres originaires de Californie ont déjà, en 2018, une hauteur respectable de 58 m et un diamètre de 6 m.

C'est l'industriel René Bolloré qui les fit venir par bateau des Etats-Unis pour les planter sur ses terres dans les années 1910. Les liens étroits entre le jeune industriel et ses clients cigarettiers (Walter Reynolds, John Williams ...) ont sans doute permis la réalisation de cette plantation.

  Outre qu'il est connu sous les appellations de Séquoias toujours verts ("sempervirens") et de Séquoias rouges de Californie, cet immense arbre est également surnommé Hypérion, un des Titans, assimilé au Soleil dans la mythologie grecque, et a la réputation d'être le plus haut arbre du monde.

L'auteur rappelle aussi qu'actuellement la taille de 58 m des séquoias d'Odet, qui n'ont qu'une centaine d'années, les met déjà au top-5 des plus hauts arbres de France, juste derrière le pin Douglas de Renaison (Loire), culminant à 66 mètres.

Mais ce record sera bientôt dépassé à Odet : « Ces « jeunes adolescents » dont l'espérance de vie peut dépasser les 2000 ans présentent un intérêt scientifique évident. Pour la première fois le vieillissement de cette essence rapportée de Californie vers la fin du XIXe siècle va pouvoir être observé sur notre continent et sous notre climat breton. Il est à parier qu'au regard de leur situation abritée dans un ses méandres de l'Odet et de la fertilité du sol sur lequel ils sont plantés, ces arbres n'ont pas fini de nous faire tourner la tête. »

En savoir plus : « Les séquoias géants d'Amérique au bord du chemin de Stang-Odet », « JEZEGOU Mickaël - Arbres remarquables du Finistère »


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Dans la poursuite de la mise en valeur du patrimoine de la commune, qu'il soit naturel ou utilitaire, nous avons cet été complété l'inventaire des fameuses pierres de granite qui servaient à laver le linge autrefois.

Les dernières trouvailles sont localisées dans les villages de Kergoant et de Kerdilès, le premier à l'état brut et un peu ébréché, le second installé comme support paysager d'un petit plan d'eau.


En savoir plus : « Pierres de granit pour les bailles à laver le linge dans nos campagnes »

9 Procession de la Fête-Dieu et généalogies

Billet du 24.11.2018 - Début juin 1918, René Bolloré (1885-1935) organisa à son manoir une procession religieuse de la Fête-Dieu à laquelle participèrent une partie du personnel de son usine, et à cette occasion le photographe quimpérois Joseph-Marie Villard publia une série de plus de 10 cartes postales.

La Fête-Dieu, autrement appelée Fête du Saint Sacrement, était une manifestation catholique importante, un jeudi de mai ou juin, soixante jours après Pâques, quelques jours après la Saintre-Trinité. Elle commémorait la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l'Eucharistie, et donnait lieu à une procession de bannières, le parcours étant décoré de guirlandes et le prêtre portant l’Eucharistie dans un ostensoir.

En 1918 la Fête-Dieu tombe le jeudi 30 mai, et une première procession est organisée à Quimper le dimanche qui suit, le 2 juin. Cette année-là, c'est la perspective de la fin de la Grande Guerre qui est dans toutes les têtes. Le Saint-Sacrement reste exposé pendant plus d'une semaine, jusqu'au dimanche suivant, deuxième dimanche de Saint-Sacrement et également fête du Sacré-Coeur.

Pour le dimanche 9 juin 1918, les cardinaux et évêques de France demandent d'organiser dans les églises paroissiales et les chapelles, « le matin, une messe de communion ... le soir, une cérémonie avec allocution, procession ..., en union de prières et d'intention avec la Belgique et avec les autres nations alliées ».

On peut donc supposer que la procession de la Fête-Dieu d'Odet a été organisée ce deuxième dimanche 9 juin dans l'après-midi.

Le départ de la procession se fait depuis l'allée devant le manoir situé dans l'enceinte de la papeterie. Sur 3 cartes postales on y voit se préparer des enfants, garçons en marins ou en habits bretons et filles en toilettes blanches, accompagnés de leurs mères portant coiffe et tenue traditionnelle.

 

En tête de la procession deux hommes, relativement âgés, dont l'un porte un grand crucifix. Il s'agit de François Guéguen, cocher de l'usine à papier d'Odet. Puis suivent les bannières de procession religieuse portées par des adultes et des oriflammes dressées par les enfants.

Au milieu du cortège un dais tenu par quatre hommes, sous lequel un prêtre tient l’ostensoir ; il s'agit sans doute du recteur de la paroisse Louis Pennec, ou d'un religieux ami de la famille Bolloré. Devant, semblant organiser la procession, s'active un vicaire de petite taille, sans doute le dynamique Louis Le Gall.

Avant de revenir, le cortège de la procession fait une sortie hors de l'enceinte de l'usine, avec toujours à leur tête la grande croix et ses deux porteurs, en costume « glazik ».

De retour dans le parc, les processionnaires se recueillent devant un immense reposoir décoré de banderoles. Au sommet des escaliers devant un autel dressé, un prêtre et des enfants de cœur animent les litanies et cantiques chantés.

Article : « 1918 - Procession de la Fête-Dieu au manoir d'Odet »


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À l'heure où les médias relèvent la nomination de Thierry Bolloré comme directeur exécutif de l'entreprise Renault, en le qualifiant de cousin éloigné de Vincent Bolloré, il est intéressant de préciser qu'il faut remonter 6 à 7 générations d'ascendants directs pour identifier un aîeul commun, un négociant syndic des marins. Ce dernier a fondé deux branches distinctes :

Image:Square.gifImage:Space.jpgcelle de Thierry Bolloré : un chapelier, un faïencier et des négociants.

Image:Square.gifImage:Space.jpgcelle de Vincent : marins et 4 générations de papetiers, héritiers de Nicolas Le Marié

 René Bolloré (1760-1826), syndic des marins
  x 1780 Elisabeth Corentine Denic (1752-1793)
 ├> Jean-Guillaume Bolloré (1788-1873), chapelier
 ├   x 1819 Marie-Perrine Le Marié (°1790), sœur du papetier
 ├   ├> Marie Perrine Elisabeth Bolloré (cf ci-dessous)  -------->
 ├   └> Jean Guillaume François Bolloré (1820-1899)              
 ├        x 1847 Alexandrine Marie Capel (1830-1882)               
 ├        └> Louis Pierre Marie Bolloré (1859-1922), négociant   
 ├             x 1894 Joséphine Delmon (1866-1952)
 ├             └> Louis Henri Bolloré (1896-1940), faïencier
 ├                  x 1923 Gabrielle Faure (1902-1986)
 ├                  └> Yves Henri Bolloré (°1927)
 ├                       x 1960 Jacqueline Martin (°1928)
 ├                       └> Thierry Bolloré (°1963), industriel
 └> René-Corentin Bolloré (1793-1838), capitaine pêcheur
  x 1817 Marie Nicolase Belbeoc'h (1795-1818)
 └> Jean-René Bolloré (1818-1881), chirurgien de marine, papetier
      x 1846 Marie Perrine Elisabeth Bolloré (1824-1904) <-------
      └> René-Guillaume Bolloré (1847-1904), papetier
           x 1876 Leonie Marie Blanche Surrault (1847-1948)
           └> René-Joseph Bolloré (1885-1935), papetier
                x 1911 Marie Amélie Thubé (1889-1977)
                └> Michel Bolloré (1922-1997), papetier
                     x 1943 Monique Follot (°1923)
                     └> Vincent Bolloré (°1952), industriel

Bio : « Jean-Guillaume Bolloré (1788-1873), fabricant chapelier »

10 Numérisation des cahiers retrouvés

Billet du 17.11.2018 - Les manuscrits originaux de la 2e série des cahiers de Jean-Marie Déguignet ont fait l'objet d'un don à la médiathèque de Quimper, qui, dans le cadre du plan de numérisation des documents patrimoniaux, a procédé à leur numérisation et les met à disposition sur son site Internet :

En 1897 Jean-Marie Déguignet confie à Anatole Le Braz une première série de cahiers de ses mémoires, avec promesse de publication. Mais pendant des années rien ne se passe, et le paysan bas-breton, un tant soit peu énervé, démarre la réécriture d'une seconde série de 26 cahiers qu'il achève juste avant sa mort, et quelques mois seulement avant de voir quelques extraits de sa première livraison édités dans la Revue de Paris. Que ce soit la première ou la seconde série, les cahiers originaux ont très vite disparu des radars médiatiques.

Avant que la petite fille de Jean-Marie Déguignet ne les montre en 1962 au mémorialiste Louis Ogès, qu'en 1984
le journaliste gabéricois Laurent Quevilly lance un appel vibrant « Sos Manuscrits ! » dans les colonnes d'Ouest-France et qu'il reçoive chez lui à Garsalec un coup de fil de la génération suivante des descendants : « J'ai lu votre article. Je suis l'arrière-petit-fils de Déguignet. J'ai tous les manuscrits »

Laurent Quevilly s'en souvient : « J'avoue que ce coup de fil reste à mes oreilles mon meilleur souvenir professionnel. Deux jours plus tard, dans une HLM de Kermoysan, nous découvrions, avec l'émotion que l'on devine, les cahiers étalés sur la toile cirée. L'arrière petit-fils de Déguignet nous avoua avoir souvent failli les jeter ... »

La collection retrouvée de la seconde série était composée de 26 cahiers d'écolier, d'une centaine de pages chacun, mais le 1er et le 21e n'ont pas retrouvés dans les papiers transmis au fil des générations Déguignet. Les 24 cahiers forment 2584 pages qu'il a fallu transcrire et l'éditeur An Here en fit en mai 1998 une extraction intitulée « Mémoires d'un paysan bas-breton ».

À la sortie du livre des mémoires 150 000 exemplaires sont vendus en deux mois. Puis en 2001 l'Intégrale « Histoire de ma vie » est publiée chez "An Here", ces livres étant réédités ensuite par l'association Arkae.

 

C'est avec l'émotion des découvreurs de 1962 et de 1984, Louis Ogès et Laurent Quevilly, que l'on peut aujourd'hui visionner les pages numérisées par les soins de la Médiathèque de Quimper. On trouvera également ici le sommaire détaillé de l'Intégrale permettant un accès direct aux pages manuscrites.

En savoir plus : « Les 24 cahiers manuscrits de la seconde série des mémoires de Jean-Marie Déguignet »

* * *
C'est l'occasion aussi de se souvenir de la manière avec laquelle un écrivain gabéricois a accueilli la publication des mémoires de Jean-Marie Déguignet. Tous les lundis matin, de mai 1999 à juillet 2003, Hervé Jaouen a publié en dernière page du Télégramme son croquis du lundi dans lequel il retranscrivait ses sentiments et évocations d'écrivain prolixe et "doué de diversité". Le lundi 27 mars 2000 il écrivait : « Oui, Deguignet tend enfin à la Bretagne ce miroir dans lequel elle n'osait pas se regarder.  ».

En savoir plus : « Les croquis du lundi d'Hervé Jaouen, Le Télégramme 1999-2003 »

11 Dans les armées napoléoniennes

Billet du 10.11.2018 - Grâce aux registres matricules de la garde impériale et de l’infanterie de ligne pour la période 1802-1815 publiés sur le site « Mémoire des Hommes », voici les premiers portraits des hommes de troupes qui sont partis d'Ergué-Gabéric sur les fronts des guerres napoléoniennes.

Parmi les 7 soldats gabéricois, on compte un seul chasseur d'infanterie légère, les autres sont voltigeurs dans les régiments de voltigeurs (2), ou fusiliers (3) ou voltigeur (1) dans les régiments d'infanterie de ligne. Le fusilier ou chasseur est le soldat de base de l'armée napoléonienne ; le voltigeur est par contre sélectionné pour sa petite taille, son agilité et sa valeur au combat.

Napoléon offre ainsi une occasion de se distinguer aux soldats de petite taille qui n'ont pas la possibilité d'accéder aux corps de grenadiers. Le plus petit de nos voltigeurs mesure 1 m 54, et la moyenne des fusiliers et voltigeurs ne dépasse pas 1 m 60.

Ils sont nés dans la campagne gabéricoise de 1786 à 1791, y sont encore domiciliés la conscription des ans 1806 à 1811, à l'exception de l'un d'entre recensé à Briec. Leurs régiments respectifs sont envoyés en 1809-1819 pour renforcer l'armée du sud en Espagne pour l'un, et pour les campagnes du nord en Allemagne pour les autres. A priori aucun n'a connu la campagne de Russie.

Louis Barré et Vincent Perron, tous deux du 2e régiment de voltigeurs, font la campagne d' Allemagne. Ce régiment fait partie de la Jeune Garde, nom donné aux unités de la Garde impériale napoléonienne créées après 1812, pour les distinguer des grognards de la Vieille Garde, vétérans des campagnes impériales de 1805 à 1812. Vincent Perron est hospitalisé « outre Rhin » le 17 septembre 1813, soit vraisemblablement après les combats des 26 et 27 août 1813 à la périphérie de Dresde, victoire majeure de Napoléon en Allemagne.

Louis Barré finit son service un peu plus loin, « au delà du Rhin à Leipzick » le 18 octobre 1813, en pleine bataille de Leipzig (16–19 octobre 1813), aussi appelée la bataille des Nations, qui se termine par une victoire décisive de la Sixième Coalition contre Napoléon Ier, et entraîne l'invasion de la France. Il reviendra dans son village de Lestonan, se mariera et exercera le métier de tisserand.

Jean-Louis Taridec de Bohars est incorporé dans le dépot des conscrits chasseurs le 16 novembre 1809, et passe dans la jeune garde du 1er régiment de voltigeurs où nous perdons sa trace à ce jour.

 
Les 2 fusiliers du 65e régiment d'infanterie de ligne, Yves Quéméré et René Le Moal, font un passage court en 1815 dans leur corps d'armée, leur régiment étant désintégré après les campagnes de France et de Belgique. Le premier déserte le 10 juillet 1815, le second retourne à Ergué-Gabéric « par suite de licenciement » où il se marie, et exerce le métier d'agriculteur à Guillybian et Munuguic.

Le voltigeur Jean-Guillaume Talayen de Kerganou, conscrit de l'an 1809, fait, avec le 108e régiment d'infanterie de ligne, la campagne d'Allemagne et décède le 31 août 1811 à l'hôpital de Stettin, ville qui fait partie aujourd'hui de la Pologne.

Le fusilier Jean-Alain Huitric né à Palac'h Guen, est quant à lui incorporé en 1806 et sert d'abord au 13e régiment d'infanterie légère, avant de rejoint le 119e régiment d'infanterie de ligne en juillet 1909. Il décède de fièvre à l’hôpital militaire de Santander sur la cote nord d'Espagne le 4 février 1809, juste après la bataille de La Corogne en Galice contre les armées espagnole et britannique.

Ces essais de reconstitution de parcours militaire n'en sont qu'à leur commencement, les registres matricules étant loin d'être finement exploités. Entre 1810 et 1812 1.100.000 hommes, pour une France de 29 millions d'habitants (dans ses limites actuelles), ont été levés par Napoléon. Pour la population de 1800 gabéricois, on peut donc estimer que la conscription a concerné une cinquantaine de soldats dans les armées napoléoniennes.

En savoir plus : « 1802-1815 - Hommes de troupes dans les armées napoléoniennes »

* * *
En cette veille de la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918, soulignons aussi la très belle enquête d'Anne Lessard dans le Télégramme à la mémoire de 3 poilus finistériens sur le front des Ardennes lors de leur « dernière patrouille » le 10 novembre, dernier jour de guerre : le caporal Eugène Perrot de Pont-l'Abbé, le brancardier Jean François Le Deroff de Plouénan et le sergent François-Marie Moullec né à Briec et habitant Ergué-Gabéric.

En savoir plus : « Poilus bretons : l'ultime sacrifice, Le Télégramme novembre 2018 »

12 Poésies et littératures de Bretagne

Billet du 03.11.2018 - « Le ruisseau joue à "saute-cailloux" ... O Froid miracle de l'automne ! », poème du gabéricois Gwen-Aël Bolloré publié dans le recueil « Nerfs à fleurs de larmes », exemple de texte qui a pu forcer l'admiration d'autres écrivains célèbres comme Henri/Yann Queffélec et Charles Le Quintrec.

Dans son « Dictionnaire amoureux de la Bretagne » (illustré par Alain Bouldouyre), entre les chapitres « Guerre » et « Gwenn-ha-Du », Yann Queffélec consacre 13 pages aux souvenirs de « Gwen-Aël », l'ami de son père Henri Queffélec et l'écrivain, auquel il rendit plusieurs visites à son manoir d'Odet : « Mon père aimait beaucoup Gwen-Aël Bolloré, l'homme, le marin, le poète d'anatomie descriptive ».

Il se souvient : « Au manoir, le petit déjeuner se prenait dans la salle à manger, servi par Mme Pérez. Ils pouvaient être vingt, trente amis attablés en même temps, tirés du lit par l'odeur du café, meilleure en Bretagne que nulle part ailleurs, allusion paradisiaque à l'amann sall, à la miche du matin, au blé noir, à l'enfance protégée. »

Les amis écrivains de Gwen-Aël Bolloré évoqués par Yann Quéffélec sont entre autres le journaliste poète Charles Le Quintrec qui a encensé les poèmes du « Hussard de l'Odet » dans ses anthologies de littératures et de poésie, Jacques Laurent, élu à l'Académie française en 1986 et intellectuel associé au mouvement des Hussards, et bien sûr le compatriote breton Henri Queffélec, l'auteur du recteur de l'île de Sein.

L'expression "les Hussards" désigne un courant littéraire français qui, dans les années 1950 et 60, s'opposa aux existentialistes et à la figure de l'intellectuel engagé qu'incarnait Jean-Paul Sartre. Le roman de Roger Nimier « Le Hussard bleu » a donné son nom au mouvement. En faisaient partie : Antoine Blondin, Michel Déon, Jacques Laurent, Roger Nimier, ...

Dans son anthologie des littératures de Bretagne, Charles Le Quintrec présente 76 auteurs et leurs œuvres en langue française, et un écrivain gabéricois y a une place émérite, Gwenn-Aël Bolloré (pages 342-349) : « Ce qu'il y a de meilleur chez le jeune Gwenn-Aël Bolloré, il le dit lui-même, ce fut la guerre et l'amour. Vaste programme ... Miraculeusement réalisé. »

  Au delà de la présentation des auteurs, Charles Le Quintrec donne quelques extraits de ses poèmes « La nuit j'ai un train dans ma tête ... », « Automne », « Le monstre féminin », et des textes « le matin du 6 juin 1944  » et « Notre ami le crabe ».

À noter par ailleurs que Charles Le Quintrec a publié une anthologie des poètes bretons entre 1880 et 1980 dans laquelle Gwenn-Aël Bolloré est abondamment cité. Dans cette somme, Charles Le Quintrec présente 63 poètes bretons et leurs œuvres représentatives en langue française.

Parmi eux, il y a Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001) : « Voici un moment du monde rattrapé au vol, une façon de prendre la lumière comme si on la voulait apprivoiser. Sur le bord de l'Odet, dans un manoir à son image, voici le poète que j'aime pour le chant fraternel et la générosité. »

Six de ses poèmes sont proposés à la lecture : « Automne », « Le monstre féminin », « La course », « Le bourreau », « Prière », « L'oiseau ».

Et enfin, Charles Le Quintrec a écrit également la préface de « Nerfs à fleur de larmes », son livre de poèmes le plus abouti : « La guerre et l'amour d'un hussard de l'Odet. Il n’y a pas hiatus, il n’y a pas rupture entre un poème de Villon et un poème de Gwenn-Aël Bolloré même si, apparemment, l’un et l’autre poètes n’habitent pas la même galaxie ... le poète qui s’exprime ici est jeune. Il ne sait rien de Valéry et de Claudel, rien d'André Breton et des ballonnets gonflables et multicolores du Surréalisme. Il revient de la guerre, et l’amour lui fait signe. ».

AUTOMNE

Le ruisseau joue à « saute-cailloux » 
Le vent délire dans les branches 
La pluie régale en avalanche 
L’eau fait l’amour avec la boue.
 
La nuit s’habille de senteurs 
Venues tout droit de l’océan 
Sur la lèvre humide des vents 
Pour effacer celle des fleurs.
 
Râper la lande désolée 
Faire gémir l’arbre salé 
Sont des plaisirs qui époumonnent.
 
A ces jeux-là, bientôt en pleur 
On perd ses feuilles et puis l’on meurt 
O Froid miracle de l’automne !
En savoir plus : « QUEFFÉLEC Yann - Dictionnaire amoureux de la Bretagne », « LE QUINTREC Charles - Littératures de Bretagne », « LE QUINTREC Charles - Poètes de Bretagne », « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG »

13 En verre et contre tous

Billet du 27.10.2018 - « En proposant le jeune peintre Hung Rannou pour la réalisation des vitraux de la chapelle de Kerdévot, l'association des amis de l'édifice n'ont peut-être pas choisi la voie la plus simple, ni la plus rapide pour recevoir l'accord de l'administration centrale. » Daniel Morvan, Ouest-France

Dans son article du 17 avril 1992, le journaliste Daniel Morvan du journal Ouest-France explique les difficultés du projet porté par Raymond Lozac'h, président d'Arkae jusqu'en 1995, de faire réaliser les nouveaux vitraux de Kerdévot par un jeune artiste contemporain, Hung Rannou, né en 1955 au Vietnam et diplômé de l'école des Beaux-Arts de Quimper.

Les neuf vitraux sont placés pour huit d'entre eux sur les murs nord et sud de la chapelle, le neuvième étant du côté occidental. Six vitraux sont formés de trois lancettes, trois de deux lancettes. Les panneaux des lancettes sont surmontés de tympans aux soufflets de formes variées.

Pour ce qui concerne les vitraux colorés de Kerdévot, le thème central est un motif végétal, en complète harmonie avec la campagne avoisinante de la chapelle, comme le confirme l'artiste : « J'ai voulu célébrer l'espace de la Création, la lente germination souterraine qui finit par produire la vie. »

Les huit premiers vitraux, avec deux ou trois lancettes et tympans, seront présentés en 1994 et juillet 1995, le 9e vitrail sera prêt en 1997, le tout avec la participation active des ateliers Le Bihan, essentiellement le jeune Antoine Le Bihan, fils de Jean-Pierre et ami de Hung Rannou à l'école des Beaux-Arts de Quimper. Le journaliste Jean-Yves Boudéhen d'Ouest-France salut l’événement : « La plus belle chapelle de Cornouaille enrichit son patrimoine : huit nouveaux vitraux à Kerdévot. »

Le coût total du projet, de l'ordre de 540 000 euros TTC, soit 82 000 euros, a été financé par le Ministère de la Culture pour 20%, la Région Bretagne 7%, le Conseil Général du Finistère 25%, l'association Arkae 18%, le Comité de Kerdévot 10% et la commune 20%.

Raymond Lozac'h, président de l'association Arkae, a été la cheville ouvrière du projet et a su gérer les réticences des administrations trop lentes et dles architectes des Monuments Historiques, avec intelligence et ténacité : « Depuis sa construction au XVe, chaque siècle a apporté sa contribution à l'édifice. En cette fin de millénaire, nous avons voulu y ajouter la marque de l'art contemporain. »

Maurice Dilasser, fondateur de la SPREV en 1984, a été un fervent supporter des nouveaux vitraux de Kerdévot : « Il est heureux qu'on ait songé à une création contemporaine dans un monument historique et qu'on ait confié cette oeuvre à un jeune peintre qui ressent bien les exigences d'un art sacré. »

 


Gusti Hervé, responsable de la commission diocésaine d'art sacré renchérit, en mettant en avant l'initiative locale contre les réticences "parisiennes" : « C'est toute la population d'Ergué-Gabéric qui se retrouve dans cette réalisation ».

Dans son inventaire « Le Vitrail contemporain dans les églises et les chapelles bretonne » parue en 2011, Pierre Denic ne manque pas de citer les vitraux de Kerdévot d'Hung Rannou, parmi les plus beaux réalisés dans la seconde moitié du 20e siècle par des artistes célèbres tels que André Bouler, Nicolas Fedrerenko, Jean Bazaine, Alfred Manessier ...

En savoir plus : « Les neuf vitraux contemporains de la chapelle de Kerdévot », « Les vitraux contemporains de la chapelle de Kerdévot, Ouest-France 1992-1995 », «  DENIC Pierre - Le Vitrail contemporain en Bretagne »

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