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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Special:WhosOnline
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Chaque semaine, un nouveau billet annonçant un ou plusieurs articles sur le site GrandTerrier.

Une compilation des billets est publiée en fin de trimestre sous la forme des chroniques du Bulletin Kannadig.

Anciens billets hebdos : [Actualité, archives]

Les anciennes affichettes : [Accroches à la une]

Modifications d'articles : [Journal des MàJs]


Sommaire

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1 Séquoias d'Amérique et pierres à laver

Billet du 01.12.2018 - On avait déjà signalé ces géants d'Amérique dans la rubrique « La beauté et majesté de certains arbres plantés à Ergué-Gabéric », mais voici que le livre « Arbres remarquables du Finistère » leur consacre une belle page et rappelle qu'ils seront bientôt les plus hauts arbres de France .

Le Finistère ne disposait encore d'aucune publication sur ce sujet. Or son patrimoine arboricole est pourtant l'un des plus riches et originaux de France. On découvre dans ce livre des arbres insolites, exotiques ou sacrés, répartis en quatre "pays" : Brest, Cornouaille, Morlaix, Centre-Finistère.

En pays de Cornouaille, on notera la page 50 consacrée aux séquoias géants d'Amérique qui ont été plantés dans les années 1910 à Ergué-Gabéric, et la photo publiée en 3e de couverture.

On dénombre en effet dix-huit séquoias géants près du musée et du manoir d'Odet et trois au bout du chemin non loin des bâtisses de Stang-Odet. Ces arbres originaires de Californie ont déjà, en 2018, une hauteur respectable de 58 m et un diamètre de 6 m.

C'est l'industriel René Bolloré qui les fit venir par bateau des Etats-Unis pour les planter sur ses terres dans les années 1910. Les liens étroits entre le jeune industriel et ses clients cigarettiers (Walter Reynolds, John Williams ...) ont sans doute permis la réalisation de cette plantation.

  Outre qu'il est connu sous les appellations de Séquoias toujours verts ("sempervirens") et de Séquoias rouges de Californie, cet immense arbre est également surnommé Hypérion, un des Titans, assimilé au Soleil dans la mythologie grecque, et a la réputation d'être le plus haut arbre du monde.

L'auteur rappelle aussi qu'actuellement la taille de 58 m des séquoias d'Odet, qui n'ont qu'une centaine d'années, les met déjà au top-5 des plus hauts arbres de France, juste derrière le pin Douglas de Renaison (Loire), culminant à 66 mètres.

Mais ce record sera bientôt dépassé à Odet : « Ces « jeunes adolescents » dont l'espérance de vie peut dépasser les 2000 ans présentent un intérêt scientifique évident. Pour la première fois le vieillissement de cette essence rapportée de Californie vers la fin du XIXe siècle va pouvoir être observé sur notre continent et sous notre climat breton. Il est à parier qu'au regard de leur situation abritée dans un ses méandres de l'Odet et de la fertilité du sol sur lequel ils sont plantés, ces arbres n'ont pas fini de nous faire tourner la tête. »

En savoir plus : « Les séquoias géants d'Amérique au bord du chemin de Stang-Odet », « JEZEGOU Mickaël - Arbres remarquables du Finistère »


* * *

Dans la poursuite de la mise en valeur du patrimoine de la commune, qu'il soit naturel ou utilitaire, nous avons cet été complété l'inventaire des fameuses pierres de granite qui servaient à laver le linge autrefois.

Les dernières trouvailles sont localisées dans les villages de Kergoant et de Kerdilès, le premier à l'état brut et un peu ébréché, le second installé comme support paysager d'un petit plan d'eau.


En savoir plus : « Pierres de granit pour les bailles à laver le linge dans nos campagnes »

2 Procession de la Fête-Dieu et généalogies

Billet du 24.11.2018 - Début juin 1918, René Bolloré (1885-1935) organisa à son manoir une procession religieuse de la Fête-Dieu à laquelle participèrent une partie du personnel de son usine, et à cette occasion le photographe quimpérois Joseph-Marie Villard publia une série de plus de 10 cartes postales.

La Fête-Dieu, autrement appelée Fête du Saint Sacrement, était une manifestation catholique importante, un jeudi de mai ou juin, soixante jours après Pâques, quelques jours après la Saintre-Trinité. Elle commémorait la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l'Eucharistie, et donnait lieu à une procession de bannières, le parcours étant décoré de guirlandes et le prêtre portant l’Eucharistie dans un ostensoir.

En 1918 la Fête-Dieu tombe le jeudi 30 mai, et une première procession est organisée à Quimper le dimanche qui suit, le 2 juin. Cette année-là, c'est la perspective de la fin de la Grande Guerre qui est dans toutes les têtes. Le Saint-Sacrement reste exposé pendant plus d'une semaine, jusqu'au dimanche suivant, deuxième dimanche de Saint-Sacrement et également fête du Sacré-Coeur.

Pour le dimanche 9 juin 1918, les cardinaux et évêques de France demandent d'organiser dans les églises paroissiales et les chapelles, « le matin, une messe de communion ... le soir, une cérémonie avec allocution, procession ..., en union de prières et d'intention avec la Belgique et avec les autres nations alliées ».

On peut donc supposer que la procession de la Fête-Dieu d'Odet a été organisée ce deuxième dimanche 9 juin dans l'après-midi.

Le départ de la procession se fait depuis l'allée devant le manoir situé dans l'enceinte de la papeterie. Sur 3 cartes postales on y voit se préparer des enfants, garçons en marins ou en habits bretons et filles en toilettes blanches, accompagnés de leurs mères portant coiffe et tenue traditionnelle.

 

En tête de la procession deux hommes, relativement âgés, dont l'un porte un grand crucifix. Il s'agit de François Guéguen, cocher de l'usine à papier d'Odet. Puis suivent les bannières de procession religieuse portées par des adultes et des oriflammes dressées par les enfants.

Au milieu du cortège un dais tenu par quatre hommes, sous lequel un prêtre tient l’ostensoir ; il s'agit sans doute du recteur de la paroisse Louis Pennec, ou d'un religieux ami de la famille Bolloré. Devant, semblant organiser la procession, s'active un vicaire de petite taille, sans doute le dynamique Louis Le Gall.

Avant de revenir, le cortège de la procession fait une sortie hors de l'enceinte de l'usine, avec toujours à leur tête la grande croix et ses deux porteurs, en costume « glazik ».

De retour dans le parc, les processionnaires se recueillent devant un immense reposoir décoré de banderoles. Au sommet des escaliers devant un autel dressé, un prêtre et des enfants de cœur animent les litanies et cantiques chantés.

Article : « 1918 - Procession de la Fête-Dieu au manoir d'Odet »


* * *

À l'heure où les médias relèvent la nomination de Thierry Bolloré comme directeur exécutif de l'entreprise Renault, en le qualifiant de cousin éloigné de Vincent Bolloré, il est intéressant de préciser qu'il faut remonter 6 à 7 générations d'ascendants directs pour identifier un aîeul commun, un négociant syndic des marins. Ce dernier a fondé deux branches distinctes :

Image:Square.gifImage:Space.jpgcelle de Thierry Bolloré : un chapelier, un faïencier et des négociants.

Image:Square.gifImage:Space.jpgcelle de Vincent : marins et 4 générations de papetiers, héritiers de Nicolas Le Marié

 René Bolloré (1760-1826), syndic des marins
  x 1780 Elisabeth Corentine Denic (1752-1793)
 ├> Jean-Guillaume Bolloré (1788-1873), chapelier
 ├   x 1819 Marie-Perrine Le Marié (°1790), sœur du papetier
 ├   ├> Marie Perrine Elisabeth Bolloré (cf ci-dessous)  -------->
 ├   └> Jean Guillaume François Bolloré (1820-1899)              
 ├        x 1847 Alexandrine Marie Capel (1830-1882)               
 ├        └> Louis Pierre Marie Bolloré (1859-1922), négociant   
 ├             x 1894 Joséphine Delmon (1866-1952)
 ├             └> Louis Henri Bolloré (1896-1940), faïencier
 ├                  x 1923 Gabrielle Faure (1902-1986)
 ├                  └> Yves Henri Bolloré (°1927)
 ├                       x 1960 Jacqueline Martin (°1928)
 ├                       └> Thierry Bolloré (°1963), industriel
 └> René-Corentin Bolloré (1793-1838), capitaine pêcheur
  x 1817 Marie Nicolase Belbeoc'h (1795-1818)
 └> Jean-René Bolloré (1818-1881), chirurgien de marine, papetier
      x 1846 Marie Perrine Elisabeth Bolloré (1824-1904) <-------
      └> René-Guillaume Bolloré (1847-1904), papetier
           x 1876 Leonie Marie Blanche Surrault (1847-1948)
           └> René-Joseph Bolloré (1885-1935), papetier
                x 1911 Marie Amélie Thubé (1889-1977)
                └> Michel Bolloré (1922-1997), papetier
                     x 1943 Monique Follot (°1923)
                     └> Vincent Bolloré (°1952), industriel

Bio : « Jean-Guillaume Bolloré (1788-1873), fabricant chapelier »

3 Numérisation des cahiers retrouvés

Billet du 17.11.2018 - Les manuscrits originaux de la 2e série des cahiers de Jean-Marie Déguignet ont fait l'objet d'un don à la médiathèque de Quimper, qui, dans le cadre du plan de numérisation des documents patrimoniaux, a procédé à leur numérisation et les met à disposition sur son site Internet :

En 1897 Jean-Marie Déguignet confie à Anatole Le Braz une première série de cahiers de ses mémoires, avec promesse de publication. Mais pendant des années rien ne se passe, et le paysan bas-breton, un tant soit peu énervé, démarre la réécriture d'une seconde série de 26 cahiers qu'il achève juste avant sa mort, et quelques mois seulement avant de voir quelques extraits de sa première livraison édités dans la Revue de Paris. Que ce soit la première ou la seconde série, les cahiers originaux ont très vite disparu des radars médiatiques.

Avant que la petite fille de Jean-Marie Déguignet ne les montre en 1962 au mémorialiste Louis Ogès, qu'en 1984
le journaliste gabéricois Laurent Quevilly lance un appel vibrant « Sos Manuscrits ! » dans les colonnes d'Ouest-France et qu'il reçoive chez lui à Garsalec un coup de fil de la génération suivante des descendants : « J'ai lu votre article. Je suis l'arrière-petit-fils de Déguignet. J'ai tous les manuscrits »

Laurent Quevilly s'en souvient : « J'avoue que ce coup de fil reste à mes oreilles mon meilleur souvenir professionnel. Deux jours plus tard, dans une HLM de Kermoysan, nous découvrions, avec l'émotion que l'on devine, les cahiers étalés sur la toile cirée. L'arrière petit-fils de Déguignet nous avoua avoir souvent failli les jeter ... »

La collection retrouvée de la seconde série était composée de 26 cahiers d'écolier, d'une centaine de pages chacun, mais le 1er et le 21e n'ont pas retrouvés dans les papiers transmis au fil des générations Déguignet. Les 24 cahiers forment 2584 pages qu'il a fallu transcrire et l'éditeur An Here en fit en mai 1998 une extraction intitulée « Mémoires d'un paysan bas-breton ».

À la sortie du livre des mémoires 150 000 exemplaires sont vendus en deux mois. Puis en 2001 l'Intégrale « Histoire de ma vie » est publiée chez "An Here", ces livres étant réédités ensuite par l'association Arkae.

 

C'est avec l'émotion des découvreurs de 1962 et de 1984, Louis Ogès et Laurent Quevilly, que l'on peut aujourd'hui visionner les pages numérisées par les soins de la Médiathèque de Quimper. On trouvera également ici le sommaire détaillé de l'Intégrale permettant un accès direct aux pages manuscrites.

En savoir plus : « Les 24 cahiers manuscrits de la seconde série des mémoires de Jean-Marie Déguignet »

* * *
C'est l'occasion aussi de se souvenir de la manière avec laquelle un écrivain gabéricois a accueilli la publication des mémoires de Jean-Marie Déguignet. Tous les lundis matin, de mai 1999 à juillet 2003, Hervé Jaouen a publié en dernière page du Télégramme son croquis du lundi dans lequel il retranscrivait ses sentiments et évocations d'écrivain prolixe et "doué de diversité". Le lundi 27 mars 2000 il écrivait : « Oui, Deguignet tend enfin à la Bretagne ce miroir dans lequel elle n'osait pas se regarder.  ».

En savoir plus : « Les croquis du lundi d'Hervé Jaouen, Le Télégramme 1999-2003 »

4 Dans les armées napoléoniennes

Billet du 10.11.2018 - Grâce aux registres matricules de la garde impériale et de l’infanterie de ligne pour la période 1802-1815 publiés sur le site « Mémoire des Hommes », voici les premiers portraits des hommes de troupes qui sont partis d'Ergué-Gabéric sur les fronts des guerres napoléoniennes.

Parmi les 7 soldats gabéricois, on compte un seul chasseur d'infanterie légère, les autres sont voltigeurs dans les régiments de voltigeurs (2), ou fusiliers (3) ou voltigeur (1) dans les régiments d'infanterie de ligne. Le fusilier ou chasseur est le soldat de base de l'armée napoléonienne ; le voltigeur est par contre sélectionné pour sa petite taille, son agilité et sa valeur au combat.

Napoléon offre ainsi une occasion de se distinguer aux soldats de petite taille qui n'ont pas la possibilité d'accéder aux corps de grenadiers. Le plus petit de nos voltigeurs mesure 1 m 54, et la moyenne des fusiliers et voltigeurs ne dépasse pas 1 m 60.

Ils sont nés dans la campagne gabéricoise de 1786 à 1791, y sont encore domiciliés la conscription des ans 1806 à 1811, à l'exception de l'un d'entre recensé à Briec. Leurs régiments respectifs sont envoyés en 1809-1819 pour renforcer l'armée du sud en Espagne pour l'un, et pour les campagnes du nord en Allemagne pour les autres. A priori aucun n'a connu la campagne de Russie.

Louis Barré et Vincent Perron, tous deux du 2e régiment de voltigeurs, font la campagne d' Allemagne. Ce régiment fait partie de la Jeune Garde, nom donné aux unités de la Garde impériale napoléonienne créées après 1812, pour les distinguer des grognards de la Vieille Garde, vétérans des campagnes impériales de 1805 à 1812. Vincent Perron est hospitalisé « outre Rhin » le 17 septembre 1813, soit vraisemblablement après les combats des 26 et 27 août 1813 à la périphérie de Dresde, victoire majeure de Napoléon en Allemagne.

Louis Barré finit son service un peu plus loin, « au delà du Rhin à Leipzick » le 18 octobre 1813, en pleine bataille de Leipzig (16–19 octobre 1813), aussi appelée la bataille des Nations, qui se termine par une victoire décisive de la Sixième Coalition contre Napoléon Ier, et entraîne l'invasion de la France. Il reviendra dans son village de Lestonan, se mariera et exercera le métier de tisserand.

Jean-Louis Taridec de Bohars est incorporé dans le dépot des conscrits chasseurs le 16 novembre 1809, et passe dans la jeune garde du 1er régiment de voltigeurs où nous perdons sa trace à ce jour.

 
Les 2 fusiliers du 65e régiment d'infanterie de ligne, Yves Quéméré et René Le Moal, font un passage court en 1815 dans leur corps d'armée, leur régiment étant désintégré après les campagnes de France et de Belgique. Le premier déserte le 10 juillet 1815, le second retourne à Ergué-Gabéric « par suite de licenciement » où il se marie, et exerce le métier d'agriculteur à Guillybian et Munuguic.

Le voltigeur Jean-Guillaume Talayen de Kerganou, conscrit de l'an 1809, fait, avec le 108e régiment d'infanterie de ligne, la campagne d'Allemagne et décède le 31 août 1811 à l'hôpital de Stettin, ville qui fait partie aujourd'hui de la Pologne.

Le fusilier Jean-Alain Huitric né à Palac'h Guen, est quant à lui incorporé en 1806 et sert d'abord au 13e régiment d'infanterie légère, avant de rejoint le 119e régiment d'infanterie de ligne en juillet 1909. Il décède de fièvre à l’hôpital militaire de Santander sur la cote nord d'Espagne le 4 février 1809, juste après la bataille de La Corogne en Galice contre les armées espagnole et britannique.

Ces essais de reconstitution de parcours militaire n'en sont qu'à leur commencement, les registres matricules étant loin d'être finement exploités. Entre 1810 et 1812 1.100.000 hommes, pour une France de 29 millions d'habitants (dans ses limites actuelles), ont été levés par Napoléon. Pour la population de 1800 gabéricois, on peut donc estimer que la conscription a concerné une cinquantaine de soldats dans les armées napoléoniennes.

En savoir plus : « 1802-1815 - Hommes de troupes dans les armées napoléoniennes »

* * *
En cette veille de la commémoration de l'armistice du 11 novembre 1918, soulignons aussi la très belle enquête d'Anne Lessard dans le Télégramme à la mémoire de 3 poilus finistériens sur le front des Ardennes lors de leur « dernière patrouille » le 10 novembre, dernier jour de guerre : le caporal Eugène Perrot de Pont-l'Abbé, le brancardier Jean François Le Deroff de Plouénan et le sergent François-Marie Moullec né à Briec et habitant Ergué-Gabéric.

En savoir plus : « Poilus bretons : l'ultime sacrifice, Le Télégramme novembre 2018 »

5 Poésies et littératures de Bretagne

Billet du 03.11.2018 - « Le ruisseau joue à "saute-cailloux" ... O Froid miracle de l'automne ! », poème du gabéricois Gwen-Aël Bolloré publié dans le recueil « Nerfs à fleurs de larmes », exemple de texte qui a pu forcer l'admiration d'autres écrivains célèbres comme Henri/Yann Queffélec et Charles Le Quintrec.

Dans son « Dictionnaire amoureux de la Bretagne » (illustré par Alain Bouldouyre), entre les chapitres « Guerre » et « Gwenn-ha-Du », Yann Queffélec consacre 13 pages aux souvenirs de « Gwen-Aël », l'ami de son père Henri Queffélec et l'écrivain, auquel il rendit plusieurs visites à son manoir d'Odet : « Mon père aimait beaucoup Gwen-Aël Bolloré, l'homme, le marin, le poète d'anatomie descriptive ».

Il se souvient : « Au manoir, le petit déjeuner se prenait dans la salle à manger, servi par Mme Pérez. Ils pouvaient être vingt, trente amis attablés en même temps, tirés du lit par l'odeur du café, meilleure en Bretagne que nulle part ailleurs, allusion paradisiaque à l'amann sall, à la miche du matin, au blé noir, à l'enfance protégée. »

Les amis écrivains de Gwen-Aël Bolloré évoqués par Yann Quéffélec sont entre autres le journaliste poète Charles Le Quintrec qui a encensé les poèmes du « Hussard de l'Odet » dans ses anthologies de littératures et de poésie, Jacques Laurent, élu à l'Académie française en 1986 et intellectuel associé au mouvement des Hussards, et bien sûr le compatriote breton Henri Queffélec, l'auteur du recteur de l'île de Sein.

L'expression "les Hussards" désigne un courant littéraire français qui, dans les années 1950 et 60, s'opposa aux existentialistes et à la figure de l'intellectuel engagé qu'incarnait Jean-Paul Sartre. Le roman de Roger Nimier « Le Hussard bleu » a donné son nom au mouvement. En faisaient partie : Antoine Blondin, Michel Déon, Jacques Laurent, Roger Nimier, ...

Dans son anthologie des littératures de Bretagne, Charles Le Quintrec présente 76 auteurs et leurs œuvres en langue française, et un écrivain gabéricois y a une place émérite, Gwenn-Aël Bolloré (pages 342-349) : « Ce qu'il y a de meilleur chez le jeune Gwenn-Aël Bolloré, il le dit lui-même, ce fut la guerre et l'amour. Vaste programme ... Miraculeusement réalisé. »

  Au delà de la présentation des auteurs, Charles Le Quintrec donne quelques extraits de ses poèmes « La nuit j'ai un train dans ma tête ... », « Automne », « Le monstre féminin », et des textes « le matin du 6 juin 1944  » et « Notre ami le crabe ».

À noter par ailleurs que Charles Le Quintrec a publié une anthologie des poètes bretons entre 1880 et 1980 dans laquelle Gwenn-Aël Bolloré est abondamment cité. Dans cette somme, Charles Le Quintrec présente 63 poètes bretons et leurs œuvres représentatives en langue française.

Parmi eux, il y a Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001) : « Voici un moment du monde rattrapé au vol, une façon de prendre la lumière comme si on la voulait apprivoiser. Sur le bord de l'Odet, dans un manoir à son image, voici le poète que j'aime pour le chant fraternel et la générosité. »

Six de ses poèmes sont proposés à la lecture : « Automne », « Le monstre féminin », « La course », « Le bourreau », « Prière », « L'oiseau ».

Et enfin, Charles Le Quintrec a écrit également la préface de « Nerfs à fleur de larmes », son livre de poèmes le plus abouti : « La guerre et l'amour d'un hussard de l'Odet. Il n’y a pas hiatus, il n’y a pas rupture entre un poème de Villon et un poème de Gwenn-Aël Bolloré même si, apparemment, l’un et l’autre poètes n’habitent pas la même galaxie ... le poète qui s’exprime ici est jeune. Il ne sait rien de Valéry et de Claudel, rien d'André Breton et des ballonnets gonflables et multicolores du Surréalisme. Il revient de la guerre, et l’amour lui fait signe. ».

AUTOMNE

Le ruisseau joue à « saute-cailloux » 
Le vent délire dans les branches 
La pluie régale en avalanche 
L’eau fait l’amour avec la boue.
 
La nuit s’habille de senteurs 
Venues tout droit de l’océan 
Sur la lèvre humide des vents 
Pour effacer celle des fleurs.
 
Râper la lande désolée 
Faire gémir l’arbre salé 
Sont des plaisirs qui époumonnent.
 
A ces jeux-là, bientôt en pleur 
On perd ses feuilles et puis l’on meurt 
O Froid miracle de l’automne !
En savoir plus : « QUEFFÉLEC Yann - Dictionnaire amoureux de la Bretagne », « LE QUINTREC Charles - Littératures de Bretagne », « LE QUINTREC Charles - Poètes de Bretagne », « Gwenn-Aël Bolloré (1925-2001), écrivain-poète et PDG »

6 En verre et contre tous

Billet du 27.10.2018 - « En proposant le jeune peintre Hung Rannou pour la réalisation des vitraux de la chapelle de Kerdévot, l'association des amis de l'édifice n'ont peut-être pas choisi la voie la plus simple, ni la plus rapide pour recevoir l'accord de l'administration centrale. » Daniel Morvan, Ouest-France

Dans son article du 17 avril 1992, le journaliste Daniel Morvan du journal Ouest-France explique les difficultés du projet porté par Raymond Lozac'h, président d'Arkae jusqu'en 1995, de faire réaliser les nouveaux vitraux de Kerdévot par un jeune artiste contemporain, Hung Rannou, né en 1955 au Vietnam et diplômé de l'école des Beaux-Arts de Quimper.

Les neuf vitraux sont placés pour huit d'entre eux sur les murs nord et sud de la chapelle, le neuvième étant du côté occidental. Six vitraux sont formés de trois lancettes, trois de deux lancettes. Les panneaux des lancettes sont surmontés de tympans aux soufflets de formes variées.

Pour ce qui concerne les vitraux colorés de Kerdévot, le thème central est un motif végétal, en complète harmonie avec la campagne avoisinante de la chapelle, comme le confirme l'artiste : « J'ai voulu célébrer l'espace de la Création, la lente germination souterraine qui finit par produire la vie. »

Les huit premiers vitraux, avec deux ou trois lancettes et tympans, seront présentés en 1994 et juillet 1995, le 9e vitrail sera prêt en 1997, le tout avec la participation active des ateliers Le Bihan, essentiellement le jeune Antoine Le Bihan, fils de Jean-Pierre et ami de Hung Rannou à l'école des Beaux-Arts de Quimper. Le journaliste Jean-Yves Boudéhen d'Ouest-France salut l’événement : « La plus belle chapelle de Cornouaille enrichit son patrimoine : huit nouveaux vitraux à Kerdévot. »

Le coût total du projet, de l'ordre de 540 000 euros TTC, soit 82 000 euros, a été financé par le Ministère de la Culture pour 20%, la Région Bretagne 7%, le Conseil Général du Finistère 25%, l'association Arkae 18%, le Comité de Kerdévot 10% et la commune 20%.

Raymond Lozac'h, président de l'association Arkae, a été la cheville ouvrière du projet et a su gérer les réticences des administrations trop lentes et dles architectes des Monuments Historiques, avec intelligence et ténacité : « Depuis sa construction au XVe, chaque siècle a apporté sa contribution à l'édifice. En cette fin de millénaire, nous avons voulu y ajouter la marque de l'art contemporain. »

Maurice Dilasser, fondateur de la SPREV en 1984, a été un fervent supporter des nouveaux vitraux de Kerdévot : « Il est heureux qu'on ait songé à une création contemporaine dans un monument historique et qu'on ait confié cette oeuvre à un jeune peintre qui ressent bien les exigences d'un art sacré. »

 


Gusti Hervé, responsable de la commission diocésaine d'art sacré renchérit, en mettant en avant l'initiative locale contre les réticences "parisiennes" : « C'est toute la population d'Ergué-Gabéric qui se retrouve dans cette réalisation ».

Dans son inventaire « Le Vitrail contemporain dans les églises et les chapelles bretonne » parue en 2011, Pierre Denic ne manque pas de citer les vitraux de Kerdévot d'Hung Rannou, parmi les plus beaux réalisés dans la seconde moitié du 20e siècle par des artistes célèbres tels que André Bouler, Nicolas Fedrerenko, Jean Bazaine, Alfred Manessier ...

En savoir plus : « Les neuf vitraux contemporains de la chapelle de Kerdévot », « Les vitraux contemporains de la chapelle de Kerdévot, Ouest-France 1992-1995 », «  DENIC Pierre - Le Vitrail contemporain en Bretagne »

7 Grève à la BnF et travaux en cours

Billet du 21.10.2018 - « Annaloù : an histor hervez ar reiz eus ar bloazyou » (l’histoire de ce qui s'est passé chaque année), Grégoire de Rostrenen

Pour des raisons de contraintes familiales d'une part, et du fait d'autre part que le thème du billet de cette semaine a été contrarié vendredi par une grève à la BnF, on avait décidé de ne pas envoyer de billet cette semaine.

De plus le travail ne manquait pas ces jours-ci sur GrandTerrier : imprimer et mettre sous pli les bulletins Kannadig, trouver une bonne solution pour une édition des Annales 2018 à un prix raisonnable et une qualité professionnelle.

Mais comme on a trouvé ce service chez coolLibri, pourquoi ne pas vous le dire tout de suite ?

Un prix de 17 euros seulement pour 140 pages couleurs format A4, couverture encollée incluse, et un poids de 400 grammes ; si besoin d'un envoi postal, il faudra compter 6 timbres verts, soit environ 5 euros.

Le bon de commande est donc envoyé avec toutes ces informations dans le pli du Kannadig d'octobre, et est aussi disponible dans l'article des Annales 2018.

Par ailleurs, un petit rappel : en fin de l'article de présentation des annales, il y a un jeu Q.C.M. "en ligne" de 10 questions ludiques et instructives. Le premier qui répondra correctement aura droit à un exemplaire gratuit relié des Annales 2018, qu'on se le dise !


En savoir plus : « Annaloù 2018 - Annales du GrandTerrier n° 1 »

 

8 Bulletin de l'été indien gabéricois

Billet du 14.10.2018 - Ces nouvelles chroniques « Du manuscrit de Missirien au jubilé de Ker-Anna » développent les 13 articles du 3e trimestre achevé.

Ce numéro démarre par deux études relatives à un manuscrit daté de 1638 écrit ou signé par Guy Autret, seigneur de Lezergué et de Missirien, et conservé à la bibliothèque Champs Libres de Rennes.

On reste ensuite dans les papiers d’archives avec la publication d’un rouleau de 1395 des Archives Départementales de Nantes portant sur la levée de l’impôt des fouages, et sur les conditions de rédaction des cahiers de doléances en 1789.

Puis on découvre un retable flamand du 15e siècle en Bourgogne, presque identique à celui de Kerdévot, suivi des aventures humanitaire d’un missionnaire à Haïti.

Ensuite sont développés deux thèmes des mémoires de Jean-Marie Déguignet : la mendicité d’une part et la Commune de Paris d’autre part.

On apprend aussi que Jean-François Moullec de Menez-Groaz est tombé sous les tirs ennemis le 10 novembre 1918 lors d’une dernière patrouille dans les Ardennes.

Nous sommes bien sûr fiers d’être gabéricois dans le bulletin municipal Ergué.com de septembre-octobre et de publier enfin les annales GT 2018.

Le circuit pédagogique le long du canal d’Odet et les chroniques « Pierres et paysages » du journaliste Keranforest sont les belles découvertes de ce trimestre.

Et pour finir ce bulletin, l’histoire de la construction et du financement de cette chapelle de Ker-Anna qui a fêté ses 50 ans en 2018.

Nota 1: Les billets hebdos du 4e trimestre seront dans le prochain Kannadig de janvier 2019 !

Nota 2: À l'instar des premières annales 2018, la lecture en ligne du bulletin Kannadig à partir de son sommaire est facilitée par la mise à disposition d'un fichier PDF "linéarisé'.

 
Lectures en ligne  : « Kannadig n° 43 Octobre 2018 », « Annaloù 2018 - Annales du GrandTerrier n° 1 »

9 La fierté des nouvelles annales

Billet du 06.10.2018 - Le numéro 73 de septembre-octobre 2018 du bulletin municipal Ergué.com inclut, dans sa rubrique « Fiers d'être gabéricois », les deux portraits de l'immense écrivain Hervé Jaouen et du chroniqueur grandterrien Jean Cognard.

« Fiers d’être Gabéricois » est sous-titré en langue bretonne « Tud an Erge-Vras omp ha lorc'h ennomp », ce qui donne, en traduction littérale « Nous sommes le peuple d'Ergué-gabéric et c'est un honneur pour nous ». Effectivement, il s'agit plus d'un honneur que d'une fierté !

Petit enfant rêveur de l'école de la République de Lestonan, le chroniqueur et historien a l'impression d'avoir été Indiana Jones exhumant une arche perdue : « Son nom, Grand Terrier, continue d’interroger. En fait le Grand Ergué, Erge-Vras en breton, donnait Erc'hié-Vrâs à l'oral : essayez donc de prononcer à la française Erc'hié précédé de l'adjectif Grand. Voilà pourquoi tout simplement sur certaines cartes et archives on peut souvent lire Grand Terrier. »

Dans l'article, on notera aussi cette phrase : « Je suis en train de compléter par un format plus long, publié en cette mi-année, avec des textes plus approfondis, pour une sorte de monographie de la commune. »

Le format long en question est précisément le projet d'annales dont le premier tome est mis en ligne en cette fin d'été 2018. Le plan de ces annales, suivant 6 périodes charnières, la phase initiatique (des temps géologique, préhistorique et antique), les saisons médiévales, l'époque provinciale (16-17e siècles), les années réfractaires (18e), la période rurale (19e) et les temps productifs (20e), apporte effectivement de la matière pour produire à terme une monographie historique d'Ergué-Gabéric.

Le présent numéro n° 1, avec 140 pages format A4, est désormais finalisé et disponible. Il sera imprimé avec un service d'impression professionnel à la demande, la logistique demandant encore un petit ajustement, au terme duquel un prix raisonnable sera fixé.

Vous trouverez en ligne la présentation de ce premier numéro, avec la possibilité de télécharger le fichier pdf et/ou de choisir un élément du sommaire pour l'afficher directement. Le jeu-questionnaire de la 4e de couverture est également transcrit pour y jouer en ligne : le premier qui répondra correctement aux questions sera récompensé par un envoi gratuit de l'exemplaire papier des Annales 2018.

 

Quant à la bibliographie d'Hervé Jaouen, on voudrait citer un de ses livres, peu connu mais excellent, qu'il a écrit sous le pseudo Michaël Clifden : « Ce sont les descendants d’un peuple qui occupait le nord de la Nouvelle Albion, Chernoviz et l’ouest de notre Agglomérat métropolitain. Ce sont des Celtes… Et toi, Adonaï, tu es le Celte Noir ! Je pouvais maintenant nommer ces hommes et ces femmes : des Celtes. » (Fleuve noir Anticipation, Le Celte Noir, 1984).

En savoir plus : « Fiers d'être gabéricois, Ergué.com 09.2018 », « Annaloù 2018 - Annales du GrandTerrier n° 1 »

10 Garde nationale de commune de France

Billet du 29.09.2018 - « Ils furent donc un peu étonnés d'entendre certains groupes crier : « Vive Déguignet », autant que je fus moi-même, attendu que quelques mois avant, tout le monde me jetait des pierres. », J.-M. Déguignet, Histoire de ma vie - L'intégrale des Mémoires d'un paysan bas-breton, p. 379

Dans ses mémoires, J.-M. Déguignet a abordé les sujets de la période après la chute de Napoléon III, du nouveau gouvernement de Thiers pas vraiment républicain et de la guerre extérieure contre les Prussiens et intérieure contre la Commune de Paris.

Dans ces années 1870-71, on peut se demander pourquoi le paysan bas-breton a si peu parlé dans ses mémoires des insurgés parisiens de 1871 et développé le thème de la défection militaire d'une part et la laborieuse victoire attendue des Républicains d'autre part.

Mais, ses critiques acerbes contre l'Empire de Napoléon III et la Gouvernement de Thiers, sa candidature rejetée de « républicain libre-penseur » au poste de capitaine des gardes nationaux de sa commune d'Ergué-Armel, et enfin son évocation de la grève générale des ouvriers montrent ses convictions que n'auraient pas désapprouvé les communards de 1871.

* * *

La chute de l'Empire suite au plébiscite de renforcement des pouvoirs de Napoléon III et sa défaite militaire à Sedan ne sont pas une surprise pour Déguignet : « Enfin cette guerre ont tous les résultats que j'avais prédits au moment du plébiscite : l'effondrement de l'Empire et la ruine de la France.  »

Mais, à son grand regret, le nouveau gouvernement reste monarchiste, et non républicain comme il l'aurait souhaité : « ces députés avaient nommé le vieux Thiers président, oh ! ils ne disaient pas président de la République, ce mot leur faisait trop d'horreur, mais président du gouvernement provisoire en attendant l'arrivée du roy Henry V ».

Et de plus le gouvernement est défaitiste face à « cette guerre qui était virtuellement terminée, attendu que toute l'armée était partie en Prusse ou en Suisse » et est réduite à payer les indemnités de guerre : « cette première chambre n'avait été nommée que pour régler les comptes avec Bismarck et Guillaume ».

Certes, la décision est prise de créer une garde nationale dans toutes les communes de province. À Ergué-Armel où il réside, Déguignet est même porté candidat malgré lui au poste de capitaine, mais l'élection par le maire tourne à la farce : « "Puisque c'est ainsi, qu'il y a deux candidats je vais voir lequel aura la majorité : que ceux qui veulent Déguignet passent à gauche et ceux qui veulent Le Feunteun à droite ! ". Il y eut alors un curieux mouvement de chassé-croisé. Les uns passaient volontairement d'un bord à l'autre, d'autres se laissèrent traîner puis revenaient encore de l'autre côté. ». Ce n'était qu'une comédie ou une parodie : « jamais ni capitaine, ni soldats n'auraient rien à faire pour cette guerre ... il n'y avait plus un fusil, ni une cartouche à nous donner. » Si Déguignet avait élu capitaine, peut-être aurait-il contribué à créer un mouvement insurrectionnel quimpérois a l'instar de la garde nationale parisienne ralliée à la Commune !

L'insurrection des communards est évoquée par Déguignet par cette allusion à la destruction de la maison de Thiers :   « cette as-

 

semblée dite nationale lui vota un million soixante mille francs soi-disant pour réparer son hôtel brûlé par la Commune ». Certes l'hôtel d'Adolphe Thiers est bien démoli sur ordre du Comité de salut public, mais il ne fut pas incendié comme les Tuileries et l'Hôtel de ville. Par contre, Déguignet est bien au fait des événements quant aux conditions de reconstruction de l'immeuble.

Une deuxième allusion à la Commune est cette date du 18 mars 1871  : « Plusieurs fois depuis 1789, les coquins ont voulu faire marcher cette armée contre le peuple comme ... au 18 mars, mais ils n'ont pas osé ». Ce jour-la marque le début du soulèvement des révolutionnaires parisiens contre Adolphe Thiers qui veut leur retirer leurs armes et leurs canons.

Et enfin Déguignet fait un exposé sur les bienfaits de la Révolution, comme s'il regrettait que les Communards aient été massacrés par l'armée versaillaise en mai 1871 : « Les ouvriers réclament depuis longtemps une grève générale, et peut-être une révolution, qui est la meilleure chose que ce peuple berné, exploité et volé pourrait désirer ... Dans une révolution, il n'a rien à perdre que sa misère et ses chaînes, tandis qu'il a tout à gagner. »

* * *

En savoir plus : « Empire, garde nationale et Commune de Paris en 1870-71 pour Jean-Marie Déguignet »

11 Centenaire de l'armistice de 1918

Billet du 22.09.2018 - « Toi Moullec tu as été blessé plusieurs fois, décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire, tu es mort 23 heures avant heures avant la fin de cette guerre », caporal Eugène Perrot en 1968, discours du cinquantenaire

Né à Kerdelliou, en Briec, de parents cultivateurs, François Marie Moullec est lui aussi cultivateur lorsqu'il épouse à Ergué-Gabéric, le 04/07/1917, Jeanne Marie Guillou, de Briec également. Son acte de mariage précise qu’il est « actuellement sergent, décoré de la croix de guerre ».

Anne Le Guillou, sœur de Jeanne Marie, est employée à la papeterie Bolloré et se marie au maçon de Lestonan Mathias Jean Binos, apparenté aux Quéré qui tiennent le bar-restaurant. Jeanne-Marie sera employée par les Quéré comme aide aux cuisines et en salle, notamment servir aux repas de noces.

François-Marie et son épouse Jeanne-Marie habitent aussi Lestonan, en haut de la côte de Menez-Groas. Sur l'acte de naissance de leur fils, Jean-François, le 29 juin 1918, ils sont déclarés cultivateurs. Jean-François qui a 4 mois au moment du décès au front de son père, est déclaré pupille de la nation par jugement du 7 mai 1919 au tribunal de Quimper.

« Mort pour la France » à Flize dans les Ardennes, les autorités envoient une lettre d'avis mortuaire à la mairie de Briec, qui transmet au maire d'Ergué-Gabéric pour prévenir sa veuve : « J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien, avec tous les ménagements nécessaires dans la circonstance, prévenir Mme Moullec, de la mort du sergent Moullec François, née le 29 avril 1891, tué à l'ennemi et inhumé le 12.11.18 à Flize  ».

C'est Jean-François Douguet, lors de la préparation de ses livres sur la Grande Guerre, qui a découvert cette lettre et trouvé dans les Cahiers du 19e RI ce compte-rendu intitulé « La dernière patrouille », une opération militaire sur le front des Ardennes le 10 novembre au cours de laquelle 12 poilus, dont François-Marie Moullec gabéricois de Menez-Groas, trouveront la mort,

Ce compte-rendu est basé sur les souvenirs du caporal Eugène Perrot, le seul survivant, qui raconte que, ayant traversé la Meuse, son lieutenant demande à son escouade de faire une mission de reconnaissance jusqu'à une ligne de chemin de fer, près de laquelle les forces allemandes étaient embusquées. Et là les mitraillettes font un massacre, et quatre groupes successifs de poilus seront envoyés pour essayer de rapatrier les blessés.

Le sergent François-Marie Moullec, âgé de 26 ans et domicilié à Menez-Groaz avant de partir au front, fait partie du dernier groupe et y laisse aussi sa vie :

Sur sa droite, un homme arrive en courant ; vite il lui dit comme aux autres : « Ne viens pas, va à l’arrière ». C’était le sergent Moullec. Il tomba près de lui à le toucher.

« Je suis blessé », dit-il
« Où es-tu touché ? ». Le sergent ne répondit pas. Quelque chose l’inquiétait.
« Va prévenir le lieutenant que je suis blessé ».
« Crois-tu que je puisse arriver ? »
« Il le faut ».
« Bon j’y vais. Quant à toi, ne bouge pas. Les boches sont là à vingt mètres ».
« Tu diras cela aussi au lieutenant ».


... Les deux brancardiers étaient là : Le Deroff avec sa grande moustache, le deuxième devait être Bourel, tous deux d’un certain âge, reçurent l’ordre de suivre le caporal et de ramener le sergent Moullec blessé.

Les trois hommes partirent dans la brume. Ils arrivèrent au but sans être touchés mais trop tard car Moullec était mort.

Gaston Mourlot, sergent au 65e régiment d’infanterie (de Nantes) arrivant à Flize le 11 novembre 1918, relate cette scène dans son journal de poilu : « Le plus triste du lieu était que sur la plaine, de

  notre côté, il y avait pas mal de poilus étendus sur le terrain ; douze types du 19e avaient été butés la nuit précédente, et un caporal à 10h 1/2 ce matin. Rien ne me parut plus triste que le destin de ces pauvres diables ayant enduré, peut-être depuis le début de la guerre, le frisson de la mort en maintes circonstances, et finir misérablement à l’aurore de la délivrance ».

Le 15 septembre 2018 les écoliers de la classe de CM2 de l'école primaire de Flize ont participé à la commémoration du centenaire de 1918 en présence de la fille d’Eugène Perrot et du petit-fils de Jean Le Deroff. A cette occasion ils ont réalisé une très belle brochure pour le concours « Les petits artistes de la mémoire » qui s'intitule : « Moi, Eugène Perrot, seul survivant de la dernière patrouille».

Répartis sur 15 pages grand format, les textes, extraits du discours d’Eugène Perrot prononcé lors d’une précédente commémoration du cinquantenaire, accompagnent leurs dessins d'enfants : « Je revins vers mes camarades et parlai à chacun d'eaux, comme s'ils pouvaient encore m'entendre » ; « Toi Moullec tu as été blessé plusieurs fois, décoré de la croix de guerre et de la médaille militaire, tu es mort 23 heures avant la fin de cette guerre. ».

Décédée en 1972, Jeanne Marie Le Guillou, veuve, se remarie en 1922 à Alain Caugant, papetier, avec qui elle aura un fils, René Caugant. Ils habitent à la cité ouvrière de Keranna.

Henri Le Gars, ancien de Keranna, se souvient très bien de Jeanne-Marie épouse Caugant : « Je la vois encore, avec sa démarche corpulente, faire le service lors des repas de noces chez Quéré ».

Par contre la mémoire du quartier n'a pas retenu le nom de son premier mari, mort pour la France, et le fils Jean-François, pupille de la nation, n'est sans doute pas resté très longtemps à Lestonan. Un avis de recherche est lancé pour raviver le souvenir des Moullec, père et fils ...

En savoir plus : « François-Marie Moullec (1891-1918), sergent du 19e RI », « PERROT Eugène - La dernière patrouille », « Portail des poilus de la Grande Guerre »

12 Sauver le patrimoine en 1972-76

Billet du 15.09.2018 - Une citation de Philippe Besson dans "Les Jours fragiles" pour accompagner ce présent article et les journées européennes du patrimoine des 15-16 septembre 2018 : « Les lieux sont aussi des liens. Et ils sont notre mémoire. »

Entre 1969 et 1980 le prêtre et journaliste Keranforest, alias Dominique de Lafforest, a tenu dans le journal Le Télégramme une chronique « Pierres et paysages », avec des croquis de sa main, pour mettre en exergue le patrimoine en péril de basse-Bretagne. Et notamment trois billets localisés à Ergué-Gabéric, les deux premiers sur la chapelle de St-Guénolé, le troisième sur l'ambiance ancien-régime du château de Lezergué.

Le 17 janvier 1972, il lance un appel désespéré face aux ruines de la chapelle de St-Guénolé en Ergué-Gabéric : « Entourée de gazon, la chapelle se tient au milieu d'un hameau tranquille qui enregistrait sa lente agonie ... Par quels moyens réussira-t-on à sortir le public de son indifférence en ce qui concerne son cadre de vie pour l'intéresser à ses paysages et à son habitat ? ». Cet appel au sursaut des gabéricois aura un effet positif, car ils vont se mobiliser pour rénover la chapelle historique.

L'effort pour construire en 1967 une nouvelle chapelle à Keranna, très proche de St-Guénolé, semble une aberration pour Keranforest : « Une église a été construite en tout cas, tandis que Saint-Guénolé, vaste chapelle restaurée au siècle dernier, se voyait complètement délabrée ».

L'article précise aussi « malgré les efforts d'un prêtre pour la sauver ». Il s'agit du recteur Jean-Louis Morvan, nommé en 1969 sur la paroisse, qui se bat auprès de la municipalité pour qu'une restauration soit engagée. En 1974 le recteur enverra un courrier à Keranforest pour l'inviter au pardon et lui faire part des résultats de la rénovation entreprise.

Grâce aux lettres conservées et publiées, on sait que le prêtre journaliste lui a répondu « Votre lettre du 13 juin m'a fait le plus grand plaisir » et l'année suivante il lui confirme sa proposition  : « Ma promesse d'un article tient toujours. Je le ferai passer le jeudi précédent le pardon, avec photo-couleur en 1ère page. ».

  Il tient sa promesse en publiant le 3 juillet 1975 cette une avec photo-couleur et en page 2 un billet « Pierres et paysages » agrémenté d'un nouveau croquis.

Keranforest introduit son article par un tonitruant : « Au nord de Quimper, près du Stangala, une grande chapelle vient de ressusciter. C'est Saint-Guénolé, située au village du Quélennec, en Ergué-Gabéric. »

Il décrit son époque, pas très éloignée de celle d'aujourd'hui : « Alors que beaucoup de gens, malmenés ou asservis par les forces de la société gaveuse, errent, déracinés dans leur propre pays », pour se réjouir du sursaut gabéricois : « cela fait plaisir de voir tout un quartier s'interroger, puis s'intéresser à son héritage commun. ».

Et les noms de tous les artisans ayant donné leur temps et leur talent sont énumérés : « celui de Stervinou pour la charpente, la toiture et le lambris, de M. Quéau ..., celui de Le Berre, de Lenhesq ..., ou de M. Thomas, menuisier à St-André ..., de Daniel, forgeron à Kerdévot ..., du maçon Thépault ..., Pierre Le Bihan ..., de Guillaume Saliou ... et de l'abbé Dilasser qui a repeint les sablières ».

* * *

Le 6 octobre 1976, Keranforest publie un nouveau billet et un croquis sur une autre ruine gabéricoise, celle du chateau de Lezergué : « Une façade aux dimensions inhabituelles, à demi voilée par des pans de lierre, allonge des rangées de fenêtres béantes où, tout à l'heure pourraient apparaître des personnages en robes de satin rose, en habits de velours bleu. »

Et il se transpose poétiquement en plein 18e siècle, du temps des de La Marche : « Le soleil d'octobre arrose les feuilles jaunies des jeunes tilleuls ; dans l'allée s'avance un cheval pommelé, attelé d'un petit carrosse rouge. Rouge et argent, les couleurs de la famille qui venait de faire construire cette belle maison ».

En savoir plus : « Pierres et paysages de St-Guénolé et Lezergué par Keranforest, Télégramme 1972-76 », « 1974-75 - Lettres de Keranforest sur la sauvegarde de Saint-Guénolé »

13 Suppression de penntis et de tipis

Billet du 08.09.2018 - « La situation de Jean-Marie Déguiguet relève encore d’une autre logique. Il embrasse la carrière de mendiant et de vagabond comme un métier parmi d’autres : "Quelques temps après tout cela, c’est-à-dire au printemps de 1844 une vieille bonne femme ..." », Jean-Jacques Yvorel

Dans ses « Mémoires de paysan bas-breton », Jean-Marie Déguignet a abordé les sujets de la misère et la pauvreté en milieu rural au 19e siècle.

À l'âge de 9 à 14 ans, il a exercé le métier de mendiant entre 1844 et 48 dans la campagne gabéricoise. Et toute sa vie durant, il a pu observer les causes et les effets du paupérisme dans les classes sociales les plus défavorisées de basse-bretagne, à savoir les mendiants et les journaliers agricoles.

Jean-Jacques Yvorel a aussi évoqué les observations de Déguignet dans son article « Errance juvénile et souffrance sociale au XIXe siècle d’après les récits autobiographes » dans l'ouvrage collectif « Histoires de la souffrance sociale: xviie-xxe siècles » publié en 2015 aux Editions PUR.

L'enquête sociologique de Jean-Jacques Yvorel porte sur 8 récits de jeunes ramoneurs, ouvriers, sourds-muets, le monde paysan étant représenté par les « Mémoires d’un paysan Bas-Breton » de Jean-Marie Déguignet. Contrairement aux autres expériences, l'activité de mendiant et de vagabond à Ergué-Gabéric est vécue comme un métier normal et honorable nécessitant un sérieux apprentissage.

Sa mère approuve l'idée des tournées de mendicité durant 3 jours par semaine et lui confectionne une besace. Il suit pendant 6 semaines son professeur : « Cette bonne femme était une mendiante professionnelle; elle se chargeait de m’apprendre l'état. ».

Les résultats ne se font pas attendre : « Pendant trois jours consécutifs, le temps nécessaire pour faire le tour de la commune, j'apportai à la maison plein les deux bouts de ma besace de farine d'avoine et de blé noir. »

«  Jamais données au nom de l'humanité, chose inconnue chez les Bretons, mais seulement au nom de Dieu », les aumônes face à la mendicité juvénile sont généreuses : « une prière dite par moi, enfant chétif et humble, valait pour elles cent prières radotées machinalement par les vieilles mendiantes ».

Par contre il existe aussi des mauvais mendiants qui éclaboussent la noble profession : « des mendiants de tout âge, de véritables bandits, lesquels quand ils rencontraient un malheureux seul avec sa besace pleine, ne se gênaient pas pour la vider dans la leur ».

 
Les mendiants entrant dans la vie adulte, « pour gagner leur pain », doivent exercer le métier de journalier, c'est-à-dire louer leurs bras aux cultivateurs qui leur « faisaient faire leurs travaux au marché, ou par grandes journées. Autour de chaque ferme, il y avait toujours deux ou trois penty qu'on louait à ceux-ci, que le propriétaire trouvait sous la main quand il en avait besoin ».

Ce pennti est littéralement un « bout de maison », désignant la bâtisse, composée généralement d'une seule pièce, où s'entassait avec sa famille l'ouvrier agricole.

Or en cette moitié du 19e siècle « grâce aux machines agricoles perfectionnées, les cultivateurs n'ont plus besoin de journaliers ». Ils ont donc ont transformé leurs penntis en étables, et refoulé les journaliers dans la ville.

L'analogie faite par Déguignet est effrayante : « Quand les abeilles veulent supprimer ces gros parasites qui les ruinent, elles leurs refusent simplement le domicile et 24 heures après la question sociale est résolue ; plus d'êtres nuisibles ni inutiles dans la société. »

Il fait donc cette suggestion cynique : « Que les riches de la ville et la municipalité fassent comme ces insectes ainsi que les paysans l'ont déjà fait et la plus difficile de toutes les questions sociales humaines sera aussi résolue. » Mais il faut prendre cette proposition au second degré, comme une démonstration par l’absurde.

La fin du texte se veut une défense de ses compagnons de misère, avec une évocation du sort des indiens d'Amérique. « Pour être misanthrope et anti-humain je ne le suis pas. J'ai trop pleuré et je pleure toujours sur les misères de l'humanité, et je voudrais de tout mon cœur les voir finir ».

Mais bien sûr autrement qu'en supprimant les penntis des bretons et les tipis des indiens.

En savoir plus : « Le métier de mendiant et la lutte contre le paupérisme selon Déguignet »


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