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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Sommaire


Modifications au jour le jour : [Journal des MàJs]
Anciennes pages de bienvenue : [Affiches]
Anciens billets : [Actualité, archives]

1 Reconnaître un bon chasseur

« Pendant les trois premières années à dater du 1er septembre 1897, les perdrix cesseront d'être tirées le 31 octobre », Article 9 de la St-Guénolé.

En 1897 la société cynégétique, autrement dit "de chasse", de « La Saint-Guénolé » demandait une autorisation de fonctionnement à la Préfecture du Finistère et publiait à cette occasion ses statuts et la liste de ses membres.

Le principe de fonctionnement de la société de chasse est la mise à disposition des terres par leurs propriétaires sociétaires « soit gracieusement, soit à titre onéreux », et ses terres de chasse étaient réparties sur Ergué-Gabéric sur deux villages : Keranroux (exploité par Corentin Signour, le président de la Saint-Guénolé) et Kermoysan.

Au total les sociétaires étaient moins de 20, mais représentaient le haut gratin quimpérois en cette fin de 19e siècle, juste avant les conflits sociaux et politiques de 1905. Ils étaient négociants, propriétaires, futurs conseillers ou maires des différentes communes du Grand Quimper, et même sénateur comme Théodore Le Hars, avec des sensibilités politiques diverses. Comment éviter qu'ils ne s'invectivent violemment au sein de la société de chasse ? La réponse est dans l'article 11 de ses statuts : « Toute discussion politique ou religieuse est formellement interdite aux réunions des sociétaires ».

En savoir plus : « 1897 - Homologation de la Société de chasse "La Saint-Guénolé"‎ »

Billet du 05.05.2012

En 1984, soit un siècle plus tard, sur la commune d'Ergué-Gabéric il y avait encore 29 sociétés de chasse. Laurent Quevilly en rendait compte dans les colonnes d'Ouest-France : « La chasse. Le sujet en soi est déjà générateur de passions. Mais il atteint une autre dimension à Ergué-Gabéric, vaste commune "rurbaine" de la périphérie quimpéroise. Car pas moins de 29 sociétés pour 170 chasseurs y quadrillent le territoire. Un cas unique qui a des racines historiques ».

En savoir plus : « Les 29 sociétés de chasse gabéricoises, OF-LQ 1984 »

2 Les gros décimateurs

« De tout temps immémorial l'on a de coustume de payer de quinze gerbes l'une audit seigneur Eveque sans préjudice aucunement au droit du recteur »

Cette semaine nous publions un document d'archives qui serait carrément digne de figurer dans un manuel scolaire d'Histoire de France en tant que support pédagogique et illustratif !

Cela se passe en plein été 1584. Imaginez le fermier des dîmes de l'évêque, c'est-à-dire son collecteur d'impôts, arrivant à Kermorvan dans le champ de blé de froment qui devait être moissonné, pour en prélever une gerbe sur seize, constater que la récolte a déjà été faite à son insu, et que le domanier refuse cette imposition, ayant déjà réglé la dîme au recteur de la paroisse.

Il faudra un jugement en bonne et due forme au Présidial de Quimper pour départager les contradicteurs.

Dans la rapport relatant cette affaire, les arguments de part et d'autre, les enquêtes et la conclusion d'instruction, on découvre les us et coutumes autour de cette dîme ecclésiastique : pourquoi certains étaient appelés « gros décimateurs », qu'était la « portion congrue », comment la dîme de Kermorvan se superposait à la rente due au titre de domaine congéable (détenu au profit du « noble homme Vincent Rozerc'h de la Forest » **) ...

C'est aussi l'occasion d'analyser comment à Ergué-Gabéric, commune rurale à proximité d'une ville épiscopale, ces droits fiscaux d'Ancien Régime ont peu évolué aux 17e et 18e siècles. Et que les rédacteurs locaux des cahiers de doléances se sont contentés de demander une meilleure répartition pour ses titulaires : « Qu’il soit fait une répartition proportionnelle de tous les biens ecclésiastiques, sans distinction, de manière que tous les membres du clergé y aient une part raisonnable et graduelle, depuis l’archevêque jusques aux simples prêtres habitués des paroisses, afin que ceux-ci soient affranchis de la honte de la quête, c’est-à-dire de celle de mendier ».

En savoir plus : « 1584 - Dixmes pour Kermorvan en Ergué-Gabellic »

Billet du 28.04.2012

** À propos de la maison noble de Rozerc'h signalons en ce début d'année la sortie du premier numéro de la magnifique revue « Manoirs et vieilles demeures de Cornouaille » dont un article de Jakez Cornou retrace l'histoire de ce manoir de La Forêt, détenu par Vincent Rozerc'h en 1584, rasé en 1943, à l'emplacement actuel de la Maison des Associations près de l’Hippodrome (Quimper-Est). Les Rozerc'h ont également détenu le château de Pennarun au bourg d'Ergué-Gabéric où on peut encore admirer leur blason.

3 Un monument re-classé

« Le voici enfin, notre cher et vieux Dallam, resplendissant sous ses ors et ses riches coloris, le voici tel qu'il était il y a 300 ans », J-L. Morvan, 1980.

La couverture du dernier bulletin municipal met magnifiquement en valeur l'orgue historique de l'église paroissiale, conçu et construit par le facteur d'orgue anglais Thomas Dallam en 1680. Ce à l'occasion de son classement il y a 4 mois parmi les Monuments Historiques pour sa partie visible, c'est-à-dire le buffet et le garde-corps de la tribune. Le 11 décembre 1975 il avait déjà été classé une première fois pour sa partie instrumentale.

De 1978 à 1980 un chantier de restauration fut lancé et animé par le recteur de la paroisse Jean-Louis Morvan, ces travaux portant sur l'instrument lui-même, mais aussi sur son aspect décoratif extérieur. Les travaux de peinture engagés juste avant son inauguration pour le concert du tricentenaire révélèrent la polychromie d'origine, ce qui explique le classement que la nouvelle Commission Supérieure des Monuments Historiques vient de lui accorder.

En savoir plus : « Arrêtés de classement de l'orgue Dallam d'Ergué-Gabéric »

Cet évènement nous amène à nous remémorer la fête du tricentenaire en 1980 après sa restauration. Et à publier le discours de l'abbé Morvan, texte resté jusqu'à présent sous sa forme manuscrite.

Discours spontané où il met toute sa fougue, cette passion et énergie qui ont permis de mener les démarches administratives, financières et techniques pour la rénovation. Dans ce discours on retrouve les différents acteurs de cette aventure qu'ils soient de la commune (13) ou « extérieurs » (innombrables), mais aussi les anecdotes et rebondissements du projet.

Il relate ainsi la rénovation du buffet : « Et tous ces ors, ces riches coloris, nous les devons à Mr Hémery, du Faouët. Avec ses compagnons, tous très jeunes, mais combien artistes et amoureux de leur métier, il s'est penché sur un orgue terne, sans vie, pour arriver à en faire cette splendeur qui nous éblouit, une splendeur d'époque, l'orgue étant gothique flamboyant, fabriqué ses couleurs comme le faisaient les peintres du Moyen-Age. Délicatement il a décapé 2 couches de peinture qui recouvraient les deux tableaux pour arriver à nous donner la couleur d'origine ».

En savoir plus : « 1980 - Discours d'inauguration de l'orgue Dallam restauré »

Billet du 21.04.2012

Nota: nous vous offrons un petit cadeau supplémentaire, à savoir trois videos d'un grand organiste démontrant les qualités sonores et musicales de l'orgue gabéricois, cf. « Improvisations de Frédéric Munoz sur l'orgue Dallam d'Ergué-Gabéric‎ » ¤ .

4 Souvenirs de guerre d'Algérie

« Les opérations continuent dans le coin ; avant hier les Fellous ont abattu un T-6 et un hélicoptère », Josig Huitric de Pen-Carn, le 8-12-58.

Bien que l'expression « guerre d'Algérie » ait eu cours dans le langage courant, les termes officiellement autorisés par l'administration française étaient « opérations de sécurité et de maintien de l'ordre en Afrique du Nord ». La mention « guerre d'Algérie » n'a été reconnue en France que par la loi du 18 octobre 1999 sous le gouvernement de Jacques Chirac.

Jusqu'à récemment les témoignages des soldats français envoyés là-bas pour « le maintien de l"ordre » ont été relativement rares. Était-ce de la pudeur, de la honte ou simplement la peur de ne pas être compris ? En 2012, le cinquantenaire du cessez-le-feu et de l'indépendance de l'Algérie est une occasion de publier quelques souvenirs d'appelés réservistes gabéricois.

Et pour commencer les lettres expédiées pendant le conflit par un jeune homme né à Ergué-Gabéric en 1937 :

  • Josig Huitric est incorporé début 1957 dans le 8e RIM (Régiment d'Infanterie Motorisé) et prend la direction de Saïda à 250 km au sud d'Oran.
  • Il participe à des opérations militaires, en 1959 sous les ordres du colonel Bigeard, pour débusquer et tuer les « fellouzes » rebelles, mais on le voit aussi sur une photo, sans arme, distribuer du pain à des enfants algériens (cf. ci-dessus).
  • Toutes les semaines il écrit une lettre à sa mère, quelquefois à sa sœur et ses tantes, dans lesquelles il décrit son quotidien et leur demande des nouvelles du pays, de son chien, des poules ... et de son équipe de foot les P.D. (les Paotred-Dispount).
  • On trouvera dans ces lettres de merveilleux bretonnismes récurrents, et surtout une manière très spontanée de raconter l'histoire, en mêlant les décomptes des pertes humaines aux évocations de son pays gabéricois, son village de Pen-Carn et sa famille.

En savoir plus : « 1957-1959 - Lettres de Josig Huitric, sergent à Saïda en Algérie »

Billet du 14.04.2012

5 Déguignet contre Tolstoï

« Et chaque soldat proférait des menaces contre l'ennemi et jetait, en atteignant le côté nord, un dernier regard sur Sébastopol abandonné », Tolstoï

En juin 1856, de retour en France après sa participation à la prise militaire de Sébastopol, le soldat Déguignet recevra, non sans une certaine fierté retenue, la fameuse médaille de Crimée avec le portrait de la reine Victoria d'Angleterre.

La médaille de Crimée est une médaille commémorative britannique, décernée aux officiers anglais, sous-officiers, soldats et marins de tous grades ayant participé à la guerre de Crimée avant le 8 septembre 1855. Comme les deux pays s'étaient alliés pour mener cette guerre et que la France ne possédait pas de médaille commémorative de campagne, la médaille de Crimée britannique fut reconnue par le gouvernement français par décret du 26 avril 1856, et attribuée à tous les militaires français survivants ayant participé à cette campagne.

Dans cet article, on pourra relire les multiples témoignages de Déguignet sur le déroulement de la prise de Sébastopol : « Je n'ai pas la prétention de faire ici l'historique de cette grande journée, ne faisant ni de l'histoire ni œuvre littéraire », et les comparer à ceux de Léon Tolstoï qui combattait dans le camp ennemi de l'armée Russe.

Le soldat français témoigne : « Tout à coup, un hourra formidable retentit, poussé à la fois par des milliers de poitrines françaises, anglaises, piémontaises, et aussi par tous les civils qui se trouvaient là-haut près du télégraphe. On venait de voir le drapeau tricolore flotter au sommet de la tour Malakoff. C'était fini. Sébastopol était à nous, du moment que nous avions la clef ».

En savoir plus : « La médaille de Crimée de Jean-Marie Déguignet » en [Espace "Déguignet"]

Billet du 07.04.2012

6 Les Cloches du Centenaire

« Oiseaux de bronze, en votre nid de pierre, Chantez, chantez, cloches du Centenaire, Les bons Bretons que l'on fête aujourd'hui ! », Théodore Botrel

Tout juste de retour d'une grand tournée d’interprète-compositeur au Canada en 1922, juste avant de prendre sa retraite, le barde breton accepta l'invitation de René Bolloré pour la commémoration des 100 ans de son entreprise papetière d'Odet et de Cascadec.

Théodore Botrel se présenta à Odet dans la matinée du jeudi 8 juin, les festivités commençant dès 8:30 avec l'arrivée du personnel de Cascadec, puis la messe à la chapelle à 9H, les courses à pied à 10H, les décorations à 11H, et enfin le déjeuner de 11:30 à 15H. Pendant ce repas il fut mis à contribution pour l'interprétation de ses oeuvres, et bien sûr pour cette chanson des « Cloches du Centenaire » composée pour l'occasion : « En ce jeudi de Sainte Pentecôte ... »

Le texte de la chanson est bien sûr à la gloire des patrons successifs de l'entreprise depuis la création du moulin à papier en 1822 : le fondateur Otrou Le Marié, le Docteur Bolloré, et les deux générations de Réné Bolloré, sans oublier dans la dernière strophe leur compagne et épouse respective.

En savoir plus : « Les cloches du Centenaire d'Odet en 1922 par Théodore Botrel » en [Espace "Patrimoine"]

Environ 50 ans plus tôt, le Docteur Bolloré faisait campagne pour tenter de se faire élire député. Voici une perle archivistique : un tract rédigé en breton incitant à voter « An Aotrou Bolloré », l'homme de bien du maréchal Mac-Mahon (« Den ar Marechal Mac-Mahon ha den an oll dud a urz vad. » ), et non pour Loiz Hemon, l'oeil gauche de Gambetta et des révolutionnaires (« Lagad cleiz Gambetta, marc'h limoun ar revolusionerien »).

En savoir plus : « E 1877 votit evit An Aotrou Bollore ha na votit ket evit Loiz Hemon »
en [Espace "Breton"]

Billet du 31.03.2012

News: Le site Internet des Archives Départementales du Finistère, www.archives-finistere.fr, a ouvert ses portes en ce jeudi 27 mars 2012. Cet évènement tant attendu s'accompagne d'un changement des règles de publication des pièces d'archives, les reproductions étant conditionnées désormais à un usage privé et restreint. L'application de ce principe a amené sur GrandTerrier une nouvelle classification de ces images avec un accès réservé et non public.

7 Chroniques printanières

C'est l'heure de la pause trimestrielle, le temps de vous présenter sous leurs plus beaux habits les nouveaux articles du site Internet !

Dans le Kannadig de décembre dernier, nous avions signalé les débuts d’une étude GrandTerrier sur les bretonnismes glanés dans les mémoires de Jean-Marie Déguignet. Par manque de place, nous avions promis une sélection d’extraits dans ce présent numéro. Mais les travaux de collecte ont bien avancé en ce début d’année 2012, et en voici la version complète à la mi-mars sur 4 pages et demi avec plus de 100 citations classées pour environ 30 bretonnismes-types.

Hors ce premier article, le numéro 18 a comme d'habitude un sommaire varié, couvrant des évocations historiques, des souvenirs d'anciens et des documents d'archives, inédites pour la plupart :

  • Belles expressions issues du breton de Jean-Marie Déguignet
  • Le premier panneau gabéricois de signalisation en breton
  • La farce des cloches paroissiales dans l’Ouest-Eclair de 1910
  • Salomon Bréhier, maire d’Ergué-Gabéric et franc-maçon
  • Germain Guéguen, boulanger de Menez-Groas en Lestonan
  • Erratum et notes de lecture d’articles et bulletins Kannadig
  • Protestation de la Noblesse contre la suspension du Parlement
  • Les funérailles du patron social René Bolloré en janvier 1935
  • Une grande course cycliste gabéricoise des années 1960-70
  • Ceux de Mélennec, huit générations d’honorables hommes
  • La terre aux sabots et la sénéchaussée de la ville de Quimper
  • La vie buissonnière de Déguignet par un historien anglais
  • Mesures de l’Ancien-Regime et de la Revolution à Kerveady
  • Une très belle carte d’Etat-Major en couleur du 19e siècle

Téléchargement et lecture du bulletin : « Kannadig n° 18 Mars 2012 »

Billet du 25.03.2012

Nota: l'envoi à domicile des bulletins par voie postale se fera courant de la semaine prochaine, au plus tard le prochain weekend, si toutefois les travaux du jardin ne mobilisent pas toutes les énergies disponibles ...

8 Carte d'Etat-Major en couleur

« Cette carte du XIXème siècle se caractérise pas une représentation du relief sous forme de hachures, qui la rend particulièrement esthétique », IGN

Billet du 17.03.2012
Billet du 17.03.2012

À l'occasion d'une magnifique Exposition intitulée « La France en relief », installée en février 2012 au Grand Palais par la Maison de l’histoire de France, les nombreux visiteurs ont pu découvrir, outre les maquettes de villes-frontières du musée des Invalides, une immense carte de France imprimée au sol de 650 m2.

Cette carte a été construite par l'assemblage des 978 levés manuscrits en couleurs établis entre 1825 et 1866, à l'échelle du 1 : 40 000, soit un centimètre pour 400 mètres. Ces documents n'avaient jamais été édités en raison des faibles moyens de l'époque pour reproduire des supports en couleur. La société IGN, partenaire de l'expo, a comblé ce manque.

La première surprise est la beauté de la carte : on y voit distinctement les routes et chemins, les cours d'eau, les reliefs et points culminants, et même les habitations sous la forme de petits carrés rouges.

Comme nous l'avions fait pour les photos aériennes de 1948, nous proposons pour cette nouvelle carte la possibilité de naviguer et zoomer sur le territoire complet gabéricois. Et les fiches de géolocalisation des 98 villages inscrits ont été également enrichies : on peut facilement comparer leurs situations respectives en 1830-50, 1948 et 2012.

En savoir plus : « Carte d'Etat-Major au 1:40000 et en couleurs établie dans les années 1860 » en [Espace Cartographie]

9 Le boulanger de Lestonan

« Monsieur Le Naour laisse au preneur, Germain Guéguen, la clientèle des environs de la Papeterie de l'Odet et de Saint-Guénolé », bail d'avril 1912

Billet du 10.03.2012
Billet du 10.03.2012

C'était du temps où le lieu, à la croisée des routes d'Odet, de Penn-Carn, de Sulvintin et de Pennaneac'h, s'appelait Menez-Groas, et non pas encore Lestonan. Et il y avait là une boulangerie, ravagée en 1912 par un incendie, puis reconstruite et prise en location par un jeune boulanger, fils du cocher de l'usine Bolloré d'Odet.

La livraison du pain se faisait en charrette à bras. Jean, le dernier fils de Germain se souvient : « Pour transporter les miches de pain, on utilisait une charrette à bras qui avait des grandes roues de charaban et un long caisson spécial. Dans ce dernier qui faisait environ 1 mètre 50 de long et 80 centimètres de large et hauteur, on pouvait charger facilement une trentaine de miches ».

Le pain était livré au dépôt de Ti Ru, une alimentation fréquentée exclusivement par le personnel de l'usine Bolloré. Témoignage de Laurent Huitric : « Le commerce de Chan Ti Ru était situé à la sortie de l'usine même. On y trouvait de tout : pain, viande, charcuterie, bistrot, légumes, mercerie ... À la sortie du travail, beaucoup s'y arrêtaient et s'y approvisionnaient ».

Et pourquoi donc le pain y était vendu « treize à la douzaine » ? À quoi était destiné le sac de son livré en même temps que le pain ? Quelle était l'origine de cette expression : « le coup du 8 » ?

En savoir plus : « Germain Guéguen (1884-1947), boulanger d'Odet-Lestonan » en [Espace Personnalités] ;
« 1912 - Nouveau bail de 9 ans pour la boulangerie de Menez-ar-Groas » en [Fonds d'archives] ;
« L'incendie de la boulangerie de Menez-Groas, L'Ouest-Eclair 1912 » en [Espace Reportages]

10 Ceux de Mélenec

« La famille d'Hervé Lizien avait pris l'air du monde. Dans ses fréquentations, dans le cas qu'elle fait de l'instruction, elle acquiert distinction de formes et notabilité », Antoine Favé, BSAF 1890.

Billet du 03.03.2012
Billet du 03.03.2012

La découverte d'un aveu en chefrente de 1764 entre le possesseur de la tenue de Mélenec et la seigneurie de Lezergué nous fait découvrir huit générations de Lizien de 1624 à 1794 et les travaux du mémorialiste Antoine Favé, vicaire d'Ergué-Gabéric de 1888 à 1897.

Huit générations de Lizien se succèdent au village de Mélenec. Le couple Hervé Lizien et Catherine Le Balch fait construire la maison familiale en 1624 ; leurs noms sont gravés sur le fronton de la porte d'entrée : « H:LYSYEN ,,???AL?? ».

Lorsque leur petit-fils Hervé se fiance en 1657 avec Marie Lozach, son futur beau-père s'engage à « faire instruire ledit Lizien aux lettres, comme à l'homme de sa condition y appartient ».

Hervé-Corentin Lizien père, né en 1731 et décédé en 1787, est qualifié par Antoine Favé « d'honorable homme ». Il sera Greffier des délibérations du corps politique en 1776, et Capitaine du gué de la paroisse en 1786.

Hervé-Corentin le fils, né en 1762 et décédé en 1794, sera Procureur terrien et premier notable cité dans le procès verbal du cahier des charges et doléances de 1789, Commissaire nommé pour le Don Patriotique en 1790, Citoyen actif et rédacteur du recensement de la population en 1790.

Il se marie à Marguerite Pennaneac'h en 1784. Leur fille Marie-Catherine est la grand-mère d'Hervé Le Roux, héritier de l'exploitation agricole de Mélenec et maire d'Ergué-Gabéric de 1882 à 1906.

En savoir plus : « Hervé Lizien, père (1731-1787) et fils (1762-1794), agriculteurs et greffiers » et « Antoine Favé, vicaire (1888-1897) et mémorialiste en [Espace Personnalités] et « 1764 - Aveu de Mellennec tenu par Hervé Lizien présenté par François Louis de La Marche » en [Fonds d'archives]

Dépêche : le prochain bulletin Kannadig n° 18 est en préparation et sera disponible dans une quinzaine. Qu'on se le dise !

11 Communes Boutoù-koad

Après « Le maître de Guengat » en 2010, voici la nouvelle fresque historique de Pierrick Chuto, « La terre aux sabots », 22 €, éditions de St-Alouarn

Billet du 25.02.2012
Billet du 25.02.2012

Pendant deux ans, Pierrick Chuto a de nouveau fréquenté assidument les salles d'archives pour nous proposer aujourd'hui une nouvelle saga familiale et communale. Cette fois c'est son ancêtre Louis-Marie Thomas agriculteur à Plonéis, de la Révolution à Louis-Philippe, qui est à l'honneur.

Et cela commence en 1788 par une très belle évocation de la venue à Plonéis de la veuve du marin et nabab quimpérois René Madec, pour le mariage du précoce agriculteur de 14 ans.

Pourquoi cet ouvrage, riche et dense, est intéressant pour l'histoire gabéricoise ? Tout simplement parce que Plonéis et Ergué-Gabéric sont les deux communes rurales situées à équidistance de la ville de Quimper, respectivement à l'ouest et à l'est, et de ce fait pourraient se partager le qualificatif de « douar ar boutoù-koad ».

Et Plonéis et Ergué-Gabéric, de par leur position à la campagne, ont produit en 1789 le même cahier de doléances, et notamment le fameux article 8 avec cet alinéa revendicatif : « que le domaine congéable soit converti en censive ».

Les députés des communes rurales, devant la réticence des notables citadins quimpérois à retenir cet article 8 au nom de la sénéchaussée, ont rédigé une adresse des habitants de la campagne :

« Vous savez combien la nature du domaine congéable nuit aux progrès de l'agriculture et à la propagation des bois. Vous savez combien le droit du seigneur de rembourser le colon ruine chaque année de familles. Dites un mot de cette affreuse manière de posséder, qui nous laisse toujours dans l'incertitude de savoir si nous pourrons reposer demain sous le toit que nous fîmes élever hier ».

Une bonne raison donc pour nous de publier ici les procès-verbaux et cahiers des charges de la sénéchaussée de Quimper en regard des doléances communales.

En savoir plus : « CHUTO Pierrick - Plonéis, la terre aux sabots » en [Biblio]  ; « 1789 - Séances de la sénéchaussée de Quimper pour les cahiers de doléances » et « 1789 - Le cahier de doléances du Tiers-Etat d'Ergué-Gabéric » en [Fonds d'archives]

12 Révolution à Kerveady

« Journal, s.m. : ancienne mesure de superficie de terre, représentant ce qu'un attelage peut labourer dans une journée  », Dictionnaire de l'Académie

L'Angélus de Millet  . . . . . . . . . . . . . . . Billet du 18.02.2012
L'Angélus de Millet . . . . . . . . . . . . . . . Billet du 18.02.2012

Le 12 avril 1789 les gabéricois inscrivaient dans leur cahier de doléances un article 8 très revendicatif : « Que le domaine congéable soit converti en censive ». Ce système de location des propriétés agricoles en vigueur en Basse-Bretagne avait un inconvénient majeur pour le domanier locataire : le propriétaire foncier - généralement d'obédience noble - du domaine pouvait le congédier moyennant uniquement le remboursement de la valeur des édifices et des arbres qui étaient la propriété "temporaire" du domanier.

En 1808 ce régime est toujours appliqué à Ergué-Gabéric, pour preuve ce document pour le village de Kerveady : « Jean Le Dors, lequel a déclaré tenir et profiter à titre de domaine congéable de et sous le sieur Joseph Hyacinthe De La Marche ». C'est le même gentilhomme de La Marche qui, en 1789, protesta contre la suspension du Parlement de Bretagne (cf blog de la semaine dernière).

Le grand intérêt de ce document est d'inclure systématiquement une double indication des mesures des bâtisses, des parcelles cultivées et des céréales prélevées, à savoir les dimensions en mètres et en pieds, les surfaces en ares et en journaux, et les quantités de céréales en litres et en boisseaux.

On y apprend notamment qu'une « journée à faucheur » vaut deux « journaux de laboureur » et qu'un boisseau d'avoine, mesure de Quimper, contient plus de décilitres qu'un boisseau de froment. Et qu'on se le dise, on a même retrouvé le fichier Excel utilisé par nos ancêtres arpenteurs :) !

En savoir plus : « 1808 - Mesurage et description de la tenue noble à domaine congéable de Kerveady » en [Fonds d'archives]

Le domanier de Kerveady devait également payer une redevance annuelle au nouvel État Français en surplus de celle due au propriétaire foncier. Ceci en contrepartie des « droits réparatoires », c'est à dire son titre de propriété sur les maisons (de chaume et d'ardoise), des crêches, granges, puits, jardins (courtil), cour à fumier (frambois), arbres plantés (chênes et châtaigniers, souches incluses). Un double loyer ou imposition en quelque sorte.

En savoir plus : « 1800 - Rente pour droits réparatoires par Jean Le Dorz de Kerveadi » en [Fonds d'archives]

13 Parlement de Bretagne

« Nous, soussignés, gentilshommes Bretons, composant l'Ordre de la Noblesse, pour assister aux États du pays et duché de Bretagne ... »

En 1788 le ministre de Loménie de Brienne impose son édit pour remanier l'organisation judiciaire du pays par la création des Grands Bailliages, et supprimer l'autorité des Parlements régionaux. En Bretagne il se heurte à une résistance de l'ensemble de la noblesse bretonne qui veut maintenir les spécificités et franchises de leur duché. Le 8 mai 1788, l'édit de séparation et de mise en vacances du Parlement de Rennes provoque un arrêté de protestation.

Le 3 janvier 1789, par un arrêt du Conseil d’État, le Roi suspend jusqu'au 3 février la séance des États de Bretagne. Il ordonne que les députés du Tiers État se retirent dans leurs villes à l'effet d'y recevoir de nouveaux pouvoirs. Les nobles signent alors une nouvelle protestation :

  • « considérant que les lois constitutives de l'assemblée nationale de cette province, étant la base la plus assurée du bonheur des peuples qui l'habitent, tout citoyen Breton doit être attaché à leur conservation plus qu'à la vie, autant qu'à l'honneur même ».

Parmi les signataires on note trois gentilshommes ou « tudchentil » gabéricois :

  • François Hyacinthe de Tinteniac : marquis et chevalier de Quimerc'h et du Cleuziou.
  • François-Louis de la Marche, père : seigneur de Lezergué, futur émigré en Guadeloupe.
  • Joseph-Hyacinthe de la Marche : seigneur de Botmeur, fils du précédent, et filleul du premier.

Billet du 12.02.2012

En savoir plus : « 1789 - Protestation de la Noblesse contre la suspension du Parlement de Bretagne * » en [Biblio] et [Archives]

La semaine prochaine nous verrons comment l'un des trois protestataires a pu éviter en 1808 la confiscation de ses biens sur Ergué-Gabéric, et comment il a continué à bénéficier d'une rente à titre de domaine congéable comme si la Révolution n'avait changé que peu de choses (soit par exemple le mesurage en mètres/centimètres et non en pieds du Roi et en pouces).


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