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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Version du 17 avril ~ ebrel 2021 à 08:58

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Chaque semaine, un nouveau billet annonçant un ou plusieurs articles sur le site GrandTerrier.

Une compilation des billets est publiée en fin de trimestre sous la forme des chroniques du Bulletin Kannadig.

Anciens billets hebdos : [Actualité, archives]

Les anciennes affichettes : [Accroches à la une]

Modifications d'articles : [Journal des MàJs]


Sommaire

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1 Louis-Philip, Roue ar Francisien

Billet du 17.04.2021 - Le ralliement immédiat d'une municipalité à Louis-Philippe, roi des français, et sa charte constitutionnelle traduite en breton.

Après les émeutes des 27, 28 et 29 juillet 1830, dites les Trois Glorieuses, la monarchie de Juillet autour de Louis Philippe d'Orléans s'est établie et une Charte constitutionnelle est promulguée le 14 août 1830. Le lendemain le maire d'Ergué-Gabéric, René Laurent, écrit une lettre au préfet du Finistère pour lui dire son dévouement au nouveau roi.

Il lui écrit même qu'il a ordonné un geste symbolique : « J'ai l'honneur de vous annoncer que demain seize du courant le drapeau flottera sur notre église parroissialle ; je fais la demande à cet égard, vous pouvez compter sur notre dévouement. ».

Le 19 septembre, avec ses conseillers municipaux, il prête serment et ils signent tous le registre des délibérations : « Je jure fidélité au roi des français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du Royaume. ». Parmi les conseillers on note l'entrepreneur papetier Nicolas Le Marié, dont le prénom est remplacé par le qualificatif « Monsieur » et qui sera nommé maire pendant l'année 1832. Tous semblent heureux que la République n'ait pas été proclamée.

Cette charte constitutionnelle instaure une royauté représentative et le roi n'est plus le « Roi de France et de Navarre », comme l'étaient encore les rois précédents Louis XVIII et Charles X, mais le « Roi des français », selon la formule déjà imposée à Louis XVI en 1791.


Afin d'obtenir l'adhésion des finistériens, le préfet Auguste Billart fait traduire les 70 articles de cette charte en breton de Cornouaille et du Léon : « Ar chart constitutionel guellêt gant an diou Gampr, ar 7 a vis Eaust 1830, hac acceptet an 9 gant E Vajeste Louis-Philip, Roue ar Francisien, a vezo troet e brezonec Querne ha Leon, hac emprimet e form e blacard e nombr a dri mil gopi, evit bezan distribuet d'an 284 commun eus an departemant, e proportion eus o importanç hac eus o fopulation. » (traduction dans l'article). D'ailleurs en 1837 les gabéricois enverront une lettre de secours, rédigée également en langue bretonne, adressée à leur roi pour la restauration de leur clocher victime de la foudre.

 


Le texte breton de la charte constitutionnelle de 1830 est formé d'un certain nombre de termes français francisés (Francisien, differanç, ...), avec une orthographe très française (lettres Q et ç, « Eaust » au lieu de « Eost » ...). Mais les placards distribués dans les 284 communes du département ont dû permettre la diffusion des nouvelles règles institutionnelles, sociales et culturelles.

On remarque aussi que la religion catholique cesse d'être qualifiée de « religion de l'État » (terme de l'ancienne charte de 1814), mais religion « professée par la majorité des Français », à savoir en breton « ministret ar religion catholiq, apostoliq ha romen, exercet gant an niver brassa eus ar Francisien ». C'est ce qui permet au maire d'Ergué-Gabéric de faire flotter le drapeau français sur son église paroissiale le 16 août 1830.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1830 - L'adhésion municipale à la charte constitutionnelle de Louis-Philippe »

2 Bulletin n° 53 ~ femmes, archives 18-20e et papetiers

Billet du 10.04.2021 - Articles publiés du premier trimestre 2021, 28 pages A4 ou 7 feuillets A5 recto verso, envoi postal dans les chaumières dès lundi.

Ce bulletin des articles GrandTerrier publiés au cours du premier trimestre 2021 démarre par cette question « Où sont les femmes ? ». En effet, très peu de figures féminines locales ont leurs rues ou places gabéricoises, d’où notre proposition de 15 sympathiques candidates.

Les deux articles suivants sont politiques, judiciaires, et datés de la fin du 18e siècle en pleine Révolution française.

Le 19e siècle est couvert d’une part par un article sur les accidents de ferme dus aux machines à battre, et d’autre part par les mémoires de Jean-Marie Déguignet sur les religions et l’apprentissage de la langue française.

Á la mi 20e siècle, on note ensuite les biographies de deux prêtres issus de familles nombreuses et la fin de vie dramatique d’Yvon Benoit pendant les combats ultimes de 1944.

Et enfin des chroniques papetières d’Odet : tout d’abord deux reportages des revues « Réalités » et « Al Liamm » en 1949-54 du temps des frères Bolloré.

Quelques décennies plus tôt le photo-graphe trégorois Raphaël filmait les salles de fabrication et le mariage du fils ainé des Bolloré. On en profite aussi pour publier ses superbes photos prises cette année à Kerdévot.

Et 100 ans encore plus tôt, le fondateur Nicolas Le Marié était aux commandes de son moulin, et, grâce à son frère architecte établi à Paris, il exposait sa fabrication d’Odet aux expositions des Champs-Elysées dans la catégorie « Papier de tenture et Papier cloche ».

Le point d’interrogation du premier article amènera sans doute d’autres questions sur les trimestres à venir, sur la fin de la pandémie bien sûr, mais aussi sur notre soif de recherches historiques et d'interactions culturelles et mémorielles à ré-inventer …
 

Image:square.gifImage:Space.jpgLire le bulletin en ligne : « Kannadig n° 53 Avril 2021 »

3 Une tragique méprise en 1944

Billet du 03.04.2021 - Il y 3 semaines, nous avions oublié de citer le nom d'Yvon Benoît comme figure gabéricoise ayant son nom de rue à Ergué-Gabéric. Pour réparer cet oubli, voici un billet pour honorer sa mémoire et comprendre les conditions de son décès lors d'un bombardement allié.

Yves Benoît, qu'on appelait Yvon, est né le 20.01.1921 à Landudal. Avant la déclaration de la guerre il est embauché comme commis de ferme par la famille Le Bihan, agriculteurs à Kervoreden en Ergué-Gabéric.
Résistant, il est membre des Corps Francs F.F.I. de Bretagne en 1944 où sont également ses amis gabéricois François Balès et Jean-Louis Binos. Comme eux il participe aux combats de libération de la presqu'île de Crozon. Le 3 septembre 1944 il est en poste à Telgruc-sur-Mer avec son bataillon F.F.I.. Et là il trouve la mort avec une vingtaine de résistants français, une cinquantaine de militaires américains, et 70 civils.

Georges-Michel Thomas et Alain Le Grand écrivent dans leur ouvrage "Le Finistère dans la guerre 1939-1945" publié en 1980 : « Le 3 septembre, c’est la douloureuse « méprise » de Telgruc. On peut y voir la conséquence d’une avance trop rapide sans doute, mais aussi d’une carence, sinon d’une lenteur, d’une mauvaise coordination chez les Américains dans la transmission ou l’exploitation du renseignement. ».

Dans un livret de 132 pages publié par l'association culturelle EOST de Telgruc-sur-Mer, Jean-Pierre Qué-méner a rassemblé des archives et des témoignages. Le dessin en couverture est un tableau de Jacques Armengol de la 17th Calvalry offert en 1994 à la mairie de Telgruc.

Depuis le débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, le pays se libère du joug de l'occupant allemand. Des combats par les forces alliées et des résultants ont lieu partout en Bretagne, notamment sur la presqu'île de Crozon. Alors qu'à Telgruc les allemands se sont retiré et le territoire terrestre est occupé par les forces américaines et françaises, en matinée du 3 septembre, l'aviation américaine lance de nombreuses bombes qui anéantissent le bourg du village et les postes de combats et d'observation des soldats US et des résistants F.F.I. (Forces Françaises de l'Intérieur) : « 108 morts, tant américains que F.F.I. et civils »

Le commandement US a prétexté une bombe qui se serait malencontreusement décrochée d'un avion chasseur, et présenté ses excuses aux soldats français (cf. le texte de la lettre officielle dans l'article).

  En fait c'est bien une erreur d'appréciation et une précipitation. Le journal de bord des F.F.I. précise bien la tragique méprise au-delà du 1er bombardement de 9h30 : « Les équipes de secours commençaient déjà à sortir les blessés des décombres, tout en jalonnant le village et les alentours de draps blancs et orange. Les Américains ont envoyé également des fumées orange. Le village était plein d'ambulances dont la croix rouge était facilement reconnaissable. Une seconde vague de forteresses bombardant à haute altitude, mais avec précision, et des mosquitos mitraillant en rase-mottes, achevèrent la destruction du village, transformant ainsi une méprise en catastrophe.  ».

Ces faits et interprétations sont des pièces nécessaires pour honorer aujourd'hui la mémoire des victimes des Corps Francs F.F.I., et en particulier d'Yvon Benoît jeune résistant gabéricois de 23 ans, mort sous les bombes :

Image:Right.gifImage:Space.jpg« Benoît Yves, appelé Yvon, né le 20.01.1921 à Landudal, travaillait pendant la guerre comme commis de ferme chez la famille Le Bihan à Kervoreden en Ergué-Gabéric. Ensuite il participa aux combats de la presqu'île de Crozon avec les F.F.I. et fut tué à Telgruc .

Image:Right.gifImage:Space.jpg« Dix de ses camarades de combats seront inhumés à Quimper après une émouvante cérémonie à la cathédrale. »

Image:Right.gifImage:Space.jpg« Un des compagnons de combat d'Yves Benoît dans les troupes F.F.I., Jean-Louis Binos, né le 30 avril 1920 à Ergué-Gabéric, y fut également grièvement blessé et décédera de ses blessures le 27 mai 1945. »

Les obsèques d'Yvon Benoît seront célébrées au cimetière d'Ergué-Gabéric le mercredi 6 septembre 1944 par l'abbé Gustave Guéguen (en blanc ci-dessous) :

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Yvon Benoît (1920-1944), résistant », « THOMAS Georges-Michel & LE GRAND Alain - Le Finistère dans la guerre 1939-1945 », « QUÉMÉNER Jean-Pierre - Tragique méprise à Telgruc-sur-Mer en 1944 »

4 Ainsi parlait Jean-Marie Déguignet

Billet du 27.03.2021 - «  Ah ! C’est ici que nous allons avoir du bec'h comme on dit en breton, c’est-à-dire de la rude besogne. J’ai dit dans mon précédent cahier que, ennuyé et écœuré par les comédies de nos gouvernants temporels et spirituels, j’allais traiter de la mythologie ... »

Ainsi commencent les trois cahiers manuscrits intitulés « Explication des mythes » dans lesquels Jean-Marie Déguignet présente sa vision de l'origine des religions dans la lignée du mythographe Charles-François Dupuis et de l'anticlérical Voltaire.

La réflexion initiale de ces 77 pages dactylographiées de cahiers d'écolier numérotés 26,27 et 28 est ce gros livre de l'écossais Andrew Lang « Mythes, cultes et religions » qu'on a bien voulu lui prêter. Le traducteur en langue française est Léon Le Marillier, le beau-frère d'Anatole Le Braz, ce dernier étant souvent par ailleurs la cible de nombres de railleries de la part de Déguignet.

Notre paysan bas breton ne peut qu'être en désaccord absolu avec la thèse de Lang et de Le Marillier qui défendent tous les deux l'idée que la religion et les mythes s'expliquent par le milieu naturel et la curiosité des sociétés tribales.

Et pour donner plus de poids à sa contre-argumentation Déguignet donne sa propre expérience d'homme sauvage : « Je le répète sans outrecuidance, je ne crois pas que personne ait jamais été mieux placé que moi pour connaître les sauvages tels que Lang les conçoit. Élevé là-bas au Guélénec - Ergué-Gabéric -, au bord de ces fameux Stang Odet, ces gouffres profonds et rocheux, peuplés de nains, de lutins, de fées méchantes et de coriquets [...], Jamais je n’ai entendu personne parler des choses scientifiques et naturelles, ni chercher à expliquer le moindre phénomène.  »

La théorie de Déguignet est, a contrario, que les croyances des religions sont des héritages successifs des religions précédentes, et ce depuis la nuit des temps, c'est-à-dire notamment du côté des Perses et des mythologies pré-védiques en Inde.

Pour asseoir cette vision il a lu les travaux d'un scientifique, Charles-François Dupuis (1742-1909), qu'il l'appelle « Monsieur Dupuy le grand savant » dans ses Mémoires (Intégrale page 653). Il lui consacre 4 pages de citations et d'exemples de filiations entre les écritures saintes chrétiennes et juives d'une part, et les dieux persans, romains et grecs d'autre part. Les 77 pages des cahiers 26 et 27, au-delà de l'attaque en règle contre l'anglais Lang constitue un long exposé des exemples de Dupuis.

 
Le texte de Déguignet sur les mythes est donc très largement influencé par l'ouvrage de Charles-François Dupuis « L'ori-gine de tous les cultes ou religion universelle » publié en 1795 et dont les deux tomes ont été amplement diffusés dès 1822 ; un abrégé a également publié en 1798 pour la vulgarisation de ce qui est considéré comme un véritable bréviaire de l’athéisme philosophique.

D'après Dupuis et Déguignet, tous les cultes, y compris chrétiens, se rattachent dans leur essence et héritage à l'adoration du soleil. Et ce n'est pas le seul point commun entre le Christ et le Mithra persan.

Les pages respectives de Déguignet et de Dupuis détaillent aussi les filiations évidentes vis-à-vis de la religion persane appelée Zoroastrisme, son prophète Zarathoustra et sa divinité Ahura Mazda, nommée aussi Ormuzd : «  Là nous voyons aussi les premiers hommes placés par Ormuzd, le bon principe, dans un jardin délicieux appelé Eirein, mais où la félicité fut également troublée par le serpent Ahriman » (cahier 28 page 42).

Par ailleurs, Jean-Marie Déguignet s'est inspiré d'un passage d'un ouvrage d'un autre maitre à penser, à savoir Voltaire et ses « Lettres chinoises, indiennes et tartares » (Lettre IX, page 44). Ce dernier y reprenait les conclusions de l'archéologue anglais J. Z. Holwell sur la datation de textes pré-védiques de 5000 ans avant J.-C. Il est aujourd'hui communément admis que les textes les plus anciens d'Inde sont les « Veda », et dateraient de 1500 ans environ avant J.-C.

Autant, sur ce dernier point, Voltaire a été scientifiquement quelque peu contesté, autant les travaux de Dupuis, repris par Déguignet « contenaient nombres de découvertes particulières importantes, et qu'il y a donc toujours avantage à les lire » (Dictionnaire critique de mythologie, CNRS Éditions, 2017).
Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « L'explication des mythes selon Déguignet, Dupuis et Voltaire », incluant la retranscription complète réalisée par Norbert Bernard en 2004 et la publication des cahiers d'origine numérisés par la Médiathèque de Quimper en 2018.

5 Le Marié, exposant aux Champs-Elysées

Billet du 20.03.2021 - En 1822 il crée le moulin à papier d'Odet, le fait connaître dans les expositions parisiennes et le milieu papetier dominé par les Montgolfier d'Annonay, et lui consacre toute sa vie professionnelle et familiale, avant de passer la main à sa nièce Eliza Bolloré, mari et descendants.

Nicolas Le Marié habitait Odet, et il fut le fondateur de la manufacture à papiers d'Odet. Il tiendra pendant 40 ans les rênes de l'entreprise qu'il transmettra à sa nièce et son mari, tous deux Bolloré.

La parenté est visible sur l’arbre généalogique ci-dessous  : sa sœur Marie-Perrine va se marier avec un Jean-Guillaume Bolloré, et la fille de cette dernière, prénommée Marie-Perrine-Elisabeth, se mariera avec Jean-René Bollore le médecin.

Nicolas Le Marié avait un frère aîné (*), né deux ans avant lui, habitant Paris et exerçant le métier d'architecte : François Marie (1795-1854). Elève de François Debre à l'école d'architecture et des beaux-arts de Paris, il a réalisé entre autres autres la prison pour dettes de la rue de Clichy à Paris (9e), l’hôtel de Ville et le Palais de justice de Quimper, la chapelle de Notre-Dame-des-Flammes à Meudon (suite à la catastrophe ferroviaire de Meudon où il a perdu fils, belle-sœur et cousin) ...

Les deux frères sont les deux premiers témoins du mariage de leurs cousins Bolloré, Jean-René et Eliza, en 1846, tous deux « oncles maternels de la contractante ».

En 1861 Nicolas Le Marié fait une attaque cérébrale suite à une chute. Ne laissant pas d"héritiers pour prendre sa succession (ses deux premiers enfants étant décédés et sa fille cadette dans les ordres religieux), il doit passer la main à son neveu le docteur Bolloré. Sa fille Marie-Eugénie, religieuse va lui survivre et continuer à demeurer à Odet, avant de décéder à Amélie-les-bains ; elle fera notamment un don en 1868 à la fabrique de Pleuven.

  Le pied-à-terre familial de son frère à Paris dans les années 1830-50 explique sans doute les facilités de séjour de Nicolas Le Marié lors des expositions parisiennes de 1839 et 1844.

Les expositions des produits de l'industrie française organisées à Paris de 1798 à 1849 afin « d'offrir un panorama des productions des diverses branches de l’industrie dans un but d’émulation » sont à l'origine de la première exposition universelle en 1851.

En 1839 et 1844, du 1er mai au 29 juin aux Champs-Élysées, Nicolas Le Marié est inscrit comme exposant officiel de sa fabrique de papiers d'Odet. En 1839 il participe dans la catégorie « Papier de tenture et Papier cloche » et les papiers peints en 1844.

Sa faible notoriété et la jeunesse de son entreprise Le Marié ne lui permettent pas d'être médaillé. Il faut dire que des fabriques plus établies raflent les médailles, notamment en Ardèche M. Montgolfier d'Annonay en 1839 et les Canson et
F.M. Montgolfier en 1844 avec qui il a toujours eu des relations privilégiées.

Cette amitié est attestée par le témoignage de l'abbé André-Fouet, proche des Bolloré, en 1922 : « À un moment, il était regardé comme l'un des plus fins papetiers de France, presque l'égal de ses amis, les Montgolfier » (dès 1834 une machine en provenance à Annonay avait été livrée à l'usine d'Odet).

(*) : Grand merci à Yannick D'hervé de nous avoir signalé l'omission généalogique relative au frère aîné architecte de Nicolas Le Marié.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Nicolas Le Marié (1797-1870), entrepreneur papetier »

6 Où sont les femmes ?

Billet du 13.03.2021 - À l'occasion de la journée et de la semaine des droits des femmes 2021, liste des femmes remarquables d'Ergué-Gabéric, trop méconnues, qui ont marqué l'histoire locale par leurs caractères, leurs vocations ou leurs actes de courage

En ces temps de prise de conscience féministe, cette étude biographique peut avoir une utilité annexe : nommer des rues et places communales afin de rompre l'avantage donné jusqu'à présent aux hommes.

En effet, un constat s'impose au vu du tableau ci-contre représentant les statistiques gabéricoises calculées d'après le tableau Excel du site "lesruesdefrance" :

Image:Right.gifImage:Space.jpgIl y a seulement 8% de personnalités locales dans les noms actuels de rues ou lieux-dits d'Ergué-Gabéric.
Image:Right.gifImage:Space.jpgSeuls 6 d'entre eux sont honorés (François Balès, Hervé Bénéat, Jean Le Menn, Jeanne Lazou, Louis Le Roux, Nicolas Le Marié) contre 74 célébrés partout en France et Bretagne.
Image:Right.gifImage:Space.jpgGlobalement les femmes sont largement sous-représentées par rapport aux hommes : leur score est de 20% contre 80%.

Pour combler ce retard, nous proposons une liste de 15 figures féminines locales qui mériteraient de voir leurs noms sur une plaque de rue ou de place (hormis Jeanne/Francine Lazou la seule à avoir déjà sa rue dans le nouveau quartier du bourg derrière la médiathèque).

La liste n'est pas exhaustive bien sûr, et toute proposition d'étendre le nombre des nominées sera la bienvenue. Si vous pensez qu'on a oublié des femmes remarquables du passé, n'hésitez pas. Et la liste des rues et lieux-dits de la commune sera également mise à jour dès qu'elle reflètera des avancées dans le sens de l'égalité hommes/femmes.

 

Suivant la séquence aléatoire du pêle-mêle : Odette Coustans (1925-2015), secrétaire ; Anne Ferronière (1905-1988), conseillère ; Jeanne / Francine Lazou (1895-1983), institutrice ; Renée Cosima (1922-1981), actrice ; Intron-Varia Kerzevot (11-15e siècle ?) ; Jacquette Le Porchet (?-1766), marchande de tabac ; Marguerite Liziart, vers 1516 ; Marie Duval (1708-1742), inhumée en l'église ; Mme de Sévigné (1626-1696), propriétaire ; Marie Blanchard (1896-1976), sage-femme ; Mae Kergoat (1859-1938), contre-maitresse ; Dame Alix de Griffonez (15e siècle) ; Elisabeth Bolloré (1824-1904), entrepreneuse ; Jeanne Le Pape (1895-1975), militante UJFF ; Marjan Mao (1902-1988), chanteuse.

Leurs biographies respectives sont détaillées dans l'article en ligne.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Les figures féminines ayant marqué l'histoire communale »

7 Canton contesté à la Révolution

Billet du 06.03.2021 - Pétitions et délibérations pour protester contre le découpage du nouveau canton de Rosporden en 1790. Documents n° 10 L 30 conservés aux archives départementales du finistère. Merci à Jean-François Douguet pour son étude inédite dans le numéro Keleier Arkae de juin 2011.

C'est le décret du 22 décembre 1789 qui a institué les cantons, regroupement de plusieurs communes au sein des districts, eux mêmes subdivisions administratives des départements. Par décision de l'Assemblée nationale, Ergué-Gabéric et Elliant sont rattachés au chef lieu de canton de Rosporden en 1790, ainsi que Tourc'h, Saint-Yvi et Locmaria-Hent. Les électeurs amenés à se déplacer en assemblées primaires cantonales sont les 800 à 900 « citoyens actifs » des 6 communes concernées

En octobre et novembre 1790, les conseils des communes d'Elliant et d'Ergué-Gabéric prennent position. D'abord Elliant : « Le bourg d'Eliant est distant de Rosporden de cinq gros quarts de lieues ...  » ; « Il a arrêté de supplier au nom de tous citoyens actifs de la mère paroisse d'Eliant, messieurs les administrateurs du département du finistère et du district de Quimper, de vouloir bien pour la commodité générale fixer et déterminer irrévocablement au bourg d'Eliant le chef lieu du canton »

L'argumentation elliantaise s'appuie aussi sur la distance de plus de quatre lieues et demi pour les villages éloignés d'Ergué-Gabéric, une lieue mesurant un peu plus de 4 km. Le conseil général d'Ergué-Gabéric, présidé par le maire Jérôme Kergourlay, joue sur deux tableaux.

La première position gabéricoise est la solidarité vis-à-vis d'Elliant : « le bourg d'Eliant est plus au centre du canton que Rosporden et les citoyens actifs d'Ergué Gabéric en sont beaucoup plus près ». Mais la préférence est bien le rattachement à Quimper : « Nous avons tout à gagner si nous étions réunis au canton de Quimper ; nous préférons donc le canton de Quimper à celui d'Elliant, et celui d'Elliant à celui de Rosporden ».

Comme les avis des conseils ne portent pas leur fruits, le recteur d'Elliant et député du Clergé à l'assemblée national, l'abbé Guino se fend d'une pétition qu'il signe de Paris en date du 31 mai 1791, tout en flattant l'auguste assemblée : « Leur demande est d'ailleurs fondée sur les sages intentions de l'assemblée nationale qui a constamment exprimé le désir que les administrations se trouvent placées à proximité des administrés. ».

La pétition reçoit un accueil favorable exprimé par François-Jérôme Le Déan, maire de Quimper, et Louis Alexandre Expilly, nouvel évèque constitutionnel du Quimper et de Léon.

 

Carte remodelée des cantons en 1791 (ADF, index série L) :

Augustin Le Goazre de Kervélégant, député du Tiers-Etat, contresigne la pétition d’un commentaire personnel : « J'appuie cette pétition avec d'autant plus de plaisir qu'il ne me parait point raisonnable d’obliger les habitants de la paroisse d’Ergué-Gabéric de traverser celle d’Elliant pour aller à Rosporden ».

Début juin 1791, le greffier Tassy, en diffusant la pétition de l'abbé Guino aux administrateurs, prévient du danger d'une colère gabéricoise : « Il est à craindre que cela n'opère des suites funestes, par le grand mécontentement de presque tous les administrés, surtout de la part de ceux d'Ergué Gaberic, qui semblent déjà assez disposés à ne pas se soumettre à Rosporden, qu'ils ont pris en horreur depuis le canton formé. ».

Il ne reste plus qu'à délibérer au niveau des directoires locaux de Quimper. Le 14 juin un premier arrêté du directoire du district tombe et donne raison aux pétitionnaires d'Elliant : « Le Directoire est d'avis que le chef lieu du canton composé par les municipalités susdites soit transféré à Elliant et que la prochaine assemblée primaire y soit convoquée ».

Quatre jours plus tard, au niveau supérieur, le directoire du département émit un autre arrêt qui donne satisfaction à Ergué-Gabéric : « Le Directoire arrête 1° que la paroisse d'Ergué Gabéric sera à compter de ce jour irrévocablement attachée au canton de Suimper, [...] Arrête en second lieu que les municipalités d'Elliant, Locmaria n'hent, St Yvi, Tourc'h et Rosporden, continueront d'être un seul et même canton, dont le chef lieu demeurera irrévocablement fixé en la ville de Rosporden. »

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1790-1791 - Oppositions elliantaises et gabéricoises au canton de Rosporden »

8 Les moulins Bolloré en 1949-1954

Billet du 27.02.2021 - Deux articles : l'un daté de 1949 dans un magazine national français, l'autre en 1954 dans une revue littéraire bretonne.

Le premier est un article de 8 pages paru après-guerre dans le numéro de Noël 1949 de la revue « Réalités », avec des photos inédites en noir-et-blanc et en couleur (d'Isaac Kitrosser grand reporter), un rappel historique des origines de l'entreprise Bolloré et des explications sur les techniques de fabrication du papier.

On trouve dans cet article deux approximations historiques : la fondation de l'usine d'Odet en 1822 par un René Bolloré (et non Nicolas Le Marié ...), et les observations du chirurgien en voyage au Japon (et non en Chine comme l'atteste son journal de bord).

Outre les portraits des membres de la famille Bolloré, René père et fils, Michel et Gwenn-Aël, on y voit aussi des employés des papeteries : Louis Barreau (chef du labo), Jean Guéguen (sur le camion Ford), Pierrot Eouzan (surveillant de fabrication), Yves Le Gars (dynamomètre).

Le poids des trois usines (Odet, Cascadec et Troyes) n'est pas négligeable : « Avec quinze cents ouvriers, ces usines fabriquent 20 tonnes de papier par jour - la longueur des bobines fabriquées en un jour ferait le tour de la terre - dix millions de cahiers de cent feuilles par mois et font 1.300 millions de chiffre d'affaires par an. ».

La production de papier se répartit ainsi : « Onze machines à papier fabriquent 30% de la production totale française de papiers minces : sept machines sont spécialisées sur la cigarette, trois sur le papier condensateur, une sur le papier support carbone dont l'époque moderne fait un si grand usage pour ses machines à écrire. Une machine, enfin, est employée à fabriquer du papier bible. »

 

Le second article est le numéro 46 de la revue « Al Liamm Tir na n-og », journal en langue bretonne, où l'écrivain et linguiste Per Even fait aussi en 1954 une description des papeteries Bolloré.

Il fallait bien quelqu'un comme le traducteur en breton du « Discours de la méthode » en breton, à savoir Per Even, pour présenter dans cette langue les enjeux économiques des fabriques papetières Bolloré dans les années 1950. Le titre de l'article « Milinou Bollore » de la revue « Al Liamm » évoque les moulins à papiers ou papeteries d'Odet, de Cascadec et de Troyes.

Il est question de l'âge d'or du papier, de la fin du 19e siècle jusqu'en 1938, avec l'exportation du papier à cigarettes aux Etats-Unis, puis des tentatives de diversification complémentaire jusqu'en 1954 et le maintien d'une position de leader en Europe.

L'article (transcrit et traduit en ligne) est largement inspiré d'un précédent article de la revue française « Réalités » paru en 1949. On y trouve les mêmes approximations historiques (cf. ci-contre).

Le texte breton apporte les termes techniques modernes pour désigner les nouveautés technologiques, notamment ceux-ci : « ardivink-paperezh » : machine à papier ; « paper-dibun » : papier en continu ; « paperennoù tanav » : papiers minces ; « paper-glaouet » : papier carbone ; « arnodlec'h » : laboratoire de recherches ; « paper-speuriañ fetisaerioù-tredan » : papier isolant pour condensateur électrique.

On peut sourire néanmoins sur la présentation des avantages du travail ouvrier de factions : « Gant urzhiet evel m'eo al labour e tri skipailh oc'h ober pep unan anezho, eizh eurvezh bemdez, e c'hall ar vicherourion kaout amzer a-walc'h da intent ouzh o atant, pe o liorzh. » (En étant organisé chacun avec un travail en trois factions, 8 heures chaque jour, les ouvriers peuvent avoir du temps en bonne intelligence pour leur ferme ou leur jardin.)

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « L'entreprise Bolloré, Réalités Noël 1949 », « Milinoù Bolloré gant Per Even, Al Liamm Tir na n-og 1954 »

9 En l'absence du juge de paix

Billet du 20.02.2021 - Un permis d'inhumer après un décès dans des circonstances particulières et qui aurait pu ne pas être une mort naturelle.

Très souvent les actes de registres B.M.S. (Baptêmes, Mariages, Sépultures) se contentent de simplement noter les lieux, dates et relations de parenté, et sont donc pauvres en détails et évènements rapportés. Ce n'est pas le cas du présent acte de décès transcrit le 17 avril 1793 par Jean Le Jour de Boden, officier public d'Ergué-Gabéric.

Le dimanche 14 avril, Marguerite Glémarec, veuve d'Etienne Le Corre et âgée de 47 ans, se rend au pardon de Saint-Yvi, à 10 km de son domicile de Kerelan en Ergué-Gabéric.

Là, vers trois heures de l'après-midi, dans un état d'ébriété avancé, à savoir « yvre » et « assez proprement vêtue », elle doit être déposée dans un lit de « la maison de Charles Le Tirant aubergiste ». « Y étant depuis cette heure jusqu'au quinze à cinq heures et demie moment où l'on a reconnue quelle était défunte », on fait rechercher le juge de paix Jean Le Duigou qui malheureusement est « retenu au lit par une fièvre putride ».

Ce poste de juge de paix a été créé par la loi des 16 et 24 août 1790 pour assurer la justice et police de proximité dans chaque canton nouvellement constitué par les institutions révolutionnaires. Les communes d'Ergué-Gabéric et de Saint-Yvi sont toutes les deux rattachées au canton de Rosporden.

Du fait de la maladie du juge de paix officiel, c'est « l'officier publique » de Saint-Yvi en charge de la rédaction des actes d'état civil, qui prend la mission d'officier de police. Et donc dans l'acte, son intervention sur les lieux du décès est décrite sous forme d'un rapport : « avons reconnue par les vomissements faits dont le dit lit porte les marques que sa mort est occasionnée par une indigestion ... »

Et son investigation sur place, pour déterminer plus précisément la cause exacte de la mort, se poursuit ainsi : « avons reconnue par la position où nous l'avons trouvé étant couchée sur le ventre et ayant la tête beaucoup plus basse que les pieds, après avoir délasser ses hardes sur [...] on n'a pu lui délasser ses coeffes qu'avec peine, les dits lassets étant si fermes qu'ils ont pénétrés dans la peau, ce qui fait présumer que la respiration lui a totalement manquée, ce qui a suffis pour l'étouffée ».

La dernière phrase lapidaire conclut à une mort naturelle : « attestons par ailleurs que personne n'a porté atteinte à sa vie », et le permis d'inhumer est accordé aux enfants de la défunte. L'acte est inséré dans le registre de Saint-Yvi et recopié intégralement dans celui d'Ergué-Gabéric.

 

On ne peut s’empêcher de penser que les constatations judiciaires ont été quelque peu bâclées et que l'intervention d'un médecin légiste aurait été nécessaire, même si les circonstances durant la fête du pardon exigeaient sans doute de la discrétion.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « 1793 - Le permis d'inhumer de Marguerite Glémarec-Le Corre de Kerelan »

10 Prêtrise et familles nombreuses

Billet du 14.02.2021 - On s'attache cette semaine à deux figures de prêtres ou missionnaires nés à Ergué-Gabéricois et issus de familles nombreuses : Guillaume Poupon (Ty-bur, Quillihuec), missionnaire à Haïti, et René-Marie Huitric (Menez-Groaz, Lestonan), professeur, recteur et aumônier.

On a déjà signalé la vocation de missionnaire à Haïti de Guillaume Poupon (né en 1912 à Tybur), mais un retour à son enfance est nécessaire du fait de la photo inédite ci-dessus.

Dans l'édition du 3 novembre 1933 du journal national La Croix, la famille Poupon est à l'honneur avec cette photo « Les belles familles de France » de l'atelier quimpérois Villard, sous-titrée « La famille Hervé Poupon, d'Ergué-Gabéric (Finistère), 15 enfants, 13 vivants, dont 2 religieuses et 1 aspirant missionnaire ».

Étonnamment, voire caricaturalement, le journal présente une famille nombreuse via la figure tutélaire paternelle, sans mentionner l'existence de la mère des 15 enfants. Hervé Poupon et Marie Anne David, mariés le 23/09/1906 à Kerfeunteun, sont au premier rang avec leurs petits-enfants.

Les 10 premiers enfants Poupon, dont Guillaume le 4e d'entre eux, sont nés entre 1907 et 1921 au lieu-dit Ty-Bur en Ergué-Gabéric, avant que la famille ne déménage à Quillihuec et s'agrandisse avec 5 autres naissances.

Et pour le journal catholique, le qualificatif de « belle », appliquée à la famille, est mérité par le nombre important de vocations religieuses, dont celle l'aspirant missionnaire qui confirme ses vœux à Ergué-Gabéric en 1936 pour partir à Haïti. Sur la photo de 1933, Guillaume est sans doute le jeune homme au col romain au 2e rang, à gauche de sa sœur religieuse.

 
Le deuxième prêtre, Rene-Marie Huitric, est né à Menez-Groaz en 1916, dixième enfant d'un couple d'agriculteurs, 12 frères et sœurs, cousin germain de Laurent et d'Yvon Huitric (cf. leurs témoignages sur le site GT), René-Marie Huitric est également l'oncle de Dédé Huitric, l'ancien footballeur et président des Paotred-Dispount.

Nommé prêtre en juin 1943, il reste pendant 14 ans au petit séminaire de Pont-Croix comme professeur de lettres, à savoir le latin et le grec, en charge de classes du 1er cycle.

Le petit séminaire de Pont-Croix est fondé en 1822, succédant à l'institution St-Vincent de Quimper, pour les études secondaires des futurs prêtres du diocèse, des missionnaires, professeurs, mais aussi en général des garçons des campagnes les plus doués pour les études. L'internat est la règle, le nombre total d'élèves est compris entre 250 et 300.

L'institution de Pont-Croix salue le départ de René Huitric en 1957 ainsi : « Depuis 1943 il enseignait les belles lettres, après quelques mois de surveillance. Mais cette occupation qui dessèche certains, ne l'avait pas coupé du réel. M. Huitric a toutes les qualités, régularité, amabilité, sens pratique ... ».

Vicaire à Brest, puis recteur à Peumerit, Poullaouen, Plobannalec, et aumônier à Concarneau, il n'oublie pas pour autant les siens. On le voit aux kermesses gabéricoises, et lorsqu'il est mis en retraite en 1991 il se retire dans une petite maison de la cité ouvrière de Keranna.

Son jubilé, c'est-à-dire ses 50 ans de sacerdoce, il le fête en 1993 à la chapelle de Kerdévot. Et à 92 ans, en 2008, il rejoint l'Ephad voisine de Coat-Kerhuel à Lestonan où il sera pendant quelques années le doyen d'âge de la commune.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Les prêtres et missionnaires natifs d'Ergué-Gabéric », « Guillaume Poupon (°1912), missionnaire à Haïti », « René-Marie Huitric (1916-2013), professeur, recteur et aumônier »

11 Photos et films de Raphaël Binet

Billet du 07.02.2021 - Les clichés du pardon de Kerdévot et les séquences filmées du mariage de René-Guillaume Bolloré à Odet le 22 septembre 1932. Collection photographique du Musée de Bretagne de Rennes et cinq films conservés sous forme de rushs par la Cinémathèque de Bretagne.

Raphaël Binet, né en 1880, fils de photographe, pratiqua très jeune la photographie, en Normandie et Paris, puis à Saint-Brieuc où il crée son studio. Il s'est attaché à parcourir la Bretagne entre les deux guerres pour saisir, surtout à l'occasion de Pardons, les derniers témoignages de la vie traditionnelle bretonne.

Et notamment à Kerdévot dans les années 1930 où il met en scène les participants, hommes, femmes et enfants. Ceux-ci ne posent pas vraiment, leur attitude est on ne peut plus naturelles, l’œil du professionnel ayant su capté leur singularité et exprimé leur fierté d'être là, ensemble. Il n'y pas de cliché de longues processions avec bannières, mais des regroupements informels près de la chapelle, calvaire et échoppes de marchands.

A l'instar du cliché ci-dessous, une trentaine de portraits de pardonneurs en habits traditionnels, chapeaux et coiffes, ou en blouse d'ouvrier pour l'un d'entre eux, ont été publiés dans l'article détaillé. Si certains peuvent reconnaître leurs ascendants, sans doute décédés car les plus jeunes sont nés dans les années 1920, nous serions heureux de noter les identifications.

Ce qui est moins connu est le fait que Raphaël Binet était aussi cinéaste. Et lors de ses passages à Ergué-Gabéric il a immortalisé sur la pellicule le mariage du fils de l'entrepreneur papetier René Bolloré, la cérémonie ayant été organisée à Odet.

Ces films de la collection Binet, au nombre de cinq, ne sont pas forcément de très bonne qualité, mais au-delà de l'esthétique elles témoignent d'un vécu local. Le positionnement des séquences gabéricoises est le suivant :

1. Film 27977Image:Space.jpg: 15 minutes 30 de longues séquences de la fête de mariage à Odet, au manoir, la chapelle, le parc, et le banquet de noces.

2. Film 27978Image:Space.jpg: une très courte séquence de la cérémonie dans la chapelle, scènes de préparation en cuisine, puis intercalaires de titrage pour le montage du film.

3. Film 11557Image:Space.jpg: au total 15 premières minutes tournées à la papeterie d'Odet et au patronage de Keranna, les 5 dernières étant filmées ailleurs (manoir et église non identifiés) ; visite des salles de fabrication du papier, sortie de la cérémonie nuptiale à

 

la chapelle de l'usine, et de longues séquences des banquets sous chapiteau et en salle de patronage.

4. Film 11539Image:Space.jpg: seulement 30 secondes des cloches de la chapelle d'Odet, entre 4 mn pour le pardon du Sainte-Barbe au Faouët et 3 mn d'images du port de Marseille.

5. Film 28002Image:Space.jpg: seulement 1 mn 20 en salle de raffinage à l'usine d'Odet (complément du film 11557), avant les images du pardon de Sainte-Barbe.

Les deux premiers films sont intéressants pour les longues séquences extérieures de la fête de mariage dans le parc du manoir d'Odet. Certes un archevêque et un évêque viennent en grande pompe, mais c'est surtout la foule des ouvrier(e)s et des habitants du quartier qui est impressionnante.

La cérémonie nuptiale à l'intérieur est à peine filmée : 30 secondes seulement dans le 2e film. Par contre l'arrière-scène des cuisines rustiques, les jeunes fille à la fontaine du moulin, les groupes atypiques des musiciens et des chauffeurs, les discussions familiales sont bien mise en avant.

Le film était destiné à être monté, car en fin du 2e film le générique et les titres intercalaires ont été rédigés et filmés. Le plan du film complet inclut les images du banquet au patronage qui est en milieu du 3e film.

Le 3e film est intéressant pour ses 5 premières minutes, à savoir la visite technique des bâtiments de l'usine à papier. La délégation conduite par le patron René Bolloré, son fils, le fondé de pouvoir Louis Garin et une dizaine de personnes, dont un invité de marque non identifié. Ils passent d'une salle de fabrication à l'autre, des impressionnantes piles de raffinage de la pâte jusqu'aux grosses bobines de papier.

Que ce soit pour le plan panoramique des ouvrières dans une allée de l'usine, ou des ouvriers à leur machine, ou alors pour les grandes tablées aux banquets, il serait intéressant d'identifier les participants.

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Raphaël Binet, photographe du pardon de Kerdévot, v. 1930 », « Les Bolloré filmés à Odet en 1932 par le photographe Raphaël Binet »

12 Mac'honiet gant ar mecanik da zorna

Billet du 30.01.2021 - « estropié par la machine à battre » : des accidents de batteuses dans des fermes gabéricoises racontés dans Feiz ha Breiz.

Un article du journal « Feiz ha breiz » du 28 août 1876 relate en langue bretonne trois accidents de personnes, survenus l'un à Ergué-Armel et les deux autres à Ergué-Gabéric, alors que ces personnes alimentaient ou surveillaient une machine à battre dans leurs fermes respectives.

Ce type de machine est appelé « ar mecanik da zorna » en breton, ou « ar mecanik » tout simplement car elle préfigure le début de la mécanisation agricole. En 1876 l'énergie de cette batteuse est fournie par un carrousel de chevaux, lequel sera remplacé plus tard par une « locomobile motrice » et l'ensemble sera alors appelé « dornerezh » (batteuse).

Les accidents d'Ergué concernent deux hommes et une jeune fille de 16 ans. Les deux premiers ont eu respectivement une jambe estropiée - « paket he vragou hag he c'har gant rodou he vecanik da zorna » (son pantalon et sa jambe entrainés par les engrenages de sa machine à battre) - et une main broyée (pour l'accident d'Ergué-Armel). Quant à la jeune fille, elle aurait perdu sa jambe « paneved ma'z euz gellet derc'hel ar c'hezek a za crenn » (si on n'avait pas pu stopper net de suite les chevaux).

Autant elle a eu de la chance : « Dre c'hrass Doue e bet kuitez evit he aon hag eur glaz dister. » (grâce à Dieu, on a été quitte pour une frayeur et une égratignure bénigne). Autant c'est plus dramatique pour les deux autres : « Azalec he uvern betec he gof gar eo mac'haniet, truez he velet » (depuis sa cheville jusqu'à son entrejambe, il a été estropié, triste à voir) ; « Ar midisin galvet var an heur en deuz troc'het ar membr brevet. » (le médecin appelé immédiatement a amputé le membre brisé).

  Si l'on regarde de plus près les autres faits divers du mois d’août 1876, notamment dans le journal « Le Finistère », on se rend compte que les accidents graves dus aux machines à battre sont très nombreux : amputations pour éviter la gangrène au Perget et à Port-Launay, commotions mortelles à Saint-Méen ...

Les journaux accusent certes les agriculteurs d'être imprudents - « deffot teuler evez » (à défaut d'être attentif) - mais ils demandent aux autorités d'imposer des mesures de sécurité plus drastiques, à savoir allonger la table des machines à battre et recouvrir les manèges de protections.

En effet, pour cette dernière mesure, un ouvrier agricole « assis sur le petit banc placé sur l'axe du manège, et les chevaux tournant en cercle autour de lui » peut tomber tout simplement de fatigue, et se retrouver broyé par les engrenages.

Ce danger est évité, dans les décennies suivantes, lorsque le manège est remplacé par une motrice à vapeur. Ainsi la description de celle de la ferme de Creach-Ergué mise en vente en 1911 : « batteuse à grand travail et sa locomobile motrice, fabrication Merlin et Cie de Vierzon ».

Image:square.gifImage:Space.jpgEn savoir plus : « Mac'honiet gant ar mecanik da zorna - machines à battre, Feiz ha breiz 1876 »


Scène de battage à Pannarun en Ergué-Gabéric, non datée :


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