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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Chaque semaine, un nouveau billet annonçant un ou plusieurs articles sur le site GrandTerrier.

Une compilation des billets est publiée en fin de trimestre sous la forme des chroniques du Bulletin Kannadig.


Sommaire

Modifications récentes : [Journal des MàJs]

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1 Des paillettes d'or au Stangala

Billet du 16.12.2017 - Nouveautés en Biblio - VILLIERS DU TERRAGE (Edouard / de), « Les recherches de l'or dans le Finistère », dans BSAF 1903, Société Archéologique du Finistère - BIET & INISAN (Marie-Christine & Hervé), « Quimper & l'Odet Belles de Cornouaille », Géorama, Porspoder, 2017

La première référence a été écrite en 1903 par le vicomte Edouard de Villiers du Terrage pour la Société Archéologique du Finistère et apporte de précieuses informations sur la présence historique d'or et d'argent en Bretagne, et en particulier en région quimpéroise.

Le premier document d'archive, daté de 1506, mentionne la présence d"une mine d"or « ès parties de Kemper Corentin », ce qui fait réagir le poète Frédéric Le Guyader dans la présentation de l'article en évoquant « une tradition populaire à Quimper d'après laquelle les eaux de l'Odet rouleraient, particulièrement au Stang-Ala, quelques paillettes d'or ».

À titre d'illustration ci-contre, une magnifique photo du site "doré" du Stangala par l’aquarelliste et photographe Hervé Inisan, qui est le co-auteur de Marie-Christine Biet pour ce tout récent livre « Quimper et l'Odet Belles de Cornouaille ».

Un deuxième document de 1509, également conservé aux Archives Départementales de Loire-Atlantique, mentionne ces « mines qui ont esté trouvées ès parties du dit Kemper Corentin ». Ensuite, un siècle plus tard, le baron et la baronne de Beausoleil sont mandatés en 1625 par le surintendant royal des Mines pour inventorier et développer l'activité minière de toutes les provinces françaises.

Dans leur inventaire des mines bretonnes, publié en 1779 par le minéralogiste Nicolas Gobet, on ne trouve pas explicitement la mine d'or « ès parties » de Quimper-Corentin. On découvre par contre une mine d'argent « proche Le Cluyon  », à savoir le Cleuyou en Ergué-Gabéric : a priori elle était située au sud de la route d'Elliant, en pleine vallée du Jet. Tout près de là, vers le chemin de Coray, au lieu appelé « Terres Noires » ou « Rouillen », l'ingénieur Christophe Mathieu de Noyant creusera en 1752 un puits d'extraction de charbon.

Pour ce qui concerne la localisation de la mine d'or de 1506-09, Villiers du Terrage émet l'hypothèse qu'elle pourrait   être   celle

 

© Cliché d'Hervé Inisan. Cliquez sur l'image pour admirer de plus près les reflets dorés du Stangala !

que les Beausoleil et Gobet ont inventorié « au Ry proche Douarnemez ». Dans sa thèse « La monnaie des ducs de Bretagne de l'an mil à 1499 » publiée en 2016 aux Presses Universitaires de Rennes, Yves Coativy préfère l'hypothèse d'une assimilation à la mine d'or du Nivet près de Locronan.

Du fait de l'éloignement respectif de Douarnenez ou Nivet/Locronan par rapport à Quimper, on peut néanmoins se demander s'il n'y a pas eu une autre mine d'or qui soit vraiment « ès parties de Kemper Corentin » et donc un peu plus près des « Belles de Cornouaille »  ?

Et pour ces dernières, ne manquez pas dans le livre sus-mentionné la double page sur Ergué-Gabéric, le panoramique impressionnant de l'éperon de Griffonnez, et d'autres belles photos du cours d'eau où l’œil du photographe a su capturer la luminosité du lieu avec des reflets magiques sur l'eau caressant les rochers.

En savoir plus : « VILLIERS DU TERRAGE, Edouard (de) - Les recherches de l'or dans le Finistère » et « BIET Marie-Christine & INISAN Hervé - Quimper & l'Odet Belles de Cornouaille » (cadeau idéal pour les fêtes de fin d'année)

2 Voie romaine et pierres milliaires

Billet du 09.12.2017 - « Située au centre du territoire dans la partie ouest de la péninsule armoricaine, Vorgium / Carhaix apparaît comme une plaque tournante à partir de laquelle il était possible de gagner la destination voulue en une journée ou deux », J.-Y. Éveillard

Jean-Yves Éveillard, maître de conférences à l'Université de Bretagne Occidentale de Brest, est un grand spécialiste de la période gallo-romaine en Bretagne. Dans son album « Les voies romaines en Bretagne » publié en 2016 aux éditions Skol-Vreizh, il nous explique, avec de magnifiques photogra-phies, le tracé des voies romaines maillant tout le territoire breton, notamment autour des deux noeuds routiers très important qu'étaient Carhaix (Vorgium) et Rennes (Candate).

Il fait également la synthèse des dernières découvertes archéologiques et l'importance des pierres milliaires : « Elles étaient érigées le long des routes les plus importantes, tous les milles (mille pas = 1478,50 m) dans les deux premiers siècles de notre ère, et toutes les lieues de 2220 m (une lieue = un mille et demi) à partir du règne de Caracalla (211-218) ».

Les évocations du territoire gabéricois sont notamment relatives aux fouilles archéologiques de la voie romaine à Ty-Névez et ses similitudes avec les matériaux et couches successives observés à Ty-Lipig en Pluguffan, pour conclure qu'elles sont toutes deux sur la même voie romaine reliant Tronoen à Carhaix.

Image:Square.gif « L'interprétation les fouilles de Ty-Nevez en Ergué-Gabéric est la suivante : le niveau dallé entre les pierres latérales posées sur chant constitue le premier état de circulation. Lui succéda un second état, avec un nouvel empierrement, moins soigné mais d'une plus grande plasticité. Puis la voie fut abandonnée. »

Image:Square.gif « Le rapprochement de cette chaussée de Ty-Lipig en Kerfeunteun avec celle d'Ergué-Gabéric nous a paru d'autant plus digne d'intérêt que, sur une carte, les deux voies Carhaix-Quimper et Quimper-Tronoen sont dans l'exact prolongement l'une de l'autre. »

Image:Right.gif En savoir plus : « ÉVEILLARD Jean-Yves - Les voies romaines en Bretagne »

 
Dans les bulletins de la Société Archéologique du Finistère, le docteur Charles-Armand Picquenard (1872 - 1940) a développé à plusieurs reprises la période gallo-romaine en Cornouaille. Dans un article de 1923, il résume l'ensemble de ses sujets de prédilection, et s'attarde notamment sur la partie orientale de la ville de Quimper, à savoir le début à Ergué-Gabéric de la voie romaine qui mène à Carhaix.

(La croix antique de Kerampensal, croquis de Louis Le Guennec)

Il note particulièrement la présence de trois lieux susceptibles d'abriter une borne milliaire : Kerampensal, Croix-Rouge et Croix-Saint-André, en précisant qu'entre les deux derniers sont distants de deux lieues. Pour la quatrième située entre Croix-Rouge et Croix-Saint-André, il évoque Quillihuec, mais sans doute ne savait-il pas qu'à proximité il y a Kroaz-Spern, lieu candidat également pour une pierre milliaire.

Image:Square.gif « Entre le camp de Park-ar-Groaz, point le plus important, centre militaire de Civitas Aquilonia, et la croix antique de Keranpensal, en Ergué-Gabéric, il y a une lieue gauloise. Plus loin, au bord de la voie, on trouve les lieux-dits Kroas-ru (la Croix-Rouge) et la Croix-Saint-André ; en ces deux points il n'y a pas (acutuellement) de croix de pierre ; au premier point on a constaté des vestiges gallo-romains et j'ai trouvé, de plus, qu'il était exactement à une lieue gauloise de la croix de Keranpensal ; quant au second point, la Croix-Saint-André, il se trouve exactement à deux lieues gauloises de la Croix-Rouge. ».

Pour compléter le travail du docteur Picquenard, nous proposons ci-dessous une carte avec les 5 premières positions de bornes milliaires de la voie romaine de Quimper à Carhaix, toutes les lieues "gallo-romaines" espacées de 2220 mètres exactement. La carte utilisée est celle de Google Maos, sur laquelle nous avons appliqué la réglette de 2,2 km pour chacune des 4 étapes.

Image:Right.gif En savoir plus : « PICQUENARD Charles-Armand - L'expansion romaine dans le Sud-Ouest de l'Armorique »

3 Yvo bone vite, Yves de bonne vie

Billet du 02.12.2017 - Un évêque de Cornouaille et un patronyme qui aurait donné par déformation la deuxième partie du nom de la paroisse Ergué-Gabéric. On ne sait pas vraiment si son surnom indique sa "bonté", ou qu'il prenait "la vie du bon côté", ou était "de bonne famille".

Yves Cabellic fut évêque de Quimper entre 1267 et 1279. On ne connait pas ses parents, mais seulement une sœur Blanche qui, en se mariant, aura deux fils au patronyme de Conq, l'un Olivier archidiacre du Poher, l'autre Yves chanoine. Les Cabellic avait pour blason « de gueules à la croix potencée d'argent, cantonnée de quatre croisettes de même », tout comme la famille noble Lezergué, du manoir éponyme en Ergué-Gabéric.

Il est fort probable que les Cabellic et les Lezergué soit une même famille d'une part, et qu'ils aient donné d'autre part leur patronyme Cabellic pour désigner à partir du 14e siècle la partie démembrée au nord-est de la grande paroisse d'Ergué, à savoir Ergué-Gabér(l)ic par opposition à Ergué-Armel au sud-ouest.

Au 13e siècle, on note, en plus d'Yves Cabellic, un Raoul de Lezergué, chevalier, qui cède une partie de ses terres à l'évêque successeur d'Yves Cabellic, et dont les terres sont taxées dans un acte des comptes du duché en 1267. Et plus tard, en 1312 et 1334, un Guillaume de Lezergué ou d'Ergué est mentionné pour des terres à Beuzec Cap Sizun et à Quimperlé.

Par ailleurs on évoque l'existence d'un croisé Gossuin, déclaré avant 1309 dans les registres de l'Ordre du Saint Sépulcre, dont le patronyme Cabiliau serait proche de Cabellic. Ce qui pourrait expliquer l'adoption de la croix potencée comme blason. Car il est indéniable que les armes des Cabellic de Lezergué font référence directe à la royauté latine de Jérusalem ainsi qu’à l’Ordre du Saint Sépulcre.

Au total on distingue trois générations de Cabellic/Lézergué, sans pour autant connaître les relations généalogiques et familiales entre les différents branches.

 1e génération : 
 x ?
 ├> Yves Cabellic, "Yvo bono vite", év. Quimper 1267-1279
 ├> Blanche Cabellic x ? de Conq
      ├> Olivier de Conq, archidiacre du Poher (+1323)
      └> Yves de Conq, chanoine.
 x ?
 └> Le chevalier Raoul de Lezergué/Lusulguen (1267, 1283)
 
 2e génération : 
 - Le croisé  Gossuin Cabiliau, avant 1309 
 
 3e génération : 
 - Guillaume d'Ergué ou de Lezergué (1312, 1334)

La vie d'Yves Cabellic est connue grâce au travail de transcription des 3 cartulaires de l'église de Quimper par deux passionnés : le chanoine Peyron et l'archiviste Le Men, publiés respectivement dans les bulletins   1901-1909   de   la   Commission   Diocésaine

  d'Architecture et d'Archéologie, et une monographie de la cathédrale de Quimper éditée en 1877 par les librairie Jacob et Lemercier.

La notice n° 2 ou folio 59 du cartulaire n° 56 de Quimper établit la liste des évêques jusqu'aux années 1416 : Yves Cabellic y figure en 25e position et est qualifié de « Yvo bone vite » (Yves de bonne vie).

La notice n° 114 donne l'inventaire du trésor de la cathédrale en 1274. Il contient de nombreuses reliques de saints, des pièces d'orfèvrerie religieuses, des bibles et des ornements vestimentaires. Parmi ces derniers on trouve des chasubles [1] dont la troisième est détenue personnellement par lui-même dans l'exercice de sa fonction.

La notice n° 103 datée de 1267 est le premier des 26 actes de son épiscopat, où, en tant qu'évêque récemment élu (« electus confirmatus ecclesie Corisopitensis, »), il confirme les dons de ses prédécesseurs évêques au chapitre de Cornouaille.

La notice n° 116 datée de 1275 est un « obit », à savoir des dons et fondations reçues au décès d'un chanoine. Yves Cabellic est présenté par cette formule : « Yvo miseracione divina Corisopiten(sis) epis(copus) "par la grâce divine d'Yves évêque de Cornouaille" (cf. en vert ci-dessous)


Image:Square.gif En savoir plus : « Yves Cabellic, évêque de Quimper (1267-1279) », « 1267-1279 - Actes du cartulaire de l'église de Quimper relatifs à l'évêque Yvo Cabellic »

4 Des actes ardus à déchiffrer

Billet du 25.11.2017 - « Paléographie, s.f. : science qui traite des écritures anciennes, de leurs origines et de leurs modifications au cours des temps et plus particulièrement de leur déchiffrement. », Dictionnaire Trésor de la Langue Française

Cette semaine les transcriptions de onze actes du 15e siècle portés essentiellement par Canévet et Charles de Kerfors sur des terres détenues, héritées ou échangées à Ergué-Gabéric et paroisses voisines.

Les onze documents d'archives ci-dessous sont en parchemin rigide et très difficiles à déchiffrer. Le regretté Norbert Bernard, avec ses compétences de paléographe, s'était attelé à la tâche dans les années 2000 et ceux qui ont déjà tenté de transcrire des documents du haut moyen-âge savent la difficulté.

Le document de 1482 a même conservé son sceau bien net malgré sa dimension réduite de moins d'un centimètre. Sous forme d'écu armorié il est de couleur noire, présente dix mouchetures d'hermines ducales posées 4 3 2 1 et est surmonté d'un ornement extérieur érodé et difficile à reconstituer.

Quant au texte d'introduction, neuf documents sur onze commencent par cette formule incantatoire « Sachents touz que ... » avec des calligraphies différentes : cf. l'image ci-dessus. Les reproductions de ces parchemins conservés dans le fonds de La Marche des Archives Départementales du Finistère sont publiées in-extenso dans l'article.

Les personnes citées dans les documents sont essentiellement les Kerfors : Caznevet décédé en 1496, sa mère Katerine, son fils Charles, et sans doute ses deux autres enfants Thebaud et Katherine si l'on en croit le document d'échanges à parts égales en mai 1496.

Les Kerfors possédaient le manoir du même nom, au nord-est du bourg d'Ergué-Gabéric, et portaient un cor de chasse comme blason : « d'argent au greslier d'azur, enguiché et lié de même ». À la montre militaire de Cornouaille en 1481, on remarque un Casnevet de Kerfors « en brigandine », c'est-à-dire en cuirasse légère d'archer. Il prend pour épouse Ysabelle de Lesmaes, et décède en 1496. Il ne succède à sa mère Katerine comme seigneur de Kerfors qu'en 1488,   mais   il
  apparaît déjà en 1460, 1471 et 1479 dans des donations ou échanges de terres. En 1543, leur fils Charles de Kerfors rend un aveu pour le manoir de Kerfors et est cité à la Réformation de 1536 ; il décède vers 1537.

Thebaud Kerfors habite Quimper en 1479 : « en la maeson de Thebaud Kerfors en la ville close de Kaempoercorentin ». Et en 1481, comme Canezet, il serait présent à la montre de Cornouaille si l'on en croit la transcription d'Hervé Torchet : « Thibaud Kerfors en brigandine et voulge  ».

 
 ? de Kerfors 
 x Katherine Kerfors (1448-60, +1488)
 ├
 └> Caznevet de Kerfors (1460-88, +1493)
      x Ysabelle de Lesmaes (1479)
      ├
      ├> Charles de Kerfors (1493-96, 1536)
      ├   ├
      ├   └> Pierre de Kerfors (1539)
      ├        ├
      ├        └> Jean de Kerfors (1580)
      ├> Thebaud Kerfors (montre 1481, 1496)
      ├   x Marie Le Gluidic
      └> Katherine Kerfors (1496)
           x Allain Rolland

Dans les documents d'échanges des différentes tenues entre 1448 et 1496, les familles en transaction avec les Kerfors sont mentionnées : les Lisiart de Briec (Guillaume, sieur de Trohanet), Yvon de Kersulgar d'Ergué-Gabéric (seigneur de Mezanlez), les Le Bouder, les Ansquer-Coetanezre de Quimper, Droniou de Kerfeunteun (Stang-Bihan).

Les villages concernés sont situés à Briec, St-Evarzec, et principalement sur Ergué-Gabéric : Kervreyen, Kerdudal (« Kerdozhal »), Munuguic (« Le Meuneuguic »), Bohars (« Menez-Botgarz ») ...

Au 17e siècle les Kerfors transmettront leur héritage et propriétés gabéricoises aux seigneurs de La Marche, lesquels préfèreront s'établir au manoir voisin de Lezergué qu'ils reconstruiront au 18e avec les pierres de celui de Kerfors.


Image:Square.gif Article complet : « 1448-1496 - Actes du fonds de La Marche pour les seigneurs de Kerfors »

5 Testament olographe humaniste

Billet du 18.11.2017 - « La bonté se place au-dessus de la générosité parce qu'elle n'a rien à voir avec les convenances », Abla Farhoud

Cette semaine on découvre la personnalité d'un ancien maire d'Ergué-Gabéric et avoué franc-maçon, ainsi que ses nombreux biens patrimoniaux, grâce à un testament et autres documents conservés aux Archives Départementales du Finistère, fonds de l'étude Kervella, notaire à Quimper. François-Salomon Bréhier est âgé de 84 ans quand il décède en 1845 dans sa résidence de Mezanlez en Ergué-Gabéric. Huit ans auparavant, en juin 1837, il avait rédigé un testament olographe.

La formulation principale de ses dernières volontés est la suivante : « je donne et lègue à ma domestique Eliza ou Isabelle Marzin, jardinière, demeurant à Quimper, tous les objets mobiliers et le ménagé que j'ai à ma résidence de Mésanlez, les vêtements à mon usage, ainsi que mon linge de corps, la table et lit, les légumes et fruits de mon jardin, à l'exception de mon mobilier de Quimper, de mon argenterie, de mes livres, de mes armes que je réserve expressément au profit de mes enfants. »

En fait dans les années 1835, soit 8 ans après le décès de son épouse en 1827, Salomon Bréhier a procédé à la vente et partage de ses biens immobiliers, en discussion avec ses enfants, et avec comme contrepartie la possibilité pour lui de disposer d'une rente pour vivre retiré à Mezanlez jusqu'à la fin de ses jours. Sa domestique Eliza a ses faveurs, avec en outre le souhait de « lui faciliter les moyens d'entreprendre après mon décès un petit commerce et de procurer une étape à ses enfants » en lui léguant une somme de 150 francs.

Les biens mobiliers de Mezanlez font l'objet d"un inventaire dans le testament daté de 1837, et on y remarque une « pipe à cidre », c'est-à-dire un grand fût, qui appartient à un dénommé Le Gay, qui n'est autre très certainement que Guillaume Le Guay, châtelain du manoir du Cleuyou.

L'ensemble de l'immobilier des époux Bréhier fut par contre l'objet de ventes et de partage entre les enfants. Les biens concernés sont d'abord un héritage de la génération précédente, que ce soit la métairie et manoir de Quillihouarn en Ergué-Gabéric, ou Kermadoret en Trégunc. Par contre la maison familiale de la rue Royale (alias Obscure, et aujourd'hui

 

Elie Fréron) de Quimper et le manoir de Mezanlez-Pennanmenez sont des acquisitions plus récentes.

Pour Mezanlez, c'est probablement en tant qu'ancien avoué-expert des biens nationaux confisqués à la Révolution que Salomon Bréhier put l'acheter. De même le presbytère du Grand Ergué, dit à tort du Petit Ergué dans l'inventaire établi après décès, fut acquis par l'avoué et maire d'Ergué-Gabéric.

L'ensemble des ventes est achevé en 1835 par Salomon Bréhier après le décès de son épouse, et très discuté par leurs nombreux enfants. C'est sa fille Arsenne qui conteste le plus les options prises, mais Salomon lui envoie une lettre très habile pour obtenir sa procuration : « Tes frères et sœurs me pressent de terminer, mais comment faire, puisque tu t'y opposes. J'ai trouvé un moyen dont je vais te faire part mais il faut me promettre le plus grand secret ...  » et il signe « ton père et ami ».

Certes les revenus immobiliers restent dans la famille, mais le contenu du testament n'indiquant que les legs à la domestique n'a pas, a priori, été communiqué à la famille car aucun papier du dossier notarial ne le mentionne. La volonté du défunt étant marquée sans doute par des convictions humanistes franc-maçonnes, on imagine néanmoins la surprise générale le jour d'ouverture du document, dans un milieu et époque où la moralité est de rigueur.

En savoir plus : « 1845 - Testament de François-Salomon Bréhier au profit d'Eliza Marzin, domestique »

6 Domaine protestant de Keristin

Billet du 11.11.2017 - Grâce à la publication d'un document daté de 1592, on sait maintenant que le protestantisme eut un écho historique au 16e siècle sur les terres catholiques d'Ergué-Gabéric, ceci expliquant aussi pourquoi à la Révolution le domaine sud-est de la commune soit rattaché à la couronne.

Ce document énumère les terres nobles près de Quimper et Chateaulin confisquées à leurs propriétaires protestants, dits « hérétiques et fauteurs d’hérésies », par la Ligue Catholique ou « Saincte Union ». Parmi ces terres on remarquera le domaine gabéricois de Keristin, propriété Rohan de Guéméné et de Gié. Ce document a été l'objet d'une communication en janvier 2005 par le regretté Norbert Bernard, et son travail de transcription et d'annotations a été publié sur le Internet Tudchentil. On trouvera sur GrandTerrier les clichés de l'original conservé aux archives départementales du finistère, ainsi qu'une transcription manuscrite anonyme qui a été archivée dans la même liasse.

Les 29 terres en question sont, par ce document d'avril 1592, sont qualifiées de « baulx à ferme des terres saisies apartenantz aux hérétiques et fauteurs d’hérésies en la jurisdiction de Kempertin et baillaiges de Chastaulin et baillées à ferme par nous Guillaume Le Baud, seneschal de ladicte jurisdiction ».

Les rentes des baux sont exprimées en écus, sols et deniers. Pour Daoulas une double formule est notée : « six centz quarante livres tournois et pour ce VIc XL # faisant en escues II c XIII [é] XX s.  », ce qui donne la règle de conversion, à savoir qu'un écu vaut trois livres tournois ou 60 sols.

Le document est signé par Guillaume Le Baud, sénéchal de la juridiction de Quimper, lequel est chargé d'authentifier le transfert des terres dans le domaine du roi et du paiement des rentes semestrielles. On apprend également comment la Ligue Catholique conduite par le duc de Mercœur a préparé cette opération : « l'estat fourny par le dict Quelennec le 23e jour de novembre dernyer à MM. Du Plessix d'Aradon et de la Courroucerye, commissaires deputtés par ce pays pour les affaires de la Saincte Union».

La seigneurie de Keristin est la dernière de la liste des terres confisquées. Il s'agit du vaste domaine noble, appelé également Kerjestin, situé au sud-est de la commune   d'Ergué-Gabéric   le

  long de la vallée du Jet, et composé des convenants suivants : Meil-Faou, Quenec'hdaniel, Keriou, Kermoisan, Keranroué, Kerdevot, Kerveguen, Lezouanac'h.

Ce domaine était au 15e siècle propriété de la famille du Fou, seigneurs de Rustéphan en Nizon. Avec le décès de Jean du Fou, en juin 1492, le domaine de Kerjestin passa dans les mains de sa fille Renée. Cette dernière s’était mariée la même année à Louis III de Rohan, seigneur de Guéméné, et transféra le bien à la famille de Rohan-Guéméné.

Dans le document de 1592 le nom du propriétaire noble et protestant n'est pas indiqué pour Keristin, mais seulement les représentants du roi nommés pour encaisser les rentes.

Le domaine, en cette fin de 16e siècle est toujours par héritage dans la branche Rohan-Guéméné de Gié, à savoir les descendants de Louis III de Rohan. Le représentant le plus connu de cette lignée est Henri II de Rohan, né au château de Blain (Loire-Atlantique) en 1579. Il sera très proche du roi Henri IV, et deviendra le chef de la résistance protestante.

En novembre 1591, sa mère Catherine, est présente au château de Blain qui est réputé pour être un solide bastion royaliste et protestant du sud Bretagne, doit faire face au pillage de son château par les armées du duc de Mercœur et espagnoles. C'est cet évènement qui donnera lieu probablement à la saisie en avril 1592 des biens des « hérétiques et fauteurs d’hérésies ».

Par la suite, jusqu'à la Révolution, Keristin restera domaine du roi ou « de la couronne ». Au 18e siècle un registre dit « rentier » sera tenu pour inscrire les rentes dues par les convenanciers. Et au lieu d'être vendu à des particuliers comme biens nationaux, les exploitations foncières et agricoles de l'ancien fief de Kerjestin/Keristin resteront regroupées entre 1802 et 1809 au sein du domaine de la Légion d'Honneur !

En savoir plus : « 1592 - Terres saisies sur les hérétiques près de Quimper-Chateaulin par la Saincte Union »

« La seigneurie de Keristin adjugée à maistre Daniel Goalezre par la cauption de maistre Hervé Goarezre dudict Kempertin pour la somme de quatre vingtz deux escuz et pour ce - - - IIIIxx II [é] »

7 Un petit mendiant glazik en BD

Billet du 04.11.2017 - Depuis fin 2015, le livre « Le Cheval d'orgueil » de Pierre-Jakez Hélias avait sa bande dessinée célébrant l'inter-générationnel bigouden. Aujourd'hui les mémoires de Jean-Marie Déguignet, paysan bas-breton, sont aussi en version BD, mais avec des couleurs bleues "glazik".

Il s'agit d'une adaptation très réussie des « Mémoires d'un paysan bas-breton », lancée en octobre 2017 sous la forme d'un premier tome « Le Mendiant », publiée aux éditions Soleil et dont les auteurs sont Babonneau, Betbeder et Gonzalbo.

Christophe Babonneau est un illustrateur-dessinateur, natif de Nantes, qui a déjà réalisé d'admirables bandes dessinées d'inspiration bretonne. Stéphane Betbeder, né à Pau, est un scénariste de bande dessinée et créateur d'environnements de fantasy, thriller et mangas. Axel Gonzalbo est un coloriste reconnu, et scénariste également.

Le jeune Déguignet et ses familiers mis en scène sont magnifiquement dessinés comme les petits personnages d'Olivier Perrin dans la « Galerie Bretonne », tous habillés de « bragou braz », et les femmes en coiffe. Les textes d'évocation de l'enfance et des incontournables légendes sont judicieusement choisis et bien amenés.

On remarquera entre autres la première pleine page d'une rue quimpéroise, l'arrivée dans la campagne de Quélennec, les belles planches de l'histoire du « C'haz du » (chat noir), les scènes de curés sermonnant, la cohabitation avec le « Christoc'h Du » au château de Lezergué, les délires du vieux Déguignet écrivant ses mémoires à l'asile.

 


En savoir plus : « BABONNEAU Christophe et BETBEDER Stéphane - Mémoires d'un paysan bas-breton Tome 1 »

8 Belle statue et légendes de saint Alar

Billet du 28.10.2017 - Ce jeudi 26 octobre dernier c'était la fête de saint Alar/Alor. Il fut au 5e siècle le troisième évêque de Cornouaille, après saint Corentin et saint Conogan, et avait son ermitage gabéricois près du Stangala. Il dispose désormais d'une magnifique statue monumentale à Carnoët.

On sait très peu de choses de la vie de ce saint évêque dont le culte est très répandu dans le diocèse de Quimper et très populaire comme protecteur des chevaux. Saint Alar était à l'origine le saint protecteur des alevins et des alevineurs en raison de la proximité de son nom avec celui-ci, le terme « an alaer » signifiant l'alevineur en breton. Ce n'est que par la suite qu'il est devenu le saint patron des poulains, et par extension, des chevaux. Ceci sans doute, de fait que sa vie étant oubliée au Moyen Âge, il a remplacé saint Éloi.

Sous les noms d'Alar, Alor ou Alour, il est le patron des églises paroissiales de Mespaul, Garlan, Roscanvel et Saint-Éloy, Tréguennec Tréméoc, Plobannalec-Lesconil et Ergué-Armel dans le Finistère et de nombreuses chapelles lui sont dédiées. Une fontaine lui est consacrée à Ergué-Armel où un pèlerinage y est organisé et où on peut jeter des pièces pour favoriser son mariage ou l'arrivée de la pluie.

Son nom a été donné également au ruisseau, vallon et jardin botanique du Stang-Alar à Brest, ainsi qu'à la vallée de l'Odet à quelques kilomètres au nord de Quimper, les gorges du Stangala. Sur ce dernier site une légende principale lui est attachée, à savoir le saut qu'il a effectué d'un versant à l'autre alors qu'il étaient poursuivi par des brigands.

Des statues polychromes le représentent dans les églises de Pleyben, Brasparts, Locronan, Plozévet et à la chapelle St-Guénolé d'Ergué-Gabéric, près du Stangala.

Courant septembre 2017, une statue monumentale de plus de 3m50, en granit de Cleder, a été réalisée par les sculpteurs Patrice Le Guen et Jean-Philippe Drévillon sur le site de la Vallée des saints de Carnoët. Le saint est représenté martelant un fer à cheval sur une enclume de forge, la vasque contenant le feu est gravée d'une représentation de la mort ou d'un diable.

La vie du saint et galerie de photos : « Sant Alar (5e siècle) »

 
Les légendes mettant en scène saint Alar sur le site du Stangala et alentours ne manquent pas. Le bibliothécaire et mémorialiste Louis Le Guennec a beaucoup contribué à les faire connaître dans les années 1930, notamment dans la revue « Quimper et la Cornouaille » du Syndicat d'Initiative et Automobile-Club de Quimper et dans les journaux « La Dépêche de Brest » et « Le Progrès du Finistère ».

En 1984, ces histoires ont été publiées dans un recueil des contes et légendes du grand-Ergué de la Commission de Recherches Historiques d'Ergué-Gabéric avec la participation de l'illustrateur Laorz, alias Laurent Quevilly.

La première est l'exploit de saint Alar qui, dérangé par des brigands dans sa « maison de prière » près du Stangala, aurait usé de ses pouvoirs pour les neutraliser, mais « Alar fit mieux. Un bond gigantesque au-dessus de la vallée le porta sans encombre à l'autre bord ».

La fontaine de saint Alar est la deuxième légende collectée et serait située près de son ermitage « non loin de la grande papeterie Bolloré ». Et la vertu de cette fontaine est son eau qui « possède, parait-il, une singulière vertu, celle de se changer en vin, une fois tous les cent ans, pendant une heure ». En fait, si effectivement l'ermitage de saint Alar était bien en amont du Stangala, il l'est encore plus que la papeterie, car la fontaine en question et le pont Sant-Alar était sur les terres gabéricoises de Creac'h Ergué.

En savoir plus : « Les légendes du Stangala par Louis Le Guennec, Dépèche & Quimper-Cornouaille 1929-34 »


Demain 29.10 le salon de l'Histoire locale ouvre ses portes dès 13:30 au Centre Culturel de Rosporden. On y découvrira notamment le livret "Rosporden, l'histoire industrielle au XXe siècle" édité par l'association organisatrice HPPR, la toute première BD "Mémoires d'un paysan bas-breton" de Betbeder-Gonzalbo-Babonneau et les derniers livres à succès d'Annick Le Douget et de Pierrick Chuto.

9 Enquête médiévale sur un don de cire

Billet du 21.10.2017 - Un document en latin, très beau et lisible, daté de 1439, dont nous reproduisons un facsimile complet grand format et la transcription du passage concernant la chapelle de Kerdévot, ainsi que quelques explications et analyse de contenu.

Ce document testamentaire avait été évoqué succinctement dans un article d'Albert Deshayes dans la brochure « Kerdévot 89 » avec une référence documentaire erronée G.92 des Archives départementales du Finistère. C'est là le début de notre enquête.

Après investigation plus poussée nous trouvons l'évocation du document dans une étude intitulée « Le culte de la très sainte vierge dans le diocèse de Quimper » lors du Congrès Marial Breton tenu au Folgoat le 4 septembre 1913, avec cette précision que le défunt fait également un don du cire à la chapelle quimpéroise du Guéodet et l'église neuve de Locronan.

Et dans l'article « Étymologie et histoire de Locronan » du site Infobretagne.com, on retrouve le même document mentionnant ce don l’église neuve de Locronan, et là la cote est bien valide dans le référentiel actuel des archives : référence 2.G.94 folio 17. Et là on peut démarrer une analyse sur la pièce d'origine.

À ce stage de l'enquête, nous avons bien repéré et traduit le passage sur Kerdévot (cf fin du billet), mais nous sommes intéressés pour toute aide pour transcrire plus complètement le document, notamment sur les autres lieux concernés par le partage de l'héritage du défunt.

Le document démarre par la formule sacrée « In nomine sancti et judundui nuntatis patris et filii et spiritus sancti » (Au nom des saints et toutes nouvelles du père et fils et saint esprit).

Il s'agit du testament d'un dénommé « Johannes Monachi », c'est-à-dire Jehan Moyne ou Jean Lemoine. Monachus peut représenter soit un patronyme soit le statut ou profession de moine. Du fait de la terminaison en "i" (et non en "us"), la seconde hypothèse serait corroborée par le commentaire du chanoine Paul Peyron dans son étude du cartulaire de l'église de Quimper : « le nom de famille s'écrit toujours au génitif, ce qui permet de le distinguer du nom de baptême ou du qualificatif indiquant la profession. ».

Dans le chapitre "Fondations", page 348, Paul Peyron nous présente ainsi le document : « 1439. Johannes monachus, le Moine ou Manac'h, fonde un obit en l'église de Notre-Dame de la Cité, et donne par testament 2 livres de cire à l'église de Notre-Dame de Kerzevot en Ergué-Gabéric, et à l'église nouvellement érigée à Locronan en l'honneur de Notre-Dame. »

Notre-Dame de la Cité, en latin « Capella beate Marie de Civitate », ou chapelle Notre Dame du Guéodet, était une chapelle importante de la ville close de Quimper, et Paul Peyron parle d'obit ou fondation pour une messe anniversaire du défunt.

 
Datation 1439 : (anno Domini) millio CCCC° tricesimo nono

Pour Locronan, Johannes Monachus « lègue par testament à la fabrique du prieuré une rente de 10 sols monnoie, à charge d’une messe annuelle. Plus 5 sols monnoie à l’hôpital de Saint-Eutrope, et 2 livres de cire à l’église neuve de Notre-Dame », si l'on se réfère au site Infobretagne.com. L'église neuve est la chapelle Notre-Dame de Bonne-Nouvelle dite « Kelou-mad ».

En refaisant la transcription du passage relatif à Kerdévot, on ne peut que reprendre les termes du résumé de Paul Peyron, à savoir que le don est bien la fourniture de cire de cierges pour éclairer la chapelle et peut-être comme aujourd'hui pour y faire des vœux : « Item do volo et lego ecclesia sen capelle beate maria de Kerzevot in parochia de ergue gaberic duae ad librae cira » (Et ceci aussi je veux et lègue à l'église ou chapelle sainte Marie de Kerdévot en la paroisse d'Ergué-Gabéric deux livres de cire).

Fin du passage gabéricois : ... ergue gaberic duae ad librae cira

En fait le passage de Kerdévot est inclus dans un paragraphe indiquant deux autres dons équivalents de cire, ce d'une part à la nouvelle église de Locronan, et d'autre part à une autre chapelle mariale qui n'est pas identifiée.

Cette dernière aurait pu être la chapelle du Guéodet car une légende y fait état que, pour remercier la vierge d'avoir protégé le lieu de la peste, une procession était organisée les deux février de chaque année, et la bougie ne devait pas s'éteindre sous peine de voir la ville engloutie par les eaux. Peut-être que les cierges de Kerdévot étaient nécessaires aussi pour commémorer la victoire contre la peste d'Elliant !

En savoir plus : « 1439 - Testament de Johannes Monachus pour la cire de la chapelle de Kerzevot »

10 Cartographie communale historique

Billet du 14.10.2017 - Il y a quelques semaines l'IGN ou Institut Géographique National a mis à disposition sur son Géoportail des cartes historiques datant des années 1950 couvrant les communes de France, permettant l'analyse de l’évolution du territoire par rapport aux autres cartes disponibles.

Disponibles sur tout le territoire métropolitain, ces cartes topographiques colorisées à l’échelle 1:50000, sont issues des cartes d'état-major utilisées à la seconde moitié du 19e siècle et au début du 20e.

Le modèle utilisé pour Ergué-Gabéric est la carte non colorisée mise à jour dans les années 1920. Les voies de communications et les emplacements de hameaux y sont identiques, les routes de Coray et Langolen étant déclarées de grande circulation en 1950. Les hachures pour le relief sont reprises de la carte de 1920, avec en 1950 un degré de précision accentuée et l'ajout de courbes de niveaux (dont celle en gras pour les 100m au dessus de la mer).

On trouvera dans l'article de présentation une carte interactive couvrant le territoire communal.

Sur le territoire gabéricois les six couleurs utilisées sont :
Image:Square.gif noir : chemins vicinaux secondaires ou principaux, hachures pour le relief, habitations, église, chapelles, calvaires.
Image:Square.gif rouge : routes de grande circulation.
Image:Square.gif bleu : cours d'eau, ruisseaux et rivières.
Image:Square.gif vert : bois et forêts.
Image:Square.gif marron : courbes de niveau et indication 100m s/ mer.
Image:Square.gif violet : quadrillage de la carte.

En y regardant de plus près, certains détails pour trois quartiers représentatifs permettent de dater les deux précédentes cartes d'état-major déjà publiées sur le site GrandTerrier, à savoir 1860 pour la première et 1920 pour la seconde :
Image:Right.gif Bourg : le cimetière est déplacé à Pennarun sur les cartes de 1950 et de 1920 ; la ligne de chemin de fer est tracée sur les 3 cartes.
Image:Right.gif Lestonan : deux mentions du village de Lestonan, l'un près de Pen-Carn, l'autre près de Kerhuel, en 1920 et 1950, alors qu'en 1860 seul le premier y est indiqué ; canal de la papeterie d'Odet en 1950 et 1920.
Image:Right.gif Lenhesq : route de Coray détournées en 1950 et 1920, alors que la déviation est en projet en 1860.

 

La carte d'Etat-Major du 19e siècle, deuxième couverture cartographique complète de la France après la carte Cassini, est pour Ergué-Gabéric datée des années 1855-66 car le tracé de la ligne de chemin de fer y apparait et la gare de Quimper sera inaugurée en 1863 (une carte interactive est incluse dans l'article).

La carte d'Etat-Major du début du 20e siècle présente l'état de la voirie qui s'est étendu et amélioré par rapport à la situation de la carte précédente datées des années 1860 (cf la carte interactive de l'article).

La carte en question est légèrement différente de celle de 1860, notamment sur l'état de certaines voies de communication comme dans le quartier d'Odet, représentées par un trait dédoublé, alors que sur la carte de 1860 il y a un trait simple indiquant un chemin vicinal secondaire.

De plus contrairement à 1860 une seconde mention du village de Lestonan a été indiquée plus au nord au niveau de Kerhuel. Et enfin, toujours à Odet, le tracé du canal d'amenée réalisé vers 1875-80 y est dessiné et le village de Stang-Venn a été ajouté. Elle fait aussi apparaître le cimetière de Pennarun alors que les travaux et le transfert des tombes de l'église paroissiale ne furent achevés qu'en 1922.

Les 3 cartes : « Carte communale 1:50000 aux 6 couleurs des années 1950 » ; « Carte d'Etat-Major de la voirie et du territoire communal mise à jour dans les années 1920 » ; « Carte d'Etat-Major au 1:40000 et en couleurs établie dans les années 1860 »

11 Les Blancs et les Diables Rouges

Billet du 07.10.2017 - Pierre-Jakez Hélias dans son « Cheval d'Orgueil » raconte l'histoire de ces « Blancs » de Tréguennec qui avaient remporté une « brillante victoire contre les diables Rouges. Ils en sont venus à bout, du vieux Satan ... », lequel est Le Bail de Plozévet, l'ennemi juré d'Auguste Chuto.

Le quêteur de mémoire Pierrick Chuto n'a pas connu son grand-père Auguste qui, dans sa famille, a laissé le souvenir de quelqu'un qui avait vécu par et pour la religion. Par désir de comprendre tout le non-dit de la mémoire familiale, Pierrick a écumé les archives de l'époque et a déjà publié un premier tome « IIIe République et Taolennoù » de chroniques éclairantes sur la période allant de 1880 à 1905.

Ici c'est la suite et on découvre que la séparation des églises et de l'état républicain a laissé des plaies vives et douloureuses dans toute la région de Cornouaille pendant près de 20 années. La sortie officielle de ce second tome est le 29 octobre, le jour du salon de l'histoire locale à Rosporden, mais dans l'intervalle il est possible de souscrire aux conditions décrites dans le bulletin ci-dessous.

Image:Right.gif Bulletin de souscription.

À retourner à : Association de Saint-Alouarn. 19, hameau de Porrajenn. 29700 Plomelin

1 exemplaire dédicacé : 18 € + 3 € (participation aux frais d’expédition, si envoi par poste, soit 21 €)

Si paiement par carte bancaire (système sécurisé Paypal) allez sur le site : http://www.chuto.fr

Si les états d'âme d'Auguste y sont toujours bien analysés, l'auteur s'efforce de présenter aussi les idées et les actions du clan adverse, ainsi que les enjeux sociaux et politiques au niveau régional et national. Car la réalité est complexe en 1906-1924, surtout dans ce pays cornouaillais incluant les communes côtières et les paroisses rurales et agricoles.

Auguste, agriculteur propriétaire à Kerviel en Penhars, sillonne les pardons et manifestations contre les inventaires des églises et il s'exprime vivement dans les journaux. Surnommé « Aogust, an tagnous » (Auguste, le teigneux) par ses adversaires, il intervient publiquement, très souvent dans sa langue maternelle, qu'il maitrise évidemment.

Sans relâches, on le retrouve à Pont-l'Abbé, Pouldreuzic, Loctudy, Bénodet ..., mais aussi bien sûr dans le canton de Quimper, défendant les intérêts catholiques et conservateurs, et invectivant les républicains laïcards de gauche. Pour ce qui concerne Ergué-Gabéric, où il trouve des soutiens dans les manifestations d'oppositions catholiques, on pourrait aussi énumérer de nombreux récits relatés dans le livre de 352 pages.

À titre d'exemple, on notera entre autres l'allocution publique d'Auguste en langue bretonne le dimanche 12 mai 1907 à un pèlerinage à la chapelle de Kerdévot :

 

«  M. Chuto, le conférencier breton dont le talent oratoire se passe désormais de tout éloge, a pris la parole devant un auditoire de 5000 personnes ... sous le charme de sa parole ardente, cinglante par moment pour les oppresseurs de la conscience française ... Les applaudissements nourris qui à chaque instant ont interrompu sa conférence lui ont montré qu'il avait été compris. »

En conclusion, bien que leurs origines familiales soient à l'opposé, les écrits respectifs de Pierre-Jakez Hélias et de Pierrick Chuto ont en commun de ne pas choisir tout à fait leur camp afin de mieux intégrer les autres ; la compréhension bienveillante des « Rouges » et des « Blancs » sont finalement leur héritage.

En savoir plus : « CHUTO Pierrick - Auguste, un blanc contre les diables rouges »

12 Kannadig aux couleurs d'automne

Billet du 01.10.2017 - « L'automne raconte à la terre les feuilles qu'elle a prêtées à l'été » Les "Aphorismes" de Georg Christoph Lichtenberg - Der Herbst, der der Erde die Blätter wieder zuzählt, die sie dem Sommer geliehen hat -

Que s'est-il passé cet été ? Nous avons tout d’abord lancé le sujet de la douceur du saint Gwennaël / Guinal fondateur, de son cantique un tantinet « naïf », et de sa future statue de granit dans la Vallée des Saints (le journal Le Télégramme a précisé son rang dans la liste des statues, ce sera la 115e !).

Ensuite on lira ce quiproquo qui illustre la fin de l’union sacrée qui prévaut à la fin de la grande guerre 1914-18: au nom de la morale le recteur réussit à interdire le bal patriotique des Poilus d’Ergué-Gabéric.

Après, c’est l’heure de se replonger dans la fête du centenaire de la papeterie d’Odet en 1922 au travers notamment du programme imprimé des festivités.

Du côté des manoirs, on s’est intéressé à celui de Pennarun à proximité immédiate du bourg et dont a retrouvé l’origine des héritiers au 17e siècle.

Et que penser de la relation entre les guérisseurs ou sorciers et la justice : Annick Le Douget en a fait le sujet de sa dernière étude et nous y détaille entre autres le cas d’un ancien maire gabéricois, guérisseur de la rage.

Pour ce qui concerne la période de la guerre 1939-45, nous avons essayé de comprendre le fonctionnement des tickets de rationnements grâces aux coupures de presse et aux souvenirs des anciens.

Au tout début du 20e siècle, le recteur de la paroisse a répondu avec un certain humour à une enquête diocésaine sur l’utilité du breton dans le cadre du catéchisme.

Le pardon de Kerdévot en 1911, c’était des caravanes de pèlerins, des processions, des cantiques et le chant du crédo royal.

En période médiévale, les trois cartulaires de Quimper, écrits en latin, sont bien utiles pour repérer le démembrement de la grande paroisse d’Ergué au 13e siècle.

Les commerces du bourg, au nombre de 14 dans les années 1940, ont été localisés pour vous, sur plan et sur photo.

 

Et enfin pour finir ce bulletin, nous vous re-précisons notre projet phare de début 2018, le lancement des annales : « an histor hervez ar reiz eus ar bloazyou » (histoire de ce qui s'est passé chaque année).

Lecture en ligne du bulletin trimestriel, avec fichier pdf pour l'impression en recto-verso : « Kannadig n° 39 Octobre 2017 »

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