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Les billets hebdos de l'actualité du GrandTerrier

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Chaque semaine, un nouveau billet annonçant un ou plusieurs articles sur le site GrandTerrier.

Une compilation des billets est publiée en fin de trimestre sous la forme des chroniques du Bulletin Kannadig.

Anciens billets hebdos : [Actualité, archives]

Les anciennes affichettes : [Accroches à la une]

Modifications d'articles : [Journal des MàJs]


Sommaire

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1 Une fille de mauvaise vie

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03.06.2023 - Cette semaine une requête adressée en 1791 au Directoire du District de Quimper par les représentants de la municipalité d'Ergué-Gabéric.

Ces documents conservés aux Archives Départementales du Finistère sous la cote 12 L 4, comprenant une pétition communale et les réponses des autorités révolutionnaires, constituent un véritable morceau d'anthologie.

Le 14 mai 1791, les conseillers de la commune nouvellement créée formulent une pétition auprès des instances administratives révolutionnaires pour se plaindre des agissements d'une fille de mauvaise fréquentation : « 1° Elle n'est pas originaire de notre paroisse, 2° elle a la vérole, 3° elle se lave dans neuf fontaines dans la persuasion de se guérir, superstition, elle est de mauvais exemple, elle a fréquenté les soldats, elle a eu un enfant.  »

À la réception de la requête signée par Jérôme Kergourlay, premier maire de la commune, le Directoire du District de Quimper se prononce pour « enjoindre à la fille de se retirer incessamment de la dite paroisse, et au cas qu'elle y reparaisse, à la faire arrêter et conduire aux prisons de cette ville », au nom du principe de « la liberté qu'a incontestablement toute communauté de chasser de son sein les individus qui n'ayant aucun titre à son assistance, lui paroitroient dangereux. ».

La grande vérole dont est atteinte la prostituée est la syphilis, également synonyme de maladie vénérienne. In fine, craignant que l’intéressée ne communique à tout le canton le mal dont elle est atteinte, le Directoire décrète « qu'à la diligence du maire et procureur de la commune de la municipalité d'Ergué-Gabéric, la fille dont il s'agit sera incessamment appréhendée et conduite aux prisons de Quimper et ensuite transférée au frais de l’État à l’Hôpital vénérien de la ville de Brest pour part les gens de l'art, les remèdes convenables, lui être administré, jusqu'à parfaite guérison, et ensuite renvoyé à la municipalité de droit ».

L'hôpital militaire de Brest est bien chargé au 18e siècle du traitement anti-vénérien en Cornouaille et Léon. En 1763 le chirurgien-major M. de Montreux rapporte à son Ministère y avoir traité avec succès des centaines de Vénériens, ceci grâce aux dragées de Jean Keyser. Ces dernières sont en fait des pilules d'acétate de mercure et d'amidon dont la formule est vendue par son inventeur au gouvernement français en 1772.

 


On ne sait pas si la fille vénérienne d'Ergué-Gabéric, guérie de son mal, a finalement élevé son enfant, évité les mauvaises fréquentations et oublié la haine des gabéricois qui l'ont rejetée comme une étrangère : « Elle n'est pas originaire de notre paroisse ».

En savoir plus : « 1791 - Requête municipale contre une fille de mauvaise vie »

2 Journal paroissial de 1956-57

27.05.2023 - Document conservé aux Archives diocésaines de Quimper et de Léon (2P51/1) illustrant une évolution en préparation du catholicisme.
*NEWS*NEWS* Le nouveau site Internet du GrandTerrier se prépare dare-dare : doté d'un moteur hybride ordinateur-smartphone, il est visible derrière l'adresse grandterrier.bzh, en attendant le transfert de tous les articles de grandterrier.net pendant la trêve estivale. Qu'en pensez-vous ?

Huit pages manuscrites et quatre petites coupures de presse pour les 13 premiers mois du recteur Pierre Pennarun, né à Briec en 1904 et nommé prêtre en 1934.

Ce qui est marquant dans ce journal, c'est le constat de l'évolution de la liturgie catholique : « L'office du soir a lieu en français. Tous ont un feuillet entre les mains. Les prières ne sont-elles pas faites pour que tous les comprennent et y participent ? ... Le jeudi, la messe est célébrée face au peuple au milieu de la nef. ».

L'adaptation de l'Église aux besoins du temps présent sera confirmée en 1962 par le concile Vatican II, mais déjà en 1957 le rite tridentin qui consiste à dire la messe en latin en restant dos aux fidèles est remis en question.

Le recteur se permet même de critiquer certains confrères : « Avant le salut, M. l'abbé Queinnec curé de Briec s'adresse aux pèlerins dans un style trop relevé ». Mais il adresse aussi des reproches à ses paroissiens : « Les habitants d'Ergué-Gabéric manquent d'esprit paroissial, de sens communautaire » ; « La messe est mal suivie. La plupart y semblent passifs. L'on se tient le plus loin possible de l'autel, le long des murs ou derrière les piliers. »

Il semble agacé du côté pingre des participants des cérémonies religieuses, avec une tentative de trait d'humour : « Pour permettre à ces indigents de donner aussi leur pièce de 5 francs aux quêtes extraordinaires, M. le Recteur a proposé de faire une collecte en leur faveur. Il aurait pu y donner suite, car la grenaille continue d'arriver.  »

Les autres évènements marquants sont :

Image:Space.jpgSon arrivée le 3 juillet et son installation solennelle le 15 juillet : « 50 à 60 voitures lui font escorte jusqu'au bourg ».

Image:Space.jpgLe grand pardon pluvieux de Kerdévot en septembre 1956.

Image:Space.jpgL'arrivée de 100 chaises neuves en février 1957 et d'une grande armoire pour les bannières adossée à l'orgue de l'église paroissiale.

  Image:Space.jpgDeux nouvelles classes à l'école Ste-Marie de Lestonan en mars "offerte" par la famille Bolloré : « La bénédiction en a lieu dans l'intimité en présence de la famille bienfaitrice, de la maîtrise de l'usine et des seuls parents des élèves. ».

Image:Space.jpgLe remplacement du catafalque « monument désuet, surmonté d'un baldaquin » par une jolie table en bois exotique d'iroko.

Image:Space.jpgLes pardons de St-Guénolé et de St-André en juillet., et celui de St-Eloi et de St-Christophe à Kerdévot en juin : « La bénédiction des chevaux eut lieu aussitôt après, devant la chapelle, en présence des statues de Saint Eloi et de Saint Christophe. »

Lors du pardon de St-Eloi de Kerdévot, la statue de St-Christophe commandée à Laouic Saliou, sculpteur sur bois gabéricois, a été exposée dans la chapelle de Kerdévot : « C'est une peinture polychrome au blanc de Meudon et aux terres naturelles. La tunique est rouge, le manteau est bleu foncé, la ceinture et la bourse du Saint. Le globe et le col de l'Enfant Jésus est doré à la feuille d'or. Saint Christophe a le pied droit sur la rive du fleuve et le le pied gauche est encore dans l'eau. »

C'est le recteur Gustave Guéguen qui avait commandité la réalisation de cette statue. Mais où est-elle aujourd'hui, est-elle partie en voyage ? Elle n'est plus à Kerdévot a priori, un appel est lancé pour la retrouver, avec l'aide requise du saint patron des voyageurs.

En savoir plus : « 1956-1957 - Journal paroissial du recteur Pierre Pennarun »

3 Journal paroissial 1914-1938

20.05.2023 - Transcription intégrale du journal paroissial de Louis Pennec conservé aux Archives diocésaines de Quimper (2P51/1). Les semaines à venir on complétera par les 82 et 8 pages rédigées par les recteurs Gustave Guéguen (1941-1956) et Pierre Pennarun (1956-57).

Louis Pennec, natif de Port-Launay, est installé comme recteur d'Ergué-Gabéric le 3 mars 1914 et y reste pendant 24 ans jusqu'à l'été 1938.

Les caractéristiques et faits marquants de son ministère, tels qu'on peut les comprendre via les 5 pages de son journal paroissial :

Image:Space.jpgL'activité du recteur et de ses trois vicaires est mesurée annuellement par les chiffres, à savoir essentiellement le nombre de baptêmes, de mariages et d'enterrements.

Image:Space.jpgDans les années normales on compte une moyenne de 40-70 baptêmes (en bleu sur le graphique ci-contre), 25 mariages (en rouge), 30 décès (en gris).

Image:Space.jpgLes 5 années de guerre en 1914-1918 sont particulières : très peu de mariages (qui reprennent fortement dès 1919), une chute du nombre de baptêmes (le taux de natalité restera haut à partir de 1920, puis rebaissera en 1930) et une mortalité plus forte (accentuée par le comptage à part des « morts à la guerre », en noir sur la courbe).

Image:Space.jpgPendant la guerre seul le recteur reste actif, les vicaires et le bedeau étant mobilisés. Heureusement « Laurent Le Gall, comptable à Odet et retenu par ses obligations, rendit de grands services à la paroisse comme chantre et comme organiste bénévole. »

Image:Space.jpgCertains grands évènements marque la vie religieuse paroissiale : les confirmation données par Monseigneur Duparc ou Cogneau (378 enfants en 1920, 220 en 1924 ...), une grande mis-

 

sion avec 2000 communiants en 1922, une mission lors du jubilé marial de 1938 ...

Image:Space.jpgLes noms des notables gabéricois sont notés lors des élections comme conseillers paroissiens ou les parrainages de confirmation : les Le Roux de Mélennec, Nédélec de Lezergué, Danion de Saint-Joachim, les Le Guay mère et fille de Kerampensal, M. et Mme Mme Charruel du Guérand d'Odet, Jérôme Quelven de Garsalec, Hervé Le Goff de Sulvintin, Yves Mahé de Kerdévot, Rose Riou de Tréodet, Monsieur Bolloré (remplacé par son comptable Laurent Le Gall), Pierre Tanguy de Kerellou, maire.

Image:Space.jpgFin 1922 bénédiction d'un nouveau cimetière au bourg : « La première personne qui y fut inhumé ce fut le 19 décembre : Mme Louise Troalen du Bourg, femme Daoudal. »

Image:Space.jpgEn enfin la grande fête de 1922 pour les papeteries Bolloré : « Cette même année l'Usine d'Odet fêta le Centenaire de sa fondation, 8 juin. »

En savoir plus : « 1914-1938 - Journal paroissial du recteur Louis Pennec »

4 Guinal-Louis-Marie et Corentin-Marie

13.05.2023 - Certificat de bénédiction des cloches en 1837 (Arch. diocésaines) et devis de reconstruction (Arch. départ.) après le passage d'une tornade.

Les dégâts matériaux occasionnés par la tornade de février 1836 ont été considérables : « Ce clocher de forme pyramidale a été renversé et sapé jusqu'à sa base ». La tempête n'a laissé aucune chance de survie aux deux cloches : « L'une des cloches a été brisée en plusieurs morceaux, la seconde est fendue de manière à ne rendre aucun son ».

Et le devis de reconstruction d'avril 1836 précise également que « Les deux cloches brisées seront refondues ». Ce qui fut fait en cours d'année 1837 avec la remontée des cloches sur leur nouveau clocher dessiné par l'architecte Joseph Bigot.

Le document manuscrit attestant de la cérémonie de bénédiction le 12 décembre 1837 est à la première personne du singulier : « j'ai béni deux cloches », et est signé « Le Roux, Recteur ». Yves Le Roux, recteur gabéricois pendant 26 ans de 1822 à 1848, précise qu'il l'a fait avec « l'autorisation de Monseigneur l'Evêque de Quimper ».

Quatre autres personnes, à savoir les parrains et marraines des cloches, signent le certificat, formant une représentation des deux instances politiques (conseil paroissial de la fabrique et municipalité), une localisation sur 4 villages répartis sur l'ensemble du territoire et bien sûr un quota égalitaire hommes/femmes  :
Image:Space.jpgLouis Le Roux, agriculteur à Kerelou et trésorier du conseil de fabrique, parrain de la 1ère cloche
Image:Space.jpgMarie Anne Feunteun, cultivatrice à Creac'h-Ergué et mariée à Louis Le Roux en (3e noces), marraine de la 1ère cloche.
Image:Space.jpgRené Corentin Laurent, agriculteur à Squividan et maire de la commune de 1824 à 1846, parrain de la 2e cloche.
Image:Space.jpgMarie Jeanne Gouzien, agricultrice à Kerdévot et mariée à Jean Mahé, marraine de la 2e cloche.

Les caractéristiques des cloches sont indiquées par le recteur :
Image:Space.jpgleurs poids respectifs : 478 livres pour la première (239 kilos), 400 pour la seconde (200 kilos). À noter que dans le devis les poids étaient estimés à 260 kilos chacune.
Image:Space.jpgleurs noms de baptême complets, à savoir :
Guinal Louis Marie, « en l'honneur de saint Guinal » (patron de la paroisse), avec l'ajout des prénoms du parrain (Louis) et de la marraine (Marie).
Corentin Marie, « en l'honneur de la sainte vierge » avec le 2e prénom du parrain (Corentin) et le 1er de la marraine (Marie).

 

Le devis d'avril 1836 précise le prix d'acquisition des cloches à hauteur de « 1,90 fr le kilo en matière fondue », soit 494 francs pour chacune, sur un total de 7486 francs pour l'ensemble des travaux de reconstruction du clocher.

Le conseil de fabrique avait demandé pour tous ces travaux une aide substantielle au roi Louis-Philippe dans une supplique rédigée en langue bretonne (cf article séparé). Mais la valeur du don sur les fonds d'état ne s'est élevée qu'à 500 francs de secours, soit l'équivalent d'une des deux cloches. Le conseil général du département cotisera aussi pour le même montant, soit la valeur de la 2e cloche. Mais pour les 6500 francs restants il faudra puiser dans les caisses de la fabrique et de la commune et compter sur les dons des habitants.

En savoir plus : « 1837 - La bénédiction des nouvelles cloches de l'église St-Guinal » et « 1837 - Lettre en breton de paroissiens gabéricois à leur roi Louis-Philippe »

5 Contrôle des débits de boissons

06.05.2023 - Source documentaire : cote 2 O 792 aux Archives départementales du Finistère en Série O (administration et comptabilité communales).

Il s'agit précisément d'une lettre adressée le 18 octobre 1844 par le maire René Laurent sollicitant la validation d'un règlement de police des débits de boisson dont le texte, sous la forme d'une affiche appelée à l'époque « placard » est joint.

En cette année 1844, il y a sur le territoire communal quinze établissements vendant des boissons alcoolisés, si l'on en croit le nombre de placards devant être « distribués à chaque caberetier ».

En 1836, pour 2025 habitants, neuf cabaretiers sont déclarés sous cette appellation dans le recensement officiel : François Ascoët à Pen carn Lestonan, Laurent Douguet à Gadigou (route de Coray), Pierre Peron au Bourg, Jacques Calloc'h au Bourg, Hervé Auffret au Bourg, Yves Taboret au Bourg, Toussaint Caugant à Gars halec, Jean Caugant à Lenhesk et Yves Auffret à la Croix-Rouge. Mais les cabarets ou auberges supplémentaires sont très certainement aussi ouvertes dans d'autres commerces, à l'instar des forgerons ou des cordonniers, et ce dans les villages un peu excentrés comme Saint-André, St-Guénolé, Lostarguillec, Kerdévot.

En 1868, une enquête diligentée par le ministre de l'intérieur sur le développement de l'ivrognerie en France donne les chiffres suivants pour le département du Finistère : « Il y a dans le département 5806 débits de boissons, c'est à dire un pour 114 habitants [....] Pas une commune n'est exempte de ce fléau. Un homme sobre est une exception. Dans les classes élevées, on s'inquiète. Les propriétaires surtout qui voient leurs champs délaissés pour le cabaret ».

Pour ce qui concerne Ergué-Gabéric, le nombre de débits de boisson par rapport à la population est proche de cette moyenne nationale en 1836-1844, soit un café pour 135 habitants (15 pour 2025), bien que la population soit très rurale et éclatée sur tout le territoire communal.

 
D'où la nécessité pour la municipalité de lutter contre les dérives des débits de boissons en rédigeant un règlement de police comme forme de placards ou affichettes à apposer dans ces lieux de perdition.

Après ces premiers affichages, la préfecture du finistère généralisera cette action préventive à tout le département en publiant des « arrêtés contre l'ivrognerie ». Ainsi cette affiche du préfet Richard en 1859 (cf. ci-contre, ADF 4M68).

Mais autant le texte préfectoral est plutôt sommaire, la seule interdiction étant de servir jusqu'à l'ivresse, la version gabéricoise de 1844 est bien plus contraignante  :

Image:Space.jpgLe premier article interdit carrément l'ouverture des bars pendant les messes, dimanches et jours de fête. Ces jours-là « Il est interdit à tous cabaretiers de cette commune, de donner à boire à qui que ce soit  ».

Image:Space.jpgSont exclus des établissements à toute heure, conformément à l'article 2, les enfants au-dessous de seize ans, « à moins qu'ils n'accompagnent leurs auteurs ou tuteurs », les vagabonds, les filles publiques et « les gens dans l'ivresse ».

Image:Space.jpgLes horaires doivent être strictement respectés, surtout en soirée : ouverture après 4 heures du matin et fermeture avant 8 heures du soir (7 heures en hiver).

Image:Space.jpgLes autres règles administratives sont de disposer « d'une enseigne distincte où son nom sera écrit en caractères bien lisibles » (article 4), de faire une déclaration à la mairie pour toute ouverture ou déménagement (article 5), de « débiter des boissons falsifiées » (article 6), et de respecter toutes les mesures légales (article 7).

Image:Space.jpgEt enfin, un article 8 de politique familiale et de lutte contre l'alcoolisme : « Il est enjoint aux cabaretiers de livrer à la première réquisition des pères, mères et tuteurs les personnes réclamées par ces derniers. »

En savoir plus : « 1844 - Placards réglementaires pour les cabarets gabéricois »

6 Dévotion, dons et miracle

29.04.2023 - Un journal paroissial pour la période 1862 à 1870 conservé aux Archives Diocésaines (2P51/1) et rédigé par le recteur Guillaume Jézéquel.

Journal de la fabrique d'E.-G. à partir du mois d'août 1862, époque de l'arrivée de Mr Jézéquel comme Recteur dans cette paroisse.
Journal de la fabrique d'E.-G. à partir du mois d'août 1862, époque de l'arrivée de Mr Jézéquel comme Recteur dans cette paroisse.
Le journal démarre par l'année de l'installation du recteur desservant et énumère entre autres toutes les acquisitions d'objets de culte pendant son ministère pour s'achever en 1870, soit 8 ans avant son départ de la paroisse.

Ces objets religieux sont une croix de procession et de pardon, des ornements noir et blanc pour les enterrements, une bannière de procession, un ciboire, un pavillon de ciboire, une conapée, une vierge et son piédestal, un harmonium à Kerdévot, un autel neuf à St-Guénolé ...

Les prix des achats et des travaux sont consciencieusement notés, ainsi que tous les noms des donateurs et des donatrices. Notamment en 1869-70 pour financer la réfection de lambris et des peintures de l'église du bourg, les travaux ayant déjà commencé : « Les paroissiens voyant que les réparations leur plaisaient ont voulu contribuer à les payer. »

On constate d'ailleurs que les femmes sont plus nombreuses et généreuses que les hommes. Parmi les noms cités dans les 4 longues listes de bienfaiteurs on notera :

Image:Space.jpgL'implication de l'usine papetière d'Odet : Mademoiselle Le Marié, fille du fondateur et religieuse, donne en 1864 et 1869, Le Marié et Bolloré s'associent en 1869 pour un don important, Mme Bolloré René en 1864, la belle famille de Pontois associée à Le Marié, et 4 autres familles dites « du moulin à papier ».

Image:Space.jpgLe nom du recteur Jézéquel et du vicaire Emily apparaissent aussi comme donateurs individuels.

Image:Space.jpgLe maire Joseph Le Roux de Lezouanac'h donne aussi, ainsi que Jean-Marie Nédélec, figure de Lezergué, et le futur maire Hervé Le Roux du Mélennec.

 
Rapport adressé à Monseigneur l’Évêque de Quimper et de Léon le cinq septembre 1867, relativement à une guérison subite et extraordinaire obtenue par l'intercession de Notre Dame de Kerdévot le 2e dimanche de septembre, jour du Grand pardon en l'année 1849.
Rapport adressé à Monseigneur l’Évêque de Quimper et de Léon le cinq septembre 1867, relativement à une guérison subite et extraordinaire obtenue par l'intercession de Notre Dame de Kerdévot le 2e dimanche de septembre, jour du Grand pardon en l'année 1849.

Mais l'évènement le plus marquant pour le recteur est la lettre envoyée à l'Evêché en 1867 pour demander une officialisation de miracle au Grand pardon de Kerdévot en 1849 : la guérison subite et extraordinaire d'une fillette muette depuis 4 ans.

Le déroulé de l'histoire est le suivant :

Image:Space.jpgMarie-Anne Jaouen, une fillette d'un village d'Edern restée muette suite à une maladie pendant 4 ans, vient à cheval avec ses parents au pardon de Kerdévot.

Image:Space.jpgLe père fait la promesse d'offrir à la chapelle le prix de vente du cheval si sa fille y retrouve la parole.

Image:Space.jpgAu second son des Vêpres, le père, voyant que sa fille est toujours muette, lui dit qu'il était temps de partir, et alors l'enfant répond qu'ils étaient encore dans les temps.

Image:Space.jpgLe recteur de la paroisse d'Ergué-Gabéric, monte en chaire après vêpres et raconte ce qui vient de se passer, et sa guérison est confirmée dans les mois et années qui suivent.

Image:Space.jpg18 ans après, le vicaire de Briec fait son enquête et prend sa plume pour signaler le miracle. Mais a priori Marie-Anne Jaouen n'a pas été béatifiée pour autant !

Si l'on en croit également l'ancien cantique de Kerdévot, rédigé en breton en 1712, les bienfaits de Notre-Dame de Kerdévot ont été nombreux, notamment de ramener à la vie les noyés ou les morts à la guerre, de guérir les malades de tous les maux, de retrouver les objets volés, d'assister juridiquement, d'aider les mères, et bien sûr de redonner la parole aux muets : « Dre ho craç, Guerc'hes santel, en deus bet or prezec » (strophe 39, "Par votre grâce, Vierge Sainte, elle a retrouvé l'élocution").

Deux articles détaillés pour en savoir plus : « 1862-1870 - Journal paroissial du recteur Guillaume Jézéquel », « 1849 - Une guérison subite et extraordinaire au grand pardon de Kerdévot »

7 Relance papetière en 1944-49

22.04.2023 - Transcriptions d'articles du journal Ouest-France pour relater le redémarrage des activités papetières dans les usines d'Odet et de Cascadec.

Henri Le Gars, ayant commencé sa carrière dans l'entreprise Bolloré en 1939, a déjà raconté l'arrêt de la production à Odet et le maintien au ralenti de la fabrication dans l'usine sœur de Cascadec : « En 1941 quand l'usine d'Odet s'est arrêtée, tous ceux qui étaient au mois ont pu rester pendant 4 ans, payés à ne rien faire, en vacances en quelque sorte. Ceux qui étaient payés à l'heure ont été tous débauchés. » Il a témoigné aussi, pour y avoir participé, de la façon dont la production est repartie sur les deux sites.
Les articles collectés dans le journal Ouest-France de 1944 à 1949 confirment aussi des difficultés de trouver des matières premières (charbon, produits chimiques, chiffons), notamment ce reportage complet paru le 23 septembre 1946 : « La production industrielle a donné à M. Bolloré, directeur des usines d'Odet, avis de l'attribution de charbon, en quantité suffisante pour permettre une exploitation tout à fait normale. »

C'est le résistant François de Menthon, ministre de l’Économie nationale, en visite officielle à Cascadec-Odet en ce mois de septembre 1946, qui a permis cette attribution de charbon et accéléré la reprise d'activité.

Une démarche administrative interne a aussi été nécessaire, car le patron historique René Bolloré est décédé en 1935 et ses fils n'ont pas vraiment pris avant-guerre les rênes de l'entreprise. La veuve de René Bolloré, remariée en 1940 au chirurgien André Soulas, en est restée la gérante.

L'avis Ouest-France de septembre 1944 officialise la passation des pouvoirs au fils aîné René-Guillaume : « Par décision de l'Assemblée générale de la Société à responsabilité Les Papeteries René Bolloré, dont le siège social est à Odet commune d'Ergué-Gabéric (Finistère), réunie le 30 août 1944, M. René-Guillaume BOLLORÉ est nommé Gérant de la dite Société pour une durée de 5 années en remplacement de Mme SOULAS, démissionnaire. »

Deux augmentations de capitaux ont été aussi nécessaires en décembre 1946 (de 23 à 65 millions de francs) et en juillet 1949 (180 millions) pour « Les Papeteries René BOLLORÉ », toujours organisée en Société à responsabilité limitée.

Les chiffres de production sont représentatifs de la période : la production annuelle de papier des deux usines est de 3.800 tonnes en 1938, moins de 1.000 tonnes de 1941 à 1945, 2.000 en 1946 et 3.000 en 1947. Il y avait seulement 50 employés à Odet de 1941 à 1945, pour atteindre en 1947 : 350 à Odet et 650 à Cascadec.

 

Et enfin, grâce au don d'une paroissienne (Mme Le Roux de Mélenec), des tableaux des stations du chemin de croix sont achetés à l'officine En 1948 et 1949 les journalistes rencontrent et citent régulièrement Gwenaël Bolloré, le directeur général des usines, son frère René-Guillaume étant basé à Paris. Et notamment lorsqu'il organise pour la première fois en avril 1948 le tournoi de football des deux papeteries sur le terrain d'Odet.

Et il est aussi en position de négociateur face aux grèves de la C.G.T. à la fin 1939 à Cascadec. Il faut dire que ce syndicat s'était déjà penché sur le sort des vieux en organisant une souscription en novembre 1946. Trois ans après, les revendications sont salariales, notamment le rehaussement des primes de logement, de rendement et de panier. Des arrêts de travail ont lieu au service de façonnage à Cascadec, alors qu'Odet ne connaît aucune action de ce genre.

Les journalistes d'Ouest-France notent une progression du syndicat concurrent C.F.T.C. lors des élections syndicales des années 1947 et 48. Le journal appelle même à la fin du conflit et fait paraître une mise au point de la Direction sur les avantages déjà accordés au personnel papetier. La C.G.T. de Cascadec se résoudra à une reprise normale du travail en décembre 1949.

En savoir plus : « Le redémarrage des papeteries Bolloré après-guerre, Ouest-France 1944-1949 »

8 Recteur de paroisse de 1909 à 1913

15.04.2023 - Un document conservé aux Archives diocésaines de Quimper (2P51/1) : facsimilés et transcriptions complètes dans l'article détaillé.

Les 11 pages de ce journal rédigé par le recteur Louis Lein entre 1909 et 1913 constituent le début d'un imposant registre conservé aux Archives Diocésaines, lesquelles pages sont suivies de celles de ses trois successeurs jusqu'en 1957.

Voici les 23 points qui forment le rapport rédigé par le recteur pour ses 5 ans de ministère à Ergué-Gabéric :
1-2. Installation à la mi-août 1909 (journal "La résistance") et pardon de Kerdévot en septembre ("Progrès du Finistère").
3-4 Changement de vicaire fin 1909 et farce des cloches.
5-6. Les cabinets d'aisance et le gaz acétylène au presbytère.
7. Le pardon de Kerdévot de septembre 1910.
8. Travaux, ostensoir et réfection du clocher de St-Guénolé.
9-10. Le pardon de Kerdévot de 1911 et Adoration.
11. La Confirmation des enfants présidée par René Bolloré en mai.
12. L'érection de la Fraternité de Ste Apolline le 13 août 1911.
13. Le baptême de René-Guillaume Bolloré en janvier 1912.
14. Des baptêmes sans cloches faute d'ondoiement.
15. L'affaire des horaires de messe à Odet en septembre 1912.
16-17. Un vicaire malade et la statue de sainte Jeanne d'Arc.
18-21. Réaménagements et travaux à l'église paroissiale.
22-23. Nouveau vicaire et chemin de croix Vaucouleurs.

La période en question est relativement calme d'un point de vue ecclésiastique, par rapport à la décennie précédente marquée par la Loi de Séparation des Eglises et de l'Etat, et notamment les affaires des inventaires et des expulsions des religieuses congrégationnistes.

Entre 1909 et 1913 l'actualité paroissiale est faite de grandes cérémonies religieuses et de pardons, de travaux d'aménagements (horloge et dalles de St-Guinal, clocher St-Guénolé) et d'acquisitions (ostensoir, tableaux du chemin de croix) et d'organisation du travail des vicaires envoyés trop souvent dans les chapelles excentrées : « le Docteur Renault ayant déclaré qu'il pourrait difficilement (qu'il lui serait même impossible de) continuer son service au Grand Ergué, à cause des courses si fréquentes aux chapelles, Mr Courtès demanda une place moins fatigante. ».

Il y a aussi les exigences de services religieux auprès de la famille Bolloré à Odet. L'entrepreneur René Bolloré fait baptiser son fils aîné à Odet avec l'autorisation spéciale de l'évêque. De même ce sont les services épiscopaux qui tranchent sur la demande de changement d'horaires de messe et de confessions dans la chapelle privée : «  Monseigneur crut bon d'accorder à Mr Bolloré que les vicaires d'Ergué-Gabéric iraient à tour de rôle confesser à Odet la veille du 3e dimanche du mois ».

  L'aménagement intérieur de l'église paroissial occupe bien le recteur, que ce soit pour les déplacements de statues et le dallage du sol. Lors de ces derniers travaux les maçons découvrent des os enfouis et des pierres armoriés de pierres tombales : « Monsieur le Recteur avait pensé qu'il fallait les conserver ; mais réflexion faite et les dalles manquant pour achever le pavé » il demande finalement au maçon Jean-Marie Quéré de les placer à l'envers près du confessionnal.
Un des tableaux du chemin de croix de Vaucouleurs acquis en 1913
Un des tableaux du chemin de croix de Vaucouleurs acquis en 1913

Et enfin, grâce au don d'une paroissienne (Mme Le Roux de Mélenec), des tableaux des stations du chemin de croix sont achetés à l'officine quimpéroise d'art sacré : « Le ___ Septembre 1913, a eu lieu la bénédiction à l'église paroissiale d'un nouveau chemin de croix en terre cuite, acheté chez Monsieur Pêche, de Quimper, et sortant des ateliers de Monsieur Pierson, Vaucouleurs ».

La date précise est omise ci-dessus, comme beaucoup d'autres dans le journal paroissial, afin d'être complétée par la suite après rédaction. Mais manifestement le recteur n'eut pas le temps nécessaire à une mise à jour, car en mars 1914 il était nommé à Plougourvest dans le Nord-Finistère et un nouveau recteur était installé à Ergué-Gabéric.

En savoir plus : « 1909-1913 - Journal paroissial du recteur Louis Lein »

9 Bulletin Kannadig printanier

Billet du 07.04.2023 - Au sommaire de ce numéro : Un centenaire fringant, une montre militaire, une première école communale, un mariage sans père, un grand banquet de noces, des classes d'enterrements, un clocher reconstruit deux fois, ... et un projet de refonte du site Internet.

En janvier dernier, Henri Le Gars a fêté ses 100 ans : c’est l’occasion pour nous de lui consacrer deux articles.

L’article suivant fait le point sur les différentes transcriptions, identifications et revenus des participants nobles d'Ergué-Gabéric à la montre militaire de 1481.

Ensuite on refait l’histoire de l’ouverture de la première école communale et de son premier instituteur, un jeune prêtre qui partira en mission aux États-Unis.

Comme à l’accoutumée chaque trimestre, on n’échappe pas aux lectures et critiques du paysan bas-breton Jean-Marie Déguignet, en l’occurrence à propos des journaux de la période 1870-1905.

Les trois articles qui suivent sont alimentés par des revues de presse, des photos de groupe ou des affiches :

Image:Space.jpgUn mariage en 1893 avec usurpation d’identité du père du marié.

Image:Space.jpgUn grand banquet de noces en 1932 et des photos des participants à identifier.

Image:Space.jpgDes affichettes de tarification des cérémonies religieuses de la 1ère à la 5ème classe.

Pour conclure ce bulletin, l’histoire de la chute foudroyante et de la double reconstruction du clocher de la chapelle de St-Guénolé, en 1910 et en 2000.

Et enfin une grande annonce pour les mois à venir : le site Internet grandterrier.net ou .bzh va subir une opération chirurgicale, l’objectif étant de pouvoir être consulté depuis un téléphone connecté tenu en main à la verticale. Cela se fera en deux étapes : jusqu’en juin prochain, création du nouveau site, et ensuite, pendant l’été 2023 basculement de tous les articles sous la nouvelle présentation.
 

Image:square.gifImage:Space.jpgLire, feuilleter ou imprimer le bulletin en ligne : « KANNADIG n° 61 AVRIL 2023 »

10 Les classes d'enterrements et mariages

01.04.2023 - Trois affichettes gabéricoises de tarification, conservées aux Archives diocésaines de Quimper, cote P51/3, pour 1946, 1951 et les années 1960.

On se croirait transporté il y a quelques siècles, à une époque où la religion catholique est dominante dans les campagnes bretonnes. Et pourtant les pratiques discriminatoires pour la délivrance de ses rites perdurent jusqu'à la mandature du recteur gabéricois Gustave Guéguen de 1941 à 1956 et les premières années de son successeur Pierre Pennarun.

Plus précisément, la qualité des prestations pour les enterrements et mariages y est différenciée en fonction de l'argent que les familles peuvent dépenser. Pour preuves ces trois affichettes gabéricoises de 40 cm environ, conservées aux Archives diocésaines, présentant les tarifs en usage :

Image:Space.jpgEn 1946, juste après guerre, les prix peuvent aller jusqu'à 8000 francs pour un enterrement de classe supérieure.

Image:Space.jpgEn 1951, les prix ont été multipliés par 2 ou 3 en cinq ans : 18500 en supérieure et 15500 francs en première classe.

Image:Space.jpgEnviron 10 ans après, le prix des funérailles de première classe est de 120 francs, le rapport de 1 à 100 étant dû à l'introduction du nouveau franc en janvier 1960. Cet exemplaire sur support cartonné, est sans doute le dernier tarif à avoir été affiché dans l'église paroissiale ou au presbytère.

Le nombre de classes s'est réduit sur les dernières années : première, deuxième et troisième classe, avec le maintien d'une quatrième pour les services funèbres (« Service simple, dit de dévotion » : 5 francs seulement au lieu de 35 francs pour la première). Alors qu'en 1946 et 1951 on en compte au moins six, la première étant précédée d'une « classe supérieure » ou « hors classe ».

La dernière classe de 1946 est gratuite, alors qu'elle devient payante en 1951 pour toutes les cérémonies, et même pour un mariage pour « Indigents et indignes » il faut débourser 1000 francs, au lieu des 15000 francs d'une hors-classe.

Les services fournis pour chaque classe sont détaillés :

Image:Space.jpgLes heures de messe : la classe supérieure a droit à la « Messe chantée » de 11 heures, alors que les plus pauvres doivent se contenter de la « Messe basse » de 9 heures. Le nombre d'obits de services funèbres est aussi variable.

Image:Space.jpgLe nombre des prêtres : les premières classes bénéficient de l'assistance de deux ou trois prêtres pour la messe et le cimetière, un seul en classe inférieure.

Image:Space.jpgLa prise de corps : un corbillard religieux est assuré ou non avant l'arrivée à l'église et au cimetière

 
Tarif en nouveaux francs des années 1960
Tarif en nouveaux francs des années 1960

Image:Space.jpgLes éléments mobiliers : nombre dégressif de croix et de cierges, et de l'électricité et un harmonium sur les dernières années ; les mariés peuvent disposer de prie-Dieu de paille et/ou de fauteuils.

Image:Space.jpgLes ornementations : un drap mortuaire blanc est proposé pour l'enterrement d'enfant en hors classe, et les tentures dans l'église sont de deux catégories : hors du chœur pour les classes supérieures, dans le chœur pour la première classe, et les « Petites tentures » pour la seconde, et rien du tout au-delà. Et même le grand carillon des cloches n'est possible que pour les mariages de première et deuxième classe.

L'importance du faste des funérailles est confirmée par cet extrait du journal paroissial du recteur Gustave Guéguen de l'été 1941 : « Début juillet, achat de tentures funèbres chez M. Paul de Quimper pour rehausser l'éclat des funérailles dont le tarif a été augmenté. ».

En savoir plus : « 1946-196x - La tarification des cérémonies religieuses de secondes classes »

11 Une fête populaire en 1932

25.03.2023 - Plus de 400 invités au banquet des noces du fils aîné des Bolloré, tous endimanchés et heureux d'être photographiés par E. Le Grand.

Photos conservées par les participants au mariage Bolloré de septembre 1932 et leurs descendants, notamment deux d'entre elles qui ont largement circulé et donné lieu à identification des participants grâce à Henri Le Gars. Jean Guéguen a aussi fait don à l'association Arkae de quatre autres clichés : cf. les facsimilés 3-6 en ligne, un appel étant lancé pour compléter les noms au regard des numéros.

La collection complète est donc la suivante :
Image:Space.jpg1. Groupe Yves Le Gars, Niger, Quéré et Brénéol
Image:Space.jpg2. Groupe Mauguin, Blanchard, Queinnec, Le Bihan et Tandé
Image:Space.jpg3. Groupe au complet sur les marches de l'escalier de pierre
Image:Space.jpg4. Groupe de onze femmes endimanchées
Image:Space.jpg5. Enfants et mères, hommes aux chapeaux et un super-décoré
Image:Space.jpg6. Six femmes en jupes et hauts noirs avec coiffes borledenn

En complément on trouvera ci-dessous la reproduction du menu de repas de noce, une carte aux initiales des noms des mariés BR (Bolloré et Rivière) : merci à Jean-Yves Léonus qui nous a communiqué celui que son défunt père avait conservé. Les mets sont plutôt fastueux : « La langouste moscovite, les faisans truffés, les aiguillettes de volaille Rosemonde ». Et même les millésimes des vins ne sont pas ordinaires : « Château Sigalas-Rabaud 1924, Château Gruaud-Larose 1925 ».

C'est un jeudi 22 septembre 1932 et la famille Bolloré n'a pas lésiné pour fêter dignement le mariage du fils aîné René-Guillaume Bolloré avec Denise Rivière et c'est la dernière fois que le père René Bolloré, décédé le 16 janvier 1935, est à même de rassembler plus de 1000 personnes réparties entre les sites d'Odet et de Cascadec.

 
photo n° 3
photo n° 3

Les photos du personnel invité à la fête ont été prises à l'extérieur du bâtiment du patronage de Keranna où était servi le repas pour les ouvriers - au nombre de plus de 400 - de la papeterie d'Odet. On y reconnaît des figures connues du quartier d'Odet, toutes sur leur trente-et-un et fières d'être à la fête.

Les photos de la fête à Keranna ont été prises et éditées par le studio quimpérois «  E. Le Grand » comme l'atteste son tampon blanc. Le fondateur Etienne Le Grand (1885-1969) s'était sans doute personnellement déplacé pour le compte des Bolloré car il était natif de Menez-Groaz très proche de Keranna et d'Odet.

On trouvera aussi en ligne la transcription de l'article paru dans le bulletin paroissial Kannadig. Le texte est rigoureusement celui d'un article - signé J.L. - paru dans les journaux Le Progrès du Finistère et L'Union Agricole (cf article séparé : « Un mariage en grande pompe à Odet, Figaro et journaux locaux 1932 » ¤ ).

Le ton est certes un peu ampoulé et hagiographique, mais donne quelques précisions sur l'évènement : « Sous une tente dressée pour la circonstance, se réunirent autour de la table fleurie les plus proches parents de la famille. Dans une autre salle, toute proche, la famille élargie du personnel de la maison, au nombre de plus de 400, se trouva rassemblée pour le banquet des noces. »

En guise de témoignage supplémentaire, des rushs de films (cf article séparé : « Les Bolloré filmés à Odet en 1932 par le photographe Raphaël Binet » ¤ ) attestent de la ferveur de la cérémonie nuptiale dans la chapelle de la papeterie et de l'assistance nombreuse des deux banquets, à savoir sous la tente-chapiteau d'Odet et dans la salle du patronage de Keranna.

En savoir plus : « 1932 - Les ouvriers papetiers d'Odet à la noce de René-G. Bolloré, studio Etienne Le Grand »

12 Premier instituteur communal

18.03.2023 - La vie romanesque d'un prêtre instituteur, en mission aux Etats-Unis, marié pendant 32 ans, 4 enfants, porté disparu, et enfin moine trappiste.

À la mi-août 1854, à l'occasion de l'ouverture de l'école communale, le conseil municipal note l'arrivée de Pierre-Jean Le Calvez, venant d'être ordonné prêtre et nommé instituteur pour la première rentrée scolaire : « en vertu de l'autorisation de monsieur le préfet en date du 3 août relativement au choix d'un instituteur, après avoir requis l'avis du conseil ».

Les conseillers auraient préféré « que ce soit une sœur ». Déjà en 1850, le comité quimpérois d'instruction primaire demandait à l'inspecteur d'académie d'intervenir suite à une nouvelle délibération : « le conseil municipal d'Ergué-Gabéric exprime le vœu qu'il soit établi dans cette commune une école mixte dont la direction serait confiée à des sœurs. »

Mais les trois instituteurs qui succéderont à Le Calvez en 1855-1860 seront des prêtres et non des religieuses. On notera que cette école communale "laïque" à classe unique précède de plus de 40 ans l'école libre du bourg qui ne sera ouverte qu'en 1898 par la congrégation des Filles du Saint-Esprit.

* * *

Deux mémorialistes ont évoqué la vie de Pierre-Jean Le Calvez après son passage à Ergué-Gabéric comme instituteur : le chanoine Jean-Louis Le Floch dont les notes ont été éditées fin 2022 dans le livre « Le diocèse de Quimper entre Révolution et Séparation », et Serge Duigou dans l'article « La vie romanesque de Pierre-Jean Le Calvez » inséré dans la revue « Cap-Caval » de 2014.

Le chanoine écrit : « Parmi les multiples contributions du diocèse de Quimper à l’Église d'Amérique, il en est une plus originale, dont il convient de rappeler le souvenir ... Il s'agit de la fondation d'un diocèse tout neuf : celui de Burlington, dans les limites de l’État du Vermont. L'évêque fondateur et la moitié de la première équipe de prêtres affectés à ce diocèse sortaient du clergé de Quimper. ... Cinq volontaires se présentaient, tout prêts à partir pour le Vermont : trois prêtres, un diacre, un clerc tonsuré. Voici leurs noms. Pierre-Jean Le Calvez, de Plobannalec (Plonivel), prêtre de 1854 et instituteur au Grand-Ergué. Il entrera, en 1890, au monastère d'Oka, près de Montréal où il est mort le 27 mars 1907. »

On notera que le texte intégral de cette histoire est traduit sur le site américain de la cathédrale de Burlington, et notamment la notice sur Le Calvez : « Pierre-Jean Le Calvez, Plobannalec (Plonivel), priest of 1854 and teacher at Grand Ergue. He entered the monastery of Oka near Montreal in 1890, where he died on March 27, 1907. »

Serge Duigou et Paul Carnahan (bibliothécaire de la Vermont Historical Society) ont mené une enquête plus approfondie : à l'issue d'une année scolaire à Ergué-Gabéric, prêtre dans un tout nouveau diocèse au nord-est des Etats-Unis, il tombe amoureux d'une jeune communiante, rompt ses vœux et change de nom pour se marier, a quatre enfants, puis quitte sa famille après 32 ans de mariage et rentre incognito comme moine dans une abbaye trappiste près de Montréal, alors que sa femme fait publier dans la presse une annonce de demande de retour dans ses foyers.

 

L'annonce est celle-ci : « Peter J. Carpenter, come house and settle your property, for I am in need. You are obliged to support me. ». Ce qui peut se traduire ainsi : « Pierre Carpenter, reviens t'occuper de ta propriété, car j'ai besoin de toi. Tu es obligé dans l'obligation de prendre soin de moi ». Le patronyme de Carpenter est tout bonnement la traduction anglaise du nom breton "Calvez", le charpentier.

L'affaire a fait beaucoup de bruit à l'époque et des journalistes se sont déplacés et ont publié des articles comme ci-dessus : « Wants her husbant? A Priest who renounced his vows, changed his name and married. Mrs. Carpenter was found at the confortable home of herself and sons. She said that on June 25, 1858, she was married in Hudson, N.Y., to Father Pierre Calvez, a priest from Pont-L'Abbé, Lambour France » (Elle veut son mari. Un prêtre qui a renoncé à ses vœux, changé son nom et qui s'est marié. Rencontre de Madame Carpenter dans sa confortable maison avec ses fils. Elle a dit que le 25 juin 1858 elle s'est mariée avec le Père Pierre Calvez, un prêtre français de Pont-l'Abbé-Lambour)

En savoir plus : « Pierre-Jean Le Calvez, prêtre et instituteur (1854-1855) », « LE FLOC'H Jean-Louis - Le diocèse de Quimper », « DUIGOU Serge - La vie romanesque de Pierre-Jean Le Calvez »

13 Première école communale

11.03.2023 - L'ouverture de la première "maison d'école communale" en 1854. Sources : Fonds Joseph Bigot aux Archives diocésaines de Quimper (ADQ) et délibérations du conseil municipal d'Ergué-Gabéric (CMEG). La semaine prochaine on complétera par l'évocation du premier instituteur de cette école.

Le 9 avril 1849, le préfet du finistère adresse une lettre à Joseph Bigot, architecte du département à Quimper, lui demandant de se rendre à Ergué-Gabéric pour l'estimation des travaux de construction d'une maison destinée « à la tenue de l'école communale et de la mairie ».

Début juin, le conseil municipal, qui a déjà depuis 1807 rejeté maintes fois l'idée d'une maison d'école pour raisons budgétaires, répond que « la lettre, dans son ensemble et eu égard à l'esprit qui paraît l'avoir dictée, constitue une atteinte à la dignité du conseil et à la liberté de ses délibérations ».

En mars et août 1851 l'opposition municipale est toujours argumentée : « une école au bourg d'Ergué-Gabéric ne serait point fréquentée, à cause des distances que les enfants auraient à parcourir » ; « l'imposition que cette commune paie pour l'insruction primaire continuerait à être payée lors même qu'elle aurait un institut ».

En octobre, retournement de situation, « le Conseil déclare ne plus s'opposer à l'établissement d'une maison d'école dans la commune  » et propose l'affectation d'une maison plutôt que de lancer une construction : « le sieur Le Roux qui possède au Centre du bourg une fort belle maison qui offre de l'avis de l'Inspecteur lui-même toutes les conditions désirables pour la création d'un pareil établissement ».

Le 16 janvier le conseil demande au préfet « d'envoyer un architecte pour faire un plan et un devy », lequel est toujours Joseph Bigot, architecte du diocèse et du département.

Un premier devis de l'ensemble des travaux est établi fin janvier, pour un montant de 5916 francs et 8 centimes. Il faudra attendre le 6 décembre 1853, pour que les affiches d'adjudication des travaux de construction de la première école communale gabéricoise soient apposées dans les lieux publics et que les travaux puissent démarrer.

Pour le mobilier de la classe unique, on peut noter son côté rudimentaire : « 5 tables et bancs, 1 table pour le maître, 1 tableau noir et chevalet, un poële en fonte avec tuyau, 25 encriers en plomb ».

 

A la mi-août 1854, le conseil municipal note l'arrivée d'un instituteur pour la première rentrée scolaire « en vertu de l'autorisation de monsieur le préfet en date du 3 août relativement au choix d'un instituteur, après avoir requis l'avis du conseil » et en profite pour voter afin qu'une institutrice soit aussi prochainement nommée « dans l'hypothèse qu'elle soit une école mixte » et « ce soit une sœur ».

Le 5 décembre 1856 le maire écrit à l'entrepreneur pour demander le remplacement du poêle qui n'est pas conforme aux plans et devis de l'architecte Bigot, sa puissance ne suffisant pas pour chauffer la classe qui, à cette date, est toujours unique.

En savoir plus : « 1849-1856 Ouverture de la première maison d'école communale au Bourg »


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