Les Le Guay (1804-1917), châtelains du Cleuyou au 19e siècle - GrandTerrier

Les Le Guay (1804-1917), châtelains du Cleuyou au 19e siècle

Un article de GrandTerrier.

Jump to: navigation, search
Catégorie : Biographies
 Site : GrandTerrier

Statut de l'article :
  Image:Bullorange.gif [Développé]
§ E.D.F.
Image:PennBrasoùSmall.jpg

Guillaume, Prosper et Albert Le Guay ont tous trois habité le château du Cleuyou, manoir ancestral qu'ils ont entretenu et restauré, et qui est situé à l'entrée de la commune d'Ergué-Gabéric, en un lieu qu'on appelait la barrière du Cleuyou [1] au début du 19e siècle car la route y était étroite et c'était le passage obligé en direction de Coray/Carhaix.

Guillaume est un valeureux capitaine qui a fait les campagnes de l'armée de la Révolution, notamment à la 2e Expédition d'Irlande (1798) et au siège de Granville (1793). Le fils et le petit fils formaient deux sympathiques figures qui avaient en commun une réelle passion pour l'archéologie et l'histoire locale.

Autres lectures : « Le manoir du Cleuziou/Cleuyou » ¤ « Le testament olographe contesté de Prosper Le Guay, Le Finistère 1889 » ¤ « La pierre tombale à enfeu des Liziart conservée au Cleuyou » ¤ « François Salomon Bréhier, maire (1808-1812) et avoué franc-maçon » ¤ « Les Mermet, propriétaires du manoir du Cleuyou et de Kervreyen » ¤ « 1798 - Expédition d'Irlande et libération du capitaine Guillaume François Leguay » ¤ « 1790-1804 - Les campagnes militaires du capitaine Guillaume-François Le Guay » ¤ « 1848-1868 - Légion d'honneur et carrière du conseiller en préfecture Prosper Le Guay » ¤ 

[modifier] 1 Installations au manoir

Guillaume Le Guay est né le né le 11.04.1773 [2] dans le village normand de Tessy-sur-Vire (50). Guillaume François Le Guay est le 6 ème enfant d’un aubergiste normand. Il apprend à lire et écrire. Il s’engage dès 1789, à 16 ans, dans les volontaires de la Manche et monte rapidement en grade. Il est élu capitaine de grenadiers par ses hommes. Il est envoyé à l’Ouest (Vendée, Bretagne et Normandie) pour mettre fin aux soulèvements contre révolutionnaires et prévenir les tentatives de débarquements anglais. En 1793 il défend la ville de Granville contre l'armée vendéenne, est blessé à la jambe gauche et réussit à enlever un étendard ennemi. Il participe au siège de Granville en 1793 et à l’expédition d’Irlande en 1798, où il est fait prisonnier.

Il se marie à Quimper le 28 Brumaire de l'an 13 (19 Novembre 1804) avec Cécile, l’unique fille de Vincent Mermet (propriétaire du manoir du Cleuyou), laquelle se laisse séduire sans doute par le prestige de l’uniforme ou les faits d’armes du capitaine. Mais pour lui accorder ce mariage, la famille Mermet exige qu’il quitte sa situation trop dangereuse et renonce à la carrière militaire. Guillaume François obtient difficilement la mise à la retraite. En ce moment de départ pour la campagne d’Italie (1805), les officiers expérimentés sont très précieux. Il argumente « qu’il avait l’espérance de faire un mariage avantageux » [3].

Il fait l'acquisition du château du Cleuyou, sans doute mis en vente par la négociante Magdelaine Merpaut [4] (ou ses héritiers) qui l'avait acquis en tant que bien national en 1795. Sur le cadastre de 1834 et le recensement de 1836, Guillaume et son épouse sont les seuls habitants du manoir, les enfants s'étant installés ailleurs.

Son fils Prosper est né à Quimper le 26 Frairial de l'an 13 et se marie à Plonéour-Lanvern le 30.04.1838. À son mariage il est déclaré négociant et fabricant de fécules de pommes de terre, tout comme son frère Félix, après une formation et un diplôme d'avocat obtenu en 1829. Après cette activité il sera élu juge du tribunal de commerce de Quimper, puis embauché comm conseiller de préfecture. Nommé secrétaire général en 1861, chevalier de la Légion d'honneur en 1865, vice-président en 1866 et conseiller honoraire en 1868, il est mis en retraite en 1868. En 1846 Prosper est domicilié au Cleuyou où la naissance de ses derniers enfants sont déclarés. Et en 1873 il y est toujours lorsqu'il s'inscrit comme l'un des premiers membres de la Société Archéologique du Finistère.

 

À son tour, avant la mort de son père en juillet 1886, Albert Le Guay revient en 1883-1886 au Cleuyou, après avoir fait une carrière de juge de paix à Douarnenez. En 1889 il intente un procès en annulation d'un testament olographe (au profit d'un restaurateur tourangeau) de son frère Albert décédé à l'âge de 41 ans.

Sur l'arbre généalogique résumé ci-après, on peut voir que l'héritage du Cleuyou après le décès d'Albert en 1917 est transféré à son petit cousin Louis.

  Guillaume Le Guay (1773-1861)
  x 1804 Cécile Mermet (1778-1851)
  ├
  ├> Prosper Le Guay (1805-1886)
  ├   x 1838 Fanny Mermet (1813-1882)
  ├   ├
  ├   ├> Albert Le Guay (1841-1917)  -------------¬
  ├   ├   x 1876 Marie Elisa Huet (1850-1907)       :
  ├   └> Prosper Le Guay (1846-1888)                 :
  ├                                                                    :
  └> Félix Simon Amédée Le Guay (1807-1884)    :
       x 1838 Clarisse Le Bastard (1820-1846)        :
       └> Georges Le Guay (1841-1893)                :
            x 1872 Marie Harrouard (1852-1946)       :
            ├                                                           :
            └> Louis Le Guay (1874-1959) <-----------
                 x 1903 Marthe Le Verger (1880-1954)

Il existe une relation entre les familles Le Guay et Bréhier de Quimper, ces derniers comptant François-Salomon, gabéricois, maire et franc-maçon, et ayant établi le document d'expertise et d'estimation du manoir du Cleuyou en 1794. Ce lien familial s'explique par les 2e et 3e mariages de Félix Simon Amédée Le Guay :

  • 1ère épouse : Jeanne Marie Clarisse Le Bastard.
  • 2e épouse : Marie Amélie Bertron, le 8 novembre 1847 à Quintin. Sans enfant.
  • 3e épouse : Joséphine Amélie Bréhier, le 22 septembre 1856 à Brest.

Cette dernière est la descendante à la fois de Julien Bréhier et du Gilles Bréhier, tous deux vivant au 17e siècle dans le petit village normand de St-Laurent de Cuves. Marie Amélie Bertron est, quant à elle, la petite fille de François-Salomon Bréhier.

[modifier] 2 Archéologues amateurs

Dès le 15 avril 1873 Prosper Le Guay fait partie des 27 adhérents présents à la première réunion publiée en première page du premier bulletin : « Le Guay ancien secrétaire général de la Préfecture ». Peut-être y avait-il déjà participé car cet évènement était organisé « pour la reprise des travaux de cette Société, suspendus depuis longtemps ». Il assiste également à la réunion du 14 juin où il est proposé de mettre à l'ordre du jour de la prochaine réunion le compte-rendu de l'excursion archéologique qu'il avait organisé à Briec et à Edern, en compagnie de M. Le Men et V. de Montifault.

L'excursion est relatée le 12 juillet par V. de Montifault et on y apprend qu'Albert Le Guay accompagne son père en voiture : « Vers la fin du mois de mars, M. Le Guay, l'un de nos collègues, fit connaître à M. Le Men et moi l'existence d'une pierre à quatre auges, munie de tourillons que l'on supposait être une ancienne mesure, et qui à ce point de vue, offrait un véritable intérêt archéologique (...). M. Le Guay offrit sa voiture, et, le 2 Avril, nous partîmes MM. Le Guay père et fils, M. Le Men et moi pour aller voir cette pierre et avec l'intention de visiter les communes de Briec et d'Edern. ».

La voiture des Le Guay n'est bien sûr pas motorisée au sens actuel du terme : « Ornières, fondrières, excavations dangereuses ; le cheval donne à plein collier, M. Le Guay et moi nous allégeons la voiture qui cependant gémit et qui dans une secousse violente perd un de ses écrous. ».

Le 6 octobre 1877, un compte-rendu détaillé révèle que Prosper Le Guay avait fait une découverte très intéressante, 32 ans auparavant, sur ses propres terres en Ergué-Armel : « Le 18 mai dernier (1845), des ouvriers en creusant pour réparer le fossé d'un champ dépendant de la ferme de Kerancoët à M. Prosper Leguay, rencontrèrent des fragments de poterie. M. Leguay, qui se rendit aussitôt sur les lieux, reconnut un tumulus dans le léger exhaussement que le sol offrait dans cette partie ». La sépulture est placée le long du tracé supposé de la voie romaine menant à Locmaria. Sur les lieux de Kerancoat on a identifié les objets suivants qui seront transportés et conservés au Musée de Quimper :

  • une pierre fiche taillée, semblable à une borne quadrangulaire.
  • quatre vases de cendres et de parcelles d'ossement.
  • une monnaie espagnole de Philippe II avec le millésime de 1568.
  • une monnaie romaine avec une effigie qui a paru devoir être celle de Trajan.
  • deux autres bornes de forme cylindrique cantonnés de quatre vases cinéraires.
  • douze urnes contenant fibules typiques de la période Tène I et anneaux.

Dans le bulletin de 1886, Albert Le Guay, fils de Prosper, est mentionné officiellement en tant que membre de la Société : « Le Guay, ancien juge de paix à Douarnenez ».

  Il est présent à la réunion du 30 décembre 1886 et fait don à la Société « d'une pièce en argent de Henri de Navarre, et de deux anciennes cartes à jour, imprimées en 1780. Notre honoré collègue signale, dans l'église de Guengat, une tombe qu'il désirerait voir placée au Musée de Quimper ».

En 1891, Albert Le Guay est toujours membre de la Société : « Le Guay, ancien juge de paix, au Cluyou, en Ergué-Gabéric ». Le 27 mai il communique une note relative à la découverte d'une sépulture ancienne dans la commune de Plovan. En 1894 est publié son catalogue thématique des « Principaux établissement du Finistère en 1790 », incluant les dates de construction ou d'inauguration.

En avril 1900, Albert Le Guay partage des informations collectées du côté des familles de sa mère et grand-mère maternelle : « M. Le Guay dépose sur le bureau deux documents qui seront placés dans les archives de la Société : le premier est un passeport accordé (en) 1742 (...) à Antoine Mermet, marchant colporteur (...). M. Le Guay donne d'intéressants renseignement sur les familles Mermet (...) qui ont laissé en Cornouaille de nombreux descendants ». En 1903 Albert Le Guay signe le compte-rendu de la séance du 29 janvier de la Société d'Archéologie en tant que président et doyen d'âge.

On peut s'étonner que les Le Guay n'aient pas publié de travaux sur les trouvailles faites au château du Cleuyou. Il est fort probable néanmoins que ce soit l'un d'entre eux qui ait recueilli et conservé la pierre à enfeu des Liziart [5]. De même, quand en 1920-30 le petit cousin transfert au Musée départemental la pierre tombale des Grallon de Kervastard, on peut penser que c'était Prosper ou Albert qui l'avait entreposé en la chapelle du Cleuyou.

Pierre Kervastard, Musée départemental breton
Pierre Kervastard, Musée départemental breton
Pierre Liziart, Photo Werner Preissing
Pierre Liziart, Photo Werner Preissing

[modifier] 3 Engagement politique

Albert Le Guay s'est impliqué dans la vie politique locale en tant que candidat républicain. En 1887, il écrit une lettre au préfet [6] pour dénoncer les anomalies provoquées par les conservateurs élus au conseil municipal : « J'ai vu le conseiller Péron, étant au bureau, tirer des bulletins de vote de sa poche et les remettre au conseiller Laurent qui les distribuait aux électeurs à l'entrée de la salle ».

En 1890 il organise une fête républicaine le 21 septembre [7] dans la prairie du manoir du Cleuyou. La date, à savoir une semaine après le grand pardon de Kerdévot, semble avoir été choisie en opposition aux manifestations religieuses.

  En 1893 il réussit à faire annuler les élections municipales pour raison d'ingérence du vicaire qui fit un sermon provocateur le dimanche précédant le scrutin : « Les élections municipales annulées par le Conseil d'Etat, journaux finistériens 1893 » ¤ .

En 1907 il participe à la fête des écoles : « M. Le Guay, propriétaire du Cleuyou, ancien président d'une section de la Ligue de l'Enseignement, a fait une très intéressante causerie dans laquelle, après avoir parlé de Jules Ferry, il a donné d'excellents conseils aux enfants. Puis il a amusé son auditoire par des morceaux de phonographe habilement intercalés entre des récitations et des chants exécutés par les élèves » [8] .

[modifier] 4 Annotations

  1. Compte-rendu de conseil municipal de 1817 pour les travaux d'entretien de la route du Cleuyou et de la Terre noire (Ruillen/Rouillen) : « Séance du 20 février 1817 ». À noter également qu'en 1752, l'ingénieur Christophe Mathieu de Noyant dirigea les premières fouilles de recherche de gisement de charbon vers le chemin de Coray et un puits fut creusé près du pont du Cleuyou, ce qui peut expliquer la dénomination de terre noire. [Ref.↑]
  2. Sur ses papiers militaires il est réputé être né le 14 avril 1774. Mais sur le registre d'actes de baptême et sur la copie certifié du 27 thermidor de l'an 1, la date est bien le 11 avril 1773 : « Le lundy douze avril 1773 Guillaume François Le Guay né d’hier du légitime mariage de Louis Le Guay aubergiste et de Magdelaine Le Fillastre a été nommé par Guillaume Louis marchand de la paroisse de Domjean assisté de Jeanne Demortreux son épouze et baptisé par nous curé soubsigné avec le parein, la mareine ne scachant signer. G. Louis N. T. Hurel ».
    Acte de baptème : « Image:ActeBaptème1773.jpg ». Certificat : « Image:Certificat27thermidor1Naissance1773.jpg ». [Ref.↑]
  3. Les infos sur la carrière militaire de Guillaumez Le Guay et des circonstances de son mariage nous ont été communiquées par Michel Le Guay. [Ref.↑]
  4. Marie Magdelaine Merpaut, née vers 1755 à Rennes, qualifiée de marchande dans les actes d'acquisition des biens nationaux du Cleuyou, était la sœur de Jeanne Yvonne Merpaut (laquelle épousa en 1778 Jean François Guillaume Lafage, marchand en la rue Kéréon). Les Merpaut étaient originaire de la paroisse de Rennes St-Germain. Marie Magdelaine Merpaut reste célibataire et décède le 15 juin 1829, à Quimper, rue Keréon. [Ref.↑]
  5. Cf article en rubrique Patrimoine : « La pierre tombale à enfeu des Liziart conservée au Cleuyou ». [Ref.↑]
  6. Cf article en Fonds d'archives : « 1888 - Contestation républicaine des élections municipales ». [Ref.↑]
  7. Cf article en Fonds d'archives : « 1890 - Fête patriotique du 21 septembre au Cleuyou ». [Ref.↑]
  8. Cf article en Rubrique Reportages : « La fête des 25 ans de la fondation des écoles laïques, Le Finistère 1907 ». [Ref.↑]


Thème de l'article : Biographie d'une personnalité gabéricoise

Date de création : Avril 2011    Dernière modification : 12.05.2018    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]