Le voyage touristique à Jérusalem du permissionnaire Jean-Marie Déguignet en 1856 - GrandTerrier

Le voyage touristique à Jérusalem du permissionnaire Jean-Marie Déguignet en 1856

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On a souvent écrit que Jean-Marie Déguignet avait perdu la foi en faisant un pèlerinage à Jérusalem en 1856. Mais ce n'est pas vraiment le cas, car son athéisme avait été nourri par ses lectures et observations préalables.

On trouvera ici les deux versions écrites de ses récits, ceux publiées en 1905 dans la Revue de Paris et l'édition intégrale de la 2e série de cahiers en 2001, qu'on comparera avec les journaux de deux autres écrivains : les notes de Gustave Flaubert en 1850 et le poème "Clarel: A Poem and Pilgrimage in the Holy Land" d'Hermann Melville en 1856.

Autres lectures : « DÉGUIGNET Jean-Marie - Jésus, fils aîné de Marie-Joachim » ¤ « Cahier de notes sur la "Vie de Jésus" d'Ernest Renan » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ 

St-Sépulcre de Jérusalem, A. Salzmann 1856
St-Sépulcre de Jérusalem, A. Salzmann 1856

1 Présentation

 

2 Citations

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Page 202-213 de l'Intégrale

Je regardai aussi cette espèce de petite chapelle octogonale placée au milieu du temple [dont] on nous avait déjà parlé. C'est dans cette boite, vraie boite de prestidigitateur que le grand patriarche grec, le chef supérieur de ce temple, fait descendre l'Esprit Saint pendant les fêtes de Pâques russes. Sur les apôtres cet esprit était descendu, sous forme de sept langues de feu, du ciel bien entendu. Mais dans cette boite, il descend tout simplement du bout d'une allumette, le long d'une petite mèche soufrée. Aussitôt que le feu est allumé, le grand prestidigitateur ouvre les petits guichets percés tout autour de la boite et les fidèles se précipitent pour allumer leur chandelle à ce feu céleste, puis avec cette chandelle ils se frottent le front, pour y faire entrer sans doute ce qui y manque. Les femmes se frottent en outre les seins et même, nous affirmait-on, plus bas encore. Mais ce qui m'avait le plus frappé dans cette grande boutique de charlatans, c'était un Christ, assez vilain, un Saint Jean et une Mater Dolorosa, ressemblant parfaitement et placés dans les mêmes postures que ceux que j'avais vu si souvent dans l'église d'Ergué-Gabéric où j 'avais fait ma première communion.

Nous ne restâmes pas bien longtemps du reste dans ce repaire de voleurs : on y étouffait. Courir dans les rues était une misère, on ne pouvait faire un pas sans être assommé par les vendeurs de bibelots et les demandeurs de bakchich. Nous nous décidâmes d'entrer dans une auberge en attendant de retourner à la maison pour dîner. Le soir, nous allâmes voir le Mont Sion, le couvent des Arméniens, le temple d'Omar, dans lequel les prêtres de Mahomet exploitent les vrais croyants de la même façon que les prêtres chrétiens, sauf qu'ils sont moins divisés.

Chapitre XI de la Revue de Paris 1904-05

§ Jérusalem, cette cité si célèbre où se sont accomplis les mystères ...

JÉRUSALEM

Moins d’une demi-heure après le débarquement à Jaffa, nous trottions sur la route de Jérusalem, cahotés dans cette voiture d’un genre tout particulier. De route, je ne sais pas s’il y en avait : je n’en voyais guère ; nous étions du reste aveuglés par la poussière et les rayons du soleil. J’entrevoyais cependant des champs et des jardins bien cultivés, des arbres dont le nom nous était inconnu ; l’Arménien nous donna le nom des espèces qui étaient les plus nombreuses : c’étaient des oliviers et des cactus géants. Les oliviers me rappelaient certains joncs verts de mon pays.

Nous pouvions aller à Jérusalem d’une seule traite ; mais notre Arménien préféra passer la nuit dans une espèce de bourgade appelée Ramleh, chez un ami qu’il connaissait pour un excellent hospitalier. Il y avait là un grand couvent de moines franciscains, qui logeaient les pèlerins et même les tou­ristes, moyennant finances, bien entendu. J’aurais bien voulu aller voir ce couvent et ces moines, parmi lesquels il y avait, disait notre hôte, beaucoup de Français ; mais nous étions trop fatigués, dix fois plus que si nous avions fait la route à pied et sac au dos. Nous fûmes du reste fort bien reçus chez l’ami de notre ami, qui était un musulman : on sait que la pre­mière vertu des enfants du Prophète, c’est l’hospitalité.

Nous couchâmes par terre sur des nattes, avec des couver­tures blanches pour nous envelopper. Le lendemain, nous nous mîmes en route de très bonne heure, avant tous les autres voyageurs, pour avoir moins de poussière. À quelque distance de Ramleh, le pays avait complètement changé, on ne voyait plus de champs cultivés, plus de jardins, plus d’arbres, ni même aucune espèce de verdure ; de tous côtés, des montagnes brûlées. Le ciel avait aussi à peu près la même couleur que la terre. Cela ressemblait bien au pays du pro­phète : l’abomination de la désolation.

§ Nous étions dans la Judée, le pays de Juda ...

 

Chapitre "Palestine" des Notes de Flaubert

PALESTINE.

§ De Beyrouth à Jérusalem ...

On monte encore pendant une grande heure. Arrivée sur le plateau ; tous les terrains des montagnes ont une couleur de poudre de bois, rouge foncé, ou mieux de mortier. À chaque instant je m’attends à voir Jérusalem et je ne la vois pas. — La route (on distingue la trace d’un ancien chemin) est exécrable, il n’y a pas moyen de trotter. — Enclos de pierres sèches dans ce terrain de pierres. Enfin, au coin d’un mur, cour dans laquelle sont des oliviers ; j’aperçois un santon, c’est tout. — Je vais encore quelque temps ; des Arabes que je rencontre me font signe de me dépêcher et me crient : el Kods, el Kods ! (prononcé il m’a semblé codesse) : 27 femmes vêtues de blouses bleues, qui m’ont l’air de revenir du bazar ; au bout de trois minutes, Jérusalem.

Comme c’est propre ! les murs sont tous conservés. — Je pense à Jésus-Christ entrant et sortant pour monter au bois des Oliviers ; je l’y vois par la porte qui est devant moi, les montagnes d’Ebron derrière la ville, à ma droite, dans une transparence vaporeuse ; tout le reste est sec, dur, gris : a lumière me semble celle d’un jour d’hiver, tant elle est crue et blanche. C’est pourtant très chaud de ton, je ne sais comment cela se fait. — Max me rejoint avec le bagage, il fumait une cigarette. Piscine de Sainte-Hélène, grand carré à notre droite.

Nous touchons presque aux murs ; la voilà donc ! nous disons-nous en dedans de nous-mêmes. — M. Stephano, avec son fusil sur l’épaule, nous propose son hôtel. — Nous entrons par la porte de Jaffa et je lâche dessous un pet en franchissant le seuil, très involontairement ; j’ai même au fond été fâché de ce voltairianisme de mon anus. Nous longeons les murs du couvent grec ; ces petites rues en pente sont propres et désertes. — Hôtel. — Visite à Botta. — Couchés de bonne heure.

§ Vendredi 9, promenade dans la ville ...

"Pilgrimage in the Holy Land" de Melville

3 Annotations

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    Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet

    Date de création : Mai 2018    Dernière modification : 17.05.2018    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]