Le blason au greslier d'azur des chevaliers de Kerfors et la Chanson de Roland - GrandTerrier

Le blason au greslier d'azur des chevaliers de Kerfors et la Chanson de Roland

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La « <i>Chanson de Roland</i> » est un poème épique de 4000 vers écrit au XIe siècle qui raconte les exploits d'un preux chevalier, Roland, guerrier franc et préfet de la Marche de Bretagne. La « <i>Chanson de Roland</i> » est un poème épique de 4000 vers écrit au XIe siècle qui raconte les exploits d'un preux chevalier, Roland, guerrier franc et préfet de la Marche de Bretagne.
-Et notamment l'épisode de l'attaque des Sarrasins dans le défilé de Roncevaux. Placé en arrière-garde, Roland refuse de souffler dans son greslier (ou olifant) pour avertir Charlemagne, préfèrant mourir en guerrier plutôt que de se déshonorer en appelant à l'aide. +Et notamment l'épisode de l'attaque des Sarrasins dans le défilé de Roncevaux. Placé en arrière-garde, Roland refuse de souffler dans son greslier (ou olifant) pour avertir Charlemagne, préférant mourir en guerrier plutôt que de se déshonorer en appelant à l'aide.
Lorsqu'il ne reste plus que 60 combattants francs, Roland fait sonner son olifant tellement fort qu'il « <i>explose</i> » (ses veines éclatent) : Lorsqu'il ne reste plus que 60 combattants francs, Roland fait sonner son olifant tellement fort qu'il « <i>explose</i> » (ses veines éclatent) :

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Catégorie : Patrimoine
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§ E.D.F.

Histoire et origine du blason des Kerfors « d'argent au greslier [1] d'azur, enguiché et lié de même » au regard de l'olifant de Roland à Roncevaux.

Armoiries présentes sur la maitresse-vitre de la chapelle Kerdévot, et en alliance sur un tombeau "enfeu" [2] dans l'église paroissiale St-Guinal et également autrefois à la chapelle de St-Guénolé en écusson taillé en bosse.

Autres lectures : « Les Kerfors, dudit lieu, nobles du 15e au 17e siècle » ¤ « La maîtresse-vitre de la chapelle de Kerdévot » ¤ « Le tombeau enfeu noble des Kerfors à l'église St-Guinal » ¤ « TORCHET Hervé - Montre générale des nobles de 1481 en Cornouaille » ¤ « 1562 - Monstre de l'Evesché de Cornouaille pour l'arrière-ban du Roy » ¤ 

Présentation

Pendant longtemps les Kerfors ont été assimilés à des chasseurs émérites parce que le motif sur leur blason est un cor de chasse. En fait ce greslier [1], appelé aussi olifant, est un attribut noble porté par les chevaliers lors de leurs déplacements par temps de guerre, une trompe au son grêle servant à annoncer leur passage ou à appeler à la rescousse en cas de danger.

Le blason qu'on trouve sur deux vitraux de la chapelle de Kerdévot et aussi sur deux écussons écartelés sculptées sur l'enfeu [1] familial de l'église St-Guinal : « d'argent au greslier [1] d'azur, enguiché et lié de même ».

  • ENGUICHÉ. Désigne l'émail de l'embouchure. Ici d'azur, c'est-à-dire de couleur bleue, comme le reste
  • LIÉ : Cordelettes attachées pour permettre au chevalier de le porter en conservant une liberté de mouvement, ici de couleur azurée.
  • ORIENTATION : L'embouchure à senestre (gauche) et le pavillon à dextre (droite), et non l'inverse (cf. les armes des Rolland de la Villebasse, et la transcription erronée inversée dans le livre d'Hervé Torchet sur les Arrière-bans de Cornouaille de 1554 à 1568).

Le manoir de Kerfors, situé au centre de la paroisse d'Ergué-Gabéric, non loin de Lezergué et Kernaou, forme un domaine noble détenu par les seigneurs dudit lieu. Aujourd'hui il ne reste plus rien de l'ancien manoir, si ce n'est un étang vivier et les restes du mur du verger.

On ne compte pas de chevaliers en titre parmi les membres connus de la famille Kerfors d'Ergué-Gabéric aux XVe-XVIe siècles, mais peut-être que d'autres branches collatérales ou plus anciennes ont inclus le droit de porter un greslier  :

 
 ? de Kerfors 
 x Katherine Kerfors (1448-60, +1488)
 ├
 └> Caznevet de Kerfors (1460-88, +1493)
      x Ysabelle de Lesmaes (1479)
      ├
      ├> Charles de Kerfors (1493-96, 1536)
      ├   ├
      ├   └> Pierre de Kerfors (1539)
      ├        ├
      ├        └> Jean de Kerfors (1580)
      ├> Thebaud Kerfors (montre 1481, 1496)
      ├   x Marie Le Gluidic
      └> Katherine Kerfors (1496)
           x Allain Rolland
 

À la montre [3] militaire de Carhaix de 1481, on remarque un Caznevet de Kerfors « en brigandine [4] ». Il prend pour épouse Ysabelle de Kermaes, et décède en 1493 (« la levée, l'an dudit déceix »). Il ne succède à sa mère Katerine comme seigneur de Kerfors qu'en 1488, mais il apparaît déjà en 1460, 1471 et 1479 dans des donations ou échanges de terres.

En 1543, Charles de Kerfors rend un aveu ou déclaration de propriété pour son manoir gabéricois et est cité à la réformation [5] des comptes du domaine royal de 1536. Charles décède vers 1537 et son fils Pierre de Kerfors fournit un aveu de succession le 23 mars 1539.

En 1562, Louis de Kerfors, présent à la montre [3] de Cornouaille, dit qu'il fait pique-sèche [6], c'est-à-dire homme de pied sans cuirasse.


L'olifant de Roland

La « Chanson de Roland » est un poème épique de 4000 vers écrit au XIe siècle qui raconte les exploits d'un preux chevalier, Roland, guerrier franc et préfet de la Marche de Bretagne.

Et notamment l'épisode de l'attaque des Sarrasins dans le défilé de Roncevaux. Placé en arrière-garde, Roland refuse de souffler dans son greslier (ou olifant) pour avertir Charlemagne, préférant mourir en guerrier plutôt que de se déshonorer en appelant à l'aide.

Lorsqu'il ne reste plus que 60 combattants francs, Roland fait sonner son olifant tellement fort qu'il « explose » (ses veines éclatent) :

Rollant ad mis l'olifant à sa buche,
Empeint le ben, par grant vertut le sunet,
Halt sunt li pui et la voiz est mult lunge,
Granz .XXX. liwes l'oïrent il respundre.

 

(Roland a mis l'olifant à ses lèvres. Il l'embouche bien, sonne à pleine force, Hauts sont les monts, et longue la voix du cor ; à trente lieues on l'entend qui se prolonge)


Pour illustrer cet épisode légendaire, voici une chanson humoristique pas piquée des hannetons : « La rançon de Roland » par le groupe vocal « Les Quatre Barbus » :


Annotations

  1. Greslier, s.m. : cor de chasse en héraldique. Sorte de cornet ou de trompette (dict. Godefroy 1880). Ancien français graile ou grele, ainsi dit parce qu'allongé, grêle (Littré). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3]
  2. Enfeu, s.m. : ancien substantif déverbal de enfouir. Niche à fond plat, pratiquée dans un édifice religieux et destinée à recevoir un sarcophage, un tombeau ou la représentation d'une scène funéraire. Avant la Révolution française, les seigneurs du pays étaient enterrés par droit d'enfeu dans un sépulcre de ce genre. Source : Trésors de la Langue Française. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  3. Montre, s.f. : revue militaire de la noblesse. Tous les nobles doivent y participer, munis de l’équipement en rapport avec leur fortune. Les ordonnances du duché de Bretagne spécifient minutieusement l’armement de chaque noble en fonction du revenu déclaré. Organisation maintenue après le rattachement du duché de Bretagne au royaume de France. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 3,0 3,1]
  4. Brigandine, s.f. : cuirasse légère, composée de lames d’acier larges de deux à trois doigts, assemblées transversalement et clouées sur un cuir de cerf bien apprêté ; la flexibilité de cette sorte d’armure la rendait commode pour les gens de trait, tels que les archers et les arbalétriers. Armure composée de lames articulées, placées à recouvrement, liées entre elles par des rivets dont on voit les têtes ; cette armure, très employée au XVe siècle, était celle de l'archer à cheval des compagnies d'ordonnance, et souvent celle du gentilhomme qui ne pouvait se procurer une armure de plates constituées de plaques d'acier (L'Haridon, Catalogue du Musée d'artillerie). [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  5. Réformation, s.f. - A. du domaine royal : opérations de réformation lancées en Bretagne en 1537 par François Ier et en 1660 par Colbert. Il s'agit de vérifier l'ensemble des déclarations de propriété (les aveux) des sujets du roi, depuis le paysan ou roturier relevant directement du domaine royal jusqu'au puissant seigneur. Les commissaires de la Cour des Comptes de Bretagne siégeant à Nantes, chargés de défendre les intérêts du Domaine Royal, vont vérifier le contenu des aveux fournis pour l'occasion, en le rapprochant des actes similaires produits antérieurement : validité du titre de propriété, montant de la chefrente en nature et/ou argent versée annuellement au roi, droits attachés à la propriété (justice, ...). Source : histoiresdeserieb.free.fr.
    B. des fouages : contrôle permettant de vérifier qui est bien "Noble". Par exemple la Réformation des fouages en Bretagne en 1426 où les nobles doivent prouver leur noblesse, titre leur permettant d'échapper à l'impôt des fouages. Source : Wikipedia. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  6. Pique Sèche, s.m. : soldat armé d'une pique. Source : Littré. Parmi les piquiers on distingue les piquiers vétérans ou soldés des piquiers à pique sèche sans corselet, sans deniers de poche. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Patrimoine communal d'Ergué-Gabéric

Date de création : Septembre 2021    Dernière modification : 17.09.2021    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]