La vision de Déguignet sur les apports et méfaits de la Grande Révolution - GrandTerrier

La vision de Déguignet sur les apports et méfaits de la Grande Révolution

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==Présentation== ==Présentation==
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 +Jean-Marie Déguignet a en fait très peu abordé dans ses écrits le thème de la révolution de 1789. Pour lui la Révolution est celle de 1848 <ref>La Révolution française de 1848 est la deuxième révolution française du XIXe siècle, après celle de juillet 1830 ; elle se déroule à Paris du 22 au 25 février 1848. Sous l'impulsion des libéraux et des républicains, le peuple de Paris, à la suite d'une fusillade, se soulève à nouveau et parvient à prendre le contrôle de la capitale. Louis-Philippe, refusant de faire tirer sur les Parisiens, est donc contraint d'abdiquer en faveur de son petit-fils, Philippe d'Orléans, le 24 février. Les révolutionnaires proclament la Deuxième République le 25 février 1848 et mettent en place un gouvernement provisoire républicain, mettant ainsi fin à la Monarchie de Juillet. Source : Wikipedia.</ref>, et quand il mentionne celle de 1789 il la désigne sous la formule « <i>l'autre révolution, la grande</i> » ou « <i>ar Revolution bras</i> » <ref name=Dispach>Le breton littéraire utilise l'expression « <i>an Dispac'h bras</i> » pour désigner la Révolution française de 1789.</ref>.
 +Toutefois, ce qu'il en dit n'est pas inintéressant, et, comme il en dit peu, il va droit à l'essentiel :
 +* La période de la Terreur était vaguement associée au nom de Robespierre, mais le souvenir le plus tenace était celui des exactions d'une bande de voyous, les chauffeurs (an Dommerien <ref name=Dommerien>-</ref> ) : « <i>Il y en avaient encore trois ou quatre richards dans la commune qui ... avaient eu les jambes grillées par des étoupes résinées, et les fesses rôties sur la poêle à crêpes, pour les forcer d'avouer où étaient leurs trésors</i> ».<br><br>
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 +* Le souvenir des prêtres refractaires qui refusaient de prêter serment à la Révolution était aussi encore vivace plus de cent ans après. Des grottes du côté du Stangala (que Déguignet nomme Stang-Odet) avaient été baptisées <i>Toul ar Veleien</i> (le trou des prêtres).
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 +<br>Vous savez pourquoi on nous exila
 +<br>Mais nous rentrons et songez à vous taire
 +<br>Et que vos enfants suivent nos leçons,
 +<br>C'est nous qui fessons et qui refessons <ref>Les punitions corporelles étaient de tradition dans les écoles des jésuites.</ref>
 +<br>Les jolis petits, les jolis garçons ».
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Version actuelle

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Dans ses mémoires, Jean-Marie Déguignet juge la Révolution française de 1789, et énumère les souvenirs laissés par quelques personnages : les bandes de « Dommerien » [1] qui terrorisaient les riches, les prêtres réfractaires en exil dans les grottes, les jésuites qui pratiquaient les punitions corporelles ...

Autres lectures : « Espace Déguignet » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ « An dommerien, les chauffeurs, Feiz ha Breiz 1908 » ¤ 

1 Présentation

Jean-Marie Déguignet a en fait très peu abordé dans ses écrits le thème de la révolution de 1789. Pour lui la Révolution est celle de 1848 [2], et quand il mentionne celle de 1789 il la désigne sous la formule « l'autre révolution, la grande » ou « ar Revolution bras » [3].

Toutefois, ce qu'il en dit n'est pas inintéressant, et, comme il en dit peu, il va droit à l'essentiel :

  • La période de la Terreur était vaguement associée au nom de Robespierre, mais le souvenir le plus tenace était celui des exactions d'une bande de voyous, les chauffeurs (an Dommerien [1] ) : « Il y en avaient encore trois ou quatre richards dans la commune qui ... avaient eu les jambes grillées par des étoupes résinées, et les fesses rôties sur la poêle à crêpes, pour les forcer d'avouer où étaient leurs trésors ».

  • Le souvenir des prêtres refractaires qui refusaient de prêter serment à la Révolution était aussi encore vivace plus de cent ans après. Des grottes du côté du Stangala (que Déguignet nomme Stang-Odet) avaient été baptisées Toul ar Veleien (le trou des prêtres).
 
  • Pour Déguignet un des apports essentiels de la Révolution est d'avoir chassé les jésuites en charge de l'éducation et pratiquant les punitions corporelles. En fait la dissolution de la Compagnie de Jésus avait été prononcée le 21 juillet 1773 par le pape Clément XIV, sous la pression des états européens dont la France. Après avoir été expulsés ils reviendront après les guerres napoléoniennes.


2 Sélection de textes

Les chauffeurs, page 82

Il y avait encore des vieux qui avaient vu l'autre révolution, la grande (ar Revolution bras [3]), et qui souvenaient du nom de Robespierre. Ce souvenir seul leur faisait peur, autant que les souvenirs des chouans et des chauffeurs (ann domerien [1]). De ces derniers, il y en avaient encore trois ou quatre richards dans la commune qui avaient de quoi de s'en souvenir : ils portaient aux jambes et plus haut des marques significatives. Ils avaient eu les jambes grillées par des étoupes résinées, et les fesses rôties sur la poêle à crêpes, pour les forcer d'avouer où étaient leurs trésors.

Les prêtres réfractaires, page 328

J'étais allé d'abord à Griffonez, une des grandes fermes touchant le Stang-Odet et de laquelle dépend la plus grande partie, la partie la plus abrupte, la plus sauvage et la plus inaccessible du stang. Ce fut dans cette partie que les prêtres réfractaires bretons allèrent se cacher pendant la Terreur, dans un endroit appelé Bec ar Grip où il n'y a que rochers, gouffres et précipices.

 

Les prêtres réfractaires, suite page 328

J'allai voir la grotte dans laquelle ces prêtres trembleurs s'étaient réfugiés par peur de la machine de Guillotin, plus puissante alors que leur Dieu tout puissant. Dans cette grotte qu'on appelle toujours Toul ar Veleien (le trou des prêtres), on peut se loger facilement et largement et on y serait à l'abri des visites importunes car il faut avoir de la hardiesse, de l'adresse et de l'agilité pour arriver jusqu'à là.

Les jésuites, page 771

Béranger [4] avait raison quand il demandait à ces jésuites que la Révolution avait chassés :

« Hommes noirs, d'où sortez-vous :
Nous sortons de dessous terre,
Moitié renards, moitié loups [5],
Notre règle [est] un mystère.
Nous sommes fils de Loyola [6],
Vous savez pourquoi on nous exila
Mais nous rentrons et songez à vous taire
Et que vos enfants suivent nos leçons,
C'est nous qui fessons et qui refessons [7]
Les jolis petits, les jolis garçons ».


3 Annotations

  1. An dommerien : les chauffeurs, de tomm (chaud). Annick Le Douguet a étudié les méfaits et procès des chauffeurs en Cornouaille : « Langolen, chronique d'un village de Basse-Bretagne », « Les Tommerien, redoutables hordes de chauffeurs, sèment la violence et la mort à Pleuven et à Clohars-Fouesnant  ». Voir également l'histoire racontée par Jean-Louis Prigent : « An dommerien, les chauffeurs, Feiz ha Breiz 1908 ». [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2]
  2. La Révolution française de 1848 est la deuxième révolution française du XIXe siècle, après celle de juillet 1830 ; elle se déroule à Paris du 22 au 25 février 1848. Sous l'impulsion des libéraux et des républicains, le peuple de Paris, à la suite d'une fusillade, se soulève à nouveau et parvient à prendre le contrôle de la capitale. Louis-Philippe, refusant de faire tirer sur les Parisiens, est donc contraint d'abdiquer en faveur de son petit-fils, Philippe d'Orléans, le 24 février. Les révolutionnaires proclament la Deuxième République le 25 février 1848 et mettent en place un gouvernement provisoire républicain, mettant ainsi fin à la Monarchie de Juillet. Source : Wikipedia. [Ref.↑]
  3. Le breton littéraire utilise l'expression « an Dispac'h bras » pour désigner la Révolution française de 1789. [Ref.↑ 3,0 3,1]
  4. Pierre Jean de Béranger (1780-1857), chansonnier parisien, témoin à 9 ans de la prise de la Bastille, auteur de nombreuses chansons bonapartistes, patriotiques, antiroyalistes, anticléricales. [Ref.↑]
  5. Les renards et les loups désignent les jésuites dans le folklore anticlérical. R. Rémond, Histoire de l'anticléricalisme, 1985. [Ref.↑]
  6. "Saint" Ignace de Loyola (1491-1556) est le fondateur de l'ordre des jésuites, supprimé en 1773, puis rétabli en 1814. [Ref.↑]
  7. Les punitions corporelles étaient de tradition dans les écoles des jésuites. [Ref.↑]




Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet

Date de création : Octobre 2012    Dernière modification : 14.01.2013    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]