LE LOUET Mathias - Je viens de la part de Fernand - GrandTerrier

LE LOUET Mathias - Je viens de la part de Fernand

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Né à Briec, il arrive très tôt avec ses parents à Ergué-Gabéric : « <i>J’avais trois ans lorsque mon père trouva de l’embauche, comme manœuvre, à la papeterie d’Odet (Bolloré), fabrique de papier à cigarettes, située à une dizaine de kilomètres de Quimper. Mes parents se rendirent acquéreurs d’une modeste petite maison de deux pièces et d’un petit jardin d’environ quatre cents mètres carrés situé dans le village de Lestonan, sur la commune d’Ergué-Gabéric.</i> » Né à Briec, il arrive très tôt avec ses parents à Ergué-Gabéric : « <i>J’avais trois ans lorsque mon père trouva de l’embauche, comme manœuvre, à la papeterie d’Odet (Bolloré), fabrique de papier à cigarettes, située à une dizaine de kilomètres de Quimper. Mes parents se rendirent acquéreurs d’une modeste petite maison de deux pièces et d’un petit jardin d’environ quatre cents mètres carrés situé dans le village de Lestonan, sur la commune d’Ergué-Gabéric.</i> »

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Image:LivresB.jpgCatégorie : Media & Biblios  

Site : GrandTerrier

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LE LOUET (Mathias), Je viens de la part de Fernand. Récits de la Résistance et de prison 1941-1944, J. Le Louët, Saint-Evarzec, 2004, ISBN n/a
Titre : Je viens de la part de Fernand. Récits de la Résistance et de prison 1941-1944
Auteur : LE LOUET Mathias Type : Livre/Brochure
Edition : J. Le Louët Note : préface d'Eugène Kerbaul
Impression : Saint-Evarzec Année : 2004
Pages : 205 Référence : ISBN n/a

Notice bibliographique

Couverture

Francine Lazou, doc n° 31
Autres lectures : « KERBAUL Eugène - Militants du Finistère (1918-1945) » ¤ « Les résistants communistes d'Ergué-Gabéric en 1939-45 » ¤ « MAITRON Jean - Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier et social » ¤ « Jean et Francine Lazou, instituteurs de 1926 à 1950 » ¤ « KERGOURLAY Guillaume - Le pays des vivants et des morts » ¤ 

Dans ce livre édité par sa veuve Jacqueline, Mathias Le Louët (1921-1987) raconte ses souvenirs d'enfant de Lestonan et de jeune adulte entré dans la résistance, de son arrestation en mars 1943 comme pro-communiste, de son procès et détention dans différentes geôles du gouvernement de Vichy, et enfin de son évasion et passage dans le maquis en 1944.

Né à Briec, il arrive très tôt avec ses parents à Ergué-Gabéric : « J’avais trois ans lorsque mon père trouva de l’embauche, comme manœuvre, à la papeterie d’Odet (Bolloré), fabrique de papier à cigarettes, située à une dizaine de kilomètres de Quimper. Mes parents se rendirent acquéreurs d’une modeste petite maison de deux pièces et d’un petit jardin d’environ quatre cents mètres carrés situé dans le village de Lestonan, sur la commune d’Ergué-Gabéric. »

Son regard de futur militant social lui fait noter une injustice constatée localement dans les années 1926-27 : « Deux ans après, M. Bolloré, le potentat de la papeterie, fit construire à ses frais, sur un terrain lui appartenant, deux écoles libres, l’une pour les garçons, l’autre pour les filles. Il mit en demeure ses ouvriers d’y inscrire leurs enfants pour la rentrée d’octobre. Un seul ouvrier refusa. Il était athée et, chose rare à l’époque, marié civilement. Il était sourd et muet. Malgré son infirmité et ses grandes qualités professionnelles, il fut licencié le jour de la rentrée scolaire.  »

Par la force des choses Mathias Le Louët intègre l'école publique de Lestonan : « Quant à moi, mes parents furent donc contraints de m’envoyer à l’école privée. Je n’y restai qu’un an. En effet, dans le courant de l’année, Bolloré avait acheté deux nouvelles machines et congédié un certain nombre de manœuvres, devenu personnel en surnombre. Mon père faisait partie de cette charrette de licenciés. »

Il se lie avec le couple d'instituteurs laïques : « M. et Mme Lazou étaient deux pédagogues extraordinaires, doués chacun d’une grande conscience professionnelle. Ils étaient aimés, estimés et respectés de toute la population. Une ou deux fois par semaine, M. Lazou organisait à titre bénévole des cours du soir pour les jeunes agriculteurs. » Lieutenant dans l'armée françaises, Jean Lazou est tué au combat lors de l'offensive allemande de 1940.

Mathias Le Louët est arrêté en mars 1943 dans un rendez-vous avec un policiers qui lui délivre un mot de passe falsifié d'agent résistant de liaison : « Il me demanda du feu et, après qu’il eut allumé sa cigarette, me dit : "Je viens de la part de Fernand". C’était le mot de passe convenu. » Fernand est le pseudo de René Le Herpeux, résistant et gendre de Francine Lazou. Cette dernière est interpellée également.

Emprisonné et interrogé, il signe une reconnaissance d'activités communistes, alors qu'il ne s'était encarté jusqu'à présent qu'au mouvement du Front National [1] de lutte pour la libération. Il est condamné à un an de prison,

Il connaîtra successivement les prisons de Vitré, Poissy, Melun, Châlons-sur-Marne. Les colis en provenance de Lestonan sont les bienvenus, notamment grâce à Anne-Marie Combot, épouse Manach, venue remplacer sa sœur Francine Lazou comme institutrice à l'école primaire de Lestonan : « Si vous n'avez pas encore acheté de Sarcoptol [2], ce ne sera pas la peine de me l'expédier. Par contre je n'ai plus de plumes et si Madame Manach y pense, elle sera bien aimable de me mettre quelques-unes dans mon prochain colis. »

Après son évasion et une période dans le maquis de l'Argonne Marnaise, il revient à Lestonan en octobre 1944 : « Tous les habitants du village manifestèrent leur joie, même ceux, peu nombreux (deux ou trois je crois), qui avaient eu l’impudence de dire à mes parents après avoir appris mon arrestation : "C’est bienfait pour lui, il n’avait pas besoin d’être communiste". »

Extraits

Page 17-21, les origines familiales et sociales

Je suis né le 19 mars 1921, dans un petit penti au village de Guelen, en la commune de Briec-de-l’Odet, dans le département du Finistère. Le penti, qui veut dire en breton « un bout de maison», était une petite maison d’une ou deux pièces, où le propriétaire d’une ferme logeait une famille d’ouvriers agricoles gagée à l’année à son service. Mon père était ouvrier agricole. Ma mère, journalière agricole, n’était employée à la ferme qu’occasionnellement et surtout à l’époque des gros travaux. Mes parents élevaient une vache dans une petite étable attenante au penti et la nourrissaient à l’aide d’herbe, de foin et de pommes de terre qu’ils cultivaient sur une parcelle de terre, mise à leur disposition par le propriétaire. C’est ainsi que, pendant les trois premières années de ma vie, j’ai été élevé successivement à Guelen et Kerecun, situés tous deux sur la commune de Briec-de-l’Odet.

J’étais l’aîné de trois enfants dont le deuxième décéda à la naissance. J’avais trois ans lorsque mon père trouva de l’embauche, comme manœuvre, à la papeterie d’Odet (Bolloré), fabrique de papier à cigarettes, située à une dizaine de kilomètres de Quimper. Mes parents se rendirent acquéreurs d’une modeste petite maison de deux pièces et d’un petit jardin d’environ quatre cents mètres carrés situé dans le village de Lestonan, sur la commune d’Ergué-Gabéric.

En plus de ses six jours de travail hebdomadaires à la papeterie, mon père, tous les dimanches, travaillait son jardin ou, pendant l’hiver, allait abattre des talus dans les fermes environnantes pour pouvoir récupérer à son profit les souches et les branches, ce qui évitait d’avoir à acheter le bois de feu.

§ À l’époque du foin et de la moisson ...

Page 35, Mme Lazou

CHAPITRE II

Les portes de la clandestinité

Le premier trimestre s’achevait, nous étions aux vacances de Noël 1940. Mme Lazou, dont le mari capitaine dans l’armée française fut tué au combat dès les premiers jours de l’invasion allemande, vint me voir chez mes parents et me demanda de l’accompagner chez elle pour y rencontrer Malou, sa fille, et son gendre, René Le Herpeux, tous deux étudiants en médecine à Rennes. Le long du bref chemin qui séparait notre habitation de l’école, elle me demanda si je voulais bien faire partie d’un mouvement appelé le Front national 1 et distribuer des tracts et journaux clandestins. À Mme Lazou, pour qui j’avais une admiration sans borne et une profonde reconnaissance, je n’aurais rien su refuser. Cela aurait été pour moi inconcevable. Je lui répondis par l’affirmative mais objectai cependant que je n’étais pas communiste, que je souhaitais une collaboration de classes. Ce dont je ne m’ouvris pas à elle, c’est du fait que j’étais croyant. Elle le savait, d’ailleurs. J’avais été élevé dans la religion catholique. Depuis ma première communion, à l’âge de douze ans, je n’allais plus guère à la messe qu’une fois par an, à Pâques - c’était une tradition -, mais je restais croyant. Or, pour moi, le fait d’être croyant et celui d’être communiste étaient incompatibles. Je n’avais pas aimé non plus, avant-guerre, les chants bruyants de ceux qui revenaient en car de fêtes communistes et qui entonnaient à leur retour L’Internationale, les poings levés. Et puis que savais-je du marxisme ? Mon livre de philo au lycée, le Cuvelier, y consacrait cinq ou six lignes. Mme Lazou eut la délicatesse de ne pas me contredire. Mes sentiments antiallemands et anti-pétainistes lui suffisaient.

Page 32 et 35-37, mot de passe et arrestation

À partir de ce moment-là, Mme Lazou et moi-même ne reçûmes aucune visite d’agents de liaison. J’étais coupé de tout contact à l’exception de ceux que j’avais établis avec une jeune professeur de Concarneau, Mlle Lucas et un employé de la préfecture, Roguès, Mais nous n’avions aucun lien avec l’échelon supérieur. Il fallut attendre les vacances de Noël pour demander à René Le Herpeux, le gendre de Mme Lazou, de rétablir un nouveau contact. René Le Herpeux décida de m’envoyer un agent de liaison pour me mettre en relation avec un responsable régional. Nous convînmes d’un lieu de rendez-vous, chez Mme Lazou, et d’un mot de passe : « Je viens de la part de Fernand.» J’attendis le rendez-vous pendant deux mois.


Le 1er mars 1943, un gars se présenta chez Mme Lazou et demanda à me voir. Mme Lazou lui dit que je ne serais rentré de mon travail que vers dix-neuf heures. Jusqu’alors elle logeait les agents de liaison. Je leur apportais un deuxième vélo à Quimper et ils me suivaient jusqu’à Lestonan. Cette fois le gars prétexta un rendez-vous à Quimper et dit qu’il ne pouvait m’attendre. Comme je devais commencer mon travail à neuf heures aux Ponts et Chaussées, il me fixa rendez-vous le lendemain à huit heures dans le hall de la gare de Quimper. Je devais fumer une cigarette, tenir un ticket de chemin de fer à la main et lire une revue peu courante, dont je ne me souviens plus du titre. À l’heure dite j’étais au rendez-vous, la cigarette aux lèvres, le ticket de chemin de fer à la main et lisant la revue. Un gars d’une trentaine d’années, vêtu d’un blouson et d’un pantalon de golf, coiffé d’un béret et chaussé de gros brodequins s’approcha. Il me demanda du feu et, après qu’il eut allumé sa cigarette, me dit : « Je viens de la part de Fernand.» C’était le mot de passe convenu. Nous nous dirigeâmes vers la sortie. Dans la cour de la gare il me présenta à un autre gars correctement vêtu de bleu marine, et me dit que ce serait désormais mon nouveau responsable régional. Je ne me souviens plus des prénoms qu’ils se donnèrent. Nous allâmes à pied vers le centre-ville. Tous deux me questionnèrent sur les possibilités de faire redémarrer l’organisation et de la développer. Ils me parurent bien renseignés sur nos activités passées. Je racontai que je n’étais plus qu’en contact très épisodique avec un gars de la préfecture, une prof de Concarneau mais que j’avais la possibilité de recruter trois autres gars à Ergué-Gabéric. Ils me demandèrent alors de faire marcher tout de suite la ronéo. Le responsable régional m’aurait apporté un stencil dans les jours à venir. Je leur répondis que la ronéo n’était plus à Lestonan, que j’ignorais même où elle était. Ils insistèrent pour que je la récupère au plus vite. Je leur assurai que ce serait fait dès qu’un ami, agent du génie rural, pourrait, pour son travail, retourner là où il l’avait transportée.

§ Tout en marchant et bavardant ...

 

Pages 54-46, accusation et procès à Rennes

La maison d’arrêt de Vitré, qui a été désaffectée depuis et transformée en logements, était toute petite. Son personnel était composé d’un directeur et de quatre gardiens, tous d’anciens marins d’État. À l’exception du plus jeune qui nous a manifesté de la sympathie, les autres étaient de bons vichystes qui n’aimaient guère les « communistes». Nous fûmes mis dans une cellule occupée déjà par un « politique » de la région nantaise pour attendre notre procès. L’assignation à comparaître le 15 avril 1943 à neuf heures devant la section spéciale de la cour, remise le 12 avril par un huissier de justice de Vitré, m’apprit que j’étais prévenu d’avoir « en 1942 à Ergué-Gabéric, en tout cas dans l’arrondissement de Quimper, détenu de mauvaise foi des tracts à tendance communiste et du matériel de diffusion tendant à propager les mots d’ordre de la IIIe Internationale ou des organismes qui s’y rattachent ». Délits prévus et punis par les articles 3 modifiés par les lois du 31 décembre 1939 et de la loi du 14 septembre 1941.

Le 15 avril de très bonne heure, une dizaine de gendarmes vinrent prendre une vingtaine de camarades de la région nantaise, René Guillamet et moi-même. Ils nous enchaînèrent deux par deux et nous conduisirent en voitures cellulaires jusqu’à la gare où l’on prit le train pour Rennes. À la gare de Rennes, de nouvelles voitures cellulaires nous attendaient pour nous amener au palais de justice.

Dans la salle d’audience l’on nous enleva les menottes. L’un des gendarmes avait posé sa clef sur la balustrade séparant le public du prétoire. J’avais la main presque dessus lorsqu'un prévenu, un Espagnol, lui fit remarquer son oubli ! Dommage car il s’est avéré que cette clef m’aurait été précieuse le soir même, lors du retour à Vitré.

On nous fit asseoir sur le banc des accusés. Il y avait là, en plus des vingt-deux qui arrivaient de Vitré, Mme Lazou et, je crois, une ou deux autres femmes. Il y avait aussi une dizaine d’internés venant de Montfort-sur-Mer, parmi lesquels Tocquet, un Concarnois. Déjà condamné pour une première affaire, il allait être jugé pour une deuxième.

Nos avocats vinrent nous serrer la main, Me Bastard pour René Guillamet et moi-même et Me Feuillet pour Mme Lazou. Tous deux du barreau de Quimper avaient été conduits à Rennes par M. Pierre Robin, adjoint technique du génie rural.

L’audience se déroula relativement vite, malgré le nombre important d’accusés. Beaucoup n’avaient pas d’avocat. D’ailleurs cela ne servait pas à grand-chose d’être assisté d’un conseil.

§ Après la lecture des actes d’accusation ...

Page 70 et lettre de prison, les colis de Lestonan

Une autre chose était également très dure à Poissy : la faim. J’avais partagé avec mes camarades ce qui me restait du dernier colis reçu à Vitré. Nous avions droit de recevoir deux colis d’un maximum de trois kilos par mois. Dès le jour de mon arrivée à Poissy j’avais envoyé à mes parents mon « changement d’adresse». Quand ils l’eurent reçu et dès qu’ils réussirent à trouver, à la campagne, les denrées nécessaires : lard, beurre, crêpes, etc., ils confectionnèrent un colis approchant le plus possible des trois kilos. Pour cela, ils étaient aidés par Mme Manach, sœur de Mme Lazou, nommée institutrice à Lestonan et par Mme Guillamet, épouse de René. René circulait beaucoup à la campagne grâce à ses fonctions au génie rural et avait des possibilités de ravitaillement que mes parents n’avaient pas. Le premier colis ne m’est jamais parvenu. Il avait sans doute alléché un gardien. Lorsque je reçus le deuxième, il y avait environ un mois et demi que je ne mangeais autre chose que la boule de pain et la pitance de la prison. Vers dix heures du matin je n’avais plus de pain que j’essayais, pourtant, d’économiser en le grignotant miette par miette. Le reste de la nourriture c’était, midi et soir, une gamelle de soupe claire où nageait environ un quart de feuille de chou jaunie ou desséchée. À midi, nous avions également une pitance de choux ou de purée de pommes de terre très liquide ou encore de bouillie de résidus de soja ou de haricots. Un jour j’ai compté sept haricots dans cette pitance.


Lettre de la prison de Poissy en 1943 :

Je vais toujours bien. La gale a presque complètement disparu. Si vous n'avez pas encore acheté de Sarcoptol [2], ce ne sera pas la peine de me l'expédier. Par contre je n'ai plus de plumes et si Madame Macnach y pense, elle sera bien aimable de me mettre quelques-unes dans mon prochain colis.

Pages 204-205, retour à Lestonan

Après avoir quitté l’hôpital, je me rendis chez moi à Lestonan, en Ergué-gabéric. Je n’y retrouvai ni mon père, ni mon frère. Celui-ci n’était pas encore rentré de son travail, quant à mon père il était employé dans une ferme d’Elliant. Je m’y fis conduire et le trouvai occupé à travailler dans un champ. Aussi surpris que ma mère, il lâcha ses outils, me sauta au cou et m’embrassa à son tour. Son patron, également très heureux, lui dit de rentrer tout de suite et de prendre le nombre de jours de congé qu’il désirait. Je rentrai à la maison où je retrouvai enfin mon frère. Averti par les voisins, il m’attendait avec impatience. Il m’embrassa à son tour. Trois jours après, nous étions tous réunis, ma mère, mon père, mon frère et moi.

Tous les habitants du village manifestèrent leur joie, même ceux, peu nombreux (deux ou trois je crois), qui avaient eu l’impudence de dire à mes parents après avoir appris mon arrestation : « C’est bienfait pour lui, il n’avait pas besoin d’être communiste. »

Annotations

  1. Le Front national, ou Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France, est un mouvement de la Résistance intérieure française créé par le Parti communiste français (PCF) vers mai 1941. [Ref.↑]
  2. Le Sarcoptol, produit contre la gale, était un liquide épais composé de divers ingrédients parmi lesquels une suspension de soufre et un produit breveté par la firme Bayer sous le nom d'Epicarine. [Ref.↑ 2,0 2,1]


Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric

Date de création : juin 2019    Dernière modification : 27.06.2019    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]