L'arche perdue du vieux pont de sant Alar - GrandTerrier

L'arche perdue du vieux pont de sant Alar

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Catégorie : Patrimoine
 Site : GrandTerrier

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§ E.D.F.
Saint Alar, qu'on confont souvent avec saint Éloi, a alimenté nombre de légendes, et particulièrement autour du site naturel du Stangala, et aussi plus en amont dans la vallée entre Kermadoret et Creac'h-Ergué, avec ce vieux pont sur l'Odet que l'on croyait disparu.

Redécouverte du lieu en octobre 2021, galerie de croquis et de photos, géolocalisation et carte IGN, souvenirs des anciens.

Autres lectures : « Sant Alar (5e siècle) » ¤ « La petite statue de l'évêque Alain, alias sant Alar, à Kerdévot » ¤ « La fontaine de saint Alar à Creac'h-Ergué » ¤ « GUÉGUEN Jean - Treo Sant Andre, Trêve de Saint André » ¤ « Les fontaines sanctifiées gabéricoises » ¤ « LE GOFF Yves - Kannadig Intron Varia Kerzevot » ¤ 

[modifier] Présentation

Par un bel automne ensoleillé, quatre aventuriers - Mann Kerouredan, Jean-Noël Le Du, Jean-Pierre Le Grall et votre serviteur - sommes partis à la recherche de ce pont mystérieux. Et le résultat est là : le magnifique pont de saint Eloi est toujours là, joignant les rives d'Ergué-Gabéric et de Landudal, et il mérite qu'on s'y intéresse.

Depuis la rive gauche gabéricoise, le pont est difficilement accessible et dans les bois, à la limite ouest du bief du moulin de Kergonal et près de la maison ruinée de Pont-Saint-Eloi, précisément au point géolocalisé en 48.038054 x - 3.996067 sur la carte IGN :

Mais c'est de la rive de Landudal qu'on peut mieux appréhender la dimension et la beauté de l'ouvrage : il suffit de d'emprunter le chemin agricole qui descend du village de Kermadoret et de longer un champ cultivé - en maïs en 2021 - sur sa partie orientale.

Le pont est formé de 3 ilots de rochers consolidés en pierres de tailles, le premier du côté gabéricois étant la berge du bief de Kergonan. Une épaisse dalle de pierre de 4 mètres environ de long est toujours posée en équilibre sur les deux ilots centraux. On dirait un pont médiéval, et sa structure est bien conservée encore, malgré les crues et intempéries qui ont emporté deux dalles dans leur flot.

 

Pourquoi avoir dédié ce lieu à sant Alar ? Tout simplement parce que ce personnage de légende aux noms multiples (Alar, Eloi, Alour, Alanus) , ermite et évêque de Quimper, saint protecteur des orfèvres, forgerons et des chevaux, est très vénéré localement. Sur le coteau de Creac'h-Ergué il avait sa fontaine (aujourd'hui démantelée) et ses champs ("parc sant Alour") ; sa statue est exposée à la chapelle de Kerdévot, le site et les légendes de Stangala, plus proche de Quimper, lui sont dédiés, et la vallée entre Kermadoret et Creach-Ergué était appelée aussi autrefois Stang-Sant-Alar.

Le pont, aujourd'hui en-dehors des circuits de promenade, les pêcheurs étant de moins en moins nombreux à fréquenter la nature qui devient de plus en plus envahissante, avait autrefois une utilité : il servait de passage pour les pèlerins de Compostelle qui avaient fait leur dévotions à la fontaine saint Jacques voisine (près de la chapelle de St-André) et surtout les meuniers gabéricois des deux moulins voisins de Kergonan et de Coat-Piriou.

Ces derniers livraient par là leurs sacs de farine sur les rives droites de Briec et de Landudal, après avoir doté le pont d'une structure de bois : « De chaque côté de la rive ils lancèrent une passerelle de fortune faite d'un ou plusieurs troncs, fixèrent deux pieux de bois de 1m de haut à chaque extrémité des troncs et relièrent ces deux pieux par une branche pour former une rambarde précaire.  » (Jean Guéguen, Bull. Comm. 1982).

Aujourd'hui le pont n'a plus d'utilité de circulation et de communication, mais, pour honorer la mémoire de nos prédécesseur, ne devrait-on pas aménager un circuit de randonnée qui y passe ? En 2004 une rando VTT passait par là, du village de Kermadoret (Landudal) jusqu'à l'Odet, et une structure de bastaings et palettes (cf. photos ci-dessous) avait été rajoutée pour former l'ossature de ce pont éphémère, pour remonter côté Grand-Ergué par la sapinière de Raymond Duvail.

En fait le chemin de Kermadoret à Pont-Sant-Alar, qui aujourd'hui n'est plus tracé (on doit traverser un champ cultivé), existait bien et était une voie de circulation entre les deux communes : sur le cadastre de 1834 on le voit bien dessiné et le pont lui-même est également marqué.


[modifier] Iconographie




[modifier] Textes

Treo Sant Andre, Jean Guéguen, 1982

LE PONT DE SAINT ALAR (ELOI)

La vallée de l'Odet comprise entre le moulin de Kergonan et Coat-Piriou porte l'empreinte de sant Alar, un pont et une fontaine portant le même nom.

Du pont de saint Alar, il ne reste plus que les 2 piliers centraux au milieu de l'Odet, reliés par une épaisse dalle de pierre, sur la moitié de leur largeur. Les autres dalles qui reliaient les rives à ces piliers ont été emportées par une crue de l'Odet.

Du côté rive gauche l'assise du pont est toujours bien conservée. Ce pont rustique permettait les relations de voisinage entre les 2 rives de l'Odet. C'était aussi l'un des points de passage des pèlerins du "Tro Breiz", leur permettant de rejoindre la fontaine de saint Jacques près de la chapelle de Saint-André, tout en passant par la fontaine de sant Alar (aujourd'hui démantelée) toute proche. Mais c'était surtout le moyen de communication et de transport pour les 2 moulins qui se situaient en aval et en amont du pont sur la rive gauche de l'Odet, ceux de Kergonan et de Coat-Piriou. Les charrettes des meuniers ne pouvaient franchir l'Odet que pendant les périodes de basses eaux en amont et au voisinage du pont car celui-ci n'ayant semble-t-il jamais été fini pour le passage des charrettes. Tant que les dalles du pont existèrent, le transport du grain et de la farine se faisait à dos de cheval. Les dalles des deux rives de la rivière emportées par une crue, nos meuniers ne baissèrent pas les bras, de chaque côté de la rive ils lancèrent une passerelle de fortune faite d'un ou plusieurs troncs, fixèrent deux pieux de bois de 1m de haut à chaque extrémité des troncs et relièrent ces deux pieux par une branche pour former une rambarde précaire. Mais nos meuniers avaient "bon pied et bon oeil" et s’accommodaient fort bien de ce moyen de transport risqué, un sac de grains ou de farine sur l'épaule, une main le tenant, l'autre main sur la rambarde, ils transportaient ainsi d'une rive à l'autre les charrettes de céréales ou de farine. Bien souvent les crues de la rivière emportaient les fragiles passerelles de céréales ou de farine. Nos meuniers, avec ténacité, en reconstruisaient d'autres, sans jamais se lasser ; c'était un duel permanent entre l'homme et les éléments.

Le dernier moulin arrêté, le dernier meunier parti, le vieux pont de sant Alar, assoupi, tombé en léthargie, résiste encore aux outrages du temps.

 

Bulletin paroissial Kannadig IV Kerzevot, février 1929

À quelques pas de la fontaine, on voyait, il y a nombre d'années, une pierre de la grandeur et de la forme d'une table d'autel, d'un grain très fin, et portant au centre l'empreinte d'une croix ; cette pierre a disparu comme la chapelle, dédiée à Saint Eloi, et qui devait se trouver non loin de la fontaine.

Une enceinte de pierres droites, fertile en myrtilles, fait croire aux vieux du pays que là, peut-être, se trouvait autrefois une grande ville. D'aucuns disent que l'emplacement actuel de la chapelle du Creisker, en Briec, marquait le centre de la cité, et que son périmètre atteignait la rive de l'Odet, Kermadoret et Sant-Sant-Alar.

L'ensemble du site est saisissant par son silence et le mystère dont il est imprégné. Quand saint Eloi fit le voyage relaté dans la légende que je viens de narrer, il se trouva, parait-il, assez embarrassé pour passer le cours d'eau qui coulait à torrent par suite d'une crue extraordinaire, rugissant et roulant ses galets par un tumulte peut rassurant. Il n'y avait pas de pont, mais le saint avait pour grande ressource sa confiance en Dieu. Sans l'ombre d'une hésitation il prend son élan et saute par dessus cet Odet tapageur, laissant sa marque dans la pierre du champ de Kermadoret. On y voit parfaitement encore l'empreinte d'un pied dont le talon serait très enfoncé. On y venait autrefois faire les "Troez Lundis" pour exposer ses besoins à saint Eloi dont la pierre consacrait le souvenir.


[modifier] Annotations



    Thème de l'article : Richesses patrimoniales

    Date de création : Février 2008    Dernière modification : 12.01.2022    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]