Version du 19 septembre ~ gwengolo 2019 à 16:50 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions)
← Différence précédente |
Version du 19 septembre ~ gwengolo 2019 à 17:03 (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions)
Différence suivante → |
Ligne 233: |
Ligne 233: |
| | | |
| {{Citation}} | | {{Citation}} |
| + | <tt><small> |
| + | Venons au charnier, chrétiens, voyons les ossements |
| + | <br>De nos frères, sœurs, pères et mères, |
| + | <br>De nos voisins, de nos amis les plus chers ; |
| + | <br>Voyons l’état pitoyable où ils sont réduits. |
| + | |
| + | Vous les voyez cassés, émiettés ; |
| + | <br>Même la plupart sont en poussière tombés. |
| + | <br>Ici plus de noblesse, plus de fortune, plus de beauté ! |
| + | <br>La mort et la terre ont tout confondu. |
| + | |
| + | Entre le pauvre et le riche, le maître et le valet, |
| + | <br>Plus de différence ; tous sont semblables. |
| + | <br>Il ne reste d’eux que des os, de la poussière et de la pourriture. |
| + | <br>Ils nous dégoûteraient, si nous n’en avions pitié. |
| + | |
| + | Eh bien ! en ce pitoyable état où ils sont réduits, |
| + | <br>Ils parlent, et leur parole muette est d’une singulière éloquence. |
| + | <br>Ils nous font la leçon, et c’est à nous d’en profiter, |
| + | <br>Tant qu’il plaira à Dieu de nous laisser en ce monde. |
| + | |
| + | Écoutez donc leur enseignement, écoutez-le bien, |
| + | <br>Avec un cœur désireux d’en tirer bon profit. |
| + | <br>Ils vous disent clairement qu’eux aussi ont été de ce monde, |
| + | <br>Et que vous mourrez comme eux, quand vous y penserez le moins.</small> |
| + | </tt> |
| + | <spoiler id="996" text="suite ..."> |
| + | <tt> |
| + | <small>— Nous avons vécu sur terre, tout comme vous, |
| + | <br>Nous avons devisé, marché, bu, mangé, |
| + | <br>Et voici maintenant en quel état nous sommes réduits, |
| + | <br>Après avoir été en terre servir de pâture aux vers. |
| + | |
| + | — J’étais un homme robuste et galant ! — Moi, un gentilhomme ! |
| + | <br>— Moi, un homme riche ! — Moi, un habile homme !… |
| + | <br>— J’ai perdu ma noblesse ! — J’ai perdu ma fortune !… |
| + | <br>— J’ai perdu force et beauté ! — J’ai perdu ma science !… |
| + | |
| + | Nous n’avons eu que nos personnes et nos bonnes œuvres |
| + | <br>À présenter à notre Juge, à notre Roi, à notre Père ! |
| + | <br>Laissez donc les biens de la terre, détestez les vices, |
| + | <br>Et habillez vos âmes de toutes sortes de vertus. |
| + | |
| + | Que si vous demandez où s’en sont allées nos âmes, |
| + | <br>Au purgatoire elles sont, loin encore des cieux. |
| + | <br>Elles sont dans le feu, qui brûlent, pour achever de payer la dette |
| + | <br>Qu’elles ont contractée sur terre envers le vrai Dieu. |
| + | |
| + | Terrifiées par les flammes, elles s’époumonent à crier, |
| + | <br>À implorer vos prières, pour s’évader au plus vite |
| + | <br>Des prisons ténébreuses où elles sont jetées. |
| + | <br>Hâtez, hâtez-vous de les secourir, et ne différez point ! |
| + | |
| + | À vous nous nous adressons, parents et amis ! |
| + | <br>Ayez souvenir de nous ! quand vous allez par le cimetière, |
| + | <br>Dites, en passant : « Dieu pardonne |
| + | <br>À l’Anaon dans le purgatoire ! » (Car c’est là notre pays.) |
| + | |
| + | Une aumône, une prière faite à plein cœur, |
| + | <br>Un jeûne, ou une messe, ou une communion |
| + | <br>Peuvent beaucoup pour nous soulager, pour abréger nos peines, |
| + | <br>Et pour nous arracher d’un coup à l’horreur des flammes. |
| + | |
| + | Prêtres aimants, qui nous avez guidés |
| + | <br>Dans le chemin du salut, lorsque nous étions du monde, |
| + | <br>Continuez encore quelque peu à avoir pitié de nous |
| + | <br>Et à nous donner, par bonté d’âme, toutes sortes de biens. |
| + | |
| + | Quand vous montez à l’autel, pour officier, |
| + | <br>Quand Dieu descend vers vous, écoutez alors notre cri : |
| + | <br>Du sein des flammes nous vous supplions |
| + | <br>De nous aider, par le saint sacrifice, à faire avec Dieu notre paix. |
| + | |
| + | Et quand nous aurons fini d’expier notre péché, |
| + | <br>Nous adresserons pour vous à Dieu notre requête. |
| + | <br>Priez. Nous le ferons à notre tour. Aidons-nous les uns les autres ; |
| + | <br>C’est un bon moyen pour empêcher que personne se perde. |
| + | |
| + | Comme l’eau éteint le pire incendie, |
| + | <br>Ainsi, le feu du purgatoire est aussi éteint |
| + | <br>Par le saint sacrifice épandu sur l’autel. |
| + | <br>Demandez notre délivrance, au nom de Dieu le Sauveur. |
| + | |
| + | Dès que le soleil lumineux s’élance hors des nuages, |
| + | <br>Le monde entier, aussitôt, resplendit de clarté. |
| + | <br>Nous aussi, nous nous lèverons, clairs, comme les étoiles, |
| + | <br>Par la vertu du saint sacrifice, quand seront terminées nos peines. |
| + | |
| + | Adieu, pères et mères, frères et sœurs ! |
| + | <br>Adieu, parents, amis ! Adieu, vous, les vivants du monde ! |
| + | <br>Nous vous faisons maintenant nos derniers adieux. |
| + | <br>Adieu, tous ! Au revoir dans la vallée de Josaphat |
| + | |
| + | Donnez le durable repos, Jésus, notre Maître, |
| + | <br>Au bon Anaon trépassé qui est dans les flammes ! |
| + | <br>Envoyez-le au paradis pour vous louer à jamais |
| + | <br>Avec les saints, avec tous les anges !</small> |
| + | </tt> |
| + | </spoiler> |
| {{FinCitation}} | | {{FinCitation}} |
| |} | | |} |
Texte de Déguignet, p. 141
Je savais la prière spéciale qu'il fallait lui adresser, qui, en breton est un cantique, et qui se chante sur le plus bel air que je connaisse en breton :
« Ha c'houi va ael mad canat Doue,
Mirit va c'horf ba va ene,
Va mirit ouz an drouc-speret,
Ha dreist pep tra ous pep péc'het. »
("Et vous, mon ange gardien aimé de Dieu
Préservez mon corps et mon âme
Préservez-moi de l'esprit du mal
Et par-dessus tout du péché.")
Mais lorsque j'avais psalmodié ces prières avec quelques Pater et Ave Maria, mon esprit vagabond commençait aussitôt à fourrager dans les champs défendus. En effet, il ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi cet ange, commis spécialement à ma garde, me laissait m'égarer à chaque instant. C'était à lui de répondre de moi, et non à moi de répondre de lui.
|
Iconographie
|
|
Texte complet du chant
Evit adoriñ Doue
M'hoc'h ador, Doue va C'hrouer
M'hoc'h ador Jezuz, va Salver
Me zo amañ war va daoulin
'Vit ho pediñ diouzh ar mintin.
Evit trugarekaat Doue
Mil bennozh deoc'h, o va Aotrou,
Evit hoc'h holl madoberoù
D'am bezañ graet, prenet, miret,
Hag en hoc'h Iliz kemeret.
Evit en em reiñ da Zoue
Kement a rin, a lavarin,
A c'houzañvin hag a soñjin,
A ginnigan evit ho kloar,
Keit ha ma vin war an douar.
§ A-c'houde ...
Evit bezañ fidel da Zoue
Evit plijout deoc’h, Salver karet,
Me a dec’ho diouzh ar pec’hed,
Hag a heulio a-benn-da-benn
Kement a zo en ho lezenn.
Evit goulenn grasoù
Sellit ouzhin, o va Jezuz,
Skuilhit warnon grasoù nerzus,
Ha dreist pep tra grit ma vo don
Ho karantez e-barzh va c’halon.
Evit pediñ ar Werc’hez
Gwerc’hez Vari, va Mamm dener,
Bezit atav mat em c’heñver ;
Ha pa sono eur ar c’himiad,
Deuit da glozañ va daoulagad.
Evit pediñ an Ael-mat
C’hwi, va Ael-mat, kannad Doue,
Mirit va c’horf ha va ene ;
Na lezit ket an droukspered
D’am chadennañ dre ar pec’hed.
D’hor Patron pe d’hor Patronez
Va Sant patron, me zo eürus
Da gaout hoc’h anv enorus ;
Peogwir em eus ken bras enor,
Ho pet truez ouzh ho filhor.
Pe
Va fatronez, me zo eürus
Da gaout hoc’h anv enorus ;
Ha me ho ped, va maeronez,
Da henchañ mat ho filhorez.
|
Traduction française
Pour adorer Dieu
Je vous adore, Dieu mon Créateur
Je vous adore Jésus, mon Sauveur
Je suis ici à genoux
Pour vous priez ce matin.
Pour remercier Dieu
Mille bénédictions à vous, ô mon Seigneur
Pour tous vos bienfaits
D'avoir été créé, racheté, gardé
Et d’être membre de votre Eglise.
Pour se donner à Dieu
Tout ce que je ferai, je dirai
Je supporterai et je penserai
Je vous le donne pour votre gloire
Tant que je serai sur la terre.
§ Suite ...
Pour être fidèle à Dieu
Pour vous plaire, Sauveur aimé,
Je fuirai le péché,
Et je suivrai en tout point
Ce qui est dans votre loi.
Pour demander des grâces
Regardez vers moi, o mon Jésus,
Répandez sur moi vos grâces
Et surtout mettez profondément
Votre amour dans mon cœur.
Pour prier la Vierge
Vierge Marie, ma tendre Mère,
Soyez toujours bonne à mon égard
Et quand viendront les adieux
Venez me clore les yeux.
Pour prier l’ange-gardien
Vous, mon bon Ange, messager de Dieu,
Gardez mon corps et mon âme ;
Ne laissez pas le démon
M’enchaîner par le péché.
A notre saint patron ou sainte patronne
Mon saint Patron, je suis heureux
De porter votre nom honorable ;
Parce que c’est un grand honneur,
Prenez pitié de votre filleul.
Ou
Ma Patronne, je suis heureuse
De porter votre nom honorable ;
Et je vous prie, ma patronne,
De bien guider votre filleule.
|
|
Texte de Déguignet, p. 462
Non, l'amour en Bretagne, ni les chansons qu'il inspire ne sont pas tristes comme chez les peuples dits civilisés.Mais ce qu'il y a de triste pour les ignorants et les fanatisés, ce sont les guers, complaintes fabriquées par les prêtres pour leurs troupeaux,
§ la suite ...
complaintes sur les miracles opérés par les saints et les saintes, complaintes sur les crimes commis par des impies sur les choses sacrées et les punitions effroyables infligées immédiatement aux criminels, complaintes sur l'enfer et le purgatoire, complainte des morts (an Nanaon) et des ossements des cimetières, etc. etc. Et dans les derniers couplets de toutes ces complaintes, il est toujours fait appel à la bourse des ouailles pour dire des messes pour la conversion des impies et des hérétiques et pour la délivrance des âmes du purgatoire, surtout pour les âmes abandonnées (evit an Nanaon abandonet).
Dans la complainte des ossements (Guers ar garnel), ce sont les os eux-mêmes qui parlent. Ils disent aux vivants :
« Nint zo bet var an douar o ren ken coulz a c'hout
Hovale ac o tivis, o c'heva, o tebri
Cetu nint aman brema er stat mar zom renter
Goude mom bet an douar o vesur ar prenvet. »
("Nous avons été sur la terre aussi bien que vous
Marchant, causant, buvant et mangeant
Et voilà maintenant en quel état nous sommes
Après avoir été dans la terre nourrir les vers.")
Mais les derniers vers de cette complainte du charnier en montrent parfaitement le but :
« Lest ta madou ar bed man gred brezel dar visou
Disale c'houi vo ivez vel deomp ni er besiou. »
("Laissez donc les biens de ce monde, faites la guerre aux vices
Car sans tarder vous serez comme nous au tombeau.")
§ complément ...
Et les malins tonsurés ... ces fabricateurs d'âmes ?
|
Iconographie
|
|
Texte complet du chant
Traduction française
Venons au charnier, chrétiens, voyons les ossements
De nos frères, sœurs, pères et mères,
De nos voisins, de nos amis les plus chers ;
Voyons l’état pitoyable où ils sont réduits.
Vous les voyez cassés, émiettés ;
Même la plupart sont en poussière tombés.
Ici plus de noblesse, plus de fortune, plus de beauté !
La mort et la terre ont tout confondu.
Entre le pauvre et le riche, le maître et le valet,
Plus de différence ; tous sont semblables.
Il ne reste d’eux que des os, de la poussière et de la pourriture.
Ils nous dégoûteraient, si nous n’en avions pitié.
Eh bien ! en ce pitoyable état où ils sont réduits,
Ils parlent, et leur parole muette est d’une singulière éloquence.
Ils nous font la leçon, et c’est à nous d’en profiter,
Tant qu’il plaira à Dieu de nous laisser en ce monde.
Écoutez donc leur enseignement, écoutez-le bien,
Avec un cœur désireux d’en tirer bon profit.
Ils vous disent clairement qu’eux aussi ont été de ce monde,
Et que vous mourrez comme eux, quand vous y penserez le moins.
§ suite ...
— Nous avons vécu sur terre, tout comme vous,
Nous avons devisé, marché, bu, mangé,
Et voici maintenant en quel état nous sommes réduits,
Après avoir été en terre servir de pâture aux vers.
— J’étais un homme robuste et galant ! — Moi, un gentilhomme !
— Moi, un homme riche ! — Moi, un habile homme !…
— J’ai perdu ma noblesse ! — J’ai perdu ma fortune !…
— J’ai perdu force et beauté ! — J’ai perdu ma science !…
Nous n’avons eu que nos personnes et nos bonnes œuvres
À présenter à notre Juge, à notre Roi, à notre Père !
Laissez donc les biens de la terre, détestez les vices,
Et habillez vos âmes de toutes sortes de vertus.
Que si vous demandez où s’en sont allées nos âmes,
Au purgatoire elles sont, loin encore des cieux.
Elles sont dans le feu, qui brûlent, pour achever de payer la dette
Qu’elles ont contractée sur terre envers le vrai Dieu.
Terrifiées par les flammes, elles s’époumonent à crier,
À implorer vos prières, pour s’évader au plus vite
Des prisons ténébreuses où elles sont jetées.
Hâtez, hâtez-vous de les secourir, et ne différez point !
À vous nous nous adressons, parents et amis !
Ayez souvenir de nous ! quand vous allez par le cimetière,
Dites, en passant : « Dieu pardonne
À l’Anaon dans le purgatoire ! » (Car c’est là notre pays.)
Une aumône, une prière faite à plein cœur,
Un jeûne, ou une messe, ou une communion
Peuvent beaucoup pour nous soulager, pour abréger nos peines,
Et pour nous arracher d’un coup à l’horreur des flammes.
Prêtres aimants, qui nous avez guidés
Dans le chemin du salut, lorsque nous étions du monde,
Continuez encore quelque peu à avoir pitié de nous
Et à nous donner, par bonté d’âme, toutes sortes de biens.
Quand vous montez à l’autel, pour officier,
Quand Dieu descend vers vous, écoutez alors notre cri :
Du sein des flammes nous vous supplions
De nous aider, par le saint sacrifice, à faire avec Dieu notre paix.
Et quand nous aurons fini d’expier notre péché,
Nous adresserons pour vous à Dieu notre requête.
Priez. Nous le ferons à notre tour. Aidons-nous les uns les autres ;
C’est un bon moyen pour empêcher que personne se perde.
Comme l’eau éteint le pire incendie,
Ainsi, le feu du purgatoire est aussi éteint
Par le saint sacrifice épandu sur l’autel.
Demandez notre délivrance, au nom de Dieu le Sauveur.
Dès que le soleil lumineux s’élance hors des nuages,
Le monde entier, aussitôt, resplendit de clarté.
Nous aussi, nous nous lèverons, clairs, comme les étoiles,
Par la vertu du saint sacrifice, quand seront terminées nos peines.
Adieu, pères et mères, frères et sœurs !
Adieu, parents, amis ! Adieu, vous, les vivants du monde !
Nous vous faisons maintenant nos derniers adieux.
Adieu, tous ! Au revoir dans la vallée de Josaphat
Donnez le durable repos, Jésus, notre Maître,
Au bon Anaon trépassé qui est dans les flammes !
Envoyez-le au paradis pour vous louer à jamais
Avec les saints, avec tous les anges !
|
|