L'évocation des cantiques bretons par Jean-Marie Déguignet
Un article de GrandTerrier.
Version du 21 septembre ~ gwengolo 2019 à 08:18 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version actuelle (21 septembre ~ gwengolo 2019 à 08:27) (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) |
||
Ligne 33: | Ligne 33: | ||
Dans la « <i>Guerz ar garnel</i> », ce sont les ossements qui s'adressent aux vivants : « <i>Ni zo bet war ann douar o rén kerkoulz ha c'houi, O tiviz, hag o vale , oc'h eva , o tibri</i> » (Nous avons vécu sur terre, tout comme vous, Nous avons devisé, marché, bu, mangé). Déguignet s'en sert pour dénoncer la tristesse voulue par les clercs tonsurés qui ont composés les cantiques « <i>pour effrayer leurs troupeaux</i> », alors que les bretons étaient « <i>gais et riants, en vrais enfants de Bacchus</i> », même devant la mort. | Dans la « <i>Guerz ar garnel</i> », ce sont les ossements qui s'adressent aux vivants : « <i>Ni zo bet war ann douar o rén kerkoulz ha c'houi, O tiviz, hag o vale , oc'h eva , o tibri</i> » (Nous avons vécu sur terre, tout comme vous, Nous avons devisé, marché, bu, mangé). Déguignet s'en sert pour dénoncer la tristesse voulue par les clercs tonsurés qui ont composés les cantiques « <i>pour effrayer leurs troupeaux</i> », alors que les bretons étaient « <i>gais et riants, en vrais enfants de Bacchus</i> », même devant la mort. | ||
- | Le troisième ... dans le Barzaz Breizh de 1841, on l'attribue à Michel Le Nobletz (1577-1652), mais la tradition populaire voudrait qu'il fût composé par saint Hervé en personne. | + | Le troisième est le célèbre cantique du paradis. Il a été collecté par Hersart de La Villemarqué dans son anthologie du « <i>Barzaz Breizh</i> » de 1841. On l'attribue généralement à Michel Le Nobletz (1577-1652), mais la tradition populaire voudrait qu'il fût composé par saint Hervé en personne. |
+ | |||
+ | Déguignet le qualifie de « <i>joli cantique breton</i> » et défend l'idée que son contenu a pour but de tromper les ouailles, de « <i>détacher complètement leur cœur des biens de ce misérable monde, de ne jamais songer qu'aux biens précieux et éternels de l'autre monde</i> ». | ||
+ | |||
+ | Il compose même, pour se moquer, des variantes des paroles du cantique : « <i>Jesus peguen bras ve - Plujadur an dudze - Mar c'helfen kaouet tout - Ar c'hreyen ac ar yout</i> » (Jésus, combien grand serait - Le plaisir de ces gens - S'ils pouvaient avoir tout - La chèvre et le chou). | ||
|} | |} | ||
Version actuelle
Dans ses « Mémoires d'un paysan bas-breton », Jean-Marie Déguignet (1834-1905) donne sa vision critique des cantiques religieux en langue bretonne, tout en soulignant leur beauté et l'importance qu'ils avaient pour ses concitoyens.
Autres lectures : « La gwerz de la ville d'Ys chantée par Déguignet » ¤ « Petite Fantaisie sur l'enfer / Ha Doue bardono nanaon / J-M. Deguignet » ¤ « L'histoire de la Bossen, la peste d'Elliant, par Jean-Marie Déguignet » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ |
1 Présentation
Les cantiques bretons sont des chants sacrés populaires chantés à l’occasion des messes et pardons en Basse-Bretagne. Dans ses mémoires publiées en 2001 en version intégrale, Jean-Marie Déguignet a présenté trois de ces cantiques, très connus encore aujourd'hui, en citant un ou plusieurs couplets : A. « M'hoc'h ador, ma Doue ma c'hrouer », "Je vous adore, Dieu mon Créateur", en page 141.
Le premier cantique a les faveurs de Déguignet pour sa mélodie reconnaissable entre toutes (cf. enregistrement de Yann-Fanch Quemener ci-contre) : « il se chante sur le plus bel air que je connaisse en breton ». Le couplet cité par le paysan bas-breton est la prière à l'ange gardien, invoqué par lui, enfant, pour le préserver de l'esprit du mal : « Va mirit ouz an drouc-speret ». Mais ayant quand même des mauvaises pensées, malgré sa prière, Déguignet pose ce trait d'humour : « C'était à lui de répondre de moi, et non à moi de répondre de lui ». Le second cantique dit du charnier a été écrit en 1750 par Fiacre Cochart Cette procession a d'ailleurs été fort bien décrite par Anatole Le Braz : « La foule s'avance, clergé en tête, en un long serpentement noir, dans le gris ouaté du crépuscule ; le vent gonfle les surplis des prêtres, les mantes des femmes, hérisse les chevelures floconneuses des vieillards, attise les cires ardentes aux mains des enfants de chœur. Devant l'ossuaire on s'agenouille, et l'assistance entonne une sorte d'incantation pleine à la fois d'angoisse et de fougue, et qui secoue les chanteurs eux-mêmes d'un inénarrable frisson ... » |
Enregistrements sonores :
Update Required To play the media you will need to either update your browser to a recent version or update your Flash plugin. Dans la « Guerz ar garnel », ce sont les ossements qui s'adressent aux vivants : « Ni zo bet war ann douar o rén kerkoulz ha c'houi, O tiviz, hag o vale , oc'h eva , o tibri » (Nous avons vécu sur terre, tout comme vous, Nous avons devisé, marché, bu, mangé). Déguignet s'en sert pour dénoncer la tristesse voulue par les clercs tonsurés qui ont composés les cantiques « pour effrayer leurs troupeaux », alors que les bretons étaient « gais et riants, en vrais enfants de Bacchus », même devant la mort. Le troisième est le célèbre cantique du paradis. Il a été collecté par Hersart de La Villemarqué dans son anthologie du « Barzaz Breizh » de 1841. On l'attribue généralement à Michel Le Nobletz (1577-1652), mais la tradition populaire voudrait qu'il fût composé par saint Hervé en personne. Déguignet le qualifie de « joli cantique breton » et défend l'idée que son contenu a pour but de tromper les ouailles, de « détacher complètement leur cœur des biens de ce misérable monde, de ne jamais songer qu'aux biens précieux et éternels de l'autre monde ». Il compose même, pour se moquer, des variantes des paroles du cantique : « Jesus peguen bras ve - Plujadur an dudze - Mar c'helfen kaouet tout - Ar c'hreyen ac ar yout » (Jésus, combien grand serait - Le plaisir de ces gens - S'ils pouvaient avoir tout - La chèvre et le chou). |
2 Cantique "M'hoc'h ador, ma Doue ma c'hrouer"
Texte de Déguignet, p. 141
Iconographie
|
Texte complet du chant
Traduction française
|
3 Gwerz ar garnel, Ballade de l'ossuaire
Texte de Déguignet, p. 462
Iconographie
|
Texte complet du chant
Traduction française
|
4 Kantik ar barados, Cantique du paradis
Texte de Déguignet, p. 464 & 474
Iconographie
|
Texte complet du chant
Traduction française
|
5 Annotations
Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet Date de création : Novembre 2011 Dernière modification : 21.09.2019 Avancement : [Développé] |
Catégories: JMD | Bzh