Jean Le Berre, souvenirs de la papeterie d'Odet (Skol Vreizh, 1989) - GrandTerrier

Jean Le Berre, souvenirs de la papeterie d'Odet (Skol Vreizh, 1989)

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Avec l'autorisation des éditions Skol Vreiz. Publication : 1989, n° 13 "Moulins à papier de Bretagne - Une tradition séculaire".
Auteur : Yann-Ber Kemener, Références de l'ouvrage : cliquer ici


Jean Le Berre qui fut contremaître chez Bolloré à Odet et qui demeure à Keranna en Lestonan se souvient de la façon dont fonctionnait l'usine



Quand j'ai commencé à travailler chez Bolloré en 1935 nous étions 300 à 400 ouvriers et le travail se faisait à la main. Une vingtaine de femmes triaient les chiffons qui venaient de l'étranger par wagons entiers et les coupaient à l'aide de lames de faux plantés dans une table. De plus, elles coupaient les cordes à l'aide d'une hache sur un billot de bois.

Une fois les chiffons coupés en petits morceaux, les femmes les chargeaient dans un lessiveur pour bien les nottoyer à l'aide de chaux et de vapeur. Le lessiveur était une grosse boule actionnée par un homme qui y mettait les produits chimiques ainsi que la vapeut sous pression.

L'Usine d'Odet vers 1880 - Document Gwen-Ael Bolloré
L'Usine d'Odet vers 1880 - Document Gwen-Ael Bolloré
Tout était étagé. La chiffonnerie se trouvait en haut et les chiffons arrivaient par une trappe dans les réserves. Une fois lessivés, les chiffons descendaient dans les défileuses qui étaient munis d'un tambour laveur et d'un tambour défibreur.

Après cela, il fallait blanchir les fibres brutes dans une autre pile hollandaise à l'aide de chlore. Une fois la pâte défilée, celle-ci descendait dans un réservoir, passait ensuite sur un presse-pâte pour en extraire l'eau et était stockée dans des wagonnets avant de monter au 3e étage par un monte-charge.

Là, elle était blanchie dans des piles, puis on ouvrait la vanne de vidange et elle arrivait dans des caisses d'égouttage où elle restait plusieurs jours. Le fond des caisses était fait de carreaux perforés qui faisaient en sorte que la pâte y restait, alors que l'eau s'en allait.

Une fois la pâte blanchie, elle était transportée dans des wagonnets jusqu'aux piles raffineuses où elle était finement broyée avant de descendre dans une grande réserve de 200 à 300 litres qui était toujours pleine et qui récupérait également le trop plein de pâte de la machine à papier. Celle-ci était alimentée en permanence. La pâte se déversait alors par des canalisations sur une grande toile métallique qui tournait. Des caisses aspirantes enlevaient l'eau et la fibre se maintenait à la surface de la toile. La pâte à papier restait donc sur la machine et passait par différentes presses pour y être séchée.

L'Usine en 1974 - Document Gwen-Ael Bolloré
L'Usine en 1974 - Document Gwen-Ael Bolloré
Suivant le papier à fabriquer, il fallait règler le débit de pâte. Une fois le papier sèché, il était enroulé et passait à l'atelier de bobinage ou de découpage, où l'on faisait des petites bobines de papier à cigarettes de 28 à 30 mnm de large et de 5 à 6000 mètres de long.

Le filigranage du papier était effectué, soit à sec, soit humide. Le filigrange à sec était réalisé par une filigraneuse qui était composée de presses cylindriques qui imprimaient le filigrane dans le papier. Le filigranage humide était effectué pendant la fabrication du papier. Lorsque le papier était gommé, il devait, de plus, encore passer dans une machine appelée gommeuse.