Hervé Lizien, père (1731-1787) et fils (1762-1794), agriculteurs et greffiers - GrandTerrier

Hervé Lizien, père (1731-1787) et fils (1762-1794), agriculteurs et greffiers

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Catégorie : Biographies
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§ E.D.F.
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Deux générations d'agriculteurs du village de Mélennec. Comme ils avaient le même prénom Hervé-Corentin, on les a souvent confondus.

Sommaire

Autres lectures : « 1790 - Un recensement inédit à Ergué-Gabéric  » ¤ « Article BSAF "Notes sur la vie rurale en Cornouaille" d'Antoine Favé » ¤ 

1 Engagements politiques

Hervé-Corentin Lizien est né le 11/09/1731 et décède le 07/06/1787. Il épouse Marguerite Le Nihouarn en 1754.

C'est une notabilité communale engagée politiquement, puisque nous le trouvons :

  • Greffier des délibérations du corps politique en 1776.
  • Capitaine du gué [1] de la paroisse en 1786.

Le fils qui lui succède à Mélennec est prénommé également Hervé-Corentin, né en 1762 et décédé en 1794. Il se marie à Marguerite Pennaneac'h en 1784. Ils auront au moins trois enfants de 1785 à 1790.

 

Le fils est mentionné comme :

  • Procureur terrien en 1789.
  • Commissaire nommé pour le Don Patriotique en 1790.
  • Agriculteur et citoyen « actif » dans le recensement de 1790.
Il en est d'ailleurs un des commissaires en charge de recenser la population, et très probablement le rédacteur.


2 Des greffiers instruits

Antoine Favé a publié dans le Bulletin de 1890 un article intitulé « Notes sur la vie rurale en Cornouaille pendant les deux derniers siècles » ¤  » dans lequel il présente Hervé Lizien et son fils.

Hervé Lizien n'était pas le premier de sa famille a avoir pris rang dans cette classe moyenne de paysans dont l'élite se rapprochait à certains égards de la noblesse. Comme le remarque l'abbé Bernier (le Tiers-état en Basse-Normandie, p.172)." l'honneste homme ne se confond pas plus chez nous avec le gentilhomme campagnard que chez Romains « l'honestus homo ne se confondait, avec le nobilis homo ». Toutefois chez nous, et même ailleurs, le titre de noble homme se substitua sans scrupules à celui d'honnête homme.

Qu'était-ce que l'honnête homme ou noble homme rural ? Le dictionnaire de Trévoux le définit, ou mieux, le décrit ainsi : « C'est l'homme de bien qui a pris l'air du monde et qui sait vivre ».

La famille d'Hervé Lizien avait pris « l'air du monde ». Dans ses fréquentations, dans le cas qu'elle fait de l'instruction, elle acquiert distinction de formes et notabilité. Son arrière-grand-père, autre Hervé Lizien, se marie en 1662 à Marie Lozac'h : au contrat rédigé en 1657, alors qu'il n'a que seize ans : le père de sa fiancée « s'oblige de faire instruire ledit Lizien aux lettres, comme à l'homme de sa condition y appartient, le tout sans espoir, de récompense ».

Qu'advint-il de cette clause ? Ce qui est certain c'est que si nous voyons souvent l'honorable homme intervenir comme témoin aux registres de la paroisse jamais; nous ne le trouvons y apposant une signature quelconque ; si le prêtre qui rédige le procès-verbal mentionne pour certains témoins illettrés qu'ils ont déclaré ne savoir signer, il ajoute par une distinction subtile que « quant à Hervé Lizien : il a déclaré ne le voulloir faire ».

Mais il tiendra à ce que ses garçons et filles reçoivent une certaine instruction qui leur permette de tenir leur rang et de couvrir les papiers publics d'une signature correcte et expérimentée. Évidemment le dernier enfant des écoles primaires pourvu du certificat d'études prendrait en pitié l'orthographe d'Hervé Lizien, greffier des délibérations du Corps politique d'Ergué-Gabéric.

II semble prendre de grandes licences avec l'orthographe que nous avons aujourd'hui ; mais comme lorsque la loi n'existe pas, il n'y a pas à l'enfreindre, nous plaidons non coupable pour Hervé Lizien. L'orthographe n'était pas fixée : on écrivait comme on prononçait, et cela dans toutes les classes de la société : nobles, prêtres et même littérateurs. Ce n'est certes pas M. Gréard, membre de l'Académie et Vice recteur de la Sorbonne, favorable à cette réforme de l'orthographe qui consiste à écrire comme on prononçait , qui blâmerait notre greffier des délibérations. Nous posons en thèse que si Hervé Lizien procède avec un peu de liberté en matière orthographique, sa prose, en revanche, n'est pas émaillée des celticismes que l'on peut relever, chaque jour dans les rédactions françaises de nos contemporains bas bretons. Il dira bien que le « corps politique ont arrêté » ; mais il ne fait qu'appliquer la règle : « Turba ruit ou ruunt » aussi conforme au génie du latin qu'à celui du breton. Le style est clair, précis, il, exprime aisément ce que le rédacteur du procès-verbal veut dire.

 

Nous donnons, au reste, ici, un échantillon du style épistolaire d'un paysan du temps qui nous semble avoir ces mêmes qualités, avec une grande élévation de sentiment. L'auteur R. Kerléan est oncle par alliance d'Hervé Lizien, époux de Marguerite Le Nihouarn, de Kerganappé, en Plogonnec : il s'entremet pour régler à l'amiable des difficultés provenant de constituts.

L'adresse porte :
« La présante soit rendue a Hervé Ligen prés le bourg du Grand-Ergué — Grand-Ergué. »

« J'ai receu vostre lestre en dabte du 6 de ce moy et je fais réponse dans le temps que vous m'avez marqué. Vottre belle-mère et votre beau-frérre ne feront aucune difficulté de vous donner les comunication que vous désiré. lorsque j'ay voullu vous acomoder sur vos différends, ce esté à la prière de vostre beau-père mourant, vostre fiancé est sa fille comme les autres, c'est la raison et la concience qui nous doit tous guider, pour moy je ny suis pour rien que pour empescher les enffens de ce pauvre deffunt de dépanser, de répandre leurs biens mal a propos et d'enrichir leurs procureurs. Je met l'assignation au dimanche après la grand'messe,le 15 du mois, je prie Dieu que je sois assée heureux devous pouvoir concillier. Je vous prie, mon cher Ligen, de me croire avec amitié. »

« R.KERLÉAN. »
« À Bonescat le 14 aoust 1763. »

« Mes compliments à vostre feame. A Keranapé dîner après la grand'messe. »

[...]

Hervé Lizien fait parfois rédiger les procès-verbaux par son fils Hervé-corentin, qui signe alors à la requête de tout délibérant illettré et en son nom.

Dans ces débris informes que nous avons disputé feuille par feuille au temps, à L'humidité et aux rats, il doit y avoir au moins 20 rôles paraphés. Voici les événements qu'il relate et que... Hervé Lizien enregistre pour l'histoire à venir.

1776. — « A esté retirer du coffre-forre la somme des cinquante et trois livres quatorze sols pour payer les massons qui ont travaillé pour réparer le mur du scemétière à raison de vingt sols par jour. »

[...]

Avant de quitter le greffier du Corps politique disons que au nom du duc de Penthièvre, gouverneur général de la province de Bretagne, il fut nommé « capitaine de Compagnie du Gué de la paroisse d'Ergué-Gabéric  » (1er février 1787).

En avril 1790 [2], il était commissaire nommé pour le Don Patriotique, et s'engageait pour 3 livres et son beau-frère, Jean Jaouen, du Poulduic, époux de Marie Lizien prenait engagement de 12 livres :

  • 3 livres pour Pierre Jaouen, son fils.
  • 3 livres pour Marie Petillon, fille de sa femme du premier lit.
  • 3 livres pour Gilles et Pierre Lizien, ses beaux-frères.

ANTOINE FAVÉ
Vicaire à Ergué-Gabéric

3 Annotations

  1. Gué, s.m. : milice, obligation des paroisses de fournir un contingent d'hommes qui peuvent être appelés à se battre pour défendre les frontières terrestres du pays. La milice de chaque paroisse est commandée par un capitaine, un lieutenant et un enseigne, tous trois élus. Source : AD Finistère, glossaire des cahiers de doléances. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  2. Antoine Favé attibue au père des faits et attributs du vivant du fils, car il ignorait sans doute qu'Hervé-Corentin père, époux de Marguerite Le Nihouarn, est décédé le 07/06/1787 à Kerdevot, à l'âge de 56 ans, avec ses fils Hervé Corentin et Pierre comme témoins pour la déclaration du décès. [Ref.↑]


Thème de l'article : Histoire d'une personnalité gabéricoise

Date de création : mai 2007    Dernière modification : 28.02.2012    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]