Hervé Lizien, père (1731-1787) et fils (1762-1794), agriculteurs et greffiers - GrandTerrier

Hervé Lizien, père (1731-1787) et fils (1762-1794), agriculteurs et greffiers

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Date de création : mai 2006

Le personnage

Il né le 19 janvier 1762 au village du Melennec en Ergué-Gabéric et décédé à 32 ans le 15 vendémiaire de l'an III. Il est le quatrième enfant, sur quatorze, de Hervé Corentin et Marguerite Le Nihouarn Il se marie à Marguerite Pennaneac'h avant 1785. Ils auront au moins trois enfants de 1785 à 1790.

Il est déjà avant la révolution un notable puisque nous le trouvons :

  • Greffier des délibérations du corps politique en 1776
  • Capitaine du gué [1] de la paroisse en 1786
  • Procureur terrien en 1789
  • Agriculteur actif en 1790
  • L'un des commissaires les plus actifs du recensement de 1790 puisque l'on peut dire qu'il en est le rédacteur.

Biographie

Hervé Lizien n'était pas le premier de sa famille a avoir pris rang dans cette classe moyenne de paysans dont l'élite se rapprochait à certains égards de la noblesse. Comme le remarque l'abbé Bernier (le Tiers-état en Basse-Normandie, p.172)." l'honneste homme ne se confond pas plus chez nous avec le gentilhomme campagnard que chez Romains " l'honestus homo " ne se confondait, avec le "nobilis homo." Toutefois chez nous, et même ailleurs, le titre de noble homme se substitua sans scrupules à celui d'honnête homme.

La famille d'Hervé Lizien avait pris "l'air du monde". Dans ses fréquentations, dans le cas qu'elle fait de l'instruction, elle acquiert distinction de formes et notabilité. Son arrière-grand-père, autre Hervé Lizien, se marie en 1662 à Marie Lozac'h : au contrat rédigé en 1657, alors qu'il n'a que seize ans : le père de sa fiancée "s'oblige de faire" instruire ledit Lizien aux lettres, comme à l'homme de sa condition y appartient, le tout sans espoir, de récompense."

Qu'advint-il de cette clause? Ce qui est certain c'est que si nous voyons souvent l'honorable homme intervenir comme témoin aux registres de la paroisse jamais; nous ne le trouvons y apposant une signature quelconque ;si le prêtre qui rédige le procès-verbal mentionne pour certains témoins illettrés qu'ils ont déclaré ne savoir signer, il ajoute par une distinction subtile que "quant à Hervé Lizien : il a déclaré ne le voulloir faire". Au cours d'un baptême où il est parrain, il déclare aussi "ne savoir signer".

Mais il tiendra à ce que ses garçons et filles reçoivent une certaine instruction qui leur permette de tenir leur rang et de couvrir les papiers publics d'une signature correcte et expérimentée. Evidemment le dernier enfant des écoles primaires pourvu du certificat d'études prendrait en pitié l'orthographe d'Hervé Lizien, greffier des délibérations du Corps politique d'Ergué-Gabéric.

II semble prendre de grandes licences avec l'orthographe que nous avons aujourd'hui ; mais comme lorsque la loi n'existe pas, il n'y a pas à l'enfreindre, nous plaidons non coupable pour Hervé Lizien. L'orthographe n'était pas fixée : on écrivait comme on prononçait, et cela dans toutes les classes de la société : nobles, prêtres et même littérateurs. Ce n'est certes pas M. Gréard, membre de l'Académie et Vice recteur de la Sorbonne, favorable à cette réforme de l'orthographe qui consiste à écrire comme on prononçait , qui blâmerait notre greffier des délibérations.

Nous posons en thèse que si Hervé Lizien procède avec un peu de liberté en matière orthographique, sa prose, en revanche, n'est pas émaillée des celticismes que l'on peut relever, chaque jour dans les rédactions françaises de nos contemporains bas bretons. Il dira bien que le corps politique "ont arrêté " ; mais il ne fait qu'appliquer la règle : "Turba ruit ou ruunt" aussi conforme au génie du latin qu'à celui du breton. Le style est clair, précis, il, exprime aisément ce que le rédacteur du procès-verbal veut dire.

Nous donnons, au reste, ici, un échantillon du style épistolaire d'un paysan du temps qui nous semble avoir ces mêmes qualités, avec une grande élévation de sentiment. L'auteur R. Kerléan est oncle par alliance d'Hervé Lizien, époux de Marguerite Le Nihouarn, de Kerganappé, en Plogonnec : il s'entremet pour régler à l'amiable des difficultés provenant de constituts.

" La présante soit rendue a Hervé Ligen prés le bourg du Grand-Ergué — Grand-Ergué. "

" J'ai receu vostre lestre en dabte du 6 de ce moy et je fais réponse dans le temps que vous m'avez marqué. Vottre belle-mère et votre beau-frérre ne feront aucune difficulté de vous donner les comunication que vous désiré. lorsque j'ay voullu vous acomoder sur vos différends, ce esté à la prière de vostre beau-père mourant, vostre fiancé est sa fille comme les autres, c'est la raison et la concience qui nous doit tous guider, pour moy je ny suis pour rien que pour empescher les enffens de ce pauvre deffunt de dépanser, de répandre leurs biens mal a propos et d'enrichir leurs procureurs. Je met l'assignation au dimanche après la grand'messe,le 15 du mois, je prie Dieu que je sois assée heureux devous pouvoir concillier. Je vous prie, mon cher Ligen, de me croire avec amitié."

R.KERLÉAN.
" A Bonescat le 14 aoust 1763.

Mes compliments à vostre feame. A Keranapé dîner après la grand'messe.

Hervé Lizien fait parfois rédiger les procès-verbaux par son fils Hervé-corentin, qui signe alors à la requête de tout délibérant illettré et en son nom.

Dans ces débris informes que nous avons disputé feuille par feuille au temps, à L'humidité et aux rats, il doit y avoir au moins 20 rôles paraphés. Voici les événements qu'il relate et que... Hervé Lizien enregistre pour l'histoire à venir.

1776. — " A esté retirer du coffre-forre la somme des cinquante et trois livres quatorze sols pour payer les massons qui ont travaillé pour réparer le mur du scemétière à raison de vingt sols par jour."
Hervé Lizien-"Avant de quitter le greffier du Corps politique disons que au nom du duc de Penthièvre, gouverneur général de la province de Bretagne, il fut nommé " capitaine de Compagnie du Gué de la paroisse d'Ergué-Gabéric", (1er février 1787). En avril 1790, il était commissaire nommé pour le Don Patriotique, et s'engageait pour 3 livres et son beau-frère, Jean Jaouen, du Poulduic, époux de Marie Lizien prenait engagement de 12 livres '
  • -3 liv pour Pierre Jaouen, son fils.
  • -3 liv. pour Marie Petillon, fille de sa femme du premier lit.
  • -3 iiv pour Gilles et Pierre Lizien, ses beaux-frères."
ANTOINE FAVE Vicaire à Ergué-Gabéric


Références

Notes :
  1. Gué, s.m. : milice, obligation des paroisses de fournir un contingent d'hommes qui peuvent être appelés à se battre pour défendre les frontières terrestres du pays. La milice de chaque paroisse est commandée par un capitaine, un lieutenant et un enseigne, tous trois élus. Source : AD Finistère, glossaire des cahiers de doléances. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]



Sources :

  • Bulletin XXII de la Société d'Archéologie du Finistère en 1895 par l'Abbé Antoine Favé.