HADJAIL Belkacem - Le Chahid Mekkioui Mamoune - GrandTerrier

HADJAIL Belkacem - Le Chahid Mekkioui Mamoune

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HADJAIL (Belkacem Ould Mohktar), Un symbole de la lutte contre le colonialisme français : Le Chahid Mekkioui Mamoune, Ibn Nadim, Beyrouth, 2016, ISBN 978-9931-599-15-9
Titre : Un symbole de la lutte contre le colonialisme français : Le Chahid Mekkioui Mamoune
Auteur : HADJAIL Belkacem Ould Mohktar Type : Livre/Brochure
Edition : Ibn Nadim Note : préface de Si Dahou OULD KABLIA
Impression : Beyrouth Année : 2016
Pages : 255 Référence : ISBN 978-9931-599-15-9

[modifier] Notice bibliographique

Couverture

Ce livre retrace l'histoire dramatique de Mamoune Mekkioui, un « Chahid » [1], c'est-à-dire un combattant mort pour l'indépendance de l'Algérie, tué le 26 janvier 1958 à Tircine près de Saïda. Il s'agit d'une biographie rédigée par Belkacem Hadjail [2], retraité de l’Éducation Nationale Algérienne et passionné par l'histoire de l'Algérie, donnant ici la vision des anti-colonialistes sur cette époque troublée.

Mamoune Mekkioui, né en 1919 dans la région de Mascara, était un professeur engagé dans la lutte armée du FLN-ALN [3]. En 1958 il est lieutenant de la zone 6 au poste de commandement de Tircine. Sa position est dénoncée aux forces françaises voisines de Saïda par un traitre prénommé Youssef. L'opération militaire qui s'en suit se solde, au bout de 3 jours, par 20 morts, dont le lieutenant Mekkioui, et 5 à 8 prisonniers.

Dans la biographie du « Chahid » [1], le témoignage de l'appelé gabéricois Josig Huitric sur la bataille de Tircine commence par cette lettre écrite à sa mère le 29.1.1958 et publiée sur Grandterrier : « Dimanche j'ai été en opération, enfin je suis parti à cause que les autres gradés étaient à l’hôpital, tous les deux ont les oreillons, et cette opération a aussi payé, une vingtaine de rebelles de tués, cinq prisonniers dont une infirmière ; plus tard je t'emmènerai la photo, cent mines de récupérées, deux mitrailleuses et plusieurs fusils de récupérés. »

Le livre de Belkacem inclut d'autres citations de Josig, témoin d'un fait d'histoire bien malgré lui, notamment sur cette photo d'une jeune infirmière prénommée Malika : « Je crois que je l'ai perdue lorsqu'on a fait une exposition de la FNACA à Kroas-Spern ». Et hors livre, on pourra lire cette belle anecdote sur le raisin de Mascara : «  Je suis parti aller chercher du raisin, du mascara ! ».

Autres lectures : « 1957-1959 - Lettres de Josig Huitric, sergent à Saïda en Algérie » ¤ « LE RESTE René - Les évènements d'Afrique du Nord, e brezoneg » ¤ « Jean-Marie Déguignet et sa campagne d'Algérie (1862-1865) » ¤ 

[modifier] Citations de Josig Huitric

A. Extraits du livre

4. La bataille de Tircine

4.1. - Le champ de bataille (page 174)

Un autre appelé des hordes [4] armées françaises cite, à ce sujet, l’exemple suivant d’un pareil exploit, réalisé dans la région de Tircine :

« Les opérations continuent dans le coin ; avant-hier (6-12-1958) les Fellous ont abattu un T-6 et un hélicoptère. »

4.2. Les combats (page 177)

La trahison n’étant pas un phénomène spontané, mais l’aboutissement de tout un processus de dépravation morale, qui avait certainement atteint, chez ce traître, son point culminant, il avait saisi l’occasion, et s’était rallié à l’ennemi.

L’appelé français, cité précédemment, traduit l’euphorie qui avait saisi ceux à qui il avait dévoilé tout ce qu’il savait sur la Zone 6, et divulgué tous ses secrets :

« Et maintenant je me rappelle qu'on disait entre nous : "Pour une fois qu'on a des bons renseignements". »

Les hordes [4] armées françaises avaient donc pu localiser leur cible située, selon un message de leur commandement, à 10 km, au Sud-Est de Tircine :

« 27 janvier : […]. / Opérations en cours - Stop – […]. - 10 KM S.E. TIRCINE OPERATIONS CONTINUE – STOP - » 230

Le dimanche 26 janvier 1958, elles avaient investi les lieux, Cette date est corroborée par ce même appelé. « Incorporé en mai 1957 dans le 8e RIM » 231 , il avait participé aux combats. Retrouvé et contacté, il donne quelques précisions sur son rôle :

« Il était normalement dans les bureaux à cette époque, et ce jour-là il était en "bouclage" comme il dit, cad (c’est-à-dire) posté à distance autour du lieu pour éviter les évasions. »

4.3. Le bilan (page 182)

L’appelé français, qui avait participé à l’opération, et qui a été cité plus haut, le décrit comme suit :

« Cette opération a aussi payé, une vingtaine de rebelles de tués, cinq prisonniers dont une infirmière ; plus tard je t'emmènerai la photo. »

4.3.4. Les prisonniers (pages 198-201)

L’appelé français, également cité précédemment, avance le nombre 5. Toutes s’accordent, cependant, sur un point  : la présence d’une Moudjahida, parmi eux. [...]

Dans la lettre écrite à sa mère, le même appelé parle d’une photo qu’il a prise, lui aussi, et dans laquelle elle figure. Il déclare, cependant, qu’il n’a pas pu la retrouver :

« La photo c'est moi qui l'ai prise avec mon appareil. Je crois que je l'ai perdue lorsqu'on a fait une exposition de la FNACA à Kroas-Spern. J'avais plein de photos, dont celle-là où on voit l'infirmière, et depuis je ne la retrouve plus. »

Il en fournit, toutefois, certains détails :

« Pour les prisonniers je t'ai dit que c'était une 4x4. Mais c'était une jeep d'un chef quelconque je pense. Et l'infirmière était seule à l'arrière de la jeep, avec des hommes en armes de chaque côté, et devant : le chauffeur et à côté de lui un haut-placé. Je n'ai pas vu les autres prisonniers, j'étais concentré sur l'infirmière. »

Il avait de quoi être concentré !

Lui-même et tous les militaires du camp, tous grades confondus, avaient, là, la preuve vivante que les femmes algériennes, représentées par la Moudjahida Malika qui était entre leurs mains, participaient, effectivement, à la lutte armée. [...]

Cette manière atroce, et dont on ne pourrait jamais croire que des hommes se prétendant civilisés puissent la pratiquer, est confirmée par un appelé français du 8 ème RIM :

« Que faisait-on des cadavres des fellagas ? Les corps mitraillés restaient au sol. Et après on mettait le feu dans la forêt, au napalm. Mais je ne l'ai pas vu. C'était ceux qui crapahutaient qui s'en occupaient. »


Les citations sont marquées par ces notes : « 1957-1959 - Lettres de Josig Huitric, sergent à Saïda en Algérie », dans « Historial du Grand Terrier. Correspondance de Jean Cognard, adressée à l’auteur, Belkacem Had- jail, le 28.09.2014, et portant interview de Josig Huitric, faite le 26.07.2014 »


B. Propos hors livre

Le bruit de la bataille

« Chaque fois qu'il y avait une opération, il y avait des hélicoptères. Ils venaient voir comment c'était, et après c'était les avions D6 qui mitraillaient. Au 8e RIM il y en a qui crapahutait, on appelait ça le camp Baraté ; nous on était pour le bouclage, on ne crapahutait pas. Eux ils les poussaient vers nous, comme ça on a fait des prisonniers.

Cette opération de Tircine m'a marqué car il y a eu beaucoup de tués et des armes prises, et le bruit des canons qui tiraient, des hélicoptères, et les avions. Il n'y a pas eu beaucoup de monde à s'échapper.

On entendait les fellaghas gueuler en descendant la montagne. Et l'artillerie tirait dessus. C'était en hauteur, un piton. Les parachutistes n'étaient pas loin derrière eux. Ils dévalaient à 100 à l'heure. Il y avait plein de monde. Ca a été vite fait. Je ne crois pas qu'il y a eu des pertes côté français.  »

Le raisin de Mascara

Josig Huitric : « Une fois j'avais deux prisonniers et un m'a demandé du raisin. Je suis parti aller chercher du raisin, du mascara. Ils allaient partir en corvée de bois [5], et il savait que son heure était arrivée. »

Réponse de Belkacem Hadjail par mail : « Il faut lui dire, de ma part, que j’ai été très sensible à son geste, à l’égard du prisonnier, auquel il s’est donné la peine de répondre à son dernier désir  »

[modifier] Annotations

  1. Chahid, s.m. : celui que l'on considère comme un martyr pour l'islam. Le sens du mot arabe est proche de celui du mot grec [martüros] puisque le mot chahid signifie lui aussi témoin. En Algérie, le mot chahid désigne un « combattant algérien mort pour l'indépendance » du pays (Wikipedia). [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. Belkacem Ould Mokhtar HADJAIL était Inspecteur de l'Education et de la Formation de l'Education Nationale en Algérie. Il a écrit de nombreux ouvrages sur la présence de la France, notamment « Bilan de la France coloniale en Algérie. 1830 - 1962 ». [Ref.↑]
  3. Le Front de libération nationale ou FLN est un parti politique algérien créé en novembre 1954 pour obtenir de la France l'indépendance de l'Algérie, alors divisée en départements français d'Algérie. Le FLN et sa branche armée, l'Armée de libération nationale (ALN), commencent alors une lutte contre l'empire colonial français jusqu'aux accords d'Évian en 1962. [Ref.↑]
  4. L'auteur utilise très fréquemment le terme de « horde » à propos de l'armée française, de notre point de vue abusivement, et peut-être en méconnaissant sa définition contextuelle. [Ref.↑ 4,0 4,1]
  5. « Corvée de bois » était l’expression utilisée par les soldats français entre eux pour désigner les exécutions sommaires des prisonniers algériens durant la guerre d'Algérie, le plus souvent des civils, qui devaient creuser leurs propres tombes (Wikipedia). [Ref.↑]


Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric

Date de création : Mars 2017    Dernière modification : 2.04.2017    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]