À Kerdévot, c'est le pardon. Comme chaque année, en septembre, nous y sommes encore allés. Et les femmes sont nombreuses à compter les hommes absents : ceux dont on espère des nouvelles, ceux qui jamais ne reviendront, ceux qui sont prisonniers de guerre, ceux qui, sur des bateaux, ont fui. Triste pardon et tristes jours.
Le recteur d'Ergué-Gabéric, connu sous le nom de Gustave, essaie de nous réconforter. "En ces sombres jours de tristesse, où nous sommes tous affligés, prions notre Vierge Marie, Itron Varia Kerzevot, mamm da Zoue ! Ayons confiance en son coeur de mère, elle ne peut nous abandonner !". Dans le désarroi qu'est le nôtre, ne sachant à qui nous vouer, nous sentons bien qu'il a raison : la sainte mère de Dieu est bien notre dernier recours.
Quand, pour terminer son sermon, il recommande pour la quête à chacun d'être généreux, nous trouvons cela naturel : nous savons bien que le pardon est son affaire de l'année. Mais, cette fois, comme dit ma tante de Keringard : « Je trouve qu'il exagère, à moins qu'il se foute de nous ! ».
« Surtout n'hésitez pas à donner, termine-t-il, la Vierge vous en saura gré. Si quelqu'un parmi vous, par exemple, ne veut pas que son voisin sache qu'il donne un billet de cent francs, qu'il le plie discrètement dedans un billet de cinq francs et personne n'en saura rien !. »
Je ne trouve pas que Gustave exagère. Je pense qu'il a de l'humour !
|