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GRALL Bernez - Kan al labour, ur vuhez a vicherouzez, Mari Jan Mao

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GRALL (Bernez), Kan al labour, ur vuhez a vicherouzez, Mari Jan Mao, FR3 Breiz o veva, -, 1982
Titre : Kan al labour, ur vuhez a vicherouzez, Mari Jan Mao
Auteur : GRALL Bernez Type : Audio/Video
Edition : FR3 Breiz o veva Note : « Chant de travail, Une vie de travailleuse, Marie-Jeanne Mao »
Diffusion : - Année : 1982
Durée : 26:56 minutes Référence : -

==Notice bibliographique==

Générique de début

En 1982, Bernez Grall réalisa pour FR3 un reportage de 27 minutes entièrement en breton sur la vie d'ouvrière de Marjan Mao à la papeterie Bolloré. Marjan qui a travaillé pendant 41 ans à l'usine d'Odet était une femme exceptionnelle qui respirait la bonté ; elle aimait et comprenait ses prochains, avec une simplicité déconcertante.

Outre les évocations de souvenirs de Marjan et son mari Fanch dans leur pennti [1] de Stang-Odet, la vidéo comprend l'interview de Marjan par Bernez Rouz dans l'usine d'Odet (encore en fonctionnement cette année-là [2]), des extraits de films du début du 20e siècle avec des séquences de travail à l'usine à papier (réception des chiffons, ...), une performance de l'acteur Goulc'hen Kervella en tant que prédicateur breton, sans oublier les scènes historiques de la fête du centenaire en 1922 à Odet.

Autres lectures : « Version 2014 sous-titrée en français » ¤ « Marjann Mao, chiffonnière (Skol Vreizh, 1989) » ¤ « Conversation avec Marjan et Fanch Mao (1982) » ¤ « Fanch Mao, 96 ans, doyen d'âge de la commune » ¤ « LE ROUX Bernard - Marjan Mao : une chanteuse populaire » ¤ « Marjan Mao, chanteuse (Dastum, 1979) » ¤ « Marjan Mao, star du troisième âge » ¤ « Fermeture de l'usine d'Odet, OF-LQ 1983 » ¤ 

1 Découpage de la vidéo

Les plans successifs [3] de la vidéo sont :

1. Marijan et Fanch à table dans leur cuisine de Stang-Odet en pleine discussion et faisant des commentaires sur leur repas, dehors il fait nuit et il vente (A 00:40 - 03:57) : « Neus ket droit. Je peux pas dormir avec toi ... », « eun tamm kig sall ... trao' b'an hent ... »

S/T en français : « C’est pas mal, comme à l’hôtel ! – Non ! – Une bouteille trois quarts. Et on pourra reprendre tant qu’on veut. – Je prendrai autre chose après. – On ne mange pas beaucoup, on est vieux. – Oh oui ! Et après, au lit ! – Chacun dans son coin. – C’est ça. – Chacun dans son lit. – Tu n’auras pas droit de sortir, … et fais attention de ne pas ronfler. – Je ne peux pas m’en empêcher. Je ne sais pas quand je ronfle ! - On ne peut pas dormir avec toi. – Un peu de lard. On disait autrefois que c’était de la nourriture de paysans. Et demain, pour changer un peu, on nous apportera de la viande. Du poisson, plutôt. Pour changer un peu. Mercredi, il faudra aller chercher de la viande à Lestonan. – A vélo. – 4 km à vélo. En route ! C’est pénible quand il fait mauvais, on se retrouve trempé. J’achète un paquet de tabac chez Le Berre, je bois un petit rosé et en route ! Il faut de l’énergie pour rentrer à la maison. Il faut monter la côte, c’est dur. C’est parti ! – Un verre de vin. On donne du vin aux hommes, c’est ce que j’ai entendu en tout cas. – S’il n’y a pas de vin, je trouverai un moyen. – Tu apporteras une bouteille. – Il faut du vin ! A l’âge que j’ai, je peux boire autre chose que de l’eau. – Nous, on a bu assez d’eau et mangé assez de pain sec. Du pain de seigle, qui fumait encore. – Pour aller à l’école, on nous donnait parfois un morceau de pain, avec un peu de lard ou de la graisse salée. – Arrivés à l’école, on avait tout mangé. Vous n’aviez rien à midi. – On ne mangeait rien d’autre ces jours-là. Malheureusement. »

2. Marijan à la papeterie avec sa canne, arpentant les lieux familiers entre la rivière et les bâtiments d'usine. (A 03:58 - 06:22) : « tamm somon da Mougueric ... », « kalz tud, ya vad, 54 barz ar chiffonnerie ... »

S/T en français : « Il n’y avait qu’un vieux pont pourri, ici. Il est tombé en ruine. Le char à bancs est tombé dans la rivière. Et nous on passait avec des charrettes de blé ! – Jusqu’à quand y a-t-il eu un moulin ? – Jusqu’à quand ? Je ne peux pas vous dire. Ca fait longtemps. – Vous empruntiez le pont pour aller travailler ? – Surtout quand on était en retard. On galopait pour arriver au travail en même temps que les autres. – Pour ne pas vous faire remarquer ? – Non, mais c’était plus long de faire le tour. – Et tu rentrais chez toi par le bois ? – Oui, et ça grimpait à pic ! C’était dur par la route. Surtout à 5h du matin. Oui, à 5h du matin. Mon mari a pris du saumon au moulin de Mogueric. – Et pas ici ? – Non, pas ici. – Tu prenais cette passerelle pour aller travailler ? – Oui. Tous les matins à 5h. On venait le plus souvent ç 5h. Mais l’après-midi, quand on arrivait un peu tard, on prenait pour notre grade. C’était un raccourci pour rentrer plus vite. - Tu allais à la maison par le bois ? – Oui. – Très bien. Ca glisse. Allons par ici. – Comment t’est venue l’idée de travailler à l’usine ? – J’ai toujours pensé que je ferais ça. – Beaucoup de gens travaillaient ici ? – Oui, beaucoup. Il y avait 54 personnes à la chiffonnerie. 54 personnes, ça fait du monde ! – L’eau arrive ici par le canal, mais où va-t-elle après ? – Elle plonge vers le bas. Elle passait dans la turbine. Ici on produit du courant avec la turbine. On voit le fil, au-dessus. Là il y avait un four, tu y as travaillé aussi ? – Il y faisait chaud. Je n’y étais pas. Il faisait trop chaud. Trop pour y rester. J’étais dans le grand bâtiment de l’autre côté.  »

3. Scènes de travail à l'usine au début du 20e siècle : arrivée d'un camion rempli de ballots de chiffons, atelier de triage des chiffons, ... (A 06:23 - 08:42)

4. Marjan à l'entrée de la salle des bobineuses expliquant comment les ouvrières y travaillaient (A 08:43 - 10:38) : « mein taol benn-a-benn ... changed tout an traoù ... na oa brav ... na va stern ...  ».

S/T en français : « Elles étaient très joliment emballées ensuite. On mettait du papier bleu, toutes sortes de couleurs. Et un emballage brun ensuite.- Les rouleaux n’étaient pas aussi épais ? – Non. – On ne les aurait pas déplacés ? – Des bobines aussi épaisses ? Si, il y en avait. Pour les bobines c’était la même épaisseur. Après, on les coupait en petits bouts. – Il y avait une grande table ? – Une grande table d’un bout à l’autre. Des gens y travaillaient. Là, il y avait les bobineuses. Là il y avait des bobineuses tout le long, jusqu’au fond. – Tu vois, maintenant tout a changé. – Oui, tout a changé. Ce n’est pas aussi beau. – Tu trouves ? – Maintenant, il ne reste plus qu’un magasin. Avant c’était beau. – Ce n’est pas plus facile maintenant ? – Certainement ! Ce n’est pas aussi dur qu’avant. C’était dur d’enrouler le papier autour des bobineuses. – Même pour des petites ? – On ne fabriquait pas de petites tailles, on mettait des grosses dans les bobineuses. Après on les découpait. C’était du travail de les transporter au bout du magasin. On les descendait à la cave, où elles posées sur des plaques. Après on les ramassait toutes, et on les rangeait dans des caisses selon leur calibre. – C’était du travail ! – C’est sûr. – C’est plus facile maintenant avec les machines. – On n’avait pas de chariots comme ça. Personne ne fait d’efforts. On faisait tout à la force des bras. Mais je trouve que ce n’est plus aussi beau. – Pourquoi ? – Les ateliers étaient mieux avant. – Si c’est plus facile, c’est mieux. – Oui ! C’est plus facile pour les gens.  »

5. Marjan dans sa cuisine de Stang-Odet en pleine journée de la 1ère séquence, évoquant son travail à la chiffonnerie et aux lessiveurs (A 10:39 - 11:23) : « displajed ar wechoù ... an dour ... tril pilhoù ... tri, pevar lessiseurs ... ar bailhoù koz ... ».

S/T en français : « Quand les lessiveuses étaient bien remplies, on avait du mal à les remuer avec le bâton. Elles étaient très grandes, ce n’était pas facile de remuer les chiffons. On allait dedans, les pieds, les mains, on se mettait à genoux. C’était dangereux, parce qu’on était à moitié penché dans la lessiveuse. On la déplaçait parfois. Si on la déplaçait brusquement, on risquait de se casser le dos. On ne pouvait pas éviter d’aller dedans car on les remplissait trop de moitié. On mettait de l’eau pour faire redescendre un peu. Si on n’y arrivait toujours pas, on en rajoutait encore. Il fallait mettre le compte. »

6. Continuation des explications sur le traitement des chiffons. Puis Fanch et Marjan observant et discutant avec les ouvrières manipulant les bobines (A 11:24 - 13:26)

S/T en français : « Après ça, il y avait d’autres choses à faire. Il y avait des choses légères comme des fagots de blé noir. Il fallait les jeter dedans. On nous demandait d’en mettre plein, mais ce n’était pas possible. Ceux-là ne convenaient pas, ils n’allaient pas au fond. On changeait de tâche tous les mois. On était un mois à la chiffonnerie, en haut, à couper le chiffon. Puis on était un mois en bas, aux lessiveurs. On nous payait en fonction des lessiveurs qu’on remplissait. Si on en faisait trois c’était la moyenne, parfois quatre, c’était beaucoup. Parfois on n’en faisait qu’une ou deux, et il fallait rentrer à la maison. On débauchait à n’importe quelle heure. Quand on avait chargé le lessiveur, on rentrait chez nous. S’il y en avait deux à faire, on commençait à charger le deuxième. On rentrait à la maison, préparer le repas avant 13h. On mettait un coup pour être tôt à la maison. Parfois on perdait du temps, et il fallait tremper la chemise. On se présentait au travail, puis on allait à la messe, on restait une demi-heure. On attendait la messe. On allait à la messe mais parfois on était d’astreintes aux lessiveurs. On s’embêtait à la messe. C’est pas encore fini ! On sera en retard pour midi. On était obligé de finir le lessiveur avant de pouvoir rentrer. Parfois on était énervé à la messe. Parfois on avait le temps. »

7. Fanch fendant son bois dans le loch [4] de son pennti [1], l'apportant au fourneau, et Marjan réactivant le feu (A 13:27 - 15:02, B 00:00 - 00:20) : « na zo mad ... oui oui ... ».

S/T en français : « Voici un peu de bois. Du bois sec. Ca prend ? C’est bon ? – Il va s’étouffer. Mais non, je le découvrirai tout à l’heure. »
 
  1. Fête du centenaire à Odet en 1922, course à pied des femmes à Ty-Coat, Marjan en tête (B 00:21 - 00:29)
  2. Marjan marchant sur la route de Ty-Coat et se rappelant de la fête du centenaire pendant laquelle elle avait gagné la course à pied des femmes (B 00:30 - 01:15 ) : « n'on ket sonj ... ».
  3. Fête du centenaire à Odet en 1922, sourire éclatant de Marjan, décorations, danses bretonnes ... (B 01:16 - 02:43)
  4. Marjan à Stang-Odet évoquant les missions [5], reconstitution d'un sermon d"un prédicateur utilisant des taolennoù [6] ... (B 02:44 - 07:07 ) : « taolennoù oa eun dra brav ... », « an diaoul e penn ar sindikajoù ...  »
  5. Marjan et Fanch à Stang-Odet, racontant les grèves et le rôle des syndicats ... (B 07:08 - 08:19 ) : « ne oa ket bet kalz grevioù ba' l'usine ... chom d'ar ger ... ne oa ket chik ... »
  6. Marjan faisant son ménage en chantant, Fanch aux courses à vélo à la boulangerie et à la boucherie de Lestonan, Marjan au téléphone, Fanch bêchant son jardin, et enfin tous les deux en promenade à Croas-ar-Gac ... (B 08:20 - 11:23 )
  7. Générique de fin (B 11:24 - 11:50 )

Image:Right.gif Petit extrait audio


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2 Annotations

  1. Penn-ti, s.m. : littéralement « bout de maison », désignant les bâtisses, composées généralement d'une seule pièce, où s'entassaient avec leur famille les ouvriers agricoles et journaliers de Basse-Bretagne (Revue de Paris 1904, note d'Anatole Le Braz). Par extension, le penn-ty est le journalier à qui un propriétaire loue, ou à qui un fermier sous-loue une petite maison et quelques terres, l'appellation étant synonyme d'une origine très modeste. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. L'usine d'Odet a fermé ses portes officiellement en 1983 : « Fermeture de l'usine d'Odet, OF-LQ 1983 » ¤ , et les machines démontées en 1986 : « André Péres, le dernier papetier, OF-LQ 1986 » ¤ . [Ref.↑]
  3. Le découpage chronométré se base sur la copie vidéo conservée par l'INA (Institut National de l'Audivisuel) : A-première partie, B-seconde partie. [Ref.↑]
  4. Loch, s.m., breton, var. Loñh, plur. -où : baraque, cabane, appentis, parfois niche. Source : dictionnaire Favereau [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  5. Mission, s.f. : suite de prédications pour l'instruction des fidèles et la conversion des pécheurs (TLFi). Les missionnaires bretons les plus connus sont Dom Michel Le Nobletz (1577-1652) et Julien Maunoir (1606-1683) ; de nombreux prédicateurs ont organisé dans les campagnes bretonnes jusqu'au 20e siècle, comme les pères Jean-Louis Rozec, René-Marie de la Chevasnerie.  [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
  6. Taolennoù, pl., terme breton : Les taolennoù ou tableaux de mission sont des outils de reconquête spirituelle constitués d'illustrations destinées à l’enseignement de la religion et à l’évangélisation. Créés en Bretagne au 16e siècle, répandus dans le monde entier et utilisés jusqu'au milieu du 20e siècle, les représentations, la plupart du temps non signées, symbolisent le mal et les péchés capitaux. Source : Wikipedia. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]


Thème de l'article : Support médiatique couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric

Date de création : Février 2009    Dernière modification : 6.04.2014    Avancement : Image:Bullgreen.gif [Fignolé]